Numéro 136 - 5 novembre 2016
Élections
présidentielles le 8 novembre aux États-Unis
Quand les personnages les plus
détestés rivalisent pour la présidence
- Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) -
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Élections
présidentielles
le
8
novembre
aux
États-Unis
• Quand les personnages les plus
détestés rivalisent pour la présidence -
Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
• Une campagne pour éliminer les partis
politiques et saper la lutte du peuple pour s'investir du pouvoir - Organisation
marxiste-léniniste des États-Unis
• Le discrédit des élections
présidentielles accroît les possibilités d'une
intervention fédérale et d'une guerre civile
• Le département de la Justice
réduit le nombre d'observateurs fédéraux dans les
bureaux de scrutin
Résistance
courageuse du peuple aux États-Unis
• La désobéissance et la
résistance à Standing Rock se poursuivent
• Les prisonniers américains continuent
de dénoncer le système carcéral esclavagiste
moderne
• Convergence à la frontière
mexicaine à la défense des droits, contre la
militarisation et la politique étrangère des
États-Unis - School of the Americas Watch
Guerre criminelle
contre le Yémen
• Les États-Unis coupables de crimes de
guerre - Voice of Revolution
• On cache le rôle des États-Unis
dans le massacre au Yémen pour que le bombardement soit
présenté comme de l' « autodéfense »
- Adam Johnson
• Les États-Unis et le Royaume-Uni
continuent de participer activement aux crimes de guerre saoudiens,
ciblant les civils yéménites - Glenn Greenwald
Élections présidentielles
le 8 novembre aux États-Unis
Quand les personnages les plus détestés
rivalisent pour la présidence
- Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) -
Le 8 novembre est jour d'élection aux
États-Unis. Il y a l'élection
à la présidence mais aussi l'élection des 435
membres votants de la
Chambre des représentants et de 34 des 100 membres du
Sénat. La Chambre
des représentants et le Sénat forment ensemble le
Congrès américain.[1]
L'élection 2016
arrive à un moment où de grandes inquiétudes sont
soulevées par la crise générale dans laquelle
s'enfonce la société
américaine et par le rôle que jouent les États-Unis
dans le monde, en
particulier leur intervention militaire dans les affaires mondiales,
car la guerre et la violence semblent s'imposer comme moyen de
règlement des conflits aux dépens de la paix et de toute
notion de
neutralité positive. Sur le front économique, si
en 1960 les États-Unis
contrôlaient 40 % de la production mondiale,
aujourd'hui ils n'en
contrôlent que 22 %. La crise environnementale et
l'appauvrissement de
la classe ouvrière américaine se font
sentir. La militarisation de la police, l'occupation policière
de
différentes communautés et la violence que subissent les
Américains
inquiètent également. Le fait que de plus en plus de
prisonniers aux
États-Unis se retrouvent dans des institutions privées,
gérées pour le
profit, qu'on y vive des conditions de quasi-esclavage et qu'on y
subisse un traitement
très abusif, comme le recours fréquent à
l'isolement cellulaire pour une
période indéterminée, ont provoqué un
tollé de protestations et un
mouvement de grève de la faim et de révolte dans le
système carcéral
américain.
Le nombre croissant de déportations et
l'utilisation de camps
d'internement sont également des phénomènes qui
prennent de l'ampleur
et qui inquiètent, comme aussi le refus de répondre aux
revendications
de la nation Sioux à Standing Rock sur la base d'un rapport
politique
de nation à nation. La guerre à la terreur maintenant
devenue
permanente sert à justifier les assassinats ciblés, la
torture et la
répression des mouvements de résistance. La classe
ouvrière américaine
a besoin de ses institutions indépendantes et de sa voix
indépendante
pour défendre ses droits et ouvrir une voie vers l'avant.
Aucun de ces problèmes n'a été
soulevé dans la campagne électorale,
aucune solution n'a été proposée. Au contraire, le
niveau du discours
politique est plus bas que jamais, à commencer avec les
primaires. Le
hooliganisme des primaires a si complètement siphonné
l'oxygène de
l'air ambiant qu'il est devenu impossible de penser. Il est tout
de suite devenu évident que les élections ne vont pas
permettre de
résoudre les contradictions dans les rangs des cercles dominants
comme
elles sont censées le faire. Au contraire, la campagne a
révélé à quel
point l'État et le système de gouvernance
américains opèrent par la
corruption et la coercition et à quel point le peuple est
privé de
pouvoir
politique. C'est l'autre aspect très important du pouvoir
d'État entre
les mains de l'oligarchie financière. L'élite
impérialiste dominante
parvient à priver le peuple du pouvoir en le privant d'une
conception
du monde, d'une façon de voir l'ensemble des problèmes
posés pour qu'on
puisse calmement les démêler et leur trouver des solutions.
C'est le contenu principal
de la désinformation, le fait de
détruire les grands mouvements populaires contre la guerre, la
violence, les déportations, le non-respect des droits
ancestraux,
l'expropriation des terres et le génocide des peuples
autochtones,
l'incarcération en masse et la négation des droits. La
désinformation
et la suppression de la
résistance de ceux qui réclament leurs droits sont
liées au fait que le
peuple est privé d'une conception du monde conséquente,
dont il a
besoin pour bâtir le nouveau à partir des conditions
sociales. Au nom
de la sécurité, on a inventé la
nécessité de débarrasser le pays, voire
le monde, de « fauteurs de trouble », quels qu'ils
soient :
ceux qui résistent, ceux qui militent contre la guerre, les
militants
syndicaux, les combattants pour la justice, etc. Ceux-ci ne sont pas
considérés comme des citoyens ayant des droits
égaux, qui agissent dans
la sphère politique. Se débarrasser des « fauteurs
de trouble » est une
autre façon de priver le peuple d'une conception du monde
moderne.
La désinformation de l'opinion publique n'est
pas un objectif
auquel le peuple peut se rallier. Elle laisse le corps politique
américain sans but. La promotion du racisme, du sexisme, de la
guerre,
du chauvinisme, des scandales et du salissage qui divisent le corps
politique et brisent les mouvements de résistance du peuple font
d'autant plus
ressortir l'absence d'une conception du monde à partir de
laquelle les
gens puissent s'orienter et démêler les choses. L'histoire
appelle le
peuple à changer la situation. L'antidote est la négation
de la
négation, de bâtir les institutions et la pensée
qui permettent
d'établir une conception du monde moderne et d'approfondir et
élargir
les mouvements
de résistance pour les droits et un avenir prosocial.
Les électeurs
américains sont appelés à choisir entre Clinton et
Trump, deux des individus les plus détestables qu'on puisse
imaginer,
et possiblement un troisième parti qui n'a aucune chance de
gagner,
mais quoi qu'il en soit aucune des contradictions au sein des cercles
dominants n'est en voie d'être résolue.[2]
Au contraire, l'état de guerre civile est on ne peut plus
évident. Les
partis politiques ont été détruits à toutes
fins pratiques, le Congrès
ne fonctionne plus et les élections en cours, plutôt que
de rétablir un
nouvel équilibre dans le statu quo, sont utilisées pour
achever la «
transformation » de la façon de gouverner :
vers un processus politique qui outrepasse les structures de parti et
de gouvernement, y compris les Nations unies, l'établissement de
soi-disant liens directs avec les citoyens, au pays et à
l'étranger, et
le recours aux pouvoirs policiers. Ce processus appelé «
troisième
voie » a d'abord été introduit par le
gouvernement de Bill Clinton et a
été
continué par George W. Bush et Barack Obama.
Obama a mobilisé autour de lui des «
forces pour le changement »
pour se propulser à la Maison blanche. Une fois arrivé,
il a créé
plusieurs sites web, dont « Change.gov », un nouveau
site pour la
Maison blanche et une page de pétitions et d'initiatives
d'organisations de jeunesse. À l'étranger il a
établi des liens directs
avec des
organisations dites non gouvernementales, pour justement contourner les
gouvernements de certains pays. L'armée américaine a
établi des liens
directs avec les armées d'autres pays pour pouvoir chasser plus
facilement les politiciens qui refusent de coopérer. Cela est
particulièrement évident dans les régions et les
pays où des guerres
font rage,
comme en Asie de l'ouest, en Asie centrale et dans le nord de
l'Afrique, mais aussi à l'intérieur des alliances
militaires avec le
Japon, la Corée du sud, les Philippines et dans l'ensemble de
l'Amérique centrale et du sud.
Le genre de changement qu'apporte l'élite
impérialiste américaine
renforce la méthode de gouvernance basée sur les pouvoirs
policiers.
Lorsqu'Obama a été élu, l'élite dominante
avait besoin d'un sauveur
capable d'unir les factions rivales dans les forces armées, y
compris
aussi les forces policières, les Forces spéciales et les
agences de
renseignement comme le FBI, la CIA et le Homeland Security. En
déclarant une guerre permanente, le commandant en chef et les
forces
policières sont devenus prédominants et il s'est
établi un pouvoir
d'exception permanent. On va maintenant jusqu'à déclarer
que le
commandant en chef de l'armée est aussi le « commandant en
chef du
peuple ». Par ces moyens on cherche à créer
l'illusion d'un rapport
direct entre le commandant en chef et chaque Américain et
Américaine,
un commandant en chef qui, comme le dit Hillary Clinton, est « la
seule
chose qui nous sépare de l'Apocalypse ». Avec cette
façon de gouverner,
le leader devient omnipotent et les structures en
place perdent leur importance, voire elles deviennent un obstacle
à la
gouvernance comme le laisse entendre Donald Trump quand il dit que
« le
système est truqué ». Le peuple est en proie
à un sentiment
d'impuissance parce qu'il est appelé à choisir entre deux
options
toutes aussi inacceptables l'une que l'autre. L'important à
retenir est
que
les citoyens ne sont pas censés donner suite à leur
désir de changement
en se politisant eux-mêmes et en s'unissant à ceux qui
veulent des
structures économiques, politiques et sociales qui correspondent
à la
réalité moderne d'une vie socialisée.
Les défis auxquels
est confrontée l'élite dominante des États-Unis
dans le monde sont en partie liés au déclin de sa toute
puissance
économique, avec le passage de l'ordre mondial de
l'après-Deuxième
Guerre mondiale au Nouvel Ordre mondial des années 1990.
Pour les
dirigeants américains cela veut dire qu'ils doivent
défendre leur
domination même au risque de pousser leur système à
l'effondrement, aux
États-Unis et dans le monde. L'administration Obama et les
oligopoles
et cartels qui veulent faire élire Hillary Clinton semblent
même
disposés à provoquer une guerre avec la Russie pour
atteindre leur fin.
La désinformation, les guerres d'agression et
l'écrasement des
mouvements de résistance des peuples, de pair avec l'absence
d'une
conception du monde moderne et conséquente pour le peuple, ont
pour
effet de détourner le débat électoral de ce qui
est véritablement en
jeu pour les États-Unis.
La désinformation constante et la pression pour
obliger le peuple à
renoncer à ses droits et à ses mouvements de
résistance créent un
scénario où le corps politique ne semble pas avoir de but
et est réduit
à choisir entre deux mauvais choix plutôt que de s'atteler
à la tâche
de bâtir le nouveau. L'absence de conception du monde
détourne
l'attention de l'ampleur de la crise générale qui
assaille le système
de gouvernance américain et rend difficile de faire les premiers
pas
pour se sortir du marais.
Quel est le rapport entre la crise
générale et le processus
politique ? Si le processus politique (les élections, les
partis, les
assemblées législatives, les tribunaux et toutes les
autres
institutions de l'État qui forment un gouvernement des lois) ne
permet
plus de résoudre les problèmes et les contradictions
surgis de la
société et de l'existence
même, que faut-il faire pour avancer ? Il est clair que les
pouvoirs
policiers utilisés pour résoudre les problèmes au
pays et à l'étranger
ne sont pas les pouvoirs d'une institution en particulier et qu'ils
agissent à l'extérieur du gouvernement des lois et en
contradiction
avec lui. Ils ne sont pas de nature à soutenir un gouvernement
des
lois, que
ce soit aux États-Unis ou ailleurs.
L'état de la démocratie américaine
Priver le peuple d'une conception du monde va de pair
avec la
cooptation, le confinement et la destruction de toute résistance
et
de tout mouvement d'opposition parmi le peuple, de toute pensée
basée
sur les mouvements pour le nouveau et sur la défense des droits
de tous
et toutes. L'État de la démocratie américaine est
tel que sur une
population de plus de 320 millions d'habitants, deux des personnes
les
plus détestées sont candidats à la
présidence des États-Unis, la
puissance mondiale qu'on appelle « nation
indispensable » (ce qui par
définition veut dire que les autres nations sont superflues).
