Numéro 96 - 12 juillet 2016
3e anniversaire de la tragédie
de Lac-Mégantic
Bâtissons une autorité
publique
qui défend l'intérêt public,
pas l'intérêt monopoliste privé!
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Lac-Mégantic, 10 juillet 2016
3e
anniversaire
de
la
tragédie de Lac-Mégantic
• Bâtissons une autorité publique
qui défend l'intérêt public, pas
l'intérêt monopoliste privé!
Entrevues
• La voie de contournement c'est maintenant que
nous la voulons - Robert Bellefleur, porte-parole de la
Coalition des citoyens et organismes engagés pour la
sécurité ferroviaire
• Nous travaillons toujours dans un cadre
réglementaire où les entreprises ferroviaires
écrivent et mettent en oeuvre leurs propres règles -
Brian
Stevens, directeur national du secteur
ferroviaire d'Unifor
• La mise à pied massive de
travailleurs à l'entretien des voies du CP menace la
sécurité des voies et du public - Wade
Phillips, Directeur, Région Est, Conférence ferroviaire
de Teamsters Canada, Division des préposés à
l'entretien des voies
• L'intention des monopoles ferroviaires
d'installer des caméras dans les trains pour surveiller les
travailleurs est
une atteinte à la vie privée et à la
sécurité - Don Ashley, directeur
législatif de la Conférence ferroviaire de Teamsters
Canada
3e anniversaire de la tragédie de
Lac-Mégantic
Bâtissons une autorité publique qui
défend l'intérêt public, pas l'intérêt
monopoliste privé!
Le 6 juillet 2016 était le 3e
anniversaire de la tragédie de Lac-Mégantic, une des plus
grandes tragédies ferroviaires de l'histoire du Canada.
Le 10 juillet, la communauté de Lac-Mégantic a tenu
un rassemblement pour marquer l'anniversaire et réitérer
ses deux principales demandes : la construction immédiate
d'une voie de contournement afin d'éviter que des produits
dangereux ne soient transportés via le centre-ville et des
réparations sérieuses aux rails du tronçon de
Lac-Mégantic. Plus de 200 personnes y ont participé,
en majorité des résidents et des résidentes de
Lac-Mégantic et également des gens venus de plusieurs
régions et d'aussi loin que
la Gaspésie et les États-Unis. Le
Marxiste-Léniniste appuie les demandes de la
communauté et appelle tous les
Canadiens à défendre Lac-Mégantic et les autres
communautés ferroviaires affectées par les
déraillements, qui continuent de se produire à
intervalles réguliers au Québec, au Canada et aux
États-Unis.
Il y a deux ans, en fin de soirée le 5
juillet, un convoi de trains de marchandises constitué de cinq
locomotives et de 72 wagons non conçus pour transporter le
type de pétrole brut qu'ils contenaient, a été
laissé sans surveillance pour la nuit à Nantes, en
Estrie. Vers une heure du matin, le train s'est mis à descendre
de lui-même la
pente menant à Lac-Mégantic. Il a fallu peu de temps pour
que 63 wagons déraillent en plein centre-ville,
déversant leur contenu et entraînant une série
d'incendies et d'explosions d'envergure catastrophique. Quarante-sept
personnes ont été tuées, de nombreuses autres
blessées et le centre-ville a été rasé. Les
sols ainsi que la rivière
Chaudière et le lac Mégantic lui-même ont
été lourdement contaminés par les
déversements de pétrole brut. Trois ans plus tard, de
nombreux résidents de Lac-Mégantic souffrent toujours de
syndromes post-traumatiques causés par la catastrophe.
Il y a eu de nombreux déraillements de trains
transportant du pétrole brut depuis la tragédie de
Lac-Mégantic. Qu'on pense à celui de Casselton au Dakota
du Nord en décembre 2015, à celui qui s'est produit
près de Plaster Rock au Nouveau-Brunswick en janvier 2014
et à cet autre près de Gogama dans le nord de l'Ontario
en
mars 2015. Tous étaient des Lac-Mégantic en
puissance et l'absence de pertes de vie est due uniquement au fait que
les déraillements et les explosions se sont produits à
quelques kilomètres de zones densément peuplées.
Le fait demeure que trois ans après la
tragédie de Lac-Mégantic, les dangers à la vie
humaine, aux maisons et aux installations et à l'environnement
sont plus grands aujourd'hui que jamais à cause de la
négligence criminelle des monopoles ferroviaires. Ceux-ci
reconnaissent comme leur responsabilité première et leur
tâche la plus urgente leur
capacité concurrentielle face aux autres transporteurs
nationalement et internationalement, et cela à n'importe quel
prix, et le gouvernement refuse de les rendre redevables de leurs
actions.
