Numéro 91 - 1er juillet 2016
149e anniversaire de la
Confédération
Dotons le Canada d'une
Constitution moderne et d'une
définition moderne des droits
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149e
anniversaire
de
la
Confédération
• Dotons le Canada d'une Constitution moderne
et d'une définition moderne des droits
• Une constitution moderne est une
nécessité historique
149e anniversaire de la
Confédération
Dotons le Canada d'une Constitution moderne et d'une
définition moderne des droits
Le 1er juillet est le 149e anniversaire de la
Confédération, date à laquelle l' Acte de
l'Amérique du Nord britannique de 1867 est entré
en vigueur, fusionnant quatre colonies de l'empire britannique en
Amérique du Nord en un Dominion du Canada. Cela comprenait la
nation du Québec contre son gré et les
nations autochtones non cédées sur le territoire,
lesquelles continuent à ce jour de subir les pires affronts de
la politique de diviser pour régner de l'État canadien.
L' Acte de l'Amérique du Nord britannique
de 1867 demeure le cadre constitutionnel du Canada
malgré les nombreux amendements apportés au fil des
années, que ce soit lorsque le Canada a acquis son
indépendance formelle, lorsque le suffrage a été
étendu au-delà des hommes de propriété de
race blanche, suite au
développement d'une base industrielle socialisée ou
après la formation à l'échelle du pays d'une
classe ouvrière forte et instruite constituée de gens
provenant de tous les coins du monde.
Cet aspect appelle en soi à réflexion.
Après près de 150 ans, deux guerres mondiales et la
fin de la division bipolaire du monde, la constitution et la
définition des droits qui en découle doivent être
modernisées pour répondre aux exigences de
l'époque. Au lieu de reconnaître cette
réalité, le gouvernement liberal de Justin Trudeau a
lancé un programme pour
le 150e anniversaire de la Confédération
en 2017 pour « célébrer nos valeurs communes,
nos réalisations, la richesse de notre environnement et notre
place dans le monde ». Les thèmes officiels
proclamés par le gouvernement pour
les célébrations sont « la diversité et
l'inclusion, la réconciliation avec les peuples autochtones,
l'environnement et la jeunesse ».
Un groupe privé
appelé Celebrations Ottawa Inc. a reçu 210
millions $ du gouvernement pour organiser les
événements officiels. Par le biais de cette
organisation le gouvernement « investira de façon
stratégique dans des activités qui soutiennent la vision
du 150e anniversaire et encouragent la participation des
Canadiens », dit Patrimoine Canada. Autrement dit, ceux qui
soutiennent la
« vision » épousée par les institutions
d'État de 1867 auront droit à un soutien du
gouvernement.
Qui a décidé
de cette vision ? Et qu'arrivera-t-il aux activités qui
épousent une autre vision que celle-là ? N'ont-elles
pas droit au même soutien gouvernemental? Le gouvernement a
décidé que ceux qui partagent sa vision respectent les
«valeurs canadiennes». Cela laisse entendre que ceux qui ne
partagent pas cette vision ne respectent pas les «valeurs
communes» des Canadiens. C'est absurde. S'il y a une valeur
commune que partagent les Canadiens, c'est bien le droit de toute
personne humain à la conscience, à sa vision du Canada.
Le gouvernement dit que notre force est dans notre diversité,
mais pour lui la diversité ne tient qu'à certaines
caractéristiques relatives à l'apparence, la langue, la
religion, la couleur de la peau, la race, l'origine ethnique, les
capacités, etc. Le droit de conscience de chacun n'y figure pas.
Le droit de conscience, ce caractère propre à
l'être humain, ne serait pas une «valeur commune». Si
c'est le cas, on est en droit de se demander sur quelle base sont
conférés les droits de citoyenneté aujourd'hui. Le
droit d'être de chacun doit être la
base à partir de laquelle les droits sont définis au XXIe
siècle, mais le gouvernement n'en tien aucun compte.
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) a lancé un programme d'un an pour
engager les Canadiens, les Québécois, les citoyens et
résidents de tous les milieux dans le travail pour le renouveau
démocratique et pour moderniser la Constitution suivant le
principe que les droits nous appartiennent du fait que nous sommes des
êtres
humains et que le Québec, les nations autochtones et le reste du
Canada doivent établir entre eux une union libre et égale.
