Numéro 97 - 14 juillet 2016
Le gouvernement Trudeau
présente son guide pour les discussions sur la réforme du
système électoral
« Il s'agit de votre
démocratie » -- L'imposture comme méthode
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Le gouvernement Trudeau présente son guide pour les discussions
sur la réforme du système électoral
• « Il s'agit de votre démocratie
» -- L'imposture comme méthode
• Le programme de consultation du gouvernement
sur la réforme électorale
• Un Comité spécial futile
Le gouvernement Trudeau présente
son guide pour les discussions
sur la réforme du système électoral
« Il s'agit de votre
démocratie » --
L'imposture comme méthode
Le PCC(M-L) appelle les Canadiens
à rejeter
l'assaut
du gouvernement libéral contre leur conscience et son choix
prédéterminé qualifié de réforme
électorale.
Le 6 juillet 2016, le gouvernement du Canada
a lancé son guide officiel pour participer aux discussions sur
la réforme électorale pour tenter d'empêcher les
Canadiens de sortir des limites étroites de la discussion sur le
« choix » prédéterminé par le
Bureau du premier ministre et le système de partis
cartellisés.
Le même jour, la ministre des Institutions
démocratiques, Maryam Monsef, a témoigné devant le
Comité spécial sur la réforme électorale de
la Chambre des communes où elle a présenté le
guide et déclaré que le système uninominal
à un tour devait être remplacé. Le fait que la
ministre, le Cabinet et le Bureau du premier ministre ont
devancé
le Comité parlementaire spécial pour déclarer
l'ordre du jour des consultations et comment la réforme
électorale devait être discutée indique clairement
que le gouvernement Trudeau a l'intention de contrôler ce
soi-disant processus démocratique.
Le paradoxe est que tout cela est fait au nom
de l'élimination de l'élitisme et de la
hiérarchie,
tout en étant une expression par excellence de l'élitisme
et de la hiérarchie. C'est fait au nom de la «
modernisation du système, » dont le sens est
l'élimination du facteur humain /conscience sociale en
transformant le système politique en une
immense page Facebook où les gens peuvent cliquer sur leur
« aime » et « n'aime pas », et en
utilisant des algorithmes pour calculer prétendument la position
des Canadiens.
Le guide du gouvernement
établit en détail les méthodes de marketing
employées par l'élite dirigeante
néolibérale pour calculer ce que les Canadiens devraient
penser, à quoi et comment. Leur participation à la vie
politique est réduite aux choix les plus ridicules
élaborés par des consultants en marketing. Les
problèmes de la démocratie sont
réduits à calculer des majorités bidon mises
ensemble de manière frauduleuse. Comment les citoyens devraient
considérer le système électoral et politique du
Canada, quelles questions devraient-ils poser sur les propositions
officielles et même la façon dont ils devraient dialoguer
avec les uns avec autres, tenir des réunions, écrire sur
Twitter,
tout est
prédéterminé par des consultants privés et
fourni aux citoyens.
Le guide prétend être non-partisan,
bipartite, moderne et toutes sortes d'autres sottises qui n'ont aucun
sens dans un contexte autre que celui des conseils d'administration des
entreprises et des groupes de réflexion qui font des profits
énormes avec la privatisation de la gouvernance publique dans
les pays dits démocratiques. Les questions, les
méthodes et les résultats sont basés sur les
conceptions néolibérales de l'élite dirigeante et
sont conçus pour briser le mouvement politique du peuple pour la
défense de ses droits et des droits de tous. Un électorat
privé de pouvoir qui n'a aucun moyen d'exercer un contrôle
sur les décisions qui affectent la vie du peuple et celle du
pays est la
dernière chose dont a besoin un pays comme le Canada. Nous
vivons un moment où le système impérialiste
d'États, dont fait partie le Canada, prépare un nouveau
repartage du monde. L'anarchie et la violence déferlent sur les
États-Unis et l'Europe, causant des souffrances et des ravages
indescriptibles.
Le cadre fondamental du guide du gouvernement
libéral est d'empêcher les Canadiens de tirer des
conclusions à partir de leur expérience directe et de
penser à comment les problèmes se posent
concrètement. Le programme de cette «
consultation » commence en assommant les Canadiens
d'effroyables impostures comme « Il s'agit de
votre démocratie et de votre gouvernement ». Des
dogmes sont imposés avec des phrases comme celles-ci :
« La démocratie est forte et bien ancrée au
Canada » et « la réforme électorale fait
partie du programme de renforcement de la démocratie du
gouvernement ».
