Numéro 114 - 29 août 2016
Dénonçons
l'intransigeance de Postes Canada!
Défendons le droit des
travailleurs
des postes de décider de leurs
conditions de travail!
- Louis Lang -
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Dénonçons
l'intransigeance
de
Postes
Canada!
• Défendons le droit des travailleurs
des postes de décider de leurs conditions de
travail! - Louis Lang
• «Toutes les options possibles»
pour le service postal: la duplicité du gouvernement Trudeau
- Pierre Chénier
Dénonçons l'intransigeance
de Postes Canada!
Défendons le droit des travailleurs des postes
de décider de leurs conditions de travail!
- Louis Lang -
Le jeudi 25 août, le Syndicat des
travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a reporté une
conférence de presse et, suite à une réunion d'une
journée de son Conseil exécutif national, a
annoncé qu'il émettait un préavis de grève
de 72 heures. On lit dans un bulletin du STTP : «
Compte tenu du refus de Postes Canada
de prolonger de 24 heures notre mandat de grève, nous avons
émis un préavis de grève de 72 heures. Nous
serons en position légale de grève à partir
de 23 h 59 dimanche prochain, 28 août. Le Conseil
exécutif national informera tout le monde s'il y a grève,
et si tel est le cas, quelles activités auront lieu, quand et
à
quel endroit. Veuillez suivre attentivement les différents
canaux de communication pour être au courant de la suite des
choses. »
Le
STTP se devait d'envoyer
ce préavis parce que le mandat de grève du syndicat se
terminait à minuit le 25 août 2016. Sans ce
mandat, le syndicat n'aurait pas été capable de
défendre ses membres contre les attaques de la
Société des postes comme les menaces de lockout et les
changements unilatéraux à leurs conditions de
travail et leurs avantages sociaux. Postes Canada a eu recours à
ces méthodes d'intimidation pendant toutes ces
négociations afin de forcer les travailleurs et le STTP à
accepter des reculs importants dans leurs conditions de
travail et leurs avantages sociaux. En fait, il n'y a pas eu de
négociation véritable depuis janvier cette année.
Postes
Canada a utilisé toutes les tactiques possibles pour gagner
du temps afin de mettre fin aux négociations et de faire des
menaces de lockout pour forcer le syndicat à faire des
concessions.
Lors de la dernière ronde de négociations
en 2011, suite à quelques jours de grèves rotatives,
Postes Canada avait mis les travailleurs des postes en lockout et le
gouvernement Harper avait adopté une loi de retour au travail
pour imposer une convention aux travailleurs, une loi qui comprenait
une procédure d'arbitrage de sélection de
l'offre finale favorisant nettement l'employeur. Le STTP a
contesté la légalité de cette loi
fédérale en vertu de la Charte canadienne des droits
et libertés, en faisant valoir que la loi violait les
droits des travailleurs à la liberté d'association et
à la liberté d'expression.
Les audiences se sont déroulées en
octobre 2015 et, en avril 2016, le juge J. Firestone de la
Cour supérieure de justice de l'Ontario a rendu sa
décision qui disait ceci : « Sur la base du dossier
de preuve, il ne fait pas de doute que selon les faits relatifs
à cette affaire la Loi sur le rétablissement de la
livraison du courrier
aux Canadiens a abrogé le droit de grève des
membres du STTP. » Le juge a décrit en détail
comment la Loi avait violé la Charte canadienne des droits
et libertés . Il a écrit : « La Loi a
abrogé le droit de grève des membres du STTP. L'effet de
cette abrogation a été d'entraver et de perturber
l'équilibre d'un véritable
processus de négociation collective entre le STTP et Postes
Canada. Je juge en conséquence que la Loi a enfreint
l'alinéa 2(d) sur la liberté d'association des
membres d'un syndicat et doit être justifiée en vertu de
l'article 1 de la Charte. » Le juge
Firestone avait décidé que la Loi ne constituait pas une
« limite
raisonnable » et ne pouvait être justifiée en
vertu de cette section.
