Numéro 98 - 15 juillet 2016
La prétention des
libéraux de Justin Trudeau
d'être un « mouvement »
La signification de la transformation des
«membres» et des «supporters» du
Parti libéral en «libéraux inscrits»
- Anna Di Carlo -
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La
prétention
des
libéraux de Justin Trudeau d'être un
« mouvement »
• La signification de la transformation des
«membres» et des «supporters» du Parti
libéral en «libéraux inscrits» -
Anna Di Carlo
• La nouvelle constitution du Parti
libéral
La prétention des libéraux
de Justin Trudeau d'être un « mouvement »
La signification de la transformation des
«membres» et des «supporters» du Parti
libéral
en «libéraux inscrits»
- Anna Di Carlo -
Depuis que le Parti libéral du Canada a
annoncé qu'il adoptait une nouvelle constitution, il tente de
donner l'impression que quelque chose de nouveau est en train de se
produire --rien de moins qu'un parti pan-canadien qui permettra
à toute personne dans le pays de participer à
l'établissement de politiques pour l'avenir du pays.[1] Avec l'arrogance qui découle de
leur perception de soi comme étant « le seul parti
naturellement destiné au pouvoir » au Canada, les
libéraux considèrent que tous les Canadiens, à
l'exception des « extrémistes de droite et de
gauche », sont des électeurs libéraux
inhérents et ont l'intention de les
mobiliser par millions en tant que « libéraux
inscrits ».
Selon les libéraux,
les modifications apportées à la constitution du parti
prouvent l'existence d'un « mouvement politique »
libéral. En se débarrassant d'une « structure
opérationnelle hiérarchique », disent-ils, le
parti est maintenant inclusif. Les grandes lignes de ces modifications
se trouvent dans un document de 2011
intitulé Bâtir un parti libéral moderne.
Selon ce document, une telle structure «
hiérarchique » a fait que le Parti libéral est
considéré comme « une organisation
hiérarchique de petite taille centrée sur Ottawa...
dépendante du chef du parti et de sa 'bureaucratie personnelle'
à l'intérieur et à l'extérieur du
Parlement ».
Selon ce document, le Parti libéral « est
contrôlé par une élite se renouvelant
d'elle-même » :
« Dans cette politique, même si le parti se
définit comme une organisation ' autonome', '
démocratique ' et ' nationale ', ceux qui composent son inner
sanctum informel de décideurs sont majoritairement
domiciliés à Ottawa et, mis à part quelques
exceptions, proviennent de l'une des catégories suivantes :
i. les membres élus ou nommés du caucus
parlementaire (les députés et sénateurs)
ii. les employés à temps plein du chef ou des membres du
caucus
iii les employés à temps plein du PLC et de ses
entités affiliés
iv. les consultants politiques ou en relations gouvernementales et ou
les lobbyistes. »
Maintenant que les libéraux prétendent
qu'ils sont devenus « un mouvement », qu'est-ce qui a
changé ? Un mouvement, par définition, a un but
objectif. Par exemple, le mouvement du peuple canadien pour le pouvoir
vise à atteindre des réformes électorales et
politiques qui lui permettront d'exercer un contrôle sur les
décisions
qui touchent sa vie, comme la direction de l'économie et les
questions de guerre et de paix. Des mécanismes doivent
être mis en place qui garantisssent les droits du peuple. Cela
inclut le droit d'élire et d'être élu et le droit
à un vote éclairé, le droit de conscience, de
parole et d'association, et ainsi de suite.
Toutefois, les libéraux ne sont pas
intéressés par le mouvement populaire pour le pouvoir qui
a toujours été la clé pour ouvrir la voie du
progrès de la société. Ils veulent simplement
imposer leurs propres convictions de manière
intéressée. Par exemple, ils confondent le Canada et les
Canadiens avec leurs propres valeurs et croyances et
soutiennent que s'ils ne sont pas réélus en 2019, ce
sera la fin du Canada.
