Numéro 5 - 18 février 2017
Notre sécurité est dans
la défense des droits de tous
Un sommet des conceptions du
monde impérialistes
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Notre
sécurité
est
dans
la
défense
des
droits
de tous
• Un sommet des conceptions du monde
impérialistes
• Rejetons l'annexion du Canada aux
États-Unis! Rejetons l'intégration au nom de la
prospérité et de la sécurité! Non à
la Forteresse Amérique du Nord!
• Pour l'unité d'action des peuples et
des travailleurs du Canada, du Mexique et des États-Unis
La rencontre
Trudeau-Trump
• Des accords Canada-États-Unis visant
l'intégration plus poussée dans la Forteresse
Amérique du Nord
• Lettres à la rédaction
Les relations de
prédateur du Canada avec le Mexique
• Le ministre des Ressources naturelles conduit
une mission
commerciale - Margaret Villamizar
• Grandes manifestations au Mexique contre la
réforme énergétique néolibérale -
Claude
Brunelle
• Chronique d'une privatisation à la
dérobée - Crismar Lujano
À venir
• Le Conseil canadien pour les
Amériques tient une conférence
à Toronto - Louis Lang
In Memoriam
David Stuart Mackay
C'est avec beaucoup de chagrin que le Parti communiste
du Canada (marxiste-léniniste) vous informe que notre camarade
David Mackay, un militant de longue date pour les droits des
travailleurs et des démunis du Canada et de sa bien-aimée
Écosse natale, nous a quittés subitement le 15
février 2017 des suites d'un arrêt cardiaque. David
est décédé à la suite d'une longue bataille
contre le SIDA, qu'il a affronté avec dignité et
résilience. Nous exprimons nos profondes sympathies à sa
famille et à ses nombreux amis.
David a grandi à Vancouver où ses parents
étaient politiquement engagés. Dans sa jeunesse, il a
été actif dans le mouvement contre l'impérialisme
américain et en appui aux peuples vietnamien, cubain,
palestinien et aux autres peuples luttant pour la libération. Il
a
participé à l'occupation étudiante de
l'Université Simon Fraser en 1968 pour la reconnaissance
des acquis pour les étudiants du collégial. Sur
les 114 personnes arrêtées, David est le seul
à avoir été condamné à une peine de
prison. Le
juge l'a condamné à six mois pour violation d'une
ordonnance de ne pas troubler la paix qui lui avait été
imposée lors d'une protestation précédente. Avec
le mépris typique de l'élite dominante pour les jeunes
qui se battent pour le nouveau, le juge a commenté :
« Certains apprennent par la méthode
dure. »
David a travaillé longtemps à Postes
Canada où il a milité dans le syndicat et défendu
les intérêts des travailleurs. Plus récemment il a
été enseignant d'anglais.
Dans les années 1990, il a
été
un participant actif aux forums organisés par le PCC(M-L) et a
été candidat du Parti marxiste-léniniste du Canada
aux élections fédérales
de 2004, 2008, 2011 et 2015. Il est
également
retourné en Écosse pour contribuer au mouvement pour la
souveraineté et l'indépendance, une cause qui lui a tenu
à coeur toute sa vie.
Jusqu'à son dernier jour, il a poursuivi sa
résistance aux projets des grands promoteurs immobiliers de
Vancouver dont l'avidité est en train de détruire la
ville et de la rendre inhabitable pour la classe ouvrière. Il a
joint ses efforts à ceux qui s'opposent à la destruction
de sites historiques
partout dans la ville et surtout dans le quartier ouvrier où il
a grandi. Cette année, lui et les autres résidents
regroupés dans une association pour le contrôle
communautaire du développement urbain ont entrepris des
poursuites contre un grand projet immobilier de ce genre.
David s'est intéressé à l'histoire
de la classe ouvrière toute sa vie. Il était bon
archiviste et collectionnait méticuleusement les informations
sur le mouvement ouvrier des 350 dernières années.
Lors d'une réunion organisée par le
PCC(M-L) à Vancouver en mai dernier pour célébrer
l'anniversaire de la victoire sur le fascisme à la conclusion de
la Deuxième Guerre mondiale, il a parlé
passionnément de l'internationalisme prolétarien et de la
participation de
sa famille à la lutte antifasciste.
David nous quitte en tant que militant sans compromis
de la classe ouvrière. Il ne supportait pas la bêtise de
ceux qui oublient le thème de l'immortelle Internationale
:
Nous ne sommes rien, soyons tout.
C'est la
lutte finale, groupons-nous et demain
L'Internationale sera le
genre
humain.
Il y aura une
commémoration de la vie et de la
contribution de David à l'humanité dont la date sera
bientôt annoncée.
Notre sécurité est dans la
défense des droits de tous
Un sommet des conceptions
du monde impérialistes
Trump accueille Trudeau avec un
haussement d'épaules
Quel était le but de la
rencontre du premier ministre Trudeau avec le président Trump
à Washington le 13 février ? Il semblerait que,
tout compte fait, rien n'ait été accompli, du moins
publiquement. Trump se heurte à des défis sans
précédent dans l'affirmation de ce qu'il considère
comme son droit divin d'émettre des
décrets et de recourir aux pouvoirs de police sans être
entravé par les apparences de la constitution américaine,
tandis que d'autres voudraient préserver ces apparences.
Préoccupé par ces développements, il a à
peine échangé avec Trudeau.
En fait, il y avait ce jour-même des signes que
la guerre civile s'envenime entre les factions rivales de l'oligarchie
financière américaine. Certains éléments
des agences d'espionnage américaines et d'autres
départements ont publié des informations
classifiées qui révèlent que Michael Flynn, le
conseiller à la sécurité nationale de Trump, a
enfreint la loi. Flynn a démissionné de son poste plus
tard dans la journée, ce qui a poussé Trump a
déverser son fiel contre « la communauté du
renseignement ». Sur son compte Twitter il a accusé
les agences du renseignement d'avoir distribué «
illégalement » des informations classifiées
« comme des bonbons ». À la
conférence de presse conjointe, Justin Trudeau est resté
insipide pendant que Trump lançait ses épithètes
racistes aux Mexicains et les accusaient de tous les maux. Et
pour bien démontrer l'insignifiance de Trudeau pour
l'élite politique américaine, le lendemain le
secrétaire de presse de la Maison-Blanche Sean Spicer a
parlé du premier
ministre « Joe Trudeau ».
Qu'est-il advenu de la
répétition incessante des fausses croyances
idéologiques qui a précédé le sommet ?
La presse canadienne avait parlé d'un Justin Trudeau qui «
se tiendrait debout » devant Trump, qui allait « se
battre pour les emplois canadiens » et insister pour que
Trump épargne le Canada avec ses décrets
présidentiels et sa politique commerciale agressive. D'autres
avaient dit qu'au contraire, le premier ministre devait trouver un
terrain d'entente et apaiser Trump, que ce serait une meilleure
façon d'atteindre le même objectif. C'est ce dernier
conseil que Justin Trudeau semble avoir suivi.
La grande absente des reportages médiatiques
était la discussion politique des enjeux fondamentaux dans une
situation pareille, comme le besoin d'affirmer la souveraineté
du Canada devant la quête de domination mondiale de
l'impérialisme américain et le danger de guerre
croissant. Les oligarques qui contrôlent l'économie ont
clairement
laissé savoir qu'ils veulent que le Canada joue le rôle de
réservoir captif de ressources naturelles pour
l'impérialisme américain. Cette direction va-t-elle
jamais
mener le Canada à la prospérité et la
sécurité ? L'imposition de fausses croyances
idéologiques détourne l'attention du besoin d'examiner ce
qui manque à l'économie canadienne pour
affronter un partenaire commercial aussi dominateur et peu fiable que
les États-Unis. Quelle direction faut-il donner à
l'économie pour qu'elle puisse subvenir à ses besoins
sans dépendre des exportations des ressources naturelles, qui la
rendent vulnérable et la mettent en proie aux crises que les
impérialistes américains ne cessent de
provoquer ?
La promotion de fausses croyances idéologiques
prive le peuple d'une conception du monde moderne lui permettant
d'analyser le monde tel qu'il est et non pas à partir d'une
réalité inventée par l'élite
impérialiste dominante. Elle élimine la discussion sur
les enjeux cruciaux de la guerre et de la paix en ce 21e
siècle et sur la mobilisation
nécessaire pour engager les Canadiens dans la lutte pour un
gouvernement antiguerre et faire du Canada une zone de paix. Toutes les
factions rivales de l'oligarchie financière américaine, y
compris Trump et Clinton, veulent accroître les
préparatifs de guerre et s'engager dans d'autres guerres
d'agression et guerres interimpérialistes.
Dans leurs
reportages sur la rencontre Trudeau-Trump, les médias de masse
canadiens ont lâcher un soupir de soulagement de voir que rien ne
s'était produit et que Trump ait épargné le Canada
avec ses tirs dans toutes les directions. Trump a dit ne vouloir que
des changements mineurs (« tweak ») à
l'ALÉNA, comme si c'était d'un réconfort pour les
Canadiens qui ont vu les oligopoles mondiaux resserrer leur emprise sur
leur économie avec cet accord de libre-échange au service
des intérêts privés étroits des oligarques
les plus puissants. Le Canada maintient son rôle dans les
alliances militaires agressives dominées par les
États-Unis que sont l'OTAN et NORAD. Trump n'a pas
demandé, du
moins publiquement, comme lui et Clinton ont l'habitude de le faire,
que les autres pays membres de l'OTAN contribuent 2 % de leur
PIB aux coffres de l'OTAN. Pour le Canada, cela voudrait dire doubler
ses dépenses militaires actuelles, à plus de 40
milliards $ par année, dans le cadre des préparatifs
de guerre et des
missions actuelles de l'OTAN, comme le déploiement massif de
soldats et d'équipement près des frontières
occidentales de la Russie.
Il n'y a pas eu de discussion dans les médias
sur le pourquoi de l'OTAN et de NORAD et sur les menaces que ces
alliances militaires représentent pour la souveraineté du
Canada. Ils n'ont pas parlé non plus des préparatifs de
guerre et de la participation active aux guerres d'agression et de
pillage qui sont parfaitement contraires au désir de
beaucoup de Canadiens de faire du Canada une zone de paix et
d'arrêter les campagnes constantes d'ingérence des
États-Unis dans les affaires des peuples et nations du monde.
