Numéro 7 - 4 mars 2017
In
Memoriam
Wendell
Fields
26 août 1957 - 1er mars 2017
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In
Memoriam
• Wendell Fields - 26 août 1957
- 1er mars 2017
• Présentation devant le Comité
permanent de la justice et des affaires sociales de l'assemblée
législative de l'Ontario, 1999
• À la défense du droit de
conscience - Regina c. Fields, 1986
Tous à la
Journée internationale de la femme le 8 mars!
• Calendrier d'événements
La
nécessité d'une nouvelle direction pour l'économie
• L'approbation de l'oléoduc Keystone XL
• Le tapage au sujet des oléoducs -
Peggy
Morton
• Le programme de diversification
pétrochimique de l'Alberta - K.C. Adams
• Les préoccupations légitimes
face à la fracturation hydraulique - Fernand Deschamps
Réformes
néolibérales de la Loi sur les transports au Canada
• Les travailleurs manifestent contre la
déréglementation et la privatisation
• Réforme antinationale du
système de transport du Canada - Centre ouvrier du
PCC(M-L)
In Memoriam
Wendell Fields
C'est avec beaucoup de chagrin que le Parti communiste
du Canada (marxiste-léniniste) vous informe que notre camarade
Wendell Fields est décédé l'après-midi du
1er mars, à 13 h 55. Wendel a
appris qu'il avait un cancer il y a à peine deux mois.
Malgré la
gravité de la maladie, il n'a jamais défailli dans sa
détermination à aller de l'avant. Il y a cinq semaines
seulement, le 21 janvier, malgré la maladie et la douleur,
il a pris part aux marches de millions de personnes qui ont eu lieu aux
États-Unis, au Canada et ailleurs dans le monde suite à
l'assermentation du nouveau président des États-Unis. Il
a confectionné une pancarte sur laquelle il
appelait à défendre les droits des femmes et les droits
de tous et à renouveler la résistance, à
renouveler le Canada !
Nous transmettons nos sincères
condoléances aux camarades et amis de Wendell et à ses
frères et soeurs et aux autres membres de sa famille. C'est pour
nous
un réconfort de savoir que, par les soins affecteux et
l'attention qu'il a reçus de tant de personnes, il nous a
quittés en sachant
combien il était apprécié et quel amour social et
quelle tendre
affection il leur a
inspirés à toutes.
Wendell est né à Windsor, en
Nouvelle-Écosse, le 26 août 1957. Lorsqu'il
avait 10 ans, son père, le caporal Hugh Fields, et six
autres parachutistes de la base des Forces canadiennes à
Petawawa sont morts dans un exercice nocturne lorsqu'un fort vent les a
détournés de leur trajectoire et qu'ils se sont
noyés dans la rivière des Outaouais.
Cette tragédie allait commencer des années de
misère pour la famille de Wendell puisque sa mère Eileen
a dû s'occuper à elle seule de cinq jeunes enfants.
C'est donc à un très jeune âge que
Wendell a assumé une responsabilité familiale en
occupant des emplois à faible revenu, qui sont typiquement la
seule option pour beaucoup de jeunes. De cette expérience, il a
acquis une conscience des problèmes émanant du rapport
entre la société et le bien-être de ses membres et
de la responsabilité sociale. C'est ainsi que la politique est
devenue un élément déterminant de sa vie.
Wendell a joint le travail du Parti alors qu'il
était jeune homme et que lui et sa famille vivaient à
Cambridge, en Ontario, dans les années 1970. Il
écoutait la radio du campus de l'Université de Waterloo
et a
entendu parler de l'Alliance anti-impérialiste, une
organisation de la jeunesse et
des étudiants du PCC(M-L). Il a immédiatement
été attiré par le travail du Parti pour organiser
les travailleurs dans l'opposition au rejet du fardeau de la crise
économique sur leur dos — lutte menée à
l'époque avec le slogan « Faisons payer les
riches ! » devenu par la suite la lutte pour que les
gouvernements cessent de payer les riches aux dépens du
bien-être du peuple.
Wendell s'est joint à la lutte du journal
étudiant The Chevron en 1977. Les étudiants
s'étaient ralliés à la défense de la
liberté de presse lorsque le conseil étudiant a
unilatéralement décidé de fermer le journal parce
qu'il n'était
pas d'accord qu'il soit ouvert à tous les points de vue
politiques, en particulier ceux guidés par la théorie du
marxisme-léninisme.
Après s'être joint à l'Alliance
anti-impérialiste en tant que jeune activiste communautaire,
dans les années qui ont suivi il a participé aux grandes
batailles contre les attaques racistes et fascistes organisées
par l'État, comme l'opposition à la formation de
l'Escouade
d'intervention tactique à Kitchener-Waterloo et au
harcèlement et à la persécution du PCC(M-L). Il
compte parmi ceux qui ont contribué à déjouer les
coups montés de l'État contre le camarade Hardial Bains
avec les accusations forgées de
« complicité avec un immigrant
illégal » suite à une descente de la police
politique au centre de recherche du Parti à Kitchener-Waterloo.
Il est devenu membre du Parti en 1979.
Wendell a travaillé comme mouleur dans une usine
de plastique à Cambridge au début des
années 1980 et n'a jamais raté une occasion
d'être solidaire avec les travailleurs luttant pour leurs droits.
En 1984, alors qu'il soutenait les grévistes d'une
succursale de la Canada Trust
à Cambridge, il a été arrêté et
accusé d'« assaut contre un représentant de
l'ordre » alors qu'en réalité la police avait
violemment attaqué la ligne de piquetage pour permettre à
des voitures de passer. Wendell a intenté des poursuites
pour voie de fait contre un policier qui l'avait blessé
durant son arrestation. Durant son témoignage au procès,
on lui a demandé s'il était membre du PCC(M-L), ce
à quoi il a refusé de répondre parce que ce
n'était pas pertinent pour la cause. Le juge lui a
ordonné
de répondre sous peine d'outrage au tribunal mais il a
refusé et a été condamné à une peine
de prison. Mais Wendell a fait appel de la sentence et un juge de la
Cour d'appel de l'Ontario lui a donné raison, puisqu'il
était dans son droit de ne pas répondre à cette
question.
Ce jugement a établi deux précédents dans la
jurisprudence, inscrits comme tels dans le Martin's Annuel Criminal
Code.
En 1987, après
avoir été mis à pied de son emploi à
Cambridge, Wendell a fait de Hamilton sa nouvelle demeure. Là,
il
a contribué au travail de la presse de masse sans parti, aidant
à établir et à distribuer le New Hamilton
Weekly. En plus de sa
participation au travail constant du Parti, il est devenu actif dans le
groupe de lutte à la pauvreté Hamilton Against Poverty,
qu'il n'a cessé de soutenir depuis. Avec d'autres membres du
groupe, Wendel a organisé une opposition à l'offensive
antisociale du gouvernement conservateur de Mike Harris. Lui et ses
camarades n'ont jamais cessé cette bataille malgré les
gouvernements qui se sont succédés à tous les
niveaux pour poursuivre cette offensive avec toujours plus de
brutalité.
Wendell a mené une offensive idéologique
informée contre les lois de l'offensive antisociale, exposant
l'orientation régressive des politiques visant la destruction du
concept même d'une société moderne responsable de
ses membres. Il a combattu pour l'élaboration d'un programme
prosocial face aux attaques contre les droits des travailleurs et les
sections les plus vulnérables de la société.
Wendell a vécu à la hauteur de la devise
« Notre sécurité est dans la défense
des droits de tous » et « Non c'est
non ! »
Il a refusé de rester les bras croisés devant la
marginalisation de toute section du peuple, que ce soit sur la base des
convictions politiques, de la race, de l'origine nationale, du sexe,
des croyances religieuses, du statut social ou des capacités.
Il était aussi aux côtés des Six
Nations du territoire de la rivière Grand contre
l'empiètement illégal sur
leurs terres à Caledonia et a participé aux luttes des
personnes handicapées pour leurs droits et leur dignité
et à de nombreuses autres batailles.
Wendell a été candidat du Parti
marxiste-léniniste du Canada aux élections
fédérales de 1997, 2000, 2011 et 2015
et a défendu la cause de l'habilitation du peuple. Dans une
déclaration sur un réseau de câblodiffusion
à Hamilton durant
l'élection de 2015, il affirmait entre autres :
« Pour tous les travailleurs de la
région de Hamilton, pour les plusieurs milliers de
retraités et pour le bien de l'ensemble de la communauté,
nous devons reconnaître le besoin du renouveau politique pour que
nous puissions investir les Canadiens du pouvoir de décider de
leurs affaires et ne pas
laisser les partis politiques former les gouvernements en
réduisant les citoyens et résidents au rôle de
spectateurs tandis que les décisions sont prises dans les
conseils d'administration des grandes sociétés et les
coulisses du pouvoir. Nous avons besoin d'une nouvelle direction pour
l'économie qui est établie par et pour le peuple dans
laquelle ils ont l'autorité décisionnelle de mettre fin
à la destruction de tout ce qu'ils ont bâti. »
Il a aussi été candidat
indépendant aux élections provinciales de 1999
en Ontario et candidat à la mairie de Hamilton en 1997,
durant laquelle élection il a appelé à la
création de mécanismes qui permettent aux
résidents de Hamilton
d'exercer un pouvoir décisionnel sur les affaires de la ville.
En tant qu'activiste à Hamilton, Wendell a
été aux côtés des métallos dès
les premiers jours de leur lutte épique contre le vol
légalisé de US Steel avec la Loi sur les arrangements
avec les créanciers des compagnies en 2004. Rolf
Gerstenberger,
président du Parti marxiste-léniniste du Canada et ancien
président de la section locale 1005 du Syndicat des
Métallos, se rappelle :
« Wendell est déménagé
à Hamilton aux alentours de 1987, lorsque nous avons
commencé la publication du New Hamilton Weekly. Il s'est
porté volontaire pour la distribution du magazine qu'il livrait
dans les kiosques et les blocs appartements. À
l'époque nous en imprimions 140 000 copies. Le
magazine était payé par la publicité et
distribué gratuitement, alors c'était tout un exploit que
de le distribuer partout à temps. Notre projet n'aurait pas
réussi sans tous ces héros canadiens méconnus.
« Wendel était un lecteur avide de
littérature politique et un participant actif aux programmes du
Parti. Il n'a jamais hésité à se porter volontaire
pour les différents projets que nous avons lancés. Il
s'est battu toute sa vie pour affirmer les droits que tous
possèdent du
fait qu'ils sont humains et elles étaient rares les
manifestations à Hamilton où Wendell n'était pas
présent. Il était actif dans le mouvement contre la
guerre et dans l'opposition à la domination américaine du
Canada. Il était un pilier de la lutte pour les droits des plus
vulnérables à Hamilton. Et bien entendu, les
métallos le connaissaient bien puisqu'il était à
tous nos rassemblements, manifestations et
événements. »
Tous ceux et celles qui ont connu Wendell et ont
travaillé avec lui chériront à jamais sa
fidélité aux principes, son esprit communiste
révolutionnaire ainsi que sa chaleur humaine et sa camaraderie.
Durant le traitement de son cancer, un membre du personnel de
l'hôpital lui a
demandé : « Qu'aimerais-tu faire plus que toute
autre chose ? » À quoi il a répondu sans
hésiter : « Je veux renverser ce système
mangeur d'hommes et bâtir une société qui convienne
à l'être humain. »
Tel est l'esprit qui a caractérisé Wendell toute sa vie
en tant que combattant communiste pour les droits de tous et pour la
naissance d'un monde nouveau.
Dans une lettre qu'elle lui a adressée quelques
jours avant son décès, la première
secrétaire du Comité central du PCC(M-L)
écrit :
« Très cher Wendell,
« Au nom de tout le Parti je te transmets
nos plus sincères salutations communistes
révolutionnaires, notre amour social et notre
appréciation de ta contribution à bâtir le Nouveau
au Canada et à la lutte pour la paix et la justice dans le monde.
« Une chose qui m'a toujours frappée
chez toi est ton refus obstiné de permettre la marginalisation
des préoccupations les plus importantes du peuple. Tu l'as fait
en te plaçant toi-même sur la ligne de défense
maintes et maintes fois, à tenir tête aux pouvoirs
trouillards qui
se prétendent démocratiques et humanitaires et qui
tentent de présenter les gens comme toi, qui luttent pour
humaniser l'environnement social et naturel, comme des
extrémistes, des marginaux et des personnes superflues.
