Numéro 14 - 15 avril 2017
Intégration du Canada au
Homeland Security
et recours aux pouvoirs de police
Le Canada ne fait pas partie
de
l'intérieur des États-Unis!
- Pauline Easton -
PDF
Intégration
du
Canada
au
Homeland
Security
et
recours
aux
pouvoirs de police
• Le Canada ne fait pas partie de
l'intérieur des États-Unis! - Pauline Easton
• Opposons-nous à tous les
prétextes servant à accroître l'autorité des
États-Unis sur le Canada et les Canadiens! - Enver
Villamizar
• Nouveaux accords entre le Canada et la
Sécurité intérieure
des États-Unis - Charlie Vita
• Derrière le discours sur la menace
terroriste dans les aéroports
canadiens - Hilary LeBlanc
• L'armée et les services policiers du
Canada de plus en plus sous commandement militaire américain
Opposition aux frappes
américaines en Syrie
• Des manifestations partout au Canada
et aux États-Unis condamnent l'attaque aérienne
illégale
Les États-Unis
menacent la péninsule coréenne avec leur groupe d'attaque
aéronavale
• Bas les pattes de la Corée! Troupes
américaines, hors de Corée! Les États-Unis doivent
signer un traité de paix immédiatement! - Philip
Fernandez et Yi Nicholls
21e Séminaire
international «Les partis et une nouvelle
société»
• Des partis politiques se réunissent au
Mexique pour discuter des développements actuels
• Sur la signification de la nouvelle
administration Trump - Présentation du Parti communiste
du Canada (marxiste-léniniste)
Intégration du Canada au Homeland
Security et recours aux pouvoirs de police
Le Canada ne fait pas partie de l'intérieur
des États-Unis!
- Pauline Easton -
Le secrétaire du Homeland Security des
États-Unis, John Kelly, est le premier membre du cabinet Trump
à effectuer une visite officielle au Canada. Il est venu
à Ottawa le 10 mars dernier. Dans le système
américain, la responsabilité des relations avec les pays
étrangers revient au secrétaire d'État, tandis que
le secrétaire de la Sécurité
intérieure est responsable des agences de sécurité
agissant à l'intérieur des États-Unis, dont celles
chargées des douanes et de la protection frontalière, le
service secret, le service de protection fédérale,
l'agence fédérale de gestions des urgences et la Garde
côtière.
Cela en dit long sur la vision que les États-Unis
se font du Canada et sur l'acquiescement du gouvernement Trudeau que le
premier émissaire de l'administration Trump au Canada soit le
responsable de la sécurité intérieure des
États-Unis. La mission du Homeland Security est de «
protéger le peuple américain, notre patrie et nos
valeurs ». Selon les rapports officiels sur la visite, un
des sujets principaux abordés par John Kelly était la
« protection » du Canada par les États-Unis en
étendant l'autorité américaine au Canada et en
éliminant la frontière comme limite à leur ressort
territorial.
Le secrétaire à la Sécurité
intérieure est un des nombreux anciens militaires à
contrôler des agences civiles dans la nouvelle administration
américaine. Kelly est un ancien haut gradé de
l'armée américaine. Il était commandant du
Southern Command et de la Multi-National Force-West durant l'occupation
de l'Irak de février 2008 à
février 2009. Il a abordé des sujets très
variés avec les représentants du gouvernement canadien
lors de sa visite, notamment la sécurité de l'aviation,
la collaboration en matière d'application de la loi, les
infrastructures, l'immigration, les réfugiés et la
politique sur les visas. Il a rencontré le ministre de la
Sécurité publique Ralph Goodale, le
ministre des Transports Marc Garneau, le ministre de l'Immigration, des
Réfugiés et de la Citoyenneté Ahmed Hussen et la
ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland.
Pour justifier le recours croissant aux pouvoirs de
police dans les affaires civiles, la visite du secrétaire
américain a été l'occasion de
répéter les affirmations que lui et d'autres font au
sujet de menaces terroristes contre les transporteurs aériens du
Canada. Même les rapports au sujet d'abus de pouvoirs policiers
envers les Canadiens à la frontière
ont été l'occasion d'un débat à savoir s'il
s'agissait d'actes arbitraires ou d'actes justifiés. Par
exemple, le secrétaire Kelly a écarté les
inquiétudes de nombreux Canadiens au sujet du profilage
arbitraire à la frontière en disant que ceux qui se sont
vu refuser l'entrée ou qui ont été détenus
et interrogés doivent être considérés comme
des suspects et
des menaces possibles à la sécurité. « Ceux
qui sont arrêtés, un très petit nombre, il y a une
raison de les arrêter. Ils diront ce qu'ils voudront à la
presse mais personne n'est arrêté à cause de sa
religion ou de ses opinions politiques », a-t-il dit au Globe
and
Mail . Plus tôt, il a dit à la Presse canadienne
que des gens peuvent être
arrêtés si leur nom apparaît sur une liste. «
Il y a une raison pour cela, dit-il. Ce n'est pas à cause de
leur race, ni de leur religion ou de la langue qu'ils
parlent. »
Pour sa part, le ministre Goodale a refusé de
s'adresser aux sérieuses inquiétudes qu'ont beaucoup de
Canadiens au sujet du nombre d'incidents qui portent à croire
à un profilage racial, politique ou autre à la
frontière. Admettant qu'il y a eu « un certain nombre
d'incidents ces dernières semaines », il a dit que si
les gens « se sentent
lésés de quelque manière, il faut profiter du
recours disponible... Si les gens ne portent pas plainte, il n'y a
aucune façon de savoir de façon définitive combien
de ces incidents ont lieu. »
La conclusion que les Canadiens
sont censés tirer est que le recours aux pouvoirs arbitraires
est toujours justifié puisqu'ils sont en place pour assurer la
sécurité, ce qui est faux. En fait, toute la
problématique est présentée de façon
trompeuse puisque les pouvoirs policiers sont par définition
arbitraires. Mais grâce à cette diversion le
gouvernement des pouvoirs de police et la prise de contrôle du
ressort territorial canadien deviennent un fait accompli.
Les Canadiens ne doivent pas tomber dans le
piège et croire que l'utilisation des pouvoirs policiers
arbitraires est justifiée pour des raisons de
sécurité tant qu'il y a des règles en place pour
limiter les excès et les abus et les identifier quand ils se
produisent. Le débat au sujet du profilage légitime ou
illégitime, du partage de l'information, des
détentions et déportations sert à justifier un
gouvernement des pouvoirs de police. Il est utile de rappeler qu'en
Allemagne nazie, des lois ont été adoptées pour
retirer aux juifs leur droit de citoyenneté et en faire des
sujets du Reich. Les lois de Nuremberg adoptées le 15
septembre 1935 par le Reichstag lors d'une session spéciale
convoquée par le rassemblement annuel du parti nazi à
Nuremberg étaient des lois antisémites. Or, de soi-disant
modérés à l'intérieur de la bureaucratie
hitlérienne ont protesté en disant que pour appliquer ces
lois, il
fallait des règles permettant d'identifier les juifs et de
déterminer le degré de leur ascendance juive. Cette
opposition entre l'aile extrême et l'aile
modérée de la bureaucratie nazie n'est pas dissemblable
à l'opposition entre « extrémistes » ou
« extrême droite » et ceux qui, dans les cercles
dominants des États-Unis et du Canada, s'accommodent
parfaitement des pouvoirs de police en autant que cela s'inscrive dans
l'état de droit.
Cette première visite officielle d'un membre de
l'administration Trump, par un secrétaire à la
Sécurité intérieure, laisse prévoir
d'autres trahisons du gouvernement canadien qui place le Canada sous
juridiction américaine à l'heure où grandissent
les dangers de guerre contre des rivaux des États-Unis, y
compris les frappes aériennes en Syrie et
les tentatives d'isoler la Russie. Avec un discours au sujet de la
défense de l'« intérieur » des
États-Unis, on cherche à faire accepter aux Canadiens le
recours aux pouvoirs de police sous prétexte qu'on peut les
rendre « non arbitraires » ou que l'arbitraire est
« une conséquence imprévue » qu'il faut
accepter pour le plus grand
bien de tous.
C'est inacceptable.
Opposons-nous à tous les prétextes
servant à accroître l'autorité des
États-Unis sur le Canada et les Canadiens!
- Enver Villamizar -
Le projet de loi C-73 du gouvernement Trudeau, Loi
relative
au
précontrôle
de personnes et de biens au Canada
et aux États-Unis, propose d'accroître
considérablement les
pouvoirs et la présence de douaniers américains au
Canada. Le projet de loi a été déposé
le 17 juin 2016 et a été renvoyé
le 6 mars au Comité
permanent de la Sécurité publique et nationale de la
Chambre des communes.
Le « précontrôle » est un
processus par lequel on s'acquitte des modalités des douanes du
pays de destination avant de quitter le pays d'origine. Le projet de
loi C-23 étendrait ce processus de quelques aéroports
désignés au Canada aux passages transfrontaliers
terrestres et maritimes. Il permettrait le précontrôle de
cargaisons par des
agents américains installés dans des centres canadiens et
autoriserait aussi le port d'armes et la détention par les
agents américains de même que les fouilles et le recours
à la force contre des Canadiens dans les centres de
précontrôle au Canada même. Il accorderait aussi au
ministre de la Sécurité publique le pouvoir de
désigner de nouveaux centres
de précontrôle où les agents américains
détiendraient ces pouvoirs. Contrairement aux arrangements
actuels et relativement restreints en matière de
précontrôle en vigueur dans certains aéroports
canadiens, les agents américains seraient autorisés
à détenir les Canadiens qui choisiraient de quitter les
lieux pendant le processus de précontrôle aux
douanes.[1]
Le projet de loi C-23 mettrait en oeuvre l'entente
conclue le 15 mars 2016 lors de la première visite
d'État officielle du premier ministre Trudeau aux
États-Unis sous la présidence Obama. Le cadre
général permettant d'augmenter le nombre d'agents
américains au Canada par le biais d'opérations de
précontrôle américaines faisait
partie de l'accord « Au- delà de la
frontière : une vision commune de la sécurité
du périmètre et de la compétitivité
économique » conclu entre le gouvernement Harper et
l'administration Obama en 2011. En 2011, lorsque le
gouvernement Harper avait tenu des consultations avec ceux qu'on
décrivait comme étant des «
partenaires » dans l'application de l'entente «
Au-delà de la frontière », près de la
moitié des opinions exprimées étaient
défavorables à toute expansion de la présence de
forces de sécurité américaines au Canada. On peut
donc dire que le gouvernement de Harper et celui de Trudeau ont
procédé sans le consentement des Canadiens et
en dépit de leur opposition.
