Numéro 121 - 14 septembre 2016
La « lutte à la
radicalisation » du gouvernement du Québec
Un État policier quel que soit le
nom
- Pauline Easton -
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La
«
lutte
à
la
radicalisation
» du gouvernement du
Québec
• Un État policier quel que soit le nom
- Pauline Easton
• Un dangereux précédent -
Diane
Johnston
• De nouveaux arrangements pour criminaliser
les luttes de résistance au nom de la protection de la personne
- Fernand Deschamps
Un cas de
radicalisation monté de toutes pièces par les
opérations occultes
• Un tribunal de la Colombie-Britannique juge
que la GRC a organisé un complot terroriste - Matthew
Behrens
La « lutte à la
radicalisation » du gouvernement du Québec
Un État policier quel que soit le nom
- Pauline Easton -
Le 18 août dernier, le Collège
Maisonneuve, situé dans l'est de Montréal, a
annoncé qu'il embauchait deux « travailleurs de
corridor » et deux « autres spécialistes de la
radicalisation » pour « lutter contre la
radicalisation ». Le gouvernement libéral de Philippe
Couillard a annoncé que le cégep a
reçu 400 000 $ en mars dernier pour ce programme
« d'intervention » auprès des jeunes.
La ministre de l'Enseignement supérieur
Hélène David, qui a annoncé le soutien financier
en conférence de presse, a dit qu'il s'agissait d'un
projet-pilote pour « implanter des mesures d'appui au
vivre-ensemble ». Le maire libéral de
Montréal, Denis Coderre, qui était présent, a dit
qu'« un élément essentiel dans la résolution
de conflit
est d'avoir des gens sur place pour bâtir des ponts et
prévenir les conflits ».
Line Légaré,
porte-parole du collège de Maisonneuve, a dit : « Les
travailleurs de corridor seront sur le terrain pour recueillir la
parole des étudiants. Leur défi est de se faire accepter,
de gagner la confiance des jeunes pour les aider. » Leur
travail en sera un de délation puisque si un étudiant
prépare « quelque chose de
dangereux », la direction du cégep avertirait le
Centre de prévention de la radicalisation menant à la
violence (CPRMV), a-t-elle expliqué.
D'autres institutions, dont les cégeps Dawson et
Rosemont et même la fédération des cégeps,
ont par la suite demandé des ressources et d'avoir voix au
chapitre.
Tout cela va dans le sens d'introduire les structures
d'un État policier dans la vie civile. Prétendre qu'on
assure la sécurité des gens en instituant une police
politique dans nos maisons d'éducation et en institutionnalisant
la délation, c'est surpasser les tentatives dans l'histoire de
justifier
l'État policier. Les délateurs vont faire
rapport au
CPRMV, aux forces policières, voire à la GRC, qui pourra
intervenir en suivant son manuel de lutte à la radicalisation,
lequel n'a été soumis à aucun débat
politique ni approuvé.
Après l'expérience des pogroms et les
atrocités des nazis et des militaristes japonais durant la
Deuxième Guerre mondiale, les peuples du monde ont
condamné la méthode répressive qui consiste
à créer un climat de suspicion, la peur de l'«
autre », l'insécurité et la division. Brandir
le drapeau de la sécurité pour faire accepter la
criminalisation des jeunes, et des parents s'ils osent intervenir, et
faire accepter la criminalisation de la conscience est tout aussi
dangereux qu'inacceptable. On devient la cible du doute et de la
méfiance juste à en parler. Ça ne doit pas
passer !
Les causes de la soi-disant radicalisation ne sont pas
identifiées et le terrorisme reste sans définition.
Toutes les formes de terrorisme, qu'il s'agisse d'actes individuels ou
de terrorisme d'État, doivent être combattues, mais la
plus pernicieuse d'entre elles est le terrorisme d'État. En
effet, les actes individuels peuvent être punis par l'État
en
vertu du code pénal. Mais lorsque l'État commet des actes
de terreur, qui le surveille et qui le punira ? Il est absurde de
parler d'un mécanisme de surveillance civile ou de centres
civils pour la prévention de la radicalisation puisqu'ils
doivent tous se soumettre au plan de l'État. Ce qui fait que,
plutôt que de voir à la sécurité des
citoyens,
leur fonction est de faire en sorte que l'État soit
irrécusable. Leur rôle est de consacrer l'impunité
de l'État.
On continue d'associer des croyances religieuses, en
particulier l'Islam, au terrorisme et il y a absence d'un discours sain
sur les problèmes de la vie auquel chacun peut participer sans
craindre de représailles ou répercutions. Ceux qui se
disent libéraux blâment le discours de l'extrême
droite qui incite au fanatisme, à la xénophobie et
à la
haine alors qu'eux seraient les modérés et que leur
intention n'est que de prendre des mesures préventives, comme
avec ce plan de lutte à la radicalisation. Eux
représenteraient l'état de droit. Il serait raisonnable
de les soutenir eux plutôt que l'extrême droite ou les
extrémistes islamiques.
En fait, au nom de la
protection de la jeunesse, qu'on dit vulnérable à la
radicalisation, le rôle de ces modérés et forces
dites raisonnables est de nier le droit de conscience des jeunes. Et
pendant ce temps tous les efforts sont faits pour recruter les jeunes
dans l'armée et les impliquer dans des guerres d'agression et le
terrorisme d'État. Notons
en passant que les guerres d'agression pour forcer des changements de
régime dans certains pays que les États-Unis
déclarent « non coopérants » ne sont pas
considérées comme une source de violence et un exemple
d'extrémisme. Ceux qui y participent sont proclamés
héros et ceux qui s'y opposent sont criminalisés.
La criminalisation de la conscience, la délation
institutionnalisée et le profilage sont les méthodes
brutales d'un État policier. Notre sécurité est
dans la lutte à la défense des droits de tous et toutes.
La police politique ne doit pas entrer dans nos maisons
d'éducation !
Un dangereux précédent
- Diane Johnston -
Le 19 août, le
soi-disant Centre pour la prévention de la radicalisation menant
à la violence (CPRMV), créé par la Ville de
Montréal en mars 2015, rendait public son rapport
de 84 pages intitulé Enjeux et perspectives de la
radicalisation menant à la violence en milieu scolaire au
Québec . Le directeur général du
centre affirme dans l'introduction que « la radicalité
violente instillée aux jeunes demeure la forme la plus
préoccupante, puisque ceux-ci représentent un groupe plus
vulnérable, à la recherche d'une expression de soi, d'un
idéal, d'une façon de se révolter contre un
système dans lequel ils ne se sentent pas écoutés,
compris et respectés. De fait, la
radicalisation contemporaine ne se réduit pas uniquement
à un phénomène religieux, mais touche tout autant
(sinon plus) les dimensions psychologiques, sociales, identitaires,
politiques et géopolitiques. De plus, les formes nouvelles
d'engagement et la maîtrise des moyens technologiques constituent
des défis supplémentaires dont il faut maintenant
tenir compte. »
Ceci fait partie des efforts du gouvernement Couillard
pour criminaliser la dissidence et cibler la jeunesse, en particulier
les jeunes musulmans, comme étant source de violence. Ces
efforts ont trouvé aussi un appui chez le gouvernement Trudeau
qui annonçait en mars 2016 la création d'un Bureau
du coordonnateur de la sensibilisation
des collectivités et de la lutte contre la radicalisation. Ils
ont aussi l'appui de Ralph Goodale, ministre fédéral de
la Sécurité publique, qui, de passage au CPRMV à
Montréal le 15 août dernier, a
déclaré : « Nous avons également
présenté une nouvelle loi visant à créer un
comité de parlementaires prévu par la loi ayant un
accès
exceptionnel à des renseignements classifiés et un mandat
de scruter les activités de sécurité et de
renseignement de tous les ministères et organismes du
gouvernement du Canada. Les objectifs du comité comporteront
deux volets - s'assurer que tous ces ministères et organismes
sont efficaces à assurer la sécurité des Canadiens
et assurer le respect
de nos valeurs, de nos droits et de nos libertés ainsi que du
caractère ouvert, inclusif et démocratique de notre pays.