La conception du monde de
l'oligarchie financière domine la pensée des deux chefs
d'État. Elle comprend une tendance à la guerre et
à la concurrence brutale pour la domination au pays et à
l'étranger. La conception du monde impérialiste est
contraire au renouveau démocratique et au contrôle des
peuples sur l'économie, les affaires
politiques et leur vie. Elle le considère comme un affront au
privilège de classe et une négation du droit divin de
ceux qui possèdent la richesse sociale de prendre toutes les
décisions. La conception impérialiste nie la
définition moderne qui veut que tous ont des droits du fait
qu'ils sont des êtres humains et que le Canada a des droits
souverains en
tant que nation moderne ayant la responsabilité de s'opposer
à la recherche de domination mondiale de l'impérialisme
américain.
Les fausses croyances idéologiques obscurcissent
la façon dont les problèmes se posent du point de vue des
travailleurs et de leur conception du monde, leurs
délibérations et leurs actions avec analyse pour trouver
une voie vers l'avant pour défendre les droits de tous.
LML écrivait avant la rencontre
Trudeau-Trump : « La promotion des fausses croyances
idéologiques détourne l'attention du fait que ce que
Trudeau négocie, c'est la place des oligopoles dans le Nouvel
Ordre que Trump est censé amener. »
Après le sommet de Washington, Justin Trudeau
s'est envolé pour l'Europe pour y faire la promotion des
intérêts privés des oligopoles favorisés par
l'Accord économique et commercial global avec l'Union
européenne. Beaucoup
de Canadiens sont contre cet accord car ils le considèrent comme
une autre arme aux mains des oligopoles pour fouler aux pieds
les droits des travailleurs et la souveraineté du Canada.
Les Canadiens veulent exercer un contrôle sur
leur travail, leur vie et leur avenir. Ils veulent enchâsser des
définitions modernes dans une constitution moderne et un projet
d'édification nationale qui garantit leurs droits et leur
bien-être, sans la domination écrasante de l'oligarchie
financière et le privilège de classe des riches.
Rejetons l'annexion du Canada aux États-Unis!
Rejetons l'intégration au nom de
la prospérité et de la sécurité!
Non à la Forteresse Amérique du Nord!
La rencontre entre le premier ministre Justin Trudeau
et le président américain Donald Trump à
Washington le 13 février s'est accompagnée d'un
battage médiatique à propos de la
prospérité et de la sécurité. Des
rencontres ont eu lieu
parallèlement entre les ministres canadiens des Affaires
étrangères, de la Défense, de la
Sécurité publique et des Finances et leurs homologues
américains pour conclure des accords dont on connaît
très peu de détails. Il y a aussi eu des rencontres de
coulisses dans la
confrérie des hommes riches, avec la participation notamment
de l'ancien premier ministre Brian Mulroney, qui a
négocié la vente aux enchères appelée
ALÉNA dans les années 1990, et de Wilbur Ross, ce
milliardaire notoire pour ses reventes d'usines et la liquidation des
régimes de retraite et des emplois.
Dans l'ensemble, on louange tout effort fait pour
éviter un chambardement dans les relations entre le Canada et
les États-Unis.[1] Ce
refrain constant sert à inculquer au corps politique la fausse
croyance idéologique que l'ALÉNA a été une
bénédiction pour l'économie canadienne, comme si
elle n'était pas en crise, comme si les ressources naturelles du
Canada n'étaient pas de plus en plus vendues à
l'état brut, comme le pétrole et le billot dans la
foresterie. Pendant ce
temps, un des modèles les plus réussis de monopoles
de gestion de l'offre, la Commission canadienne du blé,
contrôlée par les agriculteurs eux-mêmes, a
été démantelée et d'autres sont sous le
couperet, comme celle des produits laitiers, pour placer la production
alimentaire canadienne sous le contrôle des grands
intérêts
privés. Les services de santé, l'éducation et les
autres services publics sont privatisés de plus en plus
rapidement. On parle de relance économique mais sans reprise de
l'emploi et les travailleurs subissent une offensive
généralisée contre leurs pensions, leurs avantages
sociaux et leur
sécurité tandis que les riches s'enrichissent et que les
pauvres s'appauvrissent. Les assemblées législatives et
les tribunaux dictent les termes sur tous les fronts et la
résistance est criminalisée.
Piquet devant les bureaux de Chrystia Freeland, qui était alors
ministre du Commerce international, à Toronto le 26 novembre
2016 (A. Yang)
Il n'y a pas de discussion sur les véritables
résultats de l'ALÉNA pour les travailleurs et les
communautés. Sans la présentation de faits, comment
peut-on disputer la fausse croyance idéologique que
l'ALÉNA a été une bénédiction pour
le Canada, que
l'annexion du Canada dans la Forteresse Amérique du Nord et que
l'intégration du Canada, des États-Unis et du Mexique
dans de nouveaux États-Unis des oligopoles d'Amérique du
Nord sont de bonnes choses pour les peuples concernés ?
Ceux qui s'opposent à cette direction sont
considérés comme des traîtres, qui méritent
l'expulsion s'ils sont nés à l'étranger et
l'incarcération s'ils sont nés ici.
Le message fondamental des cercles dominants est qu'il
ne faut pas se méprendre sur qui a le droit de
délibérer de toutes les questions qui concernent le
peuple. Ce n'est pas ce dernier. C'est ce qui doit changer.
Note
1. Dans leurs reportages sur les rencontres entre les
représentants canadiens et américains à Washington
le 13 février, la presse monopolisée et ses experts
cherchent à désorienter les peuples du Canada et des
États-Unis pour les convaincre que
leurs intérêts sont liés à ceux de
l'oligarchie financière de ces pays. Ils déclarent qu'un
« terrain d'entente » a été
établi entre les deux gouvernements et que c'est une situation
« gagnant-gagnant » pour le Canada et les
États-Unis.
En voici quelques exemples :
Carlo Dade, directeur du Centre pour la politique sur
le commerce et l'investissement de la Fondation Canada West, est
cité par Reuters disant :
« J'ai pensé que c'était une
immense réussite. Au pire, nous aboutirions avec une situation
comme l'Australie, une relation solide qui vire mal. Or, nous avons en
fait obtenu un appui pour des emplois nord-américains, pour des
emplois au Canada et aux États-Unis, à travailler
ensemble, pas ‘l'Amérique avant tout', mais le
contraire. »
David Wilkins, ancien ambassadeur des États-Unis
au Canada, selon Reuters :
« Les commentaires du président sur
l'économie et la création d'emplois ont été
un signe très positif pour les Canadiens, surtout ceux qui
s'inquiétaient au sujet des relations commerciales. Je pense que
c'est une situation gagnant-gagnant pour les deux pays. »
Walid Hejazi, professeur agrégé de
l'école de gestion Rotman de l'Université de Toronto,
parlant à un reporter de CBC News :
« Donald Trump et son administration ne
voient pas le Canada comme faisant partie du problème qu'ils
veulent régler. Le commerce entre les États-Unis et le
Canada n'est pas une situation gagnant-perdant mais bien une situation
gagnant-gagnant. »
Tasha Kheiriddin, chroniqueuse pour iPolitics
:
« La rencontre s'est mieux
déroulée que prévu. Ce n'était pas de la
fiction, pas en public en tout cas. Les deux hommes ont même
trouvé un terrain d'entente qui semblait peu probable :
l'avancement des femmes en milieu de travail. Dans l'ensemble, la
visite, la plus difficile de
sa jeune carrière politique, a été un travail bien
fait pour Justin Trudeau. Cela ne mènera peut-être pas
à une belle amitié, mais Trudeau n'est pas à la
recherche de l'amour mais bien du respect. Et sur ce, il semble
être sur un bon départ. »
Margaret Wente, du Globe and Mail,
écrit :
« Monsieur Trump ne nous a pas
raccroché la ligne au nez comme il l'a fait avec les
Australiens. Il ne nous a pas insultés comme il l'a fait avec le
Mexique. Pour l'instant, nous semblons l'avoir persuadé que nous
sommes son petit camarade inoffensif. Nos gars peuvent revenir à
Ottawa et se verser
un bon verre. L'idée du cabinet du premier ministre de
créer un événement positif mettant en vedette des
femmes d'affaires occupant des postes de direction était
franchement un coup de génie. C'était un
non-événement manufacturé qui fait du bien et que
tout le monde,
même les médias, peut applaudir pour remplir les ondes.
Cela a donné à M. Trudeau la chance de redorer son image
de féministe et à M. Trump la chance de réparer sa
réputation de porc sexiste. Le sommet des femmes d'affaires a
aussi donné aux deux hommes un
prétexte pour trouver un terrain d'entente... »
Pour l'unité d'action des peuples et des
travailleurs du Canada, du Mexique et des États-Unis
Le discours agressif et chauvin de l’administration
Trump contre la souveraineté du Mexique est une indication du
caractère nocif des politiques commerciales des forces qui
veulent établir les nouveaux États-Unis des oligopoles
d’Amérique du Nord. Le gouvernement Trudeau soutient de
façon éhontée les intérêts
privés qui veulent piller le Mexique encore plus qu’en ce moment
et reste silencieux devant les tirades du président
américain contre le Mexique. Certains tentent de faire passer ce
silence pour une vertu. On dit qu'un des accomplissements de Trudeau
lors
de son voyage à Washington le 13 février a
été de convaincre Trump que le Canada n'est pas comme le
Mexique et que les relations commerciales entre le Canada et les
États-Unis profitent aux États-Unis. Des
représentants de l'élite dominante au Canada ont
crié victoire lorsque Trump a dit en conférence
de presse que les relations commerciales entre le Canada et les
États-Unis « présentent une situation beaucoup
moins grave que ce que nous avons à la frontière
sud ».
