Numéro 126 - 1er octobre 2016
La réforme électorale
du gouvernement Trudeau
La réforme électorale
à l'ère du système de partis de cartel
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La
réforme
électorale
du
gouvernement
Trudeau
• La réforme électorale à
l'ère du système de partis de cartel
• Un semblant de «dialogue sur la
réforme électorale» à Vancouver -
Anne Jamieson
Lettre à la
rédaction
• De la Commission royale à
l'assemblée publique au « téléforum
avec des résidents »
La mondialisation
impérialiste et l'édification d'empire du gouvernement
Trudeau
• Les Canadiens ont besoin d'un projet
d'édification nationale centré sur l'être humain
qui défend les droits de tous et toutes
• Le contrôle du commerce international
- K.C. Adams
La campagne pour
élire un président de guerre aux États-Unis
• Il faut renforcer la lutte pour les droits et
un gouvernement antiguerre!
• Les élections aux États-Unis et
le danger réel d'une guerre civile - Voice of
Revolution
La réforme électorale du
gouvernement Trudeau
La réforme électorale à
l'ère du système de
partis de cartel
Le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC)
croit que les réformes de la loi électorale que propose
le gouvernement Trudeau ne vont pas améliorer «
l'accessibilité et l'inclusion », « la
légitimité et l'intégrité »
contrairement à ce que prétendent les libéraux.
L'affirmation qu'en changeant la façon dont les votes sont
comptés
(en passant du scrutin majoritaire uninominal à un tour à
une représentation proportionnelle ou un système de vote
préférentiel) on va créer une meilleure
égalité des chances pour tous les partis et pour les
candidats indépendants et augmenter le taux de participation des
électeurs est fausse. Ces réformes ne sont pas
conçues pour résoudre le
problème de faire en sorte que « chaque vote
compte ». Le PMLC conclut que si l'exercice se résume
à choisir une méthode de compter les votes, sans examiner
les problèmes du système appelé démocratie
représentative et sans leur chercher des solutions, les
réformes proposées ne servent que ceux qui les proposent.
La raison en est que nous sommes à l'ère
du système de partis de cartel. Parallèlement à la
concentration du pouvoir
économique entre les mains des quelques-uns il y a aussi
concentration
du pouvoir politique. Les plus hauts échelons
d'un groupe sélect de partis politiques forment un cartel,
lequel impose sa
domination avec des méthodes mafieuses, comme les tractations de
coulisses et des guerres de territoire. Les partis
cartélisés se financent à même l'argent de
l'État, ils s'occupent de politiser les intérêts de
monopoles privés qui prennent directement le contrôle de
la gouvernance et gouvernent par le biais des pouvoirs policiers, les
pouvoirs arbitraires
du conseil des ministres.
Les majorités parlementaires servent à
réformer la loi électorale de manière à
saper la théorie politique sur laquelle sont
fondées les institutions
de la démocratie représentative. Les partis du cartel
agissent de connivence pour passer des lois qui portent
impunément atteinte aux droits des électeurs et
prétendent que c'est démocratique. Le seul
problème qu'il reconnaissent est que ces lois et institutions ne
sont pas perçues comme démocratiques ou que les
députés et le gouvernement ne sont pas perçus
comme représentatifs. Ils espèrent donc donner un air de
légitimité au processus en changeant la façon dont
les votes sont comptés. Or, à moins que la nouvelle
méthode ne donne aux citoyens un plus grand contrôle sur
qui est élu et ce qu'ils vont une fois élus, elle ne va
qu'aggraver le problème.
Les délibérations sur la réforme
des lois électorales ne tiennent pas compte de
l'avènement du système de partis de cartel au Canada et
des dangers que cela représente pour les institutions
démocratiques. L'équilibre du système
parlementaire
canadien, qui consiste en l'existence d'un parti au pouvoir et d'un
parti dans l'opposition, tous deux réclamant une
représentation nationale, s'est effondré en 1993.
Avec lui sont disparues la cohérence du système
tripartite et la cohérence des partis qui le forment. Le
débat sur la réforme du système
électoral, ou plus précisément sur la façon
de compter les votes, se fait sans tenir aucun compte de cette
réalité.
Les piliers du système de démocratie
représentative dominé par les partis, soit les partis
politiques en tant qu'organisations primaires, sont corrodés.
Les partis politiques sont censés offrir un lien entre les
électeurs et la gouvernance, une structure organisationnelle
pour la participation des citoyens au processus politique. Durant une
élection, ils
sont censés être l'instrument de l'expression de la
volonté politique du peuple devant être traduite en
volonté juridique dans la forme d'un gouvernement de parti. Les
électeurs qui ne sont pas
représentés par le parti au pouvoir sont censés
être représentés par le ou les partis de
l'opposition. Or, depuis le début des années 1990 on
reconnaît que moins de 2 % des
électeurs sont membres d'un parti politique. Ces partis
politiques non représentatifs sélectionnaient les
candidats aux élections, tandis qu'aujourd'hui les candidats
sont de plus en plus choisis par le chef du parti. Les associations de
comté n'ont plus beaucoup d'influence dans la sélection
des candidats et sont de plus en plus réduites au simple
rôle de recueillir des fonds.
L'ère du système de partis de cartel est
également caractérisée par le financement public
des partis politiques, introduit par les partis qui s'étaient
déjà établis par les privilèges que la loi
électorale accordait à certains et qui ont uni leurs
efforts pour maintenir le peuple à l'écart. Ces partis
dépendent de plus en plus des subventions de l'État et
de moins en moins des membres et supporters, tant pour le soutien
financier que pour le bénévolat. Ce
phénomène est si avancé au Canada que les partis
politiques canadiens sont souvent décrits comme des «
vaisseaux vides », sans membres.
Depuis 1993, les institutions politiques du Canada
ont connu une restructuration importante par une successions de
réformes de la loi électorale, avec comme
conséquence une plus grande concentration du pouvoir entre les
mains du conseil des ministres et l'érosion des droits, devoirs
et responsabilités des députés dans le processus
décisionnel, sans mentionner ceux des simples citoyens et
résidents. Tout cela a mis en relief le besoin d'éliminer
la prérogative royale, de même que les mécanismes
qui devaient à l'origine encadrer son utilisation et qui servent
maintenant à l'imposer. Il faut un système qui
transfère le pouvoir au peuple. C'est le peuple qui doit
être investi du
pouvoir souverain, pas les élites qui détiennent la
prérogative royale.
Les audiences et consultations du Comité
parlementaire et les assemblées publiques organisées par
les députés pour faire la promotion des positions de leur
parti confirment que ces réformes à la pièce sont
inacceptables et ne tiennent aucun compte :
1) des demandes et préoccupations des
Canadiens qui veulent le pouvoir de décider de leurs
affaires ;
2) de la théorie politique sur laquelle est
basé le système parlementaire, des conséquences
des changements proposés à la lumière de cette
théorie et de l'impact négatif sur le système de
démocratie représentative fondé sur elle ;
3) de la concentration accrue du pouvoir dans les
mains de l'exécutif ;
4) du besoin d'engager le corps politique dans un
débat de fond sur ces questions pour que les
délibérations puissent se faire dans le domaine de
l'opinion publique plutôt que d'être marginalisées
et dominées par les échanges partisans au parlement et
dans les comités parlementaires ;
5) du besoin de permettre aux Canadiens et
Canadiennes de décider eux-mêmes du genre de changements
qui doivent être apportés au processus politique et
électoral.
Nous devons continuer de débattre de ces
questions au-delà du cadre imposé, à savoir
comment changer la façon de compter les votes, pour pouvoir
tirer des conclusions significatives sur ces questions mais aussi sur
tous les autres problèmes de la démocratie qui signalent
un besoin de renouveau. Sans tenir compte de tous les autres facteurs
de
l'incohérence du système électoral et politique du
Canada, aucune réforme ne favorisera le corps politique.
Il est depuis longtemps évident que le
système a des problèmes graves et qu'il faut aborder ces
problèmes en mettant au centre le besoin d'investir les
Canadiens et les Canadiennes du pouvoir de décider, y compris
décider comment réformer le système. Le bricolage
actuel ne tient pas compte de ce besoin et ne fera qu'accentuer la
crise d'un
système qui a perdu sa cohérence et le rendre encore plus
dysfonctionnel qu'il ne l'est déjà.
La nouvelle façon de compter les votes ne va pas
renverser la concentration du
pouvoir dans les mains des échelons supérieurs des partis
politiques, elle risque peut-être même de
l'accélérer. Elle va accroître l'absolutisme. Elle
va davantage
exclure et marginaliser les Canadiens et Canadiennes dans le processus
politique et réduire encore le rôle des
délibérations parlementaires dans l'adoption des lois.
Elle va éliminer le besoin de bâtir une opinion publique
sur les changements nécessaires
pour faire avancer la société.
Tout indique que la réforme électorale et
politique à la pièce n'a pas d'autre
objectif que de cacher l'impact global de ces changements concernant la
concentration du pouvoir.
