Le Marxiste-Léniniste

Numéro 118 - 5 septembre 2016

Fête du travail 2016

La classe ouvrière -- une force organisée indépendante pour la défense des droits
et un avenir prosocial


 Pour les événements et activités de la Fête du travail 2016 partout au pays, voir le site web du
Congrès du travail du Canada

Fête du travail 2016
La classe ouvrière -- une force organisée indépendante pour la défense des droits et un avenir prosocial - Centre ouvrier du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) 

Revue de l'année en photos
 
Entente de principe entre Postes Canada et le STTP
Les travailleurs des postes vont continuer de s'opposer aux menaces contre eux et le service postal public - Louis Lang

D'importantes préoccupations pour le mouvement de la classe ouvrière
Le droit d'exercer un contrôle sur nos vies et sur notre travail est un enjeu important - Rolf Gerstenberger
La négation des droits des travailleurs par le gouvernement Trudeau - Pierre Chénier


Fête du travail 2016

La classe ouvrière -- une force organisée indépendante pour la défense des droits
et un avenir prosocial

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La Fête du travail 2016 amène la nécessité que la classe ouvrière s'organise en une force politique et sociale indépendante. La situation actuelle est caractérisée par le refus de l'élite impérialiste dominante de reconnaître les droits de la classe ouvrière et de faire respecter un équilibre dans les rapports de classe. Cela crée un État d'anarchie dans lequel les monopoles se déclarent souverains et en droit de prendre des décisions unilatérales et de les imposer aux travailleurs. Les gouvernements et les institutions d'État le facilitent au nom de la prospérité économique et de la stabilité.

L'anarchie a la violence pour corollaire. Une fois que les normes établies sont rejetées, les travailleurs n'ont plus aucun recours pour résoudre leurs problèmes et ceux de la société. Quand ils défendent leurs droits, leur résistance est criminalisée. Le crime et châtiment devient l'optique par défaut. Au lieu de régler les problèmes sur la base de ce qu'on appelle la libre négociation collective entre la classe ouvrière et ceux qui possèdent et contrôlent les forces productives socialisées, les gouvernements imposent des limites arbitraires sur ce que les travailleurs peuvent et ne peuvent pas faire. Pour maintenir les apparences on dit que cette façon d'imposer l'austérité antisociale est un progrès de la démocratie.

La récente décision de la Cour suprême sur les conventions collectives dans la fonction publique illustre bien ce qui se passe. La Cour a refusé d'entendre une contestation d'une loi adoptée par le parlement canadien en 2009 qui modifiait rétroactivement les conventions collectives des employés de la fonction publique fédérale et annulait les augmentations de salaires négociées.

La Cour suprême a maintenu le jugement de la Cour d'appel du Québec à l'effet que la constitution ne reconnaît pas à ces employés le droit de contester des décisions budgétaires du conseil des ministres. « En présumant que la loi [sur le contrôle des dépenses de 2009] sape la liberté d'association, elle demeure justifiée, écrit la juge de la Cour d'appel du Québec Nicole Hesler au sujet de la décision maintenue par la Cour suprême. C'est une législation acceptable dans une société libre et démocratique. »

La décision rejoint un cas semblable concernant des membres de la GRC qui avaient négocié une augmentation de salaire pour ensuite se la faire refuser unilatéralement par le Conseil du trésor. Cela veut dire que dorénavant, tout ce que le gouvernement décide comme mesure budgétaire pour le compte des monopoles a force de loi. Celle donne à la libre négociation collective une toute autre signification.

La classe ouvrière a appris par l'expérience directe et par la sagesse cumulée de nombreuses années de lutte de classe que ce n'est que lorsqu'elle agit comme une force organisée indépendante qu'elle peut défendre ses droits, resserrer les rangs et engager des actions planifiées qui mènent à l'établissement d'une nouvelle direction pour le pays, une direction prosociale. Le défi est maintenant d'organiser et de bâtir une opinion publique en opposition à la destruction et à l'anarchie de l'élite dominante.

Bâtissons le nouveau !

La classe ouvrière a besoin d'organisations et d'institutions indépendantes. Celles-ci doivent être des champions des droits et de la justice et des bastions contre les actions et les influences négatives de l'élite impérialiste dominante. Sans sa propre voix et ses propres institutions sur les différents fronts, le mouvement de la classe ouvrière ouvre le flanc à la propagande et aux actions antiouvrières de l'élite impérialiste dominante et de ses agences qui ont pour fonction de faire primer le droit de monopole.

Il manque la reconnaissance officielle des droits que tous possèdent du fait qu'ils sont des êtres humains. On assiste plutôt à la limitation de ces droits en fonction de critères basés sur des intérêts monopolistes privés qui mène à une concentration du pouvoir politique dans les mains d'un groupe toujours plus restreint d'individus. Cela s'accompagne d'un tapage antiouvrier et antisocial continuel. Tout cela souligne la nécessité de bâtir les médias de masse, les instituts de recherche et les organes de promotion et de sensibilisation de la classe ouvrière. Tout progrès dans ce sens permet à la classe ouvrière d'occuper l'espace du changement et de l'agrandir. C'est défendre les droits de tous avec une envergure de masse et c'est préparer les travailleurs à mener le pays dans une nouvelle direction prosociale.

Les élites dominantes voudraient que la classe ouvrière se satisfasse de constamment plaider pour des faveurs. Comment les travailleurs peuvent-ils créer leur propre leadership de classe, surtout parmi les jeunes, s'ils comptent sur les institutions politiques, économiques, sociales, culturelles et caritatives de l'élite dominante pour défendre leur bien-être et leurs droits ? L'élite dominante ne va pas renoncer à défendre ses intérêts privés. Les institutions basées sur le privilège de classe, sur l'exploitation de la classe ouvrière et la construction d'empire ne peuvent pas être les voies du pouvoir par le peuple, pour le peuple et émanant du peuple. Pour changer leur objectif, elles doivent changer leur condition économique, politique et sociale, mais elles n'ont ni le désir ni la capacité de le faire.

L'élite dominante a mis le droit de monopole et l'édification d'empire aux commandes de tout au Canada. On le voit dans le recul de l'édification nationale imposé par des accords de libre-échange conçus et contrôlés par les monopoles mondiaux et dans la suffocation politique, militaire, sociale et culturelle du Canada dans les États-Unis des Monopoles d'Amérique du Nord et l'empire américain, avec ses crises économiques périodiques et ses guerres constantes.

Nous assistons depuis quelque temps à la montée du droit de monopole et de l'édification d'empire des monopoles mondiaux les plus puissants au sein du système impérialiste d'États, où sont attaqués les droits de tous, y compris même les droits de propriété des petits propriétaires.

Les droits dans une société civile capitaliste fondée sur les droits de propriété et l'édification nationale ont été supplantés par le droit de monopole et l'édification d'empire. Ils ne peuvent pas être rescapés ou rétablis dans leur forme antérieure. La défense des droits humains en opposition au droit de monopole nécessite un vaste mouvement populaire mené par la classe ouvrière. Le but est de renouveler la démocratie sur la base de l'affirmation du facteur humain/conscience sociale et de l'édification nationale basée sur le contrôle des forces productives socialisées par les véritables producteurs, ceux qui font le travail, et leurs organisations.

Comment cela est-il possible sans que le mouvement de la classe ouvrière ne saisisse dans toute sa profondeur la nécessité d'assumer son leadership, sa pensée, ses organisations et ses institutions pour priver l'élite impérialiste dominante de son pouvoir de priver le peuple de ses droits ? C'est à la responsabilité sociale de la classe ouvrière et de sa direction.

