Numéro 85 - 17 juin 2016
Rivalité pour le monopole des
armes nucléaires,
des matières et de la technologie connexes
Danger pour le monde: les
États-Unis se donnent le rôle de gendarme du monopole
nucléaire et le
Canada approuve
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Rivalité
pour
le
monopole
des armes nucléaires, des
matières et de la technologie connexes
• Danger pour le monde: les États-Unis
se donnent le rôle de gendarme du monopole nucléaire et le
Canada approuve
À titre
d'information
• Sommet sur la sécurité
nucléaire à Washington
Rivalité pour le monopole des
armes
nucléaires, des matières
et de la technologie connexes
Danger pour le monde: les États-Unis se donnent
le rôle de gendarme du monopole nucléaire
et le Canada approuve
Parmi les réussites que revendique la
présidence de guerre d'Obama aux États-Unis figurent les
progrès de la non-prolifération nucléaire dans le
monde au cours des huit dernières années. [1] À l'issue du Sommet 2016
sur la sécurité nucléaire, parrainé par les
États-Unis qui s'est tenu à
Washington du 31 mars au 2 avril, Obama a
déclaré : « Alors que les terroristes, les
bandes criminelles et les marchands d'armes cherchent des
ingrédients mortels pour un dispositif nucléaire, de
vaste régions du monde sont maintenant interdites, et c'est une
réalisation remarquable ».
Quatre sommets de la sécurité
nucléaire ont eu lieu entre 2010 et 2016 sous la
direction directe d'Obama. Ces sommets ont permis de créer une
instance parallèle au sein du système impérialiste
d'États pour la conclusion d'ententes sur les questions
nucléaires en dehors des organes établis des Nations
unies et sans la participation
de la majorité des États souverains. Cela a conduit
à la création d'un « groupe de contact sur la
sécurité nucléaire » encore plus
restreint dont le rôle est de poursuivre les efforts des sommets
par des rencontres annuelles en marge de la Conférence
générale de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) de Vienne.
En tenant ces sommets de la sécurité
nucléaire et d'autres initiatives, les impérialistes
américains se sont emparés du rôle de gendarme du
monopole des armes nucléaires, des matériaux et de la
technologie connexes dans le monde entier. Plus inquiétant
encore, la présidence Obama a implanté un concept de
« non-prolifération nucléaire »
qui est synonyme de consolidation du monopole nucléaire des
États-Unis. C'est la base des succès qu'elle revendique.
Pour arriver à déclarer que « de
vastes régions du monde sont maintenant interdites »,
les États-Unis ont organisé le
démantèlement des installations nucléaires
à l'étranger et le déplacement physique de grandes
quantités de matières nucléaires, y compris du
Canada, aux États-Unis pour un entreposage permanent ou une
conversion. C'est
ce qui est appelé tenir les matières nucléaires
« hors de portée des mains des terroristes »,
tandis que les États-Unis, la seule entité à avoir
utilisé des armes nucléaires contre des êtres
humains, se lancent dans un programme de « modernisation
nucléaire » de 1 billion de dollars,
déploient de nouvelles armes nucléaires en Europe
et violent les accords existants sur le désarmement
nucléaire.
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau au
Canada joue un rôle dangereux d'appui aux intrigues
nucléaires des États-Unis et à la création
de nouveaux pouvoirs de police internationaux afin d'assurer la
domination nucléaire américaine. Entre autres choses, le
Canada a reçu le rôle de premier plan de pousser à
la conclusion d'un traité sur
l'interdiction de la production de matières fissiles (FMCT), un
accord entre les États visant l'interdiction de la production
d'uranium hautement enrichi et de plutonium retraité devant
servir à fabriquer des armes.
Lors de sa visite à Hiroshima avec ses homologues
des pays du G7 le 11 avril 2016, le ministre des Affaires
étrangères, Stéphane Dion, a dit que le Canada
devrait se concentrer, « très fortement » sur
un tel traité, et que c'est la mesure qui est « la moins
difficile à atteindre ». L'imposture du FMCT et
l'affirmation du
Canada qu'il serait une étape importante en matière de
désarmement et de non-prolifération réside dans le
fait que tous les pays, sauf une poignée, ont
déclaré avoir mis fin à la production de ces
matières à des fins militaires dans les
années 1990 ou avant. Le Canada vend d'énormes
quantités d'uranium brut à au moins un de ces pays.