Nous vivons un moment où les Canadiens ont
besoin d'exercer un contrôle sur les décisions qui
affectent leur vie. Cela inclut la direction de l'économie et
les questions reliées aux salaires, aux avantages sociaux, aux
régimes de retraite et aux conditions de travail. Cela concerne
également toutes les questions liées aux problèmes
clés de la
guerre et de paix. Les libéraux de Trudeau sont en train de
faire passer le pays d'une situation inacceptable où les
citoyens sont réduits à voter une fois tous les quatre
ans à une situation dans laquelle ils n'exercent aucun
contrôle sur les décisions imposées par les
élites au pouvoir. Le gouvernement est tellement pitoyable qu'il
déclare que « le
système électoral va bien au-delà du simple
dépôt des votes et de leur dépouillement -- il
offre aux Canadiens un moyen d'influer sur leur avenir, de confirmer
leur consentement à être gouvernés, et de tenir
leurs représentants responsables. ».
Or, c'est précisément ce que le processus
politique actuel ne permet pas que les Canadiens fassent.
Également, les méthodes que les libéraux mettent
en place pour consulter les Canadiens ne leur permettront pas de le
faire. Le temps est maintenant venu pour les Canadiens de compter sur
leurs propres discussions et leurs propres efforts pour
établir le genre de renouveau démocratique du Canada dont
le Canada a un besoin urgent. La nécessité du renouveau
démocratique doit être discutée de manière
à le mettre en oeuvre.
Les citoyens doivent élaborer les questions
pertinentes et exiger des réponses du gouvernement. Par exemple,
si le système électoral est plus que le
dépouillement des votes, pourquoi le gouvernement a-t-il
imposé des limites strictes à la discussion et l'a
réduite à choisir une de trois méthodes de
dépouillement du scrutin ?
Ces méthodes
pourraient éblouir la base
sociale des partis cartellisés dont les membres sont prêts
à se battre entre eux pour s'assurer que leur variante emporte
le concours, mais cela n'a rien à voir avec se faire une
idée de ce que veulent les Canadiens ou de ce dont ils ont
besoin. Donner une série de critères vagues pour que les
Canadiens
choisissent entre des choix prédéterminés,
présentés par le gouvernement est infantile. L'imposture
est que l'on demande aux citoyens d'examiner uniquement les «
réformes proposées ». Qui a proposé ces
réformes, sur quelles considérations sont-elles
basées, cela n'est pas discuté. Comme les Canadiens ne se
voient pas offrir la possibilité de
proposer des réformes fondées sur la solution des
problèmes auxquels ils font face, la phrase pieuse « Il
s'agit de votre démocratie et de votre gouvernement »
sonne vraiment creuse.
Le guide du gouvernement vise à empêcher
la discussion. Il réduit le rôle des êtres humains
à celui d'acheteurs en ligne qui doivent choisir ce qu'ils
veulent dans une liste de choix prédéterminés qui
ne peuvent les satisfaire. Loin de permettre que ce processus le
marginalise et le pousse dans la futilité, le peuple de ce pays
peut faire une
différence réelle en élaborant ses propres
opinions sur ces questions et en les discutant avec ses pairs dans les
lieux de travail, les établissements d'enseignement, les
quartiers et là où se rassemblent des personnes
âgées.
Le PCC(M-L) est à la disposition des Canadiens
de tous milieux pour les aider dans ce travail avec comme but de
s'assurer que leurs préoccupations et aspirations ne sont pas
marginalisées et que leur droit à la conscience n'est pas
criminalisé. Participons au travail pour le renouveau
démocratique !
Le programme de consultation du gouvernement
sur la réforme électorale
Le 6 juillet le gouvernement du Canada a
lancé des publications et un nouveau site Web pour les
Canadiens, « En savoir plus sur la réforme
électorale au Canada » et « Participer aux
consultations sur la réforme électorale au
Canada ». Un nouveau compte Twitter officiel a
été créé en même temps, appelé
la Démocratie
canadienne pour promouvoir le matériel et le hashtag «
#GetInvolvedinER ». La ministre des institutions
démocratiques Maryam Monsef a témoigné aux
audiences du Comité spécial sur la réforme
électorale de la Chambre des communes le jour même pour
présenter le programme et la documentation du gouvernement.