Et de même, les Américains qui refusent de
se soumettre à
l'injustice et qui par conséquent n'entrent pas dans la
catégorie des «
gouvernés » sont également
considérés comme « superflus ». C'est
pourquoi le processus électoral ne traite pas les
Américains comme des
citoyens ayant des droits égaux mais les déshumanise en
les
réduisant à des groupes d'intérêts
spéciaux : le « vote indécis », le
«
vote noir », le « vote latino », etc. Cela
aussi sert à désinformer le
corps politique et à le laisser sans but.
La désinformation
laisse entendre que c'est Hillary Clinton qui
devrait être élue parce qu'elle est une femme, que cela va
créer une
première aux États-Unis, briser la barrière
invisible et donner créance
à la démocratie américaine. Quoi qu'on en pense,
l'élection de Clinton
ne peut pas être considérée comme étant un
but pour le corps politique,
pas plus que l'élection de Barack Obama en tant que premier
président
afro-américain ne pouvait être le but du corps politique
en 2008.
L'absence d'un but se voit au fait que les efforts d'Obama pour mettre
fin à « l'humiliation des États-Unis »
ont échoué. Les crimes qu'il a
commis au nom de la guerre au terrorisme, les scandales
financiers récurrents et l'effondrement du « rêve
américain » ont
aggravé l'humiliation des États-Unis et les ont
rabaissés comme jamais
auparavant dans l'histoire. Aucune des actions des représentants
politiques des oligopoles, qui mettent en danger la vie sur terre, ne
contribue au développement d'un but pour le corps politique qui
corresponde aux besoins de l'humanité et de la vie
elle-même.
Le but et la conception du monde conformes aux
conditions sociales
ne peuvent provenir que de ceux qui vont bénéficier du
changement,
ceux-là mêmes que l'élite impérialiste
considère comme étant «
superflus ». La lutte des travailleurs, des jeunes, des
petites gens
d'affaires, des nations opprimées et des autres collectifs du
peuple
pour leurs droits et pour de nouveaux rapports de production et le
renouveau démocratique exprimant une nouvelle gouvernance
conforme aux
conditions sociales modernes va créer son propre but, sa propre
conception du monde et son propre ordre du jour. Ils doivent priver
l'élite impérialiste dominante et son commandant en chef
du pouvoir de
priver le peuple de ses droits.
La destruction de l'opinion publique
L'opinion publique existe en vertu d'un processus
politique ; le
processus politique existe en vertu des relations qui existent entre
les individus et les collectifs, la partie et le tout, tous les
intérêts en lutte, qui doivent faire l'objet d'un
arrangement. Cet
arrangement existe dans l'acte de priver ceux qui privent les autres,
l'acte qui propulse
la société vers l'avant. C'est la raison pour laquelle la
démocratie et
le système qu'on appelle démocratique sont des
phénomènes des sociétés
de classes. Lorsque le temps est venu pour eux de remettre leurs
pouvoirs et que les « superflus » construisent le
nouveau, ceux qui
dirigent les États, qui oppriment et exploitent les classes
sociales «
superflues » comme les esclaves et les travailleurs n'ont
que les
pouvoirs policiers à offrir, lesquels sont à
l'extérieur du
gouvernement des lois. Même l'élite dominante aux
États-Unis sait très
bien qu'il en est ainsi puisqu'elle a elle-même pris le pouvoir
en
privant le roi d'Angleterre de ses pouvoirs dans les colonies
américaines.
L'élection montre que le système
électoral américain, le
système de partis politiques et de gouvernance, est
épuisé. Il est
exténué, vidé. Il n'a rien à offrir. Seuls
subsistent les pouvoirs
policiers. La démocratie représentative apparaît
comme une dictature
militaire sans politique, où seuls subsistent les pouvoirs
policiers et
les dangers qu'ils
posent à l'humanité.
Les candidats dotés d'armées personnelles
pour se faire élire,
l'imposition d'un état de guerre et d'un régime
d'exception permanent
et la création d'un « commandant en chef »,
dans le contexte du
dysfonctionnement avoué des institutions autrefois politiques
telles
que le Congrès, ne va pas conférer de
légitimité à quiconque sortira
vainqueur de cette élection. Au contraire, dans une situation
où il
n'existe pas de processus permettant de résoudre les
contradictions au
sein des cercles dominants et entre les cercles dominants et le peuple,
le danger de l'éclatement d'une guerre civile avec conflit
armé,
dictature militaire et occupation au pays et des aventures toujours
plus
dangereuses à l'étranger sont une préoccupation
majeure qui ressort de
cette élection.
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) saisit l'occasion
pour affirmer sa confiance totale dans la classe ouvrière, les
jeunes,
les minorités nationales et les nations autochtones des
États-Unis.
S'il est évident qu'aucune des deux factions rivales qui
cherchent à
triompher l'une de l'autre avec leurs basses manoeuvres et
contre-manoeuvres dans le contexte de l'élection
présidentielle et de
ses suites ne parviendra à résoudre les problèmes
de l'élite dominante,
elles ne réussiront pas non plus à éliminer les
mouvements de
résistance du peuple américain, lesquels vont à
coup sûr prendre de la
force et de l'ampleur.
Le PCC(M-L) est d'avis que la seule voie vers l'avant
en ce moment
est de déployer les mouvements de résistance du peuple et
d'établir un
processus politique qui puisse mener à l'établissement
d'un
gouvernement antiguerre. Entre-temps, tous les efforts doivent
être
faits pour donner au corps politique une conception du monde qui
correspond aux conditions sociales pour que les problèmes qui
assaillent l'humanité en ce XXIe siècle puissent
être résolus sur une
nouvelle base historique.
Nous appelons les Canadiens et les Canadiennes à
s'opposer à
l'élection d'un autre président ou présidente de
guerre aux États-Unis
et à soutenir le peuple et les nations opprimées des
États-Unis dans le
renforcement de leur résistance et de leurs organisations, leurs
mouvements pour un gouvernement antiguerre et pour ramener les soldats
au
pays, pour défendre les droits de tous et toutes et pour
humaniser
l'environnement naturel et social.
Notes
1. Le candidat à la présidence qui
obtiendra 270 des 538 votes du collège
électoral
sera proclamé président. Chaque État se voit
attribuer une partie des
votes du collège électoral en fonction du nombre de
représentants qu'il
a au Congrès, dont trois assignés d'avance au District de
Columbia
où se trouve la Maison blanche. Les votes du collège
électoral de
chaque État sont censés aller au candidat qui a obtenu le
plus grand
nombre de suffrages dans cet État, à l'exception du Maine
et du
Nebraska qui redistribuent les votes du collège électoral
dans la même
proportion que les suffrages exprimés. Si aucun candidat ne
reçoit 270
votes, le président est choisi par la Chambre des
représentants parmi
les trois candidats qui auront remporté le plus de votes tandis
que le
vice-président est choisi par le Sénat.
2. Selon un sondage Washington Post
/ABC effectué du 26 au 29 octobre, 60 % des
électeurs probables ont
une mauvaise opinion d'Hillary Clinton tandis que 58 % ont
une mauvaise
opinion de Donald Trump. Le même sondage montre
que 97 % des
partisans de Trump n'ont pas une opinion favorable à Clinton
(et 90 %
ont une très mauvaise opinion d'elle), tandis que 95 %
des partisans de
Clinton ont une mauvaise opinion de Trump (et 90 % ont une
très
mauvaise opinion de lui). Les intentions de vote sont
à 46 % en faveur
de Clinton et
à 45 % en faveur de Trump. Le sondage New York
Times /CBS, lui, dit que 80 % des électeurs
admissibles trouvent la campagne à la présidence
répugnante.
Une campagne pour éliminer les partis politiques
et saper la lutte du peuple pour
s'investir du pouvoir
- Organisation marxiste-léniniste
des États-Unis -
Alors que les élections présidentielles
aux États-Unis entrent dans leur dernière semaine,
beaucoup d'Américains sont plus en colère maintenant
qu'ils ne l'étaient au début de la campagne. Ils ont
été témoins d'une suite de scandales qui a
englouti tant Trump que Clinton et de leurs menaces qui ont
suivi. Les deux candidats sont maintenant plus détestés
qu'au début.
La campagne a confirmé que tant Trump que
Clinton font partie de regroupements criminels rivalisant pour servir
leurs ambitions et celles des autres riches impérialistes.
Surtout, le plus inquiétant pour beaucoup est que malgré
une aussi longue campagne aucun des problèmes auxquels fait face
le corps politique n'est abordé, du besoin de garantir
l'égalité entre êtres humains à la
nécessité de garantir que le peuple est la source du
pouvoir politique. Aucun progrès non plus n'a
été fait dans le sens de faire des États-Unis un
facteur de paix et non d'agression et de guerre. La demande d'Hillary
Clinton de créer une zone d'interdiction de vol en Syrie menace
directement la Russie et pourrait provoquer le déclenchement
d'une guerre mondiale d'envergure catastrophique. Trump menace lui
aussi d'élargir la guerre en déclarant son intention
d'envoyer l'armée américaine intervenir directement
dans tous les pays où se trouve l'État islamique pour le
combattre et l'éliminer. Il s'agit de dizaines de pays selon les
autorités américaines. La militarisation de la police et
de l'immigration et l'occupation militaire de villes et de
communautés entières sont passées sous silence. La
résistance courageuse du peuple, comme à Standing
Rock où les Amérindiens et de nombreux regroupements
protestent contre la construction de l'oléoduc Dakota Access
pour protéger l'eau à laquelle s'abreuvent des millions
de gens et pour défendre la souveraineté de la nation
Sioux, se heurte à des chars d'assaut, des armes automatiques,
des bangs soniques, le poivre de Cayenne et l'arrestation de 140
manifestants non armés en une seule journée. Des gens
sont tués par des drones ou par des policiers
déchaînés et cela fait partie de la militarisation
de la vie, où s'installe l'impunité des gouvernements qui
prétend combattre le terrorisme au pays et à
l'étranger. Or, rien de cela n'est reflété dans
cette campagne.
La campagne
présidentielle a accru les inquiétudes des
Américains et du monde face à la perspective d'un
élargissement de la guerre et refroidi l'espoir de voir
s'achever les guerres présentement en cours. Les deux candidats
va-t-en-guerre se servent de l'élection pour discréditer
ce
qui reste de la gouvernance par les lois et promouvoir
l'élection d'un
leader qui sera le commandant en chef à la fois de
l'armée et du peuple. Un commandant en chef ne dirige pas selon
la loi mais par le pouvoir policier : le pouvoir de
criminaliser, de punir, d'emprisonner, de tuer et de détruire
impunément.
On cherche à convaincre les électeurs
qu'il est nécessaire de choisir un commandant en chef pour
diriger le pays plutôt qu'un gouvernement dysfonctionnel, avec
des partis dysfonctionnels.C'est pourquoi il y a
eu tant d'attention durant la campagne sur l'aptitude des deux
candidats
à jouer le rôle de commandant en chef. Les chefs
militaires ont été ouvertement invités à se
prononcer et il y a même eu un débat des candidats
consacré entièrement à ce sujet à bord d'un
porte-avion militaire.
L'attention portée à la sélection
d'un commandant en chef et à l'élargissement des pouvoirs
policiers au pays et à l'étranger sape l'effort du peuple
américain pour s'investir du pouvoir de décider des
affaires qui le touchent et le concernent. L'élimination des
partis
politiques et la promotion de personnalités fortes ont pour
effet de dépolitiser le peuple. La seule façon d'ouvrir
une voie vers la solution des problèmes des États-Unis
aujourd'hui est de politiser le peuple et de trouver les moyens de
l'engager dans la politique, surtout les jeunes, de se donner le
pouvoir de
décider et d'exercer un contrôle sur les affaires
politiques, économiques et sociales.
L'élimination des partis démocrate et
républicain
Pour convaincre les Américains d'accepter
d'être gouvernés et menés par un commandant en
chef, les deux campagnes se sont acharnées à
discréditer et détruire les partis démocrate et
républicain, de l'extérieur comme de l'intérieur.
Trump et Clinton
ont essentiellement contribué à éliminer leurs
propres partis en tant qu'organisations politiques viables qui ont des
liens organisés avec le peuple.
Dans ces élections, Trump a ouvertement
attaqué le Parti
républicain dès le départ quand il a menacé
de se présenter comme candidat indépendant s'il
n’était pas traité équitablement. Depuis sa
nomination, c'est
littéralement des centaines de républicains et
d'importants spécialistes de la sécurité nationale
et des
affaires étrangères qui lui ont tourné le dos et
ont refusé de le soutenir, y compris de hauts
dirigeants du parti. Trump a accru la tension en bloquant le
financement de républicains se présentant à
d'autres postes.