Comment les libéraux vont-ils atteindre leur
objectif en supprimant l'exigence de payer des frais d'adhésion
de 10 $ pour être membre maintenant qu'ils ont
remplacé les membres et les supporters par des «
libéraux inscrits » ? Cela reste une question.
Cela apparaît comme une tentative grossière
d'étendre la méthode
adoptée en 2013 à leur Congrès d'investiture
qui a choisi Justin Trudeau pour diriger le parti. Ils avaient
étendu le droit de vote aux membres qui ne payaient pas de frais
d'adhésion, appelés « supporters
inscrits », cela comprenait tous ceux qui s'étaient
inscrits en ligne pour avoir de l'information ou pour d'autres raisons.
Chaque clic
ajoute des noms à leur système de collecte de
données et de micro-ciblage, un phénomène qui pose
un sérieux problème pour le corps politique.
La collecte et le déploiement des données
personnelles
des Canadiens
Les conservateurs, les libéraux et le NPD
utilisent tous une méthode de ciblage des électeurs
basée sur la technologie. Ils ont formé un système
de partis cartellisés qui a changé la Loi
électorale afin que la liste électorale officielle et les
listes de ceux qui ont voté et de ceux qui n'ont pas voté
le jour du scrutin puissent servir de données brutes
pour leurs vastes bases de données qui ne sont pas assujetties
à la Loi de protection des renseignements personnels .
Cette méthode est devenue une norme du système de partis
cartellisés et chaque parti a sa propre base de données
sur tous les électeurs canadiens ainsi que la technologie pour
la déployer à leurs propres fins, et officiellement
pour « faire sortir le vote ». La campagne de
supression de l'électorat de 2011 reposait sur le
micro-ciblage et le scandale qu'elle avait provoqué a
été etouffé depuis.
Les partis représentés à la
Chambre des communes sont également parvnus à faire
adopter des lois qui exigent l'assignation à chaque
électeur sur la liste électorale d'un numéro
d'identification permanent afin qu'ils puisse être suivi
facilement et être déplacé, sorti des
différentes bases de données ou réinscrit.
Auparavant, les listes étaient
établies pour chaque élection et un nouveau numéro
d'identification était attribué au même
électeur. Il était difficile pour les partis de suivre
les électeurs d'une élection à l'autre. Ils ont
donc changé la loi et maintenant les travailleurs
d'Élections Canada sont tenus de donner aux partis politiques la
liste des électeurs qui ont voté presque en temps
réel le jour du scrutin et la liste complète après
les élections. Actuellement, ces informations sont fournies sur
papier, ce sont les cartes bingo, mais on se dirige vers la remise de
ces listes aux partis en fichiers numériques.
Au début, les raisons évoquées
pour justifier les modifications de la liste électorale
étaient l'élimination du risque de fraude
électorale et aider les partis politiques à « faire
sortir le vote » le jour du scrutin. Cependant, comme les
partis violaient de plus en plus le droit à la vie privée
et à un scrutin secret (ainsi que le droit à un vote
éclairé et les autres droits démocratiques
fondamentaux), la nature intéressée de leurs
réformes est devenue tellement évidente qu'ils ne peuvent
plus donner de telles justifications. Maintenant, les partis
cartellisés déclarent que le micro-ciblage est là
pour rester et que c'est une bonne chose qui leur permet de mieux
connaître les gens.En fait, leurs
modifications à la liste électorale font partie de la
destruction des liens entre le peuple et la gouvernance.