Tout cela montre clairement que le gouvernement
contourne le comité parlementaire de la réforme
électorale créé le 7 juin et va de l'avant
avec son propre programme, avant que le Comité puisse adopter
ses propres lignes directrices et son processus de consultation. Ceci
en dépit du fait que le gouvernement a dit qu'il va «
compléter
les travaux du comité parlementaire ». Dans la
même veine, avant que le Comité soit créé,
les libéraux ont nommé deux conseillers du Conseil
privé, qui proviennent d'un groupe de réflexion
néolibéral et du milieu universitaire, auprès du
ministère des Institutions démocratiques et de sa
ministre. Lori Turnbull et Mark D. Jarvis ont été
embauchés en mars 2016 : Turnbull va agir en tant que
liaison entre Monsef et le ministère et Jarvis va servir de
conseiller politique à la réforme démocratique. [1] Les autres partis au Parlement n'ont
pas protesté contre le fait que le processus leur a
été enlevé des mains, ce qui montre
comment ils fonctionnent ensemble comme un cartel et qu'ils sont
satisfaits de se laver les mains du résultat, que ce soit le
statu quo ou l'une des réformes proposées.
Le nouveau site Web et le guide du gouvernement
expliquent « pourquoi la réforme électorale au
Canada est importante » et « pourquoi devriez-vous
prendre part au dialogue national sur la réforme
électorale au Canada ». Ils élaborent ce qui
est qualifié de « principes directeurs » pour
la réforme électorale et fournissent des
informations générales sur le système
électoral au Canada. Les publications comprennent un guide
de 38 pages « pour engager et mener à bien un
dialogue fructueux sur la réforme du système
électoral au Canada » et des échantillons de
présentations, de questions et d'ordre du jour sous forme de
fichiers Microsoft Word et
Powerpoint.
Sur le site Web il est mentionné que «
[e]lle vous offre l'occasion de prendre part à un dialogue
national historique sur notre démocratie ... La réforme
électorale fait partie du programme du gouvernement en faveur du
changement. [...] L'une des façons de protéger nos
valeurs démocratiques consiste à chercher constamment
à améliorer le
fonctionnement de nos institutions démocratiques -- ce qui
inclut notre mode de scrutin. » On y lit aussi que «
[e]n consultant la population sur la réforme électorale,
le gouvernement crée des forums permettant d'examiner et
d'améliorer le système électoral national du
Canada -- l'un des fondements de notre démocratie ».
Le
gouvernement prétend aussi que les consultations «
renforcer[ont] notre culture et nos pratiques
démocratiques », et que cela « inspirera les
Canadiens, y compris la prochaine génération
d'électeurs, et les incitera à participer activement au
processus démocratique » et permettra aux Canadiens
de les « aide[r] ainsi à forger l'avenir de la
démocratie canadienne ».
Les Canadiens se font offrir « cinq principes
directeurs suivants [qui] pourraient vous aider à
préciser vos impressions sur ce que vous souhaiteriez obtenir en
ce qui concerne les élections fédérales et la
représentation de votre député et de votre
gouvernement fédéral. Ils peuvent vous aider à
déterminer ce qui compte pour vous lorsqu'il est
question des changements pouvant être apportés à
notre démocratie au niveau fédéral » .
Cela inclut « rétablir l'efficacité et la
légitimité du vote, ... », « favoriser
une hausse de la mobilisation et de la participation relativement au
processus démocratique, ... », « soutenir
l'accessibilité et l'inclusion à l'égard de tous
les électeurs,
et éviter la complexité excessive ... »,
« préserver l'intégrité de notre processus
électoral » et « préserver la
responsabilisation des représentants locaux ».
Les principes sont mis de l'avant « dans le but
de favoriser un dialogue réfléchi et approfondi sur les
attentes des Canadiens », mais les lignes directrices
stipulent également que les principes seront uniquement
utilisés pour l'évaluation et l'indication des
préférences pour l'un ou l'autre des « changements
pouvant être apportés » et
« les réformes proposées » à la
méthode de dépouillement des votes qui ont
déjà été décidés. Ces «
réformes proposées », telles
qu'expliquées dans les lignes directrices sont « le
système uninominal à majorité simple
(SMUT) », « à scrutin majoritaire »,
y compris « le vote préférentiel (VP) »
et « le scrutin à deux
tours (ou de ballottage) », et « les systèmes
à représentation proportionnelle », y compris
« le vote unique transférable (VUT) et le scrutin de liste
(SL) ». Ceux-ci sont appelés des « options
viables », alors que d'autres propositions comme celles qui
traitent de la crise du système des partis ne sont pas à
prendre en
considération.
