Numéro 137 - 9 novembre 2016
99e anniversaire de la
Déclaration Balfour
Joignez la campagne du centenaire
de la Déclaration Balfour
PDF
La Grande-Bretagne doit
accepter sa responsabilité et mettre fin à sa
complicité dans la colonisation de la Palestine
De 1917 à 2017: la Palestine disparaît
Le secrétaire britannique aux
Affaires étrangères Arthur Balfour déclarait
le 2 novembre 1917 : « Le
gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement
l'établissement en
Palestine d'un foyer national pour le peuple juif [...] étant
clairement
entendu
que
rien
ne
sera
fait
qui puisse porter atteinte ni
aux droits civils
et religieux des collectivités non juives existant en Palestine
[...]. »
La
Campagne du centenaire de la Déclaration de Balfour
info@bdcc2017.com
www.bdcc2017.com
|
|
99e
anniversaire
de
la
Déclaration
Balfour
• Joignez la campagne du centenaire de la
Déclaration Balfour
• Comment la Grande-Bretagne a détruit
la Palestine, ma patrie - Ramzy Baroud
• L'acte le plus odieux
• La déclaration Balfour et la
création du Royaume de l'Arabie saoudite - Nu'man Abd
al-Wahid
99e anniversaire de la Déclaration
Balfour
Joignez la campagne du centenaire de
la Déclaration Balfour
Le 2 novembre était le 99e anniversaire
de la Déclaration Balfour,
une lettre de 1917 envoyée par le secrétaire
d'État britannique des
Affaires étrangères à un important dirigeant
sioniste britannique
promettant une terre en Palestine pour la colonisation
étrangère. Cet
acte criminel de l'empire britannique de «
donner » la terre d'un autre peuple usurpé pour la
colonisation durant
la Première Guerre mondiale a créé les conditions
pour toutes les
atrocités qui allaient être commises contre les
Palestiniens. Il a mené
à la proclamation d'un État sioniste. Il est à
l'origine du génocide
actuel et de la saisie des terres palestiniennes. Le travail est en
cours
dans plusieurs pays pour préparer le centenaire de cet
événement
en 2017.
Il sera important de garder à l'esprit les
objectifs et la stratégie géopolitique de l'empire
britannique à l'époque. Le premier ministre Lloyd George
et son secrétaire colonial Winston Churchill informaient le chef
de la fédération sioniste Chaim Weizmann en 1921 que
pour eux la Déclaration Balfour « a toujours
signifié la création
éventuel d'un État sioniste ». Pour s'assurer
que la minorité sioniste ait l'avantage, Lloyd George a dit
à Churchill : « Vous ne devez pas donner un
gouvernement représentatif à la Palestine. »
Le chercheur Nu'man Abd al-Wahid note : « Les nouveaux
colons juifs européens devaient être la garde
prétorienne de l'Égypte
et spécifiquement du canal de Suez. En tant que tels, dans les
mots de Winston Churchill, les Juifs européens seraient alors
‘particulièrement en harmonie avec les intérêts
véritables de l'empire britannique' plutôt que
d'être des ‘résidents non assimilés dans tous les
pays'. »[1]
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) condamne l'acte
infâme connu sous le nom de Déclaration Balfour et les
crimes qui
continuent d'être perpétrés contre le peuple
palestinien. Il est aussi
important de garder à l'esprit la collusion des gouvernements
canadiens
successifs dans l'édification d'empire, le projet sioniste, son
agression délibérée et ses guerres
préventives. Durant la Première
Guerre mondiale, le gouvernement Borden, à la requête de
Lloyd George,
facilitait le recrutement en Ontario par David Ben-Gurion pour la
«
légion juive », qui marchait sur Jérusalem
avec la force
expéditionnaire britannico-égyptienne du
général Edmund Allenby
seulement
cinq semaines plus tard, le 9 décembre 1917.
Ramallah, Palestine, 2 novembre 2016
En 1947-48, la contribution du ministre canadien
des Affaires étrangères Lester B. Pearson à la
légalisation de l'occupation de la Palestine historique aux
Nations unies lui a valu le titre ignominieux de « Balfour
Canadien » et son rôle durant l'invasion tripartite de
l'Égypte, l'occupation du canal de Suez et l'invasion de
l'Égypte
lui ont valu un prix pour le « maintien de la paix ».
Puis le 18 mai 1948, le conseil des ministres du Canada
décidait de reporter le débat sur l'application de la Loi
sur
l'enrôlement
à
l'étranger à la
Palestine pour faciliter le recrutement militaire des Canadiens par la
Haganah, une organisation paramilitaire établie pour
supprimer la résistance palestinienne.
Aujourd'hui le gouvernement de Justin Trudeau poursuit
la criminalisation de toute opposition au sionisme et au terrorisme
d'État d'Israël au Canada et à l'étranger
sous prétexte que c'est de l'«
antisémitisme ». Il l'a répété
concernant la résolution du 13 octobre de l'UNESCO,
l'organisation culturelle des Nations unies, qui
condamnait Israël pour les restrictions d'accès à la
mosquée Al-Aqsa par les musulmans à Jérusalem et
reconnaissait Israël comme un occupant étranger. Et pendant
qu'il tient ce discours le gouvernement Trudeau prétend
être contre l'islamophobie et en faveur de la tolérance.
Les Canadiens ont maintes fois exprimé leur
dégoût de ce type d'« amitié »
avec le sionisme israélien. Nous nous joignons aux peuples du
monde pour exiger que cesse l'occupation, que le droit de retour des
Palestiniens soit reconnu et que des réparations leur soient
faites.
La Campagne du centenaire
La Campagne du centenaire de la Déclaration
Balfour a été lancée le 2 novembre avec des
événements dans une dizaine de villes. Elle demande au
gouvernement britannique des excuses pour la Déclaration Balfour
et sa répudiation officielle et différentes
mesures de justice. Il y a eu des manifestations le 2 novembre
à
Jérusalem, Ramallah, Nazareth et Gaza en Palestine ; au
Caire en Égypte ; à Amman en Jordanie ;
à Damas en Syrie ; à Beyrouth au Liban ;
à Londres en Angleterre ; à Édinbourg en
Écosse ; et à Belfast en Irlande. Il y a eu des
manifestations devant plus de 25 ambassades britanniques dans le
monde et à Damas le lancement a été marqué
par une conférence nationale.
La déclaration de la campagne se lit comme
suit :
« Nous appelons la communauté
internationale et toutes les personnes éprises de paix et de
justice à se joindre à la campagne pour demander au
gouvernement et au parlement du Royaume-Uni :
« 1. de désavouer la
Déclaration Balfour et son rôle dans le
déplacement et la dépossession du peuple
palestinien ;
« 2. de présenter des excuses
officielles au peuple palestinien arabe pour avoir rendu possible par
la Déclaration Balfour le déplacement et la
dépossession du peuple palestinien ;
« 3. de reconnaître sa
responsabilité morale et légale historique dans les torts
causés en conséquence de la mise en oeuvre de la
Déclaration Balfour ;
« 4. de faire des réparations au
peuple palestinien suivant les principes et dispositions du droit
international, de la justice et de l'équité, qui
garantissent le droit de retour des réfugiés palestiniens
dans leur patrie et le droit à
l'autodétermination. »
Gaza, Palestine, 1er novembre 2016
Gaza, Palestine, 2 novembre 2016
Des comités ont été formés
dans plusieurs pays pour préparer le centenaire. À Gaza,
les Palestiniens ont manifesté les 1er et 2 novembre.
Le 2 novembre au quartier général de l'ONU, des
orateurs ont demandé à la communauté mondiale de
prendre le parti du peuple palestinien dans sa lutte pour l'affirmation
de ses droits.
Ils ont aussi lancé l'appel à approfondir l'unité
autour de la cause palestinienne devant l'agression israélienne,
soulignant l'importance de l'Organisation de libération de la
Palestine en tant qu'organisation de tous les Palestiniens.
Beyrouth, Liban, 2 novembre 2016
Amman, Jordanie, 2 novembre 2016
Le Comité national de la Jordanie pour
le 100e anniversaire de la Déclaration Balfour organise
présentement des séminaires et entreprend de ramasser des
centaines de milliers de signatures qu'il veut présenter
à la Chambre des communes et au gouvernement britannique.
À Damas, l'évènement a accueilli plusieurs
organisations qui
représentent plus de 500 000 Palestiniens vivant en
Syrie, des syndicats, des organisations politiques, sociales et
religieuses ainsi que Bouthainaa Shaaban, conseillère politique
du président de la République arabe syrienne.
L'événement a mis en lumière les ressemblances
entre la division coloniale du Levant et la prise de contrôle
étrangère de la Palestine, d'une part, et les efforts
impérialistes actuels pour diviser la Syrie et l'Irak à
l'aide de combattants étrangers.
Damas, Syrie, 2 novembre 2016
En Angleterre, la campagne Des excuses pour Balfour a
organisé un événement à la Chambre des
Lords le 31 octobre, parrainé par la baronne Jenny Tonge.
Majed Al-Zeer, le président du Centre du droit de retour des
Palestiniens, a affirmé : « Nous voulons la
reconnaissance officielle de la souffrance palestinienne. Nous nous
engageons à lutter pour l'autodétermination des
Palestiniens. »
Chambre des Lords, Angleterre, 31 octobre 2016
Devant le Parlement écossais à Édinbourg : la
députée du Parti national
écossais Sandra White et la député travailliste
Claudia Beamish
Belfast, Irlande, 2 novembre 2016
La Campagne populaire palestinienne contre la
Déclaration Balfour a émis un communiqué qui se
lit comme suit :
« La Déclaration Balfour a
été imposée par la puissance coloniale
britannique, qui n'avait aucun droit juridique ni
légitimité pour subjuguer la Palestine. Elle a
illégalement cédé notre patrie, la Palestine, au
mouvement sioniste. La Déclaration Balfour avait comme
objectif de créer une base coloniale occidentale en Palestine,
par la
création d'une patrie nationale pour les Juifs en Palestine, aux
dépens du peuple palestinien.