La prochaine étape de la collecte et du
déploiement des données personnelles des Canadiens :
inscrire l'appartenance politique officielle de l'électeur sur
la liste électorale
L'auteur du document de 2011, Alfred Apps,
à l'époque président du Parti libéral, a
présenté les problèmes du parti dans le contexte
des progrès relatifs du Parti conservateur dans la construction
de sa base de données de micro-ciblage et de la technologie pour
la déployer et manipuler l'électorat. Apps a
proposé que l'aile
extra-parlementaire du parti « milite pour une autre
génération de réformes équilibrées
de nos procédures démocratiques dont l'un des principaux
avantages sera de neutraliser les avantages injustes acquis au
détriment des autres partis politiques par le PCC ».
Il a proposé que les libéraux exigent la
tenue d'une « liste d'électeurs inscrits » pour
chaque circonscription qui serait disponible pour tous les partis
politiques et « inclurait le parti inscrit de
préférence de chaque électeur ayant le droit de
vote ».
Alfred Apps écrit : « un tel
changement requérait un élément de donnée
additionnel à la liste permanente des électeurs actuelle.
Chaque électeur sera en mesure de a) divulguer son affiliation a
un parti inscrit ou b) choisir le statut d'électeur «
indépendant », ou c) de déclarer le statut
d'électeur « exempté ». Il a
également
proposé que l'inscription soit permanente, mais les
électeurs pourraient être «
autorisés » à la modifier à tout
moment. Élections Canada devrait organiser et superviser chaque
course à la chefferie pour chaque parti qui « accorde le
droit de vote ( suffrage universel) à tous ses électeurs
inscrits » et Élections Canada, c'est-à-dire
le trésor
public, assumerait les frais de l'opération.
Dans le document, il est proposé que les
libéraux aillent de l'avant en se comportant comme si cette
réforme électorale était déjà en
place, ce que l'on peut voir actuellement avec l'élimination des
membres en faveur de « libéraux inscrits ».
Apps écrit en conclusion : « Certains libéraux
pourraient être réticents à la notion de
partisanerie déclarée implicite à la mise sur pied
d'une liste d'électeurs inscrits. Mais le PCC a
déjà transformé la politique canadienne en un
monde beaucoup plus partisan et plus dur qu'il ne l'a jamais
été, et certainement il n'y a pas de retour en
arrière. » En acceptant d'agir comme si la loi
électorale était déjà changée, le
Parti libéral « a
de fortes chances de se propulser devant ses adversaires et, en un
effort massif de sensibilisation et d'engagement des électeurs (
une campagne d'inscription sur la liste électorale
dirigée par les associations de circonscription de partout au
Canada) et de s'attaquer à la plupart des défis
technologiques, organisationnels et financiers qui le font souffrir
depuis près d'une décennie ».
Bien que cela puisse paraître farfelu que le
Canada adopte un système qui oblige les électeurs
à s'inscrire auprès d'Élections Canada en donnant
leur affiliation politique, c'est pourtant ce que le système
d'exploration de données facilité par la liste
électorale fait déjà. Les libéraux se sont
donnés comme objectif d'avoir 7 millions de «
libéraux inscrits » pour se donner une longueur
d'avance avant que les partis cartellisés instaurent un
système qui attaque le droit de conscience en forçant les
Canadiens à déclarer leur appartenance politique à
l'État et aux partis politiques.
La destruction des partis politiques
L'objectif des réformes adoptées par le
Parti libéral lors de son congrès biennal de 2016
visait à garantir que le parti remporte à nouveau la
majorité des sièges en 2019. La «
propulsion » des libéraux devant le Parti
conservateur était bien en marche durant l'élection
fédérale de 2015, comme le montre le montant des
dépenses du parti maintenant révélé. Le
Parti libéral a dépensé 1,2 million de
dollars ( 43 millions au total) de plus que le Parti conservateur,
alors qu'on s'attendait à ce que ce soit les conservateurs qui
dépensent plus que les autres partis. Les libéraux ont
dépensé quatre fois plus que le Parti conservateur pour
contacter les électeurs
par le numérique et en publicité numérique. Comme
le déclare Tom Pitfield, le stratège numérique en
chef de Trudeau pendant les élections fédérales et
maintenant président de Canada 2020, « le
numérique a le plus grand RSI (retour sur investissement)...