En cette ère du système de partis de
cartel, la pratique selon laquelle le parti au pouvoir institue une
réforme électorale au détriment des autres partis
et des candidats indépendants et au détriment de
l'ensemble du corps politique ne fait qu'aggraver la crise du
système. Quand cela convient au parti au pouvoir, surtout s'il
est en situation
majoritaire où il peut faire ce qu'il veut, rien ne
l'empêche de se servir des consultations couplées de
tractations secrètes pour obtenir les conclusions qu'il
souhaite. Les électeurs et les simples députés
seront plus marginalisés que jamais.
Un semblant de «dialogue sur la
réforme électorale» à Vancouver
- Anne Jamieson -
Le gouvernement Trudeau organise une série de
réunions publiques partout au Canada pour promouvoir de
façon expéditive sa conception de réforme
électorale. Tout doit être terminé avant l'annonce
imminente des résultats des délibérations du
Comité
parlementaire sur la Réforme électorale. On donne
à ces réunions le titre de « dialogues sur la
réforme électorale » en dépit du fait
que la question a sans doute déjà été
réglée par les libéraux et les membres du
comité, qui auraient passé l'été en entier
à « travailler comme des acharnés pour venir
à bout de cette question ».
Un de ces « dialogues » a eu lieu
vendredi le 9 septembre à Vancouver, à l'hôtel
Sandman. Maryam Monsef, la ministre de la Réforme
démocratique, a présidé cette réunion,
comme elle l'a fait ailleurs. Il régnait un climat jovial
chauviniste,
avec des « meneuses de claques » qui scandaient
ni plus ni moins : « Tout est pour le mieux dans le
meilleur des pays. Tout ce qu'il faut c'est de faire en sorte que les
gens aillent voter. » Quant à madame Monsef, elle
donnait l'impression d'une conférencière en
motivation ou d'une animatrice de groupe dont l'air joyeux
disparaît dès qu'un membre de l'auditoire s'exprime sur
quoi que ce soit. Elle a déclaré d'emblée
que la démocratie canadienne est
« merveilleuse » et réitéré
les cinq principes directeurs qui vont assurer le succès des
délibérations sur la réforme
électorale : « rétablir la
légitimité et l'efficacité, favoriser la
participation, soutenir
l'accessibilité et l'inclusion, préserver
l'intégrité du processus électoral ainsi que la
responsabilisation des représentants locaux ».
Il y avait parmi les 300 personnes
présentes un nombre considérable de supporters
libéraux, dont deux députés et une vingtaine de
jeunes membres enthousiastes du groupe « À
l'action » (LeadNow), qui portaient tous un chandail mauve
et des macarons et qui
applaudissaient sur commande. Le groupe « À
l'action » a fait partie de la machine électorale
libérale lors des élections d'octobre 2015.
Contribuant à l'ambiance infantilisante, la
ministre a demandé à tout le monde de former des petits
groupes « pour apprendre à se
connaître » avant de leur rappeler les questions sur
lesquelles ils devaient délibérer. Voici les sujets qui
devaient être
discutés pendant deux minutes par chaque membre du groupe :
1. Les différents systèmes
électoraux sur « la façon de compter les votes
et comment les convertir en sièges »
2. Devrait-il y avoir un vote en ligne pour
« encourager les jeunes et d'autres à aller
voter ? »
3. Le vote devrait-il être
obligatoire ? (« puisque 30 % des Canadiens
ont décidé de ne pas voter à l'élection
de 2015 »), mesure, qui selon madame Monsef, pourrait
contribuer à « consolider la démocratie,
à lui
redonner une santé et donner plus de légitimité au
gouvernement ».
Deux autres questions portaient sur l'importance
relative des « cinq principes directeurs ».
La présence d'un membre du Conseil privé
a été soulignée et celui-ci a passé en
revue trois différents types de processus électoraux
à prendre en considération : 1. le
système existant du scrutin majoritaire uninominal à un
tour. 2. les
systèmes dits « proportionnels »
et 3. les systèmes mixtes.
Cette présentation a été suivie de
délibérations durant lesquelles un secrétaire pour
chaque groupe devait noter en 30 secondes les
délibérations du groupe, et les groupes choisis par
Monsef devaient présenter leurs résultats aux autres
groupes. Les bouts de
papiers sur lesquels on avait griffonné les notes ont
été recueillis pour témoigner des commentaires
exprimés « par l'électorat
canadien » sur la question de la réforme
électorale.
Entre autres, lorsque la question de la tenue d'un
référendum sur les possibles changements a
été soulevée, la ministre Monsef l'a
esquivée en donnant son point de vue personnel à l'effet
que les référendums sont
« onéreux » et
« sèment la discorde ».
Malgré l'ambiance de
légèreté forcée, il était
évident que la plupart des participants prenaient la question de
la réforme électorale très au sérieux et
n'appréciaient pas le côté expéditif des
« consultations ». Un conseiller municipal de
Vancouver (et membre du Parti vert) a déclaré :
« Notre démocratie est en péril. »
Plusieurs autres ont tenté tant bien que mal de ne pas se
laisser museler de force. Par exemple, un des groupes, qu'on avait
ignoré jusque-là, s'est fermement opposé à
la question « Comment un vote obligatoire serait-il mis en
oeuvre ? ». Le porte-parole du groupe a dit que les
membres du groupe avaient rejeté la question parce qu'ils la
trouvaient illégitime. D'ailleurs, lors d'un semblant de
vote « obligatoire » précisément
sur la question d'un vote obligatoire (que madame Monsef avait
proposé aux participants sur un ton amusé), les gens
présents ont massivement levé la main pour indiquer leur
opposition à cette proposition. Certains des membres du
groupe qu'on semblait tenir à l'écart ont dit qu'ils
voulaient parler de la nécessité pour l'électorat
d'être partie-prenante au processus électoral et que
plutôt que de financer les partis politiques, le gouvernement
devait financer le processus politique pour améliorer la
participation des
électeurs.
Tout comme les audiences sur Kinder Morgan, les
consultations du gouvernement Trudeau sur la réforme
électorale sont une farce. Il s'agit d'une manoeuvre de
diversion pure et simple. Tout est soulevé hors contexte et on
nie à quel point le processus électoral actuel est
discrédité et
comment il ne peut être réparé au moyen de
réformes superficielles détachées des
développements sociaux et politiques.
Manifestation à Victoria le 23 août 2016 pour
dénoncer la consultation
bidon sur le projet de pipeline Kinder Morgan
Il est inacceptable de prétendre que le
gouvernement « consulte le peuple » en imposant
des balises restreintes à la discussion de cette façon.
On ne prévoit aucun espace pour discuter de la
nécessité de renouveau démocratique ni de la
nécessité de
l'habilitation des citoyens pour qu'ils soient en position de
décider. Il ne faudrait pas non plus, selon les libéraux,
remettre en cause le système de « démocratie
représentative » et la domination du processus
politique par les partis de cartel. On peut donc prévoir sans
trop se
tromper que les libéraux majoritaires mettront de l'avant leur
version préférée de « réforme
électorale » (ou plutôt leur méthode
préférée de compter les votes) pour secourir un
processus politique périmé et légitimer
un processus qui marginalise la vaste majorité des citoyens tout
en concentrant le pouvoir dans le cabinet du premier ministre.
Lettre
à la rédaction
De la Commission royale à l'assemblée
publique
au « téléforum avec des
résidents »
Je ne savais pas si je devais rire ou pleurer lorsque
j'ai lu sur le site Web du journal local que mon député
tiendra un « téléforum » d'une heure
le 27 septembre de 19 h à 20 h. Et il semble
vraiment croire à ses propos quand il dit : « Les
résidents auront l'occasion de discuter avec monsieur Miller
(député de
Bruce-Grey-Owen Sound, Ontario) de la réforme électorale,
incluant la question à savoir si un référendum
national est requis pour changer le système de vote, les
systèmes alternatifs de vote, le vote obligatoire et le vote en
ligne. La discussion émanant du téléforum
informera la contribution de monsieur Miller au Comité
spécial sur la réforme
électorale (ERRE). » (Souligné par moi)
Selon l'article : « Les résidents
recevront un appel téléphonique automatisé peu
avant 19 h le 27 septembre et seront invités à
rester en ligne. Ceux qui souhaitent participer n'ont qu'à
rester en
ligne. Ceux qui manquent l'appel mais reçoivent un message sur
leur répondeur recevront des instructions sur comment
participer. » J'ai attendu mon appel avec impatience mais en
vain. Et pourtant j'ai une ligne terrestre ! Je me demandais si
tous les
résidents (population
en 2006 : 105 947 ; électeurs
en 2007 : 68 722 ;
superficie : 6 447 km²) étaient dans le
système de
composition automatisé, incluant ceux qui n'utilisent que des
téléphones cellulaires. Ou sommes nous tous devenus des
non-personnes aux fins de notre participation à la prise de
décision ?
Monsieur Miller écrit dans le journal
local : « Je suis impatient d'entendre différentes
préoccupations, questions et opinions sur la réforme
électorale... J'ai espoir qu'un téléforum
communautaire permettra la plus grande participation possible.
J'espère que tous prendront le temps de participer à
cette importante discussion. »
J'ai conclu que les problèmes avec lesquels
notre démocratie est aux prises sont très graves quand
des députés sont soit si centrés sur leurs propres
intérêts qu'ils en viennent à croire leurs propres
balivernes, soit marginalisés à tel point qu'ils en
perdent la raison et répètent des sottises sans s'en
rendre compte. Mais ce à quoi je m'objecte
surtout, c'est la tentative de nous entraîner dans leur folie. Et
la ministre Monsef appelle cela la meilleure démocratie au
monde. Vraiment !