Protestation lors de la lecture de la Déclaration Balfour
à Jérusalem en 1919
|
« Le Royaume-Uni, avec des superpuissances comme
alliés, continue de jouer un rôle majeur en
défendant Israël et son appareil colonial d'apartheid, de
colonies de peuplement et de nettoyage ethnique des Palestiniens, lui
conférant une légitimité. C'est ce qui permet
à Israël d'agir avec impunité et l'incite à
continuer de nier aux Palestiniens
leurs droits fondamentaux : le droit à
l'autodétermination et le droit de retourner à leurs
maisons natales desquelles eux et leurs ancêtres furent
déracinés en 1948. Aujourd'hui, la Grande-Bretagne
prête main-forte aux États-Unis dans la
perpétuation du néocolonialisme.
« Sans les politiques coloniales britanniques qui
se sont poursuivies dès les premiers jours du soi-disant mandat
britannique en 1917 jusqu'au retrait des Britanniques de la
Palestine en 1948, la catastrophe palestinienne qui perdure depuis
cent ans n'aurait jamais eu lieu. Les politiques coloniales
britanniques comprirent le nettoyage
ethnique de près de 300 000 Palestiniens par
l'expulsion et le refus de la citoyenneté, le vol des
propriétés des Palestiniens qui furent ensuite
accordées aux colons israéliens, des armes et de la
formation aux colons israéliens, l'écrasement de la
résistance palestinienne par les moyens les plus horribles
imaginables, et la destruction de la
société palestinienne et de son tissu social. Ces
politiques ont éventuellement mené à la partition
de la Palestine et à la création d'Israël.
« La catastrophe vécue par le peuple
palestinien en 1948 se poursuit aux mains d'Israël,
aidé par les États-Unis, et suivant les mêmes
vieilles politiques et législations établies par les
Britanniques telles que les lois de confiscation des terres, la
démolition de maisons, la détention ‘administrative', les
déportations, la répression par la
violence et l'expulsion continue de près de 79 millions de
Palestiniens à qui on nie les droit humains et nationaux
fondamentaux, tout particulièrement le droit de retour et le
droit de vivre normalement dans la patrie qui est leur.
« Et comme la catastrophe (nakba) du peuple
palestinien n'aurait jamais eu lieu sans l'appui militaire,
diplomatique, économique continu et l'appui des médias
envers Israël par les Britanniques et l'occident qui se poursuit
jusqu'à ce jour, nous, les Arabes palestiniens en Palestine et
dans toute la diaspora, y compris les organisations et les
associations de la société civile palestinienne, appelons
toutes les personnes éprises de liberté du monde, tous
ceux et celles qui croient aux droits humains, à la justice et
aux valeurs humaines fondamentales à se joindre à nous et
à notre campagne. »
Pour la Campagne du centenaire de la Déclaration
Balfour, cliquez www.bdcc2017.com.
Note
1. Nu'man Abd al-Wahi, « The
Empire's Balfour Declaration and the Suez Canal », Churchill's
Karma, 20 décembre 2012
Comment la Grande-Bretagne a détruit
la Palestine, ma patrie
- Ramzy Baroud -
La route qui mène
nulle part du peintre Ismail Shammout (1930-2006) qui fut
expulsé de Lydda en 1948. Le sort des réfugiés est
dépeint dans beaucoup de ses tableaux. (Displaced
Palestinians)
Quand j'étais enfant dans un camp de
réfugiés à Gaza, j'attendais le 2 novembre.
Ce jour-là, chaque année, des milliers d'étudiants
et d'habitants du camp descendaient sur la place principale,
brandissant des drapeaux et des pancartes pour la Palestine et
condamnant la Déclaration Balfour.
À vrai dire, mon attente était
motivée en grande partie par le fait que les écoles
fermeraient inévitablement ce jour-là, et qu'après
une confrontation courte mais sanglante avec l'armée
israélienne d'occupation, je rentrerai tôt auprès
de ma mère si aimante et je mangerai un snack et regarderai des
dessins-animés.
À l'époque, je n'avais aucune idée
de qui était réellement Balfour, et comment sa «
déclaration » avait tout au long des années
changé le destin de ma famille et, par conséquent, ma vie
et aussi celle de mes enfants.
Tout ce que je savais, c'est que Balfour était
une très mauvaise personne et qu'à cause de son terrible
méfait, nous survivions dans un camp de réfugiés
entourés d'une armée violente et d'un cimetière
toujours en pleine expansion et rempli de « martyrs ».
Des décennies plus tard, le destin
m'amènerait à visiter l'église de Whittingehame,
une petite paroisse, où Arthur James Balfour est maintenant
enterré.
Alors que mes parents et mes grands-parents sont
enterrés dans un camp de réfugiés, un espace
toujours tenu à part sous un siège perpétuel et
des difficultés incommensurables, le lieu de repos de Balfour
est une oasis de paix et de calme. La prairie toute vide tout autour de
l'église serait assez grande pour accueillir tous les
réfugiés de mon
camp.
Et en définitive, je suis devenu pleinement
conscient de pourquoi Balfour était une « très
mauvaise personne ».
Autrefois premier ministre de Grande-Bretagne, puis
ministre des Affaires étrangères à la fin
de 1916, Balfour a promis ma patrie à un autre peuple.
Cette promesse a été faite le 2 novembre 1917
au nom du gouvernement britannique sous la forme d'une lettre
envoyée au leader de la communauté juive en
Grande-Bretagne,
Walter Rothschild.
À l'époque, la Grande-Bretagne n'avait
même pas le contrôle de la Palestine, laquelle faisait
encore partie de l'Empire ottoman. Quoi qu'il en soit, ma patrie n'a
jamais été la propriété de Balfour pour
qu'il puisse la transférer ainsi à l'aveuglette à
quelqu'un d'autre. Sa lettre disait : « Le gouvernement de
Sa Majesté considère
favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national
pour le peuple juif et mettra tout en oeuvre pour faciliter la
réalisation de cet objectif, étant entendu que rien ne
devra être fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et
religieux des communautés non juives existantes en Palestine, ou
les droits et le statut politique dont jouissent les
juifs dans tout autre pays. »
Il concluait : « Je vous serais
reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à
la connaissance de la Fédération sioniste. »
Ironiquement, les membres du parlement britannique
considèrent aujourd'hui que l'utilisation du terme «
sioniste » est à la fois antisémite et abusive.
Le gouvernement britannique ne manifeste aucun remord
après toutes ces années. Il n'a jusqu'à ce jour
pris aucune mesure liée à une quelconque
responsabilité morale, même symbolique, pour ce qu'il a
fait endurer aux Palestiniens. Pire encore, il est maintenant
occupé à vouloir contrôler le langage
utilisé par les Palestiniens pour qualifier
ceux qui les ont privés de leur terre et de leur liberté.
Balfour n'était de loin pas le seul
responsable... Certes, la Déclaration porte son nom, mais en
réalité, il était le fidèle agent d'un
empire qui avait des plans géopolitiques à très
grande échelle, non seulement concernant la Palestine mais aussi
tout le monde arabe.
Juste un an plus tôt, un autre et sinistre
document avait été signé, bien que
secrètement. Il avait été approuvé par le
haut diplomate britannique Mark Sykes et par François
Georges-Picot du côté français. Les Russes furent
informés de l'accord, car ils devaient également recevoir
un morceau du gâteau ottoman.
Le document indiquait que, une fois les Ottomans
vaincus, leurs territoires -- dont la Palestine -- seraient
divisés entre les les partis victorieux potentiels.
En fait, juste avant qu'il ne devienne premier
ministre, David Cameron a déclaré, devant le groupe des
« Conservateurs amis d'Israël », qu'il
était lui aussi « sioniste ». Dans une certaine
mesure, se déclarer sioniste reste un rituel à respecter
pour certains dirigeants occidentaux...
L'accord Sykes-Picot, également connu sous le
nom d'Accord pour l'Asie mineure, a été signé en
secret il y a exactement 100 ans, deux ans après la
Première Guerre mondiale. Il illustrait la nature brutale des
puissances coloniales qui rarement associaient la terre et ses
ressources aux peuples qui y vivaient et en avaient la
propriété.
La pièce maîtresse de l'accord
était une carte marquée de lignes droites par un crayon
épais. La carte a déterminé en grande partie le
sort des Arabes, en les divisant selon diverses hypothèses
très hasardeuses de lignes tribales et sectaires.
La carte de l'accord Sykes-Picot de 1916
Une fois la guerre terminée, le butin devait
être divisé en sphères d'influence :
- La France recevrait les zones marquées (a),
qui comprenaient la région du sud-est de la Turquie, le nord de
l'Irak -- y compris Moussol et sa région, et la plus grande
partie de la Syrie et du Liban.
- Les zones qui revenaient aux Britanniques
étaient marquées par la lettre (b), avec la Jordanie, le
sud de l'Irak, Haïfa et Acre en Palestine, ainsi qu'une bande
côtière entre la mer Méditerranée et le
Jourdain.
- La Russie se verrait accordé Istanbul,
l'Arménie et le détroit stratégique turc.
La carte improvisée consistait non seulement en
lignes, mais aussi en couleurs, avec un langage qui prouvait bien que
les deux pays considéraient la région arabe d'un point de
vue purement matérialiste, sans porter la moindre attention aux
répercussions possibles du découpage de civilisations
entières dont l'histoire était faite de
coopérations et
de conflits.