Pendant que le Canada jette ainsi le Mexique aux loups,
il sert aussi de facilitateur pour l'entrée de monopoles
nord-américains dans le secteur nouvellement privatisé de
l'énergie au Mexique. Durant les jours précédant
la rencontre avec Trump, le Canada a cherché à tirer
avantage
de la déstabilisation des relations entre le Mexique et les
États-Unis en dépêchant une
délégation de représentants de haut niveau des
monopoles du secteur des mines et de l'énergie au Mexique. Les
médias rapportent par ailleurs que le Canada a
révisé les termes de
l'ALÉNA dans son rapport avec les États-Unis et que le
Canada espère honteusement « ne pas être pris
dans la tourmente à la table de négociation quand les
Américains vont s'en prendre au Mexique ».[1]
LML appelle les Canadiens à s'opposer
aux tentatives de briser l'unité des peuples et des travailleurs
du Canada, du Mexique et des États-Unis. Les travailleurs
canadiens se font dire qu'ils profitent de l'ALÉNA et qu'ils
doivent par conséquent se porter à sa défense. On
leur dit
qu'ils ne devraient pas s'inquiéter outre mesure de ce que fera
l'administration Trump puisque c'est le Mexique qui écopera le
plus. Le gouvernement et les médias canadiens alimentent la
désinformation qui prétend que les travailleurs aux
États-Unis seront avantagés par les mesures
destructrices et agressives de Trump contre le Mexique et que les
travailleurs américains et canadiens seront avantagés par
une réorganisation de l'ALÉNA pour faciliter encore plus
les choses pour les grandes entreprises.
Les travailleurs des trois pays
savent très bien que l'ALÉNA n'est pas à leur
avantage et que ce sont eux qui feront les frais de l'offensive de
l'administration Trump et des oligopoles. Ces derniers
considèrent l'ensemble de l'Amérique du Nord comme le
territoire de leurs empires. Avec des arrangements
comme l'ALÉNA, ils se sont donnés les moyens de forcer
les travailleurs à rivaliser entre eux à l'échelle
du continent pour exercer une pression à la baisse sur les
salaires et les conditions de travail de tous, pour fermer et rouvrir
des usines selon ce qui sert le mieux les bâtisseurs d'empire.
Donald Trump en tant que représentant de
l'impérialisme américain demande maintenant que les
termes de l'ALÉNA soient changés pour renforcer
l'hégémonie américaine dans le contexte actuel et
en particulier renforcer la domination américaine dans
différents
secteurs de l'économie liés à la production de
guerre. Au Canada, cela signifie assurer le contrôle sur les
ressources naturelles stratégiques, surtout l'énergie,
retirer les mesures de protection toujours en place pour les produits
laitiers, des mesures mises en place dans le passé pour
empêcher
l'inondation du marché par les produits américains. Cela
veut dire autoriser la présence d'agents et d'équipements
de sécurité américains dans les usines et les
corridors de transport au Canada pour pré-autoriser les
expéditions et d'autres mesures pour réaffirmer le
rôle du Canada comme simple fournisseur de ressources naturelles.
Pour le Mexique, les États-Unis veulent qu'il continue de
produire des aliments frais et des denrées de base pendant
que Trump fait pression sur les oligopoles américains qui ont
des usines au Mexique pour qu'ils transfèrent la
production aux États-Unis sous peine de pénalités
sévères, qui peuvent par contre être amoindries
s'ils investissent dans les projets de privatisation des
infrastructures du nouveau président.
À cette fin, l'administration Trump encourage
une âpre concurrence aux États-Unis entre les anciens
États esclavagistes et les États qui ont passé des
lois antisyndicales au nom du « droit au
travail » pour permettre aux oligopoles de fermer et
d'ouvrir les usines à
volonté et uniformiser l'offensive contre les droits des
travailleurs. Entretemps, les rencontres prévues entre Trump et
le président du Mexique au début de février ont
été annulées par la partie mexicaine après
l'annonce des décrets présidentiels de Trump
le 23 janvier sur la construction immédiate d'un mur
à la frontière.
Il y a urgence à ce que les travailleurs du
Canada, du Mexique et des États-Unis expriment leur unité
d'action contre les tentatives d'imposer ces arrangements
régressifs en Amérique du Nord qui visent à
établir l'hégémonie des oligopoles
impérialistes
américains à la poursuite du plan pour
« redonner sa gloire à
l'Amérique ». La classe ouvrière du Canada, du
Mexique et des États-Unis a une fière histoire de lutte
pour ses droits et les droits de tous et refuse de se laisser diviser
en permettant qu'une section soit
ciblée pour le profit de l'autre.
Note
1. « Canada, United States will focus on
bilateral NAFTA negotiations », Robert Fife, Globe and
Mail, 15 février 2017
La rencontre Trudeau-Trump
Des accords Canada-États-Unis visant
l'intégration plus poussée dans la Forteresse
Amérique du Nord
Le 13 février, le premier ministre Justin
Trudeau s'est rendu à la Maison-Blanche pour y tenir des
rencontres officielles avec le président américain Donald
Trump. Il était accompagné notamment de ses conseillers
principaux Gerald Butts et Katie Telford, de la ministre des Affaires
étrangères Chrystia Freeland, du ministre de la
Sécurité publique Ralph Goodale, du ministre des Finances
William Morneau, du ministre des Transports Marc Garneau et du ministre
de la Défense nationale Harjit Sajjan. Trudeau et Trump ont tenu
deux rencontres bilatérales et une conférence
de presse et participé à une table ronde avec des femmes
PDG de grands monopoles principalement américains. Trudeau s'est
également entretenu avec le président républicain
de la Chambre des représentants Paul Ryan et le leader de la
majorité au Sénat, Mitch McConnell.
Trudeau et Trump ont émis une déclaration
commune qui décrit le caractère des relations
bilatérales entre les deux pays sous l'administration Trump. La
déclaration commune donne le ton sur ce que sera la teneur des
relations bilatérales entre les deux exécutifs dans la
période qui vient.[1]
Communiqué conjoint et questions connexes
Commerce
On lit dans la déclaration commune émise
par Trudeau et Trump :
« Nous soulignons l'importance de
bâtir sur cette solide fondation, en faveur du commerce et de
l'investissement et pour approfondir davantage notre relation avec
l'objectif commun de renforcer la classe moyenne. »
Les médias se sont
beaucoup intéressés à ce commentaire que Trump a
fait lors de la conférence de presse : « Notre
relation commerciale avec le Canada est vraiment remarquable. Nous
allons l'ajuster. Nous allons faire certaines choses qui vont
bénéficier aux deux
pays. C'est une relation beaucoup moins difficile que celle que nous
avons à la frontière sud. À la frontière
sud, cela fait des années que la relation commerciale n'est pas
équitable pour les États-Unis. C'est une relation
très inéquitable. Nous allons travailler avec le Mexique,
nous allons en faire une relation équitable pour les deux
parties. Je pense que nous allons très bien nous entendre avec
le Mexique ; ils comprennent la situation et nous la comprenons
nous aussi. »
De tous les aspects de la visite, c'est celui-là
que les médias présentent comme une victoire majeure de
Trudeau. On spécule maintenant sur ce que le mot
« ajuster » veut dire. Certains commentateurs et
hauts fonctionnaires canadiens ont accueilli avec délices la
nouvelle que c'est le Mexique qui semble être la cible principale
de Trump. Dans un article du Globe and Mail , Robert Fife
attribue ce commentaire à un « haut fonctionnaire
canadien » : « Nous pensons qu'il y aura des
choses qu'ils vont vouloir soulever et régler avec
nous pour ensuite pouvoir dire aux Mexicains que 'nous avons
négocié ceci avec le Canada, est-ce que ça vous
convient ?' [...] il y a des choses qui peuvent être
réglées uniquement par des négociations
bilatérales. [...] Nous ne voulons pas faire partie du
triumvirat quand le
problème qui est mis sur la table ce sont les drogues mexicaines
qui entrent aux États-Unis, ou l'immigration illégale ou
la construction d'un mur », a dit le représentant
canadien.
D'un autre côté, Fife cite l'avocat en
matière de commerce John Weekes, dont on dit qu'il a aidé
à négocier l'ALÉNA. Weekes a dit que
« beaucoup de gens pensent que ce serait très
profitable pour nous de nous asseoir et de négocier de
façon
bilatérale avec les Américains, mais ça n'est pas
mon opinion. Si on a quelqu'un d'autre avec nous dans la salle, surtout
si nous allons être pris à partie, l'attention va surtout
être portée sur les Mexicains et ça c'est une bonne
chose. »
Prétendre que les Canadiens devraient
débattre de comment mettre l'oligarchie financière du
Canada dans une meilleure position que celle du Mexique est quelque
chose de méprisable et ne sert ni le peuple canadien ni le
peuple mexicain.
Réglementation et
standards
La déclaration commune réitère la
direction qui a été établie par les gouvernements
canadiens et américains précédents, à
savoir le recours aux pouvoirs exécutifs pour harmoniser la
réglementation et éliminer les règles qui peuvent
entraver les oligopoles. Il s'agit en particulier d'aligner par
défaut les standards prescrits par les organismes
réglementaires canadiens à ceux des États-Unis, en
ce qui a trait notamment à l'industrie pharmaceutique, à
la pollution automobile et à l'emballage des produits. C'est
notamment le cas
des normes manufacturières, des mesures de protection de
l'environnement, des normes du travail et de l'imposition.
On y lit :
« Nous poursuivrons notre discussion
à l'égard des questions réglementaires et
tenterons d'obtenir des résultats réglementaires communs
qui sont adaptés aux entreprises et permettent de réduire
les coûts et d'augmenter la rentabilité sans compromettre
la
santé, la sécurité et les normes
environnementales. Nous travaillerons de concert sur la question de la
mobilité de la main-d'oeuvre dans divers secteurs
économiques. »
Infrastructure
L'accent est mis sur les grands projets
d'infrastructure dans lesquels des milliards de dollars de fonds
privés et publics vont être mis afin de faciliter le
mouvement de plus grandes quantités de ressources, de biens et
de gens.
La déclaration mentionne :
« En raison de notre intérêt
commun à l'égard des investissements en infrastructure,
nous encouragerons toute occasion pour les entreprises des deux pays de
créer des emplois grâce à ces investissements. Plus
particulièrement, nous attendons avec impatience
l'achèvement dans les plus brefs délais du pont
international Gordie-Howe, qui sera un lien économique crucial
entre nos pays. »
Le pont international Gordie-Howe est un projet
de 5 milliards de dollars qui va relier Windsor en Ontario et
Détroit au Michigan. Le projet a été
négocié par les administrations Harper/Obama et sera
construit par le privé et administré par les
péages. Alors qu'on fait tout un
bruit sur qui va payer pour le mur que propose l'administration Trump
le long de la frontière avec le Mexique, le pont Gordie-Howe est
entièrement financé par les gouvernements du Canada et de
l'Ontario et cela comprend même le U.S. Customs Plaza du
côté de Détroit. Alors que c'est le
gouvernement canadien qui va payer la note, au nom notamment de la
« création d'emplois », il se pourrait
bien que les règles exigeant d' « acheter
américain » s'appliquent à la construction du
côté américain.