Dans le cadre des efforts du gouvernement pour limiter
la façon dont les Canadiens discutent de la réforme
électorale, la deuxième partie des lignes directrices du
gouvernement est consacrée à la présentation
très détaillée de plusieurs sujets : comment
les Canadiens devraient consulter leurs pairs, comment planifier des
événements, ce
que l'invitation devrait dire, où ils doivent être tenus,
quels devraient être les sujets et le cadre de la discussion,
comment les réunions devraient être structurées
(à la minute près), quelles questions devraient
être posées, comment les réunions devraient
être promues et comment les « résultats »
de la réunion devraient être remis au
gouvernement pour qu'il décide quelles réformes adopter
s'il en adopte. Le gouvernement a même préécrit les
Tweets, les messages Facebook et les avis aux médias.
Les questions de base proposées par le
gouvernement sont : quelles sont les « réformes
proposées » que les gens aiment et quels «
principes directeurs » devraient être adoptés.
Parmi les questions plus « ouvertes » on trouve :
« selon vous, que pourrait-on faire pour que davantage de
Canadiens s'intéressent et
participent à la démocratie ? », «
comment pourrions-nous évaluer la santé de la
démocratie au Canada ? Que pourrions-nous utiliser comme
indices ? » et « selon vous, quels sont les
points forts de notre système électoral actuel ? Et
ses faiblesses ? »
Un modèle fourni pour soumettre les
résultats des réunions et des consultations au
comité parlementaire et à la ministre des Institutions
démocratiques pose les questions suivantes :
« Avez-vous tenu un dialogue sur la
réforme électorale et sur la réforme
démocratique en général ? Oui/Non
« Dans l'affirmative, quels sont les points
saillants du dialogue ? (question ouverte)
« Avez-vous tenu un dialogue sur les valeurs et
les principes qui sous-tendent la démocratie au Canada ?
Oui/Non
« Dans l'affirmative, quels sont les points
saillants du dialogue ?
« Quels principes sont, d'après les
participants, les plus importants ?
« Quels principes sont, d'après les
participants, les moins importants ?
« Avez-vous tenu un dialogue sur les
différentes réformes électorales possibles au
Canada ? Oui/Non
« Dans l'affirmative, quels sont les points
saillants du dialogue ? »
Le site de consultation sur la réforme
électorale prévoit également un calendrier des
événements pour des consultations sur la réforme
électorale et permet des propositions d'affichage
d'événements. En date du 9 juillet, sept
événements appelés « assemblées
générales » ont été
répertoriés, tous provenant de députés
libéraux.
Note
1. Le ministère des Institutions
démocratiques fonctionne sous l'autorité du
Bureau du Conseil privé. Mark D. Jarvis et Lori Turnbull sont
les coauteurs du livre paru en
2011 et intitulé « Democratizing the Constitution :
Reforming Responsible Government ».
Jarvis a oeuvré auprès du Centre Mowat, un groupe de
réflexion à l'Université de Toronto qui
traite de la transformation des gouvernements
néolibéraux. Au Centre Mowat, il a travaillé
sous la direction de Matthew Mendelsohn, son fondateur et directeur
jusqu'à ce qu'il soit
embauché par les libéraux comme secrétaire adjoint
du Cabinet chargé des résultats et de la
livraison. Lori Turnbull était auparavant professeure
agrégée en sciences politiques à
l'Université Dalhousie et plus récemment à
l'Université Carleton. Turnbull a rejoint en juillet
2005 le département de science politique comme professeur. Elle
donne des cours
d'introduction à la politique, sur les gouvernements
parlementaires au Canada et la politique
de pression. Ses principaux domaines de recherche sont la gouvernance
parlementaire
canadienne, l'éthique politique, les élections, les
systèmes électoraux et la participation du
public.
Un Comité spécial futile
Le Comité spécial de la Chambre des
communes sur la réforme électorale a tenu sa
première réunion le 21 juin, puis quatre autres dont
la plus récente le 8 juillet. Un sous-comité sur le
programme et la procédure a été formé et a
tenu trois réunions.