Dans la ronde actuelle de négociations, les
travailleurs des postes font face à la même situation
difficile : des reculs sévères et le refus de la
Société des postes de négocier de bonne foi et son
recours aux menaces et à l'intimidation afin de s'engager
à fond de train dans la privatisation et le
démantèlement de ce qui reste de la
convention collective. Cela comprend : le travail précaire
à temps partiel et temporaire ; aucune amélioration
en ce qui concerne les effectifs et la capacité de fermer tous
les 493 comptoirs postaux de vente au détail encore
protégés par la convention et desservis par les
travailleurs du STTP, ce qui pourrait éliminer
jusqu'à 1200 emplois à temps plein. Les attaques
à la sécurité de la retraite se poursuivent avec
la demande d'accroître le coût des avantages sociaux
à la retraite et de placer les nouveaux employés
réguliers sur un régime de retraite à cotisations
déterminées. Cela comprend des demandes de changer les
conditions de travail de tous les
travailleurs des unités urbaines. En ce qui concerne la
proposition de Postes Canada sur l'équité salariale pour
les Factrices et facteurs ruraux et suburbains (FFRS), elle
n'était rien d'autre qu'une tentative de rendre le processus
plus compliqué et de reporter cette question à plus tard.
Manifestation des travailleurs des postes de Montréal contre la
loi de retour au travail
le 20 juin 2011
Le syndicat a participé à de nombreuses
réunions où des représentants
du gouvernement Trudeau ont pris part aux discussions entre les deux
parties. Le vendredi 19 août, le président du conseil
du Trésor Scott
Brison, accompagné de hauts fonctionnaires d'Emploi et
Développement
social Canada, a tenu une réunion avec le comité de
négociation du STTP et des représentants de Postes Canada
mais aucun
progrès n'a été réalisé. Les
négociateurs du STTP ont aussi été très
déçus des résultats de la réunion du
mardi 23 août où la ministre du Travail et certains
de ses hauts fonctionnaires ont participé
à une
session de négociations.
Depuis le début des procédures de ces
fausses négociations, le gouvernement Trudeau a prétendu
qu'il n'a pas de responsabilité dans ce qui se produit. Le
premier ministre Trudeau a simplement évité le sujet en
affirmant croire dans « des négociations de bonne foi qui
se déroulent aux tables de négociations » et
il a même déclaré que
son gouvernement « n'envisage pas de loi de retour au
travail ».
Cette prétention d'être un observateur
innocent ne pourra pas être maintenue bien longtemps.
Après tout, le premier ministre doit reconnaître que son
gouvernement est l'actionnaire unique de Postes Canada et qu'il est
responsable ultimement du comportement des représentants de
Postes Canada.
Lorsque Postes Canada a
menacé de mettre les travailleurs en lockout en juillet et de
les forcer à travailler sans convention collective et dans des
conditions imposées unilatéralement, Trudeau n'a rien dit
et a abandonné les travailleurs à leur sort. C'est
difficile de croire Justin Trudeau lorsqu'il dit ne pas vouloir
s'ingérer dans les négociations
alors que c'est son Conseil des ministres qui a lancé l'examen
de Postes Canada pendant des négociations aussi cruciales. Cet
examen est utilisé pour faire circuler toutes sortes
d'affirmations sans fondement au sujet de la « situation
financière difficile de Postes Canada».
Cette soi-disant consultation avec les
Canadiens ne vise pas à donner à quiconque l'occasion de
donner son opinion sur le genre de service postal dont nous avons
besoin, mais de mettre les Canadiens devant le fait accompli
qu'ils doivent décider quels services postaux ils veulent voir
éliminés compte tenu de la « crise
financière » à la Société des
postes.
Dans les jours qui viennent, une autre crise va se
présenter aux travailleurs des postes et aux Canadiens, la
perturbation du service postal d'un bout à l'autre du pays. Cela
est le résultat direct de l'intransigeance de Postes Canada et
de
son refus de respecter le droit des travailleurs de négocier
leurs salaires et leurs conditions de travail. Il va être
très difficile pour les travailleurs et leur organisation de
défense de résoudre ces problèmes et il le sera
encore plus si les travailleurs s'engagent dans cette lutte en ayant
des illusions sur le rôle que jouent les libéraux de
Justin Trudeau en ce moment.
Parler d'un Deepak Chopra qui « n'en fait
qu'à sa tête » et dire que les « gens
nommés par Harper » sont les principaux responsables
du sabotage des négociations, c'est créer des illusions
sur le rôle du Cabinet Trudeau. Comment ce genre de discussion
aide-t-il les travailleurs des postes à se préparer
à la lutte qui vient avec la
Société des postes et le gouvernement ?
Est-ce que quelqu'un pense sérieusement qu'il va
être plus facile aux travailleurs des postes de négocier
avec le Conseil du Trésor qu'avec Postes Canada ? Les
sections de l'Alliance de la fonction publique du Canada qui
mènent une lutte rangée pour sauvegarder leur
régime de congés de maladie savent que les
libéraux de Justin
Trudeau n'ont pas amené de « bouffée d'air
frais » dans ces négociations.