Nous nous sommes concentrés la-dessus comme un avantage
stratégique ».
Les moyens avec lesquels les libéraux entendent
gagner montrent la nécessité pour les citoyens de trouver
les moyens d'affirmer leurs intérêts et de défendre
leurs droits contre cette grande offensive contre le droit à la
vie privée et le droit de conscience. La transformation du Parti
libéral en une entreprise commerciale qui exerce un
contrôle
sur son « mouvement libéral » est un pas vers
la création d'une sorte d'armée libérale qui agit
comme troupe de choc pour dépolitiser le coprs politique.
La destruction des partis politiques, comme
organisations primaires qui organisent les gens pour qu'ils se battent
pour une certaine vision de la société et font le lien
entre les électeurs et le pouvoir politique, aggrave et
institutionalise le caractère élitiste du système.
Au lieu d'analyser la cause de ce que les libéraux ont
appelé « le déficit
démocratique » et d'éliminer les
privilèges concentrés dans les mains de quelques-uns,
désormais tout le pouvoir est concentré dans les mains
d'un petit nombre qui veulent à tout prix préserver les
choses comme elles sont.
Les Canadiens doivent prendre sérieusement en
considération ces développements qui bloquent les efforts
du peuple pour s'investir du pouvoir.
Note
1. Voir « La
nouvelle constitution controversée du Parti libéral
», LML, 30 mai
2016
La nouvelle constitution du Parti libéral
Le 29 mai, le Parti libéral du Canada a
adopté une nouvelle constitution à son Congrès
biennal 2016 à Winnipeg. Des amendements de dernière
minute au projet de constitution mis de l'avant au congrès ont
mené à un vote final de 1988 en faveur et 66
contre. Suite au congrès, la constitution modifiée n'a
toujours pas
été publiée sur aucun des sites Web du Parti
libéral. Ce qui est connu est que l'élément
central de la nouvelle constitution est l'élimination des
catégories de « membre » et «
sympathisant » et la création d'un nouveau statut
unique dénommé « libéraux
inscrits ». Les critères et les droits distinctifs
précédents des membres et des supporters et les
qualifications d'adhésion ont
été éliminés. La nouvelle constitution
stipule que « toute personne peut s'inscrire comme libéral
inscrit si elle satisfait aux exigences fixées par le Conseil
national. Il n'y a pas de frais d'inscription ». »
Les exigences fixées par le conseil national ne
dépendent que du conseil national. Cela montre à quel
point la nouvelle constitution, en dépit de sa
rhétorique, concentre dans les faits le pouvoir au sommet. Mais
est-ce c'est tout ce que cela représente ? Est-ce que les
modifications apportées à la constitution du Parti
libéral sont
simplement un sujet de préoccupation pour les électeurs
libéraux bientôt inscrits ou cela concerne-t-il tous les
Canadiens et le système politique-même ?
Tout d'abord, le Parti libéral se qualifie
maintenant de mouvement. L'objectif est de faire croire que la
majorité des Canadiens font partie du « courant
principal » et que faire partie du courant principal au
Canada c'est être libéral. Le « mouvement
libéral » représente donc tous les Canadiens
qui seront désormais en mesure de
participer à la prise de décision en devenant des «
libéraux inscrits ». Le parti sera désormais
contrôlé par quelques « hommes et femmes
sages » au sommet qui ont le droit de restreindre les choix
qui sont bons pour les Canadiens, et les Canadiens auront à
classer leurs préférences et la décision sera la
préférence qui reçoit
l'approbation de la majorité des « libéraux
inscrits ».
