Numéro 118 - 5 septembre 2016
Fête du travail 2016
La classe ouvrière -- une force
organisée indépendante pour la défense des droits
et un avenir prosocial
- Centre ouvrier du Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste) -
Fête
du
travail
2016
• La classe ouvrière -- une force
organisée indépendante pour la défense des droits
et un avenir prosocial - Centre ouvrier du Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste)
• Revue de
l'année en photos
Entente de principe
entre Postes Canada et le STTP
• Les travailleurs des postes vont continuer de
s'opposer aux menaces contre eux et le service postal public -
Louis Lang
D'importantes
préoccupations pour le mouvement de la classe ouvrière
• Le droit d'exercer un contrôle sur nos
vies et sur notre travail est un enjeu important - Rolf
Gerstenberger
• La négation des droits des
travailleurs par le gouvernement Trudeau - Pierre
Chénier
Fête du travail 2016
La classe ouvrière -- une force organisée
indépendante pour la défense des droits
et un avenir prosocial
- Centre ouvrier du Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste) -
PDF
La Fête du travail 2016 amène la
nécessité que la classe ouvrière s'organise en une
force politique et sociale indépendante. La situation actuelle
est caractérisée par le refus de l'élite
impérialiste dominante de reconnaître les droits de la
classe ouvrière et de faire respecter un équilibre dans
les rapports de classe. Cela crée un État
d'anarchie dans lequel les monopoles se déclarent souverains et
en droit de prendre des décisions unilatérales et de les
imposer aux travailleurs. Les gouvernements et les institutions
d'État le facilitent au nom de la prospérité
économique et de la stabilité.
L'anarchie a la violence pour corollaire. Une fois que
les normes établies sont rejetées, les travailleurs n'ont
plus aucun recours pour résoudre leurs problèmes et ceux
de la société. Quand ils défendent leurs droits,
leur résistance est criminalisée. Le crime et
châtiment devient l'optique par défaut. Au lieu de
régler les problèmes sur la base de
ce qu'on appelle la libre négociation collective entre la classe
ouvrière et ceux qui possèdent et contrôlent les
forces productives socialisées, les gouvernements imposent des
limites arbitraires sur ce que les travailleurs peuvent et ne peuvent
pas faire. Pour maintenir les apparences on dit que cette façon
d'imposer l'austérité antisociale est un progrès
de la démocratie.
La récente décision de la Cour
suprême sur les conventions collectives dans la fonction publique
illustre bien ce qui se passe. La Cour a refusé d'entendre une
contestation d'une loi adoptée par le parlement canadien
en 2009 qui modifiait rétroactivement les conventions
collectives des employés de la fonction publique
fédérale et annulait
les augmentations de salaires négociées.
La Cour suprême a maintenu le jugement de la Cour
d'appel du Québec à l'effet que la constitution ne
reconnaît pas à ces employés le droit de contester
des décisions budgétaires du conseil des ministres.
« En présumant que la loi [sur le contrôle des
dépenses de 2009] sape la liberté d'association,
elle demeure justifiée, écrit la juge de
la Cour d'appel du Québec Nicole Hesler au sujet de la
décision maintenue par la Cour suprême. C'est une
législation acceptable dans une société libre et
démocratique. »
La décision rejoint un cas semblable concernant
des membres de la GRC qui avaient négocié une
augmentation de salaire pour ensuite se la faire refuser
unilatéralement par le Conseil du trésor. Cela veut dire
que dorénavant, tout ce que le gouvernement décide comme
mesure budgétaire pour le compte des monopoles a force de loi.
Celle donne à la libre négociation collective une toute
autre signification.
La classe ouvrière a appris par
l'expérience directe et par la sagesse cumulée de
nombreuses années de lutte de classe que ce n'est que
lorsqu'elle agit comme une force organisée indépendante
qu'elle peut défendre ses droits, resserrer les rangs et engager
des actions planifiées qui mènent à
l'établissement d'une nouvelle direction pour le pays,
une direction prosociale. Le défi est maintenant d'organiser et
de bâtir une opinion publique en opposition à la
destruction et à l'anarchie de l'élite dominante.
Bâtissons le nouveau !
La classe ouvrière a besoin d'organisations et
d'institutions indépendantes. Celles-ci doivent être des
champions des droits et de la justice et des bastions contre les
actions et les influences négatives de l'élite
impérialiste dominante. Sans sa propre voix et ses propres
institutions sur les différents fronts, le mouvement de la
classe ouvrière ouvre
le flanc à la propagande et aux actions antiouvrières de
l'élite impérialiste dominante et de ses agences qui ont
pour fonction de faire primer le droit de monopole.
Il manque la reconnaissance officielle des droits que
tous possèdent du fait qu'ils sont des êtres humains. On
assiste plutôt à la limitation de ces droits en fonction
de critères basés sur des intérêts
monopolistes privés qui mène à une concentration
du pouvoir politique dans les mains d'un groupe toujours plus restreint
d'individus. Cela
s'accompagne d'un tapage antiouvrier et antisocial continuel. Tout cela
souligne la nécessité de bâtir les médias de
masse, les instituts de recherche et les organes de promotion et de
sensibilisation de la classe ouvrière. Tout progrès dans
ce sens permet à la classe ouvrière d'occuper l'espace du
changement et de l'agrandir. C'est défendre les droits
de tous avec une envergure de masse et c'est préparer les
travailleurs à mener le pays dans une nouvelle direction
prosociale.
Les élites dominantes voudraient que la classe
ouvrière se satisfasse de constamment plaider pour des faveurs.
Comment les travailleurs peuvent-ils créer leur propre
leadership de classe, surtout parmi les jeunes, s'ils comptent sur les
institutions politiques, économiques, sociales, culturelles et
caritatives de l'élite dominante pour défendre leur
bien-être et leurs droits ? L'élite dominante ne va
pas renoncer à défendre ses intérêts
privés. Les institutions basées sur le privilège
de classe, sur l'exploitation de la classe ouvrière et la
construction d'empire ne peuvent pas être les voies du pouvoir
par le peuple, pour le peuple et émanant du peuple. Pour changer
leur objectif, elles doivent
changer leur condition économique, politique et sociale, mais
elles n'ont ni le désir ni la capacité de le faire.
L'élite dominante a mis le droit de monopole et
l'édification d'empire aux commandes de tout au Canada. On le
voit dans le recul de l'édification nationale imposé par
des accords de libre-échange conçus et
contrôlés par les monopoles mondiaux et dans la
suffocation politique, militaire, sociale et culturelle du Canada dans
les États-Unis des
Monopoles d'Amérique du Nord et l'empire américain, avec
ses crises économiques périodiques et ses guerres
constantes.
Nous assistons depuis quelque temps à la
montée du droit de monopole et de l'édification d'empire
des monopoles mondiaux les plus puissants au sein du système
impérialiste d'États, où sont attaqués les
droits de tous, y compris même les droits de
propriété des petits propriétaires.
Les droits dans une
société civile
capitaliste fondée sur les droits de propriété et
l'édification nationale ont été supplantés
par le droit de monopole et l'édification d'empire. Ils ne
peuvent pas être rescapés ou rétablis dans leur
forme antérieure. La défense des droits humains en
opposition au droit de monopole nécessite un vaste mouvement
populaire mené par la classe ouvrière. Le but est de
renouveler la démocratie sur la base de l'affirmation du facteur
humain/conscience sociale et de l'édification nationale
basée sur le contrôle des forces productives
socialisées par les véritables producteurs, ceux qui font
le travail, et leurs organisations.
Comment cela est-il possible sans que le mouvement de
la classe ouvrière ne saisisse dans toute sa profondeur la
nécessité d'assumer son leadership, sa pensée, ses
organisations et ses institutions pour priver l'élite
impérialiste dominante de son pouvoir de priver le peuple de ses
droits ? C'est à la responsabilité sociale de la
classe
ouvrière
et de sa direction.
