Numéro 123 - 20 septembre 2016
À quoi s'attendre à
l'ouverture du Parlement
Le gouvernement prépare un
«déploiement sans répit» de l'offensive
antisociale
PDF
À quoi
s'attendre à l'ouverture du Parlement
• Le gouvernement prépare un
«déploiement sans répit» de l'offensive
antisociale
• Les consultations bidons du gouvernement
libéral
• Une définition
néolibérale intéressée de la classe moyenne
- K.C. Adams
• L'ordre du jour international du Canada
À quoi s'attendre à
l'ouverture du Parlement
Le gouvernement prépare un
«déploiement sans répit» de l'offensive
antisociale
La première session du 42e Parlement a
repris ses travaux lundi le 19 septembre à 11 h,
après une pause de deux mois et demi. Quel est l'ordre du jour
du gouvernement Trudeau pour la période qui vient ?
La réponse est dans
le programme adopté à la retraite du cabinet
libéral à Sudbury, Ontario, les 21 et 22
août. Le Parti libéral du Canada s'est donné un
programme de « déploiement sans répit » des
mesures antisociales qu'il s'est affairé à mettre en
place depuis l'élection de 2015 qui lui a donné un
gouvernement
majoritaire. Vu dans le contexte, le but est de poursuivre la tendance
à la concentration du pouvoir économique et politique
entre les mains d'un nombre de plus en plus restreint de personnes.
Les libéraux ont annoncé qu'ils vont
maintenant devoir commencer à faire « des choix
difficiles » qui « ne plairont pas à tout le
monde ». Les médias disent que c'est « la fin
de la lune de miel » du Parti libéral car il doit
maintenant faire les choses qui ne sont pas très populaires
pendant que la prochaine élection est encore
éloignée. Justin Trudeau a dit lors d'un point de presse
qu'« il va y avoir des décisions difficiles et des
défis sur tous les fronts, qu'il s'agisse des ressources
naturelles, de l'investissement ou des accords commerciaux ».
Déjà en juillet le gouvernement Trudeau a
émis des permis pour faire avancer la construction de l'immense
barrage appelé « Site C » sur la Peace River en
Colombie-Britannique, un stratagème pour payer les riches qui
fait l'objet d'une grande opposition populaire. Le gouvernement doit
par ailleurs annoncer d'ici le 2 octobre son
approbation du projet de gaz naturel liquéfié Pacific
North West dans cette même province puis le projet de pipeline
Trans Mountain de la compagnie Kinder Morgan d'ici décembre.
Déjà au début de septembre un
«
rapport » indiquait que le gouvernement a l'intention
d'approuver le projet d'expansion de Kinder Morgan. La chose a
été rendue publique discrètement, suivant la
tradition établie par le gouvernement Harper qui consiste
à donner des entrevues exclusives à l'agence de presse du
monopole des services
financiers américains Bloomberg. Bloomberg News rapporte que
« le plan de M. Trudeau est de ni approuver ni rejeter tous les
projets à l'étude », citant « des gens
qui connaissent les intentions du premier ministre ».
Le gouvernement et les médias
répètent les phrases accroc comme « choix
difficiles » et « décisions
difficiles » d'une manière qui semble conçue
pour inculquer au peuple l'idée qu'il n'y a pas d'alternative,
lui faire comprendre qu'il n'a pas de contrôle ou de mot à
dire, ce qui crée un sentiment d'impuissance et de
désespoir.
L'idée d'un équilibre entre les intérêts du
peuple et les intérêts des riches continue de se
répandre malgré le fait que tous et chacun peuvent voir
que les
riches n'assument jamais de responsabilité et s'en tirent
toujours à bon compte. Le peuple est
censé accepter des plans qui vont à l'encontre de ses
intérêts tout juste parce que certains aspects sont
censés être à son avantage.
Les « choix difficiles » ne
comprennent jamais les options qui contestent le droit de monopole.
Bref, les décisions sur les sujets qui intéressent et qui
préoccupent les Canadiens, surtout concernant l'économie,
l'environnement et la guerre et la paix, sont laissées aux
riches. Les Canadiens sont censés renoncer à leur
mouvement politique à
la défense des droits et espérer que certains des «
choix difficiles » ne leur soient pas trop dommageables. Le
problème pour le gouvernement Trudeau et les
intérêts privés qu'il représente est que les
Canadiens, les Québécois et les peuples autochtones
continuent d'affirmer leurs droits face aux tentatives de les forcer
à se soumettre.
Comme lors des deux retraites précédentes
du cabinet libéral, en janvier et en avril, le fondateur de la
« livraisonlogie » Michael Barber s'est adressé
aux députés. Le gouvernement Trudeau a adopté
cette méthode néolibérale pour activer le facteur
antihumain et anticonscience sociale et livrer la marchandise aux
monopoles le plus
rapidement possible. M. Barber a offert ses conseils au gouvernement
Trudeau sur la restructuration de la fonction publique pour imposer
l'offensive antisociale plus efficacement. Il a également dit
que le gouvernement allait « nécessairement devoir faire
des choix difficiles » et noté que « durant la
deuxième année [du mandat] il faut
vraiment concentrer les efforts sur le déploiement sans
répit concernant certaines décisions difficiles
où vous ne pouvez plaire à tout le monde tout le
temps ».