C'est
vrai
que Deepak Chopra
« a été nommé par Stephen
Harper » pour dépecer Postes Canada et
le vendre au secteur privé. Mais cette course à la
privatisation a d'abord été lancée par Moya Greene
qui avait été nommée par le gouvernement
libéral de Paul Martin. Les faits eux-mêmes ont
enseigné aux travailleurs des
postes que les soi-disant négociations avec Postes Canada
pendant toute cette période ont été
désastreuses peu importe lequel de ces deux partis était
au pouvoir.
Peut-on
oublier
aussi
que
c'est
Trudeau
père
qui
a été responsable de l'emprisonnement du président
du STTP d'alors Jean-Claude Parrot quand celui-ci a refusé
d'ordonner aux travailleurs des postes d'obéir à la loi
fédérale et de retourner au travail ?
Alors que la lutte actuelle des travailleurs des postes
pour la dignité et le droit d'avoir voix au chapitre en ce qui a
trait à leurs salaires et conditions de travail atteint un point
critique, les travailleurs ne peuvent avoir aucune illusion à
l'effet que ceux qui sont la cause de leurs problèmes vont venir
les sauver.
Notre mémoire collective nous enseigne que les
travailleurs doivent s'appuyer sur leurs propres forces et sur leur
propre
organisation et détermination dans la lutte pour défendre
leurs droits.
«Toutes les options possibles» pour le
service postal: la duplicité du gouvernement Trudeau
- Pierre Chénier -
La duplicité est une composante essentielle du
programme du gouvernement Trudeau de servir les monopoles mondiaux,
démanteler les services publics et attaquer les droits des
travailleurs. Elle fait partie de la base néolibérale
idéologique et institutionnelle de la négation des droits
des travailleurs. On le voit bien à l'heure actuelle avec la
lutte que mènent les travailleurs des postes à la
défense de leurs droits et du service postal public.
Alors que les travailleurs des
postes demandent que le gouvernement et Postes Canada s'engagent dans
de véritables négociations, le gouvernement Trudeau
prépare le terrain à des attaques encore plus grandes
contre les travailleurs et le service postal lui-même. En plus de
reconnaître le « droit » de Postes Canada de
changer
unilatéralement les conditions de travail des postiers s'ils
rejettent les demandes de concessions de Postes Canada, le gouvernement
Trudeau a mis sur pied au mois de mai un groupe de travail
chargé d'examiner les services de Postes Canada. Il a comme
mandat d'examiner les enjeux et de soumettre son rapport en septembre.
Suite à cela, de
soi-disant consultations seront tenues avec les Canadiens de septembre
à novembre qui vont mener à la production d'un rapport
qui sera déposé au Parlement en décembre. Selon le
gouvernement, des décisions seront annoncées au
printemps 2017.
Un des thèmes centraux de l'attaque
idéologique du gouvernement Trudeau contre les droits des
travailleurs et les services publics et en appui aux monopoles mondiaux
est la promotion de la « flexibilité maximum »
et l'opposition aux « règles et aux pratiques
rigides ». Ces concepts sont chers aux monopoles
privés et aux
Sociétés de la Couronne qui cherchent toutes les avenues
pour poursuivre la restructuration antisociale et la négation
des droits de ceux qui produisent les biens et les services. Selon eux,
la « rigidité » manifestée par les
travailleurs est un obstacle à la «
flexibilité » dont les entreprises ont besoin.
Dans le cas des postes, la flexibilité maximum
se voit à l'examen de « toutes les options
viables » possibles permettant à Postes Canada de
livrer ce que le gouvernement appelle des services de qualité
à des coûts raisonnables tout en maintenant son «
autosuffisance » et en se plaçant sur « la voie
de la durabilité ». Le
gouvernement a déjà décidé que le
développement d'un service postal universel en tant que
composante essentielle de l'édification nationale au service des
Canadiens et sous leur contrôle est quelque chose de trop rigide
qui mettrait à risque la durabilité de Postes Canada.
Dans
sa
présentation
de l'examen, le
gouvernement ne mentionne aucune de ces « options »
parce qu'il dit ne pas vouloir tirer de conclusions avant de
connaître le résultat des consultations. Pour le
gouvernement, il est important de donner l'apparence que les
résultats ont été décidés par les
Canadiens tout en interprétant les résultats à
son avantage pour justifier ses décisions. Le gouvernement a
recours à la fraude d'une « consultation avec les
Canadiens » pour imposer son point de vue pragmatique
à l'effet que les travailleurs n'ont pas de droits parce qu'ils
sont un « coût » et que leur insistance sur les
principes qui guident le service postal et pour conserver des choses
qu'ils ont acquises de haute lutte nuisent à la
flexibilité dont Postes Canada a besoin pour être viable.