À l'occasion de la Fête du
travail 2016, le Centre ouvrier du PCC(M-L) salue tous les
travailleurs et leurs organisations à travers le pays qui
luttent pour leurs droits et pour la justice sociale. Le Centre ouvrier
s'engage à intensifier son travail pour renforcer la politique
indépendante de la classe ouvrière et bâtir les
organisations et
institutions dont a besoin le mouvement de la classe ouvrière
pour s'armer du matériel de pensée qu'il lui faut. Comme
contribution dans ce sens, le Centre ouvrier publiera Forum ouvrier
sur une base hebdomadaire et poursuivra ses rencontres et
échanges d'information sur des sujets d'intérêt
pour le mouvement ouvrier. Pour participer à
ce travail, contactez le Centre ouvrier à :
centreouvrier@cpcml.ca.
Défendons les droits que tous
possèdent du fait qu'ils sont humains
et bâtissons
une nation moderne avec une direction prosociale !
Arrêtez de payer les riches ! Augmentez les investissements
dans
les programmes sociaux !
Oui au secteur manufacturier, non à la destruction
nationale !
Défendons la dignité du travail !
Notre sécurité est dans la lutte pour les droits de tous
et toutes !
Revue de l'année en photos
Entente de principe entre Postes Canada
et le STTP
Les travailleurs des postes vont continuer de
s'opposer aux menaces contre eux et le service postal public
- Louis Lang -
Manifestation des postiers à la défense de leurs droits
le 8 août 2016
à Montréal
Après plus de 10 mois de
négociations, Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et
travailleuses des postes (STTP) ont conclu une entente de principe.
L'accord est survenu suite à un marathon de négociations
de plusieurs jours en présence d'un médiateur
spécial nommé par la ministre de l'Emploi, du
Développement de la
main-d'oeuvre et du Travail, MaryAnn Mihychuk.
La ministre Mihychuk a émis un communiqué
dans lequel elle félicite les deux parties d'en être
venues à une entente. Elle y écrit entre autres :
« Ces ententes de principe, conclues de façon volontaire
par les parties, rappellent à tous ce message important
qu'un processus de négociation équitable et
équilibré est quelque chose qui
fonctionne et peut mener à de réels résultats pour
les travailleurs et les employeurs canadiens. »
Pour sa part, Postes Canada a indiqué que bien
qu'une entente de principe ait été conclue, il reste de
nombreux problèmes à résoudre. Dans un
communiqué émis le 30 août, Postes Canada
écrit qu'elle fait toujours face à des enjeux «
complexes » reliés au déclin des volumes du
courrier et aux obligations du régime de retraite
mais que « cette approche accorde plus de temps pour des
discussions plus réfléchies et des analyses plus
approfondies afin de régler ces problèmes ».
Le STTP s'est déclaré satisfait d'avoir
conclu une entente de principe dont il dit qu'elle a été
rendue possible « parce que nous sommes demeurés forts et
que nous avons maintenu notre stratégie ». Les
détails de l'entente de principe n'ont pas encore
été rendus publics
alors que le syndicat se prépare à tenir des votes de
ratification de ses
membres à l'échelle du pays. On sait qu'il s'agit d'une
entente de deux ans qui se termine le 31 janvier 2018. Elle
comprend des augmentations de salaire pour l'unité urbaine
de 1 % à compter du 1er février 2016
et de 1,5 % à compter du 1er
février 2017. En ce qui concerne la
question de l'équité salariale pour les factrices et
facteurs ruraux et suburbains (FFRS) , un Comité mixte sur
l'équité salariale sera établi et un rapport final
déposé d'ici 19 mois. Un autre conflit important
entre les deux parties, soit celui entourant le régime de
retraite à prestations déterminées, n'a pas
été réglé. Ce sera le statu quo pour
l'instant mais la Société des postes insiste que le
régime doit être changé en un régime
à cotisations déterminées pour les nouveaux
engagés.
Plusieurs autres questions importantes n'ont pas fait
l'objet d'annonces jusqu'à maintenant. Cela comprend l'emploi
précaire à temps partiel et temporaire, l'absence
d'amélioration dans les effectifs et la capacité de
Postes Canada de fermer les 493 comptoirs postaux de vente au
détail encore protégés par la convention et
desservis par les
travailleurs du STTP, ce qui causerait la perte de 1200 emplois
à temps plein.
Le STTP a annoncé que « des détails
additionnels » seront fournis aux membres alors qu'ils vont
voter pour accepter ou rejeter l'entente de principe. Le syndicat
écrit dans un bulletin que « à l'unanimité,
le comité de négociation a recommandé au Conseil
exécutif national d'accepter ces ententes de principe. Le
Conseil exécutif national
a voté majoritairement en faveur de ces ententes, et il
recommande aux membres de les ratifier. »
Les travailleurs des postes et le syndicat peuvent
être fiers qu'en dépit des menaces de lockout et de
changement unilatéral des conditions de travail par Postes
Canada et les méthodes brutales que l'employeur a
utilisées, refusant de négocier, la Société
des postes n'a pas été capable d'imposer les reculs
majeurs qui lui tiennent à coeur. Il est
clair que la détermination et l'unité des travailleurs
ont forcé le gouvernement Trudeau à modifier ses plans et
à ne pas imposer ces reculs par la force. Les travailleurs des
postes doivent cependant demeurer vigilants parce qu'ils ne sont pas
encore sortis du bois.
Les travailleurs ne doivent pas se faire d'illusions
sur le rôle du gouvernement Trudeau. Celui-ci veut imposer des
reculs désastreux aux travailleurs et n'ayant pu le faire par le
biais du soi-disant processus de négociation, il va utiliser
d'autres moyens pour y arriver. Qui la ministre essaie-t-elle de
convaincre quand elle dit que le gouvernement
favorise un « équilibre dans la négociation
collective » et croit dans des négociations de bonne
foi ? Les travailleurs qui viennent de vivre ces 10 mois de
négociations qui s'ajoutent à tant de négociations
difficiles dans le passé savent très bien que des
négociations « équilibrées » et
« de bonne foi » n'existent pas en
ce qui concerne Postes Canada.
Les travailleurs doivent se pencher sérieusement
sur le fait que l'entente de principe prévoit un contrat de deux
ans. Cela ne favorise certainement pas les travailleurs et indique
clairement que le gouvernement et la Société des postes
vont poursuivre leurs attaques contre eux par d'autres moyens.
L'accent maintenant va se déplacer des
négociations vers le processus d'examen des services de Postes
Canada, que le gouvernement Trudeau a lancé au beau milieu d'une
ronde de négociations aussi importante. Avec cet examen, la
prétention du gouvernement de ne pas s'ingérer dans les
négociations sonne vraiment faux. Alors que l'examen
s'engage maintenant dans ce qu'il appelle des « consultations
publiques » , les travailleurs des postes et tous les
Canadiens peuvent s'attendre à encore plus de
désinformation sur la « situation financière
difficile » de la Société et sur la «
crise » tout aussi douteuse du régime de retraites,
une désinformation qui va être
répétée par
les médias monopolisés afin que l'ordre du jour de Postes
Canada soit mis de l'avant.
L'examen des services de Postes canada va se poursuivre
dans le cadre de la poursuite de l'ordre du jour
néolibéral de privatisation et de
déréglementation et de remise des sections les plus
lucratives du service postal aux monopoles privés. C'est cela
qui est au coeur de la crise et plutôt que de changer de
direction, Postes Canada et le
gouvernement libéral blâment les travailleurs et leur
demandent d'adopter l'ordre du jour de la Société des
postes et de renoncer à tous leurs droits à des salaires
et avantages sociaux décents et d'avoir un mot décisif en
ce qui concerne leurs conditions de travail.
L'affirmation du gouvernement à l'effet que la
privatisation ne fait pas partie de l'examen des services pâlit
du fait même que le gouvernement Trudeau entend signer l'accord
du Partenariat transpacifique (PTP) qui comprend des mesures qui vont
permettre aux monopoles internationaux de s'ingérer dans les
activités et le mandat de Postes
Canada.