À cet égard, Justin Trudeau et certains
ministres rencontrent deux fois par mois Matthew Mendelsohn, ancien
président du Centre Mowat et maintenant secrétaire
adjoint du Conseil privé pour « les résultats et la
livraison ».[1] Pour
ce qui est des « résultats » livrés par
les libéraux jusqu'à
présent, en mai M. Trudeau a dit que le gouvernement n'avait
toujours pas « déterminé si ce
qu'il fait va avoir un impact positif dans la vie des
Canadiens » et que ce n'était pas un problème
auquel il avait consacré beaucoup de temps.
De cette façon, le gouvernement Trudeau se
prépare à escalader son assaut contre les droits qui
continue de saper le bien-être du peuple. Le gouvernement a
identifié « trois grandes relations » sur
lesquelles concentrer son attention durant la période qui vient,
soit : les relations fédérales-provinciales, les
relations avec les peuples
autochtones et les relations avec les États-Unis, trois fronts
sur lesquels il y a abus de pouvoir. C'est un programme qui poursuit
clairement la destruction nationale et qui met en péril le
bien-être des citoyens et résidents.
LML présente ci-dessous des informations
qui permettent de savoir à quoi s'attendre du gouvernement
libéral dans les mois qui viennent. Sur tous les fronts on
assiste à un niveau sans précédent de
désinformation sur ce que prépare l'élite
dominante, sur les arrangements qui sont mis en place et sur qui ces
arrangements servent.
Note
1. Le Centre Mowat est un groupe de
réflexion néolibéral qui se spécialise dans
« la recherche sur l'application des politiques publiques
fondée sur les faits ».
Les consultations bidons du gouvernement libéral
Le gouvernement libéral a entrepris des
consultations bidons sur plusieurs sujets qui lui servent à unir
la classe dominante autour d'un même programme qui, dit-on,
représenterait des valeurs canadiennes et l'intérêt
national du Canada. Il prétend également que ses
politiques jouissent d'un soutien populaire en citant des «
preuves »
aussi ridicules que le nombre de commentaires sur Twitter et les
réponses à différents questionnaires en ligne
qu'il interprète comme « des apports des Canadiens et des
Canadiennes ». Selon les rapports de presse, toutes ces
consultations vont se terminer avant le début de la nouvelle
année. Le gouvernement décidera ensuite comment utiliser
les résultats, disent les libéraux. Il est clair que les
gens vont être confrontés à un barrage de faux
« choix difficiles », lesquels seront
présentés comme l'expression d'une volonté
populaire.
L'échéance pour les
consultations sur le Partenariat transpacifique et sur l'Accord
économique et commercial global (AECG) avec l'Union
européenne n'a pas encore été fixée, mais
le gouvernement a déjà clairement laissé savoir
qu'il avait l'intention de les signer. Il a commencé à
publier des rapports faisant l'éloge des avantages
économiques du Partenariat transpacifique et a d'ailleurs
déclaré que quiconque s'oppose à la «
mondialisation » encourage le protectionnisme, laissant
entendre que ces opposants véhiculent des opinions
arriérées qui mènent à la xénophobie
et à d'autres choses épouvantables. C'est pour cacher
d'une
part que la mondialisation comme telle est
une réalité bien implantée et d'autre part que les
peuples du monde s'opposent au contenu néolibéral de
cette mondialisation qui se fait au service de l'oligarchie
financière internationale et qui a, entre autres, pour
corollaires
le terrorisme d'État et la guerre impérialiste.
L'« Examen de Postes Canada » se
termine le 31 décembre, mais le rapport
déposé
au début de septembre par le groupe de travail nommé par
le gouvernement recommande la poursuite du démantèlement
du service postal public et des attaques contre les droits des
travailleurs. Les paramètres de l'examen tels que fixés
par le
gouvernement et son groupe de travail réduisent l'exercice
à un choix entre différents types de privatisation et
d'attaques contre les travailleurs. Aucune des propositions des
travailleurs des postes ou du public en général qui vont
dans le sens de renforcer le service public n'a été
considérée comme étant digne d'examen. Le
numéro du 22
septembre de Forum ouvrier, publié par le Centre
ouvrier du PCC(M-L), portera sur cet examen de Postes Canada,
l'offensive qui se mène contre les syndicats et les droits des
travailleurs et les changements qui sont faits discrètement aux
lois
du travail.
La Consultation sur la sécurité nationale
se termine le 1er décembre. Le gouvernement a dit lors du
lancement qu'il entamera ensuite « le processus
d'élaboration de nouvelles dispositions législatives, des
options stratégiques et/ou des programmes », portant
notamment sur le partage des renseignements entre les agences et
ministères, la collecte de renseignements personnels sur les
Canadiens et Canadiennes et la « lutte à la
radicalisation ». Dans le cadre de la consultation le
gouvernement a publié un Livre vert intitulé Notre
sécurité, nos droits, un document de
référence et le Rapport public de 2016 sur la
menace terroriste pour le
Canada . Tous les documents fournis concourent à
détourner l'attention des problèmes concernant la
sécurité et les droits pour concentrer sur « les
extrémistes violents », ce qui sert ensuite à
justifier les mesures d'exception en dehors de l'état de droit
que le gouvernement dit nécessaires. En adoptant des lois qui
légalisent l'impunité, on
perpétue la fraude d'un gouvernement de droit alors qu'en fait
tout ce qui reste du gouvernement de droit est le pouvoir policier sans
entrave.