Les Canadiens ne devraient s'attendre à rien de
moins. »
Citant le cas du jeune homme de Strathroy, en Ontario,
qui a été tué le 15 août 2016
alors qu'il allait prétendument déclencher un engin
explosif, le ministre Goodale a ajouté : « Cet
événement met en évidence que dans ce monde
incertain, aucun endroit n'est à l'abri de la menace terroriste.
De plus, la préoccupation la plus
importante concerne des solitaires qui adoptent des idéologies
perverses et extrêmes qui font la promotion de la violence. [...]
Nous devons devenir vraiment bons à ces tâches afin de
préserver notre diversité et pluralisme en tant que force
nationale unique.
« Certains travaux dans ce domaine sont
déjà en cours au Canada, dans différentes
universités et dans des villes comme Montréal et Calgary,
par exemple, mais il n'y a que peu de cohérence nationale. Notre
but est de commencer à régler ce problème cette
année. »
La question de la
sécurité est très importante pour une
société. La sécurité est établie en
respectant les droits de tous et toutes, surtout le droit de
conscience. Tous les membres de la société doivent
pouvoir participer aux délibérations sur comment se
garantir un avenir, surtout les jeunes. Partout au pays, les gens
demandent que les
investissements nécessaires soient faits dans les programmes
sociaux comme l'éducation, les sports et loisirs et les
activités culturelles. Les besoins sont énormes. Mais au
lieu de cela il y a des compressions dans les programmes et les jeunes
sont criminalisés, soumis au profilage et
considérés comme chasse ouverte. La criminalisation de la
conscience, la délation institutionnalisée et le
profilage sont les méthodes brutales d'une gouvernance qui
conduit à la marginalisation et à la criminalisation des
jeunes sur une grande échelle. C'est de la maltraitance et cela
opère sur une grande échelle.
Personne ne va croire que la suspicion envers les
jeunes et la délation aux forces policières va
créer la sécurité ou que ceux qui implantent ces
mesures sont les représentants et défenseurs de «
notre diversité
et pluralisme en tant que force nationale unique » pour
« prévenir la radicalisation », comme le
prétend Ralph Goodale.
De nouveaux arrangements pour criminaliser
les luttes de résistance au nom de la protection
de la personne
- Fernand Deschamps -
Manifestation des étudiants à Québec, le 1er mars
2012, durant la grève étudiante
En adoptant en juin 2016 le projet de loi 59,
Loi apportant diverses modifications législatives pour renforcer
la protection des personnes , les députés de
l'Assemblée nationale du Québec ont permis au
gouvernement libéral d'espérer réaliser ce qu'il
n'avait pas été en mesure d'accomplir avec la Loi 78, Loi
permettant
aux étudiants de recevoir
l'enseignement dispensé par les établissements de niveau
postsecondaire qu'ils fréquentent . Cette loi infâme
qui ciblait les étudiants en grève fut adoptée
en 2012 par le gouvernement libéral et appuyée par
la Coalition Avenir Québec (CAQ). Elle avait été
dénoncée comme une attaque contre les
droits d'expression et d'association et faisait l'objet de nombreuses
contestations judiciaires sur le plan de la Charte canadienne des
droits et libertés .
Un aspect important de la Loi 59 à cet
égard sont les changements substantiels apportés au Code
civil du Québec ainsi qu'à plusieurs lois
modifiées par cette législation, dont la Loi sur les
collèges d'enseignement général et professionnel
(chapitre C-29), la Loi sur l'enseignement privé
(chapitre E-9.1), la Loi sur la
fiscalité municipale (chapitre F-2.1), la Loi sur
l'instruction publique (chapitre I-13.3) et la Loi sur la
protection de la jeunesse (chapitre P-34.1).
Ainsi, dans la préface à la Loi 59,
il est mentionné que la loi « prévoit
l'attribution, aux tribunaux judiciaires, du pouvoir d'ordonner des
mesures propres à favoriser la protection des personnes dont la
vie, la santé ou la sécurité est menacée
par une autre personne par l'introduction, en matière de
procédure civile, d'un concept
d'ordonnance de protection ». À l'article 21, il
est mentionné que l'article 509 du code civil sera
maintenant modifié pour qu'une telle injonction appelée
ordonnance de protection puisse « enjoindre à une personne
physique de ne pas faire ou de cesser de faire quelque chose ou
d'accomplir un acte déterminé en vue de protéger
une autre personne physique dont la vie, la santé ou la
sécurité est menacée. Une telle injonction, dite
ordonnance de protection, peut être obtenue, notamment dans un
contexte de violences. »
Il est difficile de voir
à quoi rime tout ce que le gouvernement met en place, à
moins de se rappeler comment le gouvernement libéral de Jean
Charest a traité le mouvement de grève des
étudiants en 2012. Dans la Loi 78 du gouvernement
Charest on pouvait lire ceci : « Tout établissement,
ses dirigeants et ses représentants
doivent prendre les moyens appropriés pour que soient
dispensés, ou continuent de l'être, les services
d'enseignement à l'ensemble des étudiants qui y ont
droit. » Elle contenait « des dispositions visant
à préserver la paix, l'ordre et la sécurité
publique ainsi que diverses mesures de nature administrative, civile et
pénale ».
La Loi déclarait que « nul ne peut, par un
acte ou une omission, entraver le droit d'un étudiant de
recevoir l'enseignement dispensé par l'établissement
d'enseignement qu'il fréquente, faire obstacle ou nuire à
la reprise ou au maintien des services d'enseignement d'un
établissement ou à l'exécution par les
salariés de leur prestation de travail
relative à ces services ».