À l'occasion de la Fête du travail 2016, le Centre ouvrier du PCC(M-L) salue tous les travailleurs et leurs organisations à travers le pays qui luttent pour leurs droits et pour la justice sociale. Le Centre ouvrier s'engage à intensifier son travail pour renforcer la politique indépendante de la classe ouvrière et bâtir les organisations et institutions dont a besoin le mouvement de la classe ouvrière pour s'armer du matériel de pensée qu'il lui faut. Comme contribution dans ce sens, le Centre ouvrier publiera Forum ouvrier sur une base hebdomadaire et poursuivra ses rencontres et échanges d'information sur des sujets d'intérêt pour le mouvement ouvrier. Pour participer à ce travail, contactez le Centre ouvrier à : centreouvrier@cpcml.ca.

Défendons les droits que tous possèdent du fait qu'ils sont humains et bâtissons
une nation moderne avec une direction prosociale !
Arrêtez de payer les riches ! Augmentez les investissements dans les programmes sociaux !
Oui au secteur manufacturier, non à la destruction nationale !
Défendons la dignité du travail !
Notre sécurité est dans la lutte pour les droits de tous et toutes !

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Revue de l'année en photos






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Entente de principe entre Postes Canada et le STTP

Les travailleurs des postes vont continuer de s'opposer aux menaces contre eux et le service postal public


Manifestation des postiers à la défense de leurs droits le 8 août 2016 à Montréal

Après plus de 10 mois de négociations, Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ont conclu une entente de principe. L'accord est survenu suite à un marathon de négociations de plusieurs jours en présence d'un médiateur spécial nommé par la ministre de l'Emploi, du Développement de la main-d'oeuvre et du Travail, MaryAnn Mihychuk.

La ministre Mihychuk a émis un communiqué dans lequel elle félicite les deux parties d'en être venues à une entente. Elle y écrit entre autres : « Ces ententes de principe, conclues de façon volontaire par les parties, rappellent à tous ce message important qu'un processus de négociation équitable et équilibré est quelque chose qui fonctionne et peut mener à de réels résultats pour les travailleurs et les employeurs canadiens. »

Pour sa part, Postes Canada a indiqué que bien qu'une entente de principe ait été conclue, il reste de nombreux problèmes à résoudre. Dans un communiqué émis le 30 août, Postes Canada écrit qu'elle fait toujours face à des enjeux « complexes » reliés au déclin des volumes du courrier et aux obligations du régime de retraite mais que « cette approche accorde plus de temps pour des discussions plus réfléchies et des analyses plus approfondies afin de régler ces problèmes ».

Le STTP s'est déclaré satisfait d'avoir conclu une entente de principe dont il dit qu'elle a été rendue possible « parce que nous sommes demeurés forts et que nous avons maintenu notre stratégie ». Les détails de l'entente de principe n'ont pas encore été rendus publics alors que le syndicat se prépare à tenir des votes de ratification de ses membres à l'échelle du pays. On sait qu'il s'agit d'une entente de deux ans qui se termine le 31 janvier 2018. Elle comprend des augmentations de salaire pour l'unité urbaine de 1 % à compter du 1er février 2016 et de 1,5 % à compter du 1er février 2017. En ce qui concerne la question de l'équité salariale pour les factrices et facteurs ruraux et suburbains (FFRS) , un Comité mixte sur l'équité salariale sera établi et un rapport final déposé d'ici 19 mois. Un autre conflit important entre les deux parties, soit celui entourant le régime de retraite à prestations déterminées, n'a pas été réglé. Ce sera le statu quo pour l'instant mais la Société des postes insiste que le régime doit être changé en un régime à cotisations déterminées pour les nouveaux engagés.

Plusieurs autres questions importantes n'ont pas fait l'objet d'annonces jusqu'à maintenant. Cela comprend l'emploi précaire à temps partiel et temporaire, l'absence d'amélioration dans les effectifs et la capacité de Postes Canada de fermer les 493 comptoirs postaux de vente au détail encore protégés par la convention et desservis par les travailleurs du STTP, ce qui causerait la perte de 1200 emplois à temps plein.

Le STTP a annoncé que « des détails additionnels » seront fournis aux membres alors qu'ils vont voter pour accepter ou rejeter l'entente de principe. Le syndicat écrit dans un bulletin que « à l'unanimité, le comité de négociation a recommandé au Conseil exécutif national d'accepter ces ententes de principe. Le Conseil exécutif national a voté majoritairement en faveur de ces ententes, et il recommande aux membres de les ratifier. »

Les travailleurs des postes et le syndicat peuvent être fiers qu'en dépit des menaces de lockout et de changement unilatéral des conditions de travail par Postes Canada et les méthodes brutales que l'employeur a utilisées, refusant de négocier, la Société des postes n'a pas été capable d'imposer les reculs majeurs qui lui tiennent à coeur. Il est clair que la détermination et l'unité des travailleurs ont forcé le gouvernement Trudeau à modifier ses plans et à ne pas imposer ces reculs par la force. Les travailleurs des postes doivent cependant demeurer vigilants parce qu'ils ne sont pas encore sortis du bois.

Les travailleurs ne doivent pas se faire d'illusions sur le rôle du gouvernement Trudeau. Celui-ci veut imposer des reculs désastreux aux travailleurs et n'ayant pu le faire par le biais du soi-disant processus de négociation, il va utiliser d'autres moyens pour y arriver. Qui la ministre essaie-t-elle de convaincre quand elle dit que le gouvernement favorise un « équilibre dans la négociation collective » et croit dans des négociations de bonne foi ? Les travailleurs qui viennent de vivre ces 10 mois de négociations qui s'ajoutent à tant de négociations difficiles dans le passé savent très bien que des négociations « équilibrées » et « de bonne foi » n'existent pas en ce qui concerne Postes Canada.

Les travailleurs doivent se pencher sérieusement sur le fait que l'entente de principe prévoit un contrat de deux ans. Cela ne favorise certainement pas les travailleurs et indique clairement que le gouvernement et la Société des postes vont poursuivre leurs attaques contre eux par d'autres moyens.

L'accent maintenant va se déplacer des négociations vers le processus d'examen des services de Postes Canada, que le gouvernement Trudeau a lancé au beau milieu d'une ronde de négociations aussi importante. Avec cet examen, la prétention du gouvernement de ne pas s'ingérer dans les négociations sonne vraiment faux. Alors que l'examen s'engage maintenant dans ce qu'il appelle des « consultations publiques » , les travailleurs des postes et tous les Canadiens peuvent s'attendre à encore plus de désinformation sur la « situation financière difficile » de la Société et sur la « crise » tout aussi douteuse du régime de retraites, une désinformation qui va être répétée par les médias monopolisés afin que l'ordre du jour de Postes Canada soit mis de l'avant.

L'examen des services de Postes canada va se poursuivre dans le cadre de la poursuite de l'ordre du jour néolibéral de privatisation et de déréglementation et de remise des sections les plus lucratives du service postal aux monopoles privés. C'est cela qui est au coeur de la crise et plutôt que de changer de direction, Postes Canada et le gouvernement libéral blâment les travailleurs et leur demandent d'adopter l'ordre du jour de la Société des postes et de renoncer à tous leurs droits à des salaires et avantages sociaux décents et d'avoir un mot décisif en ce qui concerne leurs conditions de travail.

L'affirmation du gouvernement à l'effet que la privatisation ne fait pas partie de l'examen des services pâlit du fait même que le gouvernement Trudeau entend signer l'accord du Partenariat transpacifique (PTP) qui comprend des mesures qui vont permettre aux monopoles internationaux de s'ingérer dans les activités et le mandat de Postes Canada.