« Cher Wendell, jamais cette manoeuvre n'a
réussi avec toi. Tu es intervenu dans des consultations
publiques et des assemblées publiques. Tu as brigué un
poste de député au parlement en tant que politicien
ouvrier. Tu t'es joint à ceux qui ont bâti la base
technique de la presse
du Parti et de la presse sans parti. Tu as été aux
côtés du Parti et du communisme moderne à travers
toutes les épreuves. Tu as même fait jurisprudence
à deux reprises, établissant des précédents
dans la défense des droits de tous, surtout du droit de
conscience. Tu nous as rendus fiers plusieurs fois.
« L'esprit du communisme moderne porte ton
nom, Wendell Fields. Il est source d'inspiration sans pareil.
« À
toi pour toujours. »
Présentation devant le Comité permanent
de la justice et des affaires sociales de l'assemblée
législative de l'Ontario, 1999
Le camarade Wendell
Fields a participé activement à la lutte de la
classe ouvrière et de la jeunesse de l'Ontario contre
l'offensive
antisociale du gouvernement conservateur de Mike Harris. Pendant la
«
révolution du bon sens » du premier ministre Harris,
qui s'attaquait
aux droits et au bien-être des travailleurs et ciblait
particulièrement les plus vulnérables avec ses coupures
dans les
dépenses sociales et la criminalisation des pauvres, Wendell a
été
inébranlable dans sa conviction que la société a
le devoir de protéger
ses membres en reconnaissant et en affirmant les droits de tous. Dans
le cadre de ce travail, pendant la période du deuxième
gouvernement
majoritaire de Harris, Wendell a témoigné le 29
novembre 1999 devant le
Comité permanent de la justice et des affaires sociales de
l'assemblée
législative de l'Ontario en tant qu'un des représentants
de
l'organisation Hamilton Against Poverty pour dénoncer le projet
de
loi 8, Loi de 1999 sur la sécurité dans
les rues. Le texte
intégral de l'intervention de Wendell est reproduit
ci-après.
***
Mon nom est Wendell Fields. Je suis membre de Hamilton
Against Poverty.
Depuis plus d'un an, le gouvernement et les
médias monopolisés
mènent une campagne bien financée de
désinformation et de peur contre les jeunes, les pauvres et les
jeunes «
squeegees » qui sont
décrits comme un danger pour la sécurité. Une fois
qu'un climat de peur
est établi, il sert à justifier l'introduction de lois
sévères
comme solution pour criminaliser les pauvres et les jeunes.
Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas
considéré comme un danger
pour la société et les Ontariens le fait de couper ou de
réduire les
programmes sociaux, lorsqu'il a coupé ou réduit les soins
de santé,
lorsqu'il a coupé ou réduit l'éducation ?
La pratique du squeegee et la mendicité sont une
des conséquences
de ces mesures. C'est un problème de société. On
nous parle du «
mauvais comportement » des mendiants et des jeunes «
squeegees » pour
que les questions de fond ne soient pas soulevées. Les raisons
pour
lesquelles des jeunes doivent « manier le
squeegee » ou mendier pour vivre ne sont pas abordées
ni ne sont prises
en considération par ceux qui ont élaboré ce
projet de loi. Les
problèmes auxquels sont confrontés les jeunes «
squeegees » et les
mendiants ne sont pas pris en considération. Il ne vient pas
à l'esprit
de certaines personnes d'enquêter de quoi il en est et de
régler
le problème de fond. Pourquoi les gens mendient-ils ?
Pourquoi des gens
« manient le squeegee » ? Pourquoi la
société ontarienne ne tient-elle
pas compte du bien-être de tous les êtres humains ?
Pourquoi la seule
préoccupation du gouvernement de l'Ontario est-elle de rendre
des
monopoles concurrentiels sur le marché
mondial ? Pourquoi ce gouvernement ne reconnaît-il pas
qu'il a une
responsabilité sociale envers tous les membres de la
société
ontarienne ?
Ce gouvernement
représente un certain type de société qui refuse
de
reconnaître que les Ontariens ont le droit à un moyen de
subsistance,
le droit à une éducation gratuite de qualité, le
droit à des centres de
loisirs ouverts 24 heures par jour, le droit à leur
conscience sociale.
Au XIXe siècle, au Canada, selon la logique des criminologues
et des travailleurs sociaux, l'agressivité s'expliquait comme
une
impulsion humaine innée. Le droit à l'alimentation, au
logement, à
l'éducation, à un soutien au revenu n'était pas
garanti aux familles
pauvres, ce qui a provoqué la malnutrition et la famine. Dans
ces
conditions, les jeunes étaient forcés de voler de la
nourriture et
d'autres produits de
première nécessité pour survivre sur le plan
biologique et soutenir
leurs familles.
Aujourd'hui, quand le rôle du gouvernement est de
tout faire pour
assurer aux entreprises un rendement maximal de leurs investissements
sur le marché mondial, il condamne les Ontariens à la
misère en
diminuant le financement des services de santé, de
l'éducation et des
programmes sociaux. Cela se fait aussi au nom d'avoir une
économie
forte, une économie dans laquelle la dette provinciale a plus
que
doublé, de 39 milliards $ en 1989
à 105 milliards $. Voilà votre
économie forte.
Quand les jeunes essaient de survivre en offrant un
service en
échange d'un don volontaire, un pourboire, si on veut, en
nettoyant les
pare-brise, un service que rendaient les pompistes des stations-service
autrefois, ils le font par nécessité parce que la
société de l'Ontario
n'est pas organisée pour garantir la satisfaction de leurs
besoins.
Qu'est-ce que les jeunes et les pauvres ont ? Quel
est le niveau de
l'éducation qu'ils reçoivent ? Ont-ils accès
à des installations
récréatives ? Ont-ils de la nourriture ?
Ont-ils un abri ? Ont-ils des
vêtements chauds ? Est-ce que le gouvernement, lorsqu'il
élabore un
projet de loi, prend ces facteurs en
considération ?
La société ontarienne est
confrontée à des problèmes sociaux,
économiques et politiques bien réels et ce projet de loi
arbitraire
pour mettre les jeunes au pas, pour les faire taire et les forcer
à
accepter leur situation, ne résoudra pas ces problèmes,
et prétendre
que ces problèmes sociaux n'existent pas ne marchera pas plus.
Les jeunes sont confrontés quotidiennement au
chômage et à la
misère. En essayant de résoudre ce problème en
lavant quelques
pare-brise, ils essaient de résoudre un problème social
auxquels ils
sont confrontés. Pour cela, ils sont méprisés,
criminalisés et
attaqués. Cependant, force est de constater que les jeunes ont
le droit
de penser,
d'organiser et d'avoir un moyen de subsistance malgré le sort
que leur
réserve cette vieille société.
La pratique du squeegee est de travailler pour peu
d'argent, pour
tenter de survivre. Pour cela, les jeunes gens sont
criminalisés. Dans
la situation où leurs droits en tant qu'êtres humains ou
leurs droits
collectifs de jeunes gens sont niés, qu'ils se les voient
refuser,
certaines choses se produisent. Lorsque leur droit à un moyen de
subsistance, à
un logement, à l'éducation, etc. est refusé, les
jeunes revendiquent
avec énergie et affirment que la société a un
devoir social, une
responsabilité sociale de garantir leurs besoins de vivre comme
des
êtres humains. Ils s'organisent en équipe de squeegees et
travaillent
pour gagner un peu d'argent pour acheter de la nourriture et
établissent leurs
propres codes de travail. Le comportement des jeunes n'a rien de
répréhensible. Ils demandent seulement de vivre. Ce ne
sont pas les
fauteurs de troubles.
Ce projet de loi vise
à créer une atmosphère dans laquelle les
jeunes ne remettent rien en question, dans laquelle ils ne pensent pas
par eux-mêmes et se voient comme des criminels,
privés
d'un brillant avenir. L'esprit de la jeunesse, c'est d'avoir sa propre
conscience, sa propre façon de penser et d'être
exubérante, rebelle,
d'avoir un esprit de résistance et de rébellion contre le
statu quo. Il
s'agit d'un facteur, il s'agit d'un symptôme d'être jeune
et cela ne
peut pas être étouffé par ce projet de loi.
Pour masquer le fait que cette vieille
société ontarienne est
incapable de régler les problèmes de la
société, certains cherchent à
créer une diversion. Les petites entreprises font face à
des
difficultés économiques. De grandes entreprises, comme
Eaton, font
faillite et sont avalées par les concurrents. L'économie
ne peut
subvenir aux besoins de
tout le monde. Seuls les riches et le remboursement de la dette
comptent.
Une économie qui dans le passé n'a pas
garanti les droits humains
du peuple et ne les garantit pas aujourd'hui n'est pas une
économie
forte. Comment une économie qui crée des démunis
est-elle forte ? Pour
nous détourner de cette réalité, on nous dit que
les mendiants et les
jeunes « squeegees » sont le problème. Ils sont
attaqués
et deviennent des boucs émissaires. Leur problème est
cette vieille
société et son système économique. Lorsque
les jeunes « squeegees » et
d'autres dans la société s'organisent pour
défendre leurs droits, ils
sont considérés comme un problème, une
contrariété pour les riches
entreprises, les banques, pour ce gouvernement.
Nettoyer les rues des mendiants, des jeunes «
squeegees » et de
ceux qui se battent pour leurs droits n'exprime pas le sentiment des
Ontariens envers les leurs. Les mendiants et les jeunes «
squeegees »
ne sont pas bons pour la commercialisation touristique et pour la
collecte des dollars des touristes, car ils montrent ce que la
grande province de l'Ontario est en réalité. Ils montrent
aux touristes
exactement ce qu'est l'économie forte de l'Ontario. Les
mendiants et
les jeunes « squeegees » montrent ce qui arrive aux
gens une fois que
la santé, l'éducation et les programmes sociaux sont
coupés, réduits et
éliminés. Cacher cela ne guérira pas cette plaie
purulente.
Quand un projet de loi est imposé aux jeunes et
aux pauvres sans la
participation des mendiants et des jeunes «
squeegees », que ce soit «
pour leur propre bien » ou « pour le bien de la
société », alors ces
règlements ne seront ni respectés ni appuyés.
L'esprit de résistance de
la jeunesse va être éveillé et c'est cet esprit
qui
leur permettra de surmonter la situation difficile qu'ils auront
à
affronter.
Ils prendront la responsabilité de s'organiser
afin de lutter pour
une société qui reconnaît et garantit leurs besoins
et leurs droits, et
pour une société qui satisfait les réclamations
qui lui sont faites. Ce
sont les vraies personnes, ce sont les vrais héros de l'Ontario
et du
Canada, ce sont les personnes qu'une société
démocratique écoutera.
Plus précisément sur la question de la
démocratie, un principe
démocratique fondamental est que 50 % plus une voix
est la majorité.
Aucun parti politique au pouvoir n'a obtenu, et de loin, ce nombre de
voix. Le gouvernement de l'Ontario actuel est au pouvoir avec moins
de 25 % du vote des électeurs admissibles. Il
n'a vraiment aucun droit démocratique légitime de nous
gouverner.
À la défense du droit de conscience
- Regina c. Fields, 1986 -
Wendell Fields a consacré sa vie à la
défense des droits des travailleurs et s'est joint au Parti
en 1979 dans le cadre de la bataille de la jeunesse et des
étudiants de l'époque pour défendre la
liberté de parole et d'expression.
Une de ses grandes causes a été la
défense du droit de conscience. Il a démontré son
courage à cet égard en 1984 quand il a refusé
de se soumettre à l'intimidation d'un juge de la Cour d'appel de
l'Ontario qui l'a menacé d'outrage au tribunal et
d'emprisonnement s'il refusait de répondre à une question
qui lui était posée concernant son affiliation politique.
Wendell a été emprisonné pendant 30 jours
mais il a été acquitté en appel par la suite.