C'était une tentative
désespérée du gouvernement libéral de
l'époque de tenter de contenir le mouvement des jeunes et
étudiants qui s'opposaient au programme du gouvernement de payer
les riches et d'imposer des hausses de frais de scolarité. La
Loi 78 a été subséquemment abrogée par
un décret du gouvernement péquiste de Pauline
Marois, un mois après son entrée au gouvernement, suite
aux résultats des élections de septembre 2012 qui a
vu les libéraux être relégués au rôle
de parti
d'opposition et leur chef et premier ministre, Jean Charest,
défait dans sa circonscription. Mais maintenant le gouvernement
libéral va tenter de nouveau de criminaliser les
décisions prises par
les assemblées générales des associations
étudiantes, pareillement à celles adoptées
en 2012 pour faire la grève. En faisant appel à une
définition libérale des droits individuels, qui nie les
droits collectifs, le gouvernement libéral pourrait utiliser
cette nouvelle loi pour bloquer la décision d'une association
étudiante de mener des actions de
grève ou de participer à tout autre
événement qu'il juge que cela outrepasse les droits
individuels d'un étudiant. C'était encore plus
préoccupant puisque les droits au Canada sont définis sur
la base de droits individuels et qu'aucun droit collectif n'est
reconnu. Seulement le code du travail fournit aux travailleurs certains
droits collectifs tels que le
droit à la grève sous certaines conditions. Maintenant de
nouvelles lois sont en train d'enlever aussi ces droits au nom du droit
démocratique des gouvernements d'adopter des budgets
d'austérité qui limitent le droit de négocier les
salaires et les conditions de travail. Ces nouvelles lois vont ainsi
criminaliser les grèves des travailleurs à la
défense de
leur droit collectif de négocier librement.
En plus de cela, la Loi 59 considère les
problèmes auxquels fait face
la société comme une question de comportement individuel.
C'est ainsi
qu'il y est déclaré nécessaire « d'instaurer
de nouvelles mesures de
protection pour les personnes dont l'intégrité physique
ou
psychologique est menacée ».
Manifestation mensuelle, le 22 juillet 2012, durant la grève
étudiante au Québec
La même vision dangereuse derrière ces
mesures se retrouve dans les commentaires du 23 août dernier
du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, à propos
des coups de feu qui ont eu lieu le soir du rassemblement de victoire
du Parti Québécois en 2012, attaque durant laquelle
un membre de l'équipe technique a été tué
et un autre
blessé et qui visait Pauline Marois et « tous les
séparatistes », comme l'a crié Richard Henri
Bain durant l'action. Le ministre Barrette, s'adressant en anglais aux
médias anglophones, a dit : « quand on brasse trop
les choses, des fois, des choses comme ça peuvent se
produire. » ( « When you stir things up too much,
sometimes
things like that can happen. ») Le ministre a
été forcé de s'excuser sur-le-champ pour ses
propos mais cela montre où mène la criminalisation de la
conscience et que la distinction est mince entre ce que le gouvernement
considère comme « un danger à la
sécurité » et ce qui est un danger à
ses propres opinions politiques.
La Loi 59 prévoit que « dans les
secteurs de l'éducation préscolaire et de l'enseignement
primaire, secondaire et collégial, que tout contrat qui permet
l'utilisation totale ou partielle d'un immeuble d'un collège,
d'une commission scolaire ou d'un établissement d'enseignement
privé est réputé contenir une clause permettant
à ces entités de
le résilier lorsque le cocontractant ou toute autre personne a,
dans le cadre de cette utilisation, un comportement qui peut
raisonnablement faire craindre pour la sécurité physique
ou psychologique des élèves ou étudiants ou des
autres personnes qui s'y trouvent. »
Cette clause vise avant tout les organisations
musulmanes ou celles dont l'idéologie est
considérée extrémiste, fournissant ainsi un
mécanisme pour mettre fin au contrat d'utilisation de locaux.
Si des mesures doivent être adoptées qui
criminalisent les étudiants, les travailleurs ou tout autre
segment de la population, c'est important que le corps politique
participe à adopter des critères sur la base desquels ils
seront jugés. Mais cela n'est pas fait. Par exemple, la
Loi 59 ne définit pas ce qu'est un contexte de violence. La
Loi est
totalement muette sur cette question. Le soi-disant Centre de
prévention contre la radicalisation menant à la violence
(CPRMV), tout en avouant qu'« il n'existe pas de
définition universelle sur le phénomène de la
radicalisation menant à la violence », le
définit comme suit : « un processus selon lequel des
personnes adoptent un
système de croyances extrêmes — comprenant la
volonté d'utiliser, d'encourager ou de faciliter la violence —
en vue de faire triompher une idéologie, un projet politique ou
une cause comme moyen de transformation sociale ».
Selon le directeur général du CPRMV,
Herman Deparice-Okomba, « si de jeunes Québécois se
tournent vers les discours radicaux ou vers la violence comme solutions
acceptables à leur mal-être, c'est que nos
sociétés n'arrivent pas à bien comprendre leurs
revendications et leurs aspirations, et à y répondre de
façon à canaliser leurs besoins
vers des solutions constructives. »
Il a peut-être mis le
doigt sur le problème mais il refuse de tirer les conclusions
qui s'imposent, à savoir que les jeunes sont bloqués par
une société qui ne leur offre pas d'avenir. Au lieu de
changer les conditions afin de les moderniser pour répondre aux
exigences de l'époque, l'autorité criminalise tous ceux
et celles qui affirment leur droit
de conscience et prennent action pour défendre leurs droits. Les
institutions qui se disent démocratiques mais n'offrent pas de
mécanismes permettant de résoudre les problèmes de
façon pacifique, qui harmoniseraient les intérêts
individuels et collectifs dans le cadre des intérêts
généraux de la société, sont anachroniques.
Elles ne sont d'aucun
service au corps politique. Bien au contraire, elles tentent de
maintenir jusqu'à la fin des temps des arrangements
dépassés en imposant des mesures d'un État
policier.
Le fait d'utiliser les tribunaux pour obtenir des
injonctions sur une base fallacieuse puis d'imposer des peines
d'emprisonnement à ceux déclarés coupables
d'outrage au tribunal pour ensuite déclarer que c'est
démocratique, est une preuve de l'utilisation des
privilèges et du pouvoir d'une façon
intéressée et destructrice.
Ce qui est remarquable est que les modifications
apportées à la Loi 59 et aux autres lois semblables
ont toutes un dénominateur commun qui est d'introduire la notion
de « comportement » qui va « raisonnablement
faire craindre ». Qui définit ce qu'est une menace et
envers qui et pourquoi, et qu'est-ce qui est «
raisonnable » ? Selon la Loi 59, c'est le ministre
de l'Éducation, le ministre de l'Enseignement supérieur
ou la personne qu'il délègue, qui se voit octroyer des
pouvoirs immenses dont celui de résilier les contrats de
location après l'enquête qu'ils mènent
eux-mêmes.
Bien sûr, la Loi ne donne pas le mandat
d'examiner les budgets alloués annuellement aux cégeps.
Un tel examen constaterait sans l'ombre d'un doute comment les
compressions exigées année après année dans
le cadre des mesures d'austérité contribuent à
« un comportement qui peut raisonnablement faire craindre pour la
sécurité physique ou
psychologique des élèves ou étudiants
[...] ».
La jeunesse au Québec a une longue tradition de
résister aux tentatives de l'isoler et de la criminaliser. La
loi 59 est similaire au projet de loi 78 et mérite
d'être dénoncée haut et fort parce qu'elle vise
tous les jeunes, en particulier les jeunes de la communauté
musulmane et des organisations dont les idéologies sont
jugées «
extrémistes » par le gouvernement ou la police
politique.