Lac-Mégantic a
produit un éveil tragique et profond au fait que c'est la
vision et la pratique néolibérales voulant que toutes les
ressources de la société soient mises à la
disposition des monopoles mondiaux qui mènent directement
à l'auto-réglementation des entreprises ferroviaires et
à la négligence criminelle qui causent anarchie et chaos.
Une
rupture radicale avec l'ordre du jour néolibéral
antisocial est nécessaire afin que les intérêts du
peuple puissent prévaloir et il faut aussi que des mesures
immédiates soient prises pour assurer la sécurité
ferroviaire selon les standards les plus élevés en fait
de conditions de travail, d'effectifs adéquats, d'entretien, et
ce, dans tous les aspects. La lutte est
pour une autorité publique sur laquelle le peuple exerce un
contrôle et qui protège la sécurité des
communautés ferroviaires et du public en défendant
l'intérêt public et non l'intérêt monopoliste
privé.
À cet égard, la déclaration qu'a
émise le premier ministre Justin Trudeau à l'occasion
du 3e anniversaire de la tragédie est à la fois
inappropriée et indigne. On y lit :
« La sécurité ferroviaire demeure
l'une des principales priorités du gouvernement du Canada, et
nous continuerons à agir pour améliorer la
sécurité des chemins de fer canadiens. Le ministre des
Transports, Marc Garneau, s'est rendu à Lac-Mégantic en
avril pour entendre les personnes les plus directement touchées
par la tragédie.
« Je tiens à assurer les gens de
Lac-Mégantic qu'ils ont notre plein appui alors qu'ils
continuent de panser leurs plaies. Sachez que nous gardons en
mémoire le souvenir de votre tragédie et nous n'oublions
pas tout ce que vous avez perdu. Votre histoire ne fait que renforcer
notre détermination à faire en sorte que nos chemins de
fer soient les
plus sécuritaires au monde. C'est ainsi que nous nous assurerons
que les événements tragiques de Lac-Mégantic ne se
reproduisent jamais. »
Qu'est-ce que le premier ministre veut dire quand il
dit que « nous continuerons à agir pour améliorer
la sécurité des chemins de fer canadiens ».
Dire que « nous continuerons » est la façon
typique de parler des gouvernements qui mènent l'offensive
antisociale et refusent de traiter des problèmes réels
auxquels le peuple fait face, leur cause comme leur solution, et
préfèrent se réfugier dans leurs grandes phrases
creuses et leurs mantras. C'est une façon pour eux
d'éviter d'assumer la responsabilité de leurs actions et
de l'impact qu'elles ont sur les problèmes que les gens vivent.
Ce que le mouvement demande, c'est une rupture avec ce qui a
causé la tragédie, pas une
continuation.
Le premier ministre essaie de se placer dans une
position où il va tenter de noyer les demandes du peuple dans un
marais d'énoncés de politique, de déclarations
d'intention, d'études de faisabilité et de consultations
afin de maintenir le statu quo. Cette déclaration, qui a
été émise à un moment aussi solennel, doit
être fermement condamnée et
rejetée.
Le Marxiste-Léniniste transmet une
fois de plus ses profondes condoléances à tous ceux et
celles qui ont perdu des être chers dans la tragédie et
rend hommage aux intervenants de première ligne qui ont
risqué leur vie de façon héroïque pour sauver
les résidents et continuent d'aider la communauté de
toutes les manières possibles. LML salue
chaleureusement la communauté de Lac-Mégantic qui
continue de rebâtir sa vie et appelle les travailleurs et le
peuple à intensifier leur lutte pour édifier une
autorité publique qui défend la sécurité
des communautés et du public.
