Numéro 110 - 19 août 2016
US Steel et le tribunal de faillite
foulent aux pieds les droits
et la dignité des métallos
Le droit d'exercer un contrôle sur
nos vies et notre travail est important
- Rolf Gerstenberger -
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Les métallos de Hamilton tiennent une ligne de piquetage devant
la Cour de la LACC à Toronto le 17 août 2016.
US
Steel
et
le
tribunal de faillite foulent aux pieds les droits et
la dignité des métallos
• Le droit d'exercer un contrôle sur nos
vies et notre travail est important
- Rolf Gerstenberger
• Le sommet de l'hypocrisie
• Lettre à la rédaction
• Les métallos de Hamilton distribuent
Information Update
US Steel et le tribunal de faillite
foulent aux pieds les droits et
la dignité des métallos
Le droit d'exercer un contrôle sur nos vies
et notre travail est important
- Rolf Gerstenberger -
Un aspect dominant de la situation au Canada en ce XXIe
siècle est que la classe ouvrière n'a pas les moyens
d'exercer un contrôle sur les choses qui touchent la vie des
travailleurs. Peu importe combien on répétera que le
Canada est démocratique, lorsque des choses se produisent qui
affectent directement la vie des individus et des
collectifs, ceux qui sont touchés se sentent impuissants
à contrôler les événements. Lorsque les
usines ferment, lorsque des collectifs de travailleurs font l'objet de
réduction des effectifs, quand le travail est envoyé en
sous-traitance, lorsque les pensions, les avantages sociaux et les
salaires sont réduits ou même éliminés,
lorsque l'emploi et les
possibilités d'éducation postsecondaire sont
bloqués, quand une catastrophe frappe les individus ou les
collectifs, comment peut-on parler de démocratie si les
personnes touchées n'ont pas de contrôle ou le droit de
changer la situation de façon significative.
Lorsque les travailleurs n'ont pas
de contrôle sur l'économie, sur leur travail et sur les
grands enjeux qui les affectent et se font dire que c'est à
chacun de pourvoir à ses propres besoins et à se
débrouiller du mieux qu'il peut dans la situation donnée,
il y a clairement un besoin de renouveau démocratique. C'est le
temps de développer la
politique et la science économique qui permettent aux
travailleurs d'exercer un contrôle sur leur vie et leur travail
et de
se soustraire au diktat et au contrôle de la toute petite clique
qui n'agit qu'à partir de ses intérêts
privés étroits, au mépris du grand
intérêt public et du plus grand bien pour tous.
Les grands enjeux sont faciles à identifier et
se rapportent tous à la sécurité
économique :
- la sécurité d'emploi ;
- la sécurité du bien-être lorsqu'en chômage
ou lorsqu'incapable de travailler pour une raison ou une autre ;
- la sécurité à la retraite ;
- la sécurité d'une alimentation de qualité, de
services de santé et d'éducation de qualité et des
autres programmes sociaux et services publics nécessaires au
fonctionnement d'une société collective moderne ;
- la sécurité de savoir que par le travail et par la
contribution à son bien-être personnel par le travail dans
une économie socialisée, on peut aussi contribuer
à
la société et à la sécurité de tous,
y compris la sienne, en toutes circonstances.
Sans la sécurité économique de la
personne et sans la capacité d'influer sur la situation de
façon significative, toute prétention de
démocratie et de droit n'est que bavardage.
Au Canada, nous vivons dans
de grandes villes ou dans des régions où sont
exploitées les ressources naturelles. L'économie est
organisée comme un ensemble de
composantes reliées entre elles. Alors comment peut-on voir les
endroits de travail séparément, en dehors du contexte du
grand collectif d'endroits de travail ? L'élite dominante
qui contrôle les affaires économiques et politiques veut
que la classe ouvrière voie les différents endroits de
travail comme étant en concurrence les uns avec les
autres dans une lutte désespérée pour la survie du
plus fort. Mais nous ne vivons pas au Far West. Nous ne sommes pas dans
la jungle. L'économie est un organisme collectif et chacune de
ses composantes joue un rôle dans le renforcement du tout ;
les différentes composantes de l'organisme se renforcent en
rendant le tout plus grand que la
somme de ses composantes.
