Numéro 88 - 27 juin 2016
Anniversaire de la défaite de
l'Accord du lac Meech
Le renouveau démocratique
est à l'ordre du jour
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Anniversaire
de
la défaite de l'Accord du lac Meech
• Le renouveau démocratique est à
l'ordre du jour
24 juin
• Fête nationale du Québec
Anniversaire de la défaite de
l'Accord du lac Meech
Le renouveau démocratique est à l'ordre
du jour
Le 23 juin 1990 échouait l'Accord du
lac Meech, un ensemble d'amendements à la Constitution du Canada
négocié en 1987 derrière des portes closes
par le premier ministre du Canada, Brian Mulroney, et les premiers
ministres des provinces. La défaite de Meech signalait un nouvel
approfondissement de la crise
constitutionnelle, laquelle est maintenant devenue une crise
existentielle où l'existence même du Canada comme
État souverain et indépendant est en jeu.
L'Accord de Meech avait été conclu dans
le contexte du référendum de 1980 au Québec
sur la place du Québec dans le Canada et du refus du
Québec de signer la Constitution de 1982 rapatriée
par le gouvernement de Pierre Trudeau. Trudeau avait promis de
rédiger une nouvelle entente constitutionnelle après la
défaite du
référendum du Québec et cette promesse s'est
soldée deux ans plus tard par l'ajout de la Charte des
droits et libertés et d'une formule d'amendement à l'
Acte de
l'Amérique du Nord britannique
de 1867. Le parlement britannique a adopté l' Acte
du Canada
le 29 mars 1982 qui mettait fin
formellement à la dépendance britannique. C'est ainsi que
la Constitution a été «
rapatriée ». La nouvelle loi constitutionnelle de
Trudeau (de 1982)
était l'« équivalent
canadien » de l' Acte du Canada du
parlement
britannique et elle était incluse dans celui-ci avec une formule
d'amendement et la Charte
des droits
et libertés . Le Québec refusa d'en être
signataire, ce qui causa une crise. C'est pour tenter de la
résoudre que le gouvernement de Brian Mulroney entama
en 1985 des négociations constitutionnelles qui allaient
conduire à l'Accord du lac Meech deux ans plus tard le 23
juin 1987.
Le premier ministre du Québec de
l'époque, Robert Bourassa, a dit que le Québec signerait
la Constitution si cinq modifications lui étaient
apportées. :
- la reconnaissance constitutionnelle du Québec
comme société distincte ;
- un veto constitutionnel pour le Québec sur les changements
constitutionnels ;
- une voix au chapitre pour le Québec sur la nomination des
juges de la Cour suprême du Canada ;
- une garantie constitutionnelle de pouvoirs accrus en matière
d'immigration ;
- la limitation du pouvoir fédéral de dépenser.
Il fallait s'attaquer aux causes de la crise
constitutionnelle. Il fallait notamment garantir des relations de
nation à nation avec les peuples autochtones de façon
à mettre fin à l'injustice coloniale ; il fallait
mettre fin à toutes les notions de droits basées sur le
privilège et les soi-disant limites raisonnables, investir le
peuple du pouvoir et non
un monarque étranger et enchâsser des droits égaux
pour tous les citoyens et résidents. Enfin, il fallait
reconnaître le droit du peuple du Québec à
l'autodétermination, y compris la sécession si telle est
sa décision, ce que l'Accord du lac Meech a refusé de
faire. Il visait en fait à maintenir le statu quo en
déclarant le Québec « société
distincte » au sein du Canada. Il donnait un veto
constitutionnel au Québec, augmentait les pouvoirs des provinces
en matière d'immigration, étendait et réglementait
le droit à une compensation financière raisonnable pour
toute province qui se retirerait de quelque programme
fédéral futur dans un domaine de juridiction
exclusivement
provinciale et donnait voix au chapitre aux provinces dans la
nomination des sénateurs et des juges de la Cour suprême.