On peut lire dans cet extrait de l'accord :
« ... dans la zone bleue, la France, et dans la
zone rouge la Grande-Bretagne seront autorisées à
établir une administration ou un contrôle direct ou
indirect, selon ce qu'ils désireront et qu'ils jugeront
[nécessaire] à propos d'organiser un État arabe ou
une confédération d'États arabes. »
La zone de couleur brune, quant à elle, a
été désignée comme devant être sous
administration internationale, dont la nature devait être
décidée après de nouvelles consultations entre la
Grande-Bretagne, la France et la Russie. Les négociations
Sykes-Picot se terminèrent en mars 1916 et furent
officielles, bien que signées secrètement
le 19 mai 1916. La Première Guerre mondiale se termina
le 11 novembre 1918, après quoi la division de
l'Empire ottoman fut sérieusement entamée.
Les mandats britanniques et français ont
été étendus sur des entités arabes
divisées, tandis que la Palestine a été
livrée au mouvement sioniste un an plus tard, quand Balfour a
transmis la promesse du gouvernement britannique de sceller le destin
de la Palestine, condamnant celle-ci à vivre dans une guerre et
une instabilité perpétuelles.
L'idée des « artisans de la
paix » occidentaux et des « honnêtes
négociateurs », qui sont très présents
dans tous les conflits du Moyen-Orient, n'est pas nouvelle. La trahison
britannique des aspirations arabes remonte à plusieurs
décennies. Les Britanniques ont utilisé les Arabes comme
des pions dans leur « Grand Jeu »
contre d'autres prétendants coloniaux, et uniquement pour
ensuite les trahir tout en se présentant comme des amis à
la générosité sans borne.
Nulle part ailleurs cette hypocrisie n'a
été autant mise en évidence que dans le cas de la
Palestine. À partir de la première vague de migration
juive sioniste en Palestine en 1882, les pays européens ont
contribué à faciliter l'immigration tout à fait
illégale de colons, avec leurs ressources, s'installant dans de
nombreuses colonies, grandes
et petites.
Donc, quand Balfour a envoyé sa lettre à
Rothschild, l'idée d'une patrie juive en Palestine était
déjà une réelle possibilité.
Pourtant, de nombreuses et arrogantes promesses avaient
été faites aux Arabes pendant les années de la
Grande Guerre, alors que le leadership arabe auto-désigné
se rangeait aux côtés des Britanniques dans leur guerre
contre l'Empire ottoman. Les Arabes s'étaient alors vus
promettre une indépendance immédiate, dont celle des
Palestiniens.
L'idée dominante entre les dirigeants arabes
était que l'article 22 du Pacte de la Société
des Nations devait s'appliquer aux provinces arabes qui étaient
gouvernées par les Ottomans. Il avait été dit aux
Arabes qu'ils devaient être respectés en tant que «
mission sacrée de civilisation », et que leurs
communautés devaient être
reconnues comme des « nations indépendantes ».
Les Palestiniens voulaient
croire qu'ils étaient également inclus dans cette
civilisation « sacrée » et méritaient
tout autant leur indépendance. Leur attitude positive en
juillet 1919, en tant que délégués et votants
lors du Congrès pan-arabe qui a élu Faisal comme roi d'un
État incluant la Palestine, le Liban, la Transjordanie et la
Syrie, et leur soutien sans défaut à Sharif Hussein de La
Mecque, étaient la preuve de leur désir d'une
souveraineté si longuement convoitée.
Lorsque les intentions des Britanniques et leur
collusion avec les sionistes sont devenues trop évidentes, les
Palestiniens se sont rebellés, une rébellion qui 99
ans plus tard n'a jamais cessé, car les terribles
conséquences du colonialisme britannique et de la main mise
sioniste sur la Palestine n'ont cessé au fil de toutes ces
années.
Les tentatives pour calmer la colère
palestinienne n'ont servi à rien, surtout après que le
Conseil de la Société des Nations en juillet 1922
ait approuvé les termes du Mandat britannique sur la Palestine
-- accordé initialement à la Grande-Bretagne en
avril 1920 -- sans consulter les Palestiniens. Ceux-ci vont alors
disparaître des
centres d'intérêt britanniques et internationaux, mais
pour réapparaître comme des émeutiers sans grande
importance, des fauteurs de troubles et des obstacles aux magouilles
anglo-sionistes.
Malgré des assurances occasionnelles,
l'intention britannique d'assurer l'installation d'un État
exclusivement juif en Palestine devenait de plus en plus claire avec le
temps.
La Déclaration Balfour n'avait rien d'une
aberration, car elle a effectivement ouvert la voie au nettoyage
ethnique à grande échelle qui a suivi, trois
décennies plus tard.
Dans son livre Before
Their
Diaspora, le chercheur
palestinien Walid Khalidi a bien mis en évidence la forte
compréhension collective entre les Palestiniens sur ce qui
s'était passé dans leur patrie il y a près d'un
siècle :
« Le Mandat, dans son ensemble, a
été considéré par les Palestiniens comme un
condominium anglo-sioniste et ses termes comme un instrument pour la
mise en oeuvre du programme sioniste. Il a été
imposé [aux Palestiniens] par la force, et ceux-ci ont
considéré qu'il était légalement et
moralement invalide. Les Palestiniens constituaient la
grande majorité de la population et possédaient la plus
grande partie de la terre. Il était inévitable que la
lutte qui en découlât serait centrée sur ce statu
quo. Les Britanniques et les sionistes étaient
déterminés à le renverser, les Palestiniens
à le défendre et à le
préserver. »
De fait, cette histoire reste en constante
répétition : les sionistes ont revendiqué la
Palestine et l'ont renommée «
Israël » ; les Britanniques continuent de les
soutenir, sans jamais cesser de vouloir flatter les Arabes ; le
peuple palestinien reste une nation géographiquement
fragmentée entre les camps de réfugiés, dans la
diaspora, occupés militairement ou traités comme des
citoyens de seconde zone dans un pays où ont vécu leurs
ancêtres depuis des temps immémoriaux.
Alors que Balfour ne peut pas être rendu
responsable de tous les malheurs qui ont frappé les Palestiniens
depuis qu'il a communiqué sa courte mais infâme missive,
la notion que sa « promesse » incarnait — celle d'un
mépris total des aspirations du peuple arabe et palestinien — a
été reprise d'une génération à
l'autre par les diplomates
britanniques, de la même façon que la résistance
palestinienne au colonialisme a été transmise entre les
générations.
Dans son essai dans Al-Ahram Weekly,
intitulé « Vérité et
réconciliation », le regretté professeur
Edward Said écrivait : « Jamais la Déclaration
Balfour ni le mandat n'ont spécifiquement
concédé des droits politiques aux Palestiniens, en
opposition aux droits civils et religieux en Palestine. L'idée
d'une
inégalité entre Juifs et Arabes a ainsi été
bâtie initialement par la politique britannique, puis par les
politiques israéliennes et étatsuniennes. »
Cette inégalité se poursuit, et en
même temps la perpétuation du conflit. Ce que les Anglais,
les premiers sionistes, les Américains et les gouvernements
israéliens suivants n'ont pas compris et continuent d'ignorer
à leur propre péril, c'est qu'il ne peut y avoir de paix
sans justice ni égalité en Palestine, et que les
Palestiniens continueront de
résister tant que les raisons qui ont inspiré leur
rébellion il y a près d'un siècle demeureront en
place.
Quatre-vingt-dix-neuf ans plus tard, le gouvernement
britannique doit toujours avoir le courage moral d'assumer la
responsabilité du mal qu'il a fait au peuple palestinien.
Quatre-vingt-dix-neuf ans plus tard, les Palestiniens
refusent plus que jamais que leurs droits en Palestine soient
rejetés, que ce soit par Balfour ou par ses pairs modernes dans
le « gouvernement de Sa Majesté ».
L'acte le plus odieux
La Déclaration
Balfour de 1917 a été et continue d'être
l'acte le plus odieux jamais commis par l'empire britannique. À
l'occasion de son anniversaire, Stuart Littlewood souligne que cette
déclaration « marque le début de la colonisation
qui se poursuit toujours de la Palestine et a semé les germes
d'un cauchemar interminable pour
les Palestiniens, ceux qui ont été forcés de fuir
sous la menace des armes et ceux qui ont réussi à rester
dans les restes déchiquetés de leur patrie sous
occupation militaire brutale d'Israël ».
Stuart Littlewood analyse les
événements qui ont préparé le terrain pour
un siècle de nettoyage ethnique et de déni des droits des
Palestiniens. LML publie des extraits de son article qui
explique cette
tragédie qui « a bouleversé la vie des
Palestiniens ».
***
Pendant des
siècles, longtemps notre terre asservie
par les rois turcs aux lames aiguisées.
Nous avons prié
pour en finir avec la malédiction du Sultan,
le Britannique est venu et a dit ce verset.
« C'est la
Première Guerre mondiale, si vous êtes d'accord
pour lutter avec nous, nous allons vous libérer. »
Dans la guerre que nous
avons menée aux côtés de la Grande-Bretagne,
notre sang a été versé pour la fierté arabe.
À la fin de la
guerre les Turcs furent battus,
notre seul gain, les mensonges de la Grande-Bretagne.
Ces vers simples de Stephen Ostrander percent la
montagne de rhétorique et vont à la source du conflit
arabo-israélien.
Il y avait un État juif en Terre Sainte, il y a
quelque 3 000 ans, mais les Cananéens et les
Philistins étaient là les premiers. Les Juifs, l'un de
plusieurs groupes d'envahisseurs, sont partis et sont revenus plusieurs
fois et ont été expulsés par l'occupation romaine
en l'an 70 de notre ère puis en 135. Depuis le VIIe
siècle,
la Palestine a été principalement arabe. Au cours de la
Première Guerre mondiale, le pays a été «
libéré » du joug turc ottoman après que
les puissances alliées, dans une lettre de Sir Henry McMahon
à Hussein ibn Ali, chérif de La Mecque en 1915,
aient promis l'indépendance aux dirigeants arabes en
échange de leur aide pour vaincre
l'allié de l'Allemagne.