Selon le gouvernement Trudeau, les premiers nouveaux
centres de précontrôle seront installés à
l'aéroport Billy Bishop à Toronto, à
l'aéroport Jean Lesage à Québec et, pour les
passagers du transport ferroviaire, à la Gare centrale de
Montréal ainsi qu'à la ligne ferroviaire Rocky
Mountaineer en Colombie-Britannique, de même qu`à «
certains sites ferroviaires et maritimes en
Colombie-Britannique ». Bien qu'on dise de l'entente qu'elle
est réciproque, aucun centre de précontrôle
canadien n'est prévu en sol américain.
Argumentation irrationnelle et intéressée
Lorsque le projet de loi C-23 a été
déposé avant la tenue des élections du 8
novembre aux États-Unis, les libéraux ont vanté
les mérites du précontrôle comme un moyen de rendre
les voyages et le commerce avec les États-Unis « plus
efficaces ». Sécurité publique Canada a
simplement annoncé, par voix de communication, des «
mesures pour assurer des déplacements plus efficaces entre le
Canada et les États-Unis » et que le gouvernement
avait déposé un projet de loi qui allait comporter des
« avantages économiques et liés au
voyage » pour certaines régions. Le gouvernement
déclarait que ces mesures permettraient désormais
à plus de Canadiens « de
profiter des avantages associés aux opérations de
précontrôle », dont « un accès
direct à plus de destinations américaines, et une plus
grande croissance économique pour les économies locales
qui bénéficieront de l'accroissement du
tourisme ».
Depuis ce temps-là, la faction Trump de la
classe dominante des États-Unis l'a emporté sur la
faction Clinton et a cherché à gouverner par le biais
de pouvoirs policiers illimités, notamment en imposant une
série de décrets déstabilisants, bellicistes et
racistes. Deux de ces décrets -- l'interdiction d'entrée
aux États-Unis de citoyens
provenant de certains pays ciblés par les États-Unis et
l'arrêt de l'accueil des réfugiés -- ont
déjà eu des répercussions à la
frontière entre le Canada et les États-Unis et sur les
droits des Canadiens qui voyagent.
Ces décrets -- le premier émis le 27
janvier qui a suscité une résistance de masse et les
contestations judiciaires et le deuxième émis le 6
mars, une nouvelle version du premier qui devait soi-disant respecter
les ordonnances du tribunal -- ont eu comme conséquence le
refoulement de citoyens et de résidents canadiens tentant
de
traverser la frontière et l'incertitude à savoir si les
citoyens canadiens qui détiennent aussi la citoyenneté de
l'un des pays ciblés seraient autorisés à
traverser aux États-Unis. Diverses organisations, dont les
Guides du Canada et la Commission scolaire du district de Toronto, ont
annoncé qu'elles n'organiseraient plus de voyages aux
États-Unis pour
éviter que quiconque soit refusé. Depuis, il y eu de
nombreux incidents de profilage de Canadiens à la
frontière.[2] Selon les
médias, de nouvelles mesures de « contrôle
extrême » seront bientôt mises en oeuvre pour
obliger les voyageurs à donner aux douaniers accès
à leur cellulaire et à leur
compte de médias sociaux et à répondre à
des questions touchant à leurs croyances.
En réponse à ces sérieuses
préoccupations des Canadiens qui craignent qu'eux-mêmes et
leurs pairs soient ciblés à la frontière, le
gouvernement du Canada prétend maintenant que le fait de placer
des douaniers américains
armés au Canada est une mesure de défense des droits
des Canadiens. Le 21 février, le
ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a dit
que les mesures frontalières des États-Unis seront
menées « sous l'égide protectrice des lois
canadiennes et de la Charte canadienne des droits et
libertés ». Son secrétaire
parlementaire, Mark Holland, a même suggéré que
« si quelque chose va mal... nous voudrions bien être
du
côté canadien de la frontière ». Ce
n'est pas très rassurant de voir ces gens s'inquiéter que
quelque chose puisse « aller
mal »
alors que le gouvernement libéral n'a rien dit pour
défendre les Canadiens qui se sont fait profiler et imposer des
mesures arbitraires.
La justification du projet de loi C-23 est irrationnelle
puisque sa prémisse n'est pas comment défendre les droits
des Canadiens, leur sécurité et l'économie. Au
contraire, sa prémisse de base est que le Canada et son
économie doivent être assujettis à un gouvernement
de pouvoirs policiers et non à un gouvernement des lois et que
la sécurité
nationale sera défendue sous les bottes de l'État
impérialiste américain et de ses pouvoirs policiers. Dans
ce contexte, l'accroissement du contrôle direct d'agents et
même de soldats américains devient quelque chose de
« bon pour les affaires » et même
nécessaire pour protéger la «
performance » des entreprises «
canadiennes »
qui dépendent du commerce transfrontalier. Toute position de
principe, à savoir que le Canada est un pays souverain et que
son peuple a le droit de se prononcer sur ce qui se passe sur son
territoire et sur toutes les questions affectant sa vie, devient un
obstacle à cette « efficacité ».
Loin de défendre les Canadiens, le gouvernement
défend le pouvoir d'agents américains sur les citoyens et
résidents du Canada en laissant planer le doute sur les motifs
des Canadiens dans les centres de précontrôle et en
suggérant même qu'ils pourraient être des
terroristes ou des criminels. Le ministre Goodale a
déclaré que ces pouvoirs de détenir des Canadiens
qui désirent se soustraire aux mesures de
précontrôle visent simplement à «
empêcher que des gens viennent sonder les sites de
précontrôle pour déceler des failles dans la
sécurité frontalière avant de quitter les zones de
précontrôle sans se faire remarquer ».
Immunité pour les agents frontaliers
L'affirmation que les Canadiens vont
être protégés par la Charte des droits et
libertés des abus commis par les agents américains
est non seulement diversionnaire mais fausse. La Charte repose sur la
prémisse antidémocratique selon laquelle il revient aux
pouvoirs arbitraires d'imposer les soi-disant limites raisonnables aux
droits.
Néanmoins, la question de la juridiction et de
quelle loi prévaut est importante parce qu'elle soulève
la question à savoir quelle autorité est suprême et
quel est l'objectif de cette autorité. Où réside
la juridiction est une question importante en ce moment et pas
seulement parce que les Canadiens ne veulent pas être soumis aux
caprices de l'État
américain. Un article du 20
janvier 2016 du Marxiste-Léniniste traitant des
nouveaux arrangements de sécurité établis à
ce moment-là entre le Canada et les États-Unis
mentionnait ceci : « La question de quelle autorité
préside sur quelle juridiction est essentielle pour
déterminer qui vous défendra et dans
quelles circonstances. »[3]
Cela a également des implications sur la possibilité de
rendre les autorités redevables de leurs actes et sur la
capacité de demander réparation pour les torts commis.
À cet égard, le projet de loi C-23 va continuer de
couvrir d'une vaste immunité les agents américains des
services frontaliers au Canada. Dans les cas de violation des droits
des Canadiens ou de la Loi canadienne, les États-Unis ont
première juridiction sur l'enquête et la poursuite,
laquelle peut être invoquée en informant le pays
hôte.
Le projet de loi accorde aussi l'immunité aux
agents du précontrôle et à leurs décisions
au Canada, notamment :
- « En matière civile, aucune action ou
autre procédure ne peut être intentée contre le
contrôleur à l'égard d'un acte -- action ou
omission -- accompli dans l'exercice de ses attributions sous le
régime de la présente partie.
- « La décision d'un contrôleur de
refuser d'effectuer le précontrôle ou de refuser
d'admettre, conformément aux lois des États-Unis, une
personne ou un bien aux États-Unis n'est pas susceptible de
révision judiciaire au Canada. »
Le département américain de la
Sécurité intérieure a émis un
communiqué de presse sur l'accord de précontrôle
Canada-États-Unis avant que le projet de loi ne soit
présenté qui disait que « les privilèges et
l'immunité des contrôleurs » seront
examinés « par un cadre de juridiction
partagé dans lequel le pays de départ peut de
manière générale exercer la première
juridiction criminelle pour des actes commis par ses contrôleurs
dans l'exercice de leurs fonctions officielles dans le pays
hôte ».
Autrement dit, les États-Unis vont continuer
d'exercer « la première juridiction criminelle pour des
actes commis par leurs contrôleurs dans l'exercice de leurs
fonctions officielles ». Cela contredit l'affirmation du
gouvernement canadien que les agents de services
frontaliers américains vont agir « conformément au
droit
canadien, notamment à la Charte canadienne des droits et
libertés, à la Déclaration canadienne des
droits et à la Loi canadienne sur les droits de la
personne ».
C'est une fraude que de prétendre que l'adoption
du
projet de loi C-23 est un facteur assurant la défense des
droits des Canadiens contre les agents américains compte tenu
d'où réside la juridiction et de l'absence de toute
autorité chargée de défendre les Canadiens. Que
ces pouvoirs
arbitraires soient accordés par le Parlement canadien ou
jugés conformes à la constitution, il reste qu'ils n'ont
aucune légitimité aux yeux des Canadiens.
Notes
1. Sujets de préoccupation
en ce qui concerne le projet de loi C-23
- Le projet de loi C-23 permet aux agents de «
détenir le voyageur aux fins de fouille à nu, s'il a
également des motifs raisonnables de soupçonner que les
conditions suivantes sont remplies : (i) le voyageur a sur lui des
biens dissimulés ou quelque chose qui pourrait présenter
un danger pour la vie ou la sécurité de quiconque, (ii)
la
fouille est nécessaire pour maintenir la sécurité
ou le contrôle de la frontière. »
- Le projet de loi permet aux agents américains
de détenir un individu « s'il a des motifs raisonnables de
croire qu'une personne a commis une infraction à une loi
fédérale... »
- Même s'il n'est pas détenu, le voyageur
qui se soustrait au précontrôle est tenu « de
répondre véridiquement à toute question
posée au titre de l'alinéa 31(2)b) par le
contrôleur aux fins d'identification ou de vérification
des motifs pour lesquels il se soustrait » et pendant ce
temps les agents des services frontaliers conservent tous
leurs pouvoirs.
- Le projet de loi C-23 autorise un agent
américain à demander qu'un agent des services frontaliers
canadiens amène tout voyageur canadien se rendant aux
États-Unis, présumément dans un aéroport,
une gare de trains ou un passage frontalier, à une zone de
précontrôle où la personne sera placée sous
l'autorité des États-Unis.