Clinton a courtisé les républicains
mécontents de Trump et bon nombre d'anciens de l'administration
Bush se sont joints à elle. Avec son mot d'ordre
« plus forts ensemble » elle a attiré des
néoconservateurs avec de vagues promesses de postes au sein de
son gouvernement. Cela comprend Paul Wolfowitz, considéré
comme l'architecte de la guerre en Irak pour le président
Bush ; John Negroponte, directeur du service de renseignement et
secrétaire d'État adjoint de l'administration Bush ;
Richard Armitage, secrétaire d'État adjoint de
l'administration Bush et
conseiller de Ronald Reagan et de George W. Bush ; et Brent
Scowcroft, conseiller de trois présidents républicains.
Tous des fauteurs de guerre.
L'intervention du directeur du FBI James Comey pour
dire qu'Hillary Clinton était sous enquête, une semaine
avant le vote et au mépris d'un avis du département de la
Justice et des règles de non-intervention dans une
élection, montre que les pratiques et les normes du passé
ne tiennent plus
et que les conflits s'intensifient. Le FBI rivalise avec la CIA,
l'armée et les autres corps policiers et l'intervention du
directeur montre que les normes d'atténuation de ces conflits ne
fonctionnent plus.
Les divisions et les nouvelles alliances sont signe que
les deux partis ne fonctionnent plus en tant que partis avec une
discipline de parti et des plate-formes distinctes. Plusieurs facteurs
permettent de conclure que, pour les riches, les partis ne sont plus
requis. Ces derniers sont remplacés par une arène
politique dominée
par des dirigeants avec chacun sa
machine et ses regroupements en rivalité pour la
présidence. Obama, Clinton et Sanders ont tous leur machine
personnelle qui supplante et détruit la machine de parti. Tout
comme Trump qui a
acheté sa machine à même sa fortune personnelle
à
l'extérieur du Parti républicain, Clinton s'appuie non
pas sur l’appareil du Parti démocrate mais sur sa propre
machine, comme
l'illustrent les courriels fuités du compte de son directeur de
campagne John Podesta. Cet appareil privé est formé de
conseillers et de gens loyaux à l'intérieur comme
à
l'extérieur de la campagne et à différents niveaux
de gouvernement, dans la Fondation Clinton, le réseau de 80
millions $ et de liens étendus d'un ancien
président. Le pouvoir et le succès de cet appareil sont
la preuve que Clinton a « ce qu'il faut ».
Pour les riches impérialistes, l'État
américain n'existe que pour préserver leur
privilège de classe et leur contrôle de la
propriété sociale et pour maintenir la classe
ouvrière à l'écart du pouvoir. L'État
américain a deux formes principales :
un gouvernement des lois et un gouvernement de pouvoirs policiers.
Le gouvernement des lois requiert d'une part un
Congrès fonctionnel pour légiférer et d'autre part
l'élection de ceux qu'on appelle les représentants du
peuple. Les élections servent à conférer au
gouvernement l'autorité du peuple pour légiférer
et gouverner.
Les deux éléments donnent au gouvernement sa
légitimité et par conséquent son droit de recourir
à la force. Un gouvernement des lois est aussi censé voir
aux besoins du peuple, ou du moins donner l'apparence de le faire.
La présidence n'est
plus présentée comme étant principalement le poste
d’un civil responsable d’un gouvernement des lois mais bien comme celui
d'un
commandant en chef qui détient des pouvoirs policiers
étendus qu'il peut utiliser au pays et à
l'étranger. On assiste à une transition
générale d'un gouvernement des lois vers un gouvernement
de pouvoirs policiers. C'est en partie la raison pour laquelle Trump et
Clinton font tous deux intervenir de hauts gradés militaires
dans la campagne, alors que l'armée est traditionnellement
neutre dans une élection. Cette tradition de neutralité
sert à garantir le soutien de
l'armée à quiconque est élu. Or, maintenant, avec
le dénigrement, sinon la destruction des partis démocrate
et républicain, les militaires sont invités dans la
mêlée et y jouent un rôle important. La rupture de
la tradition de neutralité est un développement dangereux
parce
que cela veut dire qu'on ne sait plus à qui les militaires
voueront leur fidélité après l'élection et
que des scissions peuvent éclater par la suite.
Le gouvernement de pouvoirs policiers, lesquels
pouvoirs comprennent l'armée, les agences de renseignement et
tous les corps policiers, ne confère pas et ne peut pas
conférer de légitimité au pouvoir des riches
impérialistes et à leur État. Les pouvoirs
policiers, ce sont l'utilisation
de la force, le pouvoir de punir, de criminaliser, d'emprisonner et de
tuer toujours plus impunément. Ils ne sont pas
gênés par l'imputabilité ou la
responsabilité envers le peuple, comme quand les
autorités tuent impunément des gens par des frappes par
drone ou dans les expéditions des
forces spéciales au Yémen, au Pakistan, en Syrie et
ailleurs. Au pays, les forces policières de plus en plus
militarisées tuent des citoyens et attaquent des manifestants,
comme on le voit présentement à Standing Rock et comme on
l'a vu à Baton Rouge, Baltimore, Ferguson et ailleurs. Il n'y a
ni
imputabilité, ni État de droit.
L'élimination progressive du gouvernement des
lois et des partis politiques est en marche depuis longtemps. En
témoigne le dysfonctionnement du Congrès, en partie parce
que les partis politiques ne fonctionnent plus comme des partis
politiques. Les chefs de parti ne sont plus suivis et une
majorité à
la chambre, comme en détiennent présentement les
républicains, n'est plus suffisante à faire adopter des
lois. Les différents mécanismes de résolution de
conflit au sein des cercles dirigeants, comme les postes dans des
comités et la répartition du budget, ne fonctionnent
plus. La
campagne
présidentielle actuelle est un pas important vers
l'élimination des partis et du gouvernement des lois et vers
l'avènement d'un pouvoir policier omnipotent. Le commandant en
chef en tant que chef doit être suivi sinon le pouvoir policier
vous tombera dessus.
Le développement des partis politiques fut une
bonne chose pour le peuple, parce qu'ils sont nécessaires pour
donner une expression à la volonté collective. La
politique est nécessaire pour défendre nos
intérêts individuels et collectifs et ceux de la
société. C'est par la
politique que le peuple participe aux prises de décision et au
contrôle des affaires qui le concernent et qui l'affectent. La
dépolitisation du peuple par les riches impérialistes,
notamment par l'élimination de la politique et des partis
politiques, sert à diviser le peuple et à le
détourner de la
défense de ses droits individuels et collectifs, à
l'empêcher d'occuper l'espace du changement. Pour faire
progresser la cause de la démocratie aujourd'hui, il faut la
politique de l'habilitation du peuple, la mobilisation politique du
peuple pour qu'il se gouverne et décide.
Dans cette élection, les
riches impérialistes sont plus spécifiquement
engagés dans un effort pour obliger le peuple à se
soumettre aux guerres d'agression sans fin des États-Unis et aux
préparatifs pour un conflit inter-impérialiste plus
général entre les grandes puissances et à
l'impunité et la militarisation grandissantes de la vie au pays.
En
présentant le président comme le commandant en chef du
pouvoir policier, bien que toujours le représentant de la
volonté politique du peuple, on oblige le peuple à
accepter la guerre comme nécessaire et inévitable et son
habilitation et le changement prosocial comme impossibles. C'est
également pour cette raison que Clinton affirme qu'elle est
« la seule chose qui vous sépare de
l'Apocalypse ». Ainsi parle un commandant en chef
« du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Il vous menace et demande votre appui du même coup, car il est le
seul espoir
d'éviter l'Apocalypse. Clinton parle ainsi alors même
qu'elle menace de faire la guerre à la Russie, guerre que
beaucoup perçoivent comme le début de l'Apocalypse. C'est
une direction des événements qui est dangereuse et
destructive et qui doit être combattue vigoureusement.
L'imposition de cette direction antisociale pose un
problème pour les riches impérialistes, puisque le peuple
n'est pas si facilement disposé à se soumettre aux
diktats du pouvoir policier. On le voit dans les grands mouvements de
protestation qui se poursuivent à travers le pays et dans la
colère
face à cette élection présidentielle. De plus en
plus d'Américains se convainquent du besoin d'une autre
direction, une direction prosociale et antiguerre et l'habilitation du
peuple, surtout des jeunes. Tandis que les riches impérialistes
cherchent à présenter leur direction dangereuse et
rétrograde comme la voie du changement, l'histoire appelle le
peuple à occuper l'espace du changement et à s'organiser
pour établir une direction prosociale, vers un gouvernement
antiguerre et l'habilitation du peuple.
Le discrédit des élections
présidentielles accroît
les possibilités d'une intervention fédérale
et d'une guerre civile
Les deux candidats à la présidence,
Donald Trump et Hillary Clinton, discréditent les
élections. Trump ne cesse de parler de
fraude électorale qui serait en cours. Il parle surtout de la
fraude par des électeurs individuels, notamment des immigrants.
Il a demandé à ses partisans de se rendre aux bureaux de
vote pour défier les électeurs, ce qu'ils sont libres de
faire. Il a dit qu'il allait contester le
résultat de l'élection s'il perd parce que Clinton et son
entourage pourraient truquer le vote. Un des super comités
d'action politique (super PAC) qui amasse des fonds pour Trump
s'appelle «
Stop the Steal » (arrêter la fraude). Il persiste
à dire que la fraude électorale par des individus est un
grave
problème bien que les poursuites pour fraude commise par un
électeur soient rares et que seulement 31 cas d'usurpation
d'identité sur un milliard de votes exercés n'aient
été rapportés. Son objectif est de semer le doute,
pas de défendre le droit de vote.
Hillary Clinton a intenté des poursuites pour
intimidation d'électeurs dans quatre États «
clés », soit l'Ohio, l'Arizona, le Nevada et la
Pennsylvanie. Il s'agirait de cas où Trump et ses partisans ont
« conspiré pour menacer, intimider et par
conséquent empêcher de voter des électeurs de
minorités nationales dans des milieux
urbains ». La poursuite invoque la Loi sur le droit de
vote de 1965 et la Loi sur le Ku Klux Klan
de 1871. On cherche ici à créer l'impression que
Clinton se soucie de la suppression du droit de vote
d'Afro-Américains. Le fait que la poursuite ne concerne que
quatre États et ne s'intéresse pas à la Caroline
du
Nord, au Texas et à la Floride, où les autorités
gouvernementales ont lancé des campagnes pour priver certains
électeurs de leur droit de vote, montre que son objectif n'est
pas aussi noble qu'elle le laisse entendre et qu'elle cherche, comme
Trump, à semer le doute sur le résultat plutôt que
d'élargir et de garantir le droit de vote.
Les agissements des deux candidats
ont pour effet de discréditer les élections plus
généralement, et d'ainsi accroître les
possibilités d'une intervention de l'autorité
fédérale dans les affaires des différents
États. Les deux candidats font fi des raisons principales de la
marginalisation des électeurs, notamment des lois sur
l'inscription des électeurs
qui visent à empêcher les Afro-Américains en
particulier et les travailleurs en général de voter. Une
grande partie des électeurs admissibles ne pourront pas voter
parce qu'ils ne sont pas inscrits.
Tout au long de son évolution, le processus
électoral américain a servi à bloquer le vote
plutôt qu'à garantir l'exercice du droit de vote.
Aujourd'hui cela se fait par des lois qui resserrent les
règlements sur l'identification des électeurs dans
quatorze États, principalement situés dans le sud des
États-Unis. En Caroline du Nord, par exemple, la
National Association for the Advancement of Coloured People
(Association nationale pour la promotion des gens de couleur) a
déposé une demande d'injonction immédiate
le 31 octobre pour interdire aux commissions électorales
d'État et de comtés d'annuler illégalement
l'inscription de milliers d'électeurs, dont un nombre
démesuré
d'Afro-Américains.
Selon une étude de 2010, la suppression du
vote comprend le fait que plus de 5,8 millions de prisonniers et
ex-prisonniers sont privés de leur droit de vote,
dont 600 000 individus ne serait-ce qu'en Floride. Cette
suppression de vote frappe de façon démesurée les
Afro-Américains qui sont surreprésentés dans le
système carcéral raciste. L'élimination
d'électeurs de la liste électorale pour
différentes raisons, la réduction du nombre de bureaux de
vote et les déplacements des bureaux de vote le jour de
l'élection, qui créent des lignes d'attente plus longue
et du mécontentement, sont parmi les moyens utilisés pour
priver les
électeurs de leur droit de vote. Les électeurs font
face à des problèmes beaucoup plus graves que
l'usurpation de l'identité par des individus dans l'affirmation
de leur droit de vote. Mais ni l'un ni l'autre des deux candidats ne
s'intéresse à ces problèmes systémiques
causés par l'action des gouvernements et non par celles des
individus.