Cependant, un nouveau mouvement politique juif, connu
sous le nom de sionisme, trouvait la faveur de l'élite dominante
à Londres, et le gouvernement britannique a été
persuadé par le porte-parole principal des sionistes, Chaim
Weizman, de leur livrer la Palestine pour établir leur nouvelle
patrie juive. L'engagement antérieur donné aux
Arabes, qui occupaient et possédaient cette terre
depuis 1 500 ans, plus longtemps, disent certains historiens,
que les Juifs l'ont jamais fait, semblait avoir été
oublié.
Les sionistes, nourris de
l'idée qu'une ancienne prophétie biblique leur en donnait
les droits, ont cherché à expulser les Arabes en
implantant des millions de juifs d'Europe orientale. Ils avaient
déjà créé des collectivités
agricoles et fondé une nouvelle ville, Tel-Aviv, mais
en 1914, la population juive n'était que
de 85 000 et
la population arabe de 615 000. L'infâme
Déclaration Balfour de 1917, en fait une lettre du ministre
britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour,
à l'éminence de la communauté juive en Angleterre,
Lord Rothschild, était une promesse d'aide à la cause
sioniste au mépris manifeste des conséquences pour la
majorité
indigène. Se disant une « déclaration de sympathie
à l'adresse des aspirations juives et sionistes »,
cette déclaration se lit :
« Le gouvernement de Sa Majesté
envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer
national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour
faciliter la réalisation de cet objectif, étant
clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni
aux droits civils et religieux des collectivités non juives
existant en
Palestine .... »
Balfour, un sioniste converti, a écrit plus
tard :
« Pour ce qui est de la Palestine, nous ne
proposons aucunement de consulter les souhaits des habitants actuels du
pays... Les quatre grandes puissances sont engagées
vis-à-vis du sionisme, et le sionisme, qu'il soit juste ou faux,
bon ou mauvais, représente beaucoup plus en tradition
séculaire, en besoins actuels, en futurs espoirs, que le
désir et les préjudices des 700 000 Arabes qui
habitent aujourd'hui cette terre. »
Il y avait de l'opposition. Lord Sydenham a fait cette
mise en garde :
« Le mal causé par le débarquement
d'une population étrangère sur un pays arabe... [est un
mal] auquel on pourrait ne jamais remédier... Ce que nous avons
fait, par des concessions faites, non pas au peuple juif, mais à
une section extrémiste sioniste, est d'initier une
véritable plaie à l'Est, et personne ne peut dire
jusqu'où s'étendra cette
plaie. »
La Commission américaine King-Crane de 1919
a jugé qu'il s'agissait d'une violation flagrante de principe.
« Aucun des officiers britanniques que la Commission a
consultés n'a pensé que le programme sioniste pourrait
être appliqué sans avoir recours à la force des
armes. Ce qui en soi est une preuve d'un profond sentiment de
l'injustice du programme sioniste. »
Il y avait d'autres raisons pourquoi les Britanniques
se dirigeaient vers une catastrophe. Un accord secret, appelé
les accords Sykes-Picot, avait été conclu en 1916
entre la France et la Grande-Bretagne, avec l'aval de la Russie, pour
redessiner la carte des territoires du Moyen-Orient pris à la
Turquie. La Grande-Bretagne devait prendre
Haïfa, l'Irak et la Jordanie. La région maintenant
appelée la Palestine a été déclarée
une zone internationale. Les accords Sykes-Picot, la Déclaration
Balfour et les promesses faites plus tôt dans les lettres de
Hussein-McMahon se recoupent tous.[...]
L'Organisation sioniste a demandé la permission
de soumettre sa proposition pour la Palestine à la
Conférence de paix de Paris de 1919, profitant de la
demande britannique de se faire accorder un mandat sur la Palestine
afin de mettre en oeuvre la Déclaration Balfour. Les sionistes
ont présenté un mémoire dans lequel ils
affirmaient que
« la terre elle-même a besoin de rédemption. Une
grande partie de celle-ci est déserte. Son état actuel
est un reproche permanent. Deux choses sont nécessaires pour
cette rédemption, un gouvernement stable et
éclairé et un complément à la population
actuelle qui doit être énergique, intelligent,
dévoué au pays et soutenu par les importantes
ressources financières qui sont indispensables au
développement. Une telle population, seuls les juifs peuvent la
fournir. »
Manifestation à Jérusalem en 1920 en faveur d'une nation
arabe dirigée par Damas
Des juifs américains influents se sont
opposés à cette déclaration et ont remis au
président Woodrow Wilson une contre-déclaration contre le
plan des sionistes et lui ont demandé de la présenter
à la Conférence de paix. Dans cette déclaration,
ils disaient que le plan de réorganiser les juifs comme une
entité nationale avec une souveraineté
territoriale en Palestine « non seulement dénature la
tendance de l'histoire des Juifs, qui ont cessé d'être une
nation il y a 2 000 ans, mais implique la limitation et
l'annulation possible de revendications plus larges des juifs pour
obtenir la pleine citoyenneté et les droits humains dans tous
les pays et terres où ces droits ne sont pas
encore garantis. Pour la simple raison que l'ère nouvelle dans
laquelle le monde est entré vise à établir partout
des gouvernements fondés sur les principes d'une
véritable démocratie, nous rejetons le projet même
d'un foyer national pour le peuple juif en Palestine ».
Prévoyant l'avenir avec une précision
étonnante, ils poursuivaient : « nous nous
réjouissons des propositions annoncées de la
Conférence de la paix d'appliquer concrètement les
principes fondamentaux de la démocratie. Le principe, qui
affirme l'égalité des droits de tous les citoyens d'un
État, sans distinction de croyance ou d'origine
ethnique, devrait s'appliquer de manière à exclure toute
ségrégation que son origine soit nationaliste ou autres.
Cette ségrégation va créer inévitablement
des différences entre les parties de la population d'un pays. Un
tel plan de ségrégation est nécessairement
réactionnaire dans sa tendance, antidémocratique en
esprit et va entièrement à l'encontre
des pratiques de gouvernement libre, comme le montre
particulièrement l'exemple de notre propre pays. »
La contre-déclaration citait Sir George Adam
Smith, un érudit biblique renommé et un expert reconnu
sur la région, qui a déclaré : « Ce
n'est pas vrai que la Palestine est le foyer national du peuple juif et
d'aucun autre peuple... Il n'est pas non plus exact d'appeler ses
habitants non juifs ' arabes ', ou de dire qu'ils n'ont laissé
aucune
image de leur esprit et n'ont pas d'histoire, la Grande Mosquée
mise à part... Ni nous ne pouvons éluder le fait que les
communautés chrétiennes ont été [là]
plus longtemps que les juifs l'ont jamais été... Ce sont
des questions légitimes, nourries par les revendications du
sionisme, mais les sionistes n'ont pas encore eu à les
confronter
pleinement. »
L'Amérique, l'Angleterre, la France, l'Italie,
la Suisse et toutes les nations les plus avancées du monde,
poursuit la contre-déclaration, sont composées de
représentants de plusieurs races et religions. « Leur
gloire réside dans la liberté de conscience et des
cultes, dans la liberté de pensée et de coutumes qui
lient les disciples de nombreuses
religions et civilisations dans les liens communs de l'union
politique... Un État juif implique des limitations fondamentales
quant à la race et à la religion, ou alors le terme '
juif ' ne signifie rien. Unir l'église et l'État, de
quelque façon que ce soit, comme dans le cadre de l'ancienne
hiérarchie juive, serait un bond en arrière de deux mille
ans.
« Nous demandons à ce que la Palestine
constitue un État libre et indépendant, gouvernée
par un gouvernement démocratique qui ne fait aucune distinction
de croyance, de race ou d'origine ethnique et possède une
puissance adéquate pour protéger le pays contre
l'oppression de tout genre. Nous ne souhaitons pas voir la
Palestine,
maintenant ou à tout moment dans l'avenir, organisée
comme un État juif. »
Mais apparemment Wilson n'a pas présenté
le document à la Conférence.
En 1922, la Société des Nations a
placé la Palestine sous mandat britannique, qui a
intégré les principes de la Déclaration Balfour.
L'immigration juive serait facilitée « dans des
conditions appropriées » et une loi sur la
nationalité permettrait aux juifs qui s'installent
définitivement en Palestine d'acquérir la
citoyenneté
palestinienne (ce qui contraste fortement avec la loi actuelle pour
juifs seulement d'un Israël dominant). Mais le haut commissaire a
vite recommandé un arrêt de l'immigration des juifs de
crainte que cela ne crée une classe de paysans arabes sans
terre. La même année le gouvernement britannique,
conscient des craintes arabes à l'effet que la
Déclaration Balfour était interprétée de
façon « exagérée » par les
sionistes et leurs sympathisants, a publié un Livre blanc afin
de clarifier sa position.
« Il [le gouvernement britannique] désire
attirer l'attention sur le fait que les termes de la déclaration
précitée n'envisagent pas que la Palestine dans son
ensemble sera convertie en un Foyer national juif mais qu'un tel foyer
sera établi en Palestine. À ce sujet, on a
remarqué avec satisfaction que dans une réunion du
Congrès sioniste qui est
l'assemblée exécutive suprême de l'Organisation
sioniste, réunion tenue à Carlsbad en
septembre 1921, une résolution fut votée donnant une
expression officielle du but poursuivi par les sionistes, soit la
détermination du peuple juif à vivre avec le peuple arabe
dans l'unité et le respect mutuel et en collaboration avec lui
pour faire du foyer
commun une communauté florissante, dont l'édification
peut assurer à chacun de ses peuples un développement
national non perturbé...