- Au sujet du recours à la force, le projet de
loi C-23 écrit que « le contrôleur qui agit sur le
fondement de motifs raisonnables est fondé à faire tout
ce que la présente loi exige ou autorise et à employer la
force nécessaire à cette fin ». Cette clause
est assortie d'une soi-disant limite selon laquelle « il n'est
toutefois pas fondé à recourir à
la force avec l'intention de causer la mort ou des lésions
corporelles graves, ou quand un risque de mort ou de telles
lésions existe, sauf s'il a des motifs raisonnables de croire
que cela est nécessaire pour assurer sa sécurité
ou celle de toute autre personne sous sa protection contre une menace
de mort ou de lésions corporelles graves. »
2. Voici quelques exemples :
- Fadwa Alaoui de Montréal a voulu se rendre au
Vermont avec ses deux enfants pour y faire des achats. Les agents
américains des services frontaliers l'ont refoulée
après lui avoir posé des questions sur sa religion et ses
opinions sur le président Donald Trump. Selon elle, la plupart
des questions portaient sur sa religion. « Je me suis sentie
humiliée, traitée comme si je n'étais même
pas une personne », a-t-elle dit à CBC News.
« Il a demandé : Êtes-vous
pratiquante ? Quelle mosquée fréquentez-vous ?
Quel est le nom de l'iman ? À quelle fréquence
allez-vous à la mosquée ? De quels genres de
discussions êtes-vous témoin à la
mosquée ? Est-ce que l'iman vous parle
directement ? », a dit Alaoui. Les agents des
services frontaliers lui ont aussi posé des questions sur des
vidéos en arabe qu'elle avait sur son téléphone.
Elle a répondu qu'il s'agissait de vidéos de
prières quotidiennes. Les agents lui ont alors dit :
« Vous n'êtes pas autorisée à vous rendre aux
États-Unis parce que nous avons trouvé sur votre
téléphone des vidéos qui sont contre
nous », a dit Alaoui. (CBC News, 8 février)
- L'étudiant de 19 ans de
l'Université de Sherbrooke Yassine Aber a voulu
traverser la frontière à Stanstead au Québec pour
prendre part à une rencontre d'athlétisme à
Boston. Il a été détenu et interrogé
pendant cinq heures par des agents qui lui ont finalement interdit
l'entrée aux États-Unis.
« Ils m'ont demandé :
'Fréquentez-vous la mosquée ?' J'ai dit 'oui,
parfois'. 'Combien de fois ? Quel est le nom de la
mosquée',
m'ont-ils demandé. Ils m'ont posé des questions sur des
gens en particulier », a-t-il dit à CBC News. Les
agents ont examiné le téléphone d'Aber et disent
avoir trouvé une photo sur
Facebook d'un mariage où il était accompagné d'une
ancienne étudiante qui s'était rendue en Syrie
en 2014. (CBC News, 10 février)
- Manpreet Kooner, une Montréalaise de 30
ans, a été refoulée à la frontière
américaine au début de mars et s'est fait dire qu'elle
avait besoin d'un visa d'immigration valide pour entrer au pays. Kooner
a dit qu'elle a été détenue à la
frontière pendant six heures avant de se faire refuser
l'accès. (CBC News, 6 mars)
- Michael Potter de Windsor a dit qu'il avait
essayé en mars de se rendre à Détroit pour y faire
du magasinage et voir des amis et qu'il avait été
amené à une zone de filtrage secondaire et fouillé
pendant 15 minutes en mars avant de se voir refuser
l'entrée. Potter a dit avoir été appelé et
rappelé pendant une heure par un agent qui lui
demandait ensuite de retourner s'asseoir. Après qu'il ait
été rejeté, Potter a trouvé ses effets
personnels pèle-mêle dans son véhicule. Il a dit
aux médias qu'il a fait ce voyage plusieurs fois dans le
passé et croit qu'il a été ciblé quand il a
parlé de son mari pendant le filtrage.
Potter demande au gouvernement canadien de ne pas
adopter le projet de loi C-23 qui autoriserait le «
précontrôle » par des agents américains
ayant pleins pouvoirs pour opérer à l'intérieur du
Canada aux postes frontaliers. « Je veux juste m'assurer que les
droits de personne d'autre ne vont être violés et que cela
ne pourra pas se
produire en sol canadien », a-t-il dit. (CBC
News, 28 mars. Innisfail Province, 4 avril)
- Adeel
Khan de Happy Valley-Goose Bay a été bloqué
à la frontière entre Québec et New York le 22
mars en route pour aller rendre visite à sa fiancée
à Washington, DC. Khan a dit que les agents des services
frontaliers lui
ont demandé à plusieurs reprises où il
était né. Les agents ont dit qu'ils n'avaient pas assez
de preuves que Khan allait revenir au Canada. Khan a dit aux
médias qu'un agent s'est vanté par la suite à voix
forte à ses supérieurs qu'il venait de « bloquer un
autre... Mohamed . » (CBC News, 28 mars)
3. «
Le renforcement des mesures des États-Unis pour le profilage des
Canadiens », Pauline Easton et Enver Villamizar - Le
Marxiste-Léniniste, 20 janvier 2016
Nouveaux accords entre le Canada et la
Sécurité intérieure des États-Unis
- Charlie Vita -
Plus d'agents américains
seront installés au Canada
Le secrétaire du département de la
Sécurité intérieure des États-Unis John
Francis Kelly, en visite au Canada le 10 mars, a émis une
déclaration conjointe avec le ministre de la
Sécurité publique et de la pPotection civile Ralph
Goodale soulignant les questions qui ont été
discutées et les « prochaines étapes à
suivre ». La déclaration
conjointe annonçait aussi que les deux pays continueront de
travailler sur « la cybersécurité, les
infrastructures essentielles, l'application des lois commerciales et la
lutte contre la radicalisation menant à la violence, ainsi que
les initiatives frontalières conjointes comme les programmes de
voyageurs dignes de confiance ».
La déclaration mentionne que « ces efforts
commencent en renforçant nos antécédents de longue
date d'opérations réussies de dédouanement des
passagers ». On y lit que Goodale et Kelly ont «
discuté des prochaines étapes pour l'élargissement
du prédédouanement à de nouveaux emplacements des
modes de transport aérien, ferroviaire,
terrestre et maritime » et que « le Canada continuera
également à envisager des opérations
éventuelles aux États-Unis ».
Il est à noter que le projet de loi C-23, Loi
relative
au
précontrôle
de
personnes
et
de
biens
au Canada
et aux États-Unis, qui autoriserait l'établissement
de centres supplémentaires de précontrôle et
élargirait la mise en place d'agents américains en sol
canadien, n'a même pas été débattu à
la Chambre des communes. Le gouvernement
Trudeau n'en discute pas moins « des prochaines étapes
à suivre ».
« Même s'il reste du travail à faire
en matière de législation avec l'adoption du projet de
loi C-23 au Canada, nous avons chargé nos fonctionnaires de
rendre compte de ces questions, en plus de négocier une voie
à suivre pour poursuivre le prédédouanement ou
l'inspection préalable de fret, y compris la
détermination de sites pilotes
possibles. »
« Le partage de l'information »
« Le partage de l'information » a
été présenté comme un outil permettant
d'identifier les menaces afin d'assurer la sécurité. Le
ministre Goodale et le secrétaire Kelly ont «
réaffirmé notre engagement à l'égard de
l'échange de renseignements sur les menaces à nos deux
pays et sur les communications ouvertes ». Les faits qui
démontrent que des individus ont fait l'objet de profilage et
ont été envoyés à la torture sur la base de
ces « informations partagées » ne doivent pas
être discutés. Le gouvernement Trudeau s'est
officiellement excusé auprès de trois Canadiens --
Abdullah Almalki, Ahmad El Maati et Muayyed Nureddin -- qui ont
été déportés après
le 11 septembre sur la base de faux
«renseignements ». L'expression « partage de
l'information » semble inoffensive mais de nombreux crimes
ont été commis et continuent de l'être suite
à de faux renseignements et au recours aux pouvoirs de police
arbitraires.
Goodale et Kelly ont également discuté de
nouveaux mécanismes de partage d'information « en
matière d'entrée-sortie dès que les exigences
législatives canadiennes seront satisfaites au moyen de
l'adoption du projet de loi C-21 ». Le projet de loi C-21, Loi
modifiant
la
Loi
sur
les
douanes, en est à sa deuxième
lecture à la
Chambre des communes. À l'instar d'autres lois que le
gouvernement libéral est en train de promulguer, cela fait
partie de l'établissement d'un seul cordon de
sécurité « nord-américain » sous
le contrôle des États-Unis. La loi permettrait à
l'Agence des services frontaliers du Canada d'être
informée par les organismes frontaliers des
États-Unis lorsque quiconque quitte le Canada à un
passage frontalier terrestre, permettrait aux agents des services
frontaliers canadiens d'inspecter des produits normalement
exemptés de la Loi sur les douanes et de partager de
l'information sur les voyages avec d'autres organismes sur les
Canadiens quittant le pays.
Cela va augmenter le profilage des citoyens et des
résidents sur la base des « habitudes de
voyage ». La surveillance des citoyens et des
résidents qui vaquent à leur vie privée et
à leurs affaires criminalise tout le monde, ce qui est
inacceptable. Les êtres humains naissent en société
et s'engagent quotidiennement dans de nombreuses
relations de diverses sortes. Les considérer comme des criminels
potentiels parce qu'une habitude de voyage présumée, qui
leur est gardée cachée, serait suspecte, détruit
la possibilité de mener une vie en sécurité.
Goodale et Kelly ont également
réaffirmé que le Canada et les États-Unis
continueront de partager de l'information sur ceux qui traversent la
frontière des États-Unis vers le Canada en tant que
demandeurs d'asile et continueront « de collaborer afin de
comprendre le mouvement des migrants, et de surveiller la situation sur
notre frontière
terrestre commune, aux points d'entrée et entre
eux ». Les demandeurs d'asile ne sont pas non plus des
criminels et les traiter comme s'ils en étaient constitue une
violation flagrante du droit international humanitaire.
Derrière le discours sur la menace terroriste
dans
les aéroports canadiens
- Hilary LeBlanc -
Lors de sa visite au Canada le 10 mars, le
secrétaire américain à la Sécurité
intérieure John Kelly a dit à l'émission Power
Play du réseau CTV que « la menace la plus sérieuse
je pense est celle d'une attaque terroriste dans le secteur de
l'aviation. Je pense que c'est un peu comme une Coupe Stanley pour eux.
Ils veulent faire tomber
des avions et passent leurs journées à essayer de le
faire ».
Il a ajouté : « Je ne peux pas vous
dire le nombre des avions qui n'ont pas explosé en vol, qu'ils
soient de United Airlines ou d'Air Canada, mais je peux vous dire qu'il
y a des dizaines de complots qui ont lieu à tout
moment. » Kelly a dit que depuis 15 ans « nous
savons que nous avons découvert et mis fin à des
centaines de complots » et qu'il y en a « des dizaines
et des dizaines en ce moment où des gens cherchent à se
rendre aux États-Unis ou à faire sauter des
avions ».