Alors pourquoi parlent-ils tant de fraude
électorale et d'intimidation ? C'est une façon de
discréditer les élections encore plus dans une situation
où les Américains sont déjà très en
colère face à ce qui se passe. Le fait de prendre
à partie certains États, comme le font tous deux Trump et
Clinton, ouvre la voie à l'intervention de l'autorité
fédérale chargée d'assurer l'«
équité » des élections. Les agissements
du département de la Justice (DoJ) laissent entrevoir cette
possibilité. Le DoJ envoie habituellement des centaines
d'observateurs et de scrutateurs dans les bureaux de vote à
travers le pays pour empêcher l'intimidation des
électeurs. En 2012, il a envoyé 780
observateurs spécialement formés pour surveiller le vote
dans 51 juridictions dans 23 États. Cette année
un nombre réduit d'observateurs formés seront
déployés dans moins de cinq États. Le DoJ
n'enverra pas d'observateurs dans les 14 États qui ont
adopté de nouvelles lois resserrant entre autres les
règles sur
l'identification des électeurs.
Ainsi, avec la probabilité que des gens non
formés des camps Clinton et Trump vont être
dépêchés aux bureaux de vote alors que de nouvelles
lois
et règles sur l'identification entrent en vigueur, le tout dans
le contexte historique de restriction du droit de vote par les
autorités, le DoJ décide d'être absent à ces
bureaux de vote. Il pourra alors blâmer les
États pour la confusion, les perturbations et allégations
de fraude.
De pair avec l'effort des deux
candidats pour discréditer l'élection, cela donne un
argument pour que les autorités fédérales prennent
en charge les élections ou du moins pour une
intervention fédérale. Le gouvernement
fédéral peut occuper l'espace qui lui est ainsi ouvert en
disant apporter des changements qui rendent le processus plus
démocratique
alors qu'en réalité il sape l'initiative des
électeurs qui réclament des changements en faveur de
l'habilitation du peuple. L'usurpation du pouvoir des États va
dans la même direction que l'institution d'un commandant en chef
comme dirigeant du pays et détenteur de pouvoirs policiers. Cela
crée également un scénario de guerre civile quand
les États
refuseront le contrôle fédéral.
Aux États-Unis, que la présidence prenne
le contrôle des différents corps policiers n'est pas une
mince affaire, surtout quand il s'agit de pouvoirs présentement
contrôlés par les villes, les comtés et les
États, dont la Garde nationale. Des divisions sont aussi
apparues dans l'armée, comme le montre le fait que plusieurs
généraux et autres hauts
gradés ont déclaré leur appui à l'un ou
l'autre des deux candidats à la présidence.
Traditionnellement, le président a la responsabilité
d'unir les corps militaires pour préserver l'Union et
présenter un front uni des riches impérialistes capable
d'empêcher le peuple d'accéder au pouvoir.
Dans les circonstances actuelles, les cercles
dirigeants impérialistes semblent espérer pouvoir imposer
un commandant en chef du pouvoir policier qui sera reconnu comme
commandant en chef nécessaire, voire indispensable, du peuple.
Ils réussiraient ainsi à préserver l'Union tout en
démobilisant le peuple qui s'oppose à la destruction du
gouvernement de droit et en lui faisant accepter un gouvernement de
pouvoirs policiers, un État policier militarisé.
L'État qui s'appuie sur le pouvoir policier
à l'extérieur du gouvernement des lois avance dans une
direction instable, destructrice et dangereuse. Il y a un besoin urgent
de donner une nouvelle direction aux affaires politiques des
États-Unis. Le peuple organisé pour défendre ses
intérêts individuels et collectifs et les droits de tous
et toutes peut
se mobiliser dans la politique pratique et mener une bataille
consciente pour une direction prosociale qui l'investisse du pouvoir de
décider de ses affaires et qui mène à
l'établissement d'un gouvernement antiguerre.
(Voice of
Revolution)
Le département de la Justice réduit le
nombre d'observateurs fédéraux
dans les bureaux de
scrutin
Pour l'élection de novembre, le
département de la Justice (DoJ) réduit de manière
significative le nombre d'observateurs fédéraux
postés à l'intérieur des bureaux de scrutins. Cela
se produit au moment où de plus en plus d'électeurs sont
de nouveau confrontés aux lois visant à restreindre
plutôt qu'à étendre le droit de vote. Plus d'une
douzaine d'États ont de nouvelles lois électorales
sévères pour exclure les électeurs, la plupart
obligent la présentation de pièces d'identité au
bureau de scrutin, en plus des exigences d'inscription.
Depuis leurs origines les
États-Unis s'organisent pour réduire la participation des
électeurs par divers moyens. Aujourd'hui comme dans le
passé, cela inclut l'inscription des électeurs selon des
exigences qui sont systématiquement racistes, orientées
vers la suppression de la participation des Afro-Américains. Les
lois actuelles ciblent également
les étudiants, les personnes âgées et plus
généralement, comme par le passé, ceux qui sont
pauvres.
Les nouvelles lois comprennent l'obligation de
présenter, au bureau de scrutin, des pièces
d'identité avec photo approuvées seulement par le
gouvernement. Cette exigence va provoquer des conflits. De plus, Donald
Trump a appelé ses partisans à surveiller eux-mêmes
les bureaux de scrutin, ciblant spécifiquement les
Latino-Américains. Les
démocrates devraient également avoir des observateurs sur
place. Autant les candidats que les partis peuvent envoyer des
observateurs à l'intérieur des bureaux de scrutin. Aucun
de ces bénévoles n'a besoin d'être formé ou
informé sur les lois. On soupçonne qu'ils vont chercher
à intimider les électeurs sinon à perturber le
vote en interrogeant
chaque électeur, ce qui va ralentir le processus et produire de
longues lignes d'attente aux bureaux de scrutin.
Au cours des cinq dernières décennies, le
DoJ a envoyé des centaines d'observateurs et de scrutateurs
partout au pays, en particulier dans les États du sud où
le DoJ prétend vouloir prévenir la discrimination envers
des électeurs. Le mandat du DoJ découle de la Loi sur le
droit de vote de 1965, elle-même le résultat
de
luttes populaires
dans le Sud et partout au pays à la défense du droit de
vote. Une décision de la Cour suprême en 2013 a
éliminé une partie clé de la loi, supprimant le
mandat fédéral d'approuver les changements
effectués par les États aux lois électorales.
Il y a 14 États où les travailleurs
postés dans les bureaux de scrutin de l'État sont
appelés à mettre en oeuvre de nouvelles lois, y compris
pour la première fois des exigences d'identification des
électeurs, dans le cadre d'une élection
présidentielle. Selon le DoJ, les observateurs
fédéraux ne seront pas postés dans les bureaux de
scrutin de
ces États.
Lors de l'élection présidentielle
de 2012, la dernière avant la décision de la Cour
suprême, le ministère de la Justice a envoyé plus
de 780 observateurs spécialement formés et d'autres
membres du personnel dans les bureaux de scrutin de 51
juridictions réparties dans 23 États pour surveiller
les activités illégales et
rédiger des rapports sur d'éventuelles violations des
droits civils. Cette année, le DoJ envoie des observateurs dans
moins de cinq États et seulement parce que des juges en ont
ordonné la surveillance. Alors que le DoJ indique que la
décision de la Cour suprême l'empêche d'envoyer des
observateurs, des organisations de défense des droits
affirment que la décision ne mentionne pas spécifiquement
les observateurs. On se demande par ailleurs pourquoi le DoJ a
annoncé et rendu public le fait qu'il ne va pas envoyer
d'observateurs.
L'expérience
répétée indique que même avec la
présence d'observateurs fédéraux, des atteintes
sérieuses au droit de vote se produisent
régulièrement le jour des élections, en grande
partie causées par les États mêmes. Les
fonctionnaires d'État suppriment des listes électorales
des électeurs admissibles, les bureaux de vote sont
déplacés ou
supprimés pour favoriser l'une ou l'autre partie, les
Afro-Américains sont régulièrement ciblés,
leur droit de voter est contesté et plus encore. L'ensemble des
mesures mises en place pour l'inscription et les exigences
sévères le jour des élections sont conçues
non pas pour défendre le droit de vote mais pour le bloquer. Les
gestes posés actuellement
par le DoJ sont en partie des moyens pour provoquer la confusion et des
perturbations aux bureaux de scrutin, tout en blâmant les
États pour cette situation. Est-ce un coup monté pour
justifier l'ingérence et les objections du fédéral
face aux résultats dans certains États en
particulier ? Peut-être une prise de contrôle des
élections à l'avenir par
le fédéral ? Dans une situation où la
bataille pour la présidence est décisive au sein de
l'élite dirigeante et les combats entre les différentes
factions s'est grandement intensifiée où les États
y jouent un rôle, il devient nécessaire d'examiner les
actions du DoJ et des États précisément en ce qui
a trait au processus électoral.
Résistance courageuse du peuple
aux États-Unis
La désobéissance et la résistance
à
Standing Rock se poursuivent
La
résistance
des
peuples
autochtones
et
de
leurs supporters
à l'oléoduc de Dakota Access (DAPL) à Standing
Rock, au Dakota du Nord, s'intensifie en dépit du recours
à la violence par l'État contre eux. Le conflit
démontre le refus continuel des cercles dominants des
États-Unis de fournir une solution aux conflits avec les peuples
autochtones sur une base politique de nation à nation. Au lieu
de cela, ils reprennent toutes les pratiques du temps de la grande
Guerre Sioux de 1876, aussi connue comme la Guerre des Black Hills
entre les Sioux Lakota, les Cheyennes du Nord et le gouvernement des
États-Unis. La guerre a été causée par le
désir du gouvernement américain de prendre possession des
Collines noires où de l’or avait été
découvert et les colons avaient commencé à
empiéter sur les terres. Les Sioux et les Cheyennes ont
refusé depuis ce temps-là de céder la
propriété de ces terres aux États-Unis. La
Bataille de Little Big Horn, également connue comme la
dernière bataille de Custer, fut l’une des batailles de cette
guerre.
Le
28
octobre,
près
de
140
personnes
ont été
arrêtées et plusieurs autres attaquées par 100
agents de la police anti-émeute venant de plusieurs États
et par la Garde nationale, armés de poivre de cayenne et de
véhicules blindés de transport de troupes. Leurs
tentatives de criminaliser les médias indépendants et les
individus ont échoué et les témoins oculaires et
les vidéos sur les réseaux sociaux confirment le recours
à la brutalité contre les femmes, les aînés
et les enfants par les forces de l'ordre.
Le
recours
odieux
à
la
violence
par
l'État alors qu'il
refuse de reconnaître les revendications et les justes demandes
des Sioux de Standing Rock incite toujours davantage d'individus
à se rallier à la défense de leurs
réclamations sur la terre. Plusieurs se joignent aux
manifestations au Dakota du Nord et organisent des actions partout en
Amérique du Nord pour exprimer leur solidarité et
notamment faire valoir leurs propres luttes à la défense
de leurs terres contre les monopoles et les gouvernements à leur
service.
LML appelle tout le monde à
participer à ces actions en appui aux Sioux de Standing Rock.
La protection de la terre et de l'eau se poursuit au
Dakota du Nord
Le 2 novembre, les forces de l'ordre ont
profané les lieux de sépulture d'Alma Parkin et de
Matilda Galpin, deux femmes autochtones anciennement
propriétaires du Cannonball Ranch près de la
rivière Cannonball et du site ciblé par le DAPL. Alors
que des protecteurs de l'eau tenaient une cérémonie de
l'eau dans la rivière, des tireurs
embusqués ont tiré des coups dits non létaux
à partir de véhicules blindés garés autour
de l'arbre indiquant l'emplacement des tombes. Les activistes affirment
que près de 100 personnes ont été
blessées par la police.
Actions au pont Mercier à Montréal
Mohawk Nation News
écrit : « Les Mohawks de Kahnawake, leurs amis et
alliés, ont dressé un campement de solidarité pour
Standing Rock dans la partie sud du pont Mercier qui couvre le fleuve
Saint-Laurent jusqu'à Montréal. Amis et alliés
sont
les bienvenus ».
Le 28 octobre, des membres de la communauté
de Kahnawake ont bloqué le pont pendant deux heures en signe de
solidarité.
Les Mohawks d'Akwesasne ont tenu une marche de
solidarité le 30 octobre.
Des actions contre les financiers d'oléoducs
Par des actions de solidarité partout en
Amérique du Nord, des activistes ont ciblé les banques
qui financent le DAPL, dont CitiBank, la banque TD, Wells Fargo et JP
Morgan.