Une lectrice de Hanover
La mondialisation impérialiste et
l'édification d'empire
du gouvernement Trudeau
Les Canadiens ont besoin d'un projet
d'édification nationale centré sur l'être humain
qui défend les droits de tous et toutes
Manifestation à London contre l'AECG le 25 septembre 2014. Les
manifestants tiennent des pancartes sur lesquelles sont écrits
les noms des villes canadiennes qui ont pris
position contre l'AECG.
La ministre du Commerce international Chrystia Freeland
s'est rendue en Europe récemment pour faire la promotion de
l'Accord économique et commercial global (AECG) que le
gouvernement Trudeau essaie de faire signer le plus vite possible. En
entrevue le 20 septembre au réseau de
télévision de Bloomberg à Berlin, elle a
présenté avec éloquence la position du
gouvernement Trudeau à l'effet qu'il n'existe pas d'alternative
à la mondialisation néolibérale et son accusation
que quiconque n'épouse pas les programmes
d'austérité des intérêts privés qui
se sont emparés des institutions d'État au Canada et dans
différents pays européens est un protectionniste, un
élément
de droite et donc un xénophobe, etc.
Les Canadiens n'ont pas besoin de faire le bilan de leur
expérience du libre-échange, déclare Freeland,
parce celui-ci fait de nous « une société ouverte
efficace, où une classe moyenne confiante accueille
favorablement les possibilités que lui offre le
monde ». Dans ses remarques d'ouverture au Forum mondial de
Toronto qu'elle a faites
peu avant de s'envoler pour l'Europe, elle a même fait
référence à Karl Marx pour convaincre l'auditoire
que penser autrement serait exprimer une fausse conscience (voir les
extraits de son discours ci-dessous).
« Les temps sont difficiles pour le commerce
en
ce moment et je pense qu'il en est de même pour l'idée
d'une économie mondiale ouverte », a dit Freeland
lors de son entrevue à Berlin. Elle a parlé de « la
montée d'un sentiment protectionniste et anti-mondialisation
parfois très hideux en Europe -- un sentiment qui s'exprime avec
force
dans la campagne électorale aux États-Unis ».
Près de 320 000 personnes ont
manifesté dans sept villes allemandes samedi le 17
septembre pour protester contre l'AECG et l'accord de commerce
proposé entre les États-Unis et l'UE, le Partenariat
transatlantique de commerce et
d'investissement ou PTCI.
De son côté, le premier ministre Justin
Trudeau a présenté une allocution au Sommet Global
Progress qui s'est tenu à Montréal les 14 et 15
septembre dans laquelle il a choisi de passer sous silence la
destruction nationale que les monopoles mondiaux ont causée au
Canada. Selon Justin Trudeau, la mondialisation n'a pas de
signification historique, elle signifie seulement ouverture et à
ce titre le Canada est un exemple de « bonne
mondialisation ».
La mondialisation est liée au
développement par l'humanité des forces productives.
L'opposition décontextualisée à la mondialisation
est semblable à l'opposition décontextualisée
à la production industrielle de masse : elle passe sous
silence la question de qui décide et qui contrôle -- les
producteurs véritables des biens et des services
agissant pour le bien-être de l'humanité et de la
société, ou une classe privilégiée
d'exploiteurs et d'oppresseurs impérialistes servant leurs
intérêts privés étroits et leur
privilège de classe.
La mondialisation
impérialiste et ses projets d'édification d'empire
représentent une corruption de ce qui pourrait être
réellement stimulant et unificateur pour l'humanité et
une façon de résoudre les problèmes sociaux et
autres. Plutôt que d'unir les travailleurs par le biais du
commerce mondialisé des biens et des services pour l'avantage et
le
développement mutuels, la mondialisation impérialiste
impose la catastrophe de la concurrence, de la guerre et de
l'édification d'empire sous le contrôle des monopoles et
des cartels qui ne sont redevables qu'à ceux qui les
possèdent et les contrôlent. Les cartels et les monopoles
et ceux qui les contrôlent ont recours aux États et
à leurs pouvoirs
militaro-policiers pour commettre le vol et l'extorsion à
l'échelle mondiale en toute impunité, fouler aux pieds
les droits de tous, mettre les pays à sac et incorporer ce qui
reste à leurs empires.
La mondialisation impérialiste et ses projets
d'édification d'empire intensifient l'exploitation des
travailleurs, pillent et arrachent les ressources naturelles du sol et
des océans, spoliant l'environnement social et naturel.
L'élite impérialiste au pouvoir s'engage dans des
manoeuvres parasitaires irresponsables pour le profit privé par
l'achat et la
vente dérivés de valeur déjà produite. Elle
refuse de résoudre la contradiction évidente qui a
été laissée par le renversement de la petite
production, soit celle entre le caractère privé de la
production industrielle de masse et leur propriété et
leur contrôle par une petite élite dominante, une
contradiction personnifiée dans la contradiction entre la classe
marchande/bourgeoise en transition, qui est devenue l'élite
impérialiste dominante, et les producteurs véritables des
biens et des services, soit la classe ouvrière.
L'élite impérialiste au pouvoir impose sa
volonté aux composantes de l'économie qu'elle
contrôle, créant un conflit constant entre les composantes
et avec l'ensemble. L'élite au pouvoir et ses experts
écartent du revers de la main avec une grossière
indifférence les crises économiques récurrentes au
moyen de phrases dogmatiques banales
apprises par coeur. Elle refuse de traiter des problèmes
insurmontables qui sont aggravés par la pauvreté
persistante et les relations désastreuses qui sont
créées parmi les peuples par la pression
idéologique qui vise à maintenir le pouvoir, la
domination et le privilège de classe de l'élite
impérialiste. Elle fait tout ce qu'elle peut pour
dépolitiser la
classe ouvrière et l'empêcher de jouer son rôle
central dans la vie moderne. Elle s'engage dans des guerres de pillage
et inter-impérialistes constantes, dans des préparatifs
de guerre et des blocs militaires sans aucun souci pour les
conséquences catastrophiques qui en résultent et elle est
guidée uniquement par son objectif de défendre et
d'étendre sa
richesse et ses empires privés.
La mondialisation centrée sur l'être humain
La mondialisation centrée sur l'être
humain est la négation de la mondialisation impérialiste
et l'alternative à cette mondialisation. La classe
ouvrière organisée et politique est la force sociale qui
peut donner naissance à la mondialisation centrée sur
l'être humain et en faire une réalité. Le mouvement
débute en s'opposant à la mondialisation
impérialiste par des projets d'édification nationale de
la classe ouvrière sur lesquels le peuple exerce son
contrôle, un peuple investi de la souveraineté par le
renouveau démocratique et une nouvelle direction prosociale de
l'économie.
La classe ouvrière
organisée et politique met de l'avant le facteur
humain/conscience sociale dans la lutte pour priver l'élite
impérialiste au pouvoir de son pouvoir de priver la classe
ouvrière de ses droits, en particulier de son droit de s'opposer
à la mondialisation impérialiste et de donner naissance
à la mondialisation centrée sur l'être
humain. La classe ouvrière organisée et politique met de
l'avant et mène la lutte de classe pour établir ses
projets d'édification nationale sous le contrôle souverain
du peuple et comprenant une nouvelle direction prosociale de
l'économie et des rapports de production modernes qui
correspondent aux forces socialisées de la production
industrielle de
masse.
Cette transformation vers le nouveau
complèterait la transition de la petite production vers
l'ère moderne de la production industrielle de masse et la
mondialisation centrée sur l'être humain sous le
contrôle des producteurs véritables ; elle
complèterait la transition de l'autocratie du privilège
de classe vers la démocratie de masse et le
contrôle des producteurs véritables sur leur vie, leur
production et la société.
Il appartient à la classe ouvrière
organisée et politique de prendre en main la tâche de
compléter la transition vers le monde moderne de la
démocratie de masse et de la mondialisation centrée sur
l'être humain en menant la lutte de classe pour priver
l'élite impérialiste dominante de sa mainmise sur le
pouvoir, le privilège de classe, la
mondialisation impérialiste et sur tout ce qui est vieux et
pourrissant qui provient du pouvoir autocratique de la période
précédente. En étant organisés et
politiques, les travailleurs peuvent ouvrir la voie et compléter
la transition vers la société moderne et ouvrir les
perspectives d'un avenir radieux pour toute l'humanité.
À titre d'information - Les remarques
d'ouverture de Chrystia Freeland au Forum mondial de Toronto le 12
septembre 2016
Dans son discours au Forum mondial de Toronto
le 12 septembre dernier, Chrystia Freeland a mis de l'avant une
nouvelle fois la conception néolibérale
intéressée de la mondialisation et du commerce.
« Je pense que nous
vivons aujourd'hui dans l'environnement le plus protectionniste qui ait
existé au cours de ma vie, et je dirais même depuis la
Deuxième Guerre mondiale. Il s'agit de tendances très
importantes. Nous les voyons déjà se manifester dans le
cadre d'importantes élections pas très loin de chez nous,
mais aussi
beaucoup en Europe. Nous avons eu le vote sur le Brexit. D'importantes
élections sont à venir en Autriche, et ces thèmes
y jouent un rôle significatif.