Le PCC(M-L) croit qu'il s'agit d'une tâche
historique, pas une affaire de choix de politique. Cette modernisation
est nécessaire pour que ceux et celles qui produisent toute la
richesse puissent occuper la place qui leur revient au centre de
l'histoire et apporter les changements nécessaires pour
surmonter les problèmes auxquels la société est
confrontée aujourd'hui sur le plan de l'économie et sur
le plan de l'environnement naturel et social.
Pour vous tenir au courant des activités et des
écrits du PCC(M-L) durant l'année qui vient,
écrivez à bureau@cpcml.ca.
Une constitution moderne est une
nécessité historique
La Fête du Canada 2016 signale le
début d’une année de préparation
pour marquer le 150e anniversaire de la
Confédération de 1867 l’année
prochaine. Tous les développements de l’histoire récente
du Canada
démontrent un
besoin urgent de doter le Canada d’une constitution moderne qui
investit le peuple de la souveraineté plutôt qu'un
monarque étranger,
qui donne expression au renouveau démocratique et établit
des droits et
devoirs égaux pour tous, une constitution écrite par le
peuple plutôt
qu’une constitution imposée par la poignée d’individus
qui détiennent
le pouvoir. L’histoire récente rappelle aussi le besoin de
renouveler
la Confédération à partir de la volonté
souveraine des peuples pour
stopper la destruction nationale de ceux qui ont soumis le
pays au pouvoir décisionnel et aux projets d’empire de monopoles
mondiaux et des alliances et accords commerciaux et militaires
dominés
par les États-Unis.
Une constitution moderne du
Canada doit mettre fin à l'injustice
coloniale qui étouffe les peuples autochtones et appliquer les
principes de relations de nation à nation. Elle doit
reconnaître le
droit du Québec à l'autodétermination, garantir
les droits qui
appartiennent aux citoyens et
résidents du fait qu'ils sont des êtres humains et
créer les conditions
pour le renouveau démocratique du processus politique, pour que
les
peuples du Canada puissent décider directement des questions qui
les
concernent et qui ont un impact sur leur vie.
L’histoire appelle les peuples du Canada et du
Québec et les
peuples autochtones à établir entre eux des arrangements
modernes assis
sur une union libre et égale d’entités souveraines. Sur
cette base ils
pourront affronter les défis du XXIe siècle en tant que
souverains,
maîtres des décisions qui les concernent, des institutions
d’État et de
la direction du pays.
Où réside la souveraineté
La Constitution du Canada fondée sur les
arrangements du XIXe siècle de l' Acte de l'Amérique
du Nord britannique (AANB) considère toujours la reine
d'Angleterre comme souveraine et chef de l'État du Canada. Selon
la Codification administrative des lois constitutionnelles
de 1867 à 1982
préparée par le ministère de la Justice :
« À la Reine continueront
d'être et sont par la présente attribués le
gouvernement et le pouvoir
exécutifs du Canada. » Lorsque l'AANB, une loi du
parlement
britannique, a
été rapatrié au Canada en 1982, ni le premier
ministre d'alors Pierre
Trudeau ni les premiers ministres provinciaux n'ont cru bon d'en
profiter pour retirer cet anachronisme de la loi fondamentale du
Canada. Puis durant les pourparlers qui ont mené à
l'Accord du lac
Meech en 1987 et dans le
consensus entre le premier ministre du Canada et les dix premiers
ministres provinciaux qui a mené à l'Accord de
Charlottetown de 1992,
personne n'a songé à recommander l'abolition de cette
clause.
Transférer
la souveraineté du monarque au peuple n’est pas une affaire sans
importance : c’est une rupture radicale avec le pouvoir des
quelques-uns qui imposent leurs intérêts étroits,
pour établir le
pouvoir de
la multitude et faire prévaloir le grand intérêt
public. À cette
étape-ci de l’histoire, il est impossible d’avoir une
constitution
moderne conforme aux aspirations et revendications du peuple sans une
définition claire et une affirmation à l'effet que c'est
le peuple qui
est
souverain. Le pouvoir souverain décide de tous les aspects
fondamentaux de la loi du pays et de tout ce qui en découle.
Cet anachronisme n’a pas été aboli parce
qu’en pratique le pouvoir
souverain de l’État a été transféré
au premier ministre du Canada et
aux premiers ministres provinciaux en tant que Reine-en-Parlement, aux
assemblées législatives et, dans le cas du
Québec, à l’Assemblée nationale. Maintenir la
Reine d’Angleterre comme
chef de l’État à titre nominal permet à
l’élite dominante de cacher ce
fait. L’autorité des premiers ministres est absolue, dans la
tradition
anglaise qui consiste à
concentrer le pouvoir entre les mains de la couronne-en-parlement.