Il est clair que le rôle principal du PTP en ce
qui concerne le service postal est d'enchâsser un modèle
néolibéral qui cherche à limiter le service postal
public au moyen de la déréglementation et de la
privatisation. Dans l'avis juridique reçu par le STTP au sujet
du PTP, il est souligné que : « En grande partie, ces
règles «
commerciales » reflètent les objectifs des grandes
entreprises multinationales de messageries et des entreprises de
livraison express (le « secteur des messageries »)
qui, depuis plus de vingt ans, font campagne pour limiter le rôle
des services postaux publics. Bien que les efforts pour persuader les
gouvernements de déréglementer les
services postaux dans le cadre de leur politique intérieure
aient généralement échoué, les mêmes
objectifs sont maintenant poursuivis au moyen des négociations
commerciales. »
Ce qui frappe le plus en ce qui concerne la promotion
du PTP par le gouvernement Trudeau, c'est que celui-ci suit les traces
du gouvernement Harper et n'a pas demandé à être
exempté des dispositions de l'accord commercial qui touchent les
services postaux et favorisent les monopoles internationaux des
services de courrier. ( Voir l'article «
L'accord commercial de Partenariat transpacifique menace les services
postaux publics » dans le LML du 5
juillet 2016, numéro 93)
Les négociations se sont terminées sans
dénouement mais le gouvernement continue de chercher à
imposer
son ordre du jour néolibéral. Dans la période qui
vient, la détermination des travailleurs et la force de leur
organisation vont être testées une fois de plus alors
qu'ils défendent leurs droits et luttent contre les efforts de
l'élite dirigeante
pour détruire le service postal public.
D'importantes préoccupations pour
le mouvement de la classe ouvrière
Le droit d'exercer un contrôle sur nos vies et
sur notre travail est un enjeu important
- Rolf Gerstenberger -
Seminaire sur la situation nationale et internationale à Ottawa
le 14 août 2016
Nous reproduisons ci-dessous la présentation
de Rolf Gerstenberger au Séminaire sur la situation nationale et
internationale organisé par le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) à l'Université d'Ottawa
le 14 août 2016. Rolf est le président du Parti
marxiste-léniniste du Canada, le nom sous lequel le PCC(M-L) est
enregistré auprès d'Élections Canada. Il a
également été président de la section
locale 1005 du Syndicat des Métallos à Hamilton
pendant 12 ans et a été métallo à
l'aciérie de Hamilton pendant 42 ans en tout.
* * *
Le Parti m'a confié la tâche importante
d'aller parler à des travailleurs partout au pays au sujet du
besoin de se placer à la tête du mouvement politique du
peuple en s'assurant que le mouvement de résistance à
l'offensive antisociale ne soit pas vaincu. Depuis avril nous avons eu
des discussions à Montréal, Toronto et Vancouver, en plus
d'entretiens avec des travailleurs de ces régions, et nous voici
maintenant à Ottawa.
Cette discussion est devenue d'autant plus importante
maintenant que le gouvernement de Justin Trudeau avance à fond
de train avec son programme de réforme électorale pour
éliminer tout espace pour les Canadiens à
l'extérieur des confins étroits d'une prétendue
discussion sur des « choix »
prédéterminés par le bureau du premier
ministre et le système de partis de cartel. On nous dit tout
simplement de choisir entre une des trois options offertes sur comment
les votes sont comptés aux élections et on conclura
ensuite par divination que le peuple préfère telle ou
telle méthode et voilà, le système aura
été réformé ! Nous appelons les
Canadiens et les Canadiennes à
refuser cet assaut contre leur conscience et à le faire en se
joignant à la bataille pour le renouveau démocratique,
pour une constitution moderne, pour des arrangements qui permettront
aux travailleurs, les véritables producteurs, d'exercer un
contrôle sur leur vie, leur société et leur
économie.
À tous les jours depuis 150 ans,
l'élite dominante fait tous les efforts pour ne pas engager les
travailleurs et le reste de la population politiquement et pour
plutôt les dissuader de se mêler de politique et les
attaquer s'ils osent s'organiser pour exprimer leurs points de vue en
tant qu'individus ou en tant que collectifs. Lorsque les
travailleurs proposent des solutions pour les problèmes de leur
entreprise, de leur communauté ou de leur économie, ou
s'ils s'engagent dans le processus politique, ils sont humiliés,
ridiculisés et boycottés. La classe ouvrière est
présentée comme un groupe d'intérêts
spéciaux parmi d'autres.
Il n'est pas surprenant que les travailleurs se fassent
dire de ne pas se mêler de politique : c'est pour leur
enlever la possibilité de jouer leur rôle central en tant
que classe sociale la plus nombreuse, la mieux organisée et la
plus avancée de l'histoire. C'est pourquoi nous disons que le
mot d'ordre du gouvernement Trudeau est
l'antipolitique, c'est-à-dire tout faire pour garder les
travailleurs et les citoyens en marge de la politique et sans
contrôle sur leur vie et pour déjouer toute
résistance. Entre autres il s'efforce de donner l'impression que
les Canadiens et Canadiennes sont consultés et engagés
dans les prises de décisions sur lesquelles ils n'ont pourtant
aucun
contrôle.
Le cours des événements au Canada en ce
XXIe siècle a comme aspect dominant que la classe
ouvrière n'a pas les moyens d'exercer un contrôle sur les
choses qui touchent la vie des travailleurs. Peu importe combien on
répétera que le Canada est démocratique, lorsque
des choses se produisent qui affectent directement la vie des individus
et
des collectifs, ceux qui sont touchés se sentent impuissants
à contrôler les événements. Lorsque les
usines ferment, lorsque des collectifs de travailleurs font l'objet de
réduction des effectifs, quand le travail est envoyé en
sous-traitance, lorsque les pensions, les avantages sociaux et les
salaires sont réduits ou même éliminés,
lorsque l'emploi et les
possibilités d'éducation postsecondaire sont
bloqués, quand une catastrophe frappe les individus ou les
collectifs, comment peut-on parler de démocratie si les
personnes touchées n'ont pas de contrôle ou le droit de
changer la situation de façon significative ?
Lorsque les travailleurs n'ont pas de contrôle
sur l'économie, sur leur travail et sur les grands enjeux qui
les affectent et se font dire que c'est à chacun de pourvoir
à ses propres besoins et à se débrouiller du mieux
qu'il peut dans la situation donnée, il y a clairement un besoin
de renouveau démocratique. C'est le temps de développer
la
politique et la science économique qui permettront aux
travailleurs d'exercer un contrôle sur leur vie et travail et de
se soustraire au diktat et au contrôle de la toute petite
élite impérialiste dominante qui ne cherche qu'à
satisfaire l'intérêt privé étroit au
mépris du grand intérêt public et du plus grand
bien pour tous.
Les grands enjeux sont faciles à identifier et
se rapportent tous à la sécurité
économique :
- la sécurité d'emploi ;
- la sécurité du bien-être lorsqu'en chômage
ou lorsqu'incapable de travailler pour une raison ou une autre ;
- la sécurité à la retraite ;
- la sécurité d'une alimentation de qualité, de
services de santé et d'éducation de qualité et des
autres programmes sociaux et services publics nécessaires au
fonctionnement d'une société collective moderne ;
- la sécurité de savoir que par le travail et par la
contribution à son bien-être personnel par le travail dans
une économie socialisée on peut aussi contribuer à
la société et à la sécurité de tous,
y compris la sienne, en toutes circonstances. Sans la
sécurité économique de la personne et sans la
capacité d'influer sur la situation de façon
significative, toute prétention de démocratie et de droit
n'est que bavardage.
Puis il y a la sécurité qui vient avec la
tranquillité d'esprit de savoir qu'on n'est pas
entraîné dans une guerre inter-impérialiste entre
les grandes puissances dans laquelle le Canada s'aligne derrière
les impérialistes américains dans leur quête de
domination mondiale.
Au Canada nous vivons dans de grandes villes où
dans des régions où sont exploitées les ressources
naturelles. L'économie est organisée comme un ensemble de
composantes reliées entre elles. Alors comment peut-on voir les
endroits de travail séparément, en dehors du contexte du
grand collectif d'endroits de travail ? L'élite dominante
qui contrôle les affaires économiques et politiques veut
que la classe ouvrière voit les différents endroits de
travail comme étant en concurrence les uns avec les autres dans
une lutte désespérée pour la survie du plus fort.