La consultation sur l'Examen de la
politique de défense s'est terminée le 31 juillet et
le ministre de la Défense nous informe qu'il va « compiler
et examiner les commentaires reçus », ce qui lui
permettra d'« orienter l'élaboration de la nouvelle
politique de défense du Canada qui sera publiée au
début de 2017 ». Une
chose qui préoccupe sérieusement les gens dans cette
affaire est que l'examen a été l'occasion d'introduire
dans le discours public l'idée que le Canada adhère au
programme de défense antimissile des États-Unis et adopte
des mesures et des pratiques guerrières déjà
rejetées par les Canadiens et les Canadiennes.
Les consultations purement formelles sur la
réforme électorale se terminent le 7 octobre et
seront suivies du dépôt d'un rapport final au Parlement
le 1er décembre. Cette consultation sera abordée
dans LML la semaine prochaine.
En ce qui concerne ce que la directrice des
communications du premier ministre Kate Purchase appelle « les
trois grandes relations » qui seront le centre d'attention
du gouvernement à l'automne, il s'agit là
également d'une stratégie pour imposer des arrangements
antisociaux en catimini. En abordant ces relations avec les provinces,
avec les peuples autochtones et avec les États-Unis, le
gouvernement espère donner un nouveau souffle au cadre
constitutionnel anachronique qu'est celui du Canada.
Les relations fédérales-provinciales
Les relations entre le gouvernement
fédéral et les provinces sont présentement
encadrées par l' Acte de l'Amérique du Nord
britannique de 1867. Malgré les modifications et
ajustements apportés depuis, elles répondent à une
situation qui n'existe plus depuis longtemps. Aujourd'hui il y a
d'intenses contradictions intermonopolistes sur le partage des pouvoirs
suivant le diktat que
tout doit être fait pour que les plus grands monopoles aient la
première place sur les marchés mondiaux. Un des
problèmes qui surgit dans le partage des pouvoirs avec les
provinces concerne le besoin d'avoir une seule autorité qui
négocie la braderie du Canada, pas dix. Les
libéraux blâment l'attitude du gouvernement Harper pour
les tensions qui existent présentement dans les relations
fédérales-provinciales concernant le partage des pouvoirs
et prétendent que leur approche plus coopérative donnera
de meilleurs résultats. En fait, malgré une apparence de
calme dans plusieurs dossiers, le gouvernement Trudeau
travaille fort à parachever des arrangements de l'offensive
antisociale avec la « coopération » des
provinces. Ils sont en train de préparer plusieurs nouvelles
ententes qui seront finalisées dans les mois qui viennent.
Toutes ces contradictions montrent en fait le besoin de rénover
complètement la Constitution sur une nouvelle base historique,
où
c'est la classe ouvrière qui constitue la nation, pas la
bourgeoisie. C'est seulement ainsi que les intérêts du
peuple seront servis, plutôt que les intérêts
exclusifs des riches.
Les nouveaux arrangements
fédéraux-provinciaux en voie de négociation
sont :
- Une entente sur le commerce intérieur. Les
premiers ministres provinciaux ont signé un « Accord de
libre-échange canadien » en juillet à la
réunion du Conseil de la fédération à
Whitehorse, mais le texte n'a pas été rendu public.
- Un nouvel accord sur la santé. L'entente
actuelle arrive à échéance le 1er
avril 2017 et la ministre fédérale de la
Santé Jane Philpott a dit que son gouvernement est contre
l'augmentation des transferts aux provinces en matière de
santé et favorise plutôt des « dépenses
ciblées » dans des secteurs comme les services
privatisés de soins à domicile.
- Une stratégie nationale sur les changements
climatiques dans la forme d'une entente avec les provinces sur la mise
en oeuvre de plusieurs initiatives conjointes annoncées entre le
Canada et les États-Unis. Ce sera le sujet d'une rencontre des
premiers ministres provinciaux à la fin d'octobre.
- Une loi pour modifier le Régime de pensions du
Canada pour tenir compte des ententes conclues à ce sujet entre
le gouvernement fédéral et les provinces au début
de septembre.
Les relations avec les peuples autochtones
Pour détourner l'attention du fait que le
programme libéral n'a rien à voir avec la mise au rancart
des rapports coloniaux imposés aux peuples autochtones, les
médias rapportent que le gouvernement Trudeau veut «
tempérer les attentes concernant l'établissement de
relations de nation à nation ».
Le gouvernement veut plutôt mettre l'accent sur
« une nouvelle relation fiscale » avec les peuples
autochtones. Justin Trudeau a dit que la « nouvelle
relation » prévoira « un financement qui est
suffisant, prévisible et durable ». Un financement de
quoi, décidé par qui et géré par qui, le
premier ministre ne l'a pas précisé. On
sait que « la nouvelle relation fiscale » s'inscrit
dans les efforts du gouvernement pour obtenir un « permis
social » des nations autochtones pour l'exploitation des
ressources et d'autres projets sur les terres autochtones. Cela
comprend le programme de « traités des temps
modernes » - un mot attrape pour parler d'arrangements
qui nient les droits ancestraux.