Kelly n'a pas donné de preuve de ce qu'il avance
sous prétexte qu'il s'agit d'une information classifiée.
Il a dit que le Canada et les États-Unis sont
considérés par les terroristes comme des « cibles
difficiles » à cause des mesures de
sécurité aux États-Unis et de la
coopération « sans failles » dans le partage de
l'information,
notamment celle sur les passagers. Kelly a suggéré qu'
à chaque jour des Canadiens évitent la mort ou les
blessures dans des attaques terroristes parce qu'ils se soumettent aux
agences américaines de sécurité qui
protègent les Canadiens grâce à une «
information classifiée ».
Le ministre de la Sécurité publique Ralph
Goodale a été forcé de répondre à
ces affirmations et a dit que « non il n'y a pas en ce moment de
nouvelle menace terroriste spécifique contre Air Canada. Il est
certain que s'il y en avait, nous agirions d'une série de
façons mais le secrétaire ne faisait pas allusion
à une nouvelle menace
immédiate. » Plutôt que de condamner cette
campagne de peur irresponsable au sujet de terroristes qui «
essaient à chaque jour » de « faire tomber des
avions », le ministre Goodale a aidé Kelly à
s'en sortir en disant que celui-ci n'avait fait qu'une «
allusion ».
Air Canada a tout de suite nié la chose. «
La politique d'Air Canada en général est de ne pas
discuter des questions de sécurité. Cependant la
suggestion qu'Air Canada ait fait l'objet de telles menaces est sans
fondement », a dit son porte-parole Peter Fitzpatrick au Globe
and
mail.
Cela fait longtemps que les États-Unis
prétendent que les menaces contre les États-Unis
proviennent du Canada. Il est devenu commun aussi de créer la
peur au Canada au sujet d'une attaque imminente pour amener les gens
à accepter le recours aux pouvoirs arbitraires de police. De
plus le recours à l'hyperbole du secrétaire Kelly est
conforme à la méthode de l'administration Trump de voir
jusqu'à quel point elle peut briser les limites de ce qu'on a
considéré jusqu'ici comme un discours et un comportement
qui sont ceux d'un homme d'État. On cherche clairement à
créer une nouvelle « normalité ».
Au-delà des protestations du ministre Goodale et d'Air Canada,
il reste
que l'idée que les pouvoirs de police sont la façon de
garantir la sécurité est présente partout.
Lorsque George W. Bush était
président des États-Unis, l'ambassadeur américain
au Canada Paul Celluci avait déclaré que les Canadiens
vont avoir besoin d'une attaque terroriste en bonne et due forme sur
leur propre sol pour comprendre ce que les États-Unis faisaient
pour combattre le terrorisme et qu'un certain nombre de villes du
sud-ouest de l'Ontario pourraient être attaquées. Ces
déclarations avaient été faites suite à la
décision du Canada de ne pas participer ouvertement
à l'invasion de
l'Irak et suite à l'appel de l'oligarchie financière
d'Amérique du Nord à l'effet que le Canada devait
conclure un arrangement de périmètre de
sécurité conjoint avec les États-Unis. Avec ses
déclarations irresponsables, Kelly demande maintenant au Canada
de se soumettre à l'expansion de la domination américaine
au nom de la sécurité.
Les déclarations au sujet de la présence
de l'État islamique
à l'aéroport de Montréal
Moins de trois semaines après les remarques
irresponsables du secrétaire américain à la
Sécurité intérieure John Kelly, le Journal de
Montréal a fait rapport de ses «
enquêtes » au programme du réseau TVA J.E
, à l'effet que l'Aéroport international Pierre Elliott
Trudeau avait retiré à certains de ses employés
leur
autorisation de sécurité. En plus, quatre travailleurs se
sont vu retirer leur accès à une zone
sécurisée par « mesure de
précaution ». Selon le journal, certains des
employés avaient « visité des sites internet
pro-État islamique (Daech), diffusé de la propagande sur
les réseaux sociaux, consulté une quantité
anormale de documents traitant
d'armes ou d'explosifs ».
Le Journal de Montréal rapporte que
sur les quatre retraits d'autorisation de sécurité, un
était dû à un commentaire allégué
d'appui à l'attaque du 14 novembre 2015 à Paris
et deux autres à des déclarations que les travailleurs
souffraient de « problèmes psychiatriques » qui
pouvaient mettre la sécurité en
danger.
Le Journal de Montréal a fourni un
exemple de profilage et de création de doutes sur la base de
l'origine nationale en disant qu'un des travailleurs à qui on
avait retiré son autorisation de sécurité
provenait « d'Afrique du Nord ». Il avait soi-disant
partagé une « vidéo de propagande de
l'ÉI » sur sa page Facebook. Puis,
de façon contradictoire, le rapport affirmait que l'individu
« semble appuyer » les Frères musulmans et
l'ancien président de l'Égypte Mohamed Morsi.
Les médias monopolisés en ont
profité pour suggérer que les aéroports canadiens
avaient été infiltrés par des « supporters
de l'État islamique ». On lit dans un rapport de
Postmedia que « des employés des aéroports
canadiens sont identifiés comme des supporters de l'État
islamique : un reportage ». Le 24 hours
écrit à la une : « Des employés
d'aéroports identifiés comme des supporters de
l'ÉI ». Global News écrit que « Des
employés de l'aéroport Trudeau de Montréal
seraient radicalisés selon des rapports » tandis que
le réseau CBC écrit que « l'aéroport Trudeau
est sécuritaire en dépit des inquiétudes à
propos d'employés radicalisés,
selon des porte-paroles ».
Des reportages non fondés comme ceux-ci, qui ont
recours aux demi-vérités et traitent les choses de
manière hors contexte, suivent la méthode utilisée
par le secrétaire américain Kelly afin de justifier
l'accroissement des mesures de police dans les aéroports
canadiens. Les Canadiens considèrent comme inacceptable de
cibler encore plus de
gens au moyen du profilage qui repose sur des critères raciaux,
religieux et autres.
Le ministre des Transports Marc Garneau est intervenu
en disant que les aéroports du Canada sont sécuritaires
parce que les agences d'espionnage et de police du Canada filtrent et
évaluent constamment ceux qui obtiennent des autorisations de
sécurité dans les aéroports et en décrivant
les processus de filtration et de surveillance.[1]
Ces rapports douteux sur les « supporters de
l'ÉI » qui travailleraient dans les aéroports
canadiens et les remarques de Kelly au sujet des terroristes qui
« essaient à chaque jour » d'attaquer les
transporteurs aériens sont produits au moment où les
gouvernements canadien et américain élaborent des
arrangements qui visent à étendre
la présence des agents de sécurité
américains au Canada. Il est important de noter que cela donne
une plus grande voix au chapitre aux États-Unis sur ce qui se
passe dans le système de transport du Canada, notamment sur qui
peut ou ne peut pas travailler dans les zones ou près des zones
de précontrôle américaines dans les
aéroports.
Toutes ces déclarations privent les Canadiens
d'une position rationnelle à partir de laquelle ils peuvent
examiner la question de la sécurité et des droits et
visent plutôt à créer la peur et inciter les
passions. Les Canadiens doivent rejeter toute tentative de diviser la
classe ouvrière en dépeignant les travailleurs des
aéroports comme une menace
potentielle à la sécurité et de faire accepter aux
gens le profilage des Canadiens par l'État sur la base de leur
origine nationale.
Il faut se rappeler que ce sont les
impérialistes américains, leurs agences d'espionnage et
leurs forces militaires qui sont les plus grands auteurs de terrorisme
dans le monde. Ce sont eux maintenant qui revendiquent plus de pouvoirs
au Canada. Comme ce fut le cas dans le passé, la campagne visant
à semer le doute sur les travailleurs des
aéroports ou à prétendre qu'il existe des complots
quotidiens contre les transporteurs aériens du Canada
coïncide avec la demande des États-Unis d'un contrôle
accru sur la sécurité des transports au Canada. Les
Canadiens doivent s'y opposer fermement.
Note
1. Le ministre Garneau a dit ce
qui suit dans sa déclaration du 29 mars :
« Pour avoir accès à une zone
réglementée d'un aéroport, le personnel doit
obtenir de Transports Canada une habilitation de sécurité
en matière de transport (HST). Avant d'accorder une telle
habilitation, Transports Canada s'assure que le demandeur ne constitue
pas une menace pour le réseau de transport aérien du
Canada, en procédant
notamment à une vérification de ses
antécédents auprès du Service canadien du
renseignement de sécurité, de la GRC et d'Immigration,
Réfugiés et Citoyenneté Canada.
« Transports Canada a une procédure de
filtrage continu selon laquelle tout détenteur d'une HST ayant
accès à des zones réglementées d'un
aéroport est soumis à une vérification quotidienne
à partir d'une base de données de la police. En cas
d'acte criminel, nous prenons des mesures sur-le-champ et pouvons
suspendre ou retirer une HST.
Nos protocoles de sûreté en place ont
entraîné le refus ou le retrait de plus de 1 100
habilitations aux aéroports du pays au cours des deux
dernières années.
« Le gouvernement a établi un
système de sûreté intégré à
niveaux multiples en transport, qui inclut les vérifications
policières qui sont faites chaque jour. Pour limiter les
risques, ce système comprend des partenariats,
l'évaluation et la communication de renseignements, les services
de police, la sûreté matérielle, des
règlements, de la
formation et des ressources techniques et humaines. Il oblige aussi les
employés des aéroports à passer par un point de
contrôle avant d'accéder aux zones
réglementées.
« Les Canadiennes et les Canadiens peuvent
compter sur le fait que leur gouvernement prend très au
sérieux toutes les questions relatives à la
sûreté. Il n'hésitera pas à prendre les
mesures appropriées pour atténuer les risques et
réagir à toutes menaces connues auxquelles le
réseau
de transport peut être exposé. »
L'armée et les services policiers du Canada de
plus en plus sous commandement militaire américain
Les développements récents montrent que,
loin de jouer leur rôle de défendre le Canada et sa
population des véritables menaces qui surgiraient, les forces
militaires et policières canadiennes sont de plus en plus
placées sous le commandement militaire étranger, à
savoir celui de l'armée américaine. Le fait que
l'armée du Canada soit sous le
commandement d'une puissance étrangère, en particulier
une puissance impérialiste connue pour ses guerres d'agression
et de changement de régime, ne favorise pas la cause de la paix
et de la sécurité pour les Canadiens ; il en va de
même pour les forces de police qui sont apparemment
subordonnées à l'autorité civile élue mais
qui sont
entraînées et commandées par une force militaire
étrangère.