Wendell refusait de répondre à cette
question sur la base que cette information n'était pas
pertinente à la cause, dans laquelle un policier était
accusé de voie de fait contre lui lors d'une grève en
juillet 1984. L'avocat de la défense du policier a
tenté d'insinuer que ses
convictions politiques justifieraient en quelque sorte l'assaut contre
lui et qu'il appartenait à une organisation criminelle.
C'est exactement ce qui est fait aujourd'hui pour
criminaliser toutes les forces qui veulent que les problèmes de
l'économie, de l'environnement, de l'édification
nationale, de l'exploitation des ressources, de la politique sociale,
du processus politique et des affaires concernant la guerre et la paix
soient discutés
publiquement. L'État finance de soi-disant extrémistes de
droite qui déversent leur haine contre différentes
sections de la population et commettent des actes violents. Puis il
blâme ceux qui défendent la cause de la justice et des
droits, les accuse eux de se livrer à des crimes haineux, tout
cela
pour proscrire le droit de parole de tous les membres du corps
politique et le droit de défendre des causes justes.
Wendell a gagné sa cause en 1986 sur appel
dans l'affaire Regina c. Fields, qui a établi deux
précédents juridiques. LML reproduit des extraits
de la transcription du procès où tour à tour le
procureur de la couronne puis le juge demandent à Wendell de
dire s'il est
membre du Parti marxiste-léniniste, ce qu'il a refusé de
faire. Une grande défense juridique de la liberté de
conscience et du refus de l'injustice.
***
La défense :
M. Fields, le jour en question vous n'étiez pas membre de ce
syndicat qui était en grève, pas vrai ?
Wendell Fields :
Non, je suis un sympathisant du syndicat.
D : Non,
contentez-vous de répondre à ma question. Je vous ai
demandé : Vous n'étiez pas membre de ce
syndicat ?
WF :
Non.
D :
Très bien, et en fait vous n'êtes membre d'aucun
syndicat ?
WF : Non,
c'est exact.
D : Bien, mais
vous êtes cependant membre du Parti
marxiste-léniniste ?
WF : Ah... je
ne vais pas répondre à cela.
D : Eh bien je
vous le demande.
WF : Mes
convictions politiques ne sont pas en jeu ici.
D : Votre
honneur, je demande une réponse à cette question.
Le
juge :
Oui, vous devez répondre à la question.
WF : Et si je
refuse ?
Le juge : Et
si vous refusez, vous pouvez être tenu coupable d'outrage au
tribunal.
D : Je vous
confirme que c'est pertinent, Monsieur ?
Le juge : Oui.
WF : Je vais
refuser de répondre à la question.
D :
Très bien, je vais finir mes autres questions et puis
peut-être vous pouvez obtenir des conseils juridiques et
répondre à cette question en temps voulu.
WF : Si
j'étais un membre du NPD, auriez-vous demandé quelle
était mon affiliation politique ?
D : Je ne me
soucie pas de votre affiliation politique, je vous ai demandé si
vous étiez membre du Parti marxiste-léniniste ?
WF : Eh bien,
la question était orientée vers cela.
D : Je vous ai
demandé spécifiquement si vous êtes membre d'un
groupe appelé le Parti marxiste-léniniste ?
WF : Mon
affiliation politique importe peu.
D : Je me
fiche de la politique.
WF : Eh bien,
de toute évidence la question montre que ce n'est pas le cas.
D : Je vous
demande si vous êtes membre de ce groupe ? Je suggère
que c'est la même chose que si je vous demande si vous êtes
membre d'un gang de motards ?
WF : Je ne
peux pas répondre à cette question.
D : Vous
n'allez pas répondre ?
WF : NON.
D : D'accord,
très bien, maintenant vous... revenons donc à la question
que je vous ai posée plus tôt, et je veux une
réponse parce que c'est important. Vous êtes membre d'un
groupe appelé le Parti marxiste-léniniste ?
WF :
Je vais refuser d'y répondre
D : Mais Son
Honneur a exigé que vous répondiez ?
A :
Oui, je sais, oui.
D : Votre
Honneur, je veux une réponse à cette question parce
qu'elle est pertinente en ce sens que cela concerne le but de la
présente procédure et par là je veux dire les
accusations et ainsi de suite, et je veux une réponse à
cette question.
Le juge :
Est-ce que vous refusez de répondre ?
WF : Oui, je
refuse.
Le juge : Oui,
eh bien je vais vous citer pour outrage au tribunal et je vais vous
donner l'occasion de présenter une défense pour cette
accusation, vous me comprenez ?
WF : Oui.
Pour lire le jugement au complet dans Regina c.
Fields (en anglais), cliquer
ici.
Tous à la Journée
internationale de la femme le 8 mars!
Calendrier d'événements
Le
Parti
communiste
du
Canada
(marxiste-léniniste)
lance
l’appel
à
tous à faire de la Journée internationale de la
femme 2017 le 8 mars un succès.
Cette
année,
la
Journée
internationale
de
la
femme
a lieu au
moment d’une prise de conscience au sujet du besoin de renouveler la
résistance. Des millions de personnes ont manifesté pour
exprimer leur opposition aux pouvoirs policiers que représente
la nouvelle administration Trump aux États-Unis et pour
répudier la misogynie, le racisme et l’agression
qu'épousent les États-Unis et les autres grandes
puissances, souvent au nom de valeurs progressistes. Beaucoup
deviennent conscients du besoin de mouvements politiques à la
défense des droits et contre la guerre. Comment identifier et surmonter les
obstacles à
la lutte des femmes pour leurs droits et contribuer à
l’émancipation de l’ensemble de la classe ouvrière,
voilà un problème qui occupe les pensées de
plusieurs. Une
conclusion qui
s’impose de plus en plus est que les institutions actuelles sont
anachroniques.
Il y a 106 ans, la première
Journée
internationale de la femme était célébrée
autour d’un appel à la paix
lancé par les femmes d’Europe à la veille de la
Première Guerre
mondiale. Depuis ses débuts, la Journée internationale de
la femme a incarné l’esprit
de
l’internationalisme prolétarien parce qu'elle est centrée
sur la lutte des femmes pour leur émancipation dans le contexte
de l'émancipation de l'ensemble de la classe ouvrière et
des peuples opprimés. Les femmes ont toujours été
aux premiers rangs de la lutte pour les droits, pour la paix et pour le
progrès de la société. Cela montre que
l’affirmation des droits des
femmes est inséparable de la lutte pour investir le peuple du
pouvoir
politique et de la lutte des travailleurs pour exercer une direction
sur la société, pour bâtir leurs propres
institutions et pour mettre
fin à l’exploitation, à l’oppression et à la
guerre.
LML publie un
calendrier de célébrations, rassemblements
et marches de
la Journée internationale de la femme (lien ci-dessus) partout
au
Canada à compter du samedi 4 mars. Le PCC(M-L) encourage tout
le monde
à participer à ces événements et à
se joindre au travail pour défendre
les droits des femmes et les droits de tous.
La nécessité d'une nouvelle
direction pour l'économie
L'approbation de l'oléoduc Keystone XL
Manifestation contre la construction du pipeline Keystone XL à
Washington le 6 novembre 2011
(TSA Clayton)
Le 24 janvier, le président des
États-Unis Donald Trump a émis des décrets
présidentiels approuvant les oléoducs Keystone XL et
Dakota Access. Le décret présidentiel concernant Keystone
XL invitait TransCanada Pipelines à refaire une demande de
permis transfrontalier et demandait au département d'État
américain de « faire tout
ce qui est nécessaire et approprié pour faciliter un
examen accéléré ». Le décret
donne 60 jours au département d'État pour prendre
une décision finale après qu'il ait reçu la
nouvelle demande de permis.
TransCanada Pipelines a annoncé deux jours plus
tard qu'il avait présenté une demande de permis
présidentiel afin d'obtenir l'approbation de l'oléoduc
Keystone XL. L'oléoduc va expédier du dilbit (du bitume
mélangé à des solvants pour qu'il puisse circuler
dans l'oléoduc) vers les raffineries de la côte du Golfe
des États-Unis. Le décret
présidentiel ne mentionne aucune condition que Trump voudrait
négocier ou imposer autre que l'utilisation d'acier
fabriqué aux États-Unis dans la construction de
l'oléoduc.
Le premier ministre Justin
Trudeau a réagi à ce développement en disant, lors
de la retraite du cabinet fédéral à Calgary, que
« cela fait plusieurs années que j'appuie [Keystone XL]
parce qu'il va créer de la croissance économique et de
bons emplois pour les Albertains ». Avec cette remarque,
Trudeau semble vouloir donner
l'impression que c'est un peu lui qui a poussé Trump à
renverser la décision d'Obama de ne pas construire
l'oléoduc. Plusieurs y voient le geste
désespéré de quelqu'un qui voulait faire oublier
ses paroles à l'effet qu'un travailleur de l'énergie en
chômage d'Edmonton ne méritait pas les mêmes
prestations d'assurance-emploi que les autres parce
que le taux de chômage de la ville ne le justifiait pas.
Si on met de côté les motifs subjectifs
qui ont pu inspirer Trudeau, que penser du contenu de sa remarque que
la construction des oléoducs « va créer de la
croissance économique et de bons emplois pour les
Albertains » ? Les travailleurs organisés du
secteur de l'énergie de même que la
Fédération des travailleurs de l'Alberta et
d'autres organisations se sont opposés à Keystone et
à Keystone XL parce que ce sont des emplois qu'ils
expédient par les oléoducs en exportant du pétrole
brut. L'opposition aux oléoducs reflète l'opinion
publique croissante qui demande l'établissement d'un ratio
strict entre l'extraction et la vente de ressources naturelles et des
investissements
dans les industries de base régionales et nationales, dans le
secteur manufacturier, dans les programmes sociaux et les services
publics. On assiste à une prise de conscience que le Canada et
ses régions ont besoin d'une nouvelle direction
économique qui permette de bâtir une économie
diversifiée qui retient la plus grande partie des revenus des
exportations et les réinvestit dans l'échange et
l'investissement pour la reproduction élargie. Cela
développerait une vaste économie régionale interne
forte et pouvant résister aux cycles d'essor et de contraction
qui affectent aujourd'hui le système impérialiste
d'États. Le Canada a besoin d'un projet d'édification
nationale qui restreint la capacité de
l'oligarchie financière de retirer de l'économie
régionale et nationale la valeur nouvelle que les travailleurs
produisent. En l'absence de cette direction, les Canadiens demeurent
vulnérables aux crises économiques récurrentes.
Les oligopoles de l'énergie et leurs
représentants politiques ont utilisé leur contrôle
pour imposer à l'économie une dépendance
étouffante aux exportations de pétrole et d'autres
ressources naturelles, à leurs prix de marché mondiaux et
à une demande incertaine. Les revenus de l'exportation sont dans
leur plus grande partie retirés de
l'économie régionale ou réinvestis dans la
production et l'expédition d'une quantité encore plus
grande de la même ressource naturelle. La construction de
nouveaux oléoducs est l'exemple parfait de ce
phénomène. Mais le mantra sans cesse repris que les
oléoducs « créent de la croissance
économique et de bons emplois » ne résiste pas
à un
examen plus poussé.
La capacité des
oléoducs qui ont été approuvés ou sont en
train d'être examinés dépasse la production
prévue. Pris ensemble, le Keystone XL, l'oléoduc de
Kinder Morgan approuvé récemment et le remplacement de la
Ligne 3 d'Enbridge vont accroître la capacité des
oléoducs d'environ 1,8 million de barils par jour (b/j). Le
projet Énergie Est ajouterait un autre 1,1 million de b/j
pour un total de 2,9 millions de b/j. L'industrie
pétrolière par contre estime que la production des sables
bitumineux va croître de 850 000 à 1
million de b/j d'ici 2025, une prévision qui repose sur un
prix du pétrole qui va augmenter ou demeurer au
niveau actuel. Les niveaux de production devraient augmenter dans les
champs de pétrole de schiste américains de la Formation
de Bakken (dans le Dakota du Nord) ou dans le bassin permien de l'ouest
du Texas qui renferment de grands gisements disponibles par
fracturation et profitables même aux prix de marché
d'aujourd'hui. Trump développe
très rapidement la politique d'Obama d'encouragement de la
production pétrolière aux États-Unis.