Le gouvernement Trudeau a annoncé par la voix de
la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, en juillet, qu'il
n'entend pas présenter de projet de loi de mise en oeuvre de la
Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples
autochtones (DNUDPA). Ratifier le document dans une loi canadienne est
« simpliste », « inapplicable » et une
« distraction
politique », a-t-elle dit. Selon la ministre
Wilson-Raybould, la DNUDPA sera plutôt mise en oeuvre « par
des ententes entre le gouvernement fédéral et les
organisations autochtones ». Cela illustre comment le
gouvernement instaure de nouvelles façons de nier les droits
ancestraux du revers de la
main et à l'extérieur de l'état de droit. Cette
« nouvelle relation fiscale », loin de mettre fin
à des décennies de sous-financement de programmes sociaux
si nécessaires aux peuples autochtones, est une offensive contre
leurs droits.
Durant les élections
fédérales de 2015, les libéraux se sont
engagés à lever « immédiatement »
le plafond de 2 % de croissance annuelle des investissements
dans les programmes sociaux et les services destinés aux peuples
autochtones. Ce plafond avait été établi par les
libéraux de Jean Chrétien en 1995. Cela
avait conduit à un déclin des services à chaque
année par rapport à la croissance de la population,
l'inflation et d'autres facteurs.
Le gouvernement a prétendu avoir levé le
plafond dans son budget fédéral de 2016-2017. Les
documents qui ont été obtenus par la Presse canadienne en
juin dernier démontrent cependant que le financement de base
d'Affaires autochtones et du Nord Canada pendant cette année
fiscale est demeuré en deçà de la limite de
croissance
de 2 %. Selon un mémo interne, l'ensemble des
programmes
annuels destinés aux peuples autochtones a connu une croissance
de 3 %. Le 12 juillet, le gouvernement a signé un
protocole d'entente avec Perry Belgarde, le chef national de
l'Assemblée des Premières Nations. Le gouvernement s'est
engagé une fois de
plus à garantir « des fonds suffisants et
prévisibles à long terme ». On lit dans le
communiqué d'Affaires autochtones et du Nord Canada que le
gouvernement « s'est engagé à hausser le plafond
de 2 % imposé au financement des programmes des
Premières Nations ».
Le 15 septembre, le Tribunal canadien des droits
de la personne a émis une note à l'effet que le
gouvernement Trudeau ne s'est pas conformé à son
ordonnance du 26 janvier dans laquelle le tribunal statuait que le
Canada fait preuve de discrimination raciale envers 163 000
enfants des Premières Nations en
fournissant des services à l'enfance qui sont inadéquats
et inéquitables et en ne mettant pas en oeuvre le «
Principe de Jordan ». Le tribunal avait ordonné au
gouvernement fédéral de cesser immédiatement ses
pratiques discriminatoires. Il avait déjà émis une
ordonnance en avril faisant état que le gouvernement n'avait
encore rien fait pour se
conformer à l'ordonnance précédente.
La directrice générale de la
Société de soutien à l'enfance et à la
famille des Premières Nations, Cindy Blackstock, a dit qu'en
refusant de se conformer à une ordonnance légale, «
le gouvernement du Canada nous dit, par ses actions, qu'il est
au-dessus de la loi et que, malheureusement, les enfants des
Premières Nations sont au-dessous de la
loi ».
Les relations avec les États-Unis
La nature de ce que le gouvernement Trudeau appelle sa
« relation » avec les États-Unis se voit bien
à ses priorités législatives. Les trois derniers
projets de loi qui ont été déposés à
la Chambre des communes tout juste avant l'ajournement pour
l'été concernent l'intégration encore plus
poussée du Canada dans le régime de
sécurité
nationale des États-Unis. Ces projet de loi et d'autres qui sont
à venir vont être un aspect majeur de la session d'automne
du Parlement.
Deux de ces projets poussent encore plus loin le
processus visant à l'établissement d'un «
Périmètre de sécurité
nord-américain » entrepris par le premier ministre
Stephen Harper et le président américain Barack Obama, en
accroissant la présence des agences de sécurité
des États-Unis en sol canadien. Le projet de loi C-23, Loi
relative au précontrôle de personnes et de biens au Canada
et aux États-Unis (Loi sur le précontrôle) et
le projet de loi C-21, Loi modifiant la Loi sur les douanes,
sont le résultat des décisions qui ont été
prises lors de la visite du premier ministre Trudeau à
Washington, DC, le 10 mars.
L'autre projet de loi qui est significatif en ce qui
concerne les relations entre le Canada et les États-Unis est le
projet de loi C-22, Loi constituant le Comité des
parlementaires sur la sécurité nationale et le
renseignement et modifiant certaines lois en conséquence.