Formation militaire sous commandement américain
Du 27 mars au 13 avril, plus de 150
membres d'un groupe-brigade mécanisé du Canada
basé à Edmonton (Alberta) ont été
déployés à la base commune de Lewis-McChord,
près de Tacoma, à Washington, pour participer à
l'exercice SPECTRAL RAM. Cela faisait partie de l'exercice WARFIGHTER
de l'armée américaine,
un entraînement assisté par ordinateur mené au
niveau du corps et de la division de l'armée.
Selon le colonel américain Edward Bohnemar,
l'exercice « permet aux unités de préparer leurs
dirigeants et leurs équipes à s'intégrer
parfaitement à un niveau hiérarchique supérieur
afin de mener des opérations terrestres
unifiées ».
Le colonel Bill Fletcher, commandant d'un
groupe-brigade mécanisé du Canada, a
déclaré à propos des exercices de cette
année : « L'armée américaine est notre
allié le plus proche et son expérience de combat durement
gagnée au niveau de la division et au-delà nous offre
l'occasion non seulement de pratiquer le commandement et le
contrôle mais de l'exercer à un niveau supérieur
pleinement activé. Nous profitons de cette occasion pour mettre
en place une cohésion dans la formation avant d'oeuvrer ensemble
sur le champ de bataille », a-t-il déclaré.
Police formée par les militaires
américains
Le 31 mars, un communiqué de presse de la
GRC rapporte que certains de ses agents, ainsi que ceux de la Police
provinciale de l'Ontario (OPP) et du Service de police de Brockville,
ont récemment assisté à un « Programme de
formation Shiprider » à la Maritime Law Enforcement
Academy (MLEA) de la Garde côtière
américaine à Charleston, en Caroline du Sud.
Contrairement à son équivalent canadien, la Garde
côtière américaine est une branche des forces
armées.
Les officiers canadiens ont été
formés pour rejoindre les « Opérations
intégrées transfrontalières maritimes
d'application de la loi, entre le Canada et les
États-Unis », appelées Shiprider. La formation
comprend « des séminaires en salle de classe, des
scénarios pour des études de cas, l'étude du droit
criminel connexe, la loi sur la vie
privée et les politiques, à la fois du Canada et des
États-Unis ». Une fois formés, les policiers
armés canadiens et les agents frontaliers et gardes
côtiers des États-Unis ont le pouvoir d'appliquer «
des deux côtés de la frontière
internationale » les lois et les règlements des deux
pays lorsqu'ils sont ensemble à bord de bateaux
équipés à
cet effet.
La GRC rapporte qu'il y a actuellement 240
officiers formés et désignés dans le cadre du
programme Shiprider. Des opérations Shiprider à plein
temps ont été établies entre Surrey en
Colombie-Britannique et Bellingham dans l'État de
Washington ; entre Victoria en Colombie-Britannique et Port
Angeles dans l'État de
Washington ; entre Windsor en Ontario et Détroit au
Michigan ; entre Niagara-on-the-Lake en Ontario et Buffalo-Niagara
dans l'État de New York ; entre Kingston en Ontario et
Alexandria Bay dans l'État de New York (la région des
Mille-Îles du fleuve Saint-Laurent).
Les Canadiens intégrés à la
Sécurité intérieure des États-Unis
Le 28 février, la direction du
département de la Sécurité intérieure, de
la science et de la technologie des États-Unis (DHS S&T) et
Recherche et développement pour la défense du Canada
(RDDC), ont annoncé que Colin Murray sera le premier «
officier d'échange » canadien dans le cadre des
opérations de DHS S&T.[1]
Le Dr Marc Fortin, sous-ministre adjoint (Science et
technologie) et chef de la direction de RDDC, a louangé
l'arrangement. Il a dit que « la collaboration avec nos
homologues américains est essentielle pour trouver des solutions
aux défis communs de la sécurité publique. Les
arrangements visent à tirer parti des meilleurs esprits et des
atouts
du système d'innovation pour renforcer les liens existants et
identifier de nouveaux domaines de coopération. »
Les antécédents de l'officier
d'échange, Colin Murray, donnent une idée de ces «
défis communs de sécurité publique et de
sécurité ».
Murray est en fait intégré dans la
structure de DHS S&T à Washington depuis la
mi-décembre 2016. Selon son profil sur Linkedin, il
est un pilote de l'armée de l'air et a piloté sous le
commandement de la marine américaine pendant trois ans. Son
travail avec RDDC comprend : la supervision d'une équipe
« pour
pousser les limites dans les domaines tels que les médias
sociaux dans la gestion des urgences, la lutte contre
l'extrémisme violent, l'interopérabilité des
intervenants, les technologies sans fil, les exercices en
matière de sécurité, la résilience au sein
de la communauté et la sécurité
d'événements importants, tels que Les Jeux olympiques
d'hiver
de 2010 et le Sommet du G20 ».[2]
En d'autres termes, Murray est impliqué dans les
actions policières visant la criminalisation de la dissidence et
des activités politiques, y compris la surveillance et
l'engagement par le biais des médias sociaux et ciblant les gens
en fonction de leurs idées, leurs affiliations ou leurs
croyances. Une telle collaboration avec les États-Unis ne
garantira pas les droits et la sécurité des Canadiens ou
des Américains mais les menace.
Notes
1. La Direction de la science et de la technologie est
le principal groupe de recherche et de développement du
département de la Sécurité intérieure des
États-Unis. Le Centre de recherche en défense et
sécurité du Canada (RDDC) est une agence du
ministère de la Défense nationale du Canada (MDN) qui
fournit de la technologie au MDN, aux Forces armées canadiennes
et aux autres ministères ainsi qu'aux « communautés
de sécurité publique et de sécurité
nationale » pour « protéger les
intérêts du Canada au pays comme à
l'étranger ».
2. Le Commandement de la défense
aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD), qui est sous
le commandement du Nord des États-Unis, a été
impliqué dans le commandement des opérations de
sécurité lors des Jeux olympiques de Vancouver et du G20
à Toronto, dans lesquels Murray prétend avoir
participé
dans une certaine mesure. C'est au cours des manifestations contre le
G20, en particulier, que les forces de police ont arrêté
de manière préventive la veille des manifestations ceux
qu'ils qualifiaient d'« extrémistes violents »,
établissant une atmosphère d'anarchie et de violence pour
justifier une réponse massive de la police.
Opposition aux frappes américaines
en Syrie
Des manifestations partout au Canada et aux
États-Unis condamnent l'attaque aérienne
Ottawa, le 8 avril 2017
Suite aux frappes illégales des missiles
américains contre la Syrie le 6 avril, les Canadiens de
tous milieux, dont des représentants de la communauté
syrienne au Canada, sont descendus dans la rue pour condamner l'attaque
américaine de même que l'appui du Canada aux objectifs
américains de changement de régime et de guerre en
Syrie. L'esprit de toutes les actions a été de
défendre la souveraineté de la Syrie, de s'opposer
à l'ingérence impérialiste continue en Syrie et de
dénoncer l'utilisation de prétextes frauduleux pour
justifier l'agression et le changement de régime. Des
manifestations ont également eu lieu partout aux
États-Unis et dans le monde.
Les Canadiens qui ont
manifesté ont dénoncé la chorale des médias
monopolisés et ceux qui prétendent représenter les
Canadiens au Parlement et le gouvernement qui répète les
fausses allégations du président américain Donald
Trump à propos de qui est responsable des morts du 4 avril
en Syrie suite à l'exposition à des produits
chimiques toxiques. Les gens ont souligné qu'il est inacceptable
que les États-Unis fassent de telles accusations sans
présenter de preuves et sans permettre qu'une enquête se
tienne. Ils ont condamné le lancement d'attaques contre un pays
souverain sous quelque prétexte que ce soit, dont celui de
préoccupations humanitaires. Sur cette question, les
orateurs ont souligné que les propres forces des
impérialistes en Syrie sont elles aussi accusées de
posséder et d'utiliser des armes chimiques. Les
prétentions vertueuses des impérialistes
américains qui prétendent n'avoir jamais utilisé
d'armes chimiques sont déplorables. Parmi d'autres crimes, ce
sont eux qui ont utilisé l'agent Orange contre les
Vietnamiens qui en vivent encore les séquelles.[1]
À cet égard, par de nombreuses pancartes
et dans des discours d'un bout à l'autre du pays, les
manifestants ont fait des parallèles avec les guerres
américaines d'agression contre l'Irak et la Libye, qui toutes
deux ont été lancées sur la base d'affirmations
qui se sont avéré fausses. Les États-Unis n'ont
toujours pas rendu de comptes de ces
mensonges et des crimes de guerre qui ont suivi, ont dit les
manifestants. Voilà le problème sérieux auquel le
système international fait face et non celui de l'exercice du
droit de veto par la Russie et la Chine au Conseil de
sécurité de l'ONU contre les efforts des
États-Unis de légitimer leurs attaques. Ce qu'il faut
c'est un front uni des peuples
contre les guerres d'agression.
La position du gouvernement Trudeau, qui s'est
révélé être un gouvernement de guerre
assujetti aux intérêts impérialistes des
États-Unis, a lui aussi été condamné. En
moins de 24 heures, le premier ministre Trudeau est passé
d'un appel à faire enquête sur qui est responsable des
morts causées par les armes chimiques le 4 avril à
la louange des frappes aériennes américaines et une
déclaration que le gouvernement syrien en était
responsable après « qu'un allié fiable et sûr
aux États-Unis nous a informés que le régime
d'Assad était responsable de ces attaques
chimiques ». De cette façon, les mêmes agences
militaires et de sécurité qui ne peuvent pas
prédire quoi que
ce soit et qui sont engagées dans des combats factionnels
féroces aux États-Unis deviennent tout à coup
« dignes de confiance » et un joueur dans la prise de
décision au Canada. Après les propos du 6 avril de
Donald Trump appelant « toutes les nations civilisées
à se joindre » à la campagne américaine
contre la Syrie, Trudeau
et ses ministres ont déclaré que « tous les peuples
civilisés » doivent « parler d'une même
voix » en faveur des actions américaines. Le 10
avril, Trudeau a continué à être le perroquet de la
ligne des États-Unis, appelant à « la paix et la
stabilité dans [une] Syrie qui ne comprend pas [le
président élu de la Syrie] Bashar
al-Assad »[2].