Énergie
La déclaration mentionne ce qui suit en ce qui a
trait à l'énergie.
« En effet, la sécurité
énergétique, un réseau énergétique
puissant et sûr et une infrastructure énergétique
robuste et résiliente, qui favorise l'efficacité
énergétique dans les deux pays, sont des objectifs
importants à nos
yeux. »
On parle ici de
l'intégration nord-américaine en cours des réseaux
d'électricité et d'autres formes d'énergie afin de
satisfaire aux demandes des oligopoles. Le Canada présentement
ne possède pas son propre réseau de distribution
d'électricité, pas même
son propre « réseau » de transport du
pétrole et du gaz pour sa transformation au pays et son
exportation. Au lieu de cela, la distribution de
l'électricité et des autres formes d'énergie est
organisée sur une base nord-sud. À cet égard,
l'infrastructure
énergétique du Canada est considérée comme
une partie de l' « infrastructure essentielle »
de la sécurité intérieure des États-Unis,
sujette à son autorité.
La déclaration poursuit :
« En raison de la nature
intégrée de l'infrastructure critique qui appuie nos
économies interreliées, les cybermenaces dirigées
vers un pays peuvent avoir des incidences sur l'autre pays. Par
conséquent, nous nous engageons à collaborer davantage
afin d'accroître la
sécurité de l'infrastructure critique, la gestion des
cyberincidents, la sensibilisation du public, la participation du
secteur privé et les initiatives de renforcement de la
capacité. »
Le précontrôle
et le déploiement d'agents américains en sol canadien
Le gouvernement Trudeau a exprimé son
intérêt pour l'avenir des arrangements de
« précontrôle » que son gouvernement
et le gouvernement précédent ont négociés
avec l'administration Obama. En vertu de ces arrangements, les
voyageurs se rendant
aux États-Unis à partir du Canada par voie de terre, par
rail ou par bateau feront l'objet d'un
« précontrôle » effectué par
des agents américains installés en sol canadien.
Le projet de loi C-23 présentement
débattu à la Chambre des communes permettrait aux agents
des douanes américaines au Canada d'interroger, fouiller et
même détenir des Canadiens désirant traverser la
frontière, ce qui
veut dire à toute fin pratique que les lois américaines
s’appliqueraient au Canada de façon extraterritoriale, une
atteinte flagrante à la souveraineté du Canada.
La déclaration confirme que ces arrangements
vont se poursuivre et être élargis :
« ...nous sommes en train d'établir
une frontière digne du 21e siècle au moyen
d'initiatives, comme le précontrôle de voyageurs et les
opérations transfrontalières intégrées
d'application de la loi. De plus, nos pays se sont engagés
à
opérer un système coordonné de données sur
les entrées et les sorties pour que les registres
d'entrées par voie terrestre et aérienne dans un pays
établissent des registres de sorties pour l'autre
pays. »
La déclaration confirme aussi que la demande des
oligopoles d'instaurer un précontrôle des marchandises
à destination des États-Unis sera satisfaite :
« Étant donné le succès
d'opérations de précontrôle de voyageurs, nous nous
engageons à établir de telles opérations pour le
fret [...] Dans le contexte d'une frontière plus efficace et
plus sûre, nous étudierons des façons
d'intégrer davantage nos opérations frontalières,
notamment, analyser la possibilité de regrouper les
autorités frontalières dans des installations de
contrôle communes. »
On donne l'impression que ces arrangements ont un
caractère réciproque, mais jusqu'à maintenant
aucun précontrôle de la part d'agents canadiens
installés en sol américain n'a été mis en
place. En plus, la définition d' « installations de
contrôle
communes » n'est pas claire. Les travailleurs qui vont y
être employés devront-ils obtenir des autorisations de
sécurité ? En quoi ces installations seront-elles
communes ?
Plus loin dans la déclaration nous apprenons que
Trudeau et Trump se sont mis d'accord à l'effet que les deux
pays « collaboreront afin de trouver des solutions communes
afin de protéger notre population à l'égard du
trafic d'opioïdes illicites ».
Le projet de loi C-37, Loi modifiant la Loi
réglementant certaines drogues et autres substances et apportant
des modifications connexes à d'autres lois, contient des
clauses permettant aux agents de l'Agence des services frontaliers du
Canada et à certains employés de Postes Canada d'ouvrir
des lettres de
moins de 30 grammes sans mandat.
La loi qui a été adoptée suite au
septembre 2001 élargissait déjà les pouvoirs
des agents d'ouvrir le courrier mais pas des paquets pesant moins
de 30 grammes. Ce pouvoir est maintenant élargi au nom
d'empêcher l'entrée au Canada d'opioïdes, surtout du
fentanyl, prétendument en provenance de la Chine.
Le Canada sous le
commandement militaire des États-Unis
Selon la déclaration commune, les deux
administrations vont travailler à « la modernisation
et à l'élargissement de notre partenariat au sein du
NORAD dans ces domaines clés et les domaines cybernétique
et spatial ».
Malgré le
caractère vague de la déclaration, l'objectif visé
est de placer le Canada encore plus sous commandement militaire
américain. Cela comprend vraisemblablement l'installation de
nouvelles générations de capteurs de NORAD sous
contrôle américain en territoire
canadien qui peuvent surveiller le déplacement des personnes et
des biens. Cela comprend aussi le plan des cercles dominants du Canada
de présenter comme nécessaire le déploiement de
missiles et de capteurs au Canada dans le cadre du programme de
défense antimissiles des États-Unis, en créant une
hystérie au sujet d'attaques
contre des villes canadiennes.
La mention du « cyber » dans le
contexte de NORAD se réfère entre autres choses au Centre
cybernétique conjoint (JCC) qui a été
établi en 2012 par le U.S. Northern Command et NORAD. La
guerre cybernétique est devenue une priorité de tout
premier plan pour les forces armées américaines et les
cyberattaques sont présentées comme étant une
préoccupation constante des gens et une nouvelle forme de guerre
à laquelle ils ont à faire face.
On a un exemple de comment les
« cyberattaques » sont utilisées pour
promouvoir le recours aux pouvoirs de police avec l'appel du
gouvernement Trudeau à donner un plus grand rôle aux
agences d'espionnage du Canada dans les élections afin de
garantir la
« cybersécurité » des partis
politiques, de leurs banques de données et de leurs
systèmes informatiques. Depuis qu'il a officiellement
abandonné sa promesse de changer le système majoritaire
uninominal, le gouvernement Trudeau a fait de la mobilisation accrue
des agences du
renseignement dans les élections sa réforme
électorale principale.
La ministre des Institutions démocratiques
Karina Gould a dit ceci à la Chambre des communes le 9
février : « Le gouvernement prendra
également des mesures pour préserver
l'intégrité du régime démocratique du
Canada en protégeant le
processus électoral contre le piratage et les cybermenaces. Si
les partis politiques sont piratés ou compromis, ils pourraient
mettre notre système démocratique en péril. Les
partis politiques constituent une infrastructure démocratique
essentielle. Nous assurerons une meilleure protection de la
démocratie canadienne en aidant les partis politiques à
protéger leurs renseignements. Nous demanderons au Centre de la
sécurité des télécommunications d'analyser
le risque actuel de piratage informatique lié aux partis
politiques du Canada et d'en diffuser publiquement les
résultats. Ce plan permettra de mieux protéger la
démocratie canadienne en aidant les partis politiques à
se protéger.
« De plus, le Centre de la
sécurité des télécommunications
communiquera aux partis politiques les meilleures pratiques en
matière de protection contre le piratage », a dit
Gould.
Le secrétaire parlementaire de la ministre Mark
Holland a ajouté ceci : « Nous savons que la
question de la cybersécurité, en particulier comme nous
avons pu l'observer lors des récentes élections aux
États-Unis, était d'une importance primordiale. En
conséquence, dans sa nouvelle lettre de mandat, le ministre a
obtenu le pouvoir de s'attaquer à cette question et de veiller
à ce que notre cybersécurité soit assurée
afin de protéger la démocratie canadienne et, par le fait
même, les affaires de tous les partis. »
Le rôle du Canada dans
les alliances militaires agressives des États-Unis
Les États-Unis mettent l'accent sur le
rôle que joue le Canada dans leur Coalition internationale contre
Daech (le nom du groupe de pays qui mènent la guerre en Irak et
en Syrie sous commandement américain) et sur le leadership du
Canada dans un bataillon de l'OTAN en Lettonie.
On lit dans la
déclaration commune :
« Les États-Unis saluent les
contributions militaires du Canada, notamment au sein de la Coalition
internationale contre Daech et en Lettonie. »
Les États-Unis disent aussi avoir
« accueilli favorablement » la décision du
Canada d'étudier l'achat immédiat de 18 nouveaux
avions Super Hornet, afin de suppléer provisoirement la flotte
actuelle de CF-18 « jusqu'à ce que les appareils
de
remplacement permanent soient prêts ».
Dans la semaine qui a précédé la
visite de Trudeau, le ministre canadien de la défense Harjit
Sajjan a annoncé un montant de 404 millions $ pour
moderniser les véhicules blindés légers pour les
utiliser dans des opérations « domestiques et
internationales ».
Selon un article du numéro du 16
février du Globe and Mail , « Le budget de la
défense du Canada a atteint le 1 % du PIB ( le 10
février) grâce au contrat pour la modernisation des VBL
III ».
Suite à la rencontre des ministres de la
Défense des pays de l'OTAN le 16 février, le
ministre de la Défense Sajjan a annoncé que le Canada va
se pencher sur un accroissement de ses dépenses militaires afin
d'atteindre la cible de 2 % du PIB fixée par les
États-Unis. « Nous savions que les dépenses du
gouvernement précédent étaient basses et l'examen
de la politique de défense nous a permis de faire une analyse
approfondie de ce qui est requis. Oui, de nouveaux investissements en
défense vont être requis », a
dit Sajjan.