Lorsque le premier ministre du Canada et les premiers
ministres
provinciaux affirment avoir le mandat de gouverner pendant une
période
de temps déterminée, la Constitution canadienne leur
donne le pouvoir
de le faire d’une manière absolue dans le cadre de la
séparation des
pouvoirs
fédéraux et provinciaux. Par contre, si la Constitution
stipulait que
la souveraineté réside dans le peuple, il lui faudrait
alors stipuler
quels droits et devoirs le peuple accorde à son gouvernement et
comment
le gouvernement est choisi par le peuple. Un changement à cet
égard qui
reconnaîtrait la souveraineté du peuple entraînerait
la nécessité
d’établir les moyens légaux par lesquels le peuple exerce
sa
souveraineté. Cette modernisation d’envergure historique, qui
définit
l’époque, n’est pas quelque chose que
l’élite dominante est disposée ou apte à
accomplir.
Une démocratie qui ne donne pas aux citoyens du
pays les moyens
d'exercer un contrôle sur les politiques et les décisions
des instances
élues suivant une loi fondamentale qu'ils ont eux-mêmes
adoptée est une
forme de pouvoir autoritaire et absolutiste.
Les arrangements constitutionnels des 149
dernières années
n'ont jamais investi le peuple de la souveraineté. Au contraire,
la
Confédération de 1867 était un arrangement
sur le partage des pouvoirs
entre la Grande-Bretagne et l'élite dominante du Canada et
s'intéressait
principalement au partage des pouvoirs entre le gouvernement central et
les provinces. La promesse de soumettre à l'approbation du
peuple
l'entente qui allait regrouper quatre provinces en un dominion a vite
été abandonnée, puisqu'il était devenu
évident qu'elle allait être
rejetée. Ni le
rapatriement de la Constitution de 1982 et l'ajout d'une Charte
des
droits
et
libertés
, ni aucune des modifications qui ont été
apportées au fil des ans
depuis 1867 n'ont su remédier au fait que la constitution
du Canada
n'émane pas du peuple et que la Confédération
n'a pas permis une union libre et égale de peuples souverains.
Le Québec serait un des deux
« peuples fondateurs » du Canada mais n'est pas
signataire de la Loi constitutionnelle de 1982
Le Québec n'a pas signé la Loi
constitutionnelle de 1982 à
cause du refus obstiné de l'élite dominante de
reconnaître son droit à
l'autodétermination. Toutes les tentatives de résoudre la
place du Québec dans la Confédération ont
échoué parce que l'élite dominante continue de
maintenir les arrangements anglo-américains anachroniques qui
refusent de reconnaître ce droit.
Un des obstacles à
la résolution de la place du Québec à
l’intérieur ou à l’extérieur de la
Confédération, et un des moyens
pratiques utilisés pour priver le peuple québécois
de ses droits durant
toute cette période historique, est
le fait que dès le départ les aspirations du peuple
à être maître de
ses décisions ont été éclipsées par
l’imposition de divisions basées
sur des considérations relatives à l’origine nationale,
la langue et la
religion. Cela a commencé
avec le Rapport Durham de 1839, qui déclarait que le
problème au Canada
était l’apparition d’une « haine mortelle qui divise
les habitants du
Bas-Canada en deux groupes hostiles : Français et
Anglais » et que le
conflit était « une lutte, non
de principes, mais de races ».
Il s’agissait d’une interprétation
délibérément fausse de ce qui
s’était produit durant la rébellion de 1837-1838
contre le pouvoir
britannique dans le Bas-Canada. C’était une application de la
fameuse
tactique de diviser pour régner des
bâtisseurs d’empire britannique. Ils ont fait la même chose
en Inde
quelques décennies plus tard. Ils ont proclamé que le
problème en Inde
était que les musulmans et les hindous se détestent. En
fait, les
Indiens de toutes les origines et de toutes les religions
s’étaient
unis
contre le pouvoir britannique durant la Guerre d’indépendance
de 1857.
Le mensonge goebbelsien à propos de la haine au sein du peuple a
permis
aux colonialistes britanniques de se présenter comme les
pacificateurs
et de répandre la doctrine de la
« tolérance » propre
à l’empire britannique. Justin Trudeau évoque cette
même tolérance
aujourd’hui pour stigmatiser ceux qui contestent les arrangements
constitutionnels actuels, les qualifiants d’intolérants et
d’arriérés.