Il est clair que le rôle principal du PTP en ce qui concerne le service postal est d'enchâsser un modèle néolibéral qui cherche à limiter le service postal public au moyen de la déréglementation et de la privatisation. Dans l'avis juridique reçu par le STTP au sujet du PTP, il est souligné que : « En grande partie, ces règles « commerciales » reflètent les objectifs des grandes entreprises multinationales de messageries et des entreprises de livraison express (le « secteur des messageries ») qui, depuis plus de vingt ans, font campagne pour limiter le rôle des services postaux publics. Bien que les efforts pour persuader les gouvernements de déréglementer les services postaux dans le cadre de leur politique intérieure aient généralement échoué, les mêmes objectifs sont maintenant poursuivis au moyen des négociations commerciales. »

Ce qui frappe le plus en ce qui concerne la promotion du PTP par le gouvernement Trudeau, c'est que celui-ci suit les traces du gouvernement Harper et n'a pas demandé à être exempté des dispositions de l'accord commercial qui touchent les services postaux et favorisent les monopoles internationaux des services de courrier. ( Voir l'article « L'accord commercial de Partenariat transpacifique menace les services postaux publics » dans le LML du 5 juillet 2016, numéro 93)

Les négociations se sont terminées sans dénouement mais le gouvernement continue de chercher à imposer son ordre du jour néolibéral. Dans la période qui vient, la détermination des travailleurs et la force de leur organisation vont être testées une fois de plus alors qu'ils défendent leurs droits et luttent contre les efforts de l'élite dirigeante pour détruire le service postal public.

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D'importantes préoccupations pour le mouvement de la classe ouvrière

Le droit d'exercer un contrôle sur nos vies et sur notre travail est un enjeu important


Seminaire sur la situation nationale et internationale à Ottawa le 14 août 2016

Nous reproduisons ci-dessous la présentation de Rolf Gerstenberger au Séminaire sur la situation nationale et internationale organisé par le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) à l'Université d'Ottawa le 14 août 2016. Rolf est le président du Parti marxiste-léniniste du Canada, le nom sous lequel le PCC(M-L) est enregistré auprès d'Élections Canada. Il a également été président de la section locale 1005 du Syndicat des Métallos à Hamilton pendant 12 ans et a été métallo à l'aciérie de Hamilton pendant 42 ans en tout.

* * *

Le Parti m'a confié la tâche importante d'aller parler à des travailleurs partout au pays au sujet du besoin de se placer à la tête du mouvement politique du peuple en s'assurant que le mouvement de résistance à l'offensive antisociale ne soit pas vaincu. Depuis avril nous avons eu des discussions à Montréal, Toronto et Vancouver, en plus d'entretiens avec des travailleurs de ces régions, et nous voici maintenant à Ottawa.

Cette discussion est devenue d'autant plus importante maintenant que le gouvernement de Justin Trudeau avance à fond de train avec son programme de réforme électorale pour éliminer tout espace pour les Canadiens à l'extérieur des confins étroits d'une prétendue discussion sur des « choix » prédéterminés par le bureau du premier ministre et le système de partis de cartel. On nous dit tout simplement de choisir entre une des trois options offertes sur comment les votes sont comptés aux élections et on conclura ensuite par divination que le peuple préfère telle ou telle méthode et voilà, le système aura été réformé ! Nous appelons les Canadiens et les Canadiennes à refuser cet assaut contre leur conscience et à le faire en se joignant à la bataille pour le renouveau démocratique, pour une constitution moderne, pour des arrangements qui permettront aux travailleurs, les véritables producteurs, d'exercer un contrôle sur leur vie, leur société et leur économie.

À tous les jours depuis 150 ans, l'élite dominante fait tous les efforts pour ne pas engager les travailleurs et le reste de la population politiquement et pour plutôt les dissuader de se mêler de politique et les attaquer s'ils osent s'organiser pour exprimer leurs points de vue en tant qu'individus ou en tant que collectifs. Lorsque les travailleurs proposent des solutions pour les problèmes de leur entreprise, de leur communauté ou de leur économie, ou s'ils s'engagent dans le processus politique, ils sont humiliés, ridiculisés et boycottés. La classe ouvrière est présentée comme un groupe d'intérêts spéciaux parmi d'autres.

Il n'est pas surprenant que les travailleurs se fassent dire de ne pas se mêler de politique : c'est pour leur enlever la possibilité de jouer leur rôle central en tant que classe sociale la plus nombreuse, la mieux organisée et la plus avancée de l'histoire. C'est pourquoi nous disons que le mot d'ordre du gouvernement Trudeau est l'antipolitique, c'est-à-dire tout faire pour garder les travailleurs et les citoyens en marge de la politique et sans contrôle sur leur vie et pour déjouer toute résistance. Entre autres il s'efforce de donner l'impression que les Canadiens et Canadiennes sont consultés et engagés dans les prises de décisions sur lesquelles ils n'ont pourtant aucun contrôle.

Le cours des événements au Canada en ce XXIe siècle a comme aspect dominant que la classe ouvrière n'a pas les moyens d'exercer un contrôle sur les choses qui touchent la vie des travailleurs. Peu importe combien on répétera que le Canada est démocratique, lorsque des choses se produisent qui affectent directement la vie des individus et des collectifs, ceux qui sont touchés se sentent impuissants à contrôler les événements. Lorsque les usines ferment, lorsque des collectifs de travailleurs font l'objet de réduction des effectifs, quand le travail est envoyé en sous-traitance, lorsque les pensions, les avantages sociaux et les salaires sont réduits ou même éliminés, lorsque l'emploi et les possibilités d'éducation postsecondaire sont bloqués, quand une catastrophe frappe les individus ou les collectifs, comment peut-on parler de démocratie si les personnes touchées n'ont pas de contrôle ou le droit de changer la situation de façon significative ?

Lorsque les travailleurs n'ont pas de contrôle sur l'économie, sur leur travail et sur les grands enjeux qui les affectent et se font dire que c'est à chacun de pourvoir à ses propres besoins et à se débrouiller du mieux qu'il peut dans la situation donnée, il y a clairement un besoin de renouveau démocratique. C'est le temps de développer la politique et la science économique qui permettront aux travailleurs d'exercer un contrôle sur leur vie et travail et de se soustraire au diktat et au contrôle de la toute petite élite impérialiste dominante qui ne cherche qu'à satisfaire l'intérêt privé étroit au mépris du grand intérêt public et du plus grand bien pour tous.

Les grands enjeux sont faciles à identifier et se rapportent tous à la sécurité économique :

- la sécurité d'emploi ;
- la sécurité du bien-être lorsqu'en chômage ou lorsqu'incapable de travailler pour une raison ou une autre ;
- la sécurité à la retraite ;
- la sécurité d'une alimentation de qualité, de services de santé et d'éducation de qualité et des autres programmes sociaux et services publics nécessaires au fonctionnement d'une société collective moderne ;
- la sécurité de savoir que par le travail et par la contribution à son bien-être personnel par le travail dans une économie socialisée on peut aussi contribuer à la société et à la sécurité de tous, y compris la sienne, en toutes circonstances. Sans la sécurité économique de la personne et sans la capacité d'influer sur la situation de façon significative, toute prétention de démocratie et de droit n'est que bavardage.

Puis il y a la sécurité qui vient avec la tranquillité d'esprit de savoir qu'on n'est pas entraîné dans une guerre inter-impérialiste entre les grandes puissances dans laquelle le Canada s'aligne derrière les impérialistes américains dans leur quête de domination mondiale.

Au Canada nous vivons dans de grandes villes où dans des régions où sont exploitées les ressources naturelles. L'économie est organisée comme un ensemble de composantes reliées entre elles. Alors comment peut-on voir les endroits de travail séparément, en dehors du contexte du grand collectif d'endroits de travail ? L'élite dominante qui contrôle les affaires économiques et politiques veut que la classe ouvrière voit les différents endroits de travail comme étant en concurrence les uns avec les autres dans une lutte désespérée pour la survie du plus fort. Mais nous ne vivons pas au Far West. Nous ne sommes pas dans la jungle. L'économie est un organisme collectif et chacune de ses composantes joue un rôle dans le renforcement du tout ; les différentes composantes de l'organisme se renforcent en rendant le tout plus grand que la somme de ses composantes.