Une des préoccupations principales des
libéraux en ce qui a trait à leur examen de la
sécurité nationale et au comité est le partage
d'information au sein du réseau mondial d'espionnage Five Eyes
(Cinq Yeux) dirigé par les États-Unis de même que
la capacité de décrypter et de collecter de l'information
personnelle sur les Canadiens, de
contourner les questions relatives à la vie privée et de
fouler aux pieds les droits. Cela nous indique une fois de plus que ce
qui est clé en ce qui concerne la « relation entre le
Canada et les États-Unis » telle que les
libéraux de Justin Trudeau la voient c'est l'intégration
plus poussée des agences de sécurité canadiennes
à la course des
États-Unis à la domination mondiale. Tout ceci marque
l'intensification du terrorisme d'État.
Les Canadiens ont exprimé
leurs grandes préoccupations à ce sujet pendant la lutte
que de vastes sections du peuple ont menée en 2015 contre
le projet de C-51, devenu la Loi antiterroriste de 2015 .
Une question en jeu était la différence entre l' «
examen » et la « surveillance ». On avait
fait remarquer par
exemple que le Canada possède des organismes d' «
examen » du Service canadien du renseignement de
sécurité, du Centre de la sécurité des
télécommunications et d'autres agences de
sécurité, lesquels examinent après coup certaines
activités de ces agences, mais pas d'organismes de «
surveillance » qui surveillent leurs
activités et s'assurent qu'elles agissent conformément
à leur mandat et à la loi.
Lors de l'adoption du projet de loi C-51 à la
Chambre des communes et dans leur plate-forme électorale, les
libéraux avaient appelé à l'établissement
par le Parlement d'un « comité de surveillance en
matière de sécurité nationale ». Ils
avaient cité les témoignages d'experts en matière
de sécurité pour affirmer que la «
surveillance » pourrait s'appliquer à la violation
des droits par la loi C-51.
Maintenant, le concept de surveillance a
été entièrement rayé du mandat du
comité proposé par le gouvernement. Le comité aura
plutôt le mandat d' « effectuer des examens des
opérations de sécurité nationale et relatives au
renseignement [...] ainsi que des examens stratégiques et
systémiques des cadres en matière de législations,
de
réglementations, de politiques, de dépenses et de
fonctions administratives en vertu desquels ces opérations sont
menées ». Le Comité examinera aussi les
activités des agences du renseignement et toute question qui lui
sera transmise par un ministre. Les Canadiens ne seront pas mis au
courant de ce que fait le comité, tous ses membres étant
tenus au secret. Le mandat du comité a été
réduit davantage dans le Livre vert sur la
sécurité nationale à celui « d'examiner
comment fonctionnent les institutions de sécurité
nationale ».
Les libéraux vont aussi annoncer bientôt
que des soldats canadiens vont participer à des missions de
formation et de contre-insurrection dans au moins un pays d'Afrique.
Cela est fait au nom de l'idéal élevé d' «
opérations de paix ». Cela fait partie du rôle
que le Canada s'est assigné dans le cadre de la
réorientation que font les
impérialistes américains du maintien de la paix par l'ONU
et de la nouvelle ruée sur l'Afrique.
Une définition néolibérale
intéressée de
la classe moyenne
- K.C. Adams -
L'irrationalité au service des
privilèges de classe,
du droit de
monopole et du statu quo
Le gouvernement libéral utilise constamment
l'expression classe
moyenne. Trudeau et ses ministres se présentent comme des
leaders et
des partisans de la classe moyenne, laquelle selon eux est une
entité
sociale définissable par ses gains annuels. Lors de
l'élection
fédérale, Trudeau a défini la classe moyenne comme
une famille de trois
personnes ayant un revenu imposable annuel combiné se situant
entre 44 701 $ et 89 401 $. Or, la
science sociale définit les classes
sociales en fonction de leur position objective dans l'économie
et de
leurs relations les unes aux autres. Notons au passage que la
définition que donne Trudeau le place, lui et sa
bande, bien au-dessus des gens qu'il dit représenter.
La principale classe sociale au Canada et de loin la
plus grande
est la classe ouvrière. Les membres de la classe ouvrière
doivent
vendre leur capacité de travailler pour assurer leur
subsistance. Ceux
qui possèdent et contrôlent les moyens de production
socialisés, la
bourgeoisie, achètent la capacité de travailler des
travailleurs et
possèdent et
contrôlent la richesse sociale que ceux-ci produisent. Ils n'en
retournent qu'une partie à la classe ouvrière en tant que
valeur
reproduite sous forme de salaires, d'avantages sociaux, de pensions et
de programmes sociaux et services publics.
Justin Trudeau croit sans doute avoir l'appui des
travailleurs
canadiens avec cette propagande intéressée, mais ceux-ci
n'aspirent pas
à être membres de la soi-disant classe moyenne. Au
contraire, ils se
considèrent de plus en plus comme des travailleurs, comme ceux
qui
forment la classe ouvrière.
La classe ouvrière et ceux qui possèdent
et contrôlent les forces
de production socialisées entrent dans une relation sociale
appelée
capital pour produire toute la valeur dont les citoyens et la
société
dépendent pour leur existence. Ces deux classes se livrent une
lutte
constante pour la réclamation à la valeur que les
travailleurs
produisent et au
sujet de la direction de l'économie. Elles sont aussi aux
antipodes
concernant la nécessité de résoudre la
contradiction au sein de la
relation sociale capital afin de faire avancer la société
vers
l'émancipation de la classe ouvrière et
l'élimination des classes
sociales.