Un cas de radicalisation monté de
toutes pièces par les opérations occultes
Un tribunal de la Colombie-Britannique juge que la GRC
a organisé un complot terroriste
- Matthew Behrens -
À la fin du mois de juillet, la Cour
suprême de la Colombie-Britannique a conclu que des agents de la
GRC ont participé activement à la préparation, au
financement et à la facilitation d'un acte terroriste. Par
l'exploitation cruelle de deux anciens héroïnomanes ayant
des problèmes évidents de santé mentale, les
agents de la GRC ont fait
tout ce que font les agences de sécurité
d'État : lorsqu'aucun complot terroriste n'existe pour
justifier la raison d'être de l'agence, ils en fabriquent un tout
simplement. C'est bon pour les relations publiques, et,
évidemment, la GRC, une organisation qui a l'habitude de tremper
directement ou indirectement dans des attaques aux droits
humains, dans la misogynie systémique et dans la
complicité de torture, est toujours en quête de
publicité positive. Quoi de mieux alors que d'orchestrer le
démantèlement d'un complot soi-disant ourdi par deux
malheureux qui ont été facilement pris au piège.
Heureusement que la juge
Catherine Bruce ne l'entend pas ainsi. Tous les citoyens de ce pays
devraient se faire un devoir de lire la décision de la juge
Bruce. Elle y suspend la procédure contre John Nuttall et Amanda
Korody, les supposés auteurs du complot d'autocuiseurs de
juillet 2013, et déclare :
« Il y a suffisamment de terroristes dans le
monde à l'heure actuelle. Nous n'avons pas besoin que des agents
de police transforment en terroristes des individus marginalisés
qui n'ont ni la capacité ni la motivation de le faire
eux-mêmes... La police a nettement péché par
excès de zèle et elle a agi sur la base de la
présomption que tout est
acceptable lorsqu'on enquête sur le terrorisme. »
La décision de la juge Bruce fait des centaines
de pages, mais demeure néanmoins un guide sur comment la GRC a
toujours agi, au détriment des lois qu'elle est censée
faire appliquer et sans le moindre souci pour les droits humains des
personnes ciblées. La décision expose une organisation
qui, en dépit des nombreuses enquêtes judiciaires
qui ont recommandé des changements importants dans le domaine
des enquêtes liées à la sécurité de
l'État, n'a rien changé de son modus operandi selon
lequel tout est permis. La « police montée »
iconique du Canada semble croire qu'elle va toujours jouir
d'impunité.
En fait, aucun des agents de la GRC qui ont eu recours
à la contrainte et aux menaces contre Nuttall et Korody n'a
été accusé de quoi que ce soit, bien qu'ils aient
fait croire aux deux malheureux individus qu'ils seraient tués
s'ils ne mettaient pas à exécution le plan de la GRC de
mettre des autocuiseurs sur la pelouse de l'Assemblée
législative de la Colombie-Britannique.
Une enquête sans aucun fondement
Dès le départ, l'opération «
Souvenir » de la GRC a reposé sur une absence totale
de fondement, comme ce fut aussi le cas d'autres soi-disant cas de
sécurité nationale (les cas entre autres d'Abdullah
Almalki, Ahmad El Maati, Muayyed Nureddin, Maher Arar, Abousfian
Abdelrazik, Benamar Benatta et Omar Khadr). Les choses ont
commencé par un « tuyau » du très
incompétent Service canadien du renseignement de
sécurité (SCRS) à l'effet que Nuttall constituait
une menace à la sécurité publique en raison d'
« informations d'ordre général non
vérifiées ». Lors d'une rencontre entre un
représentant du SCRS et le surintendant Bond de la GRC de la
Colombie-Britannique, l'agent du SCRS a indiqué que Nuttall
« serait » un récent converti musulman
cherchant à recruter d'autres individus pour commettre des actes
de violence, sans pour autant révéler les sources de
cette allégation. Bien qu'elle ne possédait aucune preuve
que Nuttall était impliqué dans des activités
criminelles, et sachant
très bien qu'il « ne posait aucune menace
imminente », la GRC a tout de même entrepris une
enquête qui au niveau du quartier général national
s'est rapidement transformée en cause majeure. La directive
donnée au surintendant Bond était de « travailler
assidument sur ce dossier et de le mener à bien en tant
qu'enquête prioritaire ».
Pour la juge Bruce, il ne fait aucun doute que cette enquête
était « urgente et une priorité
nationale » pour Ottawa.
Opération Souvenir était en grande partie
l'oeuvre du Sergent Kalkat. La juge a trouvé que la façon
de faire de Kalkat était « dictatoriale » et
qu'il « ne tolérait opinion différente de la
sienne », en particulier toute opinion émise au sujet
de l'arnaque policière et d'autres activités
illégales menées par la GRC. Kalkat était
aussi un individu pour qui, comme pour les autres désastres
liés à la sécurité nationale menés
par la GRC, l'Islam représentait une menace à la
sécurité nationale.
La juge Bruce écrit :
« Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il
jugeait qu'il y avait risque malgré le manque de preuves
à l'effet que M. Nuttall exprimait des croyances
extrémistes, le sergent a témoigné à
l'effet que le cellulaire et le blogue de M. Nuttall étaient
inscrits sous le nom de 'Muhammad Muhammad'. Il a aussi
mentionné que Mme Korody portait le hijab
et qu'elle s'était convertie à la religion musulmane. De
toute évidence, le sergent Kalkat associait terrorisme et
adhésion à la foi islamique en
général. »
Kalkat a été semoncé par la juge
Bruce pour son manque incroyable de crédibilité. «
J'ai trouvé assez incroyable qu'il conservait si peu de notes
des réunions et des conversations avec son équipe au
sujet du projet tout en prétendant se souvenir sans
défaillance des événements favorables à la
position de la Couronne », a-t-elle dit,
rappelant les conclusions mêmes des comités de
surveillance chancelants qui eux-mêmes ont soulevé de
nombreuses instances du travail indolent et bâclé de la
GRC et du SCRS. Aussi, dans le plan original d'opération
Souvenir et dans la demande d'extension de l'opération, les
agents impliqués n'avaient pas cherché à obtenir
une « autorisation
devant inclure des agents clandestins se faisant passer pour des
membres d'un groupe terroriste ». Sans doute a-t-on
simplement présumé que les agents de la GRC pouvaient
faire ce qu'ils voulaient, puisqu'ils ne semblent jamais devoir rendre
des comptes pour leurs activités illégales.
Les personnes ciblées : des toxicomanes
isolés et vulnérables
Nuttall et Korody étaient tous les deux des
êtres isolés et vulnérables dépendant de
livraisons quotidiennes de méthadone pour les aider à
surmonter leur dépendance à l'héroïne. Ils
sortaient rarement, si ce n'est pour aller s'acheter des cigarettes et
du café ou pour aller jouer de temps à autre au
paintball. En somme, ils préféraient rester à la
maison et jouer à des jeux vidéo. Korody était
souvent
malade, il vomissait constamment. Il arrivait, selon certains, que
Nuttall exprime parfois des points de vue dits «
extrémistes », en particulier devant de purs
étrangers, mais même le sergent Kalkat a avoué lors
du procès qu'il ne s'agissait pas du « comportement
typique d'un terroriste aux
intentions sérieuses ».
Mais Kalkat et un groupe d'agents clandestins de la GRC
étaient convaincus que les opinions «
extrémistes » de Nuttall constituaient une menace
à la sécurité nationale, et ils ont
consacré d'énormes ressources pour convaincre Nuttall de
planifier un complot terroriste « faisable » afin de
pouvoir ensuite l'arrêter. En effet, bien que
le budget final n'ait pas encore été
révélé, la GRC a versé près d'un
million de dollars en temps supplémentaire à près
de 200 agents pour mener à bien ce projet de broche
à foin.