« Nous les Canadiens devons être
capables d'élaborer un plan complet et de démontrer quel
type d'investissement en défense est nécessaire, parce
qu'il s'agit d'un montant appréciable qui sera investi et que le
contribuable canadien va nous demander de nous assurer que l'argent
soit
dépensé de manière efficiente », a-t-il
dit.
Tout ceci montre que loin d'affirmer les sentiments
antiguerre des Canadiens, le gouvernement Trudeau place le Canada , de
la façon la plus servile, à la disposition des guerres
agressives au Moyen-Orient et en Afrique et de
l'accélération des préparatifs de guerre en Europe
et en Asie.
Note
1. Depuis le 11
septembre 2001 on assiste à un effort concerté des
impérialistes américains pour mettre en place de nouveaux
arrangements à tous les niveaux. Au Canada, cette annexion
à la Forteresse Amérique du Nord est
considérée par
l'élite dominante comme une affaire « non
partisane ». Tous les partis politiques qui ont
été au pouvoir ont poursuivi la mise en oeuvre de
nouveaux arrangements sur la sécurité et les
frontières, d'abord sur une base
« temporaire » sous le
gouvernement libéral de Jean Chrétien, qui disait qu'il
s'agissait d'arrangements spéciaux avec une clause de
« temporarisation » et une expiration. Ils ont
commencé à assumer un caractère permanent sous le
gouvernement de Paul Martin au nom de la
« prospérité
nord-américaine ». Sous le gouvernement conservateur
de Stephen Harper et l'administration de George W. Bush, ces
arrangements ont été élargis et ancrés plus
profondément et maintenant le gouvernement libéral de
Justin Trudeau pousse
l'enveloppe encore plus loin, d'abord avec l'administration de Barack
Obama et maintenant celle de Donald Trump.
Parmi les mécanismes établis à
cette fin, il y a la « Déclaration sur la
frontière intelligente » (2001), le
« Partenariat pour la sécurité et la
prospérité » (2005) et plus récemment
l'accord
« Par-delà la frontière » sur la
sécurité et la compétitivité
économique (2011). Ces accords et d'autres ont été
négociés et appliqués par les pouvoirs
exécutifs du Canada, des États-Unis et du Mexique. Ils
ont
à toute fin pratique placé le territoire, les côtes
et l'espace aérien du Canada sous commandement militaire
américain et donné à des agents de
sécurité américains l'autorisation d'exercer leurs
pouvoirs en sol canadien. Ces arrangements ont placé les
ressources
naturelles et humaines des pays de l'Amérique du Nord sous le
contrôle direct des plus grands oligopoles. Les nouveaux
arrangements sont faits sur la base de l'intégration de
l'économie, des forces armées et des corridors de
transport, d'énergie et de sécurité du Canada, du
Mexique et des
États-Unis.
Lettres à la rédaction
Le gouvernement canadien se sert de la rencontre entre
Trudeau et Trump pour rassurer les oligopoles que le Canada va
continuer de sacrifier les intérêts de la classe
ouvrière et de la nation sur l'autel du profit oligopoliste. Ce
premier ministre est, comme son père, le prince des laquais de
l'impérialisme
américain. C'est un aplaventrisme sans gêne.
[Signé]
***
Par sa
référence à Winston Churchill lors de la
conférence de presse avec Donald Trump le 13
février, Trudeau a bien montré qu'il agit au service
d'intérêts privés et de la trahison nationale et
qu'il est un fervent défenseur de l'imposition des valeurs et du
« mode de vie »
anglo-américains au monde par des coups d'État et la
violence.
Trudeau aurait pu citer n'importe qui, alors pourquoi
Churchill ? C'est Churchill qui a lancé l'idée du
« rideau de fer » et qui a ouvert la
période de la guerre froide avec son discours du 5
mars 1946 à Fulton, au Missouri. Il a déclaré
une guerre froide
contre l'URSS. Il s'agissait essentiellement d'une campagne de
désinformation contre le communisme pour mieux faire la
promotion des valeurs et du mode de vie anglo-américains.
Churchill avait une haine mortelle du communisme et comme Trump et
Trudeau aujourd'hui, il cherchait par là à nier
l'existence d'une
crise du capitalisme. Il s'agissait dorénavant de tout mettre en
oeuvre pour prouver la supériorité du capitalisme et de
faire croire qu'il allait garantir le bonheur et la
prospérité pour toute l'humanité. Et c'est pour
cela que Churchill vient à l'esprit de Justin Trudeau, parce que
lui et Trump ont
décidé que devant la catastrophe du système
capitaliste, ils veulent justifier le gouvernement des pouvoirs de
police. C'est leur seule alternative et c'est triste à voir.
[Signé]
***
Ce n'est pas du tout un bon présage quand le
premier ministre du Canada cite Winston Churchill. Trudeau a dit :
« Winston Churchill a déjà dit que la vaste
frontière canadienne de l'Atlantique au Pacifique,
protégée simplement par le respect et des obligations
mutuelles,
était un exemple pour tous les autres pays et un modèle
pour le reste du monde. Voilà, chers amis, l'essence de la
relation entre le Canada et les États-Unis. »
Au nom de l'unité des « peuples
anglophones » contre le reste de l'humanité,
Churchill a préconisé le pouvoir militaire brutal et les
camps de concentration dans différents pays, à commencer
par la Grèce et l'Irlande, pour « défendre la
démocratie ». Cela a amené le monde à
s'interroger sur la signification de la
« démocratie » qui doit être
défendue par de tels moyens. Ce n'est pas bon signe que Justin
Trudeau ait soudainement la nostalgie de cette époque.
[Signé]
***
La rencontre Trudeau-Trump a permis de voir que le
« bon voisinage » qu'ils recherchent n'est pas du
tout dans l'intérêt des Canadiens, des Amériques
ou de quiconque autres que les puissants oligopoles.
« Avec un niveau d'intégration
économique et sociale sans pareil dans le monde, le Canada et
les États-Unis seront à jamais un modèle de bon
voisinage », a dit Trudeau. Or, cette intégration
économique et sociale qui émerveille le premier ministre
se fait
en violation des droits des Canadiens et crée une
insécurité sans précédent. Elle se fait aux
dépens des travailleurs canadiens et de la souveraineté
du Canada.
[Signé]
***
On apprend dans le communiqué de presse conjoint
de Trudeau et Trump que tous les aspects de la sécurité
frontalière vont être renforcés. C'est un
engagement à renforcer les pouvoirs policiers dans le cadre de
l'offensive récente contre les musulmans et les pays
ciblés par
les politiques de changement de régime, de la multiplication des
mesures de surveillance contre les citoyens canadiens et
américains et du déploiement d'agents américains
au Canada pour précontrôler les expéditions. Le
communiqué dit entre autres : « Chaque jour,
nous démontrons que la sécurité et
l'efficacité vont de pair, et nous sommes en train
d'établir une frontière digne du 21e siècle
au moyen d'initiatives, comme le précontrôle de voyageurs
et les opérations transfrontalières
intégrées d'application
de la loi. De plus, nos pays se sont engagés à
opérer un système coordonné de données sur
les entrées et les sorties pour que les registres
d'entrées par voie terrestre et aérienne dans un pays
établissent des registres de sorties pour l'autre
pays. »
J'accepte mal que les médias nous parlent du
« bon travail » fait par Trudeau pour
défendre les intérêts du Canada quand c'est tout le
contraire de la vérité.
[Signé]
***
Trudeau et Trump promettent
de réduire la réglementation. Imaginez ça !
Si les riches ont pu s'enrichir en appauvrissant les pauvres avec une
réglementation, imaginez ce qu'ils vont faire sans
réglementation ! On dit dans la déclaration
conjointe de Trudeau et Trump :
« Les États-Unis et le Canada reconnaissent aussi
l'importance de la coopération pour stimuler la croissance
économique, offrir des avantages à nos consommateurs et
entreprises et promouvoir un commerce libre et équitable. Nous
poursuivrons notre discussion à l'égard des
questions réglementaires et tenterons d'obtenir des
résultats réglementaires communs qui sont adaptés
aux entreprises et permettent de réduire les coûts et
d'augmenter la rentabilité sans compromettre la santé, la
sécurité et les normes environnementales. Nous
travaillerons de
concert sur la question de la mobilité de la main-d'oeuvre dans
divers secteurs économiques. »
La classe ouvrière du Canada et des
États-Unis est vue comme de simples consommateurs, et les
entreprises aussi. Cela montre l'urgence de donner une nouvelle
direction à l'économie. Les travailleurs et les
agriculteurs de nos deux pays ont vu de leurs propres yeux ce que donne
l'élimination des
restrictions aux frontières. Ce sont des secteurs entiers de
l'économie qui sont détruits. Les agriculteurs sont
menacés et la gestion de l'offre est tout simplement abolie. Les
travailleurs savent ce que veut dire plus d'efficacité et de
« mobilité de la main-d'oeuvre » : ce
sont leurs conditions de travail et leurs moyens de subsistance qui
sont sacrifiés, tandis que les ressources sont mises au service
de l'enrichissement des oligopoles et le tout exerce une pression
énorme sur la classe ouvrière. Que veut dire
« mobilité de la main-d'oeuvre » sinon que
les
travailleurs sont forcés de quitter leurs communautés et
de vivre dans l'insécurité constante à courir les
projets d'infrastructures et d'exploitation des ressources au Canada et
aux États-Unis, pendant que les
« indésirables » sont sacrifiés sur
l'autel du
capital ? Il est où leur droit à la
mobilité ?
[Signé]
***
Nous les travailleurs ne sommes pas du tout comme le
prétend Trudeau quand il dit à Donald Trump :
« Au bout du compte, le président et moi partageons
un but commun. Nous voulons tous deux nous assurer que les gens qui
travaillent fort puissent avoir de bons emplois, mettre de la
nourriture sur
la table pour leur famille et épargner pour aller en vacances de
temps à autre. » Quelle condescendance ! Les
travailleurs canadiens et américains luttent pour exercer un
contrôle sur l'économie et sur tout ce qui les touche. Lui
parle de « vacances de temps à
autre » ! Cela montre comment il est frivole avec la
vie des autres.