C'est du moins ainsi que devrait fonctionner une
économie socialisée moderne, mais ce n'est pas le cas
à cause de l'ingérence et de l'obstruction des
entreprises les plus puissantes qui bâtissent leurs empires
privés en rivalité avec d'autres empires, aux
dépens de l'ensemble. La construction d'empire affaiblit le tout
et finit par affaiblir aussi la
plupart des composantes de l'économie socialisée
puisqu'elles se font la guerre plutôt que de coopérer et
de trouver les façons de travailler ensemble pour le plus grand
bien et pour l'avancement du tout. Il en résulte des
tragédies pour certaines composantes et des crises
économiques générales et périodiques et des
guerres, où c'est le peuple qui
paie pour l'anarchie et la violence.
La classe ouvrière est la seule force sociale
capable de renforcer les différentes composantes de
l'économie et leurs rapports entre elles et avec le tout, pour
le plus grand bien. La classe ouvrière peut alors mobiliser la
force collective de l'économie socialisée moderne pour
voir à la sécurité, au respect des droits et au
bien-être de tous. Le
problème d'établir un contrôle sur les questions
qui nous affectent est abordé en s'organisant pour priver ces
forces sociales de leur pouvoir de priver le peuple de son droit de
contrôler sa vie et son travail. La classe ouvrière est la
force sociale qui peut créer les formes et les rapports
nécessaires pour que les individus et leurs collectifs puissent
acquérir un contrôle par le pouvoir de priver
l'élite impérialiste dominante de son pouvoir de priver.
Le sommet de l'hypocrisie
US Steel et le tribunal
de la LACC foulent aux pieds les droits et
la dignité des métallos et endommagent l'économie
canadienne
Le 17 août, les métallos de Hamilton
ont d'abord tenu une ligne de piquetage devant le Palais de justice
puis se sont entassés dans la salle d'audience de la Cour
supérieure de justice de l'Ontario où ils ont entendu une
nouvelle fois les avocats et le juge Wilton-Siegel agir et parler d'une
manière qui ne représente pas les intérêts
des
travailleurs ni ne respecte leur dignité ou est à
l'avantage de l'économie canadienne. L'ordre du jour
était l'audience d'une motion visant à rétablir le
droit aux avantages sociaux à la retraite (les OPEB) dont le
tribunal de la Loi sur les arrangements avec les créanciers
des compagnies (LACC) a injustement dépouillé plus
de 20 000 retraités.
Le juge de la LACC a commencé les
procédures d'une manière défensive en niant avoir
attaqué les droits des retraités lorsqu'il a
approuvé la motion de la LACC de US Steel (USS) et de son agent
de restructuration et contrôleur d'arrêter de payer les
OPEB qui appartiennent de droit aux métallos. Le juge a dit
à plusieurs reprises, comme s'il
essayait de s'excuser, qu'il n'a pas privé les retraités
de Stelco de leur droit légal et reconnu depuis longtemps
à ces avantages sociaux mais a simplement approuvé une
motion du contrôleur permettant à l'entreprise de prendre
une décision d'affaires qui ne serait pas autorisée en
dehors de la protection de la LACC.
Que doivent penser les métallos de ce plaidoyer
irrationnel d'innocence face à la négation de leurs
droits ? Pourquoi ne pas en finir avec cette hypocrisie et laisser
USS et son agent de restructuration et contrôleur et les autres
hommes de main et à tout faire dicter directement les demandes
de leurs intérêts privés monopolistes pour
endommager l'économie et fouler aux pieds les droits des
métallos et des autres personnes concernées ? Les
Canadiens verraient alors clairement l'affrontement qui oppose le droit
public et le droit de monopole et arriveraient à la conclusion
appropriée qu'un changement fondamental s'impose. Les Canadiens
seraient à même de saisir que le
processus de la LACC n'a rien à voir avec la justice ou une
restructuration d'un site de production viable pour renforcer
l'économie dans l'intérêt public. Les soi-disant
arguments qu'on est censé écouter ont comme objectif de
cacher et de faciliter les intérêts privés
étroits de puissants monopoles mondiaux au détriment de
l'économie canadienne,
des travailleurs et des retraités directement affectés
ainsi que de beaucoup d'autres qui souffrent d'une telle perte.