La base de données des « libéraux
inscrits » sera maintenue de manière centrale. La
constitution stipule :
« Les libéraux inscrits auront les droits
suivants :
- de recevoir du Parti des bulletins, de l'information
et des avis de convocation aux assemblées
générales et à d'autres activités ;
- d'assister, de s'exprimer et de voter à une assemblée
générale de son association de circonscription de
résidence et de toute commission ou de tout club de commission
auxquels il est inscrit ;
- d'assister et de s'exprimer (sans droit de vote) à une
assemblée générale de toute association de
circonscription autre que son association de circonscription de
résidence ;
- d'assister à tout congrès ou toute assemblée
générale du Parti ou de son conseil provincial ou
territorial ;
- d'être élu comme candidat ou à toute fonction au
sein du Parti, ainsi que le droit de se présenter comme candidat
du Parti à la Chambre des communes ;
- de voter au moment du scrutin pour l'élection d'un chef et du
scrutin d'appui au chef en lien avec son association de circonscription
de résidence. »
En outre, la constitution stipule que les
libéraux inscrits ont également le droit d'exercer
« tout autre droit qui leur est accordé par le Conseil
national ou autre conseil, commission, comité ou association du
Parti ».
Un commentateur a dit ceci au sujet de ces
changements : « Il y a eu de nombreuses discussions au cours
des dernières semaines en ce qui concerne la constitution
proposée et son impact potentiel sur le parti. Alors que la
direction du parti et ceux qui s'y opposent sont rarement d'accord sur
quelque question que ce soit, il y a un point
qui ne peut être contesté. Le Parti libéral du
Canada prévoit créer une gigantesque entité
corporative, une entité qui sera payée par les membres,
les donateurs et les ADC partout au Canada. »
Qu'est-ce que cela signifie ?
Le 30 mai, dans une déclaration
intitulée « Courage et leadership », Justin
Trudeau a félicité les libéraux pour l'adoption de
la constitution.
« En adoptant le projet de nouvelle constitution,
notre parti a franchi une étape importante en vue de bâtir
le mouvement politique le plus ouvert, le plus innovateur et le plus
efficace dans l'histoire du Canada. La nouvelle constitution fait du
Parti libéral du Canada un parti plus ouvert que jamais -- et
élimine les frais d'adhésion
de 10 $ qui constituaient un obstacle à la
participation. L'inscription devient ainsi gratuite. La nouvelle
constitution rend également notre processus d'élaboration
des politiques plus souple et plus interactif - tous les
libéraux peuvent désormais y participer. Elle modernise
en outre notre mouvement dans l'optique d'une victoire
en 2019 -- en unifiant le parti sous une constitution unique et
simplifiée, au lieu des 18 constitutions qui
régissent actuellement ce dernier. Non seulement cette nouvelle
constitution accomplit tout cela, mais elle favorise aussi la
participation des régions, des commissions et des équipes
organisatrices des ADC. C'est ainsi que nous
pouvons mobiliser efficacement la population jour après jour.
Changer en profondeur n'est jamais chose facile, surtout quand il
s'agit de rompre avec ses propres traditions. »
Trudeau a encouragé les lecteurs à
« rester à l'écoute pour connaître plus de
détails liés à la transition » et de
travailler avec la direction afin de « rendre notre mouvement
encore plus ouvert à la population canadienne et à ses
idées ».
Dès le début du congrès à
Winnipeg, le journaliste du Toronto Star Alex Boutilier a
parlé à la présidente du Parti libéral du
Canada, Anna Gainey, à propos de la nouvelle constitution du
parti. [1] En parlant des
changements à l'adhésion des membres, Gainey a dit au Star
que « la
proposition d'ouvrir les portes du parti libéral »
fait partie de la vision de Justin Trudeau pour le parti mais cette
conception date de beaucoup plus longtemps.