Un observateur objectif aurait sans doute conclu que
les grandes paroles de Nuttall, bien qu'inquiétantes, ne
mèneraient jamais à des actes. Nuttall avait
exprimé qu'il était en mesure de déclencher une
guerre civile aux États-Unis, qu'il pouvait tenir le monde en
otage en détournant un sous-marin nucléaire à
Nanoose Bay simplement en s'y
approchant à la nage. Il s'est aussi vanté de pouvoir
pirater le serveur du gouvernement israélien, de pouvoir prendre
d'assaut la base militaire d'Esquimalt avec des AK-47 et de pouvoir
fabriquer des roquettes Qassam pour des frappes contre les
édifices du parlement à Victoria. C'est le genre de
fabulations que la GRC prétend avoir pris au
sérieux. En un mot, Nuttall avait exactement le profil de
personnes que des agences comme le FBI manipulent
régulièrement et piègent afin de pouvoir
déclarer de nouvelles victoires pour les États-Unis dans
la guerre contre le terrorisme.
En février 2013, le groupe des «
Special O » de la GRC a cessé la surveillance
d'opération Souvenir. La juge Bruce a déclaré
qu'il « est clair que s'il y avait eu la moindre indication que
M. Nuttall représentait une menace imminente, le Special O
n'aurait pas été réassigné ».
Malgré tout, le projet est demeuré une priorité
nationale pour la division E-INSET de la GRC à Ottawa, suite,
entre autres, à une « lettre d'information »
à l'effet que Nuttall avait tenté de se procurer du
nitrate de potassium à la pharmacie, mais, comme toujours,
aucune source n'a été révélée pour
affirmer ce « tuyau », et aucune enquête n'a
été entreprise pour déterminer si Nuttall
savait que le nitrate de potassium pouvait servir à la
production d'explosifs.
La GRC n'a pas pris la peine de confirmer si Nuttall se
procurait le produit par le biais de son modeste chèque
d'assistance sociale ou s'il avait posé des gestes autres que ce
qui avait été rapporté dans le rapport de
surveillance de la GRC, comme, par exemple, aller chercher des
ordonnances pour sa grand-mère. Aucun agent de la GRC n'a
révisé la vidéo de surveillance de la
résidence Nuttall que très tard dans l'enquête pour
confirmer ce qui était allégué par le SCRS et en
aucun temps la GRC n'a-t-elle mené des entrevues auprès
des voisins et des connaissances du couple, ni a-t-elle
surveillé l'internet du couple afin de déterminer si
effectivement il communiquait avec des gens qui
seraient mêlés au terrorisme. (En fait, un examen de
l'ordinateur après l'arrestation du couple a
révélé qu'aucune communication de ce genre n'avait
été faite.) La GRC avait aussi installé des
caméras de surveillance à l'extérieur de la
résidence, mais ne les avait pas activées 24 heures
sur 24.
La création d'un complot
La très bien rémunérée
équipe d'opération Souvenir a inventé pas moins
de 28 scénarios différents pour inciter Nuttall
à ourdir un complot terroriste. Même l'utilisation d'un
agent clandestin (l'agent A) - qui a joué le rôle d'un
terroriste d'expérience et bien connecté au monde du
terrorisme ainsi que de soi-disant guide spirituel
islamiste avec d'importants liens internationaux, - n'a pas eu l'effet
escompté d'inciter Nuttall à passer aux actes. Par
contre, Nuttall et Korody pensaient avoir enfin trouvé un
véritable ami sur lequel ils pouvaient compter pour leurs
besoins de tous les jours. Tous les efforts déployés par
l'agent A pour inciter Nuttall à concevoir un plan terroriste
et de le noter dans son portable ont été un échec.
En effet, Nuttall ne discutait d'activités extrémistes
qu'en présence de l'agent A, qui l'encourageait à trouver
le moyen de concrétiser ses pensées.
Korody, pour sa part, ne discutait jamais de tels
plans, mais la GRC voulait qu'elle fasse partie de la combine,
puisqu'il faut être au moins deux pour répondre à
la définition d'un groupe terroriste. C'est pour cela que
l'agent A insistait pour que Nuttall ordonne à Korody de
participer aux réunions et aux missions de reconnaissance
organisées
par la GRC, même si Korody était tellement malade qu'elle
pouvait à peine quitter la maison. Au sujet de ces agissements,
la juge Bruce dit : « L'équipe de commandement
discutait des façons d'embrouiller Mme Korody dans ces
scénarios, et croyait fermement que les agents ne pouvaient
l'incriminer que sur la base de ses propos »,
puisque les propos de l'ex-héroïnomane reflétaient
souvent ceux de Nuttall.
Lorsque certains agents à l'interne exprimaient
des réticences par rapport au processus en cours, ils furent
ignorés, y compris l'affirmation de l'équipe clandestine
à l'effet que « l'agent A exerçait
énormément de pression sur M. Nuttall pour qu'il
entreprenne des actes djihadistes et lui donnait même les moyens
de mener des actes terroristes
qu'il ne pouvait accomplir seul, faute de ressources et de
contacts ». En mars 2013, l'équipe
d'opération Souvenir exprimait déjà des
inquiétudes au sujet de l'arnaque, ce qui n'a pas
empêché Kalkat et des membres de l'équipe
d'ordonner à l'agent A d'inciter Nuttall à laisser tomber
ses grandes manoeuvres irréalisables et à plutôt
concentrer sur un simple complot, comme poser trois bombes autocuiseurs
devant l'édifice de l'Assemblée législative lors
de la Fête du Canada. En effet, c'était
l'échéancier auquel la GRC tenait mordicus, en
dépit du fait que Nuttall faisait tout en son possible pour se
retirer du processus, qu'il implorait d'avoir des conseils spirituels
et qu'il
questionnait la moralité de ces actes. L'agent A ne lui a pas
permis d'obtenir les conseils d'un imam et l'invita plutôt
à consulter les sites « extrémistes »
qui pullulent sur l'Internet.
La GRC a souvent exprimé sa frustration devant
la lenteur de l'opération. Nuttall ne réussissait
même pas à accomplir des tâches aussi simples que de
télécharger une carte de Victoria, ni avait-il la
présence d'esprit d'en acheter une. La juge Bruce de
conclure :
« Seule la GRC était
intéressée à mener un jihad violent de la
façon la plus facile et rapide. M. Nuttall continuait d'exprimer
plutôt son voeu de mener à bien de nombreux
scénarios farfelus, mais même si certains d'entre eux
avaient été plausibles, ils auraient exigé des
ressources et des compétences bien au-delà de celles de
Nuttall ou de
Mme Korody, et bien au-delà de ce qu'ils pouvaient
acquérir. »
En mai, dans une mise à jour, Kalkat a
informé ses supérieurs que Nuttall ne posait aucune
inquiétude en termes de la « sécurité
publique » et que l'agent A avait une mainmise sur Nuttall,
qui ne ferait rien sans l'acquiescence de son « ami ».
L'agent A a continué de promouvoir auprès de Nuttall des
interprétations erronées de
l'Islam, lui disant, entre autres, que le devoir de tout musulman
était de mourir en martyr.