Puisque Meech aurait
changé la formule d'amendement de la Constitution et
modifié le processus de la Cour suprême, il fallait
obtenir le consentement de toutes les législatures provinciales
et du parlement canadien dans un délais de trois ans. Les dix
premiers ministres provinciaux s'étaient tout de suite mis
d'accord mais le consensus ne dura
pas les trois ans requis pour obtenir le consentement des
assemblées législatives. Une Conférence des
premiers ministres fut convoquée vingt jours avant
l'échéance pour essayer de sauver Meech et il fut convenu
que Meech devait être suivi d'une autre ronde de
négociations constitutionnelles. Le premier ministre de
Terre-Neuve, Clyde Wells,
s'attaqua au secret du processus décisionnel. Le 23
juin 1990, date limite, Elijah Harper, député de
l'assemblée législative du Manitoba membre des
Premières Nations, signala son refus de consentement en
brandissant une plume d'aigle, rendant ainsi impossible
l'unanimité requise de l'assemblée. Wells annula sa
proposition de tenir un
vote à l'assemblée de Terre-Neuve et l'Accord du lac
Meech était officiellement mort.
Une des principales caractéristiques de l'Accord
de Meech est qu'il embrouillait le statut du Québec. Il
affirmait que le Québec était une «
société distincte » et que « la
législature et le gouvernement du Québec ont le
rôle de protéger et de promouvoir la société
distincte ». La « société
distincte » est restée indéterminée
dans
les documents, les aspects « distincts » du
Québec n'y étaient pas énumérés et
il n'y avait pas de critères par lesquels les préserver
et les promouvoir. Le terme « société
distincte » a été le sujet de nombreuses
interprétations mais celle qui a dominé les cercles
politiques officiels était que le Québec est distinct en
raison de la langue
française uniquement. En faisant de la langue la seule question,
la formulation de Meech sur la « société
distincte » niait l'existence du Québec en tant que
nation souveraine ayant évolué au fil de l'histoire avec
une communauté d'économie et de territoire et une culture
et une psychologie portant l'empreinte de cette histoire. Qui plus est,
elle niait au peuple québécois le droit à
l'autodétermination. Le fait de dire à l'Assemblée
nationale ce qu'elle devait faire n'a pas été bien
reçu non plus.
Un autre aspect important de l'Accord de Meech est la
promotion qu'il faisait de la désunion et de
l'inégalité. Le fait de définir une nation
uniquement par sa langue mène à la théorie que le
Canada est habité par un grand nombre de « nations
linguistiques », toutes susceptibles d'un statut
indépendant mais dont seulement l'«
anglaise » et la « française »
auraient une place d'honneur.
Meech encourageait la désunion également
en dévoluant certains pouvoirs fédéraux aux
provinces comme s'il s'agissait de dix petites nations (les provinces)
regroupées dans une grande nation (le gouvernement
fédéral). Les deux territoires (le Nunavut n'existait pas
encore) ne furent pas invités au lac Meech parce que le premier
ministre
considérait que leur pouvoir était insuffisant,
établissant ainsi la possibilité de différents
statuts selon la région. D'autre part, Meech accordait à
chaque province un pouvoir de veto en matière législative
et il était clair que chaque province s'en servirait pour
avancer les intérêts étroits des regroupements
économiques et politiques régionaux qui
finançaient les gouvernements plutôt que de mettre de
l'avant l'intérêt national d'ensemble.
Le troisième aspect
de Meech était son refus d'affirmer ou même d'aborder le
sujet des droits ancestraux des peuples autochtones, ce qui revenait
à supprimer ces droits. Les droits ancestraux des peuples
autochtones ne sont pas un élément
périphérique, ils doivent être
enchâssés dans la Constitution. Les autochtones ont le
droit légitime de
revendiquer les terres de leurs ancêtres et d'en disposer comme
ils l'entendent. En tant que peuples souverains, ils ont le droit de
décider de leurs affaires mais aussi de participer à la
décision des affaires du Canada dans son ensemble. Aucune des
modifications proposées par l'Accord de Meech n'abordait ces
sujets. Les chefs autochtones
présentèrent deux autres objections. La première
concernait leur exclusion de l'ensemble des travaux de Meech. L'autre
concernait le transfert possible de services fédéraux aux
provinces prévu dans la clause sur le droit de retrait avec
compensation, ce qui risquait d'entraîner le
démantèlement de programmes essentiels pour les peuples
autochtones.