[Signé]
***
Trump et Trudeau se qualifient d'
« alliés indispensables au chapitre de la
défense de l'Amérique du Nord et ailleurs dans le monde
par l'intermédiaire de l'OTAN et d'autres organisations
multilatérales ». Avec Trudeau le Canada lie son
destin encore plus solidement aux
intérêts stratégiques des États-Unis et
à leurs plans de changement de régime dans le monde.
Trump a dit que la Corée du Nord est un grand problème et
Trudeau s'est empressé de rappeler la participation du Canada
à l'agression de l'impérialisme américain
contre la Corée dans les années 1950. Les dangers
que posent pour les Canadiens et les peuples du monde
l'intégration totale et la participation à la machine de
guerre américaine signifie qu'il faut intensifier la lutte pour
sortir le Canada de l'OTAN et de NORAD et exiger le
démantèlement de ces deux alliances militaires
agressives. Notre sécurité est dans la défense des
droits de tous, pas dans l'intensification des préparatifs de
guerre américains !
[Signé]
Les relations de prédateur du
Canada avec le Mexique
Le ministre des Ressources naturelles conduit une
mission commerciale
- Margaret Villamizar -
En même temps que le Canada sacrifie le Mexique
dans le cadre de ses relations avec les États-Unis, il cherche
à consolider des relations prédatrices avec ce pays et
à faciliter l'entrée des monopoles nord-américains
dans le secteur de l'énergie nouvellement privatisé du
Mexique.
Le ministre des Ressources naturelles du Canada, Jim
Carr, a conduit une mission commerciale officielle au Mexique
du 31 janvier au 3 février 2017. Le ministre
était accompagné de l'une des plus grandes
délégations commerciales jamais constituées au
Canada,
composée de représentants d'intérêts
privés des secteurs de l'exploitation minière, des
hydrocarbures et des « écotechnologies ».[1] Selon Ressources naturelles Canada,
cette mission était censée
« faire progresser les relations commerciales »
entre le Canada et le Mexique. Dans une note paternaliste, Ressources
naturelles Canada indiquait que les intérêts canadiens du
secteur des mines et de l'énergie, reconnus pour leur
corruption, l'enrichissement privé, la destruction de
l'environnement et les attaques contre les droits du peuple, allaient
« contribuer à l'atteinte des objectifs mexicains de
réforme énergétique et d'exploitation
minérale socialement responsable ». Ressources
naturelles Canada a également déclaré :
« Pour la première fois, des représentants des
peuples autochtones feront partie de la délégation de
Ressources naturelles Canada. »
Ressources naturelles Canada
a indiqué que la visite avait
« débouché sur de nouvelles alliances
commerciales assortissant le savoir-faire, les technologies et les
ressources du Canada aux besoins du Mexique ». Le ministre
Carr et le secrétaire à l'Économie du Mexique,
Ildefonso Guajardo, ont signé un protocole d'entente
« en vue de collaborer à l'exploitation durable des
ressources minérales. L'entente bénéficiera aux
deux pays dans les années à venir en augmentant les
échanges commerciaux, en stimulant la croissance et en
créant de nouveaux emplois ».
L'Association canadienne de l'électricité
et l'Asociación Mexicana de Energía du Mexique, qui
comptent parmi leurs membres beaucoup des mêmes grands oligopoles
de l' énergie et de services comptables américains et
européens, ont signé également un protocole
d'entente « qui améliorera encore davantage la
collaboration entre les deux pays ». Aux termes de la
constitution du Mexique, jusqu'en 2013, le secteur de
l'énergie du Mexique était de propriété
publique et opéré par le secteur public. Un amendement
constitutionnel adopté par le gouvernement de Enrique
Peña Nieto, avec le soutien du département d'État
des États-Unis de Hillary Clinton, a ouvert le secteur aux
investissements privés et aux investissements et prises de
contrôle par des intérêts étrangers. Le
résultat a
été une hausse considérable des prix du carburant
et, en 2016, pour la première fois, le Mexique est devenu
un importateur net de pétrole des États-Unis. Un autre
protocole d'accord a été signé concernant
l'exploitation minière.
L'accent de cette visite mis sur « le
dialogue avec les populations locales et les peuples
autochtones » était encore plus indécent. Un
exemple du dialogue avec les peuples autochtones que préconise
le Canada est l'avertissement servi par le ministre des Ressources
naturelles, Jim Carr, en
novembre 2016 : « Si les gens [les manifestants
contre les projets miniers et énergétiques] choisissaient
de ne pas être pacifiques, alors le gouvernement du Canada, par
ses forces militaires, par ses forces de police, s'assurera de la
sécurité des gens », avait-il
déclaré.
Selon le gouvernement néolibéral du
Mexique, la délégation du Canada a été
informée des « nouvelles
opportunités » d'investissements dans les secteurs de
l'énergie et des télécommunications à la
suite de l'ouverture de la
constitution mexicaine et de la privatisation des secteurs fondamentaux
de l'économie. Le gouvernement du Mexique a indiqué que
le Canada a convenu que « c'est un moment propice pour
renforcer les relations entre le Mexique et le Canada,
particulièrement dans les secteurs des mines, de
l'énergie et
des télécommunications ». Il a
déclaré que le ministre Carr a été
« agréablement surpris et a souligné le grand
intérêt des entreprises canadiennes à investir dans
les secteurs miniers et énergétiques du
Mexique ».
Dans une interview publiée le 12 janvier
par PanamericanWorld, David Robillard, président de la Chambre
de
commerce du Canada au Mexique (CanCham), a expliqué la
participation des entreprises canadiennes au Mexique. Il a dit que les
relations entre le Canada et le Mexique avaient augmenté
exponentiellement au cours des 20 dernières années
et qu'on s'attend actuellement à ce que ces investissements se
multiplient dans des secteurs stratégiques, étant
donné le bon climat qui existe pour cela en ce moment. Il a
souligné que le Canada est déjà la principale
source d'investissements étrangers dans le secteur minier du
Mexique. Robillard a dit que son organisme est « très
optimiste » au sujet du secteur de l'énergie, que
l'investissement canadien dans ce secteur est « sur le point
d'augmenter de manière significative. ... Je ne connais
pas d'autre gouvernement qui a réalisé de telles
réformes structurelles. »
Il a cité comme exemples de succès deux
entreprises du secteur de l'énergie qui faisaient partie de la
mission commerciale du gouvernement. TransCanada, dit-il, avait des
investissements d'une valeur de 500 millions $ au Mexique il
y a trois ans, et aujourd'hui ils sont de plus de 3
milliards $.
Une autre entreprise, ADCO, vient d'entrer dans le marché
mexicain et a déjà remporté deux projets d'une
valeur de 1,3 milliards $ dans la production
d'électricité et de transport de gaz, a-t-il dit. Une
troisième entreprise est engagée dans l'exploration de
puits de
pétrole considérés comme producteurs marginaux et
abandonnés par la société pétrolière
d'État Pemex, à l'aide de la technologie conçue
pour continuer l'extraction de ces puits, a-t-il expliqué.
Robillard dit qu'il y a environ 3 000 entreprises
canadiennes au Mexique. L'investissement direct est passé
de 500 millions $ en 1992 à12,6 milliards $
en 2012, l'année avant que la privatisation la plus
importante ait eu lieu. En 2015, l'investissement canadien direct
au Mexique était de plus de 14,8 milliards $
selon Affaires mondiales Canada. Le ministère de
l'économie du Mexique rapporte que le Canada est la
troisième plus grande source d'investissements étrangers
directs après les États-Unis et l'Espagne.
Les Canadiens soutiennent
des relations de respect mutuel et d'avantage réciproque avec le
Mexique. Les relations prédatrices qui convoitent les ressources
et les secteurs fondamentaux du Mexique construits par la classe
ouvrière de ce pays depuis qu'il a conquis son
indépendance et par la suite
créé une constitution pour défendre la nation ne
sont pas acceptables et sont contraires aux intérêts du
peuple du Mexique ou du Canada. De plus, le Canada n'a pas de
leçons à donner au peuple mexicain en ce qui concerne les
relations avec les peuples autochtones de leur pays. À cet
égard, les délégations qui prétendent
parler au nom de Canadiens et même des peuples autochtones du
Canada alors qu'elles visent l'enrichissement privé d'une
poignée et le pillage des ressources qui appartiennent de droit
au peuple mexicain doivent être condamnées.
Note
1. Mission au Mexique -- Liste des
délégués selon Ressources naturelles Canada :
Gouvernement provincial
Nouvelle-Écosse
Dirigeants et membres d'organisations autochtones
Sommet des Premières Nations, Le Ralliement
national des Métis, Conseil
canadien pour le commerce autochtone
Autorités de réglementation
Energy Regulator et Office national de l'énergie.
Secteur des minéraux
Canadian Association of Mining Equipment and Services
for Export, Endeavour Silver, First Majestic Silver Corp., Goldcorp,
Levon Resources, MAG Silver
Corp., Association minière du Canada, Primero Mining Co.,
Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs, Starcore
International Mines Ltd. et Torex Gold Resources Inc.
Secteur pétrolier et gazier
ATCO Group, Canadian Association of Petroleum Producers,
Clearstone Engineering, Enbridge, Questor
Technology et TransCanada.
Technologie propre/secteur de l'énergie
renouvelable
Association canadienne de l'électricité,
Association canadienne de l'Hydroélectricité, EnerDynamic
Systems Inc., Hydro-Québec, Manitoba Hydro International et
Northland Power Inc.
Autres participants
National Aboriginal Capital Corporations Association,
New Gold Inc., Gran Tierra Energy Inc., Canadian Solar Inc. et oneGRID.
Grandes manifestations au Mexique contre la
réforme énergétique néolibérale
- Claude Brunelle -
« Non à la gasolinazo! À bas la corruption!
», Mexico, 5 février 2017
Depuis le 1er janvier, le peuple mexicain est en
action et résiste à la récente et très
importante hausse du prix de l’essence et des autres combustibles
effectuée dans le cadre de la réforme de l’énergie
du gouvernement Peña Nieto. Cette hausse fait partie des
réformes structurelles néolibérales du
« Pacte pour le Mexique » signé par les
trois principaux partis de l’élite dominante peu
après qu'Enrique Peña Nieto du Parti
révolutionnaire institutionnel (PRI) ait pris la
présidence en 2012.