D'après la définition
néolibérale intéressée du gouvernement
Trudeau, ses politiques et actions viseraient toutes à
bénéficier à sa
classe moyenne telle qu'il l'a définie, et cela comprend les
relations
extérieures et la promotion du libre-échange. Or, la
réalité est que ce
qu'on appelle la classe moyenne tombe toujours plus bas dans
l'échelle
des
classes sociales. La classe ouvrière en conclut que Trudeau
utilise
l'expression « classe moyenne » pour camoufler ses
politiques et ses
actions au service de l'élite au pouvoir, ceux qui
possèdent et
contrôlent les forces de production socialisées et qui
dominent la
classe ouvrière au sein de la relation sociale qu'est le
capital. C'est
une autre
manoeuvre pour briser la résistance du peuple à la
défense de ses
droits.
La logique des libéraux est déplorable.
Les propriétaires
d'esclaves aux États-Unis affirmaient bien nourrir, loger et
soigner
leurs esclaves, ils prétendaient même voir à leurs
loisirs et leur
procurer un niveau de vie supérieur à celui de beaucoup
de membres de
la classe ouvrière à l'époque. Ils se plaignaient
que leur traitement
généreux des
esclaves, qui, après tout, étaient leur
propriété, leur imposait des
sacrifices parce que la valeur produite par les esclaves servait
davantage au bien-être de ceux-ci qu'à leur propre
enrichissement.
Cette condescendance était courante aux États-Unis avant
la Guerre
civile, mais elle n'a jamais rien changé à la position de
classe
objective des esclaves et
à leur relation sociale avec les propriétaires, leur
état de captivité.
Il a fallu renverser ce rapport d'asservissement pour donner une
nouvelle direction à l'économie et la
société.
Le gouvernement Trudeau utilise cette expression
à toutes les
sauces. Lors de sa visite en Chine en septembre il a dit : «
Les liens
renoués entre le Canada et la Chine aideront à faire
croître l'économie
et à renforcer la classe moyenne. [...] Les deux pays peuvent
profiter
du potentiel inexploité et des avantages d'une relation plus
étroite,
[...] et faire croître la classe moyenne. »
Le premier ministre a dit de sa visite : «
Je crois que ma visite
officielle en Chine a permis de remettre la relation Canada-Chine sur
une nouvelle voie stable qui favorisera davantage de retombées
économiques et sociales pour nos populations, tout
particulièrement
pour la classe moyenne. »
Le ministre des Finances, Bill Morneau, a dit ceci lors
du Forum
mondial de Toronto en août 2016 : « Partout dans
le monde, la vague
croissante de désillusion montre que, depuis trop longtemps, la
classe
moyenne n'a pas l'impression de réaliser des progrès.
Nous [le
gouvernement libéral] sommes maintenant largement reconnus
comme un modèle pour le monde, et nous sommes au premier rang
des
efforts déployés à l'échelle mondiale pour
que l'économie fonctionne
mieux pour les familles de la classe moyenne. »
La classe moyenne des libéraux est
composée d'environ 20 % des
personnes déclarant un revenu, selon Statistique Canada, soit
une
fraction seulement de la population canadienne. Pour ne pas donner
l'impression qu'il favorise un groupe de Canadiens par rapport à
un
autre, le premier ministre affirme que son gouvernement est
déterminé à « accroître »
la classe moyenne. Le gouvernement libéral
veut que ceux qui touchent moins que 45 000 $ en revenu
annuel
augmentent leurs revenus et se joignent à sa classe moyenne
tandis que
ceux qui ont un revenu supérieur à celui de la classe
moyenne sont des
privilégiés qui devraient contribuer à «
accroître la classe moyenne ».
Beaucoup reconnaissent que cet appel constant à
la classe moyenne
est irrationnel et n'a rien à voir avec la résolution des
problèmes
réels. Par exemple, en 2007 US Steel a pris le
contrôle de Stelco à
Hamilton et a promis de faire croître l'emploi et la production,
ce qui
aurait renforcé la position des métallos actifs et
retraités de Stelco
au sein de la classe moyenne définie par Trudeau. Or, c'est
l'inverse
qui s'est produit, et l'information ne manque pas à ce sujet.
Trudeau
n'a rien fait pour mettre fin à la destruction des emplois et de
la
production aux mains de US Steel et il n'est pas intervenu non plus
pour faire cesser les attaques contre les plus de 20 000
retraités
qui ont subi une réduction de leurs prestations de retraite avec
la
suppression de l'indexation, qui ont perdu leurs avantages sociaux
postérieurs à l'emploi à cause de la fraude de la
protection de la
faillite. Trudeau a refusé d'intervenir pour empêcher US
Steel
d'abandonner ses obligations sociales envers les fonds de pension
existant, et bloquer son
plan établi de connivence avec l'État pour prendre la
fuite avec 2,2
milliards $ lors de la vente et la liquidation de la
société dans le
cadre juridique de la Loi sur les arrangements avec les
créanciers des compagnies (LACC). Ces actions vont faire
tomber les métallos retraités et les employés
salariés encore plus bas par rapport
à ce que Trudeau appelle la classe moyenne et pourtant il ne
fait rien de concret pour arrêter cette hémorragie.