Pour s'assurer que le ressentiment fondé sur les
différences
ethniques et linguistiques s'empare des colonies canadiennes, le
Rapport Durham recommanda ouvertement l'assimilation des Canadiens
français, qu'il qualifia de « peuple sans histoire et
sans
littérature ». C'est à partir
de cette interprétation intéressée et anti-peuple
que les bâtisseurs de
l'empire britannique ont imposé une union législative du
Haut et du Bas
Canada et un système factionnel de gouvernement de partis. Cela
allait mener à l'institutionnalisation de la
politique de
l'antagonisme au sein du peuple et à la division en fonction des
lignes de parti.
Le Parti libéral d'aujourd'hui est né
d'une scission du Parti rouge
créé par les patriotes pour poursuivre leur cause
après l'écrasement
des rébellions. Certains dans le Parti rouge furent
séduits par la
politique de la division comme moyen de se hisser au pouvoir tandis que
ceux qui s'y opposèrent et continuèrent de
défendre les idées
républicaines des patriotes furent persécutés,
isolés, emprisonnés,
abandonnés et même ostracisés par l'Église
qui interdisait la lecture
de leurs écrits. Les champions de la politique
de division allaient créer le Parti libéral du Canada
après la
Confédération.
La lutte pour la
république dans le Bas-Canada contre le pouvoir
colonial antidémocratique et l'élite dominante
représentée par la
Clique du Château, constituée de riches et puissants
marchants, avait
réuni toutes les personnes éprises de démocratie
toutes origines
confondues. Cette lutte s'accompagna d'un soulèvement similaire
dans le
Haut-Canada mené par William Lyon Mackenzie contre les
privilèges et
l'emprise de la clique dominante appelée le Family Compact.
La politique de division a été
utilisée depuis pour accabler le
peuple québécois et comme instrument d'oppression de la
nation
québécoise. Elle a des adhérents à
l'intérieur comme à l'extérieur du
Québec, et même à
l'intérieur du mouvement nationaliste. La motion adoptée
en 2006 par le
gouvernement de Stephen Harper « reconnaissant la nation du
Québec »
stipule que la Chambre « reconnaît que les
Québécois
forment une nation au sein d'un Canada
uni ». Le mot
« québécois » est utilisé en
anglais également, pour
signifier un groupe particulier de Québécois. La motion
de 2006 limite
la nation du Québec à un groupe ethnique dont la langue
est le
français. Elle n'inclut pas les
Québécois qui parlent une autre langue ou qui ont une
autre origine
nationale, ni les peuples autochtones. Elle introduit une notion
diffuse de Québécois
qui s'apparente à ce qu'on appelait les Canadiens
français, sans un
territoire précis et éparpillés dans des
communautés partout au Canada. Avec cette définition
tarabiscotée, la
« nation du Québec » ne peut jamais
être conçue comme étant souveraine
et ayant le droit à l'autodétermination, et surtout pas
le droit de
sécession.
La stratégie de confiner la nation du
Québec à un groupe ethnique
était également celle de Pierre Elliott Trudeau pour nier
son existence
et pour enlever au peuple québécois ses droits nationaux.
Dans les
années 1960, Pierre Trudeau a proclamé que le
nationalisme
était « arriéré » et un
ennemi de l’État moderne, imposant sa
définition irrationnelle et intéressée de la
nation. Il affirmait que
la nation du Québec n’existait pas et qu’il s’agissait
uniquement d’un
vaste groupe
ethnique au sein du Canada. Le
« biculturalisme » a été
adopté comme
politique officielle de l’État canadien comme moyen de
contourner et
nier les revendications et aspirations de la nation du Québec et
aussi
des nations autochtones et pour affaiblir
l’unité de tous les peuples du Canada et leur revendication de
nouveaux
arrangements pour résister au projet d’empire et d’annexion de
l’impérialisme américain.
Après l'élection fédérale
d'octobre 2015, Justin Trudeau a appliqué
un concept semblable au Canada : « Aujourd'hui, il n'y
a pas d'identité
profonde ou de courant dominant au Canada, a-t-il dit. Il y a des
valeurs qui sont partagées – l'ouverture, le respect,
la compassion, la volonté de travailler dur, être
là les uns pour les
autres, rechercher l'égalité et la justice. »
Il a ajouté que « ce sont
ces qualités qui font de nous le premier État
postnational ».