Mais nous ne vivons pas au Far West. Nous ne sommes pas dans la jungle.
L'économie est un organisme collectif et chacune de
ses composantes joue un rôle dans le renforcement du tout ;
les différentes composantes de l'organisme se renforcent en
rendant le tout plus grand que la somme de ses composantes.
C'est du moins ainsi que devrait fonctionner une
économie socialisée moderne, mais ce n'est pas le cas
à cause de l'ingérence et de l'obstruction des
entreprises les plus puissantes qui bâtissent leurs empires
privés en rivalité avec d'autres empires, aux
dépens de l'ensemble. La construction d'empire affaiblit le tout
et finit par affaiblir aussi la
plupart des composantes de l'économie socialisée
puisqu'elles se font la guerre plutôt que de coopérer et
de trouver les façons de travailler ensemble pour le plus grand
bien et pour l'avancement du tout. Il en résulte des
tragédies pour certaines composantes et des crises
économiques générales et périodiques et des
guerres, où c'est le peuple qui
paie pour l'anarchie et la violence.
La classe ouvrière est la seule force sociale
capable de renforcer les différentes composantes de
l'économie et leurs rapports entre elles et avec le tout, pour
le plus grand bien. La classe ouvrière peut alors mobiliser la
force collective de l'économie socialisée moderne pour
voir à la sécurité, au respect des droits et au
bien-être de tous. Le
problème d'établir un contrôle sur les questions
qui nous affectent est abordé en s'organisant pour priver ces
forces sociales de leur pouvoir de priver le peuple de son droit de
contrôler sa vie et son travail. La classe ouvrière est la
force sociale qui peut créer les formes et les rapports
nécessaires pour que les individus et leurs collectifs puissent
acquérir un contrôle par le pouvoir de priver
l'élite impérialiste dominante de son pouvoir de priver.
C'est à cette tâche que nous avons
été confrontés à US Steel Canada. Les
travailleurs de l'ancienne aciérie Stelco se battent pour un
contrôle sur leur vie et leur travail et pour contribuer à
la même cause pour tous.
Les métallos actifs et à la retraite de
Hamilton et de Sault-Sainte-Marie sont engagés dans des
batailles pour défendre leur vie et leur travail. Les monopoles
mondiaux de l'oligarchie financière ont lancé des
offensives en succession contre les emplois et la
sécurité avec la pleine complicité des
gouvernements de l'Ontario et du Canada.
Les collectifs de travailleurs, leurs syndicats des
métallos et leurs associations de retraités, se battent
pour se donner un certain contrôle sur la situation et pour
priver l'élite dominante de son pouvoir de les priver de leurs
droits. En ce moment l'élite dominante utilise la Cour
supérieure de l'Ontario et la Loi sur les arrangements avec
les
créanciers des compagnies (LACC) pour attaquer les
métallos et les retraités aux usines de Hamilton,
Nanticoke et Sault-Sainte-Marie.
Nous avons récemment célébré
le 70e anniversaire de la fondation de notre syndicat juste avant
la grande grève de 1946. La salle était remplie. Un
des invités du bureau chef a demandé comment nous
faisions pour avoir tant de travailleurs à nos soirées et
nos assemblées. Nous maintenons les liens avec les simples
travailleurs, les
retraités et leurs familles parce qu'ils sont une partie
intégrale de notre processus décisionnel. Il y avait une
jeune femme de 19 ans à la soirée. Elle a dit que
son grand-père et sa grand-mère ont travaillé
à Stelco et se sont battus pour le syndicat, pour les pensions
et les avantages sociaux. Elle nous a souhaité la
réussite dans notre bataille et
dit qu'elle veut rester informée de ce qui se passe. C'est un
bon exemple de l'expérience que nous avons avec les jeunes. Ils
viennent nous voir et nous disent : voici ce que nous faisons et
nous avons besoin de votre appui. Nous pouvons les aider. Notre
expérience nous montre que les jeunes veulent de bons emplois
d'usine et une vie stable.
Nos objectifs et notre culture les attirent parce que nous sommes
sérieux à propos de ce dont ils ont besoin dans la vie.
Avec l'aide de Voice of Steel Publications, nous avons
publié pour l'occasion une édition spéciale de
notre journal Information Update , qui a reçu un
très bon accueil. Nous avons demandé à nos membres
et supporters d'aller le distribuer régulièrement en
ville et de parler avec les gens. Nous le faisons sans relâche
depuis 15
ans. Le journal permet aux gens de voir la manipulation par
l'élite dominante en montrant que les travailleurs dans
l'opposition ont des arguments convaincants pour appuyer leur cause.
Nous avons aussi une façon assez spéciale de
prédire ce que va faire la compagnie grâce à la
capacité d'analyse que nous avons acquise du Parti
marxiste-léniniste.
Nous ne nous satisfaisons pas de répéter les dogmes de
l'élite financière et de ses experts. Au contraire, notre
point de départ est d'avoir notre politique indépendante
basée sur nos considérations sur différents
sujets. Nous savons d'expérience que si nous voulons que notre
consentement vaille quelque chose, notre refus doit aussi valoir
quelque
chose.
Non doit être non pour que le Oui vaille quelque chose.
La mondialisation a causé beaucoup de
problèmes pour les travailleurs et a abaissé leur niveau
de vie. Elle a foulé aux pieds leurs droits et nous savons
très
bien que si c'est le cas pour les travailleurs syndiqués, la
situation des non-syndiqués est encore pire. Quand nous disons
que notre sécurité est dans la lutte pour les droits de
tous et toutes, c'est
parce que nous sommes convaincus que c'est le cas. Les gens en ont
assez. L'élite dominante est allée trop loin avec ses
méthodes pour faire fortune sur le dos des travailleurs et se
sauver des crises qu'elle a elle-même provoquées. Si nous
définissons le succès que nous voulons réaliser et
que nous nous organisons en conséquence, nous pouvons
faire avancer les choses.
Avant que US Steel se range sous la protection de
faillite, les directeurs nous ont demandé de faire des
concessions volontairement, comme accepter l'abolition des «
Autres avantages postérieurs à l'emploi » pour
les retraités et l'établissement d'un système de
pension à deux paliers. Nous avons évidemment
refusé. Nous les métallos ne
sommes pas intéressés à retourner en
arrière. Nous n'avons pas établi la section
locale 1005 pour rendre la vie plus difficile pour nos
métallos jeunes et vieux.
Un peu avant la procédure de faillite, les
avocats de la compagnie ont dit à notre syndicat que si nous
n'acceptions pas de faire les concessions demandées, la
compagnie obtiendrait encore plus de la protection de faillite. US
Steel a alors entrepris de créer un problème pour
convaincre le juge d'approuver la protection de faillite. Les tribunaux
ont ensuite commencé à nous taper dessus. Ils nous ont
enlevé nos Autres avantages postérieurs à l'emploi
en octobre 2015.
Le gouvernement provincial est alors intervenu mais au
lieu d'obliger la compagnie à respecter ses obligations, il a
offert de verser lui-même des prestations aux retraités
à même un fonds de transition. Ces prestations
étaient nettement insuffisantes, mais cela a permis à la
compagnie de se soustraire à ses responsabilités, de
priver les retraités
des avantages auxquels ils ont droit, pour lesquels ils ont
contribué toute leur vie.
Les métallos échangent leur
capacité de travail durant leur vie active pas seulement pour
des salaires, mais aussi pour des pensions et des avantages sociaux
garantis pour la retraite. US Steel refuse de faire sa part dans cet
échange, ce qui remet en question tout le régime dans
lequel les travailleurs échangent leur capacité de
travail pour la
sécurité, en particulier la sécurité
à la retraite, lorsqu'ils ne sont plus capables de travailler.
Si les compagnies ne vont pas respecter leurs engagements à cet
égard, alors il faut évidemment établir un rapport
différent. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés,
sans aucun contrôle sur ce qui nous arrive, et regarder tout le
système s'écrouler et
perdre toute légitimité. Nous devons agir pour nous
défendre et faire valoir leurs droits.