Rassemblement à Lac-Mégantic pour la
sécurité du rail le 10 juillet
Entrevues
La voie de contournement c'est
maintenant que nous la voulons
- Robert Bellefleur, porte-parole de la
Coalition des citoyens et organismes engagés pour la
sécurité ferroviaire -
Rien n'a changé sur le terrain depuis 2013
en ce qui concerne la sécurité ferroviaire, que ce soit
à Lac-Mégantic ou au Canada. Le nouveau gouvernement
libéral maintient toujours la déréglementation et
le principe de l'autogestion de la sécurité ferroviaire
par les entreprises elles-mêmes. Nous en avons eu un nouvel
exemple il y a
quelques semaines avec la décision du Canadien Pacifique de
mettre à pied 500 travailleurs qui font l'entretien et
l'inspection des rails et malgré cela le ministre des Transports
Marc Garneau dit que tout va bien. Il est venu à
Lac-Mégantic et a partagé la même tribune que le
président de Central Maine & Quebec Railway (CMQR) afin de
rassurer la population à l'effet que les rails ont
été inspectés et qu'ils sont en bon état et
sécuritaire. Nous ne pensons pas que les rails sont
sécuritaires, surtout dans les courbes où ils sont
usés à l'extrême. Dans les endroits
escarpés, là où il y a des ponceaux, ceux-ci
démontrent de grandes fissures dans leur structure de ciment.
Lorsque nous
détectons un endroit où la voie est en mauvais
état, souvent ce que la compagnie fait c'est réduire la
vitesse du train au lieu d'effectuer la réparation.
Ici à
Lac-Mégantic, le transport de produits dangereux dans le
centre-ville, que ce soit du gaz propane, du chlore ou de l'acide
sulfurique, a repris de plus belle. Le moratoire qui existe avec le
CMQR sur le transport du pétrole brut par le centre-ville se
termine à la fin de l'année. Cela n'augure rien de bon
pour 2017. Alors
essentiellement nous sommes soumis aux mêmes dangers
qu'en 2013.
On utilise encore la voie d'évitement à
Nantes qui pourrait permettre de stationner un train en
difficulté, mais on y fait du triage, on y stationne encore de
nombreux wagons sans surveillance en attente d'être pris en
charge par la locomotive. Cela laisse peu de chance pour y stationner
un train qui serait en difficulté mécanique par exemple.
On
sait que le train qui a déraillé était un train en
difficulté mécanique qui avait été
stationné sans surveillance sur la voie principale et non la
voie d'évitement. Cela nous laisse en position de
vulnérabilité si une telle situation devait se reproduire.
Nous organisons un grand rassemblement le 10
juillet à l'occasion du 3e anniversaire de la
tragédie. Nous demandons au premier ministre Justin Trudeau de
venir annoncer que la voie de contournement va être construite
très bientôt. Ils ont déposé le rapport de
faisabilité. Si on se fie à toutes les étapes qui
sont requises, la
construction ne serait pas envisageable avant 2021 ou
même 2022. La population souffre encore d'un haut taux
d'anxiété et des suites du choc post-traumatique et on ne
peut pas se permettre d'attendre encore 5 ou 6 ans avant que
les travaux commencent.
Nous travaillons toujours dans un cadre
réglementaire où les entreprises ferroviaires
écrivent et mettent en oeuvre leurs propres règles
- Brian Stevens, directeur national du
secteur ferroviaire d' Unifor -
La tragédie de Lac-Mégantic est l'un des
exemples les plus flagrants de ce qui se produit lorsque la
bureaucratie refuse de faire ce qui doit être fait. Le
gouvernement, le Bureau de la sécurité des transports
(BST), Transports Canada (TC) et l'industrie ne prennent pas les
mesures appropriées, en dépit de toute la
rhétorique que nous
entendons. Nous continuons d'avoir des trains à la
dérive, nous avons toujours des wagons-citernes DOT 111 en
service qui se perforent et provoquent le chaos.[1] Cela ne
cause pas toujours une explosion, mais un déversement dans une
rivière ou dans une communauté c'est en soi quelque chose
de
très sérieux. Nous ne traitons toujours pas des vraies
questions qui doivent être abordées pour que le public
reprenne confiance et voit que l'agence de réglementation et
l'industrie font fonctionner les chemins de fer de manière
sécuritaire.
Nous ne disposons pas d'un cadre
réglementaire qui peut être appliqué par une agence
de réglementation. Notre cadre de règlements est
créé par les entreprises ferroviaires et est mis en
oeuvre par elles pendant que Transports Canada, qui est soumis à
un lobbying important des sociétés de chemins de fer, est
réduit à l'état d'observateur et de
vérificateur. Les inspecteurs de Transports Canada ne jouent pas
le même rôle que jouent les inspecteurs dans l'industrie du
transport aérien ou l'industrie du transport routier. Nous ne
permettrions pas aux transporteurs aériens de réglementer
leurs propres avions, mais nous permettons aux sociétés
de
chemins de fer de réglementer leurs propres
trains. Les entreprises ferroviaires continuent de fonctionner comme si
elles étaient plus puissantes que les gouvernements
eux-mêmes.