« Il convient également de souligner que
la commission sioniste, devenue l'exécutif sioniste de
Palestine, n'a jamais eu le désir d'avoir une part dans
l'administration générale du pays. La situation
très particulière attribuée à
l'Organisation sioniste à l'Article IV du projet de mandat pour
la Palestine n'implique pas ces fonctions. Cette position
spéciale se rapporte aux mesures qui devront être prises
en Palestine concernant la population juive. On envisage que
l'Organisation sioniste pourra contribuer au développement
général du pays mais elle n'aura aucun titre à
prendre dans son gouvernement.
« En outre, il est prévu que tous les
citoyens de Palestine seront palestiniens, il n'y aura pas d'intention
qu'ils, ou toute autre section d'entre-eux, devraient posséder
un autre statut juridique.
« Il faut que la communauté juive de
Palestine puisse se développer numériquement par
l'immigration, déclare avec ambiguïté magistrale le
Livre blanc. Cette immigration ne saurait toute fois dépasser en
volume la capacité d'absorption économique du pays,
quelle qu'elle puisse être au moment envisagé. Il est
indispensable de veiller à
ce que les immigrants ne soient pas une charge pour l 'ensemble de la
population de la Palestine et qu'ils ne privent pas la population
actuelle de ses possibilités de travail. »
Cependant, le Livre blanc nie catégoriquement
qu'une promesse a été faite aux arabes avant la
Déclaration Balfour.
« Il n'est pas exact, comme cela a
été présenté par la
délégation arabe, que, au cours de la guerre, le
Gouvernement de sa Majesté se soit engagé à ce
qu'un
gouvernement national indépendant soit immédiatement
établi en Palestine. Cette représentation repose
principalement sur une lettre datée du 24
octobre 1915, de Sir Henry
McMahon, alors haut-commissaire de sa majesté en Égypte,
au
chérif de la Mecque, maintenant le roi Hussein du Royaume du
Hijaz. Cette lettre est invoquée comme contenant la promesse
faite au chérif de la Mecque de reconnaître et de
favoriser l'indépendance des Arabes sur les territoires
indiqués dans sa proposition. Mais cette promesse était
accompagnée dans la même lettre d'une réserve
déclarant que cette promesse ne s'appliquait pas, entre autres
territoires, à la partie de la Syrie située à
l'ouest du district de Damas. Le Gouvernement de Sa Majesté a
toujours considéré que cette réserve
s'étendait au vilayet de Beyrouth et au sandjak
indépendant de Jérusalem. La promesse de Sir H.
McMahon ne s'appliquait donc pas à toute la Palestine
située à l'ouest du Jourdain.
« Néanmoins, l'intention du
Gouvernement de sa Majesté est de favoriser la mise en place
d'une autonomie gouvernementale complète en Palestine. Mais
il est d'avis que, dans les circonstances particulières de ce
pays, cela devrait se faire par étapes
progressives... »
Dès lors, la situation est allée de mal
en pis. [...]
En 1937, la Commission Peel a
déclaré que les promesses britanniques faite aux Arabes
et aux sionistes étaient inconciliables et impraticables. Trop
tard, la Grande-Bretagne a abandonné son engagement envers les
sionistes et a commencé à parler d'un État
palestinien ayant une majorité arabe garantie et une protection
pour les
minorités.
Les sionistes ont réagi de manière
furieuse. Leur aile militaire clandestine, la Haganah et d'autres
groupes armés, ont déclenché un règne de
terreur à l'approche de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont
poursuivi leurs attaques contre les Britanniques après la guerre
et ont tenté d'amener des centaines de milliers de
réfugiés juifs.
En 1946, ils ont fait sauter l'aile sud de
l'hôtel King David à Jérusalem, qui abritait le
siège du gouvernement britannique mandaté, tuant 91
personnes. Cette action terroriste a été ordonnée
par David Ben-Gourion en représailles à l'arrestation des
membres de la Haganah, de l'Irgun et de Stern soupçonnés
d'attaques contre les
Britanniques. Puis il a mieux réfléchi et a annulé
l'opération ; mais Menachem Begin qui dirigeait l'Irgun est
allé de l'avant. Ben-Gourion et Begin, dont la tête avait
été mise à prix en tant que terroriste
recherché, sont devenus des premiers ministres israéliens.
Carte 1 : 1947 Partition de la Palestine
par les Nations unies. Dans le cadre du plan de partition des Nations
unies, les Juifs ont reçu 55% du pays (y compris les villes
portuaires de Tel Aviv, Jaffa et Haïfa, la mer de Galilée
et le Néguev riche en ressources), mais ils ne
représentaient que seulement le tiers de la population ( 548 000
par rapport à 1 750 000) et ne possédaient que 6% du
territoire.
|
Tout au long de cette période, les
États-Unis ont été réticents à
permettre aux Juifs fuyant l'Europe d'entrer dans les espaces vides de
l'Amérique du Nord, préférant jouer la carte
sioniste et les voir s'engouffrer en Palestine. En 1945, le
nouveau président américain, Harry Truman, a offert cette
excuse aux Arabes : « Je suis
désolé, messieurs, mais je dois répondre à
des centaines de milliers de personnes qui souhaitent ardemment le
succès du sionisme ; je n'ai pas des centaines de milliers
d'Arabes parmi mes électeurs. »
Toutefois, Truman a été
fréquemment exaspéré par le lobby sioniste et une
délégation a été expulsée un jour de
la Maison-Blanche pour son comportement grossier. Il a
écrit : « Je crains beaucoup que les Juifs soient
comme tous les laissés pour compte. Quand ils arrivent au
sommet, ils sont tout aussi intolérants et cruels que ceux qui
l'étaient avec eux lorsqu'ils étaient
opprimés. »
L'auteur américain Gore Vidal a écrit
quelque chose de très intéressant. « Vers la fin
des années 1950, ce potineur de renommée mondiale et
historien d'occasion qu'était John F. Kennedy m'a raconté
qu'en 1948, Harry S. Truman était quasiment
abandonné de tous lorsqu'il s'est présenté
à la présidence. Un sioniste américain lui
a alors apporté deux millions $ en espèces, dans une
valise, à bord de son train de campagne qui sillonnait le pays.
' C'est pourquoi notre reconnaissance d'Israël a été
faite si rapidement.' Ni Jack ni moi n'étions antisémites
(contrairement à son père et à mon
grand-père). Nous avons pris cela comme une anecdote drôle
de plus à propos de
Truman et de la corruption sans remords de la politique
américaine. »
À ce moment-là, ce monstre auquel la
Grande-Bretagne avait insufflé de la vie était hors de
contrôle. Les Arabes, trompés et
dépossédés, ont été outrés.
Depuis ce temps, l'impact a été mortellement dommageable
aux relations entre l'Occident et l'Islam. Cette escalade de la
violence a poussé Gandhi à déclarer que « la
Palestine appartient aux
Arabes dans le même sens que l'Angleterre appartient aux Anglais
... Ils [les Juifs] ont erré sérieusement en cherchant
à s'imposer à la Palestine avec l'aide de
l'Amérique et de la Grande-Bretagne, et maintenant celle du
terrorisme ouvert ».
Alors que le mandat allait se terminer en 1948,
une Grande-Bretagne épuisée a remis le problème
aux Nations unies et s'est préparée à quitter la
Terre sainte, laissant un baril de poudre avec la mèche
allumée. Les Nations unies nouvellement formées ont
pensé qu'elles sauveraient la situation en divisant la Palestine
en États arabe et juif
et en faisant de Jérusalem une ville internationale. Mais cela a
donné aux Juifs 55 % de la Palestine alors qu'ils
représentaient seulement 30 % de sa population. La
Ligue arabe et les Palestiniens l'ont évidemment rejetée.
La partition de la Palestine par les Nations unies n'a
jamais fait l'objet d'un examen minutieux. À l'époque,
comme l'ont souligné certains commentateurs, les membres de
l'ONU ne comprenaient pas les États africains, et la plupart des
États arabes et asiatiques étaient encore des
régimes colonialistes. L'ONU était essentiellement un
club de
colonialistes blancs. Les Palestiniens eux-mêmes n'avaient aucune
représentation et ils n'étaient même pas
consultés.
Carte 2 : Israël et les territoires palestiniens occupés.
À la fin de la guerre de 1948, Israël contrôlait 78 %
du pays, y compris la moitié du territoire qui avait
été attribué par l'ONU aux Palestiniens. Environ
750 000 Palestiniens vivant dans ce qui est devenu Israël sont
devenus des réfugiés : seuls 100 000 sont restés
chez eux. Plus de 418 villages (les deux tiers des villages de la
Palestine) ont été systématiquement
détruits par Israël après que leurs résidents
aient quitté ou aient été chassés. Les
zones arabes ont alors été réduites à 22 %
du pays, la Cisjordanie a été saisie par la Jordanie et
la bande de Gaza par l'Égypte. La Ligne d'Armistice de 1949 (la
« Ligne Verte ») demeure de fait la frontière de
l'État d'Israël jusqu'à aujourd'hui. Depuis 1988,
date à laquelle les Palestiniens ont reconnu Israël
à l'intérieur de cette frontière, elle a
été à la base de l'option des deux États.
|
Le premier vote n'a pas atteint la majorité des
deux tiers requise : 25 pour la partition, 13 contre
et 19 abstentions. Pour assurer le succès au second vote,
beaucoup de pression a été exercée sur les petits
pays, mais en vain. À la troisième tentative, la France a
été persuadée de « se rallier »
après que les
États-Unis aient menacé de retirer l'aide
d'après-guerre désespérément
nécessaire. Le 29 novembre l'ONU a voté pour diviser
la Palestine en trois parties : un État juif
s'étendant sur 14 000 km carrés avec
quelque 558 000 Juifs et 405 000 Arabes
palestiniens ; un État arabe
de 11 500 km carrés avec environ 804 000
Arabes palestiniens et 10 000 Juifs ; et
Jérusalem, qui comprenait les principaux sites religieux, qui
serait un « corpus separatum », administré
internationalement.