L'Ouest canadien produit présentement
environ 3,7 millions de b/j de pétrole amenés aux
marchés par oléoduc ou par rail. Trois projets dans les
sables bitumineux sont censés se matérialiser
en 2017 - la phase 3 du Projet Horizon de Canadian Natural
Resources Ltd., le projet Fort Hills de Suncor et le projet Hanginstone
de
Japan Canada - lesquels vont produire à eux trois
environ 260 000 b/j. Personne ne remet en question la
capacité des pipelines d'accommoder ce pétrole.
Une fois la nouvelle production de 2017 prise en
compte, le tout se monte à moins de 100 000 b/j de
nouvelle production annuellement d'ici 2025, vouée
entièrement à l'exportation, sans valorisation ni
raffinage. Cela représente des niveaux inférieurs
à ceux des deux dernières années. Certains
cependant maintiennent
qu'on aura besoin d'une capacité additionnelle d'oléoducs
de 2,9 millions b/j. Les chiffres ne concordent pas.
Les oligopoles qui possèdent et contrôlent
l'industrie du pétrole et du gaz s'emparent de quantités
énormes de valeur ajoutée que produit le dur labeur de la
classe ouvrière. En guise d'exemple, le PDG de MEG Energy Bill
McCaffrey a dit à Bloomberg que l'expansion prévue
de 25 000 b/j de son projet de Christina Lake « va
apporter un taux de rendement sur l'investissement de 50 %,
soit un des taux de rendement les plus élevés de toutes
les activités de la compagnie en ce moment ».
Cette richesse est investie
conformément aux intérêts privés
étroits des détenteurs du capital. Non seulement la
propriété et le contrôle sont-ils exercés
principalement de l'extérieur du Canada, mais la valeur
ajoutée que produisent les travailleurs quitte l'économie
pour suivre les propriétaires. Ce qui reste n'est pas
utilisé pour diversifier la base
économique. Plutôt que de servir à échapper
aux cycles d'essor et de contraction et à garantir le
bien-être du peuple, la dépendance excessive aux
investissements dans le gaz et le pétrole aggrave les crises
récurrentes et laisse le peuple et l'économie
vulnérables et fragiles.
Comment la direction actuelle de l'économie
pourrait-elle amener une solution à la crise économique
qui affecte l'Alberta, au chômage et au fossé
énorme qui existe entre les dépenses publiques et les
revenus ? On ne changera pas la situation en continuant à
faire la même chose qui a produit la crise actuelle. Ce que le
gouvernement
qualifie de taux de redevances « plus concurrentiels »
et les différentes manoeuvres pour payer les riches qui sont
mises de l'avant vont aggraver les choses parce qu'ils
transfèrent des fonds publics dont on a tant besoin pour les
investissements dans les programmes sociaux, des coffres du
gouvernement vers ceux des riches qui sont déjà
pleins à craquer. Cela perpétue la direction par laquelle
non seulement les emplois s'enfuient dans les oléoducs mais
aussi la richesse sociale que les travailleurs produisent.
Une autre objection sérieuse à
l'augmentation des exportations d'énergie vers les
États-Unis concerne la clause de proportionnalité de
l'ALÉNA. Dans le cadre de l'ALÉNA, le Canada ne peut pas
prendre de mesures de restriction des exportations qui réduirait
la proportion de la production totale qui est disponible pour les
exportations vers les
États-Unis. Selon cette clause, les acheteurs américains
de pétrole ne sont pas obligés d'acheter du
pétrole du Canada, mais les producteurs de pétrole du
Canada n'ont pas le droit de réduire leurs exportations vers les
États-Unis. Autrement dit, si le projet Keystone XL va de
l'avant et fonctionne à plein régime, le Canada devra
maintenir la quantité
de production totale exportée aux États-Unis en vertu de
la clause de proportionnalité de l'ALÉNA. Cela constitue
une violation sérieuse de la souveraineté du Canada et de
son droit de prendre des décisions concernant la direction de
l'économie, en consacrant par exemple le pétrole
présentement exporté au secteur manufacturier et du
raffinage au Canada ou en réduisant les investissements dans la
production pétrolière et en utilisant ces fonds pour
augmenter les investissements dans d'autres secteurs comme les
programmes sociaux, les services publics et la fabrication
manufacturière.
Quelle est la voie à
suivre ? Les travailleurs savent très bien que la
dépendance continuelle aux exportations de l'énergie,
surtout du pétrole brut de l'Alberta, n'amènera pas la
prospérité. Le problème à résoudre,
c'est que les travailleurs ne sont pas ceux qui prennent les
décisions, et que les seules propositions qui sont
discutées sont
celles des oligopoles, lesquelles servent leurs intérêts
privés étroits et l'objectif stratégique de
l'impérialisme américain de garantir l'approvisionnement
en pétrole et autres ressources naturelles de ses forces
armées qui en ont une soif insatiable.
La direction actuelle consistant à mettre le
Canada à la merci du marché américain au sein
d'une économie annexée centrée sur les ressources
naturelles est périlleuse. La classe ouvrière doit
discuter de ce qu'aurait l'air une édification nationale sous
son contrôle. Elle doit renforcer sa conscience sociale et sa
compréhension des possibilités qui
s'offrent d'une nouvelle direction de l'économie et d'une voie
vers l'avant pour la société. Une chose est
sûre : la direction actuelle ne fonctionne pas et il faut
porter une grande attention à ce problème.
Le tapage au sujet des oléoducs
- Peggy Morton -
Manifestation contre le pipeline Kinder Morgan à Vancouver le 29
novembre 2016 (H. Syed)
Trudeau dit que les oléoducs
« conduisent à la croissance économique
et à de bons emplois ».
L'idée que les oléoducs sont
nécessaires pour créer des emplois mieux
rémunérés est renforcée par les
gouvernements provinciaux de l'Ouest et du fédéral ainsi
que par l'industrie de l'énergie. Les droits des nations
autochtones, les préoccupations environnementales et la
nécessité de réduire les émissions de gaz
à effet de serre sont mis en
opposition à ce qui est présenté comme une
solution au chômage et aux graves problèmes de
l'économie, en particulier le fait que des dizaines de milliers
de travailleurs du secteur pétrolier sont présentement
sans emploi.
La classe ouvrière est submergée par les
promesses d'un nombre toujours plus gonflé d'emplois qui
viennent avec la construction d'oléoducs, ce qui crée
à la fois de faux espoirs et une fausse conscience. Le
président Trump répète le nombre longtemps
discrédité de 28 000 emplois
créés aux États-Unis avec l'oléoduc
Keystone
XL. Au Canada, l'oligopole contrôlé par les
États-Unis, Kinder Morgan, a initialement fixé le nombre
d'emplois dérivés de son agrandissement de la ligne
TransMountain à 2 000, mais il affirme maintenant que
le jumelage de la ligne actuelle entraînera «
l'équivalent de 37 000 emplois directs ».
Après l'achèvement,
seulement 90 travailleurs seront retenus pour exploiter les deux
lignes. Que vont faire les 36 910 autres travailleurs de
leurs emplois « équivalents » ?
Kinder Morgan affirme que
la construction va nécessiter durant la période la plus
intense jusqu'à 4 500 travailleurs durant deux ans. Ce
qui n'est pas expliqué, c'est que la construction des
oléoducs a lieu généralement en été,
sauf dans les zones de muskeg ou de marais où les travaux
peuvent se dérouler lorsque le sol est gelé. Les
entrepreneurs font des soumissions sur des tronçons de
l'oléoduc et la durée moyenne des travaux pour terminer
une section est habituellement de trois mois ou moins, alors que les
travaux sur un tronçon exceptionnellement long peuvent
être d'une durée de quatre mois.
Non seulement le nombre d'emplois est-il gonflé,
mais il est impossible de le vérifier. Qui plus est, le calcul
des « emplois directs, indirects et induits » repose
sur un scénario de tout ou rien : soit accepter les
décisions prises par les oligopoles quant à la direction
de l'économie, y compris une forte dépendance sur les
investissements pour extraire et expédier le bitume
dilué, soit rien. Ceux qui remettent en question cette logique
sont dits déraisonnables et des opposants au
développement économique. Même les alternatives
existantes à l'exportation de bitume non raffiné ne sont
pas discutées parce que les oligarques et leurs
représentants politiques ne permettent
pas que la discussion se tienne.
À titre de référence, une
comparaison avec la construction et le fonctionnement futur de la
raffinerie Sturgeon à Redwater, près d'Edmonton, est
révélatrice. Le prix estimé de la production pour
construire la raffinerie est de 8,5 milliards $, tandis que
l'oléoduc TransMountain est estimé à 6,8
milliards $. Une
comparaison montre que les investissements dans les oléoducs
sont un choix mal éclairé par rapport à un
investissement dans la capacité de raffinage pour servir le
marché canadien.
La première phase de la raffinerie Sturgeon est
maintenant presque terminée à Redwater, près
d'Edmonton, la première nouvelle raffinerie construite au Canada
depuis plus de 30 ans. Elle produira 80 000 barils par
jour de carburant diesel à très faible teneur en soufre,
ainsi que des diluants et du gasoil sous vide à faible
teneur en soufre et d'autres produits pouvant être
utilisés dans l'industrie pétrochimique.
Le Canada importe maintenant tous ces produits et toute
la production de cette phase à la raffinerie Redwater servira le
marché canadien. Une unité de gazéification
prendra la partie la plus lourde et la portion la plus faible en valeur
de la matière première bitumineuse et la transformera en
hydrogène et en C02 pur, qui sera utilisé dans un
système de captage du carbone pour être injecté
dans les puits de pétrole existants dans le centre de l'Alberta
pour « rehausser la récupération du pétrole
dans des champs pétrolifères parvenus à
maturité ».
Le projet aura pris quatre ans lorsqu'il sera
terminé plus tard cette année. En
juin 2016, 5 200 travailleurs étaient sur le
chantier de construction, avec 3 000 autres travailleurs dans
des chantiers modulaires autour d'Edmonton. Cela porte le nombre total
de travailleurs de la construction à 8 200,
tandis que la main-d'oeuvre dans les périodes de faible
achalandage a été d'environ 5 000 travailleurs,
y compris les ingénieurs et le personnel de North West Refining.
Environ 500 travailleurs sont requis pour la production de la
première phase. Deux phases supplémentaires ont
été incluses dans la conception initiale mais leur
avenir est incertain.
La raffinerie de Sturgeon traitera 78 000
barils de bitume par jour. La province fournira 75 % de la
matière première du projet grâce à son
programme de redevances en espèces pour le bitume (BRIK), tandis
que les 25 % restants proviendront de Canadian Natural
Resources. Canadian Natural Resources
est propriétaire du projet dans le cadre d'une
coentreprise 50/50 avec North West Refining. BRIK a
été conçu sous le gouvernement d'Ed Stelmach pour
encourager la valorisation, le raffinage et le développement
pétrochimique dans la province. Depuis la crise
financière de 2008 et la chute des prix du pétrole
en 2014, les
monopoles pétroliers ont perdu de l'intérêt pour la
capacité de raffinage et de modernisation en Alberta, et la
raffinerie Sturgeon est allée de l'avant seulement grâce
à des arrangements dont les risques sont assumés par la
population albertaine.
Le gouvernement paie à la raffinerie un droit de
raffinage ou péage et conserve la propriété du
bitume. Le gouvernement provincial détient également une
participation de 25 % dans le projet par
l'intermédiaire de l'Alberta Petroleum Marketing Commission, en
autant que la « dette de rang inférieur » ne
soit pas arrivée à
échéance.
Ian McGregor, chef de la direction de Northwest
Refining, affirme que le projet a des retombées
environnementales importantes, en disant que le diesel produit a une
teneur en soufre la plus faible de tout carburant diesel produit en
Amérique du Nord. La capacité nécessaire pour
opérer l'oléoduc est réduite du tiers car le
débit de bitume peut
être maintenu sans ajout de diluant. La raffinerie possède
un système de captage du carbone qui expédiera
environ 4 000 tonnes par jour de C02 par l'oléoduc de
la raffinerie vers le centre de l'Alberta et vers l'usine d'engrais
d'Agrium située à proximité, afin d'y injecter le
CO2 dans les champs pétrolifères parvenus à
maturité pour
une récupération accrue du pétrole.