En ce qui a trait au nouveau gouvernement
fédéral, le fait est que le Conseil consultatif du
ministre sur la sécurité ferroviaire ne s'est pas
réuni depuis que Marc Garneau a été nommé
ministre. Marc Garneau a souvent rencontré, nous dit-on, les
entreprises ferroviaires et les groupes de lobbying mais il n'a pas
rencontré le Conseil consultatif sur
la sécurité ferroviaire. Nous devions justement avoir une
réunion la semaine dernière mais elle a été
de nouveau reportée jusqu'en septembre. Le gouvernement utilise
un langage différent de celui du gouvernement
précédent mais nous n'avons vu aucune volonté de
discuter avec les
intervenants de l'industrie et de tenir des réunions. Alors on a
d'un côté les
déclarations à l'effet que la sécurité
ferroviaire est la première priorité et de l'autre un
conseil, qui a été formé pour traiter et discuter
des questions de sécurité ferroviaire, qui ne s'est pas
encore réuni avec le gouvernement.
Dans notre travail, en tant qu'organisation, nous
disons à Transports Canada et au gouvernement
fédéral que Transports Canada a un rôle actif
d'intervention à jouer, et non uniquement de
vérification, afin de s'assurer que les chemins de fer
fonctionnent de manière sécuritaire. Nous le faisons en
fournissant les informations et les cas concrets
directement à Transport Canada et en soulevant les questions
avec eux. Aux endroits de travail, nous encourageons nos membres
à signaler les cas où il y a des problèmes afin
qu'ils soient traités et résolus, et s'ils ne le sont
pas, nous travaillons à faire en sorte que nous ayons un
mécanisme interne où nous soulevons ces questions.
Note
1. La norme DOT 111 est
considérée comme insuffisante pour le transport de
marchandises inflammables. C'est la classification des wagons-citernes
qui ont déraillé à
Lac-Mégantic où 59 des 63 voitures ont
éclaté et déversé leur contenu.
La mise à pied massive de travailleurs
à
l'entretien des voies du CP menace la sécurité
des
voies et du public
- Wade Phillips, Directeur, Région
Est, Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, Division des
préposés à l'entretien des voies -
Le Marxiste-Léniniste :
À la fin de juin, le Canadien Pacifique (CP) a
annoncé une mise à pied massive de travailleurs à
l'entretien. Combien de travailleurs sont affectés et quel
travail font-ils ?
Wade Phillips :
Le CP a annoncé la mise à pied
d'environ 260 de nos membres et qu'il ne va pas combler 240
postes vacants en ce moment. Cela fait 500 postes en tout. Ces
travailleurs font tout, de l'entretien quotidien de base des voies aux
inspections régulières aux réparations. Ce sont
aussi des
travailleurs qui oeuvrent dans ce que nous appelons le programme des
voies, qui est le renouvellement des voies, traverses, rails, ballasts,
les nouveaux commutateurs, etc., un grand
éventail de travaux. Il y a aussi les membres-instructeurs qui
vérifient les travaux et les réparations et inspectent
les ponts et les structures du système. Ces
positions sont parmi les plus importantes qui existent dans le secteur
ferroviaire.
Selon nous, ces postes sont une composante essentielle
de la sécurité des voies et du public. Des
événements comme le déraillement de
Lac-Mégantic nous montrent que des désastres peuvent se
produire. Le désastre de Mégantic n'était pas
relié à l'état des voies mais le
déraillement de citernes de pétroles du CN près de
Gogama
en 2015 l'était. Cela a causé une grande
dévastation dans le nord de l'Ontario.
Nous demandons qu'à tout le moins ces postes
soient examinés à la lumière de la nouvelle
réglementation du gouvernement adoptée en 2015 qui
prévoit une évaluation des risques dans les cas de
réduction de main-d'oeuvre.
Le geste du CP de licencier maintenant des travailleurs
à l'entretien des voies sous prétexte que le volume de
wagons est plus faible en ce moment dénote un manque de vision.
C'est l'occasion pour nous de nous déployer et d'effectuer le
plus de travail possible alors que le trafic est faible pour que le
travail soit fait lorsque le trafic
augmentera.
Depuis que Hunter Harrison a pris la tête du CP
en 2012, il y a eu des milliers d'emplois éliminés.
Il ne s'agit pas d'une compagnie en difficultés
financières. Elle donne plus d'argent à ses actionnaires
alors qu'elle élimine le travail qui doit être fait.
LML : Veux-tu dire quelque
chose en conclusion ?