Les arguments en cour de USS
et de ses hommes de main sont intéressés et n'ont rien
à voir avec la résolution des problèmes auxquels
Stelco ou le secteur canadien de l'acier font face et ne valent
même pas la peine d'être répétés. [1] Ils reviennent simplement à dire
que US Steel est le principal
créancier et que le juge devrait décider de toutes les
questions d'une façon qui favorise le droit de monopole du
créancier déclaré. Il importe peu que des preuves
circulent de plus en plus dans les médias qui suggèrent
que l'intention du soi-disant créancier principal US Steel,
dès l'achat de Stelco en 2007, était de
détruire la production
d'acier au Canada, en particulier à Hamilton Works, et
d'endommager directement l'économie canadienne. Les rapports
indiquent maintenant que USS a délibérément
gonflé de 123 millions $ le prix du minerai de fer et
de coke que US Steel Canada a acheté des mines détenues
et contrôlées par USS. Ces pratiques comptables
trompeuses associées au transfert de la production de sa filiale
Stelco vers les usines de USS aux États-Unis, et l'organisation
délibérée de lockouts et le
démantèlement de la production sont
considérées comme des éléments d'une
campagne qui vise à donner l'impression que Stelco perd de
l'argent et a besoin de la protection de la faillite alors
que les aciéries au Canada sont viables et rentables
lorsqu'elles sont bien entretenues et produisent normalement.
L'hypocrisie, l'injustice et les dommages à l'économie et
à la population canadienne et au droit du public sont de plus en
plus évidents pour tous. Les gouvernements fédéral
et de l'Ontario semblent impuissants, effrontés et anticanadiens
par leur inaction face à la défense de
l'intérêt public et des droits des travailleurs canadiens
et leur refus d'assumer leur responsabilité sociale en mettant
un terme à ce travesti de justice.
Les métallos ont distribué le numéro de Information Update consacré
au 70e anniversaire du syndicat devant
le Palais de justice.
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En ce qui a trait à la négation des droits
des retraités aux avantages sociaux à la retraite, les
métallos les ont négociés avec Stelco au sein de
leurs syndicats, en échange de leur capacité de
travailler. Ils ont respecté leur partie du contrat en
travaillant et en produisant de l'acier pendant leur vie active.
Stelco, son successeur US Steel et les
gouvernements fédéral et ontarien ont le devoir de
respecter ce contrat comme une question de droit des métallos
dans le cadre des rapports de production qui existent au Canada en ce
moment. Nier ce droit, c'est remettre en question l'ensemble de
l'arrangement qui existe entre ces monopoles mondiaux, les
gouvernements et la classe ouvrière
canadienne. Si les monopoles et les gouvernements ne sont pas
prêts à reconnaître les droits des travailleurs et
les ententes formelles qui sont conclues en échange de leur
capacité de travailler, ou à reconnaître la
nécessité de faire une place au droit des Canadiens
à une économie viable qui leur fournit
sécurité et bien-être, il est clair qu'on devra
établir de nouveaux arrangements en ce qui concerne les rapports
de production. La classe ouvrière canadienne ne peut pas et ne
va pas tolérer les attaques à ses droits, à sa
sécurité et à sa dignité et quelque
violation des ententes légales.