Sans relâche l'agent A incitait Nuttall à
concevoir une simple activité terroriste, tandis que Nuttall
pour sa part continuait de nourrir ses rêves grandioses, tel
celui où il fermerait Guantanamo Bay en détournant, entre
autres, un train de passagers VIA qui n'existe plus. Comme le note la
juge Bruce, l'image du monde terroriste de Nuttall
venait davantage des films hollywoodiens tel Rambo III.
Comme la Fête du Canada arrivait à grand
pas, les agents clandestins « ont discuté du
scénario d'un ultimatum qui serait servi à Nuttall, selon
lequel on le menacerait de ne plus faire partie d'une organisation
djihadiste s'il ne réussissait pas à concevoir un vrai
projet et s'il ne faisait pas preuve de dévouement et
d'initiative. Le surintendant
Bond a confirmé que les prochains scénarios devaient
faire en sorte que M. Nuttall se concentre sur un plan
réalisable,
même s'il reconnaissait que la question de l'arnaque serait
difficile à éviter s'il devait aller de
l'avant ».
Un des membres de l'équipe, le caporal Matheson,
avait exprimé par écrit son scepticisme :
« Nous ne voulons surtout pas dire à notre
personne ciblée qu'elle doit s'en aller et revenir avec un plan
réalisable. Il se peut que nous le fassions dans le but une fois
pour toutes de remettre en cause les intentions de la personne
ciblée. À cette étape, cependant, la personne
ciblée pourrait aussi revenir avec un autre plan tout simplement
parce
que c'est nous qui lui avons demandé de le faire. Cela pourrait
ressembler à de la coercition, mais aussi à une
incitation à transformer en terroriste quelqu'un qui autrement
ne le serait pas. »
Préparatifs pour un barrage médiatique
Lorsque juin arriva, la GRC préparait
déjà des points de presse traitant du scénario
du 1er juillet, même si, comme l'indique la juge Bruce,
« ces discussions, curieusement, ont eu lieu avant même que
l'opération clandestine n'ait généré un
plan concret ». En effet, rien ne portait encore à
croire que Nuttall se préparait à
entreprendre une activité terroriste, lui qui s'en tenait
toujours à ses illusions de grandeur, sans jamais vouloir
concrètement passer à l'action en l'absence de
l'incitation et la participation de l'équipe clandestine.
La GRC, pour sa part, à ce même moment,
demandait un avis juridique sur comment piéger Nuttall tout en
répondant aux critères d'une accusation de terrorisme.
Kalkat a demandé un avis juridique à savoir si la GRC
pouvait simplement dresser une liste des objectifs que les agents
devraient attendre pour qu'il s'agisse d'un acte terroriste. Un
conseiller juridique d'Ottawa a dit, tel que résumé par
la juge Bruce, qu'une « telle liste ne pouvait être
dressée et que le fait que l'organisation clandestine en
demandait une indiquait jusqu'à quel point elle ne saisissait
pas la problématique des actes terroristes dans toute sa
complexité ». Pour ce qui est de la partenaire de
Nuttall, Korody, le
conseiller juridique a noté que le fait que la GRC tentait de
l'impliquer dans le coup pour créer par le fait même un
« groupe terroriste » n'était pas « une
situation particulièrement heureuse, compte-tenu de la nature de
la relation entre les deux individus. Vous devez avoir bien en mains
des preuves qui répondent à la définition
légale d'un
groupe terroriste : une ou plusieurs personnes dont l'objectif est
de commettre ou de faciliter un important acte de violence, ou
d'intimider le public, pour des raisons religieuses, politiques ou
idéologiques ». Le seul groupe qui répondait
à cette définition à ce moment-là
était celui composé uniquement d'agents de la GRC.
Nuttall, lui, continuait de faire part de ses grands
déchirements intérieurs concernant la possibilité
de tuer des personnes innocentes et demandait d'être
guidé spirituellement. L'agent A le rassurait en l'invitant
à écouter son coeur. La juge Bruce résume ainsi
cette relation malsaine et le rôle de la GRC :
« L'agent A disait à M. Nuttall que s'il
réussissait à formuler un plan réalisable,
lui-même le financerait et s'occuperait même de toute la
logistique. Concrètement, l'agent A conseillait à M.
Nuttall de concevoir un meilleur projet terroriste. Même cet
engagement de la part de l'agent n'a pas réussi à calmer
M. Nuttall, qui s'est effondré en
larmes. L'agent A le consola en lui expliquant que tout allait bien se
passer et qu'ils allaient y parvenir ensemble en y allant 'un pas
à la fois'. M. Nuttall a fait comprendre qu'il avait besoin de
l'aide de l'agent A et lui a demandé ce qu'il devait faire
jusqu'à leur prochaine rencontre. Facteur important, M. Nuttall
a dit qu'il n'allait mener aucune
activité de djihad sans les conseils spirituels qu'il
recherchait à savoir si le fait de tuer quelqu'un était
proscrit ou permis par la foi. Pour toute réponse, l'agent A a
ramené Nuttall vers le projet d'une activité djihadiste
et a réussi à susciter son enthousiasme pour un plan
réaliste cette fois-ci. Nuttall a alors demandé qu'on lui
remette son disque dur
pour qu'il puisse commencer à préparer le fameux
plan. »
Activités de secte de la GRC
Si certains au sein de la GRC trouvaient que ce
scénario était voué à l'échec et
qu'il devait être terminé, d'autres ont continué
d'exiger un plan que Nuttall pourrait s'approprier. L'agent A a
entrepris des activités propres aux sectes en isolant Nuttall.