WP : Les hommes et les femmes qui
sont dehors à travailler sur les voies, qui travaillent de
longues heures, la nuit, nuit et jour, dans toutes sortes de conditions
météo, le font avec une grande fierté. Ils le font
sachant que leurs
emplois sont importants et ont le potentiel de protéger le
public au Canada et nous pensons certainement qu'ils devraient
être dehors à faire le travail.
Nous devons garder à l'esprit que les wagons
passent quotidiennement par des cours de triage et je pense que si vous
examinez les statistiques de Transport Canada, c'est
environ 80 % de tous les déraillements qui surviennent
dans les cours de triage et ces cours sont situées dans des
zones à haute population. Si ces cours de
triage ne sont pas entretenues correctement, il y a beaucoup plus de
risques de déraillements et de désastres.
L'intention des monopoles ferroviaires d'installer des
caméras dans les trains pour surveiller les travailleurs est une
atteinte
à la vie privée et à la sécurité
- Don Ashley, directeur législatif
de la
Conférence ferroviaire de Teamsters Canada -
Le Marxiste-Léniniste
: La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada
(CFTC) a annoncé que les compagnies ferroviaires veulent avoir
recours à des enregistrements vidéo et audio afin de
surveiller leur personnel de bord. Pouvez-vous nous en dire
davantage ?
Don Ashley :
La question de la technologie audio et vidéo
dans le domaine ferroviaire remonte à plusieurs années.
Le Bureau de la sécurité des transports (BST) a mis de
l'avant certaines recommandations suite à des accidents, en
particulier suite à l'accident de Via Rail à Aldershot
en 2012. ( Aldershot est
un quartier de la municipalité de Burlington, en Ontario - note
de la rédaction ). Le BST avait alors demandé qu'il y
ait des enregistrements à bord de la cabine de locomotive afin
de
déterminer les facteurs humains liés aux causes de
l'accident. Les employeurs - tous les employeurs, y compris CP, CN, Via
ainsi que toute compagnie qui sera
touchée par des changements à la réglementation -
ont dit : « Si vous installez ces dispositifs, si vous
voulez que nous les installions, alors nous voulons avoir accès
aux informationsé » Pour que ces compagnies aient
accès aux enregistrements à des fins de
sécurité proactive - en d'autres mots, s'ils veulent
surveiller le personnel de
bord - des changements législatifs doivent être faits.
Présentement, en vertu de la Loi sur le Bureau canadien
d'enquête sur les accidents de transport et de la
sécurité des transports (BCATST), tout enregistrement
de bord est réservé à l'usage exclusif du BST en
cas d'accident.
Nous exerçons des pressions syndicales sur le
gouvernement pour faire valoir que nous ne nous objectons pas à
l'usage d'appareils d'enregistrement dans les locomotives à
condition que l'information reste confidentielle et soit
utilisée uniquement par le BST en cas d'accident. Ces
enregistrements ne doivent pas servir aux compagnies pour
surveiller les activités du personnel. En ce qui nous concerne,
il s'agirait d'une atteinte à la vie privée mais cela
pourrait aussi empêcher le personnel de bord d'accomplir ses
tâches comme il faut. Cela pourrait créer un environnement
de cabine silencieuse qui ferait en sorte que les membres de
l'équipage ne se parleraient pas par crainte que leurs
propos ne se retournent contre eux, de sorte que la communication entre
les membres de l'équipage serait restreinte, ce qui pourrait
avoir des répercussions négatives sur la
sécurité.
Nous craignons que le BST et Transport Canada tiennent
tellement à cette information qu'ils vont être prêts
à se soumettre à la demande des compagnies ferroviaires.
Nous faisons tout le lobbying possible pour qu'une telle chose ne se
produise pas. Le 16 juin, le Comité permanent des
transports, de l'infrastructure et des collectivités a
terminé sa mise à jour sur la sécurité
ferroviaire et a déposé son rapport au Parlement. Le
Comité recommande que Transport Canada développe une
législation et des structures réglementaires dans le but
d'autoriser le recours aux enregistrements vidéo et audio
à condition qu'il soit clairement stipulé que les
enregistrements sont à l'usage exclusif
du BST à des fins d'enquêtes sur les accidents, et nous
sommes d'accord avec cela.
Nous allons nous battre sur cette question jusqu'au
bout. Si nous échouons vis-à-vis le gouvernement et la
réglementation, notre prochaine démarche va être
auprès du commissaire à la protection de la vie
privée.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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Courriel: redaction@cpcml.ca
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