Ce découpage ridicule a été
rapidement suivi par des incidents honteux à Deir Yassin, Lod et
Ramle. Des centaines de milliers d'Arabes palestiniens ont
été déracinés de leurs foyers et de leurs
terres et, à ce jour, ils n'ont pas le droit de revenir. Ils
n'ont reçu aucune compensation et, après leur expulsion,
les milices juives ont rasé des
centaines de villages et de villes arabes. Dès que la
Grande-Bretagne eut plié bagages, Israël a
déclaré son État le 14 mai 1948 et s'est
immédiatement mise à étendre son contrôle
sur toute la Palestine.
Le lendemain, le 15 mai, est
commémoré par les Palestiniens comme la Journée
d'al-Nakba (la catastrophe), qui a vu le début d'une campagne de
terreur militaire qui a forcé trois quarts de million de
Palestiniens à quitter leur patrie pour faire de la place
à un nouvel État juif. On dit que quelque 34
massacres ont été commis dans
le cadre de la poursuite des ambitions territoriales d'Israël.
Un événement qui est gravé
à jamais dans la mémoire palestinienne est le massacre de
Deir Yassin par des groupes terroristes sionistes, l'Irgoun et la bande
de Stern. Un matin d'avril 1948, 130 de leurs commandos ont
effectué un raid à l'aube sur ce petit village arabe avec
une population de 750 personnes, à l'ouest de
Jérusalem. L'attaque a été d'abord
repoussée et c'est seulement lorsqu'un commando de la Haganah
est arrivé avec des mortiers que les villageois arabes ont
été submergés sous l'assaut. L'Irgoun et la bande
de Stern, réalisant l'embarras d'avoir dû faire appel
à de l'aide, ont entrepris une opération de «
nettoyage » durant laquelle ils ont
systématiquement assassiné et exécuté au
moins 100 résidents, principalement des femmes, des enfants
et des personnes âgées. L'Irgoun a ensuite
exagéré le nombre, le faisant passer à 254, pour
effrayer
d'autres villes et villages arabes. La Haganah a minimisé sa
part dans le raid et a ensuite déclaré que le massacre
« a déshonoré la cause des
combattants juifs de même que les armoiries juives et le drapeau
juif ».
Deir Yassin a marqué le début sinistre
d'un programme délibéré d'Israël de
dépeupler les villes et villages arabes, et de détruire
les églises et les mosquées, pour faire de la place aux
survivants de l'Holocauste et à d'autres Juifs. Dans n'importe
quelle langue, il s'agissait d'un exercice de nettoyage ethnique dont
les répercussions ont créé
aujourd'hui environ 4 millions de réfugiés
palestiniens.
En 1949, les sionistes s'étaient maintenant
emparés de près de 80 % de la Palestine,
provoquant une réaction de résistance dont ils se
plaignent si amèrement aujourd'hui. Beaucoup de Juifs condamnent
la politique sioniste et ont honte de ce qui a été fait
en leur nom.
La résolution 194 des Nations unies avait
demandé à Israël de laisser les Palestiniens
retourner sur leurs terres. Elle a été adoptée de
nouveau à maintes reprises mais Israël ne la respecte
toujours pas. Les Israéliens sont également
accusés de violation de l'article 42 de la Convention de
Genève du fait qu'ils amènent des colons
dans les territoires palestiniens qu'ils occupent, et du viol du droit
international par leur occupation de la bande de Gaza et de la
Cisjordanie.
Mais l'expulsion et le transfert ont toujours
été un élément clé du plan sioniste.
Selon l'historien Benny Morris, aucun dirigeant sioniste d'envergure
n'a pu concevoir une future coexistence sans une séparation
physique claire entre les deux peuples. David Ben-Gourion, le premier
des premiers ministres israéliens, aurait dit : «
Avec le
transfert obligatoire, nous avons une vaste région (pour la
colonisation) ... Je soutiens le transfert obligatoire. Je n'y vois
rien d'immoral ».
À une autre occasion, il a fait preuve d'une
candeur étonnante lorsqu'il a déclaré :
« Si j'étais un dirigeant arabe, je n'aurais jamais de
relations avec Israël. Nous nous sommes emparés de leur
pays. Bien sûr, Dieu nous l'a promis, mais qu'est-ce que cela
veut dire pour eux ? Notre dieu n'est pas le leur. C'est vrai que
nous
sommes originaires d'Israël, mais il y a 2 000 ans de
cela, et en quoi cela les intéresse-t-il ? Il y a eu
l'antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz mais est-ce leur
faute ? Ils ne voient qu'une chose : nous sommes venus ici et
avons volé leur pays.
Le général Moshe Dayan, le héros
de la Guerre des Six Jours (1967), a fait savoir aux Palestiniens
vivant dans les territoires occupés que « vous allez
continuer à vivre comme des chiens et quiconque voudra quitter
pourra le faire et nous verrons où ce processus nous
mènera ». Cela semble avoir été
l'attitude générale depuis ce
temps-là.
En 1967, Israël a perçu un certain
nombre de menaces arabes visant à contrer les ambitions
sionistes, y compris un blocus de son port de la mer Rouge. Dans une
série d'attaques préventives contre l'Égypte, la
Syrie, la Jordanie et l'Irak, Israël a réussi à
doubler la superficie des territoires sous son contrôle.
En effet, lors de la Guerre des Six Jours de 1967,
Israël a confisqué plus de 52 % des terres en
Cisjordanie et 30 % de la bande de Gaza, violant à la
fois le droit international et la Charte des Nations unies qui
affirment qu'un pays ne peut légitimement faire des gains
territoriaux par la guerre. On a rapporté
qu'Israël a démoli 1338 maisons palestiniennes en
Cisjordanie et arrêté quelque 300 000
Palestiniens sans procès.
L'ONU a adopté la résolution 242 du
Conseil de sécurité, soulignant «
l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la
guerre » et demandant « le retrait des forces
armées israéliennes des territoires occupés au
cours du récent conflit ». Elle a été
largement ignorée ce qui n'a fait qu'accroître la discorde
au sein de la
région.
Le plus notoire des premiers ministres
israéliens, Ariel Sharon, a acquis sa réputation
en 1953 lorsque son escadron de la mort clandestin,
l'unité 101, a dynamité des maisons et
massacré 69 civils palestiniens, la moitié d'entre
eux des femmes et des enfants, à Qibya en Cisjordanie. Ses
troupes ont par la suite
détruit 2 000 foyers dans la bande de Gaza,
déraciné 12 000 personnes et
déporté des centaines de jeunes Palestiniens vers la
Jordanie et le Liban.
Puis, en 1982, il a planifié et
dirigé l'invasion israélienne du Liban, ce qui a
entraîné un nombre massif de morts parmi les Palestiniens
et les Libanais, en grande partie des enfants. Un tribunal
israélien l'a trouvé indirectement responsable du
massacre des Palestiniens dans les camps de réfugiés de
Sabra et Shatila et l'a démis de ses
fonctions. Mais il n'est pas demeuré longtemps à
l'arrière-scène.
À la fin de 1967, il n'y avait que trois
colonies juives illégales en Cisjordanie et à
Jérusalem. À la fin de 2005, le total était
de 177. « Lorsque nous aurons colonisé la
terre », a déclaré le chef d'état-major
d'alors des forces de la défense israélienne, Rafael
Eitan, en 1983, « tout ce que les Arabes seront capables
de faire est de courir un peu partout comme des coquerelles
prisonnières dans une bouteille ».
En 2015, il y avait 196 colonies
israéliennes illégales en plus de 232 colonies
servant d'avant-poste en Cisjordanie et à Jérusalem-Est,
selon l'Institut de recherche appliquée à
Jérusalem, et plus de 750 000 colons qui y
résident.[...]
La déclaration Balfour et la création du
Royaume de l'Arabie saoudite
- Nu'man Abd al-Wahid -
L'alliance secrète entre le Royaume de l'Arabie
saoudite et l'entité sioniste Israël n'a rien de surprenant
pour quelqu'un qui a étudié l'impérialisme
britannique. Le problème c'est que très peu de gens
entreprennent des études ayant pour sujet l'impérialisme
britannique. En effet, il suffit de consulter le programme
universitaire ou
postuniversitaire d'une université britannique pour constater
qu'il n'existe à peu près pas de module d'études
politiques sur l'empire britannique et encore moins un
baccalauréat ou une maîtrise en la matière. Bien
sûr, s'il s'agit d'approfondir votre connaissance du carnage
mené par l'Europe dans les quatre ans entre 1914
et 1918, il
sera relativement facile de trouver une institution qui saura enseigner
cette matière. Par contre, si vous voulez approfondir vos
connaissances sur le comment et le pourquoi de la guerre menée
par l'empire britannique contre le genre humain pendant près de
quatre cents ans, alors, bonne chance. Force est d'avouer que,
strictement du point de vue de
l'establishment britannique, un tel constat est tout à fait
incroyable.