Le quatrième aspect principal de Meech
était le caractère antidémocratique des
procédures. Toutes les consultations eurent lieu derrière
des portes closes. Les gens disaient que c'était une rencontre
de onze hommes blancs à cravate pour décider du sort du
pays entre eux. Une fois l'accord conclu dans le secret, les onze
premiers ministres
tentèrent de l'imposer au peuple sans autre discussion ou
délibération. Il n'y eut pas de consultation populaire,
l'ordre du jour n'était pas établi suivant les
désirs du peuple et les points discutés et inclus dans
l'accord étaient ceux que les premiers ministres voulaient
discuter et inclure.
L'extrême mécontentement de la population
face aux procédés de Meech fut capté par le Forum
des citoyens sur l'unité nationale de 1990, appelé
Commission Spicer, que Mulroney fut forcé d'établir
après la défaite de Meech, disant que son gouvernement
voulait entendre les opinions des Canadiens. Le rapport de la
Commission Spicer
publié en 1991 permet de constater que les Canadiens
étaient très conscients que quelque chose manquait dans
le processus politique canadien, qu'on ne pouvait pas faire confiance
aux hommes et aux femmes politiques et qu'il manquait les
mécanismes nécessaires pour habiliter le peuple. Beaucoup
ont réclamé la convocation d'une
assemblée constituante qui permettrait au peuple de
délibérer et de décider de la constitution qu'il
veut.
Quelle est la signification de Meech aujourd'hui ?
C'est qu'à l'époque actuelle les peuples veulent
être les arbitres et les décideurs. C' est le travail pour
le renouveau démocratique qui va ouvrir la voie au
progrès de la société et non le
réaménagement du statu quo au nom du changement, de la
modernisation et de faire en sorte que
chaque vote compte.
L'Accord de Meech a confirmé que dans la forme
de pouvoir politique héritée par le Canada, le pouvoir
absolu réside dans les oligarques financiers et leurs
représentants politiques. La suggestion à l'effet que
seul le premier ministre du pays et les dix premiers ministres des
provinces seraient habilités à proposer la Constitution
et que le peuple
reste exclu du processus a été rejetée fermement
parce qu'aujourd'hui l'histoire exige que le pouvoir soit
transféré au peuple qui agit de son propre chef et dans
son propre intérêt. Celui-ci veut retirer la politique des
mains des intérêts en place et la mettre entre les mains
de ceux qui s'attaqueront aux problèmes que le peuple veut
régler, comme
l'insécurité économique qui est devenue la plus
grande priorité à l'heure actuelle.
L'échec de Meech a également mené
à la déconfiguration du parlement jadis fondé sur
l'existence du « parti au pouvoir » (libéraux
ou conservateurs) et du « parti de l'opposition ». Le
Parti conservateur a été à toute fin pratique
radié de la carte à l'élection de 1993 et le
Parti libéral est dans un triste état depuis le «
scandale des commandites » de 1995, dont il
prétend s'être remis alors que tout ce qu'il a fait c'est
concentrer
toujours plus de pouvoir dans un nombre de mains toujours plus petit.
Tout ceci confirme que le renouveau démocratique est à
l'ordre du jour.