Les Canadiens d'origine syrienne ont souligné que
les Syriens luttent pour une résolution de la crise sous la
direction des Syriens eux-mêmes, mais que l'ingérence
persistante des États-Unis et des grandes puissances
européennes, du Canada, de la Turquie, d'Israël, de
l'Arabie Saoudite et d'autres, y compris le parrainage de groupes
terroristes
à l'intérieur du pays, est un obstacle
majeur. Ils ont dénoncé le fait que les États-Unis
sont intervenus une fois de plus pour appuyer directement les groupes
qui ont semé la terreur parmi le peuple syrien, y compris
l'ÉI, le Front Al-Nusra et d'autres. Ils se sont opposés
à l'intervention du Canada en Syrie en appui à l'ordre du
jour des États-Unis,
en appuyant les groupes travaillant pour le changement de
régime. Ils ont affirmé que la Syrie a besoin de paix
mais que cela ne sera pas réalisé par les attaques
américaines et la violation de sa souveraineté ou toute
autre destruction des institutions légitimes de la Syrie. Loin
de cela, l'ingérence des États-Unis et du Canada vise
à prolonger la crise
et à prévenir toute solution dirigée par les
Syriens, et créera de nouvelles tragédies.
À Montréal, une jeune
réfugiée syrienne a déclaré que les
autorités canadiennes l'avaient pressée de
répéter la ligne des États-Unis et de
l'État canadien sur la crise en Syrie et de dire que le
gouvernement syrien était responsable des tragédies
humanitaires. Elle a déclaré qu'elle a refusé de
le faire et continue de défendre son pays contre cette
agression.
Beaucoup de ceux qui se sont présentés
dans ces actions pour dénoncer les attaques de missiles
américains contre la Syrie et l'escalade du danger de guerre par
les impérialistes américains ont également
exigé que le Canada soit une zone de paix et appelé les
Canadiens à créer un gouvernement antiguerre. Les
manifestants se sont engagés à
intensifier le travail pour mobiliser les Canadiens afin de s'assurer
que le gouvernement de guerre de Trudeau ne puisse pas parler en leur
nom et de s'opposer à d'autres attaques américaines.
Pour plus d'informations, voir LML du 8 avril 2017.
Revue en photos - Des actions partout au Canada
Halifax
Montréal
Ottawa
Toronto
Windsor
Sudbury
Edmonton
Calgary, 9 avril
Calgary, 7 avril
Vancouver, 11 avril
Vancouver, 8 avril
Vancouver, 7 avril
Courtenay
États-Unis
Boston
New Haven
New York
Newark
Philadelphie
Washington
Pittsburgh
Cleveland
Détroit
Chicago
Minnéapolis
Richmond
Tampa
Fort Lauderdale
Sarasota
Columbia
Salt Lake City
Houston
Los Angeles
San Diego
Sacramento
|
Vancouver, Washington
Anchorage
Notes
1. Le 11 avril, l'attaché de presse de la
Maison-Blanche, Sean Spicer, a eu l'audace de déclarer :
« Nous n'avons pas eu recours aux armes chimiques pendant la
Deuxième Guerre mondiale » et a ensuite
prétendu que même Hitler n'avait pas eu recours aux armes
chimiques : «
Même quelqu'un d'aussi méprisable que Hitler n'a pas eu
recours aux armes chimiques. » Lorsque l'affirmation de
Spicer a été contestée, il a affirmé :
« Merci. J'apprécie cette information. Oui, je comprends,
Hitler les a amenées dans des centres de l'Holocauste. Moi, ce
que je soutiens, c'est que ce qui est particulier à Assad c'est
qu'il a attaqué des villes avec des armes chimiques. »
2. La ministre des Affaires étrangères,
Chrystia Freeland, a affirmé à la sortie d'une
réunion des ministres des Affaires étrangères du
G7 en Italie le 11 avril : « Le point de vue du Canada,
en particulier à la lumière de ce qui n'est rien de moins
qu'un crime de guerre -- le recours aux armes
chimiques la semaine dernière -- est qu'Assad doit
partir. » Le gouvernement Trudeau a aussi fait sienne la
position des États-Unis que la Russie, en raison de son appui
militaire et politique au gouvernement syrien, est elle-même
responsable des présumées attaques chimiques. Freeland a
dit : « La Russie doit décider si elle veut
accroître son appui à ce régime sanguinaire ou si
elle veut déclarer : 'Nous ne voulons pas être
associés à cela'. »
Le 10 avril, le président des
États-Unis Donald Trump et la première ministre de la
Grande-Bretagne Theresa May ont prétendu que la frappe
étasunienne offrait à la Russie une «
occasion » de reconnaître que « son
allégeance envers Assad n'a plus d'intérêt
stratégique pour elle ». May et Trump ont
déclaré que la visite du
secrétaire d'État des États-Unis Rex Tillerson
à Moscou les 11 et 12 avril ainsi que la
réunion des ministres des Affaires étrangères du
G7 qui avait lieu au même moment seraient « une occasion
d'aller vers une solution qui engendrera un règlement politique
durable ». À la réunion du G7 du 11
avril, les États-Unis et la
Grande-Bretagne représentée par le secrétaire des
Affaires étrangères britanniques Boris Johnson ont
appelé à de nouvelles sanctions conte la
Fédération de Russie, soi-disant en raison de l'appui de
la Fédération à la Syrie. Selon les médias,
cette proposition a fait l'objet d'un veto de la part de l'Allemagne et
de l'Italie ainsi que de représentants de
l'Union européenne. Les médias rapportent que
l'impossibilité d'en arriver à une entente sur de
nouvelles sanctions contre la Russie et le fait que le
secrétaire d'État des États-Unis, Rex Tillerson,
n'ait pas réussi à convaincre les représentants
russes de la nécessité d'un changement de régime
en Syrie lors de sa visite à Moscou les 11
et 12 avril font en sorte que cette stratégie a
été un échec.
Les États-Unis menacent la
péninsule coréenne avec
leur groupe d'attaque aéronavale
Bas les pattes de la Corée! Troupes
américaines, hors de Corée! Les États-Unis doivent
signer un traité de paix immédiatement!
- Philip Fernandez et Yi Nicholls -
Piquets à Toronto contre les
préparatifs de guerre
impérialistes américains dans la péninsule
coréenne
Piquet à Toronto le 5 avril contre les préparatifs de
guerre des impérialistes américains en Corée
Mercredi 19
avril - 17h à 18h
Dundas Square (Yonge et
Dundas)
Mercredi 26
avril - 17h à 18h
Cour supérieure de l'Ontario (de l'autre côté de la
rue du
consulat des États-Unis)
361 avenue University
Organisé
par
le
Parti
communiste
du
Canada
(marxiste-léniniste)
et
la Fédération coréenne du Canada
Information : (647) 907-7915
|
|
Le 8 avril, le Commandement militaire
américain pour le Pacifique a annoncé qu'il
déployait dans les eaux coréennes le groupe d'attaque
aéronavale de la Troisième flotte des États-Unis,
composé du porte-avions Carl Vinson et de sa flotte,
pour « confronter » la menace que poserait la
République populaire
démocratique de Corée (RPDC). Dans le contexte de la
situation tendue sur la péninsule coréenne à cause
du refus américain de négocier un traité de paix
et de normaliser les relations avec la RPDC depuis près
de 65 ans, cette plus récente agression américaine
pourrait préparer le terrain à une guerre
nucléaire ou à une guerre mondiale. Cela
ne doit pas passer ! Le prétexte invoqué pour ce
déploiement est le test de missile du 5 avril. C'est une
façon de nier que la RPDC a été placée dans
une situation où elle doit défendre sa
souveraineté contre l'agression constante qui est exercée
contre elle depuis la défaite des États-Unis dans la
Guerre de Corée en 1953.
Le porte-avions Carl Vinson et sa flotte se
sont retrouvés dans les eaux coréennes plus tôt
cette année dans le cadre des exercices de guerre Key
Resolve/Foal Eagle visant l'invasion et le changement de régime
qui ont commencé en mars et comprenaient des bombardiers, des
avions de chasse et des navires capables de lancer des
armes nucléaires. Ces exercices ont été les plus
grands à avoir été tenus depuis 40 ans et
l'expression de l'alliance militaire agressive entre le Japon, la
Corée du sud et les États-Unis. Alors qu'il faisait route
vers l'Australie, le groupe d'attaque a été
rappelé dans la région pour accroître le poids de
la menace contre la RPDC. Le groupe
comprend le porte-avions de classe Nimitz USS Carl Vinson
(CVN), deux destroyers lanceurs de missiles, le USS Wayne E. Meyer
(DGG 108) de classe Arleigh Burke, le USS Michael Murphy
(DGG 112) et le croiseur lanceur de missiles USS Lake Champlain
(CG 57).
Le déploiement du groupe d'attaque s'est produit
deux jours après que l'administration Trump ait lancé ses
attaques aériennes illégales contre la Syrie. Le
président a ordonné les frappes pendant son sommet avec
le président chinois Xi Jinping en Floride, au cours duquel il a
demandé à la Chine de « freiner » la
RPDC. Ce synchronisme
peut être considéré comme une menace à peine
voilée bien que les agences de nouvelles aient rapporté
que les discussions entre Trump et Xi auraient été
amicales. Ces actions sont une réaffirmation du diktat
impérialiste de « la loi du plus fort » et
démontrent que l'administration Trump est un gouvernement des
pouvoirs de police qui agit
en dehors de la Charte de l'ONU, du droit international et des normes
de la diplomatie internationale, un gouvernement prêt à
mettre en péril l'humanité pour imposer
l'hégémonie américaine.
Ce développement fait suite aux remarques
prononcées par le secrétaire d'État
américain Rex Tillerson lors de sa visite à Séoul,
en Corée du sud, en mars dernier, à l'effet que
l'administration Trump abandonnait la politique de « patience
stratégique » de l'administration Obama face à
la RPDC, laquelle stratégie aurait «
échoué ».
Tillerson a dit que le gouvernement américain ne veut pas
entreprendre une action militaire mais que « toutes les options
sont sur la table », ce qui selon lui comprend l'option
d'une frappe nucléaire préventive.
Une longue histoire de présence d'armes
nucléaires
américaines sur la péninsule coréenne
Les États-Unis ont introduit la première
arme nucléaire en Corée du sud en 1958, un missile
qui pouvait porter une ogive nucléaire appelée «
Honest John ». Ils ont continué depuis ce temps
à introduire des armes nucléaires. Leur prétention
d'avoir retiré leurs armes nucléaires de Corée du
sud en 1992 est fausse car leurs
navires et leurs avions de guerre stationnés autour de la
péninsule ont toujours eu la capacité de lancer une
frappe nucléaire. Aujourd'hui, les États-Unis
possèdent 90 bases terrestres et maritimes en Corée
du sud, avec 30 000 soldats armés des armes les plus
modernes.