Manifestation au siège social de JP Morgan, ville de New York,
le 1er novembre 2016
Occupation du hall d'entrée du siège
social de CitiBank, San Francisco, le 31 octobre 2016
Action à Wells Fargo, ville de Salt Lake, au
Utah, le 31 octobre 2016
Manifestation au siège social
américain de la banque TD, Mount Laurel au New Jersey,
le 27 octobre 2016
Occupation du quartier général de la
campagne électorale de Clinton
Le 28 octobre, quelques minutes seulement avant le
raid policier massif à Standing Rock, des jeunes autochtones de
Standing Rock ont occupé le quartier général de la
candidate démocrate américaine Hillary Clinton, pour
exiger qu'elle se prononce sur le DAPL. Ils ont tenté de
remettre une lettre à Clinton mais le personnel du quartier
général l'a refusée et personne n'a daigné
discuter avec les jeunes de leurs préoccupations. Une
déclaration émise par les organisateurs de la campagne de
Clinton la journée même a été rejetée
et dénoncée comme étant dépourvue de
contenu et ne s'adressant aucunement aux inquiétudes du peuple
tout en défendant la répression de l'État et le
droit
de monopole.
Plus d'un million de personnes visitent Standing Rock
via les médias sociaux
Le 31 octobre, plus d'un million de personnes ont
pris part à une action en ligne visant à protéger
les activistes de Standing Rock de la surveillance policière des
médias sociaux.
« Le département du shérif de
Morton County utilise Facebook pour vérifier qui est
présent à Standing Rock afin de mieux les cibler dans le
but de perturber les camps de prière.
« Pour cette raison, les Protecteurs de l'eau
lancent l'appel à tous de visiter le site web de Standing Rock,
Dakota du Nord, afin de les submerger et de semer la confusion. Il
s'agit d'une action qui peut concrètement aider les gens qui
agissent au risque de leur intégrité physique et de leur
vie et c'est une action qui peut se faire sans quitter la
maison. »
Appui de la part de chercheurs et d'universitaires
En septembre, plus de 1200
archéologues, anthropologues, universitaires, conservateurs et
responsables de musées ont signé une lettre en appui aux
manifestations contre l'oléoduc du Dakota Access et appelant le
gouvernement des États-Unis et ses agences à mettre un
terme à la construction de l'installation
pétrolière.
On peut y lire entre autres :
« En tant qu'archéologues, anthropologues,
historiens et travailleurs de musée qui avons à coeur une
gestion responsable, nous sommes engagés à la
préservation et à l'interprétation de
l'héritage archéologique et culturel pour le bien commun.
Nous nous joignons à la nation Sioux de Standing Rock pour
dénoncer la destruction récente de sites
de sépulture ancestraux, de lieux de prière et d'autres
artefacts culturels importants sacrés pour les peuples Lakota et
Dakota.
« Le samedi 3 septembre 2016, la
compagnie responsable du contesté projet de l'oléoduc du
Dakota Access ont rasé à coups de bulldozer les
terres contenant des sites de sépulture autochtones, des
indicateurs de tombes et des artefacts, y compris des cairns ancestraux
et des cercles de prière en pierre. Le personnel de
construction, accompagné d'agents de sécurité
privés et d'escouades canines, est arrivé quelques heures
seulement après que des avocats autochtones des Sioux de
Standing Rock eurent révélé lors d'une
déposition auprès des tribunaux l'endroit du site
découvert récemment.
« Nous appelons le gouvernement
fédéral à agir conformément à la loi
et à initier une recherche sur les répercussions
environnementales ainsi qu'une étude des ressources culturelles
le long de la route de l'oléoduc, tout en menant une
consultation adéquate auprès de la nation Sioux de
Standing Rock. Nous soutenons la nation Sioux de
Standing Rock et affirmons son droit de traité, sa
souveraineté en tant que nation et la protection de ses terres,
de ses cours d'eau et de ses sites culturels et sacrés, et nous
appuyons aussi tous ceux qui tentent d'empêcher que ne se
produisent de nouveaux torts irréparables ».
Note:
Pour de plus amples imformations sur la
résistance à Standing Rock, lire le numéro du 5
octobre 2016 du LML
Les prisonniers continuent de
dénoncer le système esclavagiste moderne
Manifestation à Pittsburgh en appui à la grève des
prisonniers, 9 septembre 2016
Les prisonniers partout aux États-Unis ont
déclenché une grève le 9 septembre pour
dénoncer les conditions de leur vie en prison, notamment la
torture de l'isolement cellulaire, le manque de soins de santé,
la mauvaise qualité de la nourriture et la négation de
leur droit de poursuivre leurs études.
Ils dénoncent en particulier leur exploitation
en tant qu'esclaves modernes. De nombreux prisonniers sont
forcés de travailler pour rien ou presque rien, dans des centres
d'appels ou à fabriquer des uniformes et d'autres biens pour des
monopoles et les gouvernements des États.
Plus de 50 000
prisonniers ont participé dans des gestes de résistance,
refusant d'aller travailler le 9 septembre et les jours qui ont
suivi. Cette résistance massive organisée est encore plus
remarquable compte tenu des conditions mêmes de leur vie en
prison. Les principaux organisateurs ont fait face à des
représailles de la
part des autorités carcérales et ont été
déplacés ou placés en isolement cellulaire. Ils se
sont quand même engagés à poursuivre leur travail.
La capacité des prisonniers d'organiser une grève aussi
étendue de même que l'appui qui est venu de
l'extérieur dans des conditions aussi difficiles démontre
leur détermination et leur refus de se soumettre.
C'est une qualité qui doit être appuyée et
défendue par tous.
Plusieurs actions ont été menées
à l'échelle du pays en appui à la grève
dans les jours qui ont précédé le 9 septembre
et le jour de son déclenchement. De la Floride à
l'État de Washington, au Texas et au Massachusetts, les gens ont
organisé des manifestations, des visionnements de films, des
conférences d'éducation populaire, des
groupes de discussion, des envois de lettres aux prisonniers et plein
d'autres actions. Partout, des efforts ont été faits pour
bâtir des relations avec les prisonniers et faire en sorte que
leurs voix soient entendues à l'extérieur des murs de la
prison. Déploiements de bannières, rassemblements,
affichage, appels aux autorités et aux médias, tout cela
a
servi à faire connaître au public que les prisonniers
organisaient la résistance et refusaient d'être
réduits au silence.
L'incarcération massive aux États-Unis
est une forme de contrôle de masse et de génocide,
dirigés en particulier contre les minorités nationales
mais ayant un impact sur tous. La grande majorité des
prisonniers sont là pour des infractions non violentes
reliées à la drogue. Ils sont gardés là et
souvent isolés pour avoir résisté et
défendu leurs
droits. Les États-Unis se classent deuxièmes au monde en
termes de taux d'incarcération (après les Seychelles),
avec 698 prisonniers adultes pour 100 000 personnes.
Alors que
les États-Unis représentent 4,4 % de la
population mondiale, ils incarcèrent 22 % des
prisonniers à l'échelle mondiale et possèdent
aussi
le plus grand nombre de prisonniers au monde, soit 2,2 millions.
La majorité de ces prisonniers sont des Afro-Américains
et des gens des
minorités nationales.
Les problèmes qui sont soulevés par les
prisonniers et le taux massif d'incarcération aux
États-Unis sont un réquisitoire contre le chauvinisme des
cercles dominants qui prétendent que les États-Unis sont
de grands défenseurs des droits humains. Ces problèmes
sont aussi un
réquisitoire contre le système social, politique et
électoral des cercles dominants, lequel engendre un taux
élevé d'incarcération et prive le peuple du
pouvoir politique et nie l'existence de ces problèmes et de
nombreux autres problèmes sociaux en rabaissant la politique
à l'électoralisme le plus grossier. Tout cela
démontre une fois de plus la nécessité
d'un profond changement prosocial qui est réalisé par la
lutte organisée du peuple américain.
Le texte qui suit est l'appel aux actions du 9
septembre qui soulignait aussi le 45e anniversaire des
protestations de masse des détenus de la prison d'Attica dans
l'État de New-York.
Appel à l'action contre l'esclavage
carcéral aux États-Unis --
Appuyez la résistance des prisonniers
Lansing, Michigan
D'une seule voix s'élevant des cellules
d'isolement à long terme, des dortoirs et des blocs cellulaires
de la Virginie à l'Orégon, nous, prisonniers partout aux
États-Unis, nous engageons à mettre un terme une fois
pour toutes à l'esclavage en 2016.
Le 9
septembre 1971, des prisonniers ont pris le contrôle
d'Attica et ont fermé cette prison la plus notoire de
l'État de New York. Le 9 septembre 2016, nous
entamerons des actions visant à fermer des prisons partout au
pays. Non seulement revendiquerons-nous la fin de l'esclavage
carcéral mais nous y mettrons fin
nous-mêmes en arrêtant d'être esclaves.
Dans les années soixante-dix, le système
carcéral aux États-Unis s'écroulait de partout.
À Walpole, San Quentin, Soledad, Angola et dans plusieurs autres
prisons, les gens se soulevaient, luttaient et reprenaient possession
de leur vie et de leur corps pour rompre avec les plantations
carcérales. Depuis six ans maintenant, nous avons
commémoré et renouvelé cette lutte. Pendant ce
temps, la population carcérale a explosé et les
développements technologiques de contrôle et de
détention sont devenus les plus sophistiqués et les plus
répressifs de l'histoire mondiale. Pour maintenir leur
stabilité, les prisons ont de plus en plus recours à
l'esclavage et à la torture.
Les prisonniers sont forcés de travailler pour
un salaire maigre voire inexistant. C'est ce qui s'appelle de
l'esclavage. Le 13e amendement de la constitution des
États-Unis contient une exception juridique permettant le
prolongement de l'esclavage dans les prisons des États-Unis.
Selon cet amendement, « il n'existera dans les États-Unis,
et dans toute localité soumise à leur juridiction, ni
esclavage ni servitude involontaire, si ce n'est à titre de
peine d'un crime dont l'individu aurait été dûment
déclaré coupable ». Des surveillants observent
nos moindres gestes, et si la tâche qui nous est assignée
n'est pas faite de façon jugée satisfaisante par eux,
nous sommes punis. Le fouet
a peut-être été remplacé par le poivre de
cayenne, mais la plupart des autres formes de torture sont les
mêmes : l'isolement, les positions qui rendent le mouvement
impossible et les fouilles à nu où nous sommes
scrutés et tâtés comme des animaux.
L'esclavage est bel et bien vivant dans le
système carcéral, mais avant la fin de cette
année, il ne le sera plus. Ceci est un appel pour mettre fin
à l'esclavage en Amérique. Cet appel s'adresse
directement aux esclaves eux-mêmes. Cet appel ne s'adresse pas
à nos ravisseurs sous forme de demandes ou de requêtes, il
s'adresse à nous-mêmes et
nous incite à l'action. À chaque prisonnier dans chaque
État et institution fédérale de ce pays, l'appel
est lancé de cesser d'être un esclave, de laisser les
récoltes pourrir dans les champs de plantation, d'aller en
grève et d'arrêter de reproduire les institutions de notre
séquestration.
Ceci est un appel à
un arrêt de travail national des prisonniers pour mettre un terme
à l'esclavage carcéral, dès le 9
septembre 2016. Ils ne peuvent faire fonctionner ces installations
sans nous.
Les protestations non violentes, les arrêts de
travail, les grèves de la faim et d'autres formes de refus de
participer à la routine et aux besoins carcéraux ont
augmenté depuis quelques années. Les actions les plus
connues sont la grève de la prison de Géorgie
en 2010, les nombreuses grèves de la faim rotatives en
Californie, les arrêts de
travail du Free Alabama Movement en 2014, mais il y a eu plusieurs
autres manifestations du pouvoir des prisonniers. De grandes et parfois
très efficaces grèves de la faim ont éclaté
au pénitencier de l'État d'Ohio, au Menard Correctional
dans l'Illinois, au Red Onion en Virginie et dans plusieurs autres
prisons. Le mouvement de résistance
en plein essor est diversifié et interrelié et comprend
des centres de détention d'immigrants, des prisons pour femmes
et des centres pour mineurs. L'automne dernier, les femmes
incarcérées de la prison de Yuba County en Californie ont
participé à une grève de la faim initiée
par des femmes incarcérées dans des centres de
détention d'immigrants
en Californie, au Colorado et au Texas.
Des prisonniers partout au pays participent
régulièrement à des manifestations de pouvoir dans
les prisons mêmes. Ils l'ont fait en grande partie grâce
à la solidarité des détenus et à la mise en
place de coalitions larges sans égard aux notions d'origine ou
de gang pour mieux confronter l'oppresseur commun.