C'est du moins ainsi que devrait fonctionner une économie socialisée moderne, mais ce n'est pas le cas à cause de l'ingérence et de l'obstruction des entreprises les plus puissantes qui bâtissent leurs empires privés en rivalité avec d'autres empires, aux dépens de l'ensemble. La construction d'empire affaiblit le tout et finit par affaiblir aussi la plupart des composantes de l'économie socialisée puisqu'elles se font la guerre plutôt que de coopérer et de trouver les façons de travailler ensemble pour le plus grand bien et pour l'avancement du tout. Il en résulte des tragédies pour certaines composantes et des crises économiques générales et périodiques et des guerres, où c'est le peuple qui paie pour l'anarchie et la violence.

La classe ouvrière est la seule force sociale capable de renforcer les différentes composantes de l'économie et leurs rapports entre elles et avec le tout, pour le plus grand bien. La classe ouvrière peut alors mobiliser la force collective de l'économie socialisée moderne pour voir à la sécurité, au respect des droits et au bien-être de tous. Le problème d'établir un contrôle sur les questions qui nous affectent est abordé en s'organisant pour priver ces forces sociales de leur pouvoir de priver le peuple de son droit de contrôler sa vie et son travail. La classe ouvrière est la force sociale qui peut créer les formes et les rapports nécessaires pour que les individus et leurs collectifs puissent acquérir un contrôle par le pouvoir de priver l'élite impérialiste dominante de son pouvoir de priver.

C'est à cette tâche que nous avons été confrontés à US Steel Canada. Les travailleurs de l'ancienne aciérie Stelco se battent pour un contrôle sur leur vie et leur travail et pour contribuer à la même cause pour tous.

Les métallos actifs et à la retraite de Hamilton et de Sault-Sainte-Marie sont engagés dans des batailles pour défendre leur vie et leur travail. Les monopoles mondiaux de l'oligarchie financière ont lancé des offensives en succession contre les emplois et la sécurité avec la pleine complicité des gouvernements de l'Ontario et du Canada.

Les collectifs de travailleurs, leurs syndicats des métallos et leurs associations de retraités, se battent pour se donner un certain contrôle sur la situation et pour priver l'élite dominante de son pouvoir de les priver de leurs droits. En ce moment l'élite dominante utilise la Cour supérieure de l'Ontario et la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) pour attaquer les métallos et les retraités aux usines de Hamilton, Nanticoke et Sault-Sainte-Marie.

Nous avons récemment célébré le 70e anniversaire de la fondation de notre syndicat juste avant la grande grève de 1946. La salle était remplie. Un des invités du bureau chef a demandé comment nous faisions pour avoir tant de travailleurs à nos soirées et nos assemblées. Nous maintenons les liens avec les simples travailleurs, les retraités et leurs familles parce qu'ils sont une partie intégrale de notre processus décisionnel. Il y avait une jeune femme de 19 ans à la soirée. Elle a dit que son grand-père et sa grand-mère ont travaillé à Stelco et se sont battus pour le syndicat, pour les pensions et les avantages sociaux. Elle nous a souhaité la réussite dans notre bataille et dit qu'elle veut rester informée de ce qui se passe. C'est un bon exemple de l'expérience que nous avons avec les jeunes. Ils viennent nous voir et nous disent : voici ce que nous faisons et nous avons besoin de votre appui. Nous pouvons les aider. Notre expérience nous montre que les jeunes veulent de bons emplois d'usine et une vie stable. Nos objectifs et notre culture les attirent parce que nous sommes sérieux à propos de ce dont ils ont besoin dans la vie.

Avec l'aide de Voice of Steel Publications, nous avons publié pour l'occasion une édition spéciale de notre journal Information Update , qui a reçu un très bon accueil. Nous avons demandé à nos membres et supporters d'aller le distribuer régulièrement en ville et de parler avec les gens. Nous le faisons sans relâche depuis 15 ans. Le journal permet aux gens de voir la manipulation par l'élite dominante en montrant que les travailleurs dans l'opposition ont des arguments convaincants pour appuyer leur cause. Nous avons aussi une façon assez spéciale de prédire ce que va faire la compagnie grâce à la capacité d'analyse que nous avons acquise du Parti marxiste-léniniste. Nous ne nous satisfaisons pas de répéter les dogmes de l'élite financière et de ses experts. Au contraire, notre point de départ est d'avoir notre politique indépendante basée sur nos considérations sur différents sujets. Nous savons d'expérience que si nous voulons que notre consentement vaille quelque chose, notre refus doit aussi valoir quelque chose. Non doit être non pour que le Oui vaille quelque chose.

La mondialisation a causé beaucoup de problèmes pour les travailleurs et a abaissé leur niveau de vie. Elle a foulé aux pieds leurs droits et nous savons très bien que si c'est le cas pour les travailleurs syndiqués, la situation des non-syndiqués est encore pire. Quand nous disons que notre sécurité est dans la lutte pour les droits de tous et toutes, c'est parce que nous sommes convaincus que c'est le cas. Les gens en ont assez. L'élite dominante est allée trop loin avec ses méthodes pour faire fortune sur le dos des travailleurs et se sauver des crises qu'elle a elle-même provoquées. Si nous définissons le succès que nous voulons réaliser et que nous nous organisons en conséquence, nous pouvons faire avancer les choses.

Avant que US Steel se range sous la protection de faillite, les directeurs nous ont demandé de faire des concessions volontairement, comme accepter l'abolition des « Autres avantages postérieurs à l'emploi » pour les retraités et l'établissement d'un système de pension à deux paliers. Nous avons évidemment refusé. Nous les métallos ne sommes pas intéressés à retourner en arrière. Nous n'avons pas établi la section locale 1005 pour rendre la vie plus difficile pour nos métallos jeunes et vieux.

Un peu avant la procédure de faillite, les avocats de la compagnie ont dit à notre syndicat que si nous n'acceptions pas de faire les concessions demandées, la compagnie obtiendrait encore plus de la protection de faillite. US Steel a alors entrepris de créer un problème pour convaincre le juge d'approuver la protection de faillite. Les tribunaux ont ensuite commencé à nous taper dessus. Ils nous ont enlevé nos Autres avantages postérieurs à l'emploi en octobre 2015.

Le gouvernement provincial est alors intervenu mais au lieu d'obliger la compagnie à respecter ses obligations, il a offert de verser lui-même des prestations aux retraités à même un fonds de transition. Ces prestations étaient nettement insuffisantes, mais cela a permis à la compagnie de se soustraire à ses responsabilités, de priver les retraités des avantages auxquels ils ont droit, pour lesquels ils ont contribué toute leur vie.

Les métallos échangent leur capacité de travail durant leur vie active pas seulement pour des salaires, mais aussi pour des pensions et des avantages sociaux garantis pour la retraite. US Steel refuse de faire sa part dans cet échange, ce qui remet en question tout le régime dans lequel les travailleurs échangent leur capacité de travail pour la sécurité, en particulier la sécurité à la retraite, lorsqu'ils ne sont plus capables de travailler. Si les compagnies ne vont pas respecter leurs engagements à cet égard, alors il faut évidemment établir un rapport différent. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés, sans aucun contrôle sur ce qui nous arrive, et regarder tout le système s'écrouler et perdre toute légitimité. Nous devons agir pour nous défendre et faire valoir leurs droits.