De plus, il a été
révélé que le gouvernement sud-coréen du
président Park Chung-hee (1963-1979), le père de la
présidente actuelle Park Guen-hye emprisonnée
récemment, a tenté de construire un programme d'armes
nucléaires secret dans les années 1970. On lit dans
un article récent du journaliste américain Wayne
Madsen : «
Dans un message secret de Séoul au département
d'État le 4 novembre 1974, l'ambassadeur des
États-Unis à Séoul Richard Sneider a
informé le département que lors de conversations avec
l'ambassadeur canadien à Séoul, James Alexander Stiles,
l'envoyé canadien avait dit connaître l'existence d'un
'programme de détournement'
potentiel sud-coréen visant à fournir de la technologie
canadienne d'énergie nucléaire au programme secret
d'armes nucléaires de Séoul. » [1] Madsen mentionne entre autres choses
que l'Agence internationale de l'énergie atomique avait
découvert en 2004 que l'Institut de recherche sur
l'énergie atomique de la Corée du sud procédait
secrètement à l'enrichissement de plutonium pour
fabriquer des armes nucléaires.
Aujourd'hui, l'administration Trump songe ouvertement
à installer des armes nucléaires en Corée du sud
une fois de plus, suivant l'argument irrationnel que c'est la RPDC qui
représente une menace et qu'une dissuasion nucléaire
s'impose donc. L'administration Trump a même évoqué
la possibilité d'autoriser le Japon à développer
des armes
nucléaires.
Les Coréens dans le sud comme dans le nord se
sont constamment opposés à l'agression américaine
et à la présence de troupes américaines en sol
coréen. Depuis des mois il y a de nombreuses actions de
protestation contre l'installation en Corée du sud du
système de défense ponctuelle de théâtre
à haute altitude (THAAD) qui met la région
en danger et auquel la Chine et la Russie s'opposent également.
Cela fait des années que les Coréens s'opposent à
la présence de bases américaines, dont la nouvelle base
navale en construction sur l'Île de Jeju. Nul doute qu'ils vont
s'opposer au plan des États-Unis et de leurs laquais
sud-coréens de réintroduire des armes nucléaires
en Corée du sud.
Les États-Unis ont rejeté les appels
multiples de la RPDC à signer un traité de paix et
saboté les efforts de la Chine pour que soit
négociée une solution politique menant à la
dénucléarisation de la péninsule coréenne
par le biais des « pourparlers à six » entre
les États-Unis, la Chine, la RPDC, la Corée du sud, le
Japon et la Russie.
Cette intransigeance montre bien qui veut la paix et qui veut la guerre.
Les impérialistes américains n'ont jamais
renoncé à leur ambition de s'emparer de la
péninsule coréenne qui est située
stratégiquement et d'en faire une tête de pont pour la
conquête de l'Asie. Ils ont divisé la péninsule
coréenne en 1945 et maintenu depuis une présence
militaire en Corée du Sud. Ils ont mené une guerre
illégale, la
Guerre de Corée, de 1950 à 1953 pour maintenir
la Corée divisée et le peuple subjugué. Il est
important de garder à l'esprit que cette guerre d'agression
comprend la destruction complète de villes et villages, y
compris pratiquement tous les immeubles de la capitale de la RPDC,
Pyongyang. Les frappes américaines ont ciblé les
barrages hydro-électriques de la RPDC pour laisser le pays sans
électricité et ses terres agricoles inondées et
tué pas moins de trois millions de Coréens. Le
général des Forces de l'air américaines Curtis
LeMay, chef du Commandement aérien stratégique durant la
guerre de Corée, avouera plus tard : « Sur une
période d'environ trois ans,
nous avons tué 20 % de la population. »
La RPDC, avec l'appui de l'Armée des volontaires
du peuple chinois, a défait les États-Unis et les a
forcés à signer un traité d'armistice. Les
États-Unis et leurs alliés dont le Canada n'ont
cessé depuis ce temps de chercher à isoler la RPDC par
les menaces et le chantage militaires et en lui imposant des sanctions
financières et commerciales
débilitantes, justifiées par une désinformation
anticommuniste virulente, dont une campagne frauduleuse sur la «
violation des droits humains ». La RPDC a toujours
refusé de se soumettre. Les impérialistes
américains ont alors décidé de blâmer les
victimes et même les faire passer pour des personnes
paranoïaques.
Les Canadiens doivent examiner les faits objectivement
et tirer les conclusions qui s'imposent sur qui représente
réellement une « menace » sur la
péninsule coréenne. De plus, la situation requiert que le
peuple revitalise le mouvement antiguerre et travaille
à amener le Canada à adopter une position antiguerre de
principe
et indépendante contre l'agression impérialiste dans la
péninsule coréenne et dans le monde, une position qui
rejette le recours à la force pour résoudre les
différends entre les peuples et les pays. Les Canadiens doivent
rejeter les ententes avec l'administration Trump par le gouvernement
Trudeau qui entraîne le Canada dans les agressions
américaines au nom de la sécurité du Canada. Ils
doivent déclarer qu'il existe « Une
humanité !
Une lutte » et que « Notre sécurité est
dans la lutte pour les droits de tous ! »
Face à cette situation dangereuse, les gens
épris de paix et de justice doivent condamner d'une seule voix
ce nouvel acte d'agression des États-Unis contre la RPDC et
demander que l'administration Trump cesse son chantage et ses
provocations nucléaires contre la RPDC et signe un traité
de paix immédiatement. C'est ce que demandent le
peuple coréen, le peuple canadien et l'humanité tout
entière.
Bas les pattes de la RPDC ! Les
États-Unis doivent immédiatement signer
un traité de paix avec la RPDC !
Le groupe d'attaque aéronavale du Carl
Vinson n'a pas d'affaire dans les eaux coréennes ! Non aux
exercices
militaires Key Resolve des États-Unis et de la Corée du
Sud !
Pas de
système de défense antimissiles en sol
coréen ! Troupes américaines,
hors de Corée !
Note
1. Wayne Madsen, « The North Korean Issue Will
Not be Solved on America's Terms Alone », Strategic Culture
Foundation, 8 avril 2017
21e Séminaire international
«Les partis et une nouvelle société»
Des partis politiques se réunissent au Mexique
pour discuter des développements actuels
Du 23 au 25 mars s'est tenu à Mexico
le 21e Séminaire international « Les partis et une
nouvelle société » organisé par le
Parti du travail mexicain (PT).
Pour la 21e année consécutive, le
Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) y a
participé, représenté cette année par une
délégation de la Commission internationale du
Comité central. Celle-ci s'est jointe aux 270 autres
délégués représentant 127 partis
politiques et organisations communistes, ouvrières et
progressistes
provenant de 36 pays et de 5 continents. Plus de 200
délégués et observateurs mexicains de divers
États de la République ont aussi participé aux
délibérations.
Le séminaire était organisé
en sessions de discussion et d'échange d'expériences sur
les trois aspects suivants :
1. Bilan du programme de transition des
gouvernements ayant des projets d'édification nationale
alternatifs
2. La réponse à la contre-offensive
de l'impérialisme contre les gouvernements et les projets
alternatifs d'édification nationale
3. Des sujets d'actualité comme les
conséquences pour l'Amérique latine et pour le monde de
l'élection de Donald Trump comme président des
États-Unis, la lutte contre le colonialisme et le
néocolonialisme, la paix et le militarisme
Une des préoccupations principales d'un grand
nombre de délégations était la signification de
l'élection de Trump et que penser de la situation actuelle.
C'est le sujet sur lequel la délégation du Parti
communiste du Canada (marxiste-léniniste) a fait une
présentation et il y a eu aussi un panel spécial sur
cette question. La présentation du PCC(M-L) est reproduite
ci-dessous.
La session d'ouverture du séminaire a
été dédiée à la vie et l'oeuvre du
camarade Fidel Castro. C'était très pertinent puisqu'un
thème majeur qui est revenu dans toutes les procédures
était un thème cher à Fidel, soit la
cause de l'unité la plus large des peuples avec comme objectif
de faire progresser l'édification de la société
nouvelle.
Plusieurs personnalités ont participé au
séminaire et ont parlé de luttes spécifiques
importantes qui se déroulent en ce moment dans leurs pays.
L'ancienne sénatrice colombienne Piedad Cordoba a lancé
l'appel à tous à appuyer la mise en oeuvre des accords de
paix entre les Forces armées révolutionnaires de Colombie
(FARC-EP) et le
gouvernement et a fait valoir la nécessité d'un accord
semblable avec l'Armée de libération nationale (ELN). La
candidate présidentielle du Honduras, Xiomara Castro, du Parti
Libre, a elle aussi pris la parole de même qu'Adán
Chávez du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), le
ministre vénézuélien de la
Culture. Un jeune de l'Université de Porto Rico a parlé
de la lutte des étudiants contre les coupures draconiennes dans
l'enseignement postsecondaire telles qu'exigées par la
Commission de contrôle des finances imposée par les
États-Unis et du fait que les jeunes sont aux premiers rangs de
la lutte pour l'indépendance de Porto Rico du joug colonial.
Des résolutions ont été
adoptées pour notamment dénoncer les activités
perfides qui se trament contre le Venezuela dans l'Organisation des
États américains et pour appuyer le droit de la
république bolivarienne et du peuple
vénézuélien de réaliser leur
destinée, libres de toute ingérence
étrangère. Une autre résolution a exprimé
l'appui à la paix
en Colombie et à la libération du membre du FARC-EP,
Simon Trinidad, toujours incarcéré en tant que prisonnier
politique aux États-Unis. D'autres résolutions ont
exprimé l'appui aux forces progressistes de l'Équateur
déterminées à faire élire le candidat
d'Alianza Pais, Lenin Moreno, aux élections
présidentielles du 2 avril, exigé la fin
de la persécution des prisonniers politiques basques par le
gouvernement de l'Espagne et la libération du prisonnier
politique Milagro Sala en Argentine. Elles ont aussi exigé que
le gouvernement mexicain rende des comptes pour le sort des 43
assistants-professeurs disparus (les 43 d'Ayotzinapa) et
exprimé leur appuyé le
peuple palestinien.
Sur la signification de la nouvelle
administration Trump
- Présentation du Parti communiste
du Canada (marxiste-léniniste) -
Aperçu de la salle du séminaire le 24 mars 2017
L'élection de Donald Trump représente la
volonté d'une section de la classe dominante d'établir un
État policier et de dépasser les limites de la
Constitution américaine. Une autre section de la classe
dominante veut aussi établir un État policier mais elle
veut le faire en maintenant les apparences d'une constitution
fonctionnelle.