Cette bataille pour nos droits et pour les avantages
sociaux à la retraite se fait publiquement. La compagnie utilise
le fonds de transition du gouvernement provincial pour dire à
tout le monde que les métallos sont gâtés, qu'ils
veulent un traitement de faveur que la plupart des autres travailleurs
n'ont pas à la retraite, alors pourquoi utiliserait-on
les fonds publics pour payer leurs prestations.
Un journal de Hamilton a récemment publié
une lettre à la rédaction qui reprochait aux
métallos de demander le rétablissement de leurs avantages
postérieurs à l'emploi. Cela a beaucoup fait jaser parmi
nos membres et nos retraités. Ils ont surtout reproché au
gouvernement et à la compagnie de
délibérément créer de la confusion.
Beaucoup
ont soulevé que les prestations nous ont été
promises en paiement de notre temps de travail. Nous les refuser
aujourd'hui n'est rien de moins qu'un vol ou un bris de contrat. Nous
avons fait notre part en travaillant et maintenant la compagnie et le
gouvernement refusent de respecter leur partie de l'engagement.
N'est-ce pas un vol, un bris de
confiance, une fraude ? Comment notre situation est-elle
différente aujourd'hui sinon que nos retraités ont
vraiment besoin des prestations promises et que la compagnie a fait
beaucoup d'argent avec notre travail, bien plus que ce qu'elle nous
verse en salaire et prestations. Elle pourrait aussi continuer de tirer
de la valeur du travail des
métallos actifs si elle voulait opérer les usines comme
il faut et résoudre les problèmes de l'industrie de
l'acier au Canada.
Nos membres nous disent que si nous renonçons
à nos prestations sans nous battre tout juste parce que la
plupart des travailleurs canadiens n'ont pas les mêmes avantages
que nous, la classe ouvrière n'avancera jamais comme
collectif. Nous voulons la sécurité à la retraite
pour tous, pas seulement pour nous-mêmes. Nous devrions nous unir
pour élever le niveau de tout le monde, pas rabaisser celui des
autres. Lorsqu'une section de la classe ouvrière est
attaquée et affaiblie par les concessions, cela
représente un poids pour l'ensemble. Nous sommes dans le
même bateau. Unissons nos efforts pour nos droits, pour les
droits de tous. Lorsqu'une section des travailleurs se bat pour ses
droits, cela porte la bataille sur le domaine public et nous pouvons
avancer tous ensemble. C'est ainsi que nous avons obtenu les services
de santé publics pour tous. La grève des métallos
en 1946 a fait une contribution à cette bataille pour les
services publics. Imaginez si nous avions abandonné parce
quelqu'un disait que les métallos veulent
seulement des meilleurs salaires et des meilleures conditions de
travail pour eux-mêmes alors que la plupart des Canadiens
revenaient de la guerre et n'avaient même pas de travail.
Les plaintes infantiles à propos des
métallos ont aussi pour effet de détourner l'attention du
fait que le gouvernement va payer lui-même nos prestations parce
que nous avons exigé qu'il rende des comptes pour son refus
d'intervenir contre la compagnie. Les gouvernements du Canada et de
l'Ontario ont « ouvert le Canada aux affaires »,
comme ils disent. Ils ont promis la prospérité aux
grandes entreprises et leur ont donné tout ce qu'elles
voulaient, alors ces compagnies doivent payer pour les
conséquences de leurs décisions quand cela touche le
Canada. Pourquoi devrions-nous nous sentir coupables quand nous
demandons qu'elles respectent leurs engagements ?
Gary Howe, le président actuel de la section
locale 1005, nous a informés que le syndicat va faire
enquête auprès des retraités et faire part des
graves problèmes que le retrait des prestations leur a
causés. Il se peut même qu'il y ait des cas de
mortalité. Il y a 260 retraités qui vivent
maintenant à l'extérieur de l'Ontario et ne sont
pas admissibles aux prestations provenant du fonds de transition du
gouvernement provincial. Beaucoup d'entre eux et leurs conjoints
peuvent mourir s'ils n'ont pas les services prévus, tout comme
de nombreux autres retraités canadiens qui se retrouvent dans la
même situation.
Beaucoup de métallos ont dénoncé
le gouvernement de l'Ontario pour son refus d'exiger des comptes de US
Steel et du juge du tribunal de faillite. US Steel et quiconque
achètera l'usine doivent être tenus de respecter leurs
obligations. Si le gouvernement absorbe la dépense en utilisant
le fonds de transition, cela veut dire que US Steel s'en
sauve sans respecter ses obligations. En capitulant à US Steel,
le gouvernement incite ces gens qui écrivent dans les journaux
pour se plaindre que les métallos sont choyés et qui
divisent la classe ouvrière au lieu de l'unir à la
défense des droits de tous. En intervenant avec des fonds
publics sans obliger US Steel à respecter ses engagements, le
gouvernement sape notre argument. Ce n'est pas le gouvernement qui est
censé payer. Nous avons tout à fait le droit de
réclamer une partie de la valeur présentement
créée à l'usine. Cela fait partie de l'entente que
nous avons conclue. Tout le monde devrait savoir que les travailleurs
canadiens vivent des situations difficiles à cause des
comportements des monopoles et de la complicité des
gouvernements, avec leurs arguments à l'effet qu'ils ont besoin
de flexibilité et d'autres balivernes pour escroquer les
travailleurs. Ces compagnies et les gouvernements à leur service
doivent être tenus responsables pour le non-respect des ententes
avec les travailleurs et avec les Canadiens en
général.
Un dernier point que je voudrais faire est que cette
mondialisation était censée élever le niveau de
vie de tous les travailleurs du monde mais les travailleurs font
remarquer qu'il n'est même plus possible d'acheter des clous
fabriqués par Stelco. Tout est importé. La production de
qualité est devenue une chose du passé et cela veut dire
que de
moins en moins de valeur est créée. Cela a un impact sur
l'économie. Il n'y a pas de raison que le Canada ne produise pas
son propre acier, il ne fait que se soumettre aux désirs et aux
intérêts privés de certains monopoles
étrangers comme US Steel qui disent pouvoir faire plus d'argent
en produisant l'acier à l'extérieur du Canada ou que les
compagnies manufacturières qui emploient de l'acier dans leur
production préfèrent importer l'acier à bon
marché. La situation est devenue tellement ridicule qu'on
pourrait en rire si ce n'était que cette mondialisation est
utilisée comme argument pour saper la lutte des métallos
pour leurs droits.
Par exemple, US Steel a une usine en
copropriété avec POSCO à Pittsburg, un monopole de
l'acier contrôlé par des intérêts
sud-coréens. Les tarifs que les États-Unis ont
récemment imposés à l'importation de l'acier
provenant de la Corée font en sorte qu'il est impossible de
faire venir le type d'acier que l'usine de Pittsburg utilise
habituellement. Les directeurs sud-coréens de l'usine de
Pittsburg disent que les tarifs vont finir par tuer la production
tandis que les directeurs américains (ceux de US Steel) disent
que les tarifs sont nécessaires pour sauver des emplois. Les
deux partenaires de l'usine se livrent une guerre dans les
médias et tous les coups sont permis. Aucun des
problèmes de l'industrie de l'acier ne sera résolu au
bout du compte parce que chaque groupe ne fait que défendre ses
intérêts privés aux dépens de l'autre et aux
dépens de l'industrie dans son ensemble. Ce n'est qu'un exemple
de comment les monopoles mondiaux contrôlent l'économie de
presque tous les pays du monde tandis que les métallos
canadiens, les métallos américains et les métallos
d'autres pays n'ont aucun contrôle sur leur vie et leurs
conditions et sont censés attendre voir quel groupe l'emportera.
Quoi qu'il arrive, ce sont les travailleurs qui vont payer. Aucun
progrès ne sera fait dans l'établissement d'une
économie stable qui suffit à ses besoins, il n'y aura que
ce gâchis
que créent les monopoles rivaux qui sont en train de transformer
le monde en un champ de guerre.
Il faut un changement radical pour que le Canada et les
États-Unis progressent dans le XXIe siècle, pour la
prospérité et un avenir assuré, pour que les
travailleurs puissent contrôler leur vie et leur travail.