Cette bataille pour nos droits et pour les avantages sociaux à la retraite se fait publiquement. La compagnie utilise le fonds de transition du gouvernement provincial pour dire à tout le monde que les métallos sont gâtés, qu'ils veulent un traitement de faveur que la plupart des autres travailleurs n'ont pas à la retraite, alors pourquoi utiliserait-on les fonds publics pour payer leurs prestations.

Un journal de Hamilton a récemment publié une lettre à la rédaction qui reprochait aux métallos de demander le rétablissement de leurs avantages postérieurs à l'emploi. Cela a beaucoup fait jaser parmi nos membres et nos retraités. Ils ont surtout reproché au gouvernement et à la compagnie de délibérément créer de la confusion. Beaucoup ont soulevé que les prestations nous ont été promises en paiement de notre temps de travail. Nous les refuser aujourd'hui n'est rien de moins qu'un vol ou un bris de contrat. Nous avons fait notre part en travaillant et maintenant la compagnie et le gouvernement refusent de respecter leur partie de l'engagement. N'est-ce pas un vol, un bris de confiance, une fraude ? Comment notre situation est-elle différente aujourd'hui sinon que nos retraités ont vraiment besoin des prestations promises et que la compagnie a fait beaucoup d'argent avec notre travail, bien plus que ce qu'elle nous verse en salaire et prestations. Elle pourrait aussi continuer de tirer de la valeur du travail des métallos actifs si elle voulait opérer les usines comme il faut et résoudre les problèmes de l'industrie de l'acier au Canada.

Nos membres nous disent que si nous renonçons à nos prestations sans nous battre tout juste parce que la plupart des travailleurs canadiens n'ont pas les mêmes avantages que nous, la classe ouvrière n'avancera jamais comme collectif. Nous voulons la sécurité à la retraite pour tous, pas seulement pour nous-mêmes. Nous devrions nous unir pour élever le niveau de tout le monde, pas rabaisser celui des autres. Lorsqu'une section de la classe ouvrière est attaquée et affaiblie par les concessions, cela représente un poids pour l'ensemble. Nous sommes dans le même bateau. Unissons nos efforts pour nos droits, pour les droits de tous. Lorsqu'une section des travailleurs se bat pour ses droits, cela porte la bataille sur le domaine public et nous pouvons avancer tous ensemble. C'est ainsi que nous avons obtenu les services de santé publics pour tous. La grève des métallos en 1946 a fait une contribution à cette bataille pour les services publics. Imaginez si nous avions abandonné parce quelqu'un disait que les métallos veulent seulement des meilleurs salaires et des meilleures conditions de travail pour eux-mêmes alors que la plupart des Canadiens revenaient de la guerre et n'avaient même pas de travail.

Les plaintes infantiles à propos des métallos ont aussi pour effet de détourner l'attention du fait que le gouvernement va payer lui-même nos prestations parce que nous avons exigé qu'il rende des comptes pour son refus d'intervenir contre la compagnie. Les gouvernements du Canada et de l'Ontario ont « ouvert le Canada aux affaires », comme ils disent. Ils ont promis la prospérité aux grandes entreprises et leur ont donné tout ce qu'elles voulaient, alors ces compagnies doivent payer pour les conséquences de leurs décisions quand cela touche le Canada. Pourquoi devrions-nous nous sentir coupables quand nous demandons qu'elles respectent leurs engagements ?

Gary Howe, le président actuel de la section locale 1005, nous a informés que le syndicat va faire enquête auprès des retraités et faire part des graves problèmes que le retrait des prestations leur a causés. Il se peut même qu'il y ait des cas de mortalité. Il y a 260 retraités qui vivent maintenant à l'extérieur de l'Ontario et ne sont pas admissibles aux prestations provenant du fonds de transition du gouvernement provincial. Beaucoup d'entre eux et leurs conjoints peuvent mourir s'ils n'ont pas les services prévus, tout comme de nombreux autres retraités canadiens qui se retrouvent dans la même situation.

Beaucoup de métallos ont dénoncé le gouvernement de l'Ontario pour son refus d'exiger des comptes de US Steel et du juge du tribunal de faillite. US Steel et quiconque achètera l'usine doivent être tenus de respecter leurs obligations. Si le gouvernement absorbe la dépense en utilisant le fonds de transition, cela veut dire que US Steel s'en sauve sans respecter ses obligations. En capitulant à US Steel, le gouvernement incite ces gens qui écrivent dans les journaux pour se plaindre que les métallos sont choyés et qui divisent la classe ouvrière au lieu de l'unir à la défense des droits de tous. En intervenant avec des fonds publics sans obliger US Steel à respecter ses engagements, le gouvernement sape notre argument. Ce n'est pas le gouvernement qui est censé payer. Nous avons tout à fait le droit de réclamer une partie de la valeur présentement créée à l'usine. Cela fait partie de l'entente que nous avons conclue. Tout le monde devrait savoir que les travailleurs canadiens vivent des situations difficiles à cause des comportements des monopoles et de la complicité des gouvernements, avec leurs arguments à l'effet qu'ils ont besoin de flexibilité et d'autres balivernes pour escroquer les travailleurs. Ces compagnies et les gouvernements à leur service doivent être tenus responsables pour le non-respect des ententes avec les travailleurs et avec les Canadiens en général.

Un dernier point que je voudrais faire est que cette mondialisation était censée élever le niveau de vie de tous les travailleurs du monde mais les travailleurs font remarquer qu'il n'est même plus possible d'acheter des clous fabriqués par Stelco. Tout est importé. La production de qualité est devenue une chose du passé et cela veut dire que de moins en moins de valeur est créée. Cela a un impact sur l'économie. Il n'y a pas de raison que le Canada ne produise pas son propre acier, il ne fait que se soumettre aux désirs et aux intérêts privés de certains monopoles étrangers comme US Steel qui disent pouvoir faire plus d'argent en produisant l'acier à l'extérieur du Canada ou que les compagnies manufacturières qui emploient de l'acier dans leur production préfèrent importer l'acier à bon marché. La situation est devenue tellement ridicule qu'on pourrait en rire si ce n'était que cette mondialisation est utilisée comme argument pour saper la lutte des métallos pour leurs droits.

Par exemple, US Steel a une usine en copropriété avec POSCO à Pittsburg, un monopole de l'acier contrôlé par des intérêts sud-coréens. Les tarifs que les États-Unis ont récemment imposés à l'importation de l'acier provenant de la Corée font en sorte qu'il est impossible de faire venir le type d'acier que l'usine de Pittsburg utilise habituellement. Les directeurs sud-coréens de l'usine de Pittsburg disent que les tarifs vont finir par tuer la production tandis que les directeurs américains (ceux de US Steel) disent que les tarifs sont nécessaires pour sauver des emplois. Les deux partenaires de l'usine se livrent une guerre dans les médias et tous les coups sont permis. Aucun des problèmes de l'industrie de l'acier ne sera résolu au bout du compte parce que chaque groupe ne fait que défendre ses intérêts privés aux dépens de l'autre et aux dépens de l'industrie dans son ensemble. Ce n'est qu'un exemple de comment les monopoles mondiaux contrôlent l'économie de presque tous les pays du monde tandis que les métallos canadiens, les métallos américains et les métallos d'autres pays n'ont aucun contrôle sur leur vie et leurs conditions et sont censés attendre voir quel groupe l'emportera. Quoi qu'il arrive, ce sont les travailleurs qui vont payer. Aucun progrès ne sera fait dans l'établissement d'une économie stable qui suffit à ses besoins, il n'y aura que ce gâchis que créent les monopoles rivaux qui sont en train de transformer le monde en un champ de guerre.

Il faut un changement radical pour que le Canada et les États-Unis progressent dans le XXIe siècle, pour la prospérité et un avenir assuré, pour que les travailleurs puissent contrôler leur vie et leur travail.