La Réforme énergétique a été
introduite sous prétexte d’apporter des
améliorations pour le peuple, notamment par la baisse des prix
du carburant. Il a été nécessaire de changer la
constitution pour ouvrir l'entreprise d'État des Pétroles
mexicains (Pemex) au secteur privé, notamment aux
investissements étrangers, et supprimer les subventions du
carburant pour que les prix soient au « niveau du
marché ». Jusqu'à présent cela a
conduit à une hausse de 48 % du prix des combustibles
sous
Peña Nieto, ainsi que des coûts plus élevés
pour de nombreux biens et services essentiels qui frappent plus
durement les personnes les plus vulnérables. D’autres hausses
sont prévues l’an prochain.
Le 9 février, la Coordination nationale des
travailleurs de l’Éducation (CNTE) a tenu une journée
nationale d’action contre la « gasolinazo » et
les autres réformes structurelles néolibérales
imposées par le gouvernement Peña Nieto avec
l’appui des autres partis de l’élite dominante. Les
enseignants, dont la grève de deux mois l’an dernier pour
défendre leurs droits et l’éducation publique a
été brutalement réprimée, ont marché
sur le Sénat national à Mexico
où ils ont exigé l’abolition de la réforme
énergétique et de la réforme de
l’éducation et ont livré des boîtes remplies
de milliers de pétitions signées par des citoyens qui
revendiquent l’éducation publique
pour tous.
« Non à la hausse du prix de l'essence - Peña Nieto
Out
», Pachuca, 5 février
2017
De nombreuses actions similaires continuent
d’avoir lieu partout au pays. Les citoyens exigent
l’annulation des mesures antisociales introduites en faveur des
monopoles mondiaux qui luttent pour les profits créés par
l’ouverture de leurs services publics fondamentaux et des actifs
nationaux à la privatisation et à la prise de
contrôle étrangère.
Des représentants du PRI et des autres
partis de l’opposition représentant les sections de
l’élite dirigeante du Mexique ont dû affronter la
colère du peuple à l’intérieur et à
l’extérieur des assemblées legislatives des
États, dans les rues et autres lieux publics. Les routes, les
stations-service et les autres installations de Pemex ont
été bloquées et les points de contrôle et
les postes de douanes aux point de passage de la frontière nord
ont été occupés. Les médias sociaux
sont
également devenus un forum pour les gens pour exprimer leur
colère et présenter leurs revendications. Pour
tenter d’apaiser la colère populaire, deux hausses hebdomadaires
des prix du carburant prévues pour le 4 février et
le 7 février ont été
reportées par le gouvernement. Le PDG de Pemex, José
Antonio González Anaya, a expliqué que la décision
de surseoir à la hausse a été prise à cause
d’un meilleur taux de change du peso par rapport au dollar
américain et une hausse des prix
internationaux du pétrole qui permettent d’« adoucir
le processus de transition », mais il a aussi averti que
cela ne pouvait « pas continuer pour toujours, »,
un défi auquel les gens sauront répondre et une
indication que de nouvelles luttes sont à
mener.
Selon plusieurs rapports, beaucoup des actes de
vandalisme, de pillage et de violence largement repris par les
médias monopolisés font partie des tentatives de
l’État de discréditer et criminaliser les actions de
protestation de la population et instaurer la peur. Des rapports
indiquent que des membres de
gangs ont été payés pour se livrer à ces
« pillages » et en général
créer un climat d’anarchie et de chaos pour justifier les
tueries et les arrestations qui commencé peu de temps
après le début des manifestations.
Tlalpan, 13 février 2017
Une autre caractéristique des actions de
protestation au Mexique, c’est qu’aucun des partis de l’élite
dominante n’a été capable d’occuper l’espace ouvert par
le profond mécontentement du peuple face à la destruction
de la nation en cours sous
couvert de « progrès ».
Malgré
les tentatives de gens comme l’ancien président Vicente Fox,
l’oligarque milliardaire Carlos Slim et Peña Nieto de se poser
en défenseurs de la nation en lançant des appels
intéressés à
l’unité contre Trump, les Mexicains ne se laissent pas duper.
Ils continuent à se battre pour l’annulation de la
gasolinazo, pour que le gouvernement fasse la lumière sur la
disparition en 2014 de 43 élèves de
l’école normale et d’exiger
« Fuera Peña Nieto ! » (Peña
Nieto dehors !), car ils savent que leur combat contre les
attaques de l’impérialisme américain sous Trump passe
nécessairement par régler ses comptes avec qui brade leur
pays et viole leurs droits au pays.
Chalco, 13 février 2017
Chronique d'une privatisation à la
dérobée
- Crismar Lujano -
Tlalpan, 13 février 2017
Le Mexique a commencé une année 2017
que beaucoup souhaiteraient voir finir maintenant. Les douze coups qui
ont sonné la nouvelle année - ou peut-être
sonné l'ancienne - ont aussi annoncé la plus forte hausse
des prix du carburant en près de deux décennies.
La nouvelle gasolinazo [hausse des prix de
l'essence] qui a été annoncée quelques jours
après Noël a suscité une vague d'indignation
populaire qui dans la première semaine de manifestations, de
mobilisations, d'occupation de stations-service, de grèves de
transport et de pillages a fait au moins six morts, 15
blessés et plus
de 1 500 arrestations.
De nombreux économistes soutiennent que cela est
un coup dur pour les Mexicains. Et l'effet multiplicateur du
coût de l'essence entraînera une hausse prédite de
trois pour cent de l'inflation qui va inévitablement augmenter
le coût de la vie de chacun, que l'on utilise un véhicule
ou pas.
Quels sont les nouveaux prix par litre de
carburant ?
L'essence Magna a augmenté de 13,98
à 15,99 pesos (0,77 $ US ), soit une augmentation
de 14,2 %.
Le premium est passé de 14,81
à 17,79 pesos (0,85 $ US). C'est le type d'essence qui
a subi la plus forte hausse, atteignant 20,1 %.
Enfin, le diesel a augmenté de 14,45
à 17,05 pesos (0,82 $ US), ce qui représente
une augmentation de 16,5 %.
En rétrospective, nous voyons que ce n'est pas
la première fois que le gouvernement mexicain a augmenté
le prix de l'essence. Au cours du troisième trimestre
de 2016, il y a eu trois hausses consécutives qui, avec
d'autres appliquées depuis l'arrivée au pouvoir de
Enrique Peña Nieto en décembre 2012,
représentent une
augmentation cumulative de 48 %.
La situation peut empirer
« Nous allons passer d'un environnement où
nous avons eu une essence unique, un prix unique et un seul
fournisseur, à un système où nous avons une plus
grande liberté, plus de choix, et où les prix
reflètent les fluctuations de coûts, comme n'importe quel
autre prix dans l'économie », a insisté
José Antonio Meade, secrétaire des
Finances du Mexique.
Le nouveau système
de vente d'essence n'a pas été pensé en une nuit.
En fait, il fait partie d'un plan de libéralisation des prix que
le gouvernement du président Enrique Peña Nieto a
l'intention d'utiliser pour que le carburant soit vendu aux prix du
marché dans tout le pays en janvier 2018. Cela signifie que
le prix final du carburant
reflétera au moins cinq variables : le prix international
du pétrole, des transports et des frais de stockage, ainsi que
le coût du raffinage, la majoration de chaque entreprise, les
taxes (TVA et IEPS [taxe d'accise spéciale sur la production et
de services]) et le taux de change entre le peso et le dollar
américain.
Cela aura deux conséquences immédiates.
Puisqu'il n'y aura pas de prix unique fixé par le gouvernement,
les prix changeront quotidiennement. Il n'y aura plus de
stations-service appartenant exclusivement à l'industrie
nationale, donc de nouvelles entreprises privées
étrangères seront également en mesure de fournir
le carburant. N'oubliez pas
que nous parlons d'un pays où la vente de l'essence
génère des profits de plus de 65 milliards $ US
par an.
L'allure trompeuse d'une réforme
énergétique
Le 4 janvier 2015, le président
Enrique Pena Nieto a donné l'assurance que grâce à
la réforme du secteur de l'énergie, il n'y aurait plus de
gasolinazos. Aujourd'hui nous savons que cette
annonce n'est rien d'autre qu'une promesse brisée avec des
ramifications encore plus sinistres.
De façon générale, la politique
énergétique préconisée pendant des
décennies par les différents gouvernements mexicains a
préparé le terrain à l'ancien modèle de
privatisation qui se caractérise par le transfert de la richesse
à l'étranger et le démantèlement de
l'économie nationale. Ce qui s'est passé avec l'industrie
pétrolière, qui est au centre
du débat depuis des années, est le meilleur exemple de ce
phénomène.
La Réforme énergétique
promulguée en 2014 a changé les règles du jeu
et ouvert la porte à une entreprise de plusieurs millions de
dollars. La loi a modifié les articles 25, 27
et 28 de la constitution dans le but d'autoriser la participation
de compagnies privées, à la fois mexicaines et
étrangères, à l'exploration et à
l'exploitation de 17 % des champs pétrolifères
ainsi qu'à la cession de droits à 79 % des
blocs de réserves pétrolières sur le territoire
mexicain. Selon les données de la Commission de
réglementation de l'énergie, les ressources potentielles
d'hydrocarbure du pays, le neuvième plus important producteur de
pétrole au
monde, seraient supérieures à 100 milliards de
barils. Ce chiffre comprend aussi des gisements de pétrole brut
connus et potentiels en eaux peu profondes, sur terre et en haute-mer,
et le gaz naturel et des couches de gaz de schiste dont l'extraction se
fait par fracturation hydraulique.
L'autre partie de la réforme concerne
l'entreprise hydroélectrique. En vertu de la Réforme
énergétique, le capital privé est lui aussi
autorisé à servir d'importants consommateurs comme les
industries et les compagnies qui représentent plus
de 50 % des ventes totales de la Commission
fédérale de l'électricité, et qui
en 2013
généraient pour le Mexique des revenus de 13
milliards $ US.
Comme on peut le voir, le Mexique est en train de
devenir un fournisseur stratégique de pétrole brut et
d'autres formes d'énergie pour d'autres pays, mais c'est au prix
de sa souveraineté nationale.
Une privatisation à la dérobée
Le déclin de la productivité de
Petróleos Mexicanos, Pemex, a été utilisé
en grande partie comme moteur de la Réforme
énergétique.