Le 6 juillet, lorsque le gouvernement
libéral a publié les guides pour les discussion sur la
réforme du système électoral, il a saturé
les ondes avec des phrases comme « c'est votre démocratie
et votre gouvernement » et des dogmes comme « le
Canada a une démocratie forte qui a des racines
profondes » et « la réforme
électorale fait partie du programme de renforcement de la
démocratie du gouvernement ».
Cette campagne est lancée à l'heure
où les Canadiens ont besoin d'exercer un contrôle sur les
décisions qui sont prises et qui les affectent. Cela comprend
les décisions sur la direction de l'économie et les
questions relatives aux salaires, avantages sociaux, pensions et
conditions de travail. Cela comprend aussi les problèmes de la
guerre et de
la paix. Avec le programme libéral nous allons passer d'une
situation inacceptable où les citoyens sont réduits au
rôle de voter tous les quatre ans à une situation
où ils n'exercent aucun contrôle quel qu'il soit sur les
décisions qui leur sont imposées par les élites au
pouvoir. Il le fait avec des arguments aussi pathétiques que
celui-ci : « Le
système électoral va bien au-delà du simple
dépôt des votes et de leur dépouillement — il offre
aux Canadiens un moyen d'influer sur leur avenir, de confirmer leur
consentement à être gouvernés, et de tenir leurs
représentants responsables. »
C'est précisément ce que ne permet pas le
processus politique actuel et les nouvelles méthodes de
consultation des libéraux ne vont rien changer. Il est temps que
nous nous appuyions sur nos propres discussions et efforts pour
créer le genre de renouveau démocratique dont le Canada a
besoin aujourd'hui.
Le but du programme de réforme électorale
du gouvernement est d'empêcher toute discussion. Tous les partis
politiques dits « majeurs » représentés
au parlement réduisent le rôle des êtres humains
à celui de simple magasinage en ligne, à choisir une des
options prédéterminées qui ne les servent pas. Au
lieu de les laisser nous
marginaliser de cette façon, nous pouvons faire une vraie
différence en formulant nos propres options et opinions sur ces
questions dans nos endroits de travail, nos institutions
d'enseignement, nos quartiers et les lieux de congrégation des
personnes âgées.
La négation des droits des travailleurs par le
gouvernement Trudeau
- Pierre Chénier -
Voici le texte de la
présentation faite par Pierre Chénier au Séminaire
sur la situation nationale et internationale organisée à
Ottawa le 14 août par le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste). Pierre est le secrétaire du Centre
ouvrier du Parti. Pour contacter le Centre ouvrier écrire
à centreouvrier@cpcml.ca
* * *
Il est important de traiter de la question de la
définition des droits des travailleurs que donne le gouvernement
Trudeau pour désinformer le mouvement ouvrier. On sait que le
gouvernement Harper avait une approche confrontationnelle face au
mouvement ouvrier et les syndicats, qu'il déclarait les luttes
des travailleurs et les syndicats
ennemis de l'intérêt national que lui seul
représentait -- au service des monopoles mondiaux les plus
puissants au sein du système impérialiste mondial
d'États mené par les États-Unis.
Le gouvernement Trudeau prend bien soin
d'établir qu'il n'a pas une approche confrontationnelle avec les
travailleurs et les syndicats et qu'il veut être leur
partenaire et les inclure dans la quête des monopoles les plus
puissants qui veulent être concurrentiels sur les
marchés mondiaux. Son approche soi-disant non confrontationnelle
avec les
travailleurs et les syndicats est censée reposer sur sa
propension au dialogue, au consensus social et à l'inclusion,
mais pas sur les droits qui reviennent objectivement aux travailleurs
en tant que producteurs de la richesse sociale. En fait, «
inclusion », «dialogue » et consensus font
partie des paramètres de l'offensive antisociale
néolibérale que sont, dans le langage du gouvernement
Trudeau, le « maximum de flexibilité », «
la mobilité du travail », la subordination au «
marché du travail », etc.
On vient juste d'en avoir un exemple avec la
présentation du mandat du Groupe de travail et du Comité
spécial chargé d'examiner le service postal et de faire
des recommandations au gouvernement. Alors qu'aux dernières
élections fédérales, Trudeau s'était
engagé à « préserver la livraison du
courrier à domicile » et avait promis, lors
d'un point de presse avec le maire de Montréal Denis Coderre, de
« restaurer la livraison du courrier à
domicile », cet engagement est maintenant
considéré comme une de « toutes les options sur la
table » qui doit être mesurée au coût que
cela entraîne pour le service. Autrement dit, la question de
maintenir la livraison du courrier à
domicile va servir d'occasion pour exiger des concessions aux
travailleurs ou démanteler davantage les services au nom de
ne pas imposer de règles rigides à la
Société des postes.
Examinons un peu quelques exemples où sont
utilisés les concepts de « flexibilité
maximum » , de « mobilité du
travail » et de subordination au marché du travail
présentés par le gouvernement Trudeau et le sens qu'il
leur donne.
L'exemple de l'assurance-emploi
Dans sa Lettre de mandat à la ministre de
l'Emploi, du Développement de la main-d'oeuvre et du Travail,
Justin Trudeau traite de la question du régime de
l'assurance-emploi.
Il écrit : « Plus
particulièrement, je m'attends à ce que vous travailliez
avec vos collègues et dans le respect des lois,
règlements et processus du Cabinet établis pour mener
à bien vos grandes priorités :
« Améliorer notre régime
d'assurance-emploi
afin de mieux l'harmoniser aux réalités du marché
du travail d'aujourd'hui et de façon à ce qu'il serve les
travailleurs et les employeurs. »
Trudeau n'explique pas ce qu'il veut dire par «
mieux l'harmoniser aux réalités du marché du
travail d'aujourd'hui ». Cependant l'Institut CD Howe est
plus précis à ce sujet. On se souviendra que le ministre
des Finances de Justin Trudeau, Bill Morneau, a été le
président de l'Institut CD Howe de 2010
à 2014.
En 2011, deux chercheurs de l'Institut, Colin
Busby et David Gray, ont publié un document appelé
« Employment Insurance Quilt : The Case for Restoring
Equity » (Le système trop complexe de
l'assurance-emploi : le besoin de rétablir
l'équité)
On sait que l'équité ou la
réduction des inégalités est un thème
central du gouvernement Trudeau.
Voici certaines des choses qu'on lit dans ce
document :
« Dans le régime actuel de
l'assurance-emploi (AE), les prestations de longue durée de l'AE
sont plus aisément accessibles dans les régions à
haut taux de chômage que dans les régions à taux de
chômage bas dans lesquelles les travailleurs font face à
des restrictions plus sévères pour l'obtention de
prestations de plus courte durée.
« Ce filtrage complexe, conçu pour une
meilleure adaptation aux diverses circonstances que vivent les
chômeurs à l'échelle du pays, crée des
conséquences indésirables, la plus frappante étant
des poches de chômage élevé et
chronique. »
On voit que Trudeau blâme le régime de
l'assurance-emploi lui-même pour les problèmes liés
à l'emploi. Les auteurs poursuivent :
« De l'avis de l'auteur, le régime de
l'AE, au lieu de fournir un accès clair et équitable
à tous les travailleurs canadiens, supporte la
préservation de marchés du travail régionaux qui
sont dominés par l'emploi saisonnier. Cela, à un tel
point, que les critères régionaux à
l'entrée contribuent à de hauts taux de chômage
persistants dans quelques
régions du pays, ce qui entrave la convergence des salaires, des
prix et des taux de chômage à l'échelle du pays.
« En somme, le régime de l'AE mine les
avantages économiques que procure la mobilité du travail
en fait de meilleurs salaires et de travail plus attrayant, nuit
à la réallocation des travailleurs parmi les secteurs et
les régions géographiques et à une convergence
régionale en fait de salaires, de prix et de taux de
chômage. Les réformes du
régime devraient mettre l'accent sur l'élimination des
barrières à la mobilité en créant un
critère d'entrée national uniforme et des durées
de prestations uniformes.