Les 4000 tonnes de CO2 par jour sont
l'équivalent d'environ 1,5 mégatonnes par
année. La production totale de CO2 des sables bitumineux est
maintenant d'environ 70 mégatonnes par année et a
été plafonnée à 100 mégatonnes
par année.
« J'ai une conviction profonde qu'en Alberta nous
sommes vraiment bons à produire des billots mais nous ferions
mieux de cesser de le faire et de commencer à fabriquer des
meubles sinon il n'y aura pas d'avenir pour nous », a
déclaré récemment Ian McGregor, directeur
général de Northwest Refining.
McGregor conteste la nécessité de
nouveaux oléoducs, soulignant que pour l'expédition de
bitume par oléoduc le diluant ajouté pour assurer le flot
du bitume accapare environ un tiers de la capacité d'un
oléoduc. Il a également souligné que l'ajout
d'oléoducs pour l'exportation de dilbit (bitume dilué)
pourrait bien laisser l'Alberta sans pétrole
pour le raffinage et pour l'industrie pétrochimique, compte tenu
des prévisions de la capacité de production
pétrolière.
La raffinerie North West est construite en raison de la
participation directe du gouvernement où l'État prend en
charge les risques, tandis que la propriété et le
contrôle demeurent entre des mains privées. Une autre
solution consisterait à utiliser les investissements de
l'État pour établir des capacités de raffinage et
de production manufacturière
sous le contrôle de la fonction publique et de la
propriété de l'État, alors que des
sociétés comme NW Refining agiraient comme sous-traitants.
Les travailleurs eux-mêmes, en particulier les
travailleurs de l'énergie et de la construction, dont la
situation est précarisée par la direction actuelle
centrée sur l'extraction et l'expédition des ressources
naturelles, doivent eux-mêmes trouver un moyen d'aller de l'avant
avec leurs initiatives. Ni les individus qui vivent des
privilèges de classe et
du contrôle de l'économie, ni leurs représentants
politiques n'ont intérêt à changer les choses si
cela ne se traduit pas par une consolidation de leurs privilèges
et de leur contrôle. Une nouvelle direction pour
l'économie qui servira le peuple et permettra de construire des
communautés dynamiques et florissantes ne peut venir que de
l'initiative des
travailleurs, de leurs alliés et de leurs propres
représentants politiques, formant un mouvement puissant avec les
institutions dont ils ont besoin pour engendrer le nouveau.
Le programme de diversification
pétrochimique de l'Alberta
- K.C. Adams -
Non aux combines pour payer les
riches -- place à un projet
d'édification nationale du XXIe siècle
Beaucoup de résidents de l'Alberta parlent de la
nécessité de diversifier l'économie, du moins
durant cette phase de ralentissement du cycle de forte expansion et
de ralentissement. Surtout depuis l'effondrement des prix du
pétrole dans les années 1980, lorsque les
gouvernements parlent de diversification, ils veulent dire des combines
pour payer
les riches. Les intérêts derrière les monopoles
privés reçoivent des subventions ou des prêts sans
intérêt pour les « inciter » à
effectuer des investissements. Le programme de diversification
pétrochimique du gouvernement de l'Alberta (Alberta's
Petrochemicals Diversification Program) ne s'écarte pas de ce
modèle.
Le gouvernement a invité
les oligopoles énergétiques à soumettre des
propositions et en a ensuite retenu deux pour son programme de
diversification pétrochimique. Ensemble, ils recevront 500
millions $ en subventions de la trésorerie de l'État
lors du parachèvement de deux installations qui traiteront le
propane extrait de gaz
naturel afin de fabriquer des produits en plastique tels que le
propylène et le polypropylène.
Le montant accordé aux deux oligopoles mondiaux
est supérieur au montant total de 493 millions $ de
redevances que le gouvernement de l'Alberta a réclamé des
producteurs de gaz naturel en 2016. Les travailleurs devraient
réfléchir sérieusement à cette utilisation
rétrograde, voire criminelle, des fonds publics qui sont en
fait une partie de la richesse sociale que les travailleurs de
l'Alberta produisent et qui devrait leur appartenir de droit.
Une coentreprise entre les sociétés
Pembina Pipeline Corporation et Petrochemical Industries Company (PIC)
recevra jusqu'à 300 millions $ en crédits de
redevances provinciales pour construire une usine
intégrée de propylène et de polypropylène
dans le comté de Sturgeon à un prix estimé de
production de 4
milliards $. PIC est une filiale de la Kuwait Petroleum
Corporation, la compagnie pétrolière nationale du
Koweït.[1]
Inter Pipelines recevra jusqu'à 200
millions $ en crédits de redevances pour construire une
installation de 1,85 milliard $ dans le comté de
Strathcona. L'usine produira également du propylène et du
polypropylène. Inter Pipelines est une filiale de Koch
Enterprises, propriété des célèbres
frères Koch, l'une des familles
les plus riches au monde.[2]
Les combines pour payer les riches consistent en
ceci : certaines des personnes les plus riches de la
planète, qui ont accumulé des richesses sociales
incalculables grâce au contrôle des ressources naturelles
et au travail de centaines de milliers de travailleurs, sont
invitées à piller les richesses naturelles de la Terre
Mère en utilisant le
travail acharné et l'expertise de la classe ouvrière de
l'Alberta et l'infrastructure existante. Mais ce n'est pas suffisant
pour les oligarques. Ils sont « encouragés »
à piller le territoire et le labeur de la province avec un don
promis d'un demi-milliard $ du trésor public.
Une fois la production en marche, les oligarques sont
libres de faire ce qu'ils veulent avec la plupart de la nouvelle valeur
que les travailleurs produisent, qui est déclarée
propriété privée. En général, la
nouvelle valeur que les travailleurs produisent n'est pas investie dans
l'économie locale, mais transférée par ceux qui la
contrôlent vers un endroit
où un autre gouvernement offre des «
incitatifs », sinon vers où ils prévoient
faire de gros gains. Ce n'est pas la façon de diversifier
l'économie, peu importe le titre grandiose donné au
programme.
Ces oligopoles énergétiques des
États-Unis et d'ailleurs ne peuvent fonctionner en Alberta sans
travailleurs qualifiés formés pour la plupart dans les
écoles publiques du Canada et pris en charge lorsqu'ils sont
malades ou blessés par le système de santé du
Canada. Ces raffineries ont besoin également du gaz naturel de
l'Alberta et de
l'infrastructure considérable nécessaire pour l'extraire
du sol et le transporter aux usines.
Pensez-y un moment. Les investissements et la valeur
produite dans tous les services publics, les programmes sociaux et
l'infrastructure que ces usines requièrent pour opérer
doivent être réalisés en échange de la
valeur que les travailleurs produisent dans les nouvelles usines. Or,
au lieu de cela l'État donne à ceux qui contrôlent
les nouvelles
usines la richesse sociale des caisses de l'État. Puis la
plupart de la valeur ajoutée que les travailleurs dans ces
usines produisent peut être transférée par les
oligarques vers on ne sait où. Comment est-ce durable ?
Comment cela fait-il croître l'économie ou
crée-t-il la diversification ? Ce n'est pas
l'édification nationale du XXIe siècle.
Pour que l'économie de l'Alberta et du Canada se
développe et se diversifie, devienne stable et
sécuritaire, il faut que la valeur ajoutée produite en
son sein soit retournée dans l'économie pour une
reproduction élargie des différents secteurs, autant des
moyens de production que des articles de consommation.
Comment financer les soins de
santé, l'éducation, les soins aux aînés, les
soins aux personnes les plus vulnérables, les infrastructures de
transport et d'autres infrastructures, et une foule de programmes
sociaux nécessaires, les services publics et le secteur
manufacturier d'une société moderne quand ces compagnies
consomment la richesse
sociale produite par ces secteurs et refusent de payer pour ce qu'elles
consomment ? Au lieu de cela elles exigent d'être
payées pour le droit de les utiliser et de retirer la valeur
ajoutée de l'économie pour l'utiliser ailleurs. Ces
combines pour payer les riches tels que le Programme de diversification
pétrochimique tant vanté, sont
profondément irrationnelles et rétrogrades, et exacerbent
les contradictions, les tensions et les conflits sociaux au sein de
l'économie et de la société, les entraînant
vers l'insécurité et les crises récurrentes.
Le ministre provincial du Développement
économique et du commerce, Deron Bilous, a déclaré
que le projet est nécessaire pour « attirer »
les investissements vers l'Alberta plutôt que vers le Texas ou la
Louisiane et « niveler les chances ». En d'autres
termes, ces oligopoles tiennent les gouvernements en otage, en exigeant
diverses combines pour payer les riches sinon ils vont ailleurs. Ce
n'est pas un jeu auquel les gouvernements au Canada devraient
participer. Le pillage du trésor de l'État au profit de
l'émirat du Koweït et des Frères Koch des
États-Unis est exactement le genre de transactions qui devraient
être interdites par la loi en tant que corruption
criminelle.
Même l'affirmation selon laquelle les usines ne
seraient pas autrement construites est fausse. Le Canada a perdu son
marché des États-Unis pour le gaz naturel en raison de
l'intense fracturation hydraulique américaine, qui a
entraîné une surabondance de propane. Ces usines sont en
grande partie construites pour résoudre le problème de
quoi faire avec le propane. S'ils peuvent être payés pour
le
faire, tant mieux pour eux, selon le point de vue des riches.
Les dangers posés par ces combines ne peuvent
être ignorés. Le gouvernement de Don Getty, en Alberta, a
fait de même lorsque les prix du pétrole ont fléchi
durant les années 1980. Le déficit de l'État,
qui est le résultat des politiques de payer les riches, a
ensuite été utilisé par le premier ministre Ralph
Klein comme prétexte pour
lancer l'offensive antisociale la plus brutale de l'histoire du Canada.
Tout a été sujet à des compressions lorsqu'il a
été question des programmes sociaux et des services
publics dont la population a besoin et qu'une société
moderne exige. Aujourd'hui, les déficits de l'État, qui
sont le résultat de ces nouvelles combines pour payer les riches
et le
refus d'examiner une nouvelle direction pour l'économie seront
utilisés éventuellement par les Jason Kenneys et les
autres du même acabit pour attaquer de manière revancharde
le peuple et la société.
L'idée que les frères Koch et les
émirats koweïtiens vont assurer l'avenir de l'Alberta est
un non-sens. De tels marchandages ridicules resserrent la domination
des très riches sur la richesse que la classe ouvrière
produit et sur son potentiel futur. Loin de renforcer
l'économie, cela l'affaiblit grâce aux contrôles et
aux privilèges de classe, les
riches soutirant de plus en plus la richesse de l'économie, des
communautés locales et de la province et abandonnant la province
à son sort lorsqu'une crise inévitable éclate.
Les travailleurs doivent poser la question
évidente : si ces installations manufacturières font
du sens, pourquoi l'Alberta ne financerait-elle pas sa propre
entreprise d'État pour construire et exploiter l'installation au
lieu de payer la compagnie pétrolière nationale
koweïtienne et les frères Koch pour ce
privilège ? La nouvelle richesse
sociale produite par les travailleurs à ces usines de plastique
serait alors disponible pour être versée dans
l'économie sous forme d'investissements accrus dans les
programmes sociaux, les services publics, les infrastructures et les
autres entreprises publiques sans parler de la réalisation
correcte de la richesse sociale que les usines consomment. C'est
ce qu'on appelle l'édification nationale au XXIe siècle.
Note
1. La coentreprise Pembina
Pipeline/PIC va
nécessiter l'emploi de 2 000 à 2 500
travailleurs de la construction durant la plus grande période
d'achalandage et prendra environ deux ans à être
complétée. Une fois en exploitation l'usine emploiera
environ 150 personnes qui
transformeront 22 000 barils par jour de propane en
polypropylène.
2. L'usine d'Inter Pipelines
devrait prendre environ trois
ans à être construite avec un nombre similaire de
travailleurs employés dans la construction du pipeline Pembina
et une fois
complétée, environ 95 travailleurs pour transformer
le propane en polypropylène.