Selon le journal américain, Foreign Affairs,
vers
la
fin
de 2014,
le
ministre saoudien du pétrole, Ali
al-Naimi, aurait déclaré : « Sa majesté
le roi Abdullah a toujours été un modèle de bonnes
relations entre l'Arabie saoudite et les autres États et
Israël ne fait pas exception ». Récemment, le
successeur d'Abdullah, le
roi Salman, a fait part des mêmes inquiétudes
qu'Israël sur la bonne entente grandissante entre les
États-Unis et l'Iran pour ce qui est du programme
nucléaire iranien. Certains ont même soulevé
qu'Israël et le royaume de l'Arabie saoudite formaient un «
front uni » dans leur opposition à l'entente
nucléaire. C'est loin d'être la première fois
que les sionistes et les saoudiens sont d'un commun accord face
à un quelconque ennemi. Au Yémen du Nord dans les
années soixante, les Saoudiens ont financé une
armée de mercenaires dirigée par les impérialistes
contre les républicains révolutionnaires qui avaient
imposé leur autorité après avoir renversé
l'autoritaire Imam. L'Égypte de Gamal
Abdul-Nasser appuyait militairement les républicains, tandis que
les Britanniques incitaient les saoudiens à financer et à
armer ce qui restait des supporters de l'Imam. Aussi, les Britanniques
ont organisé les Israéliens qui ont approvisionné
en armes pas moins de quatorze fois les complices des Britanniques au
Yémen du Nord. Les Britanniques ont,
en effet, unifié militairement et en secret les sionistes et les
saoudiens au Yémen du Nord contre leur ennemi commun.
Cependant, il faut remonter aux années vingt si
nous voulons apprécier à sa juste valeur les origines de
cette alliance informelle et indirecte entre l'Arabie saoudite et
l'entité sioniste. La défaite de l'empire ottoman par
l'impérialisme britannique pendant la Première Guerre
mondiale a donné lieu à trois autorités distinctes
dans la péninsule
arabe : le chérif de Hedjaz, Hussein ben Ali (à
l'ouest), Ibn Rashid de Haïl (au nord) et Emir Ibn Saud de Nejd
(à l'est) et ses partisans religieux fanatiques, les wahhabites.
Ibn Saud est entré tôt en guerre, en
janvier 1915, du côté des Britanniques, mais a
sitôt été défait et son homme de main
britannique, William Shakespeare, fut tué par l'allié de
l'empire ottoman, Ibn Rashid. Cette défaite a grandement nui
à l'utilité d'Ibn Saud pour l'empire et a laissé
ce dernier militairement affaibli pendant un an.[1]
C'est le chérif qui a contribué le plus à la
défaite de l'empire ottoman en changeant de camp et en dirigeant
la soi-disant « révolte arabe » en
juin 1916 qui a permis d'éliminer la présence turque
en Arabie. Il s'était laissé convaincre de changer ses
allégeances après que le Haut Commissaire britannique en
Égypte l'eut convaincu, via la
correspondance de Henry McMahon, qu'un pays arabe unifié de Gaza
au Golfe persique serait établi suite à la défaite
des Turcs. Les lettres échangées entre le chérif
Hussein et Henry McMahon portent le non de Correspondance
McMahon-Hussein.
Dès la fin de la guerre, il est tout à
fait naturel que le chérif s'attendait à ce que les
Britanniques respectent leurs engagements, ou du moins, ce qu'il
percevait comme étant leurs engagements tels qu'exprimés
dans la correspondance ci-haut mentionnée. Pour leur part, les
Britanniques voulaient que le chérif accepte la nouvelle
réalité de
l'empire qui se traduisait par une partition du monde arabe entre eux
et les Français (l'accord Sykes-Picot) et la mise en oeuvre de
la déclaration Balfour qui garantissait « une nation au
peuple juif » en Palestine qui se ferait par la colonisation
par les juifs européens. Cette nouvelle réalité
était le contenu du traité Angleterre-Hedjaz,
rédigé
par les Britanniques, traité que le chérif a
refusé catégoriquement de signer.[2] Après tout, la révolte
de 1916 contre les Turcs portait le nom de la «
révolte arabe » et non de la « révolte
de Hedjaz ».
Le chérif a même affirmé que jamais
il n'abandonnerait la Palestine au nom de la déclaration Balfour
de l'empire. Il a toujours refusé d'accepter
l'établissement du sionisme en Palestine ou d'accepter les
nouvelles frontières aléatoires tracées dans toute
l'Arabie par les impérialistes britanniques et français.
Suite à ces prises de position, les
Britanniques se sont mis à l'accuser d'«
obstructionnisme », de « nuisance » et
d'avoir une attitude « récalcitrante ».
Les Britanniques ont alors envoyé un message
clair au chérif à l'effet qu'ils n'hésiteraient
pas à prendre des mesures draconiennes pour l'inciter à
reconnaître la nouvelle réalité peu importe le
service qu'il leur avait rendu pendant la guerre. Suite à la
conférence du Caire en mars 1921, lorsque le nouveau
secrétaire colonial, Winston
Churchill, a rencontré toutes ses forces actives au
Moyen-Orient, T.E. Lawrence (i.e. d'Arabie) fut envoyé pour
rencontrer le chérif mais surtout pour l'acheter et pour
l'intimider à accepter le projet colonial sioniste britannique
en Palestine. Au début, Lawrence et l'empire lui
offrirent 80 000 roupies, ce que le chérif rejeta du
revers de
la main.[3] Lawrence lui offrit
donc un versement annuel de 100 000 livres[4] que le chérif rejeta à
nouveau, refusant de vendre la Palestine au sionisme britannique.
Voyant que les offres monétaires ne donnaient
pas le résultat escompté, Lawrence menaça le
chérif d'une prise de contrôle par Ibn Saud. Lawrence
prétendait que la « survie politique et militaire de
Hedjaz en tant que royaume hachémite indépendant et
viable était totalement dépendante de la volonté
politique de la Grande-Bretagne, qui avait
les moyens de défendre et de maintenir son règne dans la
région ».[5] Tout
en
négociant
avec
le
chérif,
Lawrence
rencontra les
autres dirigeants de la péninsule arabe pour leur dire que s'ils
ne se soumettaient pas aux Britanniques et s'ils formaient une alliance
avec le chérif, l'empire allait déchaîner Ibn Saud
et ses Wahhabites, qui étaient «
à la disposition » des Britanniques, contre eux.[6]
Au même moment, après la
conférence, Churchill se rendit à Jérusalem
où il rencontra le fils du chérif, Abdullah, qu'on avait
nommé dirigeant, ou « émir », d'un
nouveau territoire, la « Transjordanie ». Churchill
informa Abdullah qu'il devait tenter de convaincre « son
père d'accepter le mandat palestinien et de signer un
traité
à cet effet », sans quoi « les Britanniques
s'apprêtaient à déchaîner Ibn Saud contre
Hedjaz ».[7]
Entretemps, les Britanniques s'apprêtaient à lancer Ibn
Saud contre le dirigeant d'Haïl, Ibn Rashid.
Ibn Rashid avait rejeté toutes les ouvertures
que l'empire britannique lui avait fait par le biais d'Ibn Saud pour
qu'il devienne un autre parmi tant d'autres de ses fantoches.[8] En surcroît, Ibn Rashid avait
étendu son territoire au nord de la nouvelle frontière
palestinienne mandatée jusqu'aux frontières de l'Irak
à l'été de 1920. Les
Britanniques s'inquiétaient d'une possible alliance entre Ibn
Rashid, qui contrôlait le nord de la péninsule, et le
chérif, qui en contrôlait l'ouest. Aussi, l'empire
cherchait à ce que les routes terrestres entre les ports
palestiniens sur la mer Méditerranée et le Golfe persique
soient sous le contrôle de quelqu'un qui leur serait favorable.
À la conférence
du Caire, Churchill donna son accord à un officier
impérial, Sir Percy Cox, à l'effet qu' « Ibn Saud
devrait ‘pouvoir occuper Haïl' ».[9] Avant la fin de 1920, les
Britanniques donnaient à Ibn Saud une « 'subvention'
mensuelle de 10 000 livres en or, en plus de sa subvention
mensuelle régulière. Il recevait aussi de
généreux
approvisionnements en armes, avec un total de 10 000
carabines, d'importantes armes de siège et quatre
canons-obusier » avec l'aide d'instructeurs britanniques et
indiens.[10] Enfin, en
septembre 1921, les Britanniques lancèrent Ibn Saud contre
Haïl qui a officiellement capitulé en novembre 1921.
C'est suite à cette
victoire que les Britanniques offrirent un nouveau titre à Ibn
Saud, qui ne s'appellerait désormais plus « Émir de
Nejd et chef des Tribus » mais plutôt « Sultan
de Nejd et de ses dépendances ». Haïl
n'était rien de plus qu'un État sous la dépendance
de l'empire du sultan de Nejd.