Quarante-cinq ans après Attica, les vents du
changement soufflent à nouveau dans les prisons
américaines. En septembre, nous souhaitons coordonner et donner
plus d'ampleur à ces protestations afin qu'elles se
développent en un immense raz-de-marée que le
système carcéral américain ne pourra plus ignorer
ni supporter. Nous voulons mettre
fin à l'esclavage carcéral en le rendant impossible, en
refusant d'être esclaves plus longtemps.
Pour atteindre cet objectif, il nous faut l'appui des
gens de l'extérieur. Une prison est un environnement qui se
ferme facilement et est propice à la répression, au
contrôle et au confinement. Chaque mur de pierre, chaque maillon
de chaîne, chaque geste et chaque routine suintent la
répression. Lorsque nous tenons tête à ces
autorités, elles nous
tapent dessus, et la seule protection possible nous vient de la
solidarité de l'extérieur des murs.
L'incarcération de masse, que ce soit dans les prisons de
l'État ou dans les prisons privées, est un
stratagème qui permet aux chasseurs d'esclaves de patrouiller
nos quartiers et de contrôler nos vies. Ce stratagème est
fondé sur la criminalisation de
masse. Les épreuves qui sont les nôtres en dedans servent
à contrôler nos familles et nos communautés
à l'extérieur. Certains Américains vivent chaque
jour sous la menace d'exécution extrajudiciaire, comme les
manifestations suite à la mort de Mike Brown, de Tamir Rice, de
Sandra Bland et de tant d'autres l'ont montré après tant
d'années de
silence, et sous la menace d'être capturés,
enchaînés et forcés de travailler dans ces
plantations carcérales.
Notre protestation contre
l'esclavage en prison est aussi une protestation contre le corridor
entre l'école et la prison, contre la terreur policière
et contre les contrôles effectués qui suivent
libération. Lorsque nous aurons aboli l'esclavage, les
autorités perdront une grande partie de leur
intérêt à incarcérer nos enfants. Elles
cesseront de tenter
d'arnaquer à nouveau ceux qu'ils ont libérés.
Dès que nous aurons éliminé l'intérêt
économique de notre travail forcé du système
carcéral des États-Unis, toute la structure des tribunaux
et de la police, de contrôle et de chasse aux esclaves devra
changer pour nous accommoder en tant qu'êtres humains et non plus
en tant qu'esclaves.
Les conditions carcérales affectent tout le
monde. Lorsque nous passerons à l'action et que nous exprimerons
notre refus le 9 septembre 2016, nous devons savoir que nous
avons l'appui de nos amis, de nos familles et de nos alliés
à l'extérieur. Ce printemps et cet été
seront des saisons pour organiser, pour relayer l'information,
pour bâtir des réseaux de solidarité et pour
démontrer de quel bois nous nous chauffons.
Levez-vous, avancez-vous et joignez-vous à nous.
Contre l'esclavage carcéral. Pour la libération de tous.
Pour de plus amples informations, des mises à
jour, du matériel et des foyers d'organisation, voir les sites
web suivants : SupportPrisonerResistance.net;
FreeAlabamaMovement.com;
IWOC.noblogs.org.
Convergence à la frontière mexicaine
à la défense des droits, contre la militarisation et la
politique étrangère des États-Unis
- School of the Americas Watch -
Vigile aux chandelles, 8 octobre 2016
La convergence annuelle de School of the Americas Watch
(SOAW) pour protester contre la formation par l'armée
américaine d'escadrons contre-révolutionnaires à
déployer partout en Amérique latine et dans les
Caraïbes a eu lieu du 7 au 10 octobre. Cette
année, elle a été déplacée du site
habituel à Fort Bening, en Géorgie,
vers la frontière entre Nogales, en Arizona, et Sonora, au
Mexique, au Centre de détention Eloy, ainsi qu'à Tucson
en Arizona « en vue des élections de novembre pour
protester contre la militarisation et pour attirer l'attention sur la
politique étrangère des États-Unis comme une des
causes de la migration ». Les organisateurs ont
souligné
que « le changement de lieu s'inscrit dans l'élargissement
du problème et de notre lutte contre la militarisation
étasunienne au pays et à l'étranger ».
Dans son appel à l'action cette année le
SOAW écrit :
« Certaines
communautés sont ciblées par des assassinats et la
répression d'État dans toutes les Amériques par
des militaires et des policiers formés par l'armée des
États-Unis. Les Latino-Américains continuent d'être
forcés de fuir les forces de sécurité
répressives formées par l'armée étasunienne
mais se retrouvent aussi confrontés à une
frontière militarisée, à des lois de l'immigration
racistes et à un discours xénophobe dans le contexte
électoral. Des personnes noires et brunes continuent
d'être ciblées aux États-Unis,
systématiquement emprisonnées et tuées. On ne peut
plus séparer les deux aspects et aujourd'hui nous disons :
Assez ! Nous ne pouvons pas examiner la
réforme de l'immigration sans aller à la source des
problèmes de l'immigration. Nous ne pouvons pas parler de
brutalité policière ou du complexe carcéral
industriel aux États-Unis sans parler de leur raison
d'être. La violence d'État est utilisée pour
exercer un contrôle sur nos communautés pour maintenir en
place un système raciste et
exploiteur. »
Les demandes de Convergence à la
frontière sont :
- Que fin soit mise aux interventions militaires,
économiques et politiques des États-Unis qui ont des
effets destructeurs dans les Amériques.
- La démilitarisation des frontières.
Nous devons construire des ponts avec nos voisins, pas des murs.
- Le démantèlement des systèmes
racistes et sexistes qui volent, criminalisent et tuent des migrants,
des réfugiés, des autochtones, des transgenres, des gens
de couleur et d'autres dans toute l'hémisphère.
- Le respect, la dignité, la justice et
l'autodétermination pour toutes les communautés, surtout
les pauvres et les plus vulnérables.
- Les profits ne voient plus passer avant les
êtres humains ! Les entreprises militaires,
carcérales, pétrolières et minières
privées ne doivent pas décider de notre avenir et de
celui
de la terre. Ce sont les peuples qui doivent être souverains.
LML reproduit ci-dessous le rapport sur la convergence
de cette année.
Vendredi 7 octobre
Rassemblement devant le Centre de détention Eloy le 7 octobre
2016
Des centaines de migrants, d'étudiants, de
membres de communautés religieuses, d'anciens combattants et de
défenseurs des droits humains se sont rassemblés devant
le centre de détention Eloy en Arizona pour demander la
libération de migrants incarcérés, justice pour
tous et que les entreprises privées cessent de faire des profits
de la
souffrance humaine.
Les intervenants ont parlé du lien entre la
militarisation étasunienne en Amérique latine et la
migration forcée aux États-Unis et ont décrit les
horreurs vécues dans les centres de détention comme celui
d'Eloy, géré à profit par l'entreprise
privée Corrections Corporation America.
Ceux qui refusent de changer ces lois «
permettent que des enfants meurent dans des endroits comme
Eloy », a dit Berta Avila, qui a été
détenue pendant qu'elle était enceinte et qui a perdu son
enfant parce qu'on lui a refusé les soins nécessaires.
Après un spectacle émouvant de chants de
résistance, au coucher du soleil, la foule s'est
déplacée en direction du centre de détention avec
des chandelles et des instruments de musique. Des détenus qui
s'étaient organisés à l'intérieur du centre
ont salué les manifestants avec des bouts de linge à la
fenêtre et en fermant et rallumant les lumières
de leur cellule, tandis que la foule à l'extérieur
créait un mur de son avec des chants, des tambours et des
slogans.
À Nogales, qui est séparée de
Sonora par la frontière, des gens en provenance de tous les
coins des Amériques se sont rassemblés. Les prestations
de Deported Veterans, du groupe de danse Abya Ayala, de Las Patronas,
Mesoamerican Migrant Movement, Brothers on the Road, Broder Patrol
Victims Network et des groupes de résistance des
communautés frontalières ont démontré que
la guerre n'a pas séparé toutes nos luttes.
« La frontière est une plaie béante
que nous pourrons guérir avec l'aide de tout le monde. Les
activités comme celle-ci nous rappellent que nous sommes plus
qu'une région, nous sommes un peuple, blessé mais non
vaincu. Nous sommes un peuple meurtri mais honorable », a
dit Ana Enamorado, du Mesoamerican Migrant Movement,
qui s'est engagée dans cette lutte après la disparition
de son fils, le citoyen hondurien Oscar Antonio Lopez Enamorado, au
Mexique en 2010.
Samedi 8 octobre
Des marches parallèles, menées par des
anciens combattants, ont eu lieu des deux côtés de la
frontière entre les États-Unis et le Mexique, suivies
d'un rassemblement où musiciens et orateurs ont fait le lien
au-delà du haut mur.
Shena Tutierrez, de Border Victims Network, a
parlé de la lutte pour exiger des comptes des agents des douanes
et de la sécurité frontalière. En 2011, son
mari, José Gutierrez, a été battu violemment par
des agents des douanes près d'un port d'entrée dans le
sud de l'Arizona. Depuis cette tragédie, à laquelle son
mari a survécu, Shena
est devenue la porte-parole des communautés frontalières
et des victimes des patrouilleurs. Elle inspire les gens de ces
communautés et les éduque à propos de leurs droits.
Toute la journée de samedi, à Tucson,
l'organisation Frente X for International Liberation a tenu des
ateliers et une plénière et des rencontres de
dénonciation par des gens de couleur pour réinventer la
solidarité mutuelle contre la violence sanctionnée par
l'État, pour réclamer la justice pour les races et pour
les sexes. La rencontre est une
occasion unique pour les gens directement touchés par la
violence de l'État aux États-Unis, en Amérique
latine et ailleurs dans le monde pour apprendre les uns des autres et
pour bâtir des réseaux de solidarité transnationale
et interraciale. L'obligation morale de rendre ces rencontres
accessibles aux familles non documentées a mené à
la
création de
l'espace pour personnes de couleur à Tucson, où il n'est
pas nécessaire de passer par des points de contrôle.
Atelier à Nogales le 8 octobre 2016
Le leader de Puente, Carlos Garcia, a fait un discours
touchant sur la guerre d'attrition des migrants et des gens de couleur
en Arizona. Il a expliqué le contexte de la crise en Arizona.
« Les territoires sur lesquels nous nous trouvons sont des
territoires O'odham, des territoires Yaqui, a-t-il dit. Ils
étaient et sont toujours des territoires
autochtones. » Il a retracé l'origine des lois et
politiques anti-immigrants depuis la mise en oeuvre de l'Accord de
libre-échange d'Amérique du Nord (ALÉNA)
en 1994 et de la montée parallèle du mouvement de
résistance qui a donné naissance au mouvement Puente,
devenu une force considérable qui a réussi à faire
échouer 12 des 13 nouveaux projets de loi
anti-immigrants.
« Nous levons le poing et résistons, mais
nous avons aussi la main tendue pour faire contrepoids à cette
attrition. Lorsque l'État essaie de rendre la vie si difficile
que nous options nous-mêmes pour la déportation, que
pouvons-nous faire pour être là les uns pour les
autres ? Nous avons nos programmes, nous essayons d'établir
des
programmes de santé, des programmes communautaires, des ateliers
pour éduquer les gens sur leurs droits, tout ce qui peut aider
nos gens à se sentir qu'ils n'ont pas besoin d'opter pour la
déportation. Nous empêchons nos gens de se faire
arrêter et mettre en cage, nous essayons de les sortir de ces
cages, et nous faisons en sorte qu'ils soient plus
forts et mieux organisés et qu'ils ne quittent pas. »
Samedi après-midi, nous avons également
participé à une vigile anniversaire en l'honneur de
José Antonio Elena Rodríguez à Nogales,
Sonora : nous avons d'abord marché de la Plaza de las
Palomas à Nogalez, Sonora, vers le site où Jose Antonio a
été tué par les forces des Patrouilles
frontalières et assisté à une messe avec
l'évêque de
Nogales. Nous avons tenu une cérémonie interreligieuse au
mur frontalier et une vigile aux chandelles, suivies d'un concert
transfrontalier stimulant mettant en vedette Charlie King, Colleen
Kattau, Emma's revolution, Natalia Serna La Muna, Olmeca, Pablo
Peregrina, the Peace Poets, et Son Jarocho.
Dimanche 9 octobre
Convergence au mur frontalier, 9 octobre 2016
Nous avons commémoré au mur frontalier
ceux qui ont perdu la vie à cause de la violence de
l'État avec les traditionnels SOA Watch ¡No
Más ! No More ! & Presentes.