Le Comité spécial a été
formé le 7 juin suite à une motion du NDP à
la Chambre des communes, adoptée par 229 voix
contre 91, après que la motion initiale du gouvernement
visant à former un comité ait été
abandonnée à cause de différends entre les partis
sur la composition du comité. La motion telle qu'adoptée
comporte des amendements présentés le 11 mai par la
ministre des Institutions démocratiques, Maryam Monsef, lesquels
ont été le fruit de négociations de coulisses
entre les libéraux et le NPD.
En vertu du mandat du comité, celui-ci doit
« déterminer et étudier d'autres modes de scrutin,
pour remplacer le système majoritaire uninominal à un
tour, ainsi que pour examiner les questions du vote obligatoire et du
vote en ligne et évaluer la portée dans laquelle les
options précisées pourraient améliorer la mise en
oeuvre » d'une
série de « principes » mis de l'avant par la
ministre des Institutions démocratiques.[1] Le comité
doit « mener un processus de mobilisation national qui comprend
une consultation exhaustive et inclusive des Canadiens ». Le
rapport du Comité doit être déposé «
au plus tard le 1er décembre 2016 ».
La première réunion du comité a
été consacrée à l'élection d'un
président et d'un vice-président et à d'autres
affaires qui concernent le comité. Les questions comme le temps
d'intervention des témoins, l'allocation du temps pour les
questions aux témoins et du temps et des ressources aux partis
qui siègent sur le comité ont été
confiées au
sous-comité. La deuxième réunion du comité
tenue le 29 juin et toutes les réunions du
sous-comité se sont tenues in camera, ce qui veut dire
que les réunions sont fermées au public et que leur
contenu n'est pas rendu public.
Selon le procès-verbal de la réunion du
comité publié sur le site du Parlement du Canada, le
sous-comité a fait une série de recommandations incluant
la possibilité pour les Canadiens de proposer des questions aux
membres du comité via Twitter qui à leur tour pourraient
poser ces questions aux témoins, sur le temps alloué pour
les allocutions
d'ouverture et les questions aux témoins, sur
l'échéancier de la soumission de mémoires et des
demandes pour être entendus par le comité. Le
sous-comité a aussi recommandé une période de
temps à micro ouvert pour entendre les membres du public, sur
une base de premier arrivé premier servi, comme cela a
été fait pour les audiences sur le
Partenariat transpacifique. Bien qu'un des mandats du comité
soit de « mener un processus de mobilisation national qui
comprend une consultation exhaustive et inclusive des
Canadiens », il semble que ce volet soit entre les mains de
la ministre des Institutions démocratiques car aucune
recommandation n'a été faite par le sous-comité
à ce
sujet.
Le 6 juin, le premier témoin d'importance
à passer devant le comité a été la ministre
des Institutions démocratiques, Maryam Monsef, qui a
annoncé les nouvelles consultations et les nouveaux principes
directeurs pour la réforme électorale (voir article
ci-dessus). On a laissé entendre qu'elle a
réitéré les propos qu'elle avait tenus à la
Chambre des communes. Monsef ne s'est pas engagée à ce
que le gouvernement adopte les recommandations du Comité sur la
réforme électorale. Elle a simplement dit que si le
comité devait demander la tenue d'un référendum,
« si c'est ce que le comité recommande, si c'est ce que
les Canadiens veulent, s'il y a au sein du comité consensus
à
l'effet que c'est là le meilleur moyen de faire participer les
Canadiens en 2016, alors il nous appartient, à moi et au
gouvernement, de traiter cette question avec
sérieux ».
Deux réunions ont eu lieu le 7 juillet, une
avec le directeur général d'Élections Canada
(DGE), Marc Mayrand, à titre de témoin, et l'autre avec
l'ancien DGE, Jean-Pierre Kingsley. Mayrand a dit qu'il faudrait
attendre deux ans avant qu'Élections Canada ne puisse apporter
des changements au système électoral. L'attente pourrait
atteindre 26 mois si les réformes adoptées par le
gouvernement devaient modifier le nombre ou les limites des
circonscriptions électorales. Mayrand a dit que « notre
système électoral doit être accepté des
citoyens, par les Canadiens. Ceux-ci doivent pouvoir faire confiance au
système. » Sur la question d'un
référendum sur la
proposition de réforme électorale, Mayrand a
estimé qu'il en coûterait 300 millions $ et a
expliqué quelles mesures logistiques seraient nécessaires
pour le mettre en oeuvre. Jean-Pierre Kingsley, pour sa part, a dit que
pour tenir un référendum sur cette question des
amendements à la Loi référendaire seraient
nécessaires,
puisque, selon lui, cette loi ne s'applique qu'aux questions d'ordre
constitutionnel. Il a aussi fait un certain nombre d'observations
fondées sur son expérience en tant que DGE.