Il l'empêchait de fréquenter sa famille ou ses
connaissances et lui déconseillait de visiter la
mosquée. D'une part, Nuttall était moralement
opposé au fait de tuer des gens, et de l'autre, il ne voulait
pas déplaire à l'agent A, qui se faisait passer pour le
grand terroriste dont l'organisation avait investi sang, temps et
argent dans le succès de cette opération. Il a donc
tenté de faire un compromis qui saurait plaire à l'agent,
lui proposant des
plans d'une certaine envergure mais sans faire de victimes. Lorsqu'il
lui a proposé un de ses scénarios «
symboliques » - des roquettes Qassam sans ogives qui
occasionneraient des dommages mineurs à la
propriété, sans plus - l'agent A a exprimé son
insatisfaction. Plutôt que d'adopter cette proposition moins
dangereuse, l'agent A de la
GRC « a rappelé à Nuttall les déclarations
qu'ils avait déjà faites à l'effet que tuer tous
les contribuables faisait partie du plan. M. Nuttall était
d'accord pour dire que les victimes pouvaient être des soldats
mais voulait absolument que les activités de reconnaissance
contribuent à éviter que des innocents ne soient
blessés par les roquettes. Il disait
aussi que tout le monde pouvait se convertir à la religion
musulmane, ce qui lui faisait remettre en doute ses plans pour le
djihad. Jusqu'à la fin, il a exprimé sa soif d'un guide
spirituel qui savait bien interpréter le Coran sur de telles
questions. »
Mais l'agent A a continué d'empêcher
Nuttall d'avoir accès à ce guide spirituel qui aurait pu
clarifier une fois pour toutes les questions qui le hantaient et qui
l'aurait peut-être encouragé à cesser ses grands
discours qui dès le début avaient attiré
l'attention de la GRC. L'agent A a continué d'offrir des
justifications religieuses erronées pour le
recours à la violence, une tactique particulièrement
déplorable qui consiste à exploiter des gens
vulnérables qui lui font confiance. Comme l'indique la
décision de la cour :
« Les accusés s'étaient
récemment convertis à la religion musulmane et se
demandaient constamment ce qui était permis et ce qui
était proscrit par Allah et par le Coran. À maintes
occasions, M. Nuttall avait exprimé son indécision
à savoir s'il était proscrit de tuer quelqu'un,
même s'il ne s'agissait pas d'innocents. Il avait souvent dit que
les
roquettes ne seraient que des actes symboliques et qu'elles ne seraient
dotées d'aucune ogive. Et voilà qu'il était
incité par la police à commettre des actes
d'extrémisme violent. »
À ce stade de la mascarade, la GRC aurait
dû reconnaître ce que la juge Bruce a exprimé
ainsi :
« L'inaptitude de M. Nuttall et son
incapacité de mener à bien même la tâche la
plus simple ainsi que le détachement complet de Mme Korody
envers son entourage. Cela aurait dû sauter aux yeux de la GRC
que M. Nuttall était dans l'incapacité de produire un
plan d'action en appui à un complot terroriste et qu'en
surcroît il avait la naïveté
d'un enfant. »
Mais la GRC voulait à tout prix une intervention
à grand déploiement et voulait se mériter les
éloges de millions de Canadiens pour être intervenu le
jour de la Fête du Canada. Elle a continué de fabriquer de
nouveaux scénarios, y compris des missions de «
reconnaissance » complètement bâclées
ainsi que des excursions des plus
bizarres dans les centres commerciaux. Aussi, le rapport au quartier
général national d'un agent de la GRC « mentionne
la possibilité d'obtenir l'autorisation pour mener à bien
des actes criminels telle la participation à une activité
terroriste et la facilitation d'une telle activité »,
ce que désormais la GRC peut obtenir sans problème
grâce au
projet de loi C-51 qui serait adopté plus tard avec l'appui d'un
certain M. Trudeau.
Pression accrue pour le déploiement
d'autocuiseurs
La GRC a continué d'inciter Nuttall à
accepter un scénario d'autocuiseurs, ce qu'il semble avoir
rejeté jusqu'à la dernière minute. Enfin, Nuttall
et Korody semblent avoir accepté de placer les appareils (rendus
inertes par l'équipe clandestine qui les avaient aidés
à les fabriquer !) parce qu'ils craignaient de se faire
tuer s'ils se retiraient
du complot. Le juge Bruce confirme que leur crainte, dans le contexte
de leur relation avec l'agent A et d'autres membres de l'équipe
qui se faisaient passer pour des terroristes dangereux, était
fondée et par conséquent très réelle.
Mais la GRC devait tout de même avoir en main des
preuves quelconques. Les agents ont donc insisté pour que
Nuttall dresse un plan à même son ordinateur, ce qu'il n'a
jamais réussi à faire. Les agents ont alors sorti le
couple de sa maison pour éviter les «
distractions » et les ont installés dans un
hôtel pour qu'ils puissent se
concentrer sur leur complot. À chaque fois que Nuttall soulevait
des problèmes relatifs au complot, on lui disait de ne pas s'en
faire, que l'agent A veillerait aux détails de
l'opération. Aussi les agents ont-ils continué d'ignorer
les inquiétudes de Nuttall. La juge Bruce écrit :
« M. Nuttall a exprimé ses inquiétudes à
l'effet que des femmes et
des enfants seraient ciblés, mais l'agent C et l'agent A lui ont
expliqué qu'ils se rendaient responsables de ces
détails. »
Pendant ce temps, des mémos de certains membres
de l'équipe continuaient de refléter un scepticisme
certain. Le corporal Matheson écrivait : « Depuis peu
nous avons appris que les personnes ciblées ont eu accès
à des sommes d'argent et qu'ils ont choisi de ne pas s'en servir
pour se procurer des pièces d'engins explosifs. Le fait
d'offrir davantage d'argent aux personnes ciblées pour les
inciter à surmonter leurs hésitations face à
l'achat d'engins explosifs ne constitue pas une preuve à toute
épreuve. Aussi, si nous leur donnons de l'argent sous un
prétexte quelconque tout en espérant qu'il serve à
se procurer des pièces servant à des engins explosifs,
nous pourrions par le
fait même encourager une activité illégale qui
consisterait à financer le terrorisme. »
Tandis que des mémos internes
révèlent que le sergent Kalkat savait que le couple
pouvait maintenant être arrêté avant le 1er
juillet du fait qu'il pouvait constituer un danger imminent, il ne l'a
pas fait. Tout était calculé pour obtenir le maximum
d'effet dramatique dû à l'installation des instruments
inoffensifs sous l'oeil vigilant de la
GRC, pour ne pas non plus diluer l'effet médiatique et les
grands titres sensationnels non sans rappeler l'attentat du marathon de
Boston qui avait eu lieu plus tôt au printemps.
La GRC a hâte d'aller de l'avant avec le complot
La GRC avait hâte d'entamer le complot. Elle a
alors participé, selon la juge Bruce, « à la
séance de magasinage la plus chaotique et la plus
désorganisée possible en dépit des directives
spécifiques et de la liste confiée aux accusés sur
les endroits où aller acheter le matériel. Bien que la
liste d'achats de M. Nuttall consistait d'un nombre
relativement restreint d'objets et d'approvisionnements ordinaires (des
piles, des autocuiseurs, des clous, une perceuse électrique et
un ensemble de tournevis), il est apparent qu'en l'absence de l'agent A
et de ses interventions et des efforts déployés pour que
M. Nuttall réussisse à se concentrer sur sa tâche,
celui-ci n'aurait jamais pu compléter le
travail. D'une fois à l'autre il oubliait ce dont il avait
besoin et ce qu'il avait déjà. L'agent A devait
constamment lui faire des propositions précises et lui donner
des directives précises par rapport à la liste d'achats
afin de veiller à ce que M. Nuttall réussisse à
accomplir cette simple tâche. M. Nuttall perdait souvent le fil
et devait constamment se
faire rafraîchir la mémoire sur ce qui devait être
fait. Mlle Korody contribuait peu à la situation. La plupart du
temps, elle était endormie à l'arrière du
véhicule. Parfois, elle quittait le véhicule pour aller
vomir. Il est aussi devenu évident au cours de ce périple
dans les centres commerciaux ainsi que lorsque les accusés se