[...] Il est certainement
question de protectionnisme, mais un sentiment anti-immigration et
xénophobe s'y ajoute aussi souvent. Je dirais qu'il s'agit, de
manière plus générale, d'une vague très
puissante contre la mondialisation en général, qui pousse
à chercher un coupable à blâmer.
Le premier point que je
voudrais faire valoir auprès de vous tous aujourd'hui est qu'il
est extrêmement important de ne pas nous méprendre sur le
pouvoir des sentiments qui envahissent les pays industrialisés
occidentaux. Tout cela est réel. Les plus vieux d'entre vous se
souviennent peut-être qu'il a existé, dans le courant des
années 1960 et 1970, une idée marxiste
très populaire selon laquelle il existait une fausse conscience.
Selon cette idée, si seulement les travailleurs avaient
raisonné adéquatement, ils auraient su qui ils devaient
soutenir.
Je pense parfois que dans de
tels environnements, de tels groupes, nous pouvons tomber dans notre
propre version de la fausse conscience et penser que si seulement nous
pouvions mieux expliquer aux gens à quel point une
société ouverte est bonne, à quel point le
commerce est bénéfique et à quel point le
protectionnisme est mauvais, tout
irait pour le mieux ; les gens sortiraient de cette fausse
conscience et soutiendraient ces choses fabuleuses que nous appuyons
tous.
[...] La
réalité est qu'au cours des trois dernières
décennies, une période d'extraordinaire révolution
technologique au cours de laquelle la mondialisation a connu un grand
succès, les gens de la classe moyenne de tous les pays
occidentaux industrialisés ont eu le sentiment, à juste
titre, qu'ils perdaient du terrain.
[...] Ce n'est que si les
gens de la classe moyenne chez nous, confiants et en
sécurité sont sûrs des perspectives
économiques qui s'offrent à eux et à leurs enfants
que nous pourrons avoir un pays qui accueille la société
ouverte et le monde.
[...] À un moment
où tant de pays sont envahis de sentiments xénophobes, de
protectionnisme, le Canada est en fait l'une des plus puissantes voix
du monde pour la société ouverte. Nous demeurons un pays
ouvert aux immigrants et à l'immigration, maintenant plus que
jamais.
[...] Je pense aussi que le
fait que nous soyons une société ouverte efficace,
où une classe moyenne confiante accueille favorablement les
possibilités que lui offre le monde, à un moment
où une si grande partie du monde dit « non » au
commerce et à l'économie mondiale, alors que le Canada
est en position de dire « oui », peut
constituer pour nous un avantage concurrentiel considérable. Je
crois vraiment que nous travaillons fort pour que cette année
soit historique. Nous travaillons fort pour que ce soit l'année
où l'Accord économique et commercial global (AECG) entre
le Canada et l'Union européenne sera signé.
Cette reine du déni nous met en garde contre le
déni :
[....] il est très
important de ne pas être dans le déni en ce qui concerne
les critiques à l'endroit de la mondialisation.
L'une des choses les plus
importantes que notre gouvernement a faites dès le début
de son mandat a été d'écouter les critiques
concernant l'AECG, tant au Canada qu'en Europe, et de comprendre
certaines des préoccupations, certaines des
préoccupations légitimes des gens, surtout concernant des
domaines tels que les investissements.
Nous avons fait des
changements significatifs parce que nous voulons conclure cet accord.
Je crois qu'il s'agit maintenant de l'accord commercial le plus
progressiste jamais établi, un accord centré sur les
normes de travail et les normes environnementales. Je crois que si nous
voulons progresser en matière de commerce, nous devons nous
pencher sur ces questions et trouver des façons de les
régler. Je pense que nous pouvons y arriver.
[...] j'ai tenu chez moi un
barbecue avec de nombreux syndicalistes allemands ; et je passerai
toute la semaine prochaine en Europe. Je peux vous assurer que je fais
tout en mon pouvoir, tout comme le premier ministre ; il s'agit
d'un moment où nous pouvons faire quelque chose de grand et
d'important qui créera des emplois et
des possibilités pour les Canadiens et les Européens, et
qui ira même bien au-delà — nous aurons des conversations
intéressantes aujourd'hui.
J'ai confiance en
l'importance de l'économie mondiale, en l'ouverture et en le
maintien des voies commerciales. Nous avons l'occasion de vraiment
accomplir quelque chose. S'il vous plaît, aidez-moi !
Concluons cet accord.
Le contrôle du commerce international
- K.C. Adams -
Le contrôle du commerce international est une
question controversée. Au sein des milieux officiels de
l'élite dirigeante, la discussion sur le commerce international
est généralement réduite au libre-échange,
parfois caractérisée comme la mondialisation versus
l'anti-commerce, parfois caractérisé comme
l'anti-mondialisation ou le
protectionnisme. Le point de vue de la classe ouvrière est
rarement discuté, à savoir que le commerce est positif et
bénéfique lorsqu'il est sous le contrôle des
véritables producteurs et qu'il se fait sur la base de
l'avantage mutuel et du développement économique
général des partenaires commerciaux.
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau se
place carrément dans le camp du libre-échange et
dénonce tous les détracteurs comme des protectionnistes
qui sont opposés à la mondialisation et au
développement économique. Les libéraux font la
promotion autant de l'Accord économique et commercial global
(AECG) pour le libre-échange
entre le Canada et l'Union européenne que du Partenariat
transpacifique (TPP), qui comprend les États-Unis, le Japon, le
Canada et neuf autres pays côtiers du Pacifique, mais pas la
Chine.
L'utilisation de l'expression libre-échange est
fantaisiste car cela signifie en pratique que le commerce international
au sein des accords de libre-échange est destiné à
être libre de la réglementation, des normes et de la
surveillance gouvernementales. Ceux engagés dans les
échanges, généralement les plus grands monopoles
mondiaux, sont libres
d'agir de manière à faire profiter leurs
intérêts privés tout en pouvant nuire à
l'intérêt public et aux économies
concernées. L'intérêt public
représenté par une autorité publique n'est pas
libre d'agir, de réglementer ou de restreindre les
activités commerciales des monopoles et ce manque de
liberté est la liberté que les monopoles cherchent
à
acquérir, surtout par le biais des accords de
libre-échange.
La ministre du Commerce international du gouvernement
libéral Chrystia Freeland, lors d'une allocution donnée
le 12 septembre au Forum mondial de Toronto, a dit : «
Nous travaillons fort pour que ce soit l'année où
l'Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada
et l'Union européenne sera signé... à un
moment où une si grande partie du monde dit 'non' au commerce et
à l'économie mondiale, alors que le Canada est en
position de dire 'oui' . »
Freeland caractérise l'opposition à
l'AECG comme une opposition au commerce, au développement et
à la mondialisation. En rapportant ses commentaires, Reuters
écrit : « [l'AECG] fait face à l'opposition de
l'Autriche et des groupes anti-mondialisation, et risque d'être
pris dans une réaction du public en Occident de plus en plus
opposé au libre-échange et à la mondialisation,
dont les critiques reprochent les fermetures d'usines, la diminution
des salaires et l'écart grandissant entre les riches et
pauvres. »
Reprenant ce thème, Reuters rapporte que
Freeland a dit : « Lorsqu'on pense à l'environnement
protectionniste dans le monde dont nous avons parlé, si nous
arrivons à conclure l'AECG, il sera extrêmement important
pour le Canada ; ce sera un avantage concurrentiel énorme,
et un message très puissant au monde
entier. »
Le gouvernement libéral et les médias
présentent deux camps : le libre-échange versus le
protectionnisme ; la mondialisation versus l'anti-mondialisation.
Mais la vie même présente une réalité tout
à fait différente. La mondialisation est une
réalité de la vie moderne et ne disparaîtra pas,
tout comme la grande production industrielle
est un fait de la vie et ne disparaîtra pas. Le problème
n'est pas la mondialisation ou la grande production industrielle, mais
qui contrôle la mondialisation, qui contrôle le commerce
international et la grande production industrielle.
Les impérialistes américains utilisent le
commerce international pour limiter la capacité des autres
à participer au commerce. Pour ce faire, ils font appel au
boycottage, aux embargos et au contrôle des organisations
internationales qui gèrent le commerce et la finance, telles que
l'Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire
international et la Banque des règlements internationaux. Ils
utilisent tous les moyens, y compris leurs armées, pour imposer
des échanges inégaux entre les partenaires commerciaux et
exclure certains pays des échanges internationaux tels que Cuba,
l'Iran, la République populaire démocratique de
Corée et même aujourd'hui la Russie. Ils utilisent
leur contrôle des prix et l'offre de produits clés tels
que le pétrole pour exercer une énorme pression sur les
autres pays et les soumettre à leur diktat. Ils envoient des
agents dans d'autres pays pour instiguer un changement de régime
si ce régime n'accepte pas les termes de l'échange au
sein du système impérialiste des États qu'ils
dominent.
L'ensemble du continent africain a été une
zone de libre-échange pour les monopoles mondiaux les plus
puissants, leurs machines d'État et leur édification
d'empire pendant toute l'ère moderne. S'il y a affrontement
entre eux sur la mondialisation et le libre-échange dans la
nouvelle ruée vers l'Afrique, il est uniquement à savoir
laquelle des
puissances impérialistes aura le contrôle de quelle
région.