Le 6 juillet, lorsque le gouvernement libéral a publié les guides pour les discussion sur la réforme du système électoral, il a saturé les ondes avec des phrases comme « c'est votre démocratie et votre gouvernement » et des dogmes comme « le Canada a une démocratie forte qui a des racines profondes » et « la réforme électorale fait partie du programme de renforcement de la démocratie du gouvernement ».

Cette campagne est lancée à l'heure où les Canadiens ont besoin d'exercer un contrôle sur les décisions qui sont prises et qui les affectent. Cela comprend les décisions sur la direction de l'économie et les questions relatives aux salaires, avantages sociaux, pensions et conditions de travail. Cela comprend aussi les problèmes de la guerre et de la paix. Avec le programme libéral nous allons passer d'une situation inacceptable où les citoyens sont réduits au rôle de voter tous les quatre ans à une situation où ils n'exercent aucun contrôle quel qu'il soit sur les décisions qui leur sont imposées par les élites au pouvoir. Il le fait avec des arguments aussi pathétiques que celui-ci : « Le système électoral va bien au-delà du simple dépôt des votes et de leur dépouillement — il offre aux Canadiens un moyen d'influer sur leur avenir, de confirmer leur consentement à être gouvernés, et de tenir leurs représentants responsables. »

C'est précisément ce que ne permet pas le processus politique actuel et les nouvelles méthodes de consultation des libéraux ne vont rien changer. Il est temps que nous nous appuyions sur nos propres discussions et efforts pour créer le genre de renouveau démocratique dont le Canada a besoin aujourd'hui.

Le but du programme de réforme électorale du gouvernement est d'empêcher toute discussion. Tous les partis politiques dits « majeurs » représentés au parlement réduisent le rôle des êtres humains à celui de simple magasinage en ligne, à choisir une des options prédéterminées qui ne les servent pas. Au lieu de les laisser nous marginaliser de cette façon, nous pouvons faire une vraie différence en formulant nos propres options et opinions sur ces questions dans nos endroits de travail, nos institutions d'enseignement, nos quartiers et les lieux de congrégation des personnes âgées.

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La négation des droits des travailleurs par le gouvernement Trudeau

Voici le texte de la présentation faite par Pierre Chénier au Séminaire sur la situation nationale et internationale organisée à Ottawa le 14 août par le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste). Pierre est le secrétaire du Centre ouvrier du Parti. Pour contacter le Centre ouvrier écrire à centreouvrier@cpcml.ca

* * *

Il est important de traiter de la question de la définition des droits des travailleurs que donne le gouvernement Trudeau pour désinformer le mouvement ouvrier. On sait que le gouvernement Harper avait une approche confrontationnelle face au mouvement ouvrier et les syndicats, qu'il déclarait les luttes des travailleurs et les syndicats ennemis de l'intérêt national que lui seul représentait -- au service des monopoles mondiaux les plus puissants au sein du système impérialiste mondial d'États mené par les États-Unis.

Le gouvernement Trudeau prend bien soin d'établir qu'il n'a pas une approche confrontationnelle avec les travailleurs et les syndicats et qu'il veut être leur partenaire et les inclure dans la quête des monopoles les plus puissants qui veulent être concurrentiels sur les marchés mondiaux. Son approche soi-disant non confrontationnelle avec les travailleurs et les syndicats est censée reposer sur sa propension au dialogue, au consensus social et à l'inclusion, mais pas sur les droits qui reviennent objectivement aux travailleurs en tant que producteurs de la richesse sociale. En fait, « inclusion », «dialogue » et consensus font partie des paramètres de l'offensive antisociale néolibérale que sont, dans le langage du gouvernement Trudeau, le « maximum de flexibilité », « la mobilité du travail », la subordination au « marché du travail », etc.

On vient juste d'en avoir un exemple avec la présentation du mandat du Groupe de travail et du Comité spécial chargé d'examiner le service postal et de faire des recommandations au gouvernement. Alors qu'aux dernières élections fédérales, Trudeau s'était engagé à « préserver la livraison du courrier à domicile » et avait promis, lors d'un point de presse avec le maire de Montréal Denis Coderre, de « restaurer la livraison du courrier à domicile », cet engagement est maintenant considéré comme une de « toutes les options sur la table » qui doit être mesurée au coût que cela entraîne pour le service. Autrement dit, la question de maintenir la livraison du courrier à domicile va servir d'occasion pour exiger des concessions aux travailleurs ou démanteler davantage les services au nom de ne pas imposer de règles rigides à la Société des postes.

Examinons un peu quelques exemples où sont utilisés les concepts de « flexibilité maximum » , de « mobilité du travail » et de subordination au marché du travail présentés par le gouvernement Trudeau et le sens qu'il leur donne.

L'exemple de l'assurance-emploi

Dans sa Lettre de mandat à la ministre de l'Emploi, du Développement de la main-d'oeuvre et du Travail, Justin Trudeau traite de la question du régime de l'assurance-emploi.

Il écrit : « Plus particulièrement, je m'attends à ce que vous travailliez avec vos collègues et dans le respect des lois, règlements et processus du Cabinet établis pour mener à bien vos grandes priorités :

« Améliorer notre régime d'assurance-emploi afin de mieux l'harmoniser aux réalités du marché du travail d'aujourd'hui et de façon à ce qu'il serve les travailleurs et les employeurs. »

Trudeau n'explique pas ce qu'il veut dire par « mieux l'harmoniser aux réalités du marché du travail d'aujourd'hui ». Cependant l'Institut CD Howe est plus précis à ce sujet. On se souviendra que le ministre des Finances de Justin Trudeau, Bill Morneau, a été le président de l'Institut CD Howe de 2010 à 2014.

En 2011, deux chercheurs de l'Institut, Colin Busby et David Gray, ont publié un document appelé « Employment Insurance Quilt : The Case for Restoring Equity » (Le système trop complexe de l'assurance-emploi : le besoin de rétablir l'équité)

On sait que l'équité ou la réduction des inégalités est un thème central du gouvernement Trudeau.

Voici certaines des choses qu'on lit dans ce document :

« Dans le régime actuel de l'assurance-emploi (AE), les prestations de longue durée de l'AE sont plus aisément accessibles dans les régions à haut taux de chômage que dans les régions à taux de chômage bas dans lesquelles les travailleurs font face à des restrictions plus sévères pour l'obtention de prestations de plus courte durée.

« Ce filtrage complexe, conçu pour une meilleure adaptation aux diverses circonstances que vivent les chômeurs à l'échelle du pays, crée des conséquences indésirables, la plus frappante étant des poches de chômage élevé et chronique. »

On voit que Trudeau blâme le régime de l'assurance-emploi lui-même pour les problèmes liés à l'emploi. Les auteurs poursuivent :

« De l'avis de l'auteur, le régime de l'AE, au lieu de fournir un accès clair et équitable à tous les travailleurs canadiens, supporte la préservation de marchés du travail régionaux qui sont dominés par l'emploi saisonnier. Cela, à un tel point, que les critères régionaux à l'entrée contribuent à de hauts taux de chômage persistants dans quelques régions du pays, ce qui entrave la convergence des salaires, des prix et des taux de chômage à l'échelle du pays.

« En somme, le régime de l'AE mine les avantages économiques que procure la mobilité du travail en fait de meilleurs salaires et de travail plus attrayant, nuit à la réallocation des travailleurs parmi les secteurs et les régions géographiques et à une convergence régionale en fait de salaires, de prix et de taux de chômage. Les réformes du régime devraient mettre l'accent sur l'élimination des barrières à la mobilité en créant un critère d'entrée national uniforme et des durées de prestations uniformes.