24 juin
Fête nationale du Québec
Le 24 juin 1834, Ludger Duvernay et les membres de la
société « Aide-toi, le ciel t'aidera »
inaugurent le 24 juin aujourd'hui Fête nationale du
Québec. (www.fetenationale.qc.ca)
Le 24 juin, le peuple québécois
célèbre sa Fête nationale inaugurée
en 1834 par le patriote québécois Ludger Duvernay et
les membres de la société nommée « Aide-toi,
le ciel t'aidera ». Celle-ci avait été
fondée le 8 mars de la même année avec comme
objectif de « se doter d'un lieu de réflexion
désigné pour
discuter de l'état du pays » et « de ranimer le
feu sacré de l'amour de la patrie, soit en éclairant la
conduite de nos gouvernants, soit en accordant un juste tribut de
louanges aux éloquents et braves défenseurs de nos
droits ». C'est cette société, dirigée
par le patriote et député Ludger Duvernay, éditeur
et rédacteur du journal patriote La Minerve, qui
organisa, le 24 juin 1834, le banquet dans le jardin de
l'avocat MacDonnell pour instituer la fête nationale des
Canadiens de toutes origines. Aujourd'hui, nous disons des
Québécois de toutes origines. Ce fut la première
célébration tenue par le peuple de la nation naissante du
Québec, où Duvernay, les patriotes,
les députés patriotes et leur parti reconnaissaient le
peuple en tant que « source primitive de toute autorité
légitime ». Ils reconnaissaient donc la
souveraineté du peuple.
Cette célébration
nationale inaugurée par Ludger Duvernay et les
députés du Parti patriote tombait le même jour que
la fête de la Saint-Jean Baptiste mais les deux
événements étaient très différents.
En fait, la fête de la Saint-Jean Baptiste avait
été créée il y a fort longtemps par le roi
de France et le haut clergé catholique dans les colonies de
l'empire de la France pour s'opposer à la fête civile du
solstice d'été le 21 juin, que
célèbrent les nations autochtones.
Avec le Concile de Trente (1545-1563), l'Église
avait tenté de christianiser cette coutume de la
célébration de la lumière autour d'un grand feu de
joie pour lui substituer une représentation de soumission en la
personne de saint Jean, « l'agneau de Dieu ». Dans
cette même lignée, en 1702, monseigneur de
Saint-Vallier, dans son
Catéchisme du diocèse de Québec à
l'intention des Canadiens, signalait que l'Église catholique au
Nouveau Monde (entendre dans les colonies de l'empire français)
dit qu'il s'agit d'une cérémonie parfaite pourvu qu'on en
bannisse les danses et les superstitions, sous-entendues les croyances
des nations autochtones. Et ce n'est qu'en 1908 que
le pape Pie X, supportant la division du peuple canadien en soi-disant
« Canadiens-français » et «
Canadiens-anglais » que voulait imposer l'empire
britannique, décréta saint Jean Baptiste patron des
« Canadiens-français ». Enfin, ce fut lors des
fêtes nationales du peuple québécois le 24
juin de 1968 et 1969,
en pleine période de résurgence du mouvement pour
l'indépendance du Québec et de la souveraineté du
peuple, que le symbole de la division et de la soumission fut
écarté de la scène et que le peuple dansa autour
d'un grand feu de joie.
Il est intéressant de noter qu'aujourd'hui,
le 21 juin, lors de la Journée nationale des peuples
autochtones est organisé le « Solstice des Nations, une
manifestation d'échange et d'amitié entre les nations qui
peuplent le Québec ». À cette occasion, les
nations autochtones organisent la «
Cérémonie du feu pour le
rapprochement des peuples vivant sur le territoire
québécois » afin que « les braises de ce
feu allument le feu de joie du Grand spectacle de la Fête
nationale du Québec, sur les plaines d'Abraham ».
La célébration
de la fête nationale du peuple du Québec inclut la
célébration des patriotes qui ont lutté pour
l'indépendance face à l'Angleterre au milieu du 19e
siècle, les Nelson, De Lorimier, Côté,
Chénier, Duvernay, O'Callaghan, et plusieurs autres, qui ont
combattu pour une patrie indépendante et une république
qui investit le
peuple de la souveraineté. Elle inclut la
célébration de tous ceux qui ont épousé la
cause des patriotes du Québec et en particulier ceux qui sont
résolus à élaborer un projet d'édification
nationale conforme aux exigences de notre temps.
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Marxiste-Léniniste
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