Le mouvement de la classe ouvrière a son propre
point de vue sur la mondialisation et le commerce international, qui
est similaire à celui sur l'économie en
général et qui gravite autour des questions de «
Qui décide ? » et « Qui
contrôle ? ». La force sociale qui contrôle
a le pouvoir de déterminer les termes de
l'échange et qui en bénéficie. La classe
ouvrière n'a aucun intérêt à exploiter
d'autres pays car elle est contre l'exploitation et l'oppression, car
les travailleurs sont les principales victimes des rapports de
productions actuels, au pays comme à l'étranger.
Pour la classe ouvrière, la question est
simple : comment peut-elle régler les problèmes de
sa propre économie si elle n'a pas de contrôle sur les
marchandises qui sortent et entrent, ou sur les prix et où sont
faits les investissements importants ? Sans contrôle sur le
commerce, les monopoles dominants manipulent plus facilement
l'économie à leur avantage, ce qui ne signifie pas
nécessairement à l'avantage d'une économie
nationale dynamique qui suffit à ses besoins. Pour le Canada, le
contrôle par les monopoles a signifié une économie
déséquilibrée pour la plupart du pays et de ses
régions, l'absence d'un secteur manufacturier dynamique et
cohérent et l'absence
d'investissements nécessaires dans les services publics et les
programmes sociaux, dont a besoin toute économie moderne.
Les questions de contrôle et dans
l'intérêt de qui le commerce international et la
mondialisation sont exercés ont besoin d'être
résolues dans tout accord commercial et les solutions doivent
être fondées sur l'avantage mutuel. Les monopoles ne
peuvent pas contrôler le commerce parce que leurs
intérêts privés sont trop étroits. Le
contrôle du
commerce doit être entre les mains d'une autorité publique
qui représente les intérêts généraux
de la population, des différentes régions, de tous les
secteurs et composantes de l'économie. Le commerce international
et la détermination des prix ne peuvent pas être
laissés sous la domination des monopoles. Ils doivent être
entre les mains d'une
autorité publique responsable devant le peuple, notamment les
travailleurs qui produisent au sein de l'économie et qui sont
plus largement et profondément touchés par les
décisions concernant le commerce.
Il faut une autorité publique qui prive les
monopoles de leur pouvoir de contrôler le commerce. Le commerce
doit être orienté vers l'avantage mutuel et le
développement général de l'économie et des
projets d'édification nationale des partenaires commerciaux, ce
qui doit inclure une économie qui suffit à ses besoins et
qui a une base solide. À
quoi bon le commerce s'il nuit à l'économie nationale et
fait obstacle à son développement ? Le mouvement du
libre-échange contrôlé par les monopoles, qui donne
aux monopoles la liberté d'agir selon leurs
intérêts privés étroits et pour une
édification d'empire libre de toute réglementation et
responsabilité publique, est un désastre non
seulement pour les Canadiens, mais pour les peuples et leur
économie à travers le monde, en particulier les pays
opprimés , qui n'ont pas eu l'occasion de développer une
économie nationale stable assise sur une base élargie.
Le libre-échange pour l'édification
d'empire des monopoles est irrationnel, antisocial, anti-conscient et
contraire à la tendance progressive du développement des
relations harmonieuses entre les peuples du monde entier. Le
libre-échange contrôlé par les monopoles est une
recette pour des crises économiques et la guerre. Il doit
être remplacé
par le commerce sous le contrôle d'une autorité publique
qui est responsable devant le peuple et qui maintient des relations de
principes et des conditions harmonieuses d'échange avec les
partenaires commerciaux sur la base de l'avantage mutuel, de la
coopération, du développement et de l'amitié.
La campagne pour élire un
président de guerre aux États-Unis
Il faut renforcer la lutte pour les droits et un
gouvernement antiguerre!
Les élections présidentielles aux
États-Unis continuent de révéler une classe
dominante qui n'a aucune solution aux problèmes fondamentaux, en
particulier ceux liés à l'économie et aux
questions de guerre et de paix. Les électeurs, de manière
générale, sont en colère contre un système
électoral qui produit deux candidats, Clinton et Trump,
que la majorité n'aime pas ou ne veut pas comme
président. Lors du Forum du commandant en chef de la NBC, les
questions générales des agressions illégales des
États-Unis, de leur guerre des drones et de la torture, et de
comment y mettre un terme afin de contribuer à la paix, n'ont
même pas été abordées. L'accent a
été surtout mis sur le
passé, comme les courriels de Clinton et les regrets de Trump.
Les gens sont bombardés par la désinformation des
médias sur les différents commentaires de Clinton ou de
Trump, de leurs partisans ou de leurs détracteurs et le radotage
continue sur les sondages en constante évolution sur qui est en
avance et où. Aucun problème important n'est
examiné et toute discussion sur les solutions est bannie. Cela a
été le cas dans le débat qui s'est tenu
le 26 septembre à l'Université Hofstra de New York.
L'objectif de la campagne n'est pas d'informer le public et de discuter
sérieusement des problèmes, mais de diviser le peuple
américain, tandis que l'élite au pouvoir cherche à
atteindre une sorte de consensus afin d'empêcher que le
scénario de guerre civile ne se matérialise davantage.
Dans ce contexte, la campagne électorale
américaine montre l'approfondissement des conflits parmi ceux
qui sont au pouvoir et leur incapacité à trouver un moyen
de sortir de leurs crises, et que la démocratie
américaine est en lambeaux chez elle et à
l'étranger. Ils cachent leurs échecs derrière le
slogan de Rendre à l'Amérique sa
grandeur, qui s'applique uniquement aux très, très
rares qui bénéficient de sa lutte pour la domination du
monde.
Une présidence Clinton complétera le
programme de changement mis en place depuis la présidence de
Bill Clinton en 1993. Il s'agit des mesures prises pour concentrer
tous les pouvoirs entre les mains de la présidence. Toute
l'autorité publique et le partage antérieur des pouvoirs
entre l'autorité fédérale et les États sont
maintenant
concentrés dans les pouvoirs de police sous les ordres du
commandant en chef. La définition du gouvernement comme ayant
une responsabilité sociale envers le peuple, ou du moins sa
prétention, est effectivement éliminée tandis que
seuls demeurent les pouvoirs de police arbitraires au-dessus du
gouvernement des lois et le recours à la force pour
résoudre les problèmes.
Trump est également un partisan de
l'édification d'empire. Il présente la guerre comme un
outil de négociation, sans aucun but politique et dont
l'objectif principal est de tout écraser, comme il l'a
indiqué dans ses « plans » pour éliminer
l'EIIL « partout ». Dans sa campagne, toute discussion
sur la demande du peuple de mettre
fin aux guerres des États-Unis et de ramener les troupes au pays
afin de contribuer à la paix dans le monde entier est interdite.
C'est cette exigence qu'exprime le peuple américain depuis des
années que la campagne présidentielle actuelle sert
à bloquer.
Ne figure pas non plus à l'ordre du jour pour y
trouver une solution le racisme institutionnel de l'État
étasunien qui se traduit par les tueries actuelles par la police
des Afro-Américains, les attaques contre les Amérindiens
et Portoricains , l'incarcération de masse,
l'inégalité dans les emplois et l'éducation et
ainsi de suite. Ces problèmes, ainsi
que ceux de la pauvreté et de la destruction de l'environnement,
exigent des réponses. Dans cette situation où la grande
majorité pense que le pays avance dans la mauvaise direction et
ne pense pas que les élections vont changer cette orientation,
il est utile d'examiner plus généralement le rôle
de l'élection présidentielle et son impact sur les
mouvements contre la guerre et pour les droits.
À titre d'information de nos lecteurs, LML
publie ci-dessous des extraits de la présentation de Kathleen
Chandler de l'Organisation marxiste-léniniste des
États-Unis (USMLO) au Séminaire sur la situation
nationale et internationale, tenu par le PCC(M-L) le 14
août 2016 à Ottawa qui traite de certains des points
principaux de la campagne présidentielle américaine.
Présentation de l'USMLO
« Les élections présidentielles aux
États-Unis ont deux objectifs principaux, a dit Kathleen
Chandler au nom de l'USMLO lors du séminaire. Le premier
est de détourner et de détruire les mouvements du peuple
contre la guerre et pour les droits afin d'écarter le peuple du
pouvoir. Le second est de résoudre les conflits entre ceux qui
sont au pouvoir afin de préserver l'union et de prévenir
une guerre civile chaude, y compris les conflits entre la
présidence et les autorités militaires et d'autres
autorités opposées. »
« En ce qui concerne ce dernier point, a-t-elle
poursuivi, les conflits s'intensifient, car plusieurs
généraux appuient ouvertement l'un ou l'autre candidat.