Les métallos ne demandent pas la
charité ; ils demandent ce qui leur revient de droit. Ils
ne demandent pas l'impossible ; ils demandent que les
problèmes de l'économie canadienne de l'acier soient
reconnus tels qu'ils sont et résolus d'une façon qui
bénéficie aux Canadiens, à leur économie et
à l'intérêt public, au lieu qu'ils soient
utilisés et masqués par une fraude qui est dictée
par les impérialistes de New York et de Pittsburgh pour servir
le droit de monopole.
Restaurez les avantages sociaux à
la retraite !
Non à la fraude de la LACC !
Défendons les droits et la dignité de la classe
ouvrière !
Non au droit de monopole ! Oui au droit public !
Stelco doit continuer de produire de l'acier !
Le Canada doit continuer d'être un producteur !
Note
1. Le 17 août, US Steel Canada a
présenté une motion, en réponse à la motion
à l'effet de restaurer les OPEB, qui consiste principalement en
une déclaration sous serment de William Aziz. Aziz est le
président de BlueTree Advisors II Inc, et c'est en cette
qualité qu'il a été nommé « agent de
restructuration en chef » de US Steel Canada. On peut lire
l'argumentation de USSC en cliquant
ici.
Lettre à la rédaction
C'est la deuxième fois que la section
locale 1005 a affaire à la Loi sur les arrangements
avec les créanciers des compagnies (LACC) et le processus
soulève plusieurs questions. Chose certaine, il faut s'attendre
à tout dans ce processus, y compris aux propos les plus
ridicules.
Quand le Syndicat des Métallos (USW) a mis de
l'avant une motion à l'effet de restaurer les avantages sociaux
à la retraite (OPEB), US Steel Canada (USSC) a répondu ce
qui suit dans la section 68 de son factum : « USSC se
soucie des nombreux bénéficiaires des OPEB qui sont
présentement affectés par la suspension des
OPEB. » ( !)
Le 9
octobre 2015, USSC, par le biais du tribunal de la LACC, a
privé de leurs avantages sociaux à la retraite plus
de 20 000 retraités, leurs conjointes et leurs
survivants. Le syndicat et le groupe représentant les
salariés tentent de rétablir les avantages sociaux
à la retraite. Selon la section locale 1005, ces
avantages sociaux ont été gagnés par plus
de 70 ans de lutte et font partie d'un contrat juridiquement
contraignant signé en vertu du droit du travail en Ontario.
Pour dissimuler ce « vol
légalisé » des OPEB, différents
mécanismes ont été mis sur pied pour donner
l'impression que « quelqu'un se soucie » de la
situation des « bénéficiaires ». Par
exemple, un Fond de transition a été établi pour
soi-disant réduire l'impact de l'élimination des OPEB.
Le gouvernement provincial peut bien déclarer
qu'il se « soucie » des bénéficiaires.
S'il s'en souciait vraiment, il ferait appliquer le droit du travail et
forcerait USS et USSC à payer tous les avantages sociaux
à la retraite protégés par la loi.
C'est le comble de l'hypocrisie de la part de USSC de
prétendre se soucier des bénéficiaires alors que
c'est lui-même qui a mis fin au paiement des prestations.
Les métallos de Hamilton distribuent
Information Update
Dans le cadre du travail régulier qu'ils font
pour informer la communauté de Hamilton de leur lutte à
la défense de leurs droits et des droits de tous, les
métallos actifs et à la retraite ont tenu un piquet
d'information le 8 août à l'intersection des rues
King et James. Ils ont distribué le numéro du 29
juillet du bulletin de la section
locale 1005, Information Update , qui souligne le 70e
anniversaire du syndicat. Ayant eu affaire depuis longtemps aux
tribunaux et aux gouvernements, les métallos ont appris que la
lutte se mène d'abord et avant tout devant le tribunal de
l'opinion publique et c'est pourquoi ils se sont toujours
assurés que les résidents de
Hamilton soient informés de l'ensemble de leur lutte contre les
frauduleuses procédures de la LACC, avec Stelco d'abord puis US
Steel.
Pour lire Information Update en ligne, cliquer
ici et contacter la section locale à uswa1005.ca pour
obtenir des copies du bulletin.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
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