« En fait, les travailleurs mis à pied
dans les régions à bas taux de chômage
éprouvent de plus grandes difficultés à être
éligibles que les travailleurs vivant des situations semblables
dans les régions à haut taux de chômage. Cette
politique qui repose sur la géographie constitue un incitatif
contre la mobilité, et renforce des modèles de haut taux
de chômage persistant et de dépendance parmi les groupes
de travailleurs saisonniers qui par nature sont inactifs la plus grande
partie de l'année. Le résultat est qu'en période
de demande accrue pour les produits de base, les pénuries de
travail vont probablement se produire dans l'ouest du pays.
« Un marché du travail national qui
fonctionne bien requiert des politiques qui facilitent et au moins ne
découragent pas la mobilité sur le marché du
travail. Le régime actuel de l'AE fonctionne plus comme un
programme de niveau provincial ou sous-provincial par les variantes
dans l'accès et les prestations. Conséquemment, une autre
bonne
raison d'éliminer les critères variables à
l'entrée et les durées variables de prestations c'est
qu'ils entravent la réalisation des objectifs propres à
un programme national et mènent de façon inattendue
à des poches persistantes de chômage élevé.
Essentiellement, le marché canadien du travail, par les
contributions de l'AE, redistribue les revenus vers
les économies et les industries saisonnières.
« De plus, le programme de l'AE ne devrait pas
soutenir la préservation des marchés du travail ruraux
où domine l'emploi qui dure une partie de l'année
seulement. »
Ce document ne va pas plus loin en fait de mesures qui
pourraient être mises en oeuvre pour soi-disant mieux harmoniser
le régime de l'assurance-emploi avec le marché du travail
et éviter de donner des prestations qui encouragent les
régions à taux de chômage et les chômeurs qui
s'y trouvent à rester chez eux.
En février 2016, l'Institut C.D Howe a
publié un autre document qui nous donne une meilleure
idée de ce qui pourrait s'en venir. Ce document s'intitule
« National Priorities 2016 - Job One is Jobs : Workers
Need Better » ( Priorités nationales 2016 - Il
faut fournir des emplois : les travailleurs méritent
mieux) et est signé par Craig Alexander.
On y lit :
« Les critères d'éligibilité
établis régionalement devraient être
remplacés par des critères à l'entrée
nationaux uniformes et des durées de prestations uniformes. Si
on juge que des différences régionales sont
désirables, le gouvernement fédéral devrait
remettre cette responsabilité aux provinces pour qu'elles
compensent le manque à gagner (Busbay et Gray).
« Les réformes des autres programmes de
soutien au revenu, dont l'aide sociale et l'aide aux personnes
handicapées, peuvent aider les gens qui ne sont pas couverts par
l'AE à revenir sur le marché du travail. Avec la
montée du chômage à long terme, un plus grand
nombre de travailleurs déplacés épuisent leurs
prestations d'assurance-emploi.
Il y a aussi une augmentation inquiétante du nombre de gens qui
reçoivent de l'aide aux personnes handicapées du
gouvernement, ce qui veut dire que la probabilité qu'ils vont
revenir sur le marché du travail
est faible.
« Si l'âge moyen plus élevé de
la population est un facteur d'augmentation du nombre de personnes
handicapées, les enquêtes de Statistique Canada montrent
que l'âge explique seulement en partie cette augmentation. Parmi
la gamme des programmes d'aide ( depuis les prestations de l'AE pour
maladie jusqu'aux paiements du RPC pour
invalidité), on observe un déplacement vers de plus
grandes dépenses en aide sociale reliée à
l'invalidité ( surtout en Ontario et les provinces de l'ouest
sauf la Saskatchewan). Autrement dit, le handicap remplace de plus en
plus ce qui était autrefois du ressort de l'aide sociale. Compte
tenu du vieillissement de la population et de la perspective
d'une croissante plus lente de la main-d'oeuvre, l'aide sociale et
l'aide aux personnes handicapées devraient viser à
fournir un revenu approprié aux gens dans le besoin tout en
étant organisées de manière à aider les
individus à réintégrer les marchés du
travail.
Qu'est-ce qu'on peut tirer de cela ?
Au point de vue idéologique, que le gouvernement
Trudeau est peut-être en train de préparer une
réforme majeure de l'assurance-emploi basée sur les
prémisses suivantes :
- que le programme actuel de l'assurance-emploi
maintient dans le chômage chronique les régions du pays
où les industries saisonnières sont dominantes et
maintient artificiellement les chômeurs sur le régime de
l'assurance-emploi qui pourraient accepter d'aller travailler partout
ailleurs au pays si le régime était encore plus
sévère à leur
endroit ;
- que les chômeurs sont divisés en deux
camps opposés., les travailleurs saisonniers versus les
travailleurs non saisonniers ;
- que bon nombre de travailleurs, surtout les
travailleurs saisonniers, restent toujours dans leur région et
leur secteur et n'appartiennent donc pas vraiment au régime de
l'assurance-emploi et au « marché du travail »
car ils font partie d'un marché protégé et ne sont
pas mobiles. L'Institut suggère que ce serait mieux de les
transférer à des
programmes d'aide sociale parce qu'ils ne participent pas à la
mobilité du travail. On est à même de voir qu'un
aspect essentiel du concept d'équité du gouvernement
Trudeau c'est de dresser les travailleurs les uns contre les autres
afin de détruire encore davantage leurs conditions de vie et de
travail.
La désinformation au sujet de la
flexibilité maximum appliquée
à la question des pensions
Le gouvernement Trudeau a la même approche en ce
qui concerne les régimes de retraite. Avant de devenir ministre
des Finances, Bill Morneau a été président du
groupe Morneau Sheppell qui est spécialisé entre autres
dans la santé et les assurances collectives, dont la gestion des
absences et de l'invalidité au nom des grands employeurs et
dans l'administration et les services-conseils en ce qui concerne la
retraite et les régimes de retraite.
Sur cette question également, la question du
maximum de flexibilité est soulevée de manière
purement pragmatique. La destruction des régimes de retraite est
considérée comme un fait accompli et le rôle d'une
agence comme Morneau Sheppell est de prendre cette destruction comme
point de départ et de proposer et d'administrer des
régimes
très inférieurs, sans sécurité pour les
travailleurs.
Voici comment Morneau, en tant que président de
Morneau Sheppell, s'exprimait sur la chose lors d'une conférence
nationale sur les régimes de retraite en 2013. Il parlait
de la disparition des régimes de retraite à prestations
déterminées, surtout dans le secteur privé, et des
solutions à ce problème :
« Tout d'abord, le 'Canadien moyen' n'a pas de
fonds de pension à prestations déterminées. Dans
le secteur privé, seulement un travailleur sur 10 a un
fonds de pension à prestations déterminées. Si
vous ajoutez à cela qu'environ 80 % des travailleurs
du secteur public ont des régimes à prestations
déterminées, alors ce sont
environ 30 % des Canadiens qui font partie de ces chanceux.
Autrement dit, les deux tiers des Canadiens n'ont pas de régime
de retraite à prestations déterminées.
« La chose la plus importante à saisir est
que selon nous cette tendance est fort probablement
irréversible. Notre entreprise a des milliers de clients
à travers le Canada. Ce serait difficile pour moi de nommer
même un seul nouveau régime de retraite à
prestations déterminées parmi notre clientèle (
sauf dans des cas de fusions ou de grande
restructuration) ayant vu le jour depuis 10 ans. En fait, nous
avons fait une analyse du nombre estimé de régimes
à prestations déterminées qui vont exister dans
les dix prochaines années. Cela n'augure rien de bon.
« Nous pensons, avec une probabilité
d'environ 85 %, que le nombre de régimes de retraite
à prestations déterminées d'ici 10 ans va
avoir baissé d'entre 18 à 70 % et que
presque toute cette baisse va provenir des régimes du secteur
privé.
« Je n'hésiterais pas à dire que
les régimes à prestations déterminées, dans
leur format actuel dans le secteur privé, sont des
régimes en voie d'extinction.
« Nous pouvons espérer que cela ne se
produise pas. Mais l'espoir et la stratégie sont deux choses
différentes.
« Alors, que va faire le gouvernement ?