Ils disent la même chose en ce qui concerne la
responsabilité de l'autorité publique de garantir un
service postal public et universel au service des Canadiens, ce qui est
une demande inflexible et non réaliste selon eux.
Cette
tactique
s'est
manifestée
clairement
dès
que
le
gouvernement Trudeau a lancé l'examen des
services de Postes Canada en reniant son engagement électoral de
restaurer la livraison du courrier à domicile à laquelle
le gouvernement Harper avait mis fin.
On lit dans la plateforme
électorale du Parti libéral de Justin Trudeau lors des
dernières élections fédérales :
« Nous préserverons la livraison du
courrier a domicile. En mettant un terme à la distribution du
courrier à domicile, Stephen Harper demande aux Canadiennes et
aux Canadiens de
payer plus pour une offre de services moindre. C'est tout simplement
inacceptable. Nous reviendrons sur la décision de Stephen Harper
de mettre fin à la livraison
du courrier à domicile au Canada et procéderons à
un nouvel
examen des activités de Postes Canada pour nous assurer que des
services de qualité à un prix raisonnable sont offerts
aux
Canadiens partout au pays. »
Lors d'un point de presse suite à une rencontre
avec le maire de Montréal Denis Coderre le 3
septembre 2015 en pleine élection fédérale,
Justin Trudeau avait été encore plus précis en
déclarant : «En ce qui concerne Postes Canada, nous
allons restaurer la livraison du courrier à domicile. Les
Canadiens s'attendent à un
niveau de service et nous allons livrer ce service. »
Cet engagement est maintenant devenu une de «
toutes les options possibles » que le gouvernement ne peut
pas « imposer » à Postes Canada avant la tenue
des consultations, selon le gouvernement Trudeau.
Dans une entrevue télévisée au
moment du lancement de l'examen des services de Postes Canada, la
ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Judy Foote a
bien exprimé cette approche pragmatique des
libéraux :
« Nous voulons entendre ce que les Canadiens ont
à dire. Nous voulons qu'ils nous disent ce qu'ils veulent voir
advenir de Postes Canada. Nous ne disons pas que nous n'allons pas
sauvegarder la livraison du courrier à domicile mais la
vérité c'est que nous voulons entendre ce que les
Canadiens ont à nous dire, ce que c'est exactement qu'ils
veulent sauvegarder une fois qu'ils reconnaissent quel en est le
coût. Par exemple, dans son plan d'action en cinq points, Postes
Canada dit épargner de 400 à 500 millions de
dollars par année en mettant en place les boîtes postales
communautaires. Les Canadiens vont devoir être réalistes
à ce sujet. Ils vont devoir nous dire s'ils
veulent une livraison du courrier cinq jours par semaine, ou deux
jours/semaine ou trois jours, compte tenu du fait que
Postes Canada doit maintenir son autosuffisance... Je ne sais pas ce
que nous allons être capables de sauvegarder exactement [de la
livraison à domicile] , cela va dépendre de ce que
veulent les Canadiens, de ce
dont ils ont besoin selon eux... une fois qu'ils connaissent les
coûts liés à un service en particulier. »
On voit déjà comment
le gouvernement entend agir sur le site web de l'examen des services de
Postes Canada. Il y a plusieurs vidéos où les gens
répondent à des questions décidées par le
gouvernement, à savoir s'ils préfèrent la
régularité des services, ou encore la vitesse , ou la
fiabilité, ou quels services de Postes Canada ils utilisent
présentement. Ce sont les « Canadiens
ordinaires » à qui un groupe de travail parlementaire
expliquera que ces choses-là ont un coût et que Postes
Canada doit demeurer viable alors quels services veulent-ils voir
éliminés, quelles concessions les travailleurs
doivent-ils faire, etc
Le recours à ces « options »
est une tactique pour imposer des décisions qui sont
antitravailleurs et antiservices publics et pour nier la
responsabilité du gouvernement de défendre et de
bâtir un service postal qui fait partie de l'édification
nationale.
Les travailleurs des postes ont lancé l'appel
à participer aux audiences de l'examen pour faire entendre leur
voix à la défense du service postal public, de la
livraison du courrier à domicile et de l'expansion des services
postaux.
Il est important de faire échec au plan du
gouvernement Trudeau d'affirmer que « les Canadiens ont
parlé » et qu'ils demandent l'accentuation des
attaques contre les travailleurs et le service.
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