Les préoccupations légitimes face
à
la fracturation hydraulique
- Fernand Deschamps -
Le 10 décembre dernier, le gouvernement
libéral de Philippe Couillard a adopté le projet de
loi 106, Loi concernant la mise en oeuvre de la Politique
énergétique 2030 et modifiant diverses dispositions
législatives. Le gouvernement tente d'apaiser les craintes
et les préoccupations des municipalités, des
agriculteurs et des populations locales qui vivent à
proximité des zones d'activités de l'industrie
pétrolière et gazière.
C'est un fait connu que le sous-sol du Québec
recèle des quantités non négligeables de gaz
naturel emprisonné dans une formation géologique
appelée shale (ou schiste) d'Utica. Cette formation est
présente dans les basses-terres du Saint-Laurent, entre
Montréal et Québec. Il existe de plus un potentiel en
pétrole entre Portneuf et Beaupré, près
de Québec, provenant aussi de la même formation rocheuse.
Le shale d'Utica est composé principalement de shales de faible
perméabilité qui contiennent des quantités non
négligeables de gaz naturel (surtout du méthane), lequel
est déjà extrait en Pennsylvanie au moyen de la
méthode appelée fracturation hydraulique (ou
fracturation).
Parce que la formation de shale d'Utica est peu
perméable, la seule manière de libérer le
méthane (ou le pétrole) emprisonné dans le schiste
est de forer un puits vertical qui est ensuite dévié
à l'horizontale sur une distance variant entre 1
à 2 km. Une fois le puits foré, des quantités
très importantes d'eau, soit plusieurs millions de
litres ou l'équivalent de plusieurs milliers de camions-citernes
remplis d'eau, sont pompées sous de grandes pressions dans le
puits foré. Ces fluides sont enrichis d'un agent de
soutènement (sable ou microbilles de céramique) qui va
remplir les fractures causées dans le roc par l'eau
pressurisée et permettre éventuellement au gaz
emprisonné dans le
schiste de s'échapper.
Cliquer sur la photo pour l'agrandir
Ce fluide injecté contient aussi
environ 0,5 % d'additifs chimiques qui sont surtout des
biocides toxiques destinés à empêcher le
développement d'éventuelles bactéries qui
compliqueraient le processus d'extraction. Tout ce processus de
fracturation hydraulique et chimique (« fracking »)
d'un puits est décrit comme « un puits
par stimulation physique, chimique ou autre » à
l'article 80 de la Loi 106.
Ce mélange de liquide une fois injecté
sous pression est partiellement récupéré et
déposé en surface quelques heures ou quelques jours plus
tard dans des bassins de récupération, comme « une
saumure » (terme utilisé dans la Loi 106)
prête à être réutilisée ou
stockée de manière permanente. Généralement
les municipalités
avoisinantes au puits refusent de traiter cette saumure car le
système de filtration des eaux usées municipales n'est
pas adapté pour filtrer les eaux usées complexes
provenant des puits de fracturation hydraulique. Pour cette raison les
opérateurs de ces puits ont souvent recours au stockage de cette
saumure dans des réservoirs souterrains naturels ou
créés par fracturation.
À qui incombe la responsabilité en cas de
dommages environnementaux ?
On lit au 2e paragraphe de l'article 106 du
chapitre IV de la Loi, intitulé « Plan de fermeture
définitive de puits et de restauration de site » que
l'entreprise responsable de forer les puits, une fois l'exploitation
des puits terminée, doit fournir un rapport sur «
l'état du territoire affecté par les
activités » et, sur la base de
ce rapport, le ministre donne son « avis » à
savoir s'il y a ou pas « de risque pour l'environnement et pour
la santé et la sécurité des personnes ».
Est-ce que l'avis du ministre est basé sur les
meilleures pratiques scientifiques et environnementales de
décontamination et de réhabilitation des sites de
fracturation hydraulique ?
Ces meilleures pratiques comprennent le traitement des
sites contaminés ou pollués et la remise du territoire
endommagé ou dégradé dans un état où
il peut être utilisé à nouveau. L'article 123
du chapitre VII de la loi intitulé «
Récupération optimale des hydrocarbures et de la
saumure » débute ainsi : « Le titulaire
d'une
licence d'exploration, de production ou de stockage doit
récupérer les hydrocarbures et la saumure de
manière optimale en utilisant les meilleures pratiques
généralement reconnues pour assurer la
sécurité des personnes et des biens, la protection de
l'environnement et la récupération optimale de la
ressource. » Selon la définition étroite que
la
Loi 106 donne des meilleures pratiques, la compagnie responsable
des opérations de fracturation n'est pas tenue de
décontaminer le site pour le réhabiliter à son
état originel, encore moins de surveiller le site une fois que
le puits est abandonné. C'est un fait bien connu que la plupart
des opérations de fracturation ne vont récupérer
qu'une
partie des eaux usées et que la saumure s'infiltre dans les
fractures existantes ou réactivées. On mesure ainsi
à quel point est problématique même la
définition restreinte que donne la Loi 106 des meilleures
pratiques en ce qui a trait au stockage de la saumure « pour
assurer la sécurité des personnes et des biens, la
protection de
l'environnement et la récupération optimale de la
ressource ».
C'est le peuple qui est forcé de payer le prix
de la fracturation
L'article 119 du chapitre VI, intitulé
« Responsabilité et mesures de protection » se
lit ainsi :
« Le titulaire d'une licence d'exploration, de
production ou de stockage ou de raccordement, est tenu [...] de
réparer le préjudice causé par le fait ou à
l'occasion de ses activités, incluant la perte de valeur de
non-usage liée aux ressources publiques, notamment en raison
d'émanation ou de migration de gaz ou d'écoulement de
pétrole ou
d'autres liquides » mais en même temps « Le
titulaire doit fournir la preuve, selon la forme et les
modalités que le gouvernement détermine par
règlement, qu'il est solvable pour le montant
déterminé par le gouvernement. »
L'expérience des
travailleurs au Québec et dans le reste du Canada est que
lorsqu'une entreprise reçoit l'ordre de payer pour les dommages
qu'elle a causés à l'environnement, elle cherche toujours
à verser le moins d'argent possible, à ne pas restaurer
les sites endommagés, contaminés, dégradés
ou pollués de sorte qu'ils soient réutilisables et
à
ne pas indemniser ceux qui ont été affectés. Une
fois les poursuites judiciaires épuisées, elle a recours
à la faillite en vertu du droit commercial pour ne
pas
être forcée de faire les dédommagements requis.
À tout cela s'ajoutent les dangers causés
par la réactivation de fractures et de failles dormantes qui se
trouvent près des zones où s'effectue la fracturation
hydraulique. Une étude effectuée en Alberta et en
Colombie-Britannique ainsi qu'une autre effectuée aux
États-Unis par le US Geological Survey ont découvert un
lien entre l'augmentation
de l'activité sismique dans plusieurs provinces ou États
et l'injection d'eaux usées dans des puits de stockage. Ainsi,
en 2011, un tremblement de terre de magnitude 5,7 a eu lieu
en Oklahoma, près de puits de stockage d'eaux usées
résultant de la fracturation, ce qui a détruit 14
maisons et blessé 2 personnes. [1]
Cet événement s'est produit dans une zone qui n'est pas
reconnue comme étant une zone sismique active. C'est un
phénomène géologique qui représente le
mouvement de fractures et de failles dormantes qui ont
été réactivées par l'introduction de
fluides (dans ce cas-ci des eaux usées résultant de la
fracturation
hydraulique) dans des réservoirs souterrains.
Des réservoirs souterrains pour entreposer les
eaux usées, un sous-produit de la fracturation, sont souvent
localisés dans des formations de roches poreuses qui sont
généralement situées près de la surface
mais plus profondes que la nappe phréatique pour éviter
la contamination. Toutefois des scientifiques ont soulevé la
question qu'en absence
d'études à long terme pour surveiller le mouvement des
eaux usées le long des fractures et des failles où se
sont produits les tremblements de terre, comme ce fut le cas en
Alberta, en Colombie-Britannique et en Oklahoma, il n'y a aucune
garantie que ces saumures ne pourraient pas migrer vers les formations
rocheuses contenant la nappe
phréatique et ainsi les contaminer. Ce serait désastreux
pour les municipalités et les fermes situées près
des opérations de fracturation et qui dépendent
uniquement des eaux souterraines pour approvisionner de manière
sécuritaire les populations humaines et animales locales en eau
potable.
La vallée des basses-terres du Saint-Laurent est
située de part et d'autre du fleuve Saint-Laurent qui est
parcouru par la faille majeure de Logan avec des failles secondaires
connues et inconnues de part et d'autre du fleuve. De telles failles
pourraient être réactivées suite aux
opérations de fracturation des schistes et d'entreposage de
saumure.
Manifestation le 16 août dernier contre le projet de loi 106
On doit demander au premier ministre du Québec
sur quelle recherche scientifique repose la Loi 106 qui autorise
les sociétés pétrolières et gazières
à procéder au forage de puits à grande
échelle pour la fracturation hydraulique et à
l'entreposage d'eaux usées toxiques dans les basses-terres du
Saint-Laurent. Le gouvernement du Québec
doit dévoiler la base scientifique sur laquelle la loi repose.
Il faut donner la possibilité à tous ceux qui sont
concernés de contester les conclusions qui ont été
tirées, ce qui d'ailleurs est une exigence de la
procédure scientifique. Toute possibilité de danger pour
la vie et l'environnement naturel et social, y compris pour l'eau, doit
être examinée. Si
cela n'est pas fait, la Loi 106 ne sera qu'un acte irresponsable
mettant en danger la vie et la sécurité de dizaines de
milliers de personnes et le bien-être général de
l'environnement social et naturel.
Note
1. Becklumb, Penny et al, Le
gaz
de
schiste
au
Canada
-
risques
environnementaux et
réglementation, Ottawa, Bibliothèque du Parlement du
Canada, 2015, publication 2015-18-f, p.7.
Réformes
néolibérales de la Loi
sur les transports au Canada
Les travailleurs manifestent contre la
déréglementation et la privatisation
Vancouver le 23 février 2017
Le 23 février, les travailleurs du
transport de Vancouver, de Prince Rupert et d'autres villes ont
manifesté contre le plan du gouvernement fédéral
de privatiser les ports et les aéroports et de démanteler
le cabotage. Ils ont dénoncé l'appui exprimé par
le gouvernement fédéral à l'examen de la Loi
sur les transports au Canada,
connu sous le nom de Rapport Emerson, qui avait été
commandé par le gouvernement Harper en 2014. Le rapport
recommande la déréglementation et la privatisation dans
le but de remettre le contrôle des systèmes de transport
maritime, aérien, ferroviaire et par camions aux oligopoles
mondiaux au nom de rendre le Canada concurrentiel sur
les marchés mondiaux.
À Vancouver, les travailleurs ont marché
dans les rues du centre-ville, avec à leur tête des
membres du Syndicat international des débardeurs et magasiniers
(SIDM - Canada), du Syndicat international des marins du Canada (SIU),
d'UNIFOR, du Syndicat des employés et marins des traversiers de
la Colombie-Britannique et de l'Union
Internationale des Opérateurs-Ingénieurs. Des
représentants de l'Union maritime australienne, de la
Fédération internationale des ouvriers du transport et de
la Fédération des travailleurs de la Colombie-Britannique
y étaient aussi. De nombreux travailleurs portaient un chandail
sur lequel on pouvait lire : « Our Coasts, Our Jobs, Our
Future » (Nos côtes, nos emplois, notre avenir).
Une des revendications principales des travailleurs
maritimes était la défense du cabotage, le système
qui fait en sorte que le transport maritime de marchandises dans les
eaux canadiennes est effectué par des travailleurs canadiens,
formés pour ce travail, sur des navires immatriculés au
Canada. Le Rapport Emerson recommande que le cabotage
soit déréglementé, en l'ouvrant aux vaisseaux
étrangers, plusieurs portant pavillons de complaisance ou
employant des travailleurs étrangers temporaires soumis à
des conditions brutales. Les travailleurs ont aussi
dénoncé l'Accord économique et commercial global
(AÉCG) conclu récemment entre le Canada et l'Union
européenne qui recommande
lui aussi l'élimination du cabotage. Ils ont fait remarquer que
le cabotage contribue à défendre les conditions de vie et
de travail des travailleurs maritimes, à protéger les
travailleurs étrangers très vulnérables de
même qu'à protéger la sécurité et
l'environnement dans les eaux canadiennes.