Lors du Forum du commandant en chef de la NBC, Trump a
déclaré avoir le soutien de 88
généraux et amiraux. Cela pose le problème de ce
qui adviendra de leur loyauté après
l'élection, s'il perd. La même chose vaut pour les forces
militaires et du renseignement qui soutiennent Clinton. »
Sur l'utilisation des élections pour attaquer le
mouvement antiguerre et ceux qui luttent pour les droits, Kathleen a
dit : « Cela a été fait principalement en
utilisant la campagne de Bernie Sanders et celle de Trump. Toute la
campagne présidentielle a avancé et entretenu l'illusion
que les élections peuvent provoquer le changement et cela
malgré l'échec de la démocratie américaine
aux États-Unis et à l'étranger, malgré les
énormes sommes dépensées, estimées
à 15 milliards de dollars actuellement toutes campagnes
confondues, malgré qu'un milliardaire soit en mesure
d'être candidat simplement parce qu'il est milliardaire,
malgré que le caractère non démocratique de
l'ensemble du processus ait été exposé.
« Sanders, dès le début, avait pour
rôle de motiver la jeunesse et d'attirer dans la campagne
présidentielle ceux qui étaient actifs dans le mouvement
contre la guerre et la lutte pour les droits dans la campagne
présidentielle. Pour cela, sa campagne a inclus
différentes revendications touchant la réduction de la
dette étudiante, l'éducation gratuite
jusqu'à l'université, tout en parlant également de
manière générale de s'opposer à la ' classe
des milliardaires ' et d'avoir un gouvernement qui ' sert chacun
d'entre nous, pas juste le 1 pour cent '. Bien qu'il soit
resté généralement silencieux, tout comme Trump et
Clinton, sur les questions de guerre et de paix, Sanders a
cherché à détourner
les forces antiguerre de leur combat contre la guerre pour les amener
à le soutenir et à le considérer comme une source
de changement.
« Sanders a tenté de jouer sur le
sentiment croissant parmi le peuple que le système existant est
dysfonctionnel et non légitime et a fait la promotion de ce
qu'il a appelé une ' révolution politique '. Il s'est
présenté comme une personne qui est contre les
privilèges de classe, tout en déclarant qu'il pouvait y
avoir un ' gouvernement pour tous '
qui s'attaque aux inégalités, à la
pauvreté, etc.. De cette manière, il apparaît comme
une force de changement alors qu'en réalité il attire les
gens dans le système existant qui défend
nécessairement les privilèges de classe et la domination
de classe des propriétaires des monopoles. Comme suite logique
et comme il fallait s'y attendre, il a appuyé
Clinton malgré la forte opposition de ses partisans, notamment
lors de la convention, tant à l'intérieur qu'à
l'extérieur. Beaucoup de jeunes et de militants ont
manifesté avec des pancartes ' Jamais Clinton ' et ont
refusé de la soutenir.
« En partie pour lutter contre cette opposition,
et comme Obama avant lui qui a créé une organisation
appelée 'Organizing for Action' pour reprendre ses campagnes et
qui existe comme une force qui le suit en tant que 'leader', Sanders
lance ce qu'il appelle 'Our Revolution' dans un effort de maintenir une
force organisée qui soutient son
ordre du jour. Tous deux s'efforcent de mobiliser les jeunes en
particulier dans ces organisations.
« Dans une lettre à ses sympathisants
au
lendemain de la convention, Sanders a présenté son plan
de base :
Dès le premier jour de notre campagne,
j'ai écrit à mes sympathisants et dit, « cette
campagne n'a rien à voir avec Bernie Sanders. Il s'agit d'un
mouvement populaire des Américains qui se lèvent et
déclarent : 'Ça suffit'. Ce pays et notre
gouvernement appartiennent à chacun d'entre nous, non pas
à seulement une
poignée de milliardaires ».
C'est aussi vrai aujourd'hui que cela
l'était alors. C'est pourquoi Our Revolution se concentrera sur
trois domaines distincts de travail :
Revitaliser la démocratie
américaine en rassemblant des millions de travailleurs et des
jeunes dans le système politique.
Donner les moyens d'agir à la prochaine
génération de dirigeants progressistes en inspirant, en
recrutant et en soutenant les candidats progressistes dans tout le
spectre du gouvernement, de la Commission scolaire au Sénat
américain.
Faire ce que les entreprises médiatiques
ne font pas : accroître la conscience politique en
éduquant le public sur les enjeux les plus pressants auxquels
notre nation fait face et les solutions audacieuses nécessaires
pour s'y attaquer.
Ensemble, nous pouvons revitaliser notre
démocratie, habiliter les nouveaux dirigeants progressistes et
éduquer le public sur les questions cruciales auxquelles fait
face notre pays.
« Ce qui est évident ici, ce sont les
nouvelles
dispositions de ceux qui sont au pouvoir, dans lesquelles la
présidence est suprême et le Congrès et les partis
politiques sont dysfonctionnels.
Cela vise à éliminer les partis politiques et à
légitimer des individus qui se présentent comme candidat
à la présidence et une ' vie publique ' centrée
sur le soutien à la présidence. Sanders travaille
à maintenir les gens dans un système qui en fait
élimine la politique et dépolitise les gens, et ne
transforme pas la politique d'une manière qui les
favorise. La démocratie américaine ne peut pas être
revitalisée, car elle n'a jamais servi les intérêts
du peuple. Une démocratie que nous aurons créée
qui habilite le peuple et la vie publique, qui est centrée sur
l'humain, dans laquelle le droit public est reconnu et défendu,
est à l'ordre du jour. Sanders s'est écarté
spécifiquement de cette voie, celle
de qui décide et de donner le pouvoir au peuple comme la voie
à suivre ».
En ce qui concerne comment lutter contre ces attaques,
Kathleen a expliqué comment l'USMLO était intervenue aux
deux conventions pour mettre au premier plan la question de la guerre
et de la lutte pour un gouvernement antiguerre. « Nous avons
promu la nécessité de lutter contre les efforts de
domination mondiale de l'impérialiste
américain, contre les préparatifs de guerre à
l'étranger et la montée de l'État policier au
pays. Pour cela, notre bannière : Unissons-nous et
luttons pour un gouvernement antiguerre ! était
présente à de nombreux événements. Nous
avons lancé des slogans comme : Drones tueurs, flics
tueurs = génocide
gouvernemental et Défendons les droits chez nous et
à l'étranger . Les pressions énormes et les
diversions mises de l'avant par les campagnes se sont traduites par
l'absence d'un contenu antiguerre plus prononcé dans les
manifestations, par comparaison au passé, et cela alors que
s'accroissent les guerres et les préparatifs de guerre des
États-Unis. Cependant, lors de nos discussions avec les gens et
de la distribution de Voice of Revolution , nous avons vu que
les gens sont conscients du silence qui est imposé sur les
questions de la guerre et de la paix et de la nécessité
de lutter contre la guerre. Par exemple, beaucoup se sont
arrêtés pour discuter et prendre des photos de
la bannière. » Il est essentiel de poursuivre les
efforts pour contrer ces pressions et faire avancer la lutte pour un
gouvernement antiguerre et investir le peuple du pouvoir pendant le
reste de la campagne électorale et après.
La campagne de Trump
Kathleen a expliqué que la campagne de Trump
servait aussi à détourner et à désinformer
ceux qui luttent pour leurs droits, en particulier ceux qui luttent
pour les droits des immigrants et contre le racisme d'État et
les tueries policières. Les médias, Sanders, Clinton, et
Obama ont tous dépeint Trump comme étant le plus
dangereux et le plus
raciste et inapte à être président. Les
médias ont soigneusement répété chaque
commentaire et chaque invention racistes émis par Trump contre
les immigrants et les musulmans. En partie, l'objectif est de diviser
le peuple et de promouvoir le chauvinisme américain, lequel est
mis de l'avant par tous les cercles dirigeants. À la convention
démocrate,
Clinton a présenté une famille musulmane dont le fils
était un soldat tué en Irak, et Trump en a fait le sujet
d'une de ses attaques. C'est ainsi qu'on fait d'une pierre deux coups
en appuyant l'armée et en faisant la promotion des musulmans qui
s'y enrôlent. Par contre, pour ce qui est de l'immense opposition
aux guerres étasuniennes par les
musulmans et par les peuples en général, au pays et
à l'étranger, c'est le silence total.
Aussi, on tente par tous les moyens de faire
dévier de sa route le mouvement des droits des immigrants qui
tient Obama responsable en tant que Déporteur-en-chef, lui qui a
déporté plus de deux millions de personnes, plus que tout
autre administration. En effet, les démocrates eux-mêmes
ont mené de nombreux raids, ont détenu des familles
sur des périodes prolongées dans ce qui sont rien de
moins que des camps de concentration, et ont procédé sans
relâche à déporter les gens. Les grèves de
la faim des femmes réfugiées pour contester leur
détention à durée indéterminée sont
passées sous silence. Toute l'attention médiatique est
centrée sur Trump, qu'il faut empêcher d'arriver au
pouvoir en votant pour Clinton, au détriment des nombreux
mouvements pour les droits.