En ce qui concerne le Québec, Justin Trudeau a
dit à plusieurs
occasions que « le nationalisme est une vieille idée
du XIX siècle »
basée « sur une petitesse d'esprit qui construit des
barrières entre
les gens ».
Ce désir de Trudeau fils de faire du Canada le
« premier État postnational » aide
à mettre en perspective les dissertations de
Trudeau
père sur le nationalisme dans les années 1960
et 1970. L'attaque de
Trudeau père et fils contre ce qu'ils appellent le
nationalisme étroit d'esprit se résume au fond à
une attaque contre le
droit du peuple de bâtir son pouvoir de prises de décision
à son
niveau, contre la concentration du pouvoir entre les mains de la toute
petite minorité privilégiée. Ce fut le cas depuis
la rébellion contre
le
contrôle colonial et l'emprise des riches marchands de la Clique
du
château au XIXe siècle jusqu'à l'opposition
populaire d'aujourd'hui aux
instances décisionnelles supranationales de nature
économique et
militaire, telles que l'ALÉNA et l'OTAN, dominées par les
monopoles
mondiaux les
plus puissants et les bâtisseurs d'empire d'aujourd'hui.
Tout le monde sait que le
silence délibéré de Justin Trudeau sur la
question du Québec est le signe sûr d'une campagne
d'hystérie à venir,
d'une crise annoncée, à cause du refus obstiné de
reconnaître le droit
du Québec à
l'autodétermination et le droit du peuple d'exister et de se
gouverner
avec des institutions modernes. L'élite dominante est incapable
de
doter le Canada de la perspective moderne d'une union libre et
égale
des peuples du Canada et du Québec et des peuples autochtones.
Dans le
fédéralisme canadien
fondé sur les notions libérales des bâtisseurs
d'empire, le peuple est
sujet et le pouvoir souverain réside dans le monarque, qui
aujourd'hui
est une façade pour la concentration du pouvoir dans le bureau
du
premier ministre agissant pour le compte des monopoles les plus
puissants, à la base du
système impérialiste d'États dominé par les
États-Unis.
Le mouvement pour l'affirmation de la
souveraineté du Québec, que
ce soit dans la forme d'un référendum sur
l'indépendance ou d'un refus
d'adhérer à la constitution coloniale, contribue à
ouvrir la voie au
progrès pour le Canada et le Québec. Il remet en cause
les
arrangements constitutionnels intéressés et
dépassés des bâtisseurs
d'empire de 1867 et le blocage que cela représente pour
l'édification
nationale aujourd'hui. Le mouvement pour affirmer le droit d'être
du
Québec rejoint le mouvement des peuples autochtones pour mettre
fin
à l'injustice coloniale, pour garantir leurs droits et
établir des
relations de nation à nation pour résoudre leurs propres
problèmes
d'édification nationale, et rejoint aussi le mouvement des
citoyens et
résidents partout au Canada qui réclament les droits qui
leur
appartiennent du fait qu'ils
sont des êtres humains.
La nécessité de mettre fin à
l'injustice coloniale et à la
négation des droits et de bâtir des relations de nation
à nation
avec
les peuples autochtones
La Constitution canadienne ne reconnaît pas les
droits ancestraux
inhérents et les droits issus de traités des peuples
autochtones et ne
reconnaît pas la souveraineté de leurs nations. Les droits
ancestraux
des peuples autochtones sont leur droit d'être et leur droit de
vivre
sur leurs territoires traditionnels
selon ce que leur enseigne leur matériel de pensée, de la
façon dont
eux-mêmes définissent leurs besoins et ce dont ils ont
besoin en ce
XXIe siècle pour concrétiser leurs droits et leur donner
pleine
expression. L'invasion coloniale a été un effort pour
nier les droits
ancestraux et les
autres droits et le développement des peuples qui habitaient les
Amériques, l'Île de la Tortue, depuis des temps
immémoriaux. Pour que
justice soit faite, cette négation des droits doit
elle-même être niée
et des relations de nation à nation doivent être
établies de
manière concrète pour que les peuples autochtones
puissent s'épanouir.