sont retrouvés seuls au
Motel Sundance, qu'il serait très difficile pour eux de mener
à bien ce plan terroriste et que s'ils y parvenaient, ce serait
grâce à l'assistance de la GRC. »
Pour faire valoir jusqu'à quel point le sergent
Kalkat avait fait preuve de cruauté abjecte à
l'égard de Korody et de Nuttall, deux êtres
extrêmement vulnérables et naïfs, la juge Bruce
souligne que celui-ci :
« [...] n'a pas tenu compte jusqu'à quel
point la dépendance des accusés au méthadone
pouvait affecter leur capacité de réfléchir avec
clarté. Je crois que Mlle Korody et M. Nuttall semblaient
être souvent dans un état semi-comateux pendant les
scénarios saisis sur vidéo. Mlle Korody passait presque
tout son temps à dormir au cours des
rencontres avec l'agent A. On aurait dû tenir compte de leur
état d'esprit au cours de l'opération clandestine, mais
la police n'en a aucunement tenu compte. »
En somme, la GRC a dressé un plan et pour le
mener à bien elle a choisi une date, les moyens, l'endroit et la
logistique nécessaire. Il n'existait aucun complot
préalable qui pouvait inciter la GRC à intervenir. Mais
l'État ne peut être autorisé à mener de
telles opérations d'arnaque, et comme la Cour suprême du
Canada le souligne (dans la
décision historique Hart, l'opération arnaque Mr. Big,
que les agents de la GRC se refusent d'accepter) :
« L'État doit mener ses opérations
de respect de la loi en diapason avec le sens inné de fair play
et de décence propres à la communauté. Il ne peut
manipuler sans limite la vie des suspects, ni transformer leur
existence quotidienne en pièce de théâtre qui les
transforme en participants sans même qu'ils ne s'en rendent
compte. Une telle
approche porte atteinte à la dignité des suspects et est
incompatible avec la mise en oeuvre correcte du système
judiciaire. »
Enfin, la juge Bruce a trouvé que « les
accusés étaient des êtres marginalisés,
isolés, qui avaient embrassé des opinions djihadistes
extrémistes mais qui malgré tout n'étaient pas
motivés à agir conformément à leurs
croyances ni capables d'accomplir des actes de violence en appui
à leurs croyances. Certains des agents qui ont participé
à
l'opération Souvenir semblent avoir partagé ce point de
vue et ont même proposé une voie à suivre
différente de celle mise de l'avant par le sergent
Kalkat. »
La GRC a préconisé la violence ainsi que
des points de vue extrémistes et la violence
La juge Bruce a aussi été
consterné par le rôle que la GRC a joué en tant que
« guides spirituels » de Nuttall. Elle dit :
« Le fait que l'agent A ait choisi de donner des
conseils religieux est en soi répréhensible. Mais le fait
de mettre de l'avant des opinions qui préconisent la violence et
le fait d'influencer les accusés qui s'inquiétaient de
devoir tuer des gens rendent son intervention encore plus sinistre.
Lorsque M. Nuttall a dit que Mlle Korody et lui
remettaient en question l'assertion à l'effet que le fait de
tuer des gens plairait à Allah, l'agent A a invoqué la
prédétermination utilisée par les
extrémistes violents pour radicaliser le gens. Bien que l'agent
A savait que M. Nuttall avait des réserves par rapport à
une mission qui pourrait le mener à tuer des gens innocents, il
lui a dit pour toute
réponse qu'il ne restait plus de temps pour obtenir les conseils
d'un guide spirituel. »
Elle poursuit en disant que, tels de bons capitalistes
qui en veulent pour leur argent, « les agents de la GRC
n'était pas prêts à mettre fin à leur plan
d'installer des appareils le 1er juillet après avoir
investi autant d'efforts et après des investissements de
milliers de dollars pour mener le projet à terme. Il n'existe
aucune preuve à l'effet
que M. Nuttall et Mlle Korody, laissés à eux-mêmes,
auraient tramé un complot djihadiste. C'est seulement lorsqu'ils
ont passé du temps avec l'agent A et d'autres agents clandestins
qu'ils ont discuté de commettre des actes de violence à
des fins terroristes. Tout au long de l'opération, pendant des
mois, M. Nuttal n'a fait que parler de complots
djihadistes et les agents sont devenus très impatients et
frustrés du fait qu'il semblait parfaitement incapable de poser
le moindre geste concret. »
GRC : fraude, duperie, menaces et exploitation
Dès le début, la GRC a commis des actes
de duperie, de fraude et de menaces implicites. En l'absence d'une
entreprise criminelle réelle, elle a exploité des
vulnérabilités et des amitiés, et s'est
impliquée de façon nettement illégale. La juge
Bruce écrit :
« Je suis de l'opinion que la décision du
sergent Kalkat d'aller de l'avant avec l'opération malgré
le manque de motivation manifesté par les accusés, ses
efforts concertés visant à une conclusion
expéditive du projet sans égard à la nature
criminelle des actes commis par les agents clandestins,
n'étaient pas bien intentionnés... L'intention de la
GRC d'inciter les accusés à commettre un acte de
terrorisme semble les avoir fait oublier d'autres considérations
importantes telles la légalité même de leurs
gestes. Toutes ces circonstances rendent les actes illégaux
commis par la police encore plus inacceptables, et nous avons à
faire, compte-tenu des agissements d'ensemble des agents, à un
abus
de procédure. Il ne faut pas oublier qu'il n'existait
presqu'aucun danger pour le public permettant de justifier les actes
illégaux de la police. La GRC n'est pas intervenu pour
démanteler un plan existant visant à mener à bien
un complot terroriste. Il n'y avait aucune preuve à l'effet que
les accusés avaient entrepris de tramer un complot terroriste,
ni qu'ils communiquaient avec des terroristes connus ou avec des
organisations terroristes, ni qu'ils possédaient quelque
expertise que ce soit qui aurait pu servir à une organisation
terroriste. La police n'avait pas infiltré ici une organisation
terroriste hautement rodée. Les actes illégaux commis par
la police ne visaient pas les accusés ni avaient-ils
l'intention d'intimider les accusés pour les inciter à
commettre un acte criminel. Cependant, c'est tout de même
inquiétant que la police ait commis des actes illégaux
qui ont facilité un acte criminel alors qu'elle savait
très bien que les accusés n'auraient pas pu le faire sans
l'aide des policiers. »
Lorsque les arrestations de 2013 ont eu lieu, le
commissionnaire adjoint de la GRC, John Malizia, a annoncé haut
et fort :
« Ces arrestations sont un nouvel exemple de
l'efficacité de notre équipe intégrée de
sécurité nationale, qui a travaillé sans
relâche pour faire obstacle au plan et pour l'empêcher de
se réaliser. Nous avons décelé la menace
dès le départ, et nous l'avons
démantelée. »
S'il est vrai que cette arnaque est
dégoûtante, les Canadiens doivent malheureusement
s'attendre à ce qu'il y en ait d'autres avec le gouvernement
Trudeau, qui appuie le C-51, la même loi qui rend légaux
de tels comportements abominables. En effet, le gouvernement Trudeau
n'a pas hésité à manifester son appui à la
GRC et le fait que
celle-ci puisse concevoir et organiser des complots terroristes. Aussi,
sans hésitation, il en a appelé de la décision de
la juge Bruce, pour ensuite arrêter à nouveau Nuttall et
Korody suite à leur brève libération après
trois ans d'incarcération, en vertu d'une caution liée au
terrorisme.
Entretemps, les gens qui ont fabriqué de toute
pièce cet acte terroriste sont les mêmes qui continuent
d'être à la tête de la force policière
nationale du Canada.
Matthew Behrens est un auteur indépendant et
un militant pour les causes sociales. Il est coordonnateur du
réseau d'action directe non-violente, Homes not Bombs, et a
travaillé de près avec des personnes victimes du
profilage de la « sécurité nationale »
du Canada et des États-Unis pendant de nombreuses années.
Lisez Le
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Courriel: redaction@cpcml.ca
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