Parmi les orateurs on comptait Shannon Rivers, une
membre de la tribu Akimel O'odham ; Padre Prisciliano
Peraza, coordonnateur du refuge pour migrants Centro Comunitario de
Atención al Migrante y Necesitado (CCAMYN)] à Altar,
Sonora ; Carlotta Wrey,
membre fondatrice de People Helping People d'Arivaca ; Hector
Aristizabal, militant colombien des droits humains et survivant de la
torture ;
Mariela Nájera Romero et Uriel Gamaliel Guzmán, de Las
Patronas ; Marleny Reyes Castillo, Maria Guadalupe Guereca
Betancourt et Araceli ; Carlos Garcia, Puente ; Frier
Tomás González Castillo coordonnateur de La 72,
Hogar Refugio para Personas migrantes y refugiadas, à Tenosique,
Tanasco ; George Paz
Martin, militant de la paix, de la justice et du climat et
éducateur. Il y a eu des performances musicales offertes par
Francisco Herrera, Natalia Serna La Muna, Gabino Palomares et d'autres
artistes.
Suite à la
cérémonie au mur frontalier, plus de 200 militants
dont le père Roy ont poursuivi leur manifestation avec une
marche vers le point de contrôle frontalier étasunien sur
l'autoroute I-19 highway, 20 minutes au nord de Nogales.
Contestant la légitimité de ces points de contrôle
où se produisent des violations systématiques
de droits humains envers les résidents de l'Arizona et qui sont
directement responsables de la mort de plus de 3000 personnes
forcées de traverser le désert pour les éviter,
nous avons brandi l'Article 13 de la Déclaration
universelle des droits de l'homme qui garantit la liberté de
mouvement à tous les êtres humains de même que le
droit de quitter et le droit de retour dans son pays. Déclarant
que « nous nous souvenons de tous ceux qui sont tués par
ces points de contrôle, nous communions avec leur esprit, ils
sont toujours avec nous », nous avons tenu un die-in non
violent. Cliquez
ici pour visionner les extraits vidéos de l'action.
Lundi 10 octobre
Nous nous sommes joints à la fête de
quartier qui était organisée par la Journée des
peuples autochtones 2016 au Centre mondial de la justice à
Tucson en Arizona.
Notre rassemblement de fin de semaine a renforcé
la solidarité et la réalisation que nous allons changer
ce système raciste de violence et de domination.
Guerre criminelle contre le Yémen
Les États-Unis coupables de crimes de guerre
- Voice of Revolution* -
Manifestations au Yémen le 9 octobre 2016 contre les frappes
aériennes saoudiennes sur des funérailles à Sana
Les États-Unis financent militairement et
appuient politiquement les frappes brutales et
répétées de l'Arabie saoudite contre le
Yémen et continuent leurs attaques illégales par drone
dans ce pays. Si les actions appuyées par les États-Unis
sont menées par l'Arabie saoudite, les États-Unis
demeurent les principaux responsables des frappes à
répétition qui ont détruit des écoles, des
hôpitaux, des usines pharmaceutiques, des secteurs
résidentiels, et plus récemment, un salon
funéraire où s'entassaient des personnes en deuil et
où 140 personnes ont été tuées et
plusieurs autres blessées. Ce sont là des crimes de
guerre, organisés et appuyés politiquement par les
États-Unis sans qui
l'Arabie saoudite ne pourrait continuer d'intervenir, ce qui fait des
États-Unis les plus grands criminels de guerre.
Les États-Unis fournissent à l'Arabie
saoudite des milliards $ en fonds de guerre. Sous l'administration
Obama, les États-Unis ont fait plus de 115 milliards $
en ventes d'armes aux Saoudiens et prévoient maintenant en
ajouter un autre 1,15 milliard $. Cela comprend des armes de
toutes sortes, des hélicoptères
de combat, des navires de guerre et des bombes. Les États-Unis
aident également l'Arabie saoudite au niveau du ciblage, de la
surveillance et du ravitaillement en vol des bombardiers saoudiens
fabriqués aux États-Unis afin que les attaques puissent
se poursuivre sans interruption.
Dévastation causée par les frappes aériennes
saoudiennes le 8 octobre 2016
De plus, en raison du blocus appuyé par les
États-Unis contre le Yémen, des aliments et des produits
médicinaux de base n'entrent pas au pays, affectant en
particulier les femmes et les enfants. Plus de 1,5 million
d'enfants souffrent de malnutrition dont 370 000 de
malnutrition aiguë. Près de 80 % des
approvisionnements alimentaires au Yémen sont importés et
le blocus empêche une grande partie de ces produits d'arriver au
pays. Sur une population de près de 26 millions de
Yéménites, 21,2 millions, soit 82 % de la
population, sont maintenant dépendants de l'aide humanitaire,
qui souvent ne se rend pas au pays,
et 14,4 millions de personnes souffrent de manque de nourriture.
Les États-Unis sont criminellement responsables
de la mort et de la destruction qui s'abattent sur le Yémen.
Tout financement et tout appui politique doivent cesser
immédiatement.
Manifestation de Code Pink devant l'ambassade saoudienne à
Washington, DC, le 23 août 2016
Les États-Unis cherchent à maintenir en
place un gouvernement de leur choix tandis qu'ils empêchent le
peuple du Yémen de prendre lui-même ses décisions.
Les Yéménites ont une riche histoire de lutte pour leurs
droits et d'organisation pour décider eux-mêmes de la voie
à suivre. Par exemple, ils ont construit la République
démocratique
populaire du Yémen dans la partie sud du pays de 1969
à 1990. La lutte qui se mène actuellement a moins
à voir avec les conflits religieux, comme on le prétend
généralement, qu'avec les efforts déployés
par le peuple du Yémen pour s'organiser, libre de toute
ingérence étrangère et libre de décider de
ses propres affaires. Ce sont les
États-Unis qui tentent d'inciter des conflits religieux et de
diviser le peuple comme ils l'ont fait en Irak, en Afghanistan et en
Syrie. Ces efforts ne servent que les intérêts des
États-Unis et de leur empire mondial et non ceux des
Yéménites.
Voice of Revolution condamne les crimes des
États-Unis et de l'Arabie saoudite contre le Yémen et
exige que cesse immédiatement tout financement et appui
accordés au régime et que toutes les troupes et les armes
américaines soient retirées du Yémen et de tout le
Moyen-Orient.
* Voice of
Revolution est la publication de l'Organisation
marxiste-léniniste des États-Unis
Note de LML
Depuis que Justin Trudeau est à la tête du
gouvernement du Canada, il a approuvé une vente de 11,8
milliards $ de véhicules blindés à l'Arabie
saoudite. Le Canada est ainsi devenu le deuxième plus important
pays vendeur d'armes au Moyen-Orient en 2015, après les
États-Unis. Ces véhicules blindés servent à
l'Arabie
saoudite dans ses attaques meurtrières contre le Yémen.
On cache le rôle des États-Unis dans le
massacre au Yémen pour que le bombardement soit
présenté comme de l' «
autodéfense »
- Adam Johnson, Fairness and Accuracy in
Reporting -
Manifestations antiguerre au Yémen le 9 octobre 2016 suite aux
frappes aériennes saoudiennes sur des funérailles
À en croire les grands médias
américains, les États-Unis ont été
entraînés dans une toute nouvelle guerre mercredi [12
octobre].
Des destroyers américains dans le golfe d'Aden
ont lancé des missiles contre les rebelles houthis, un groupe
insurgé chiite subissant présentement une vaste campagne
de bombardement par une coalition menée par l'Arabie saoudite
dans le conflit qui dure depuis un an et demi entre les rebelles
largement chiites et le gouvernement sunnite
appuyé par l'Arabie saoudite au Yémen. Le Pentagone a
affirmé que des missiles de croisière ont
été lancés contre le USS Mason dimanche [9 octobre] et
mercredi [12 octobre] en provenance du territoire contrôlé
par les Houthis et il a qualifié la réplique
américaine de réponse « limitée
d'autodéfense ».
Il va sans dire que les médias américains
ont suivi la ligne du Pentagone. Le fait que les États-Unis ont
littéralement fourni le carburant des avions de guerre saoudiens
pendant 18 mois, tout en vendant des armes et fournissant des
renseignements à la monarchie du Golfe, des gestes que
même le Département d'État américain estime
susceptibles d'exposer les États-Unis à des poursuites
pour crimes de guerre, a été minimisé ou
ignoré. Les médias n'ont pas non plus rappelé la
longue histoire de guerre des drones des États-Unis au
Yémen, où l'armée et la CIA ont mené des
assassinats perpétrés à longue distance
depuis 2002, tuant plus de 500 personnes dont au
moins 65 civils.
Jusqu'à présent, la plupart des
reportages des médias imprimés ont au moins pris la peine
de placer l'attaque et la contre-attaque dans un contexte plus large,
notant le rôle des États-Unis dans la campagne brutale de
bombardement qui a fait plus de 4 000 morts, dont plus
de 140 lors de funérailles à Sanaa la semaine
dernière, bien que les articles aient minimisé l'histoire
de la participation américaine à ce conflit. Le New
York Times (12 octobre 2016), par exemple, écrit dans
le second paragraphe de son reportage sur les frappes aériennes
(notre souligné) :
« Les frappes contre les rebelles houthis ont
été la première intervention militaire des
États-Unis dans la guerre civile entre les Houthis, un
groupe chiite indigène ayant de vagues liens avec l'Iran, et le
gouvernement yéménite, qui est soutenu par l'Arabie
saoudite et d'autres nations sunnites. »
L'article du Times cependant en vient
à reconnaître, de manière quelque peu
contradictoire, que les États-Unis ont « fourni
discrètement un soutien militaire à une campagne de
bombardement dirigée par l'Arabie saoudite contre les rebelles
depuis l'année dernière ». L'article note que
les États-Unis ont « fourni des
renseignements et des avions citernes de l'Air Force pour ravitailler
les avions à réaction et les bombardiers de la
coalition. L'armée américaine a ravitaillé plus
de 5 700 avions mobilisés dans la campagne de
bombardement... Plus de 4 000 civils ont été
tués depuis le début des bombardements, selon le
représentant aux
droits humains des Nations unies. »
Les reportages télévisés, en
revanche, ont gardé le message officiel et omis le contexte. Ils
ont surtout omis de mentionner que les États-Unis secondent
l'assaut saoudien contre les rebelles houthis depuis un an et demi, et
ont dépeint l'incident comme une attaque contre un navire de
guerre américain qui se trouvait simplement là dans les
eaux
internationales.
David Martin du réseau CBS, tout frais sorti de
sa publicité de 14 minutes du Pentagone [en septembre], n'a
pas mentionné la campagne saoudienne de bombardement ou
expliqué le rôle des États-Unis dans la guerre dans
son segment pour le This Morning de CBS (13 octobre 2016). En
fait, Martin n'a jamais prononcé les mots «
Arabie saoudite » ou nommé aucun des autres pays
engagés au Yémen, notant seulement que les rebelles
« tentent de renverser le gouvernement ». Le
téléspectateur moyen pourrait penser que le navire de la
marine américaine se trouvait là par hasard dans les
environs lorsqu'on a fait feu sur lui par hasard également.
Martha Raddatz d'ABC (Good Morning America, le 13
octobre 2016) n'a pas elle non plus dit au
téléspectateur que les États-Unis interviennent
dans la guerre civile depuis 18 mois. Elle non plus n'a jamais
prononcé les mots « Arabie saoudite » ou fait
référence à la campagne brutale de
bombardement ; elle a
à peine fait allusion à l'existence d'un conflit.
Barbara Starr de CNN (CNN, 13 octobre 2016)
s'est jointe au club en omettant entièrement le rôle des
États-Unis et de l'Arabie saoudite dans le conflit. Elle est
même allée plus loin en spéculant à maintes
reprises sur l'implication iranienne « directe » dans
l'attaque contre le Mason et
les conséquences que cela aurait,
bien
qu'il n'y ait aucune preuve et aucune suggestion de la part du
Pentagone d'une participation iranienne. Starr a même
associé Al-Qaïda et l'Iran bien qu'ils soient dans des
coins opposés dans ce conflit :
« Les missiles yéménites
étaient plutôt vieux mais ils ont été
équipés d'ogives hautement létales, du genre qu'
Al-Qaïda et l'Iran savent fabriquer. »
La suggestion était qu' Al-Qaïda aurait pu
d'une manière ou d'une autre fournir des missiles aux rebelles
houthis, mais cela bien sûr est absurde : les Houthis et
Al-Qaïda sont des ennemis sectaires qui se combattent l'un l'autre
dans cette guerre civile. Peu importe, Starr avait besoin de hausser
les enchères et d'agiter autant
d'épouvantails qu'elle le pouvait.