« En fait, les travailleurs mis à pied dans les régions à bas taux de chômage éprouvent de plus grandes difficultés à être éligibles que les travailleurs vivant des situations semblables dans les régions à haut taux de chômage. Cette politique qui repose sur la géographie constitue un incitatif contre la mobilité, et renforce des modèles de haut taux de chômage persistant et de dépendance parmi les groupes de travailleurs saisonniers qui par nature sont inactifs la plus grande partie de l'année. Le résultat est qu'en période de demande accrue pour les produits de base, les pénuries de travail vont probablement se produire dans l'ouest du pays.

« Un marché du travail national qui fonctionne bien requiert des politiques qui facilitent et au moins ne découragent pas la mobilité sur le marché du travail. Le régime actuel de l'AE fonctionne plus comme un programme de niveau provincial ou sous-provincial par les variantes dans l'accès et les prestations. Conséquemment, une autre bonne raison d'éliminer les critères variables à l'entrée et les durées variables de prestations c'est qu'ils entravent la réalisation des objectifs propres à un programme national et mènent de façon inattendue à des poches persistantes de chômage élevé. Essentiellement, le marché canadien du travail, par les contributions de l'AE, redistribue les revenus vers les économies et les industries saisonnières.

« De plus, le programme de l'AE ne devrait pas soutenir la préservation des marchés du travail ruraux où domine l'emploi qui dure une partie de l'année seulement. »

Ce document ne va pas plus loin en fait de mesures qui pourraient être mises en oeuvre pour soi-disant mieux harmoniser le régime de l'assurance-emploi avec le marché du travail et éviter de donner des prestations qui encouragent les régions à taux de chômage et les chômeurs qui s'y trouvent à rester chez eux.

En février 2016, l'Institut C.D Howe a publié un autre document qui nous donne une meilleure idée de ce qui pourrait s'en venir. Ce document s'intitule « National Priorities 2016 - Job One is Jobs : Workers Need Better » ( Priorités nationales 2016 - Il faut fournir des emplois : les travailleurs méritent mieux) et est signé par Craig Alexander.

On y lit :

« Les critères d'éligibilité établis régionalement devraient être remplacés par des critères à l'entrée nationaux uniformes et des durées de prestations uniformes. Si on juge que des différences régionales sont désirables, le gouvernement fédéral devrait remettre cette responsabilité aux provinces pour qu'elles compensent le manque à gagner (Busbay et Gray).

« Les réformes des autres programmes de soutien au revenu, dont l'aide sociale et l'aide aux personnes handicapées, peuvent aider les gens qui ne sont pas couverts par l'AE à revenir sur le marché du travail. Avec la montée du chômage à long terme, un plus grand nombre de travailleurs déplacés épuisent leurs prestations d'assurance-emploi. Il y a aussi une augmentation inquiétante du nombre de gens qui reçoivent de l'aide aux personnes handicapées du gouvernement, ce qui veut dire que la probabilité qu'ils vont revenir sur le marché du travail est faible.

« Si l'âge moyen plus élevé de la population est un facteur d'augmentation du nombre de personnes handicapées, les enquêtes de Statistique Canada montrent que l'âge explique seulement en partie cette augmentation. Parmi la gamme des programmes d'aide ( depuis les prestations de l'AE pour maladie jusqu'aux paiements du RPC pour invalidité), on observe un déplacement vers de plus grandes dépenses en aide sociale reliée à l'invalidité ( surtout en Ontario et les provinces de l'ouest sauf la Saskatchewan). Autrement dit, le handicap remplace de plus en plus ce qui était autrefois du ressort de l'aide sociale. Compte tenu du vieillissement de la population et de la perspective d'une croissante plus lente de la main-d'oeuvre, l'aide sociale et l'aide aux personnes handicapées devraient viser à fournir un revenu approprié aux gens dans le besoin tout en étant organisées de manière à aider les individus à réintégrer les marchés du travail.

Qu'est-ce qu'on peut tirer de cela ?

Au point de vue idéologique, que le gouvernement Trudeau est peut-être en train de préparer une réforme majeure de l'assurance-emploi basée sur les prémisses suivantes :

- que le programme actuel de l'assurance-emploi maintient dans le chômage chronique les régions du pays où les industries saisonnières sont dominantes et maintient artificiellement les chômeurs sur le régime de l'assurance-emploi qui pourraient accepter d'aller travailler partout ailleurs au pays si le régime était encore plus sévère à leur endroit ;

- que les chômeurs sont divisés en deux camps opposés., les travailleurs saisonniers versus les travailleurs non saisonniers ;

- que bon nombre de travailleurs, surtout les travailleurs saisonniers, restent toujours dans leur région et leur secteur et n'appartiennent donc pas vraiment au régime de l'assurance-emploi et au « marché du travail » car ils font partie d'un marché protégé et ne sont pas mobiles. L'Institut suggère que ce serait mieux de les transférer à des programmes d'aide sociale parce qu'ils ne participent pas à la mobilité du travail. On est à même de voir qu'un aspect essentiel du concept d'équité du gouvernement Trudeau c'est de dresser les travailleurs les uns contre les autres afin de détruire encore davantage leurs conditions de vie et de travail.

La désinformation au sujet de la flexibilité maximum appliquée
à la question des pensions

Le gouvernement Trudeau a la même approche en ce qui concerne les régimes de retraite. Avant de devenir ministre des Finances, Bill Morneau a été président du groupe Morneau Sheppell qui est spécialisé entre autres dans la santé et les assurances collectives, dont la gestion des absences et de l'invalidité au nom des grands employeurs et dans l'administration et les services-conseils en ce qui concerne la retraite et les régimes de retraite.

Sur cette question également, la question du maximum de flexibilité est soulevée de manière purement pragmatique. La destruction des régimes de retraite est considérée comme un fait accompli et le rôle d'une agence comme Morneau Sheppell est de prendre cette destruction comme point de départ et de proposer et d'administrer des régimes très inférieurs, sans sécurité pour les travailleurs.

Voici comment Morneau, en tant que président de Morneau Sheppell, s'exprimait sur la chose lors d'une conférence nationale sur les régimes de retraite en 2013. Il parlait de la disparition des régimes de retraite à prestations déterminées, surtout dans le secteur privé, et des solutions à ce problème :

« Tout d'abord, le 'Canadien moyen' n'a pas de fonds de pension à prestations déterminées. Dans le secteur privé, seulement un travailleur sur 10 a un fonds de pension à prestations déterminées. Si vous ajoutez à cela qu'environ 80 % des travailleurs du secteur public ont des régimes à prestations déterminées, alors ce sont environ 30 % des Canadiens qui font partie de ces chanceux. Autrement dit, les deux tiers des Canadiens n'ont pas de régime de retraite à prestations déterminées.

« La chose la plus importante à saisir est que selon nous cette tendance est fort probablement irréversible. Notre entreprise a des milliers de clients à travers le Canada. Ce serait difficile pour moi de nommer même un seul nouveau régime de retraite à prestations déterminées parmi notre clientèle ( sauf dans des cas de fusions ou de grande restructuration) ayant vu le jour depuis 10 ans. En fait, nous avons fait une analyse du nombre estimé de régimes à prestations déterminées qui vont exister dans les dix prochaines années. Cela n'augure rien de bon.

« Nous pensons, avec une probabilité d'environ 85 %, que le nombre de régimes de retraite à prestations déterminées d'ici 10 ans va avoir baissé d'entre 18 à 70 % et que presque toute cette baisse va provenir des régimes du secteur privé.

« Je n'hésiterais pas à dire que les régimes à prestations déterminées, dans leur format actuel dans le secteur privé, sont des régimes en voie d'extinction.

« Nous pouvons espérer que cela ne se produise pas. Mais l'espoir et la stratégie sont deux choses différentes.

« Alors, que va faire le gouvernement ?