La Constitution ne
reconnaît pas les responsabilités
fiduciaires du Canada en tant que pays qui s'est bâti par
l'appropriation coloniale, l'occupation et l'exploitation des
territoires et du travail des autochtones et les tentatives
génocidaires
d'éliminer les
autochtones en tant que peuples. En vertu de ces responsabilités
fiduciaires, le niveau de vie le plus élevé doit
être garanti aux
peuples autochtones et tous les services requis doivent leur être
fournis, au niveau le plus élevé possible. Le
renouvellement sur une
base moderne des relations entre des nations autochtones souveraines,
un Québec souverain, un Canada
souverain, des peuples souverains en tant qu'individus et collectifs,
est essentiel au renouveau de la Confédération et
à la modernisation
des conditions de vie elles-mêmes.
La ligne libérale pragmatique
dénuée de principes fait obstacle à
la nécessité de reconnaître les droits ancestraux
des peuples
autochtones. Le sous-ministre adjoint de Justin Trudeau aux affaires de
traités et au gouvernement autochtone, Joe Wild, l'a bien
exprimé dans
ses
commentaires du 4 juin. Il discutait des moyens d'
« insuffler une
nouvelle vie » à la Constitution canadienne en ce qui
a trait aux
relations du Canada avec les Premières Nations et leur
souveraineté. Il
a dit : « Il y a une notion de souveraineté qui
peut encore
exister d'une manière qui ne menace pas le tissu de la nation.
Il peut
y avoir quelques domaines où vous devez être un peu
prudent, comme
mettre en place une armée, la frontière du pays par
rapport aux autres
pays, mais le reste ? Vous pourriez probablement trouver des
moyens où
cela pourrait
fonctionner et ne menacerait pas le statut du Canada en tant que
Canada. »
Wild a aussi dit que son
gouvernement va traiter avec chaque
communauté ou nation autochtone comme une entité
séparée, dans le but
d'en arriver à une entente avec chacune d'entre elles.
Ces propos illustrent bien la continuation de la
relation coloniale
oppressive. La lutte des nations autochtones pour la
souveraineté sur
leurs terres et dans toute la prise de décision n'a pas à
répondre à un
pouvoir au-dessus d'elles qui décide pour elles et
prétend représenter
le tissu
social de la nation. Être souverain veut dire que ce sont les
peuples
autochtones qui décident et que les relations entre elles et le
Canada
sont des relations entre entités souveraines et que cette
relation
moderne est enchâssée dans la Constitution. Le renouveau
de la
Constitution doit éliminer tout vestige des
relations coloniales et bannir les expressions passe-partout comme une
« approche de collaboration » et d'autres comme
elles qui en pratiquent
servent à maintenir le statu quo.
La demande d'une constitution moderne est une lutte de
plus qui
vient renforcer l'unité d'action entre les peuples autochtones,
canadien et québécois dans la lutte pour leurs droits. La
lutte de tous
ces peuples est essentiellement une seule lutte – la lutte pour le
renouveau politique et constitutionnel pour que les
droits de tous puissent être garantis dans une constitution
moderne qui
reconnaît, soutient et garantit les droits de tous. L'État
canadien
raciste colonial du XIXe siècle et sa constitution
régressive font
obstacle à l'avancement de la société auquel tous
les peuples aspirent,
comme individus et
comme collectifs.
C'est le temps maintenant
que les femmes et les jeunes, ensemble
avec tous les travailleurs et leurs alliés dans les autres
couches et
classes de la société au Canada et au Québec
travaillent avec les
peuples autochtones pour renouveler en profondeur les arrangements
politiques de la société et priver
les autorités de leur pouvoir de priver le peuple de ses droits.
Ce
sont les peuples eux-mêmes qui doivent être investis du
pouvoir de
prendre contrôle de leurs affaires économiques, politiques
et sociales.
Le renouveau constitutionnel et politique est une précondition
à une
réconciliation
véritable entre les peuples autochtones, le Canada et le
Québec.
La Constitution de 1982 ne garantit pas les droits
des citoyens et des résidents
L'histoire récente du Canada témoigne
d'une offensive généralisée
contre les droits et les libertés des citoyens et des
résidents au nom
de la « sécurité nationale » et de
la « lutte contre le terrorisme ».
Cette offensive est
menée selon le concept en lambeaux du besoin d'équilibrer
les droits et
la sécurité alors qu'en fait les gens ont des droits en
tant qu'êtres
humains en toutes circonstances et l'État doit garantir ces
droits.