La principale et seule société
pétrolière publique du pays a des problèmes de
solvabilité.
Selon les données de 2015, elle avait
accumulé à ce moment-là des pertes de 40
milliards $US et une dette de presque 100 milliards $US.
Pendant ce temps, le réinvestissement minimal des
bénéfices dans l'industrie nationale a gâché
la possibilité d'utiliser le pétrole comme levier du
développement économique
du Mexique.
De cette crise, on peut voir que sous le couvert
d'assainir les comptes, de stimuler la productivité industrielle
de Pemex et d'accroître la concurrence au sein de ce secteur, le
gouvernement d'Enrique Peña Nieto a dissimulé son plan,
qui est de moins en moins dissimulé, de privatiser l'industrie
pétrolière.
À partir du milieu de 2015, la
société pétrolière d'État a
initié un processus d'appel d'offres par lequel les entreprises
américaines et britanniques du secteur pétrolier ont
été en concurrence les unes avec les autres pour tirer
profit des contrats de production conjointe pour l'exploration et
l'extraction d'hydrocarbures. Selon les estimations
de l'exécutif, le processus d'ouverture au capital privé
devait se traduire par une inondation d'investissements
étrangers qui allait aider au développement
économique du pays - une stratégie qui n'a pas connu de
succès jusqu'à présent parce que le flot de
l'investissement a été inférieur à ce que
le gouvernement prévoyait.
Il convient de noter que Pemex fournit au gouvernement
fédéral un tiers de son revenu annuel, alors que les
revenus du pétrole représentent 6,8 % du PIB du
pays. En d'autres termes, la privatisation de la société
d'État se traduira par une réduction des ressources
permettant de répondre aux besoins d'investissement public et,
selon
la logique du gouvernement actuel, va entraîner un renforcement
des attaques contre les programmes sociaux, ce qui est très
délicat à l'heure actuelle dans le contexte du vaste
mécontentement populaire qui existe face à la gestion
d'EPN [Enrique Peña Nieto].
Il ne faut pas oublier que tout ce contexte fait partie
d'un scénario de déchirure profonde du tissu social.
Selon les rapports du Conseil national pour l'évaluation de la
politique mexicaine de développement social (CONEVAL),
en 2014, des 127 millions d'habitants du Mexique, plus
de 55 millions vivaient dans la pauvreté.
De plus, selon une étude réalisée la même
année par la Banque mondiale, un tiers de la population du pays
a dû survivre avec moins de cinq dollars par jour.
Le coût de cette opération n'est cependant
pas uniquement socio-économique ; la perte de
souveraineté a aussi un prix politique. C'est sans aucun doute
une victoire pour les intérêts pétroliers
étrangers et leurs alliés au Mexique, qui ont
essayé de démanteler ce qui restait de l'industrie et du
pays.
(CELAG, 10
janvier 2017. Traduction: LML. Photos : SME, H. Gonzalez Bax)
À venir
Le Conseil canadien pour les Amériques tient une
conférence à Toronto
- Louis Lang -
Le Conseil canadien pour les Amériques tient
le 21 février une conférence sur le thème
« Nouvelles stratégies pour une nouvelle Amérique
du Nord » à l'hôtel Fairmont Royal York,
à Toronto. [1]
Parmi les commanditaires figurent Barrick Gold,
GoldCorp, Kinross, Lundin Mining, la Banque Scotia, la Caisse de
dépôt et placement du Québec, la Banque Nationale,
le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de
l'Ontario, KPMG, la Bourse de Toronto, ATCO, Ellis Don et SNC Lavallin.
Tous ont fait des superprofits depuis
de nombreuses années en exploitant les ressources naturelles et
le travail des peuples des Amériques et l'objectif de cette
conférence est de faire en sorte que cela continue.
Le thème de la conférence suggère
que les membres du CCA (les investisseurs dans les domaines miniers, de
la construction, de l'énergie et les autres
intérêts corporatifs) s'inquiètent de la nouvelle
situation à laquelle ils font face dans
l'hémisphère suite à l'élection de Donald
Trump. Ce qui est nouveau, c'est que l'administration Trump prend
des mesures pour démanteler les structures créées
depuis cinq décennies par la mondialisation
néolibérale. Ce bouleversement met en péril les
perspectives économiques des oligopoles qui ont dominé
l'Amérique du Nord, centrale et du Sud jusqu'à nos jours.
L'un des principaux orateurs à la
conférence est l'ancien premier ministre Brian Mulroney dont le
gouvernement a négocié l'accord de libre-échange
avec le gouvernement américain sous l'administration Reagan. Cet
accord a ensuite été élargi pour inclure le
Mexique dans l'Accord de libre-échange nord-américain.
En ce moment, Brian Mulroney est promu comme celui dont
les conseils sont si précieux pour Justin Trudeau, non seulement
parce qu'il favorise le libre-échange mais aussi parce qu'il a
des liens étroits avec le président Trump et certains
membres importants de son administration. En fait, l'élite
politique au Canada louange Brian Mulroney
pour son « travail en coulisses » lors des
préparatifs de la visite de Trudeau à Washington.
Le quotidien montréalais La Presse a
publié un article intitulé « Préparer le
terrain pour Trudeau », qui citait ce qui suit de Jean
Charest, ancien premier ministre du Québec : « Le
gouvernement Trudeau ne pouvait pas faire appel à une meilleure
personne que Brian Mulroney pour établir de bonnes relations. Il
connaît
bien M. Trump et plusieurs membres de son administration. »
Un éloge aussi vide de Mulroney ne peut avoir
d'autre but que de créer de la confusion au sujet de la
situation actuelle et des problèmes que confrontent la vaste
majorité des Canadiens. La discussion organisée par le
CCA ne règlera pas les problèmes économiques ou
politiques avec sa vision étroite comme quoi il faut tenter de
trouver dans
cette situation de nouvelles occasions permettant aux oligopoles de
continuer d'exploiter les peuples de l'hémisphère. Le CCA
refuse de reconnaître que les politiques
néolibérales de mondialisation et ce qui est
appelé le libre-échange sont en crise profonde. Toute
tentative de le revitaliser est vouée à l'échec.
Le peuple canadien ne sera
pas dupé et amené à prendre partie dans ce conflit
parce que les deux parties ont tort. Les politiques dangereuses de
Trump de mener des guerres économiques et politiques pour
imposer la domination de l'impérialisme américain sont
elles aussi vouées à l'échec.
Quant à Mulroney, les travailleurs n'ont jamais
oublié et ne lui pardonneront jamais ses actions. Les
arrangements mis en place avec l'instauration du libre-échange
n'ont pas apporté de prospérité à la vaste
majorité des Canadiens. Au contraire, les riches deviennent de
plus en plus riches et les pauvres sont acculés à une
pauvreté encore plus
grande, et ce, à un rythme sans précédent. Il n'y
a
pas eu de croissance du secteur manufacturier, sans laquelle il ne peut
y avoir d'économie équilibrée. Au lieu de cela, la
tendance à l'extraction et l'expédition de
l'énergie et des autres ressources naturelles s'est accrue,
entraînant une économie sans emploi.
Ce n'est pas une coïncidence qu'avec
l'avènement du libre-échange, les gouvernements à
tous les niveaux aient imposé des mesures
d'austérité qui ont réduit les soins de
santé et tous les programmes sociaux, obligeant les couches les
plus vulnérables de la société à se
débrouiller seules. Les salaires et la sécurité
des travailleurs, tant dans le
secteur privé que dans le secteur public, ont été
continuellement attaqués et les accords du passé
garantissant des pensions et des avantages sociaux aux retraités
ont été déchirés.
Les accords de libre-échange, sous
prétexte d'éliminer les formalités
administratives, ont permis aux compagnies de dicter aux gouvernements
quelles réglementations doivent être
éliminées parce qu'elles interfèrent avec les
bénéfices. La réglementation environnementale et
les lois du travail, et plusieurs autres formes de
réglementation n'ont
cessé d'être attaquées. Au même moment, la
privatisation et la déréglementation des services et des
biens publics ont été imposées parce que sous
l'ALÉNA les grandes sociétés peuvent poursuivre
les gouvernements pour toute mesure qui limite leur capacité
à faire des profits.
C'est cela le legs de
Mulroney, Chrétien, Martin, Harper et aujourd'hui Trudeau, qui
veulent tromper le peuple en l'amenant à soutenir un
système qui a créé de telles catastrophes pour le
peuple et la société et se trouve maintenant face
à une crise pour laquelle il n'y a pas de reprise.
Trudeau, Mulroney et leurs cohortes devraient avoir
honte d'eux-mêmes pour avoir suggéré aux Canadiens
que nous devons compter sur Wilbur Ross et Stephen Schwarzman ou tout
autre vautour repu d'argent pour obtenir des faveurs de Donald Trump.
Le fait même qu'un tel plan soit mis de l'avant démontre
que l'élite dominante est rongée
par une crise grave et sans espoir.
La vraie solution est dans l'établissement d'une
définition moderne de la démocratie où le peuple
exerce le contrôle et construit une économie qui le sert,
lui et la société, de même que des relations
étrangères qui reposent sur la souveraineté et le
respect mutuel et non sur la domination économique, politique et
militaire qui mène toujours à la
guerre.
Notes
1. Les conférenciers qui ont été
annoncés jusqu'à maintenant sont :
- Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada
- Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères du
Canada
- Luis Videgaray, ministre des Affaires étrangères du
Mexique
- Ildefonso Guajardo, ministre de l'Économie du Mexique
- Kimberley Breier, sous-directrice du Programme des Amériques,
Centre d'études stratégiques et
internationales ; directrice, Amérique du Nord, au Conseil
de la sécurité nationale sous l'administration George W.
Bush.
Le site Web du Conseil canadien pour les
Amériques décrit l'organisation comme « le forum de
discussion par excellence sur les questions politiques et
économiques dans l'hémisphère qui sont
essentielles au commerce et à l'investissement
canadiens ». Le CCA promeut l'appartenance à
l'organisation en offrant « un accès direct aux
représentants de haut niveau des secteurs privé et public
du Canada » et offre également « de
précieux contacts » à ses membres. Le conseil
d'administration de CCA est composé de représentants des
entreprises et des institutions financières
énumérées ci-dessus.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
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