Le gouvernement Trudeau s'en prend aussi aux
travailleurs organisés
du secteur public et privé fédéral en abaissant de
façon considérable
leur niveau de vie tout en prétendant que c'est bon pour
l'économie.
La classe ouvrière craint avec raison que tout
ce bruit autour de
la classe moyenne soit simplement de la propagande qui transforme les
relations de production et l'économie en général
en une construction
mentale irrationnelle pouvant être manipulée par les
riches et les
puissants. Les problèmes des travailleurs et ceux de
l'économie et au
sein
des rapports de production en général doivent être
abordés de façon
objective, tels qu'ils se présentent, au-delà de la
propagande
intéressée.
Les travailleurs vendent leur capacité de
travailler à ceux qui
possèdent et contrôlent les forces matérielles de
production au sein
d'un rapport social appelé capital. Ces deux classes sont les
deux
principales et plus importantes forces sociales au Canada. Elles se
livrent une lutte de classe constante au sein du rapport social qu'est
le capital et à
l'échelle de la société pour le contrôle et
la direction des affaires
politiques, économiques, sociales et culturelles du pays. Le
montant
que les travailleurs reçoivent en échange de la vente de
leur capacité
de travailler ne change pas leur position sociale objective, celle
d'une classe dont les intérêts sont en contradiction
directe avec les
intérêts de ceux
qui possèdent et contrôlent les forces socialisées
de production. Les
travailleurs du Canada, y compris ceux qui font partie de la
construction mentale que Trudeau appelle classe moyenne, n'exercent
aucun contrôle dans leurs endroits de travail, ni aucun
contrôle sur
les affaires importantes qui les affectent directement ou sur la
direction générale de
la société. Même le prix qu'ils reçoivent
pour leur capacité de
travailler ou les garanties qu'ils reçoivent de la naissance
à la mort
en tant que réclamation à la valeur qu'ils produisent ne
sont pas
protégés, comme le montre l'exemple des travailleurs de
Stelco et de
nombreux autres travailleurs, et comme le montre l'existence de plus
d'un million de
chômeurs.
La position des travailleurs qui font partie de cette
classe que
Trudeau définit comme moyenne, qui
représente 20 % des Canadiens ayant
un revenu, est loin d'être assurée. La menace n'est pas
tant dans les
salaires et pensions actuels, avec ou sans perspective d'augmentation,
que dans l'insécurité inhérente à leur
position sociale
de classe, en tant que travailleurs qui vendent leur capacité de
travail à ceux qui possèdent et contrôlent les
forces de production,
privées et publiques, au sein de la relation sociale qu'est le
capital.
La position sociale de classe des travailleurs au sein de la structure
du pouvoir politique fait en sorte qu'ils n'exercent pas de
contrôle
sur une économie,
pendant que celle-ci est assaillie par des crises récurrentes et
des
contradictions insurmontables auxquelles l'élite au pouvoir
refuse de
s'attaquer parce que cela affaiblirait son pouvoir et son
privilège de
classe.
La position des membres de cette soi-disant classe
moyenne est
d'autant plus menacée par l'objectif que les gouvernements des
riches
donnent au pays, soit de rendre les plus grands monopoles
concurrentiels sur les marchés mondiaux.
La définition néolibérale
intéressée que donnent les libéraux de
Justin Trudeau de la classe moyenne est une invention de l'esprit qui
ne correspond pas à une force sociale réelle. C'est tout
simplement un
outil de propagande pour essayer de se rallier des fidèles dans
le
mouvement ouvrier, ceux dont les salaires les placent en fait au-dessus
de
la soi-disant classe moyenne. Les problèmes économiques
requièrent des
solutions réelles et non des solutions fantaisistes qui sonnent
bien
dans une campagne de relations publiques. L'économie est un
phénomène
objectif et elle a besoin d'une direction prosociale et de solutions
à
ses problèmes qui partent de l'objectivité de
considération.
La classe ouvrière est la seule classe sociale
ayant le nombre et
la position au sein de l'économie qui lui permettent de
résoudre ses
problèmes et les problèmes de la nation. Elle doit donner
une direction
nouvelle à l'économie en dépit des balivernes de
ceux qui sont
déterminés à défendre leur privilège
de classe et leur droit de
monopole.
L'ordre du jour international du Canada
Le premier ministre Trudeau est à New York en
tant que membre de la délégation canadienne à
la 71e session de l'Assemblée générale des
Nations unies les 19 et 20 septembre. Avant l'ouverture de
l'Assemblée générale, Trudeau a rencontré
à Montréal le secrétaire général de
l'ONU, Ban Ki-Moon, de même que le
musicien Bono.
Depuis le retour au pouvoir des libéraux, le
gouvernement a pesé de tout son poids pour
présenter Trudeau comme un « acteur important »
sur l'échiquier mondial qui devrait être nommé
à des organisations internationales où les grandes
puissances prennent des décisions sur des questions qui
affectent toute l'humanité. Trudeau
représenterait les « lettres de créance
progressistes » et les « valeurs » dont le
président Obama a parlé dans son discours à la
Chambre des communes le 29 juin où il avait
déclaré que « le monde a besoin de plus de
Canada ».