Composition du comité
La composition du comité se veut
proportionnelle, en fonction du nombre de votes alloués à
chaque parti à la Chambre par les élections de 2015.
Le comité est composé de 12 membres, dont le
président, et cinq de ces 12 membres sont des
libéraux.
La nomination au comité de députés
libéraux d'arrière-ban dénote une attitude
nonchalante envers le comité et renforce l'impression à
l'effet que les travaux et les décisions du gouvernement sur la
réforme électorale se feront et se prendront ailleurs.
Aucun des représentants libéraux au comité ne
s'est exprimé lors des débats à la Chambre des
communes sur comment les Libéraux comptaient procéder sur
la question des réformes électorales. Aucun d'entre eux
ne semble avoir quelque expertise ou intérêt en la
matière, un sujet vaste qui touche aux questions
constitutionnelles, aux droits démocratiques, aux modes de
scrutin et aux notions de représentation. Des membres
libéraux du
comité, seul Francis Scarpaleggia (Lac-Saint-Louis,
Québec), élu en 2004, n'est pas un nouveau
député. Matt De Courcey (Fredericton, Nouveau-Brunswick)
et Sherry Romanado (Longueuil - Charles-LeMoyne, Québec) ont des
diplômes d'études supérieures en relations
publiques. Les autres membres libéraux du comité sont
John Aldag
(Cloverdale - Langley City, Colombie-Britannique) et Ruby Sahota
(Brampton North, Ontario).
La motion par laquelle le comité a
été établi stipule que son président, qui
doit voter seulement en cas d'égalité, doit être
membre du parti au pouvoir et le comité a choisi Scarpaleggia .
Au sujet de ses propres compétences en la matière, il a
dit : « Je n'ai aucune opinion sur le genre de
système électoral que nous devrions avoir
au Canada. Je suis donc ici pour écouter et non exercer une
influence. En plus, et ça n'est pas la moindre raison, je suis
président surtout parce que je n'ai pas encore fait de projets
de
vacances cet été. »
Note
1. Les « principes » du comité
diffèrent des nouveaux principes du gouvernement. Ils
sont :
« 1) Efficacité et
légitimité : que la mesure proposée
augmente la confiance des Canadiens sur le fait que leur désir
démocratique, tel qu'il est exprimé par le vote, sera
traduit de façon juste dans les résultats du scrutin, et
qu'elle réduise la distorsion et renforce le lien entre
l'intention des électeurs et l'élection des
représentants ;
« 2) Participation : que la
mesure proposée encourage le vote et la participation au
processus démocratique, favorise une civilité et une
collaboration accrues au sein de la sphère politique,
améliore l'unité sociale et offre des possibilités
d'inclusion des groupes sous-représentés dans le
processus politique ;
« 3) Accessibilité et
inclusion : que la mesure proposée évite une
complexité indue du processus de scrutin tout en respectant les
autres principes, et qu'elle favorise l'accès par tous les
électeurs admissibles, peu importe leur condition physique ou
sociale ;
« 4) Intégrité
: que la mesure proposée puisse être mise en oeuvre
tout en assurant la confiance du public à l'égard du
processus électoral, en assurant l'obtention de résultats
fiables et vérifiables à l'aide d'un processus efficace
et objectif qui est sécuritaire et préserve la
confidentialité du vote pour les particuliers
canadiens ;
« 5) Représentation locale
: que la mesure proposée assure la responsabilisation et
tienne compte de la valeur que les Canadiens accordent à leur
collectivité, au fait que les députés connaissent
les conditions locales et qu'ils tentent de satisfaire les besoins
locaux à l'échelle nationale ; la mesure doit aussi
permettre
aux citoyens d'avoir accès à leur député
pour faciliter la résolution de leurs préoccupations et
leur participation au processus démocratique. »
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