L'empire continua d'entretenir l'illusion à
l'effet que le chérif -- maintenant qu'Ibn Saud était
à ses frontières et armé jusqu'aux dents par les
Britanniques -- allait se concilier avec la partition de l'Arabie et le
projet colonial sioniste britannique, mais il déchanta
rapidement. Une nouvelle ronde de pourparlers entre son fils Abdullah,
agissant au
nom de son père en Transjordanie, et l'empire, résulta en
une entente de principe donnant le feu vert au sionisme. Lorsque le
chérif prit connaissance de l'entente accompagnée d'une
lettre de son fils lui demandant d'« accepter la
réalité », il refusa de la lire et
décida plutôt de composer lui-même une
ébauche de traité dans lequel il rejetait
les nouvelles partitions en Arabie ainsi que la déclaration
Balfour et il l'expédia sitôt à Londres pour qu'il
soit ratifié ![11]
Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud avec Sir Percy Cox
Dès 1919 les Britanniques ont peu à
peu réduit la subvention d'Hussein, à tel point que dans
les premières années de 1920, ils l'ont
coupée. Pendant ce temps, ils continuaient de subventionner Ibn
Saud.[12] Après trois
nouvelles rondes de négociations à Amman et à
Londres, l'empire constata que Hussein ne céderait jamais la
Palestine à la Grande- Bretagne et à son projet sioniste
ni n'accepterait-il les nouvelles partitions des terres arabes.[13] En mars 1923, les Britanniques
informèrent Ibn Saud de la fin des subventions à son
intention non sans lui accorder directement une «
bourse » de 50 000 livres, l'équivalent
d'une subvention
annuelle.[14]
En mars 1924, un an après que les
Britanniques eurent accordé la « subvention »
à Ibn Saud, l'empire annonça qu'il avait mis fin à
toute discussion avec le chérif Hussein, sachant qu'ils
n'arriveraient pas à un arrangement.[15]
En l'espace de quelques semaines, les forces d'Ibn Saud et de ses
disciples wahhabites commencèrent à
administrer, selon l'expression du secrétaire des Affaires
étrangères britanniques, Lord Curzon, ce qui devait
être le « coup final » porté contre le
chérif Hussein, prirent d'assaut la capitale d'été
de Taïf du chérif Hussein et attaquèrent le
territoire du Hedjaz. L'empire s'adressa ensuite aux fils du
chérif, à qui il avait accordé des royaumes en
Irak et en Transjordanie, pour leur dire de ne fournir aucune
assistance à leur père assiégé, ou, en
termes diplomatiques, de ne pas « encourager l'ingérence
à Hedjaz ».[17]
À Taïf, les wahhabites d'Ibn Saud procédèrent
à leurs massacres habituels, tuant femmes et enfants et allant
dans les mosquées pour y tuer les érudits islamiques
traditionnels.[18] Ils saisirent le
lieu le plus sacré de l'Islam, la Mecque, à la
mi-octobre 1924. Le chérif Hussein fut forcé
d'abdiquer et s'exila au port d'Akaba à Hedjaz. Il fut
remplacé en tant que monarque par son fils Ali qui fit de Hedjaz
sa base gouvernementale. Alors qu'Ibn Saud s'apprêtait à
assiéger le reste d'Hijazi, les Britanniques
se mirent à incorporer le port nordique de Hedjaz à la
Transjordanie. Craignant que le chérif Hussein ne se serve
d'Akaba comme base de ralliement pour les Arabes contre l'empire d'Ibn
Saud, l'empire annonça sans équivoque au chérif
qu'il devait quitter Akaba sans quoi Ibn Saud le prendrait d'assaut.
Pour sa part, le chérif Hussein riposta qu'il
n'avait « jamais reconnu les mandats imposés aux pays
arabes et qu'ils contestait toujours le gouvernement britannique qui
avait fait de la Palestine un domicile national pour les
Juifs ».[19]
Le chérif Hussein fut chassé d'Akaba, le
port même qu'il avait libéré des mains de l'empire
ottoman pendant la « révolte arabe ». Il quitta
le port le 18 juin 1925 à bord du HMS Cornflower.
Ibn Saud débuta son siège de Djeddah en
janvier 1925 et la ville se rendit enfin en
décembre 1925, mettant fin au règne de plus de mille
ans des descendants du prophète Mohammed. Les Britanniques
reconnurent officiellement Ibn Saud en tant que nouveau roi de Hedjaz
en février 1926 et d'autres puissances européennes
ont immédiatement fait de même. En 1932, l'empire
renommait le nouvel État wahhabite unifié le «
Royaume de l'Arabie saoudite ». Un certain George Rendel, un
officier travaillant au bureau du Moyen-Orient des Affaires
étrangères de Londres, prétend être l'auteur
du nouveau nom.
Sur le plan de la propagande, les Britanniques ont
servi les wahhabites et leur prise de contrôle de Hedjaz de trois
façons. Ils ont d'abord dit de l'invasion par Ibn Saud qu'elle
était motivée par le fanatisme religieux plutôt que
par les considérations géopolitiques de
l'impérialisme britannique.[20]
Cette supercherie est promue encore
aujourd'hui, comme en a témoigné récemment le
documentaire acclamé du BBC, « Bitter Lake »
d'Adam Curtis, dans lequel l'auteur prétend que c'est « la
forte vision d'intolérance du wahhabisme » qui avait
incité les « bédouins » à
créer l'Arabie saoudite.[21]
Deuxièmement, les Britanniques ont toujours décrit les
fanatiques
wahhabites d'Ibn Saud comme étant une force anodine et
incomprise qui ne cherchait qu'à redonner à l'Islam son
contenu original dans sa forme la plus pure.[22]
Même aujourd'hui, ces djihadistes islamistes sont décrits
dans les termes les plus anodins lorsque leurs insurrections sont
appuyées par les Britanniques et par l'Occident comme ce fut le
cas dans les années quatre-vingt en Afghanistan et encore
aujourd'hui, en Syrie, alors que les médias occidentaux disent
d'eux qu'ils sont des « rebelles
modérés ». Troisièmement, les
historiens dépeignent Ibn Saud comme étant une force
indépendante et non comme un instrument des Britanniques servant
à éliminer quiconque était perçu
comme étant superflu selon les critères et les exigences
impériaux. Par exemple, le professeur Eugene Rogan, dans sa
récente étude sur l'histoire des Arabes, prétend
qu' « Ibn Saud n'avait aucun intérêt à lutter
contre » l'empire ottoman. Le moins qu'on puisse dire, c'est
qu'une telle affirmation manque nettement de précision
puisqu'Ibn
Saud a participé à la guerre dès 1915. Le
professeur prétend aussi de façon malhonnête qu'Ibn
Saud n'était intéressé qu'à faire valoir
« ses propres objectifs » qui, par pur hasard,
correspondaient toujours à ceux de l'empire britannique.[23]
En somme, un des aspects les plus
négligés de la déclaration Balfour est
l'engagement de l'empire britannique à « faire tout en son
possible pour faciliter » la création d'un «
domicile national pour le peuple juif ». Évidemment,
un grand nombre de pays dans le monde aujourd'hui furent
créés par l'empire, mais ce qui distingue
les frontières de l'Arabie saoudite des autres est le fait que
ses frontières au nord et au nord-est sont le produit de la
facilitation de la création d'Israël par l'empire. Du
moins, la dissolution des deux émirats arabes d'Haïl et
d'Hedjaz par les wahhabites d'Ibn Saud est due au fait que ses
dirigeants avait refusé de faciliter le projet sioniste de
l'empire
britannique en Palestine.
Il est donc clair que l'effort de l'empire britannique
visant à imposer le sionisme en Palestine est bien
présent dans l'ADN géographique de l'Arabie saoudite
contemporaine. Aujourd'hui, pour comble de l'ironie, les deux sites les
plus sacrés de l'Islam sont gouvernés par le clan
saoudien et par les enseignements wahhabites en raison du fait
que l'empire jetait les bases du sionisme en Palestine dans les
années vingt. Si on transpose cela à aujourd'hui, c'est
sans surprise qu'à la fois Israël et l'Arabie saoudite
n'hésitent pas à intervenir du côté des
« rebelles modérés » que sont à
leurs yeux les djihadistes dans la présente guerre en Syrie,
pays qui, de façon directe et indirecte,
rejette la colonisation sioniste de la Palestine.
Comme les États-Unis, le «
successeur » de l'empire britannique à la
défense des intérêts occidentaux au Moyen-Orient,
sont perçus comme étant moins enthousiastes à
s'engager militairement au Moyen-Orient, il est
presque inévitable que les deux nations profondément
enracinées dans la déclaration Balfour de l'empire
développent une
alliance de plus en plus ouverte à la défense de leurs
intérêts communs.
Nu'man Abd al-Wahid est un chercheur
indépendant d'origine yéménite et anglaise dont la
spécialité est la relation politique entre l'État
britannique et le monde arabe. Son principal point
d'intérêt est comment le Royaume-Uni a historiquement
défendu ses intérêts politiques dans le monde
arabe. Un recueil complet de ses essais est
disponible à http ://www.churchills-karma.com/. Twitter
handle : @churchillskarma.
Notes
1. Gary Troeller, The Birth of Saudi Arabia
(Londres : Frank Cass, 1976), p. 91.
2. Askar H. al-Enazy, The Creation of Saudi
Arabia : Ibn Saud and British Imperial Policy, 1914-1927
(Londres : Routledge, 2010), p. 105-106.
3. Ibid , p. 109.
4. Ibid , p. 111.
5. Ibid .
6. Ibid .
7. Ibid , p 107.
8. Ibid , p. 45-46 and pg. 101-102.
9. Ibid , p. 104.
10. Ibid.
11. Ibid , p. 113.
12. Ibid ., p. 110 et Troeller, op. cit.,
p. 166.
13. al-Enazy op cit.,
p. 112-125.
14. al-Enazy, op. cit., p. 120.
15. Ibid , p. 129.
16. Ibid , p. 106 et Troeller op.
cit., 152.
17. al-Enazy, op. cit., p. 136 et Troeller op.
cit., pg. 219.
18. David Howarth, The Desert King : The Life
of Ibn Saud (Londres : Quartet Books, 1980), p. 133
et Randall Baker, King Husain and the Kingdom of Hejaz
(Cambridge : The Oleander Press, 1979), p. 201-202.
19. Cité dans al-Enazy op.
cit., p. 144.
20. Ibid , pg. 138
et Troeller op. cit., p. 216.
21. Dans la version originale intégrale de BBC
sur
iPlayer, ce segment débute vers la fin à 2
heures, 12 minutes et 24 secondes.
22. al-Enazy op. cit., p. 153.
23. Eugene Rogan, The Arabs : A History
(London : Penguin Books, 2009), p. 220.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|