La Charte canadienne des
droits et libertés a été
incorporée à la Constitution rapatriée
en 1982. L'article 1 de la
Charte affirme que les droits et libertés « ne
peuvent être restreints
que par une règle de droit, dans des limites qui soient
raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans
le cadre
d'une société libre et démocratique ».
La Charte est maintenant rongée
par la crise et le discrédit parce que les limites raisonnables
ont été
usurpées par les pouvoirs arbitraires de l'État,
connus comme les pouvoirs policiers, qui dictent quels droits le peuple
peut et ne peut pas avoir, comme l'a fait Lord Durham au XIXe
siècle au
nom du pouvoir policier colonial. Cette usurpation a mené
à un
processus arbitraire de criminalisation sans fin de la conscience et
d'attaques contre les luttes que mène le
peuple contre l'offensive antisociale et les plans de guerre de
l'élite
dirigeante du côté des impérialistes
américains et de l'alliance de
l'OTAN dominée par les États-Unis.
Les attaques contre les droits, menées sous le
prétexte de
circonstances exceptionnelles, sont devenues la norme, et des
communautés, comme la communauté musulmane, font face au
profilage et
sont la cible d'attaques sans qu'elles aient un droit de recours.
L'absence d'une Constitution qui prescrit des droits
inaliénables et rend cette question justiciable est
profondément
ressentie dans tout le pays.
En plus, les arrangements qui sont à la base de
la Confédération
sont en train d'être détruits alors que les
intérêts monopolistes
mondiaux ont pris le contrôle des gouvernements à tous les
niveaux,
fédéral, provincial et municipal. Ceux-ci sont devenus
les
instruments de prises de décisions sur une base supranationale.
L'élite
dirigeante ne considère plus les vieux arrangements de partage
des
pouvoirs entre les gouvernements fédéral et provinciaux
comme étant
utiles aux aventures des monopoles mondiaux les plus puissants. Ceux-ci
ne reconnaissent ni
juridiction ni limitation au droit de monopole et à leur course
à la
domination et à leur édification d'empire. Les
contradictions au sujet
des ententes de partage de pouvoirs fédéraux et
provinciaux ont
dégénéré en combats acharnés entre
gouvernements servant des
intérêts monopolistes mondiaux particuliers. On le voit
aux conflits
sur l'énergie, sur les paiements de transfert en santé,
sur
l'allocation des fonds aux projets d'infrastructure et sur plusieurs
autres questions.
Le besoin de renouveler la
Constitution afin d'investir le peuple
de la souveraineté et de garantir ses droits en tant que
fondement de
la souveraineté canadienne n'a jamais été si
grand. Loin d'être quelque
chose de dépassé ou une source de
« division », comme le
prétend l'élite dirigeante, le renouveau politique et
constitutionnel
est vital pour ouvrir la voie au progrès de la
société. À cet égard, la
classe ouvrière du Canada et les autres classes et couches de la
population devraient saisir l'occasion des préparatifs
du 150e
anniversaire
de la Confédération pour examiner l'évolution des
institutions
démocratiques du Canada, les intérêts qu'elles
servent, quelle
direction elles prennent et ce qu'on doit faire pour donner forme et
contenu aux aspirations du peuple à la souveraineté,
à l'habilitation
politique, aux
idées éclairées et au droit de décider et
de contrôler les affaires
politiques, économiques et sociales qui affectent leur vie.
Cette
initiative est à la fois opportune et nécessaire afin que
nous
puissions tracer notre destinée à notre avantage.
Les constitutions et les questions constitutionnelles
ne doivent
pas être le monopole d'une élite dirigeante qui les
utilise pour ses
propres intérêts étroits. Elles appartiennent au
peuple qui lutte pour
défendre ses droits. Les Canadiens veulent enchâsser et
codifier dans
une Constitution les
définitions modernes auxquelles ils aspirent et qui
correspondent aux
conditions concrètes. La lutte pour renouveler la
Confédération sur une
base moderne est un instrument que le peuple a dans ses mains pour
faire progresser l'intérêt public, ouvrir une voie vers
l'avant et
faire échec à
l'arbitraire, à la régression, à l'anarchie,
à la violence et aux
guerres que l'élite dirigeante nous impose.
Jetons les vestiges de l'édification d'empire du
XIXe siècle à la
poubelle de l'histoire et poursuivons notre travail organisé
pour
établir une constitution moderne et une union libre et
égale de peuples
souverains dont les droits sont reconnus et garantis.
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Marxiste-Léniniste
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