Le président du SIDM-Canada Rob Ashton s'adresse aux
participants.
|
Rob Ashton, le président du SIDM-Canada, a
déclaré : « Notre but est de protéger
les familles de notre pays. [...] Si les entreprises et le gouvernement
acquièrent la capacité de nous briser et de nous mettre
à terre, qui va protéger les marins qui se
présentent sur nos côtes, qui va les protéger quand
ils ont besoin de protection ?
Qui va protéger les travailleurs marginalisés qu'on fait
venir dans ce pays comme main-d'oeuvre esclave, qui ne sont pas
payés décemment et ne peuvent pas devenir des citoyens
canadiens ? C'est nous les Canadiens qui devons nous tenir debout
et faire face à ceux qui veulent faire du mal à nos gens
et amènent des travailleurs ici pour les
traiter en esclaves. Et comment allons-nous faire cela ? En nous
tenant debout et en résistant ! »
Terry Engler, le président de la section
locale 400 du SIDM-Canada, a dit que « les travailleurs se
sont battus pour faire adopter des règlements qui
protègent ces travailleurs, qui protègent la
sécurité, qui délimitent la taille des
équipages, pour que nous soyons en sécurité. Cela
protège notre environnement parce que nous sommes en
mesure de dire à quelqu'un 'que cette chose-là ne se fait
pas ici'. Nous avons vu ce qui se produit dans le monde quand les
entreprises sont libres de faire ce qu'elles veulent. Si nous perdons
le cabotage, si nous n'avons pas de réglementation et
d'inspecteurs, dont le nombre devrait être augmenté, le
monde dans lequel nous vivons va être détruit
encore plus qu'il ne l'est maintenant. »
Les travailleurs ont souligné qu'un des
objectifs principaux de la déréglementation et de la
privatisation est de briser la résistance des travailleurs
syndiqués et de briser les syndicats en tant que ligne de
défense des conditions de vie et de travail des Canadiens. Ils
ont réitéré que les ports, les aéroports,
les eaux navigables et tout ce que requiert
l'économie moderne dont les Canadiens dépendent
appartiennent au peuple et à la société et non aux
intérêts privés.
Réforme antinationale du système de
transport du Canada
- Centre ouvrier du PCC(M-L) -
Le ministre fédéral des Transports Marc
Garneau est en train de procéder à une réforme de
la Loi sur les transports au Canada (LTC) et du
système de transport du Canada. Le but officiel de la
réforme est de mettre en oeuvre le plan Transports 2030
dans le contexte de l'objectif du gouvernement Trudeau de rendre
le Canada concurrentiel sur les marchés mondiaux.
D'avril à septembre 2016, le ministre des
Transports a tenu des consultations sur cinq thèmes : le
renforcement de la sécurité des transports ; des
corridors de commerce aux marchés mondiaux ; le transport
écologique et innovateur ; le voyageur et les voies
navigables, les côtes et le Nord.
On s'attend à ce que
les changements à la LTC soient apportés dans le courant
de l'année et dans les années qui viennent. Le ministre
des Transports utilise comme guide aux changements le rapport connu
sous le nom de Rapport Emerson. C'est un rapport que le gouvernement
conservateur de Stephen Harper a commandé en juin 2014.
David Emerson, un ancien membre du cabinet Harper, a
présidé le comité chargé de l'examen. Le
ministre Garneau a déposé le Rapport Emerson au Parlement
le 15 février 2016. Il a qualifié le Rapport
Emerson d' « excellent » dans ses discours, ajoutant
que le gouvernement allait se guider sur lui pour sa réforme de
la
LTC.
Les travailleurs du transport ont averti les Canadiens
que le gouvernement Trudeau s'apprête à adopter les
recommandations du Rapport Emerson, lesquelles équivalent
à de la destruction nationale. Ils font référence
à la demande exprimée par le rapport d'aller à
fond de train dans la déréglementation et la
privatisation des services et de
l'infrastructure de transport et dans l'imposition de frais d'usagers.
Le rapport recommande notamment la privatisation des aéroports
et des ports, et l'ouverture du cabotage dans les eaux navigables
intérieures aux vaisseaux européens dont plusieurs
battent pavillon de complaisance et imposent des salaires et des
conditions de travail bien inférieurs
aux normes établies. Le rapport recommande également des
changements législatifs afin d'augmenter les limites de
propriété étrangère jusqu'à au
moins 49 % pour les transporteurs aériens exploitant
des services de passagers commerciaux et jusqu'à 100 %
pour les compagnies aériennes exploitant des services
aériens
tout-cargo et de spécialité. Dans un discours
récent, le ministre des Transports a dit qu'il va commencer
à mettre en oeuvre diverses mesures du Rapport Emerson en
augmentant cette année à 49 % la limite de
propriété étrangère pour les transporteurs
aériens exploitant des services de passagers commerciaux.
La thèse du Rapport Emerson
Le Rapport Emerson est intitulé « Brancher
le système de transports du Canada au reste du
monde ». Il comprend 286 pages et il est
accompagné de 230 pages d'annexes. Il débute par une
lettre à la ministre des Transports du temps Lisa Raitt et
comprend 13 chapitres, soit : Points de départ,
Gouvernance,
Liens entre commerce et transport, Le Nord, Innovation, Changements
climatiques, Accès et accessibilité, Transport
ferroviaire, Transport aérien, Transport maritime, Office des
transports du Canada, Résumé et Recommandations. Le
rapport définit le Canada comme une nation commerçante,
dont la prospérité dépend du commerce
international. On
y lit : « Ce qui n'a pas changé au fil des
décennies, et ce qui ne changera probablement jamais, c'est la
réalité fondamentale du Canada : une vaste masse
terrestre septentrionale où vit, en comparaison, une toute
petite population. Nous dépendons du commerce international pour
soutenir notre qualité et notre niveau de vie, lesquels sont
particulièrement attrayants. Nous partageons le continent
nord-américain avec le pays ayant l'économie la plus
dynamique au monde, les États-Unis, et avec un des pays qui
connaît une croissance économique tout aussi dynamique, le
Mexique. L'intégration et la collaboration avec nos partenaires
nord-américains sont à la fois une réalité
et une
nécessité, que ce soit en matière
d'économie, de sûreté ou
d'environnement. »
Cette nation canadienne, poursuit le rapport, fait
maintenant face à un monde en bouleversement, et son avenir
dépend de sa capacité à s'annexer à ce
monde en crise et à y gagner une position concurrentielle. Tout
le rapport repose sur l'argument fondamental que le Canada ne peut pas
être maître de sa destinée en se dotant d'une
économie
prosociale diversifiée contrôlée par le peuple,
où le commerce international agit comme support additionnel
à l'économie domestique indépendante.
Au lieu de cela, en tant que
nation commerçante dominée, qui ne possède ou ne
contrôle même pas ses secteurs de base, le Canada n'est pas
capable de contrôler la demande ou les prix pour ses ressources.
Il n'a pas un mot à dire sur son développement
économique et doit laisser toutes les décisions à
ce sujet à des « investisseurs »
inconnus qu'il faut convaincre d'investir avec des promesses de
garanties de gros coups d'argent. Cette nation commerçante qui
est à la merci du marché mondial ne peut pas se
protéger des crises cycliques inévitables qui surviennent
au sein du système impérialiste mondial d'États
dominé par l'empire américain, que ce soit les crises
économiques
générales comme celle de 2008 ou les crises
sectorielles comme la crise actuelle des prix de marché des
produits à base de ressources énergétiques et
d'autres produits qui se vendent en dessous de leur prix de production.
Le rapport indique à ce sujet :
« Depuis le dernier Examen, des changements dans
les marchés mondiaux, des percées technologiques, des
menaces contre la sûreté, des vulnérabilités
environnementales et des tendances en matière de croissance
économique et de développement au Canada ont mis en
lumière une réalité propre au vingt
et-unième siècle : nous vivons
dans un monde étroitement interconnecté, en
perpétuel changement et ce, bien souvent, sans avertissement....
« Bien que nos interactions avec les
quelque 7,3 milliards d'habitants sur la planète permettent
à notre population de 36 millions d'habitants de
prospérer, nous ne sommes que des acteurs modestes sur la
scène mondiale. En effet, nous réagissons aux
événements qui surviennent à l'échelle
planétaire, mais nous n'avons que très peu
d'influence sur ceux-ci. Le fait que l'économie canadienne soit
tributaire de l'économie mondiale a des répercussions
importantes à deux niveaux. Dans un premier temps, le rôle
des systèmes de transport et de logistique, pour le
déplacement efficace des gens et des biens, est devenu de plus
en plus important pour la compétitivité à
l'échelle
internationale. En effet, la logistique des transports et
l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement sont
aujourd'hui perçues par diverses organisations de recherche
comme étant plus importantes pour la compétitivité
mondiale que les taux des droits de douane et des tarifs. Dans un
deuxième temps, l'instabilité et les changements qui
surviennent à
l'extérieur de nos frontières ont une incidence rapide et
profonde sur la vie des Canadiens. Le défi majeur est donc de
renforcer notre capacité d'adaptation rapide à des
catastrophes naturelles et à d'autres perturbations
prévisibles, mais aussi à des tendances et à des
changements difficiles à prévoir et qui échappent
la plupart du temps à notre
contrôle.
« Les enjeux de sûreté mondiaux
continueront de façonner les liens en matière de
transport et d'échanges commerciaux. En raison de la
montée de puissances militaires et nucléaires,
jumelée à des tensions religieuses, ethniques et
territoriales, les échanges diminueront avec certains pays et
augmenteront avec d'autres. Pour que les systèmes de
transport soient adaptés, il faudra intégrer des mesures
de sûreté de plus en plus sophistiquées dans la
chaîne de transport. »
Une fois que tout ceci est accepté comme un
truisme, la seule perspective qui s'offre au Canada est de devenir une
plaque tournante pour le commerce mondial entre les oligopoles
mondiaux. Ce que le Canada apporte à ce commerce est
principalement son abondance en ressources naturelles qu'il exporte sur
les marchés mondiaux.
« La façon dont le ralentissement
économique, la volatilité des marchés en Asie et
la chute du prix des marchandises ont secoué l'économie
et les finances publiques canadiennes au cours de l'année
dernière rappelle avec force que l'économie canadienne
est ouverte et de modeste envergure, ce qui la rend plus susceptible
d'être influencée par
les événements mondiaux. Même si la valeur du
dollar canadien a baissé récemment et les taux
d'intérêt sont bas, ce qui aide à améliorer
la compétitivité du pays en ce qui concerne les
coûts dans les échanges commerciaux et encourage
l'investissement, le Canada ne devrait pas baser ses prévisions
économiques sur la stabilité de cette situation. Le
développement à l'échelle mondiale continuera
à encourager la demande et la concurrence pour les produits
agricoles, l'énergie et les autres ressources naturelles. Ces
marchandises, qui dépendent de notre capacité de tirer
parti des nouveaux marchés, représentent des occasions
d'exportations considérables, lesquelles susciteront
l'utilisation intensive
des transports. »
Il découle de tout cela que le Canada participe
à cette aventure en s'assurant que son système de
transport est mû par ce que le rapport appelle la «
concurrence », les « forces du
marché » et la « commercialisation »
de même que par la privatisation des avoirs nationaux, la
déréglementation des politiques et l'utilisation
accrue des frais d'usagers. Le pays tout entier doit être
transformé en une gigantesque chaîne d'approvisionnement
pour le transport principalement de matières premières et
de produits semi-finis vers les marchés mondiaux tout en
étant annexé à la Forteresse Amérique du
Nord par un gouvernement impérialiste américain de
pouvoirs de police au pays
et internationalement.
Cet ordre du jour provient de l'appui enthousiaste
exprimé par le gouvernement Harper au sujet de la pleine
intégration nord-américaine que demandent les
élites politiques et d'affaires des États-Unis.
En octobre 2014, le Council on Foreign Relations
(Conseil des relations étrangères) a publié le
rapport d'un groupe de travail qui présentait cet ordre du jour.
Le groupe de travail était présidé par David H.
Petraeus, général de l'armée américaine
à la retraite, ancien directeur de la CIA et présentement
président du KKR Global Institute,
et par Robert B. Zoellick, ancien président du Groupe de la
Banque mondiale et président du groupe des conseillers
internationaux de Goldman Sach.