« La façon dont je vois cela est que le
parti a entrepris ce cheminement depuis plusieurs années visant
à se reconstruire et se moderniser, et ceci est la prochaine
étape de cette démarche. »
« Pour moi, c'est une progression et un arc que
nous avons entrepris en tant que parti, pour nous ouvrir et dialoguer
avec autant de Canadiens que nous le pouvons. Voilà ce que ce
que représente pour moi le parti. »
« Le changement a commencé avant
l'arrivée de [Trudeau] mais je crois que sa vision du parti est
conforme au cheminement qui a commencé avant qu'il en devienne
le dirigeant. »
Gainey a identifié un moment de ce passé
- l'introduction de la « catégorie de supporters »
dans le membership qui a été
utilisée pour la course à la direction qui a amené
Justin Trudeau à la tête du parti. « La
catégorie de supporters » a été
présentée par les libéraux lors de leur
congrès biennal en mai 2012. Elle a
permis aux Canadiens qui ne sont pas des membres cotisants ou qui sont
membres d'un autre parti politique de voter pour la direction du Parti
libéral après avoir affirmé qu'ils «
appuient le Parti libéral du Canada ». Gainey a
également dit au Star que la suppression des frais
d'adhésion ne ferait pas mal financièrement au PLC, en
rappelant que le coût du maintien du système actuel
d'adhésion des membres dépasse les cotisations
perçues.
Le congrès de 2012 a éliminé
la méthode de sélection du chef du Parti libéral
par les délégués. Tout le monde peut s'enregistrer
en ligne comme un supporter libéral ayant droit de vote. En
mars 2013, à l'approche du congrès libéral,
le président d'alors du PLC, Mike Crawley, a dit au Globe
and Mail que 294 002 Canadiens seraient admissibles
à voter. Le total comprenait « les membres
possédant une carte d'adhésion et qui ont payé les
frais de 10 $ pour se joindre » et « une
nouvelle classe de supporters qui ne sont pas membres mais qui sont
autorisés malgré tout à voter ». Les
médias ont rapporté
que Justin Trudeau aurait fait signer plus de la moitié des
personnes nouvellement inscrites. Les chiffres sont passés
de 96 000 en janvier 2013, dont 55 000
seraient des membres du parti, à 294 002 suite
à l'ajout de la catégorie amorphe des supporters.
L'objectif était de suggérer que le chef du parti
est en fait élu par l'ensemble des Canadiens et pas seulement
par ceux qui sont membres du parti, la vieille façon de
procéder étant présentée comme une
façon de faire désuète qui ne correspond plus
à ce que veulent les Canadiens.
L'ensemble des 294 002 membres et
sympathisants inscrits représentent environ 1,2 % de
l'électorat total de 24 257 592 électeurs
inscrits à l'élection 2015. Le niveau de
participation à la course de 2013 à la direction du
Parti libéral a été de 30 587 votes
enregistrés,
dont 24 668 sont allés à Justin Trudeau,
soit 80,65 % du vote basé sur un système de
vote préférentiel. Malgré le battage
médiatique sur l'énorme augmentation des
membres/supporters, la participation réelle à la
sélection du dirigeant ne représente
que 0,126 % des électeurs au Canada. Depuis
l'instauration
du suffrage universel au Canada jusqu'au moment présent,
seulement 0,02 % des électeurs ont déjà
participé à des courses à la direction
menées par un parti politique enregistré. Les Canadiens
doivent se demander en quoi ces chiffres représentent un vote
informé et examiner comment les modifications apportées
à la constitution du
Parti libéral sont un effort pour pousser plus avant ce concept
douteux d'habilitation politique.
Note
1. Gainey est devenue
présidente du PLC en février 2014. Elle est
décrite comme
une « confidente de Trudeau », et est mariée
à Tom Pitfield, un ami d'enfance de Trudeau et
le fils de Michael Pitfield qui a servi comme greffier du Conseil
privé sous Pierre Trudeau
dans les années 1980. Tom Pitfield a été le
stratège numérique en chef des libéraux lors de
l'élection fédérale de 2015 et est maintenant
président du groupe de réflexion néolibéral
Canada 2020.
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