Par exemple, le Canada serait
« bien
placé » pour contribuer au domaine des «
opérations de paix ». Le gouvernement Trudeau a vite
découvert la valeur de ses « lettres de créance
progressistes » lorsqu'en août dernier les
médias ont rapporté qu'il a dû annoncer des
engagements spécifiques en fait de déploiement de troupes
et
de financement pour se mériter une place parmi la cinquantaine
de pays participant au sommet des ministres de la Défense sur le
maintien de la paix dont l'hôte est le ministère de la
Défense du Royaume-Uni à Londres.
Assumant l'héritage du régime Obama, le
gouvernement Trudeau brandit ses soi-disant lettres de créance
progressistes pour mettre de l'avant un ordre du jour de guerre.
Voilà pourquoi la double mission de Trudeau à
l'Assemblée générale de l'ONU, selon les
médias, est de se présenter comme un « dirigeant
progressiste de taille sur
l'échiquier mondial » et de « plaider sa cause
à l'effet que le Conseil de sécurité a besoin de
la perspective canadienne à sa table ».
On n'observe chez les libéraux de Justin Trudeau
aucun exemple d'une « perspective canadienne » qui
serait différente de la position prise par l'impérialisme
américain sur les questions importantes de la guerre et de la
paix. Ce qu'on appelle la « perspective canadienne »
ne démontre aucune différence significative et n'est
certainement pas la perspective qui anime les Canadiens. En fait, si le
Canada brigue un siège non permanent au Conseil de
sécurité de l'ONU, cela voudra dire un vote de plus en
faveur de la quête des impérialistes américains
pour la domination mondiale sur le Conseil de sécurité,
une instance qui n'a jamais réussi à maintenir la paix
dans le
monde et qui d'emblée est marquée par la domination des
grandes puissances. Les arrangements d'après-guerre qui ont
constitué le fondement même du Conseil de
sécurité sont en lambeaux.
Afin de mêler les cartes, le bureau du premier
ministre a émis un communiqué pour annoncer la
participation de Trudeau à l'Assemblée
générale de l'ONU et a déclaré que le
gouvernement « est déterminé à
redéfinir sa place dans le monde et à promouvoir les
valeurs canadiennes fondamentales comme la diversité et
l'inclusion, l'égalité des
sexes et le respect de la paix partout dans le monde ».
Le bureau du premier
ministre a aussi annoncé
que Trudeau « participera au Sommet pour les
réfugiés et les migrants présidé par le
secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon,
ainsi qu'au Sommet des dirigeants sur les réfugiés, qu'il
coprésidera avec le président des États-Unis,
Barack Obama ». On se sert même de façon
cynique de l'arrivée au Canada de plus de 30 000
réfugiés syriens depuis novembre 2015 comme d'un
exemple du « leadership » du Canada et d'une preuve
que le Canada doit avoir une « place à la
table ».
Mais comment le Canada
a-t-il assumé ses responsabilités envers ces
réfugiés ? Les médias rapportent qu'un grand
nombre d'entre eux ont dû avoir recours aux banques alimentaires
qui déjà n'arrivent pas à combler les besoins des
gens. En plus, l'aide gouvernementale limitée que le
gouvernement procure à certains réfugiés se
termine
bientôt. Le ministre de l'Immigration, des Réfugiés
et de la Citoyenneté, John McCallum, a déclaré
que le recours des réfugiés syriens aux banques
alimentaires était un « phénomène
culturel » qui n'avait rien à voir avec les
pénibles conditions auxquelles ils font face, au prix
élevé des aliments et au manque d'appui ou d'emplois. Le
gouvernement justifie son peu d'appui aux réfugiés en
disant qu'ils reçoivent moins que les Canadiens vivant de l'aide
sociale. Leur traitement serait donc «
équitable » et approprié.
Qu'est-ce que cela veut dire qu'on est en train de
former Trudeau pour qu'il prenne en main le soi-disant legs
d'Obama ? La méthode Obama consistait à dire aux
gens aux États-Unis et partout dans le monde qu'il était
en faveur des droits et de la paix et opposé à la guerre
et à l'injustice et que les institutions qu'il
représentait exprimeraient ces valeurs. Dix ans plus tard, les
assassinats au
moyen de drones sont devenus une routine comme l'est devenu
l'entraînement de terroristes pour accomplir les objectifs de
politique étrangère et les crimes de guerre des
impérialistes américains sont en hausse. Des
opérations de changement de régime et de
déstabilisation ont été
menées ou sont en train de l'être et davantage de migrants
et de réfugiés ont été
déplacés aux quatre vents, sans parler du fait que plus
de gens ont été déportés des
États-Unis sous le président Obama que sous n'importe
quel président américain.
Les Canadiens doivent rejeter l'affirmation selon
laquelle recevoir « le flambeau » des mains d'Obama
est une bonne chose. Tout de suite après voir dit que « le
monde a besoin de plus de Canada », Obama a ajouté
que « l'OTAN a besoin de plus de Canada ». Dix jours
plus tard, le gouvernement Trudeau annonçait l'envoi
de troupes dans les pays baltes dans le cadre de l'occupation de ces
pays par les États-Unis et l'OTAN et de l'encerclement de la
Russie. Cela ne doit pas passer !
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|