Kathleen a souligné que ce que Trump propose est
déjà monnaie courante. Les Syriens sont
déjà victimes de filtrage spécial et les
réfugiés reconnus par l'ONU attendent souvent deux ans
avant d'être autorisés, et lorsqu'ils le sont, ils se
voient imposer de nombreuses restrictions. Les musulmans sont depuis
longtemps dans la mire de l'État qui
espionne les mosquées et les organisations étudiantes
musulmanes, sans parler des supercheries du FBI et les accusations de
terrorisme montées de toutes pièces ainsi que
l'étiquetage répété des musulmans en
général en tant que terroristes. Clinton elle-même
a joué un rôle majeur dans l'invasion de la Libye, les
plans d'invasion de la Syrie et
possiblement de l'Iran. Elle appuie la guerre par drones d'Obama et les
milliards $ en armements étasuniens destinés
à détruire la Palestine, le Yémen, le Pakistan et
d'autres pays. Elle est étroitement liée à
l'armée et est la présidente belliciste que favorisent en
ce moment les cercles dirigeants. Malgré tout, on la
présente sous un visage «
libéral », et Trump sous celui du «
pire » des fascistes. Ces campagnes visent à miner la
résistance du peuple et ses revendications antiguerre et
prosociales en la transformant en un mouvement d'appui à Clinton.
De la même façon, on cherche par tous les
moyens à transformer la lutte contre les tueries
policières et l'impunité gouvernementale en une lutte
contre Trump . On cherche à miner les luttes nombreuses — celles
de Ferguson, de Cleveland, de Baltimore, de Chicago, de Bâton
Rouge et d'ailleurs — qui sont de plus en plus dirigées contre
l'État
raciste étasunien et qui exigent que celui-ci rende des comptes,
pour les rendre moins proactives et pour qu'elles soient
réduites, par exemple, à réagir aux
déclarations racistes de Trump. On n'hésite pas non plus
à dépêcher sur les lieux de l'opposition aux
tueries racistes des organisateurs d'ONG (organisations non
gouvernementales) rémunérés
dont le rôle est de réconcilier les manifestants avec la
police, de promouvoir les « policiers
communautaires », les comités civils consultatifs,
etc. On cherche ainsi à faire capituler le mouvement à la
police et à le pousser à abandonner ses revendications
contre l'État raciste étasunien et contre son
impunité au pays et à l'étranger.
Ces mesures sont conformes à comment
l'État est intervenu dans les deux conventions — celle des
républicains à Cleveland et celle des démocrates
à Philadelphie. En effet, la police a été
appelée à jouer un rôle plus discret,
c'est-à-dire, pas de gaz lacrymogènes, pas de poivre de
Cayenne ni d'arrestations de masse comme pour les autres
conventions et manifestations antérieures. En
général, les forces policières ne portaient pas
leurs tenues de combat ou d'escouade anti-émeute avec vestes et
matraques et armes automatiques, mais étaient vêtus de
leurs uniformes réguliers et, de façon
générale, n'étaient pas très visibles.
Cleveland et, en particulier, Philadelphie, sont
reconnues pour leurs forces policières particulièrement
racistes et brutales. C'est à Philadelphie, en 1985, qu'on
a bombardé le collectif afro-américain, MOVE,
tué 11 personnes y compris des enfants et incendié
les lieux, détruisant six pâtés de maison. Ce sont
des villes reconnues
pour la brutalité de leur répression policière. Et
voilà que pour ces conventions, les forces policières se
sont faites passablement discrètes.
Ce n'est pas dire qu'il n'y a pas eu de mesures
arbitraires prises par les agences de police. À Cleveland, on a
dressé une longue liste d'objets que les manifestants
étaient interdits de porter, y compris des sacs à dos, de
la corde de plus de six pieds, des balles de tennis et des bâtons
en bois, en métal ou en plastique. Ni ne pouvait-on transporter
des masques à gaz ou tout ce qui pourrait servir à se
« protéger des irritants chimiques », comme
l'indiquait la liste en question. Si on n'a pas tellement fait
respecter cette liste, on s'en est servi pour intimider les gens et
pour rendre les conditions plus difficiles pour les manifestants. C'est
en ce sens qu'on a fait la promotion de l'Ohio
comme d'un État où on peut porter des armes, en d'autres
mots, si vous avez un permis, vous pouvez ouvertement vous promener
avec des armes dans la rue et dans des endroits publics. Cela n'a servi
qu'à intimider la population locale et à la
décourager de participer aux manifestations.
À Philadelphie, de façon arbitraire, on a
décidé que le « refus de se disperser »
et le « méfait public » ne seraient pas
jugés des actes criminels mais des gestes méritant
plutôt une contravention. En général, la police n'a
même pas cherché à disperser les manifestants. Les
actions dans les deux villes ont plutôt servi au rodage du
département fédéral du Homeland Security, lui
offrant une occasion de mener de nouveaux entraînements pour les
« Équipes d'intervention d'urgence » des forces
policières locales, de comté ou d'État. La raison
d'être de ces équipes est de contrôler les
manifestations et de mener des arrestations de masse. C'est en ce sens
que ces équipes
sont intervenues, déployant des brigades de motocyclettes, des
clôtures et d'immenses blocs de ciment pour contrôler et
diriger les diverses actions.
Ainsi, malgré une présence
policière publique plutôt discrète aux deux
conventions, on a constaté par contre l'intervention
d'importantes agences militaires, dont NorthCom, le commandement
militaire pour toute l'Amérique du Nord et NORAD, la
défense antimissile de l'Amérique du Nord, le Pentagone,
le département de la Sécurité
intérieure des États-Unis, le FBI, le Immigration and
Customs Enforcement, la Patrouille frontalière, le Service
secret — près de 50 agences au total. Non seulement les
États-Unis, par le biais de leur vastes exercices de guerre,
tentent-ils de consolider leur commandement et leur contrôle des
forces militaires étrangères, mais ils font de même
à l'interne, et ces conventions leur servent de terrain d'essai.
Ces mesures sont conformes à une situation où les cercles
dirigeants n'ont pas de solutions aux problèmes sociaux et
où tout ce qui leur reste d'autorité publique sont les
pouvoirs policiers.
Kathleen a conclu en disant comment il était
important d'intervenir dans ces luttes, de veiller à ce que le
mouvement reste focalisé sur l'État étasunien
raciste, et de dénoncer les activités génocidaires
que sont les assassinats criminels par drones à
l'étranger et les tueries policières au pays tout en
dénonçant l'impunité du gouvernement. Elle a
fait valoir la nécessité d'un gouvernement antiguerre et
d'un processus politique qui habilite le peuple et son ordre du jour
antiraciste et prosocial, y compris la lutte pour « Ramener
immédiatement toutes les troupes » et «
Défendre les droits de tous, au pays comme à
l'étranger » comme partie intégrante de faire
échec à l'empire
étasunien et ses tentatives d'éliminer les mouvements
populaires.
Les élections aux États-Unis et le danger
réel
d'une guerre civile
- Voice of Revolution -
Lors du récent forum des « commandants en
chef » diffusé à partir d'un porte-avions
amarré dans le port de New York, Donald Trump a martelé
qu'il avait gagné l'appui de 88 généraux et
amiraux. De son côté, Clinton a affirmé à
plusieurs reprises qu'elle bénéficie de l'appui de
dirigeants de l'armée et d'agences de
renseignement. Que la discorde au sein des forces militaires et entre
les différentes forces militaires et la présidence
éclate ainsi au grand jour révèle l'ampleur des
difficultés qu'éprouvent les dirigeants à
préserver l'union et à prévenir
l'éclatement d'une guerre civile. Les vieux arrangements qui
permettaient au Congrès et aux partis politiques de
fonctionner et même de résoudre les conflits n'existent
plus.
La présidence et ses pouvoirs policiers
deviennent de plus en plus l'unique source de pouvoir. Voilà en
partie pourquoi la notion du président en tant que commandant en
chef a éclipsé celle du président en tant que
civil qui a une responsabilité sociale envers son peuple.
Comme les forces militaires sont omniprésentes
dans le débat, les dirigeants ont du mal à
défendre la légitimité du gouvernement. En
principe, les élections devraient servir à ce que le
peuple autorise le gouvernement à gouverner. Au contraire, les
campagnes électorales font en sorte que le peuple ne
reconnaît plus la légitimité du présent
gouvernement. Non seulement le peuple n'appuie-t-il pas le
Congrès, mais il le perçoit comme étant
dysfonctionnel. Aussi, le peuple est carrément rebuté par
les campagnes négatives et les milliards de dollars qui y sont
engloutis et se sent floué par le système, une situation
dont ont parlé Obama et Clinton, et qui a été au
coeur des campagnes de
Trump et de Sanders. De façon objective, lorsque la gouvernance
ne relève plus de la primauté du droit, comme c'est le
cas à l'heure actuelle alors que le président ne cesse
d'usurper le pouvoir et d'agir avec impunité de façon
anarchique et criminelle, elle perd sa légitimité. Les
pouvoirs policiers ne servent pas à légitimer la
gouvernance et ils
sont tout ce qui reste en termes d'autorité publique.
Les vieux arrangements selon lesquels deux partis des
riches rivalisent et coopèrent n'existent plus. Ceci est
particulièrement évident dans cette campagne où on
assiste ouvertement à la destruction des deux partis. Un grand
nombre de républicains, dont la famille Bush, se sont
ouvertement rangés contre Trump. Soixante-dix
républicains
renommés, y compris de hauts fonctionnaires, ont sommé le
Comité national républicain de cesser de financer Trump
et de financer plutôt d'autres républicains qui sont soit
à la Chambre des représentants ou au sénat.