« Je crois que les gouvernements vont aborder ce 'problème' potentiel de la sécurité du revenu à la retraite en encourageant les Canadiens à épargner davantage.

« Une augmentation modeste et/ou l'introduction d'un Régime de pension agréé collectif (RPAC) doté d'une option par défaut d'enrôlement des participants au régime dans un nouveau régime d'épargnes semblent être les solutions les plus probables.

« Qu'en sera-t-il alors des régimes à prestations déterminées ?

« C'est une question qui va s'appliquer uniquement au secteur public.

« Est-ce que quelqu'un va croire que le Canadien ordinaire, qui n'a pas de fonds de pension à prestations déterminées, et qui a la capacité d'épargner suffisamment en vue de sa retraite, va accepter de continuer de financer les pensions des employés du secteur public à un niveau que lui-même ne pourra jamais atteindre même en rêve ?

« Même l'employé qui commence à travailler dans le secteur public et qui peut s'attendre à occuper plusieurs emplois dans sa vie, ne va pas bénéficier d'un régime de retraite à prestations déterminées.

« Donc, la partie qui se joue oppose les employés plus âgés du secteur public et tous les autres travailleurs.

« Pas très rose comme perspective.

« Voici ce qui va se passer selon moi.

« Deux choix s'offrent à nous.

« Choix numéro un. Nous pouvons continuer d'essayer de financer des régimes de retraite rigides pour le secteur public, causer des dizaines d'années de conflits de travail, réduire les prestations des employés participant à des régimes à prestations déterminées et créer une discorde secteur privé versus secteur public et une discorde inter-générationnelle.

« Ou alors - choix numéro deux.

« Nous pouvons apporter de la flexibilité dans les régimes à prestations déterminées, prendre en considération des régimes comme les régimes à prestations-cibles ou des régimes à risques partagés pour que les risques soient partagés dans les cas de rendements plus bas ou de gains en longévité inattendus. »

Une fois de plus, le concept d'équité est utilisé de la façon la plus pragmatique qui soit, pour que toute possibilité d'une alternative à l'offensive antisociale soit niée ( dans ce cas-ci, une alternative à la destruction des pensions), et pour que les travailleurs soient dressés les uns contre les autres et que les conditions de travail de tous soient saccagées encore plus.

On peut voir une fois de plus que l'argument de la flexibilité maximum, de l'absence de règles rigides, vise, idéologiquement, à paralyser et désinformer le mouvement ouvrier, à l'effet qu'il ne peut pas y avoir de droits en ce qui concerne la classe ouvrière, que la défense des droits veut dire conflit parmi les travailleurs, manquement à l'inéquité, et que les paramètres de l'offensive néolibérale antisociale sont le seul cadre dans lequel les travailleurs peuvent agir, plutôt que de défendre les principes et les droits et d'organiser sur cette base.

En plus, non seulement les droits des travailleurs n'existent pas, mais les luttes des travailleurs à la défense de leurs droits et contre la destruction nationale sont considérés comme étant « rigides », « inflexibles », ce qui fait des actions des travailleurs quelque chose de nuisible pour l'économie.

Cela n'est pas très connu, mais c'est le groupe Morneau Sheppel et Morneau lui-même qui ont été impliqués dans le démantèlement des régimes de retraite des employés du secteur public au Nouveau-Brunswick. Ils ont servi de service-conseil pour remplacer les régimes à prestations déterminées par un régime dit à prestations-cibles qui est appelé régime à risques partagés. L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada et le Syndicat canadien de la fonction publique ( section Nouveau-Brunswick) ont intenté une action en justice contre le gouvernement du Nouveau-Brunswick pour ses attaques contre les pensions des travailleurs. Il s'agit d'une contestation constitutionnelle où l'IPFPC et le SCFP font valoir que la loi 11, qui a mis en oeuvre le régime à risques partagés est inconstitutionnelle parce qu'elle contrevient à la section 2d de la Constitution en interdisant la négociation collective libre et équitable sur une question importante relative à l'emploi (les pensions). L'action en justice vise à faire abroger la loi 11 et, alternativement, à abroger les clauses de la Loi sur les relations de travail dans le service public au Nouveau-Brunswick qui interdisent la négociation sur la question des pensions.

Voici comment le président de la section du Nouveau-Brunswick du SCFP Daniel Légère a décrit ce régime de retraite à risques dits partagés :

« Bien que ce régime de retraite soit appelé à « risques partagés », cela ne veut pas dire que le risque est réellement partagé entre les employeurs et les travailleurs. Les documents qui décrivent le régime révèlent que ce sont les membres actifs et retraités du régime qui vont prendre tous les risques que comporte ce régime. Par contre les employeurs sont presque entièrement protégés des risques.

« Si un régime à risques partagés est sous-financé, le seul risque que les employeurs peuvent assumer est une augmentation très modeste, et plafonnée en plus, de leur taux de contribution. Les membres du régime assument ce même risque à cet égard.

« Par contre, toute pression additionnelle sur le financement du plan est assumée par une réduction automatique et non plafonnée des prestations, et cela comprend la suspension potentielle des ajustements au coût de la vie pour les retraités et même des réductions dans la prestation de base.

« On peut donc difficilement parler d'un régime qui partage les coûts. Les employeurs font face au seul risque de voir leur taux de contribution augmenter quelque peu. Les membres du plan assument le même risque mais ils sont les seuls à pouvoir subir le risque sérieux et non limité de recevoir des prestations très inférieures. Le régime traditionnel à prestations déterminées vient de voler complètement en éclats... De plus, alors que les employeurs dans le passé tenaient des comptes du passif de leur régime de retraite dans leur régime à prestations déterminées, ils ne vont plus le comptabiliser avec le modèle à risques partagés et plusieurs pourraient même l'effacer en se convertissant au régime à risques partagés.

« Le gouvernement n'a cessé de rendre cet aspect crucial obscur. Dans son empressement à vendre un régime de pensions aux membres du plan, il a dit que la conversion allait rendre leur régime plus 'sécuritaire' et que le régime à risques partagés offre une 'protection beaucoup plus forte'.

« Le gouvernement n'a rien fait pour corriger cette affirmation à l'effet que le modèle à risques partagés garantirait la rente de base et que seuls les ajustements au coût de la vie sont conditionnels et que les déficits sont partagés également entre les travailleurs et les employeurs. En fait, les prestations ne sont pas garanties, point à la ligne ( même pas la rente de base) et le risque est assumé essentiellement par les travailleurs.

« On n'a pas affaire ici à un changement modéré mais à l'abandon pur et simple du modèle à prestations déterminées. »

Lorsque le gouvernement Trudeau parle de flexibilité maximum et de mobilité maximum du travail, il veut dire que rien ne doit venir entraver la course à la domination et pour être numéro un sur les marchés mondiaux à laquelle se livrent les monopoles mondiaux de la sphère d'influence du système impérialiste d'États mené par les États-Unis. Rien ne devrait entraver cela, aucune loi, aucune réglementation qui entrave la construction d'empire de ces monopoles et les traités néolibéraux de libre-échange comme le Parternariat transpacifique ou l'accord de libré-échange avec l'Union européenne. La mobilité maximum du travail est un élément essentiel de cette flexibilité maximum, et les règles qui lient encore les travailleurs à un secteur de l'économie ou à une région doivent être abolies comme des obstacles à la croissance de l'économie.

La lutte des travailleurs à la défense de leurs droits et pour une nouvelle direction prosociale de l'économie est d'emblée déclarée rigide et dogmatique, alors qu'en fait, pour les travailleurs, la défense des principes, des normes et des droits est un guide à l'action afin d'intervenir de façon pratique pour changer la situation d'une façon qui est favorable au peuple et à la société et ainsi régler les problèmes auxquels la société fait face.

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