« Je crois que les gouvernements vont aborder ce
'problème' potentiel de la sécurité du revenu
à la retraite en encourageant les Canadiens à
épargner davantage.
« Une augmentation modeste et/ou l'introduction
d'un Régime de pension agréé collectif (RPAC)
doté d'une option par défaut d'enrôlement des
participants au régime dans un nouveau régime
d'épargnes semblent être les solutions les plus probables.
« Qu'en sera-t-il alors des régimes
à prestations déterminées ?
« C'est une question qui va s'appliquer
uniquement au secteur public.
« Est-ce que quelqu'un va croire que le Canadien
ordinaire, qui n'a pas de fonds de pension à prestations
déterminées, et qui a la capacité
d'épargner suffisamment en vue de sa retraite, va accepter de
continuer de financer les pensions des employés du secteur
public à un niveau que lui-même ne pourra jamais atteindre
même en rêve ?
« Même l'employé qui commence
à travailler dans le secteur public et qui peut s'attendre
à occuper plusieurs emplois dans sa vie, ne va pas
bénéficier d'un régime de retraite à
prestations déterminées.
« Donc, la partie qui se joue oppose les
employés plus âgés du secteur public et tous les
autres travailleurs.
« Pas très rose comme perspective.
« Voici ce qui va se passer selon moi.
« Deux choix s'offrent à nous.
« Choix numéro un. Nous pouvons continuer
d'essayer de financer des régimes de retraite rigides pour le
secteur public, causer des dizaines d'années de conflits de
travail, réduire les prestations des employés participant
à des régimes à prestations
déterminées et créer une discorde secteur
privé versus secteur public et une discorde
inter-générationnelle.
« Ou alors - choix numéro deux.
« Nous pouvons apporter de la flexibilité
dans les régimes à prestations déterminées,
prendre en considération des régimes comme les
régimes à prestations-cibles ou des régimes
à risques partagés pour que les risques soient
partagés dans les cas de rendements plus bas ou de gains en
longévité inattendus. »
Une fois de plus, le concept d'équité est
utilisé de la façon la plus pragmatique qui soit, pour
que toute possibilité d'une alternative à l'offensive
antisociale soit niée ( dans ce cas-ci, une alternative à
la destruction des pensions), et pour que les travailleurs soient
dressés les uns contre les autres et que les conditions de
travail de tous soient
saccagées encore plus.
On peut voir une fois de plus que l'argument de la
flexibilité maximum, de l'absence de règles rigides,
vise, idéologiquement, à paralyser et désinformer
le mouvement ouvrier, à l'effet qu'il ne peut pas y avoir de
droits en ce qui concerne la classe ouvrière, que la
défense des droits veut dire conflit parmi les travailleurs,
manquement à l'inéquité, et que les
paramètres de l'offensive néolibérale antisociale
sont le seul cadre dans lequel les travailleurs peuvent agir,
plutôt que de défendre les principes et les droits et
d'organiser sur cette base.
En plus, non seulement les droits des travailleurs
n'existent pas, mais les luttes des travailleurs à la
défense de leurs droits et contre la destruction nationale sont
considérés comme étant «
rigides », « inflexibles », ce qui fait des
actions des travailleurs quelque chose de nuisible pour
l'économie.
Cela n'est pas très connu, mais c'est le groupe
Morneau Sheppel et Morneau lui-même qui ont été
impliqués dans le démantèlement des régimes
de retraite des employés du secteur public au Nouveau-Brunswick.
Ils ont servi de service-conseil pour remplacer les régimes
à prestations déterminées par un régime dit
à prestations-cibles qui est
appelé régime à risques partagés.
L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada et le
Syndicat canadien de la fonction publique ( section Nouveau-Brunswick)
ont intenté une action en justice contre le gouvernement du
Nouveau-Brunswick pour ses attaques contre les pensions des
travailleurs. Il s'agit d'une contestation constitutionnelle
où l'IPFPC et le SCFP font valoir que la loi 11, qui a mis
en oeuvre le régime à risques partagés est
inconstitutionnelle parce qu'elle contrevient à la
section 2d de la Constitution en interdisant la négociation
collective libre et équitable sur une question importante
relative à l'emploi (les pensions). L'action en justice vise
à faire abroger
la loi 11 et, alternativement, à abroger les clauses de la Loi
sur
les
relations
de
travail
dans
le service public au
Nouveau-Brunswick qui interdisent la négociation sur la question
des pensions.
Voici comment le président de la section du
Nouveau-Brunswick du SCFP Daniel Légère a décrit
ce régime de retraite à risques dits
partagés :
« Bien que ce régime de retraite soit
appelé à « risques partagés »,
cela ne veut pas dire que le risque est réellement
partagé entre les employeurs et les travailleurs. Les documents
qui décrivent le régime révèlent que ce
sont les membres actifs et retraités du régime qui vont
prendre tous les risques que comporte ce régime. Par contre les
employeurs sont presque entièrement protégés des
risques.
« Si un régime à risques
partagés est sous-financé, le seul risque que les
employeurs peuvent assumer est une augmentation très modeste, et
plafonnée en plus, de leur taux de contribution. Les membres du
régime assument ce même risque à cet égard.
« Par contre, toute pression additionnelle sur le
financement du plan est assumée par une réduction
automatique et non plafonnée des prestations, et cela comprend
la suspension potentielle des ajustements au coût de la vie pour
les retraités et même des réductions dans la
prestation de base.
« On peut donc difficilement parler d'un
régime qui partage les coûts. Les employeurs font face au
seul risque de voir leur taux de contribution augmenter quelque peu.
Les membres du plan assument le même risque mais ils sont les
seuls à pouvoir subir le risque sérieux et non
limité de recevoir des prestations très
inférieures. Le régime
traditionnel à prestations déterminées vient de
voler complètement en éclats... De plus, alors que les
employeurs dans le passé tenaient des comptes du passif de leur
régime de retraite dans leur régime à prestations
déterminées, ils ne vont plus le comptabiliser avec le
modèle à risques partagés et plusieurs pourraient
même l'effacer en se
convertissant au régime à risques partagés.
« Le gouvernement n'a cessé de rendre cet
aspect crucial obscur. Dans son empressement à vendre un
régime de pensions aux membres du plan, il a dit que la
conversion allait rendre leur régime plus 'sécuritaire'
et que le régime à risques partagés offre une
'protection beaucoup plus forte'.
« Le gouvernement n'a rien fait pour corriger
cette affirmation à l'effet que le modèle à
risques
partagés garantirait la rente de base et que seuls les
ajustements au coût de la vie sont conditionnels et que les
déficits sont partagés également entre les
travailleurs et les employeurs. En fait, les prestations ne sont pas
garanties, point à la ligne (
même pas la rente de base) et le risque est assumé
essentiellement par les travailleurs.
« On n'a pas affaire ici à un changement
modéré mais à l'abandon pur et simple du
modèle à prestations
déterminées. »
Lorsque le gouvernement Trudeau parle de
flexibilité maximum et de mobilité maximum du travail, il
veut dire que rien ne doit venir entraver la course à la
domination et pour être numéro un sur les marchés
mondiaux à laquelle se livrent les monopoles mondiaux de la
sphère d'influence du système impérialiste
d'États mené par les États-Unis. Rien ne devrait
entraver cela, aucune loi, aucune réglementation qui entrave la
construction d'empire de ces monopoles et les traités
néolibéraux de libre-échange comme le Parternariat
transpacifique ou l'accord de libré-échange avec l'Union
européenne. La mobilité maximum du travail est un
élément essentiel de cette flexibilité maximum, et
les règles qui lient encore les travailleurs à un secteur
de l'économie ou à une région doivent être
abolies comme des obstacles à la croissance de l'économie.
La lutte des travailleurs à la défense de
leurs droits et pour une nouvelle direction prosociale de
l'économie est d'emblée déclarée rigide et
dogmatique, alors qu'en fait, pour les travailleurs, la défense
des principes, des normes et des droits est un guide à l'action
afin d'intervenir de façon pratique pour changer la situation
d'une façon qui est
favorable au peuple et à la société et ainsi
régler les problèmes auxquels la société
fait face.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|