Le rapport mentionnait que l'initiative du Partenariat
pour la sécurité et la prospérité (PSP),
une série de rencontres tenues entre les gouvernements
américain, canadien et mexicain pour promouvoir des mesures
visant à mettre les économies et les arrangements de
sécurité de l'Amérique du Nord sous le
contrôle des impérialistes américains, «
n'était pas à la hauteur de ce qui est requis, soit une
véritable transformation nord-américaine ». Le
rapport décrivait de façon très
détaillée cette transformation recherchée :
« Le groupe de travail est d'avis que le défi qui se pose
aujourd'hui est d'élaborer une vision nord-américaine, un
concept d'objectifs de politiques et de
coopération nord-américains, et de faire de cette
politique une priorité. »
À ce moment-là, le gouvernement Harper
avait tout de suite prévu d'investir 70 milliards $ de
fonds publics dans un cadre la politique nationale des portes
d'entrée et des
corridors, dont faisait partie le Nouveau plan Chantiers Canada, afin
de construire l'infrastructure nécessaire à la
création d'une économie nord-américaine
entièrement
intégrée au service des intérêts
oligopolistes. Plutôt que d'être des centres de
développement économique où les gens peuvent
gagner leur vie en bâtissant une économie
diversifiée, équilibrée et prosociale, une
économie contrôlée par et eux et où la plus
grande partie de la valeur qui est produite reste dans la
communauté et est mise à la disposition
d'un développement économique soutenu et
diversifié, les régions deviennent des portes et des
corridors servant les oligopoles mondiaux et leurs aventures sur
lesquels les gens n'exercent aucun contrôle.
Dans le contexte actuel, les oligopoles sont
possédés et contrôlés à partir des
centres de l'oligarchie financière. Mise à part la valeur
que les travailleurs reproduisent et qui va à leurs salaires et
avantages sociaux, la plus grande partie de la valeur ajoutée
que les travailleurs produisent passe de ces portes d'entrée et
corridors aux coffres privés
des oligarques, aux centres de l'oligarchie financière à
New York, Londres et Francfort. Cela laisse le Canada extrêmement
vulnérable aux crises économiques mondiales, aux
changements de prix des principaux produits, comme on le voit aux
bouleversements qui sont causés par la chute des prix de
marché du pétrole et de la potasse, de même
qu'à la chute de la demande mondiale d'uranium, de cuivre, de
charbon et d'autres ressources et aux attaques sectorielles
spécifiques comme l'attaque organisée en ce moment par
l'État américain contre la production canadienne de bois
d'oeuvre.
La gouvernance
Le Rapport Emerson recommande la
déréglementation et la privatisation tous azimuts des
industries du transport pour que rien ne vienne entraver la
capacité des sociétés privées à
manipuler l'économie pour servir leurs intérêts
étroits. Pour réaliser cette domination sans entraves des
oligopoles, le rapport recommande que l'État canadien joue
un plus grand rôle dans ce qu'il appelle le développement
des chaînes d'approvisionnement en une chaîne nationale et
s'assure que tous les avoirs de la société soient mis
à la disposition de l'édification d'empire.
On lit dans le rapport : « Contrairement
à d'autres pays comme l'Australie, le Royaume-Uni et l'Union
européenne, le Canada ne dispose pas d'un cadre de concertation
permanent réunissant les secteurs public et privé qui
s'intéresse à l'intégralité du
réseau national et dont l'objectif est de renforcer sa
contribution à la prospérité
économique. Des intérêts divergents, mais
néanmoins cruciaux, notamment en ce qui concerne
l'investissement dans les infrastructures, la recherche, l'innovation
et l'environnement doivent se concerter en se concentrant sur les
transports. Bien que Transports Canada soit la principale organisation
responsable de ce secteur, il n'existe aucun
mécanisme permettant de tenir compte de l'ampleur et de la
diversité des intérêts dans ce domaine, tant aux
niveaux interministériel et intersectoriel qu'à
l'occasion des pourparlers fédéraux-provinciaux.
« Le but serait
d'intégrer ces politiques à un cadre national pour la
construction et l'optimisation du réseau des transports au cours
des prochaines 20 à 30 années. Une telle
stratégie définirait les besoins en investissements,
l'infrastructure propice au commerce ; elle contiendra une
description de l'environnement
réglementaire et politique approprié et assurerait une
stabilité à long terme pour les investissements et ceux
qui investissent dans le réseau.
Le rapport décrit ensuite un processus dans
lequel les intérêts privés mondiaux assument de
plus en plus la gouvernance directe de l'État en devenant
eux-mêmes les preneurs de décisions en ce qui concerne ce
qui doit être privatisé et
dérèglementé, comment la valeur que les
travailleurs produisent doit être distribuée et toutes les
autres
questions d'importance.
« À la suite de l'Examen, il est
recommandé que Transports Canada, en collaboration avec les
provinces, les territoires et l'industrie, dirige l'élaboration
d'un cadre national sur les transports et la logistique fondé
sur des données probantes et des mesures du rendement
précises et claires » et « la mise en
oeuvre de la nouvelle structure de gouvernance proposée,
basée sur une approche collaborative des secteurs public et
privé ». Il poursuit : « Faire participer
le secteur privé en tant que source de connaissances et
d'expertise lors de l'établissement des priorités
permettrait aussi d'obtenir de meilleurs résultats. Les
décisions importantes relatives aux investissements seraient
fondées sur des données probantes et prises en tenant
compte de mérites objectifs et dans le but de maximiser les
résultats et de garantir la transparence du
procédé. »
Le rapport ne cache pas que son objectif est de
remettre tout pouvoir aux intérêts privés des
oligarques qui possèdent et contrôlent la richesse sociale
qui est disponible pour les grands investissements. Cela comprend les
épargnes mises en commun de la classe ouvrière que
l'oligarchie financière contrôle.
« À la suite de l'examen, il est
recommandé que le gouvernement du Canada prenne des mesures pour
attirer plus d'investissements du secteur privé pour le
financement des projets d'infrastructure de transport, notamment :
« a. définir les priorités
nationales à partir du plan d'infrastructure de transport et de
la liste de projets,
recenser les biens moins essentiels qui pourraient être
privatisés et attirer l'attention sur les projets et les
initiatives qui pourraient intéresser les investisseurs
du secteur privé ;
« b. travailler avec les investisseurs
institutionnels et les caisses de retraite pour envisager l'utilisation
d'autres outils ou mécanismes permettant d'attirer et de tirer
partie des investissements du secteur privé dans les
infrastructures de transport. Voici ce qui doit être fait dans le
cadre de cet effort :
« i. examiner la politique financière et
le cadre réglementaire en vigueur afin de s'assurer que le
système ne décourage pas systématiquement les
investissements du secteur privé dans les projets de transports
canadiens ;
« ii. proposer des modifications
législatives visant à éliminer ces obstacles, dont
le règlement limitant les investissements provenant des caisses
de retraite ;
« iii. encourager et aider les institutions
financières privées à établir des fonds
d'investissement dans les infrastructures de transport qui
permettraient aux investisseurs privés (petits et grands)
d'atténuer les risques grâce à une mise en commun
des fonds et des investissements ;
« iv. adopter des politiques et un cadre
réglementaire stable qui protégeront autant que possible
les flux de trésorerie des investisseurs et inspireront aux
investisseurs institutionnels une plus grande confiance dans les
projets de PPP et d'infrastructure privés.
« En conclusion, cela favoriserait un
échange intéressant d'idées et le partage
d'expertise. Les membres pourraient participer à des tribunes
bilatérales, comme le Conseil de coopération en
matière de réglementation Canada -- États-Unis qui
a été créé pour accroître la
transparence et la coordination en matière de
réglementation entre les deux
pays. »
Portes d'entrée et corridors
Le Rapport Emerson accorde beaucoup d'importance aux
portes d'entrée et aux corridors en tant
qu'éléments-clés de la chaîne
d'approvisionnement. Il en donne la définition suivante :
« Les "Portes d'entrée"' sont les
principaux points de convergence du flux international de personnes et
de marchandises. Il s'agit des ports maritimes, des aéroports et
des postes frontaliers Canada -- États-Unis (voies terrestres ou
maritimes, ponts internationaux) qui servent de points d'entrée
et de sortie du pays.
« Un "corridor de
commerce et de transport" , selon la Banque mondiale, est un ensemble
coordonné d'infrastructures de transport, de logistiques et de
services qui facilitent le commerce et le flux du transport entre les
principaux centres d'activité économique. Un tel corridor
peut comprendre des points de transfert, comme des centres
intermodaux et des centres de distribution, où les marchandises
changent de mains ou sont transférées d'un mode de
transport à un autre. »
Le rapport recommande que les structures de gouvernance
publique-privée soient mises à profit pour renforcer les
portes d'entrée et les corridors existants : l'Initiative
de la Porte et du Corridor de l'Asie-Pacifique, la Porte et le Corridor
de commerce de l'Atlantique et la Porte continentale et le Corridor de
commerce
Ontario-Québec.
Le rapport mentionne que les conditions du commerce
mondial fluctuent, que les marchés sont volatiles et que des
crises se produisent, ce qui fait que ces immenses infrastructures se
retrouvent souvent peu utilisées mais il n'entrevoit aucune
autre direction pour l'économie que de continuer dans la
même voie. Cette direction comprend la
privatisation et l'expansion des portes d'entrée et des
corridors qui existent, la construction de nouvelles portes et de
nouveaux corridors et l'appropriation d'encore plus de terrains
à l'avance en vue d'une expansion encore plus grande.
Le rapport fait la recommandation suivante :
« À la suite de l'Examen, il est
recommandé que le gouvernement du Canada mette sur pied un
programme national de protection des corridors au cours des cinq
prochaines années, en collaboration avec Transports Canada,
Travaux publics et Services gouvernementaux Canada et les gouvernements
provinciaux comme partenaires. L'objectif
de ce programme serait de :
a) protéger les corridors de commerce et de
transport. Les efforts devraient comprendre, sans s'y limiter, la
détermination du tracé potentiel des corridors et les
besoins pour les emprises, la consultation des intervenants et du
public, et l'acquisition des terrains requis le long des
corridors ;
b) protéger les terrains industriels essentiels
pour l'agrandissement des installations des portes, dans le but de
créer un inventaire des zones portuaires industrielles et de
préserver ces zones, en prévision d'une éventuelle
croissance du commerce.
c) ajouter aux titres enregistrés des terrains
situés à proximité d'un corridor de commerce et de
transport existant ou futur ;
d) s'associer aux administrations municipales et au
secteur privé afin d'améliorer les écrans
acoustiques et les normes antivibrations dans les règlements de
construction des ensembles résidentiels dans les quartiers
adjacents à un corridor de commerce et de transport existant ou
futur. »
Le rapport qualifie cette soumission aux projets
d'édification d'empire des oligopoles mondiaux d' «
édification nationale ». Il essaie de masquer le
désespoir et le comportement irresponsable que
représentent la braderie du pays aux investisseurs mondiaux sur
lesquels les gens n'ont aucun contrôle et le fait de mettre les
avoirs de la
nation et la capacité des travailleurs canadiens à la
disposition des folles aventures de l'oligarchie financière
recherchant de grands coups d'argent et à la merci des crises
économiques inévitables et des guerres commerciales d'un
monde qui est au service des intérêts privés
étroits rivaux et de l'édification d'empire.
Le Rapport Emerson ne constitue pas une base pour la
réforme et l'amélioration du système de transport
du Canada et des lois qui le gouvernent. Il est une tentative
dangereuse de mettre l'ensemble des services et de l'infrastructure de
transport et en fin de compte des ressources naturelles du pays et du
temps de travail des travailleurs à la
disposition des aventures vouées à la crise des
oligopoles mondiaux à la recherche du profit, de la domination
et de l'édification d'empire. Il attaque le droit des Canadiens
de bâtir leur propre système de transport qui sert
l'édification nationale de même qu'une économie
indépendante diversifiée qui subvient à ses
besoins d'une façon réellement
moderne afin de garantir le bien-être du peuple et d'humaniser
l'environnement social et naturel.
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Marxiste-Léniniste
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