Cinquante hauts dirigeants de la sécurité nationale ont
aussi publié une lettre en opposition à Trump et d'autres
ont ouvertement
endossé Clinton. Antérieurement, une autre lettre avait
été signée par une centaine de hauts dirigeants de
la « sécurité nationale ».
Les démocrates sont aussi manifestement
divisés, comme en témoigne le refus d'un grand nombre de
supporters de Sanders d'appuyer Clinton et le fait qu'on s'oppose
à ce que Clinton cherche de l'appui dans les rangs des
néoconservateurs. Parmi ces derniers, il y a James Kirchick,
Bill Kristol et Robert Kagan, tous du Foreign Policy
Initiative, et Max Boot, qui se décrit lui-même comme
étant un « impérialiste
américain » et qui a affirmé que Clinton
était « une démocrate centriste plus belliciste que
le président Obama ».
En tant que « centriste la plus
belliciste », Clinton a gagné l'appui non seulement
de personnalités telles que Boot, mais aussi d'autres
personnalités dans le camp de Bush, telles que Sally Bradshaw,
la principale conseillère de Jeb Bush, John Negroponte, le
directeur des renseignements nationaux et secrétaire
d'État adjoint sous le règne
de Bush, Richard Armitage, secrétaire d'État adjoint et
conseiller de Ronald Reagan et de George H. W. Bush, Brent Scowcroft,
président du Conseil consultatif des renseignements du
président des États-Unis et conseiller de trois anciens
présidents républicains. Cet appui démontre bien
comment les familles Clinton et Bush rivalisent depuis
longtemps dans le but de représenter les mêmes factions
militaristes pro-guerre parmi les cercles dirigeants, et que cette
fois-ci c'est Clinton qui l'a remporté. Ce qui confirme aussi
que les nouveaux arrangements recherchés n'ont plus rien
à voir avec les partis politiques, mais bel et bien avec des
individus choisis à la présidence ayant une « vie
publique » axée sur la présidence et, s'il
n'en tient qu'aux cercles dirigeants, une élimination de la
politique et des mouvements politiques du peuple pour ses droits. Tous
ces facteurs démontrent l'urgence d'intensifier la cadence dans
l'édification d'un mouvement politique capable de mettre en
place un gouvernement antiguerre et une
nouvelle direction pour les affaires politiques.
Un autre problème pour les cercles dirigeants et
qui joue un rôle encore plus important dans ce scénario de
guerre civile c'est que ces nouveaux arrangements sont
recherchés par de nombreuses autorités qui rivalisent
entre elles et qui veulent s'accaparer de tous les pouvoirs policiers
concentrés dans la présidence. Ces factions de
l'élite
dirigeante qui rivalisent entre elles sont prêtes à se
servir de ces autorités, telles l'autorité militaire,
contre la présidence. Il existe en surcroît la
possibilité de scissions régionales au pays, alors que
des voix au Texas et en Californie, par exemple,
s'élèvent en faveur de la sécession et pour que
ces états deviennent des pays indépendants.
Cette inquiétude face à un conflit ouvert
au sein des forces militaires et des agences policières, d'une
part, et entre elles et la présidence, de l'autre, a
été flagrante au cours de cette élection. Le
général Hayden, le dirigeant de l'agence de
sécurité nationale et de la CIA sous la présidence
de George W. Bush, a déclaré publiquement que
l'armée
ne suivrait pas les ordres de Trump. À chacune des conventions
des généraux des forces armées à la
retraite sont intervenus. Le lieutenant général de
l'armée à la retraite, Michael Flynn, a appuyé
Trump tandis que le général de la marine à la
retraite John Allen a soutenu qu'Hillary Clinton serait la meilleure
dirigeante. Lors d'une entrevue où il a
expliqué pourquoi il s'était prononcé en faveur de
Clinton, Allen a spécifiquement dit au sujet des propos de Trump
à l'effet que les forces militaires ne pouvaient gagner :
« J'ai dénoncé ces propos qui ont le potentiel de
nous plonger dans une crise entre le civil et le militaire, une crise
surpassant tout ce que nous avons connu auparavant
dans ce pays ». Le général de l'armée
à la retraite, Martin Dempsey, ancien président des chefs
d'état-major, a publié une lettre dans The Washington
Post suite aux conventions, où il a affirmé qu'il
était inacceptable que ses collègues et
généraux à la retraite se mêlent
d'élections présidentielles.
« En tant que généraux, ils ont une
obligation de défendre nos traditions apolitiques »,
a écrit Dempsey. « C'est une erreur d'avoir
participé à ces conventions comme ils l'ont fait. C'est
aussi une erreur que nos candidats présidentiels les aient
invités ». Et Dempsey d'ajouter : « Les
forces militaires ne constituent pas un prix
politique ».
Ces déclarations publiques dénotent une
inquiétude grandissante à l'effet que les forces
militaires pourraient agir contre le président ou encore ne pas
respecter les ordres du président puisque plusieurs
généraux appuient différents dirigeants
individuels. Tout ceci se produit dans un contexte où diverses
autorités rivalisent pour davantage de
pouvoir, y compris l'armée, la marine et la CIA. Toutes ces
entités possèdent des forces armées qu'elles
peuvent mettre en marche en appui à leurs intérêts
privés, par exemple, les monopoles militaires et
énergétiques. Le contexte en est un aussi où le
président fait de moins en moins figure de dirigeant civil et
davantage celui d'un président
commandant en chef. Ce qui veut dire que dans les conditions de guerre
pour l'empire et de différends entre factions sur comment
réaliser l'empire mondial, ces conflits peuvent engendrer des
conflits violents ouverts au sein même des cercles dirigeants,
ou, pour emprunter les paroles du général Allen, «
une crise civile et militaire surpassant tout
ce que nous avons connu auparavant dans ce pays ».
Pour l'instant, compte tenu des approbations et des
appuis financiers favorables à Clinton, il est clair que les
dirigeants se sont ralliés à elle en tant que
présidente de guerre. En même temps, les médias
poursuivent leurs efforts pour discréditer Trump, remettre en
cause son état mental, le qualifier d'incompétent, etc.
Il y a aussi une très réelle tentative de
miner le mouvement antiguerre et la lutte pour les droits avec le
slogan de Make America Great . Tandis que Trump dit qu'il faut
redorer le blason des États-Unis, Clinton, elle, prétend
que les États-Unis n'ont rien perdu de leur stature et qu'elle
va contribuer à les rendre encore plus grands. Ces
notions ont été réitérées sous
diverses formes aux deux conventions et depuis. Une autre notion qui a
été amplement véhiculée est que les
États-Unis sont exceptionnels et que seuls les États-Unis
peuvent diriger le monde, malgré une situation où la
démocratie « à l'Américaine » est
en ruines et est en train d'être rejetée aussi bien
à l'étranger
qu'au pays même. Tout le processus électoral
lui-même est exposé comme étant
antidémocratique et pourtant on continue de prétendre
qu'il serait une « source de changement ».
La notion de Make America Great n'est rien de
moins qu'un effort pour alimenter le chauvinisme étasunien dans
le but de désinformer le mouvement antiguerre et la lutte pour
les droits. Elle est promue au moment même où les
autochtones, qui ont été victimes de génocide,
revendiquent leurs droits, où les Afro-Américains sont
tués
en pleine rue par la police et où le peuple est tellement en
colère que des athlètes refusent de se lever pour l'hymne
national, comme ce fut le cas au football de la NFL et au baseball. Le Make
America
Great
vise à contrer cette conscience grandissante
à l'effet qu'aussi longtemps que les élites monopolistes
restent au pouvoir, les
États-Unis ne pourront engendrer que le génocide, le
racisme d'État et l'impunité gouvernementale.
On cherche aussi à éliminer la conscience
à l'effet que les peuples d'Irak, d'Afghanistan, de la Palestine
ou du Yémen comptent, que les relations entre peuple
imprégnées de respect et d'avantage réciproques
comptent et méritent d'être entretenues, comme le
soulèvent avec force les activistes antiguerre. Pour
l'élite au pouvoir, cet esprit d' Une humanité, une
lutte pour nos droits ,
dont le peuple américain est une partie intégrante, doit
être défait et remplacé par la notion que seuls les
États-Unis et leurs aspirations de consolider leur empire
comptent et que tous doivent se soumettre sans quoi ils
connaîtront la guerre et la répression.
Il est primordial d'intensifier le travail pour
consolider le mouvement politique du peuple pour les droits et pour un
gouvernement antiguerre. Cela pourra se matérialiser en
s'opposant aux guerres et aux agressions impérialistes des
États-Unis et leurs efforts de domination mondiale et de
consolidation d'un état policier. Mettre en place un
gouvernement antiguerre est un objectif autour duquel le peuple peut
s'unir et se rallier et qui contribuera à bloquer les plans
bellicistes des États-Unis et à contribuer ainsi à
la paix mondiale. La lutte pour une nouvelle direction pour les
affaires politiques, qui habilite les gens eux-mêmes à
gouverner et à décider, est partie intégrante de
ce
travail.
Que tous participent à organiser pour un ordre
du jour antiguerre et prosocial du peuple de façon proactive et
indépendante, en menant la lutte pour un gouvernement antiguerre
et pour notre droit de gouverner et de décider !
(Traduit de
l'anglais par LML)
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