Rachel Maddow de MSNBC (13 octobre 2016), a
été la pire de tous. Non seulement a-t-elle elle aussi
omis de mentionner la campagne de bombardement de l'Arabie saoudite et
le rôle des États-Unis (laissant le
téléspectateur croire que l'attaque ne suivait aucune
logique), elle a tourné l'affaire en une question partisane
déplacée,
rappelant que Trump avait promis d'attaquer les navires de guerre
iraniens qui menaceraient les États-Unis :
« Vous vous rappelez peut-être que le
candidat républicain Donald Trump avait fait un bref commentaire
durant la campagne à l'effet que nous allions faire sauter les
navires iraniens qui s'approcheraient trop près des navires
américains et dont les marins feraient des gestes grossiers
envers nos marins américains. Et bien, les navires iraniens
et américains sont en ce moment dans les mêmes eaux, au
large des côtes du Yémen au milieu d'une guerre, avec des
missiles Tomahawk et des missiles de croisière
déjà en action. Prêts à tout. »
Que font les navires américains dans ces
eaux ? Pourquoi les missiles Tomahawk sont-ils « en
action » ? Le conflit n'est jamais
expliqué : il est invoqué seulement pour que Maddow
puisse avertir que le candidat du Parti républicain pourrait
empirer les choses. Bien sûr, ce n'est pas Trump qui a soutenu
les Saoudiens
dans une campagne aérienne qui a fait des milliers de morts mais
Obama, et c'est Hillary Clinton qui, en tant que secrétaire
d'État, a demandé avec enthousiasme qu'on vende des
avions de guerre à Riyad ( The Intercept , 22
février 2016). Ces faits cependant viendraient perturber la
narration qui est faite de la campagne
électorale.
Maddow, comme d'autres, a utilisé l'expression
hautement chargée « soutenus par l'Iran » pour
décrire les Houthis (bien que les experts et les fonctionnaires
du Pentagone pensent que le soutien de l'Iran est surestimé). Il
s'agit d'une asymétrie brutale, compte tenu du fait qu'aucun des
rapports n'a dit que le gouvernement yéménite
était
« soutenu par les États-Unis » ou «
soutenu par l'Arabie saoudite ». Elle a dit également
que la marine a attribué l'attaque aux Houthis, alors que le
Pentagone a seulement dit que les missiles provenaient du territoire
rebelle et auraient bien pu être lancés par d'autres
groupes alliés (New York Times , 13
octobre 2016).
Non seulement l'appui des États-Unis à
l'Arabie saoudite est totalement absent de ces reportages, mais les
mots « Arabie saoudite » le sont aussi. Le
téléspectateur a l'impression que la guerre, mis à
part l'ingérence iranienne, est une affaire entièrement
intérieure, alors que plus de 15 pays y sont
engagés, principalement des
monarchies sunnites appuyant le gouvernement yéménite et
que les rebelles ont décidé tout à coup de s'en
prendre à la plus grande armée de l'histoire mondiale.
Les Houthis, pour leur part, ont démenti avec
véhémence avoir perpétré l'attaque contre
le Mason, et il n'existe
aucune preuve que c'était eux ou des
forces alliées. Il faut toutefois noter que les forces houthies
ont reconnu avoir coulé un navire d'approvisionnement des
Émirats arabes unis il y a deux semaines.
Comme c'est souvent le cas avec la guerre, la question
du « premier sang versé », ou qui a
commencé le combat, devient embourbée. Les gouvernements
veulent naturellement que les auditoires mondiaux et leurs propres
citoyens voient leurs actions comme étant défensives, une
réponse nécessaire à une agression, pas
l'agression
elle-même. Les grands médias américains contribuent
à cette manipulation officielle avec leur reportage sur le
bombardement américain du Yémen.
Adam Johnson est un analyste collaborateur pour
FAIR.org.
Les États-Unis et le Royaume-Uni continuent de
participer activement aux crimes de guerre saoudiens, ciblant les
civils yéménites
- Glenn Greenwald -
Depuis le début de la terrible campagne de
bombardement saoudien menée contre le Yémen il y
a 18 mois, deux pays ont joué un rôle actif et
clé pour permettre le carnage : les États-Unis et le
Royaume-Uni. Les atrocités commises par les Saoudiens auraient
été impossibles sans leur appui indéfectible et
agressif.
L'administration Obama « a offert de
vendre 115 milliards $ d'armes à l'Arabie saoudite au
cours de ses huit années de mandat, plus que toute autre
administration américaine », a rapporté cette
semaine The Guardian et elle fournit également une
technologie de surveillance étendue. Comme l'a
démontré en avril The Intercept, « Durant
ses cinq premières années comme président, Obama a
vendu 30 milliards $ de plus en armes que le président
Bush pendant ses huit années comme commandant en chef.
Protest at Farnborough Air Show in England, July 13, 2016
|
Il est important de souligner que selon le ministre
saoudien des Affaires étrangères, bien que ce soient les
Saoudiens qui ont l'autorité ultime quand il s'agit de choisir
les cibles, « des militaires britanniques et américains
sont au centre de commandement et de contrôle des attaques
aériennes saoudiennes contre le Yémen » et
« ont accès
aux listes des cibles ». En somme, alors que cette campagne
de bombardement est invariablement décrite par les médias
occidentaux comme étant « dirigée par l'Arabie
Saoudite », les États-Unis et le Royaume-Uni en sont
des participants essentiels et indispensables. Comme l'a
mentionné un éditorial du mois d'août du New
York
Times : « Les États-Unis sont complices de ce
carnage », et le Guardian a écrit que «
la Grande-Bretagne est largement responsable de ces
souffrances ».
Dès le début, les Saoudiens soutenus par
les États-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé des civils
à l'aveugle et parfois délibérément, tuant
des milliers de personnes innocentes. Du Yémen, Iona Craig et
Alex Potter ont fait de nombreux reportages pour The Intercept
sur cette campagne de bombardement qui a entraîné la mort
de
nombreux civils. Alors que les Saoudiens ont continué à
tuer et à bombarder intentionnellement des civils, les armes
américaines et britanniques ont continué d'arriver
à Riyad, ce qui a assuré la poursuite de ce massacre. De
temps en temps, lorsque des meurtres particulièrement horribles
commis massivement font surface dans les nouvelles, Obama
et différents fonctionnaires britanniques sont forcés de
publier des déclarations laconiques exprimant « une
inquiétude », avant de recommencer à alimenter
les attaques.
Cette fin de semaine, alors que l'attention
américaine était consacrée presqu' exclusivement
à Donald Trump, l'un des massacres les plus révoltants
s'est produit. Le samedi [8 octobre], des avions de guerre ont
attaqué un rassemblement funéraire à Sanaa,
bombardant à plusieurs reprises la salle où il se tenait,
tuant plus de 100 personnes
et en blessant plus de 500.
Les officiels saoudiens ont d'abord menti en essayant
de blâmer « d'autres causes », mais ils ont
dû se rétracter depuis. La prochaine fois que quelqu'un
qui s'identifie au monde musulman attaque des citoyens
américains ou britanniques et que les voix politiques les plus
importantes de ces pays répondent à la question «
pourquoi,
pourquoi nous haïssent-ils ? » en rassurant tout
le monde qu' « ils nous haïssent pour nos
libertés », ce sera instructif de visionner cette
vidéo.
La Maison-Blanche de Barack Obama, par
l'intermédiaire de son porte-parole Ned Price, a condamné
ce qu'il a appelé « la série troublante d'attaques
qui ont ciblé des civils yéménites »,
des attaques, a-t-il omis de dire, qui ont été
appuyées à plusieurs reprises par la Maison-Blanche, et
il a ajouté sans conviction que « la coopération en
matière de sécurité avec l'Arabie saoudite n'est
pas un chèque en blanc ». Pourtant, c'en est bien un.
Les 18 mois de bombardements appuyés par les
États-Unis et le Royaume-Uni ont, comme l'a dit ce matin le New
York
Times , « largement échoué, alors que les
rapports de décès de civils sont devenus monnaie courante
et
qu'une grande partie du pays est au bord de la famine ».
Depuis le début, on sait que la campagne de
bombardement saoudienne a été systématique et
brutale, ce qui n'a pas empêché Obama et le gouvernement
des États-Unis de continuer à y jouer un rôle
central. Un rapport des Nations unies obtenu en janvier par The
Guardian « a témoigné des attaques
généralisées et systématiques contre
des cibles civiles en violation du droit international
humanitaire » ; le rapport a conclu que « la
coalition avait mené des attaques aériennes visant des
civils et des biens civils, en violation du droit international
humanitaire, attaquant notamment des camps de personnes et de
réfugiés déplacés dans le pays, des
rassemblements de civils
dont des mariages, des véhicules civils dont des autobus, des
zones résidentielles civiles, des installations
médicales, des écoles, des mosquées, des
marchés, des usines et des entrepôts alimentaires, de
même que d'autres infrastructures civiles
essentielles ».
Mais ce qui n'était pas connu, jusqu'à ce
que ce soit dévoilé dans un excellent rapport de Reuters
écrit par Warren Strobel et Jonathan Landay [en date du 10
octobre], c'est qu'Obama a été explicitement averti non
seulement que les Saoudiens commettaient des crimes de guerre, mais que
les États-Unis eux-mêmes pouvaient être
légalement considérés comme leurs complices :
« L'année dernière, selon des
documents gouvernementaux et des compte-rendus d'anciens et de
récents fonctionnaires, l'administration Obama a
procédé à une vente d'armes de 1,3
milliard $ à l'Arabie saoudite malgré les
avertissements de certains responsables à l'effet que les
États-Unis pourraient être impliqués dans des
crimes
de guerre pour leur appui à une campagne aérienne
dirigée par les Saoudiens au Yémen qui a tué des
milliers de civils.
« Les fonctionnaires du Département
d'État étaient également sceptiques quant à
la capacité des Saoudiens de cibler les militants houthis sans
tuer des civils et détruire ' les infrastructures essentielles '
nécessaires au Yémen pour reprendre des activités
normales, selon les courriels et d'autres documents obtenus par Reuters
et les entrevues
faites avec une douzaine de fonctionnaires ayant eu vent de ces
discussions. »
Autrement dit, le Prix Nobel de la paix 2009 a
été explicitement informé qu'il pourrait
être un collaborateur des crimes de guerre en fournissant des
armes aux organisateurs d'une campagne qui cible
délibérément les civils et en continuant à
leur fournir des quantités record d'armes pour les aider
à poursuivre leurs desseins. Rien de tout
cela ne devrait être surprenant : il serait difficile pour
Obama de condamner les frappes faites selon la technique « des
deux coups » du genre que les Saoudiens ont
perpétrées, une technique où les premiers
intervenants ou les personnes en deuil sont ciblés, étant
donné qu'il a lui-même utilisé cette tactique,
couramment décrite comme
un trait saillant du « terrorisme ». De leur
côté, les Britanniques ont bloqué les
enquêtes de l'UE sur la question de savoir si des crimes de
guerre étaient commis au Yémen, alors que les principaux
parlementaires ont bloqué des rapports prouvant que des armes
britanniques étaient utilisées pour commettre des crimes
de guerre et pour cibler
délibérément des civils.
Les États-Unis et le Royaume-Uni sont les deux
principaux pays quand il s'agit d'exploiter cyniquement les droits
humains et les lois de la guerre pour attaquer leurs adversaires. Eux
et leurs principaux chroniqueurs aiment prononcer de jolis discours
intéressés sur la façon dont les autres nations,
ces primitifs et ces méchants, ciblent des civils
et commettent des crimes de guerre. Pourtant, ils soutiennent fermement
tous les deux l'un des régimes les plus brutaux et les plus
répressifs de la planète en l'armant jusqu'aux dents
sachant très bien qu'ils permettent des massacres qui ciblent
des civils de façon brutale et souvent
délibérément.
Ces 18 mois d'atrocités ont à peine
été mentionnés pendant les élections
américaines, en dépit du rôle clé qu'a
joué la principale candidate, Hillary Clinton, pour armer les
Saoudiens, sans parler des millions de dollars que la fondation
familiale a reçus de son régime (son adversaire, Donald
Trump, a à peine prononcé un mot sur la
question et lui-même a reçu des millions en profits
provenant de divers oligarques saoudiens).
Une des raisons pour lesquelles les élites
politiques et médiatiques américaines et britanniques
aiment condamner avec éloquence la brutalité des ennemis
de leur propre gouvernement c'est que cela fait la promotion de
visées tribales et nationalistes : c'est une
stratégie pour affaiblir les adversaires tout en
renforçant leurs propres
gouvernements. Mais un motif tout aussi important c'est que
proférer ces condamnations détourne l'attention de leurs
propres crimes de guerre et de leurs massacres, ceux
là-mêmes qu'ils permettent et qu'ils appuient.
Certaines pays de la planète jouissent de
crédibilité pour condamner les crimes de guerre et le
ciblage délibéré des civils. Les deux pays qui ont
passé près de deux ans à armer l'Arabie saoudite
pour le massacre continu des civils yéménites ne sont
certainement pas parmi ceux-là.
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Marxiste-Léniniste
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