Beaucoup aux États-Unis et en Europe croient que
l'élection de Trump et l'élection possible de Marine Le
Pen en France représentent le triomphe de l'extrême
droite. Ils disent que la xénophobie et la peur de
l'insécurité économique motivent les gens à
voter pour l'extrême droite. Ils acceptent les élections
comme une expression légitime de
la volonté du peuple alors qu'elles sont une fraude puisque le
peuple est privé de la possibilité d'élire ses
propres représentants et de décider de ses propres
priorités. Ce sont les cercles dominants qui choisissent les
candidats et qui fixent le cadre idéologique et politique des
campagnes électorales. Dire que ces présidents sont
élus par le peuple est
un affront à la conception d'élections. Blâmer le
peuple pour le racisme et la xénophobie ne tient pas non plus
puisque c'est ne pas tenir compte de l'influence colossale de la
politique de diviser pour régner qui demeure l'arme
privilégiée de l'élite dominante aujourd'hui.
L'élection de Donald Trump le confirme et montre que le racisme
et les
attaques racistes sont en fait organisés par l'État.
Accepter que l'élection de Trump
représente le triomphe de l'extrême droite, c'est laisser
entendre que Clinton, Hollande, Trudeau, Fox, Obama et d'autres sont du
centre, du centre-gauche ou même de la gauche. En fait, ils
adhèrent tous au néolibéralisme et à son
programme antiouvrier, raciste, guerrier et antinational,
c'est-à-dire aux
politiques « de droite ».
Il y a eu beaucoup plus d'assassinats par drone et de
décrets présidentiels sous l'administration Obama que
sous son prédécesseur George W. Bush. On nous dit
néanmoins qu'Obama était moins dangereux que Trump. De
même on nous dit que Hollande n'est pas aussi mauvais que Marine
Le Pen, bien que c'est lui qui a institué les mesures
d'exception après les attentats terroristes pour ensuite
incorporer ces pouvoirs de police à la Constitution
française.
L'État-nation français et son
autorité publique sont en crise car les pouvoirs de police sont
le seul aspect qui reste de l'autorité publique. L'idée
même qu'un gouvernement des pouvoirs de police puisse être
considéré comme un gouvernement des lois est absurde. On
n'a qu'à penser au gouvernement Pinochet au Chili ou au
gouvernement
d'Argentine durant l'Opération Condor pour voir comment il est
absurde de croire que les conditions du gouvernement des pouvoirs de
police peuvent être compatibles avec le gouvernement des lois.
Alors à notre avis, il ne fait pas de sens de
persister à voir cela comme une opposition entre
idéologies et politiques d'extrême droite, de droite, de
centre et de gauche, puisque cela ne correspond à rien dans la
réalité. Bien qu'une lutte idéologie
résolue soit nécessaire contre la bourgeoisie et ses
croyances et ses valeurs racistes, misogynes,
antiouvrières et anticommunistes, à notre avis il n'est
pas utile de dire que les problèmes aux États-Unis (ou
même en Europe) sont idéologiques comme tels.
Selon notre analyse de la situation, nous vivons un
moment historique très particulier où les vieilles formes
établies dans les constitutions des États-nations
bourgeois tels que créés aux XVIIIe et XIXe
siècles et qui ont donné naissance au genre de
société civile qui était nécessaire
à ce moment-là pour protéger les droits de
propriété de la
bourgeoisie -- un moment historique où ces formes sont
épuisées et ne fonctionnent plus. Les arrangements,
les institutions, la forme des élections pour se donner une
légitimité et la forme du partage des pouvoirs entre les
différents paliers de gouvernement, la façon
d'établir la citoyenneté et de conférer des droits
selon la définition qu'en
donne la classe dominante, etc., tout cela est devenu désuet et
anachronique. Ces formes sont épuisées.
Par contre, les formes qu'exige la
nouvelle société humanisée aujourd'hui ne sont pas
encore créées. L'humanité n'a pas encore
réussi à donner naissance aux nouvelles formes dont nos
sociétés ont besoin et qui sont basées non pas sur
la défense des droits privés mais sur la défense
des droits que tous possèdent du fait qu'ils sont des
êtres
humains. Ces formes naissent de la résistance à la
négation des droits et du travail théorique
nécessaire à leur formulation, comme on le voit par
exemple à Cuba et ailleurs où le refus de se
réconcilier avec l'abandon de l'être humain mène
à la découverte de nouvelles choses, de nouvelles
façons de faire.
À notre avis, la lutte féroce au sein de
la grande bourgeoisie aux États-Unis est entre ceux qui, comme
Trump, représentent ceux qui veulent les droits policiers sans
limites et ceux qui veulent ces mêmes droits policiers mais avec
une sanction constitutionnelle. Sans vouloir faire de grands
parallèles historiques, il reste que la situation rappelle
la lutte au sein de la bureaucratie hitlérienne, entre l'aile
extrême des forces nazies qui ont formé les Chemises
brunes et qui voulaient exterminer tous les juifs et l'aile qui voulait
des règles pour reconnaître les juifs et les distinguer du
reste de la population avant de les expulser, de les
déposséder et de les envoyer à leur mort.
Ce n'est pas sans raison qu'après la chute de
l'Union soviétique les grands médias ont cherché
à désinformer l'opinion publique avec des histoires
d'affrontement entre « conservateurs » et «
modérés ». Après tout, on nous parle
aujourd'hui de luttes entre les musulmans «
intégristes », c'est-à-dire les «
extrémistes », et
les « modérés ». C'est fait pour
occulter le besoin de construire le front du peuple à la
défense de ses propres intérêts
indépendants, pour que la lutte contre le vieux monde ne donne
pas naissance à un monde nouveau bâti par l'être
humain. Les peuples sont censés rester les otages des
intérêts
privés des oligopoles guerriers du monde.
Il est clair par son comportement que Trump cherche
à voir jusqu'où il peut repousser les limites. Toutes les
limites au recours aux pouvoirs de police imposées par la
Constitution sont sous attaque. Les décrets présidentiels
testent ces limites, pour voir qui réussira à leur faire
obstacle et comment ces obstacles peuvent être surmontés.
Il s'agit
de voir jusqu'où il peut aller dans cette direction.
L'opposition, de son côté, adopte pour stratégie de
déclarer ses décrets inconstitutionnels et de recourir au
processus judiciaire le plus possible pour faire respecter les limites
d'une constitution en crise, une constitution qui ne répond plus
aux besoins du présent.
Cette contradiction se reflète également
dans l'affrontement entre les droits de l'État
fédéral et les droits des États. N'oublions pas
que les États-Unis d'Amérique ont été
créés par treize républiques souveraines. Les
États ont des droits que le fédéral veut
aujourd'hui leur enlever parce que le programme de privatisation est
dirigé par des
oligopoles dans tous les secteurs, que ce soit l'énergie, la
fabrication de voitures et d'équipement de guerre, le
contrôle de l'eau, l'éducation, la santé ou
plutôt « l'industrie de la santé » comme
on l'appelle, etc. Même les forces armées sont
privées de nos jours, comme le sont aussi les forces
policières et de sécurité. N'oublions pas que les
États et les villes qui se sont déclarés des
sanctuaires pour les personnes ciblées par les
déportations de l'administration Trump ont des pouvoirs
policiers énormes et qu'ils contestent les pouvoirs
fédéraux. Lorsqu'un État ou une ville sanctuaire
se porte à la défense des immigrants, personne aux
États-Unis n'oublie que ces forces policières sont tout
aussi racistes, xénophobes et meurtrières, surtout envers
les noirs et les communautés latino, que les forces
fédérales. Dans son opposition aux mesures racistes et
anti-immigrants, le peuple peut exploiter ces différends entre
le pouvoir fédéral et le pouvoir des États et
villes sanctuaires afin de se défendre dans des circonstances
précises, comme
celles qui existent aujourd'hui. Dans ce sens, la résistance se
réaffirme courageusement encore une fois avec toutes les
très importantes caractéristiques qui lui sont propres,
mais à la condition de ne pas succomber à l'illusion que
la Constitution des États-Unis puisse servir à
défendre les droits du peuple si seulement les forces dites
modérées
parvenaient à gagner la bataille contre les forces
extrémistes. La résistance doit être dirigée
par des efforts qui mènent à la création d'un
front uni du peuple étasunien autour de sa classe
ouvrière et doit s'appuyer sur son expérience de lutte et
de résistance pour forger et réaliser une vision du monde
qui défende les droits de tous.
À cet égard, nous croyons qu'il est
important de déployer en même temps les efforts
nécessaires pour construire l'unité internationaliste, en
ce qui nous concerne entre les peuples du Canada, des États-Unis
et du Mexique contre les visées intégrationnistes des
impérialistes américains qui veulent intégrer les
trois États et gouvernements pour
créer une Forteresse Amérique du Nord, un nouvel
État impérialiste américain braqué contre
les peuples du monde.
Au Canada, le gouvernement Trudeau fait son possible
pour persuader l'administration Trump que l'économie canadienne
est tellement intégrée à celle des
États-Unis que le Canada ne devrait pas être la cible des
mesures prises contre le Mexique, qui seraient quant à elles
justifiées dans la mesure où elles ne s'appliquent pas au
Canada.
Nous nous appuyons entièrement sur le programme
de la classe ouvrière du Canada, des États-Unis et du
Mexique pour la défense de nos intérêts nationaux
sur la base de nouveaux arrangements qui défendent l'être
humain et non pas la propriété privée des
oligopoles. Notre slogan est : « Une humanité, une
lutte ».
Aussi faisons-nous tous les efforts nécessaires
pour renforcer le mouvement antiguerre afin que le Canada puisse
devenir une zone de paix tout comme la CELAC a pu le déclarer
pour l'Amérique latine et les Caraïbes. De plus, nous nous
joignons à toutes les forces progressistes pour mettre fin au
blocus contre Cuba ainsi qu'aux grands efforts
pour exiger la fermeture de la base militaire étasunienne
à Guantánamo et pour que ce territoire national soit
rendu à Cuba. Nous félicitons la direction du Parti
communiste de Cuba, ses membres et le peuple cubain pour avoir su
trouver dans son héroïque lutte de résistance les
formes pour le renouvellement et la sauvegarde de son projet social.
Nos félicitations aussi aux peuples
vénézuélien, colombien et autres qui parviennent
à trouver une voie vers l'avant dans la défense de leurs
droits dans les conditions qui s'imposent. Ils vont venir à bout
de la réaction.
En terminant, nous voulons exprimer notre
entière confiance envers les peuples du Canada, des
États-Unis, du Mexique et de tous les pays et leur
capacité de poursuivre leur lutte de résistance contre
les tentatives de l'impérialisme et de la réaction de
nous priver des droits qui nous appartiennent en tant qu'êtres
humains qui dépendent de
sociétés modernes pour vivre et pour leur
bien-être, et que, de cette lutte de résistance
naîtront les nouvelles formes dont a besoin la
société.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|