Peut-être plus important encore, le traité n'aurait aucun
effet sur les stocks existants de ces matières,
dont 99 % sont détenus par les puissances
nucléaires actuelles. Le matériel détenu par les
cinq plus grandes puissances nucléaires est l'équivalent
d'environ 80 000 engins nucléaires.
Durant les années 1990, le Canada a
été nommé « intermédiaire
impartial » par la Conférence des Nations unies sur
le désarmement (CNUD) afin de négocier un tel
traité. À cette époque beaucoup de puissances non
nucléaires avaient souligné cette hypocrisie et avaient
exprimé leur opposition de principe à un tel
traité qui
n'encourageait pas un véritable désarmement et donc les
négociations sont au point mort.
Le Canada fait maintenant du chantage à ces pays
et menace qu'à moins que le CNUD s'engage envers un FMCT, ses
membres seront exclus des négociations sur les futurs accords
nucléaires.
Dans une tirade lors du débat de haut niveau de
la Conférence du désarmement à Genève
le 2 mars 2016, le ministre des Affaires
étrangères du Canada, Stéphane Dion, a
déclaré qu'au cours des 20 dernières
années « La Conférence du désarmement n'a
fait aucun apport concret à la paix et à la
sécurité
internationales ». Dion a ensuite mentionné les
récents accords qui avaient été
négociés en dehors de l'ONU et menacé que «
Si la Conférence ne cherche pas sérieusement à
reprendre ses travaux de fond, je crains que les efforts ponctuels en
faveur de la non-prolifération et du désarmement dans
d'autres tribunes deviennent la norme ».
Selon Dion, l'absence de soutien de la conférence à de
telles initiatives est « une critique sévère de
notre incapacité à dépasser nos
intérêts nationaux étroits ».
Le ministre Dion s'est insurgé contre les
efforts de désarmement des puissances nucléaires
existantes et l'inclusion de telles mesures dans de futur
traités. Il a tenté de faire passer cela pour un appel
à « une interdiction immédiate et complète
des armes nucléaires ». Il a demandé que
soient fixés « des objectifs réalistes qui tiennent
compte des réalités stratégiques
contemporaines ».
Le ministre Dion a précisé qu'un aspect
essentiel d'un tel traité serait la mise en place de nouveaux
pouvoirs de police internationaux pour la vérification et
l'application du monopole nucléaire des puissances reconnues,
dirigés par les États-Unis. La recherche d'un tel
traité « serait déterminante pour aider à
faire avancer les mécanismes de
vérification importants nécessaires aux efforts de
désarmement plus généraux », a
déclaré Dion. Il a également précisé
que ces « mécanismes de vérification »
seront établis à l'extérieur des institutions
internationales reconnues et a loué les mérites du
« Partenariat international pour la vérification du
désarmement nucléaire » qui
« aborde certains aspects techniques importants de la
vérification qui représentent actuellement des obstacles
de taille à l'élaboration de mesures de
désarmement de longue durée ».
Le « Partenariat International » est un
partenariat public-privé entre le département
d'État américain et l'« l'Initiative relative
à la menace nucléaire » (NTI), un organisme
fondé en 2001 par l'ancien sénateur américain
Sam Nunn et le milliardaire Ted Turner. La NTI est également
l'organe de coordination, avec l'Institut
Hoover de l'Université de Stanford, du « Projet de
sécurité nucléaire »,
créé en 2007 par l'ancien Secrétaire
d'État, George P. Shultz, l'ancien Secrétaire à la
Défense, William J. Perry, l'ancien Secrétaire
d'État Henry Kissinger et Sam Nunn.
Autrement dit, le leadership apparent du Canada sur la
question du désarmement nucléaire repose sur l'appui
diplomatique au rôle de gendarme international des
impérialistes américains, à l'élimination
des institutions internationales basées sur
l'égalité des États souverains et à la
création de mécanismes nouveaux, privatisés dans
le système
impérialiste d'États. Alors que les États-Unis
continuent leur chantage nucléaire contre les peuples du monde,
le Canada demande avec insistance que les peuples abandonnent leur
opposition à ce deux poids deux mesures sous la menace
d'être privés de leur droit à la parole.
Les activités du Canada sur la question du
désarmement nucléaire sont une preuve manifeste que son
rôle dans le système impérialiste d'États
est en effet honteux. Les Canadiens doivent préparer les
conditions pour un gouvernement antiguerre et l'instaurer. Cela peut
être fait ! Il faut le faire !
Note
1. Les initiatives du gouvernement Obama dans ce domaine
ont commencé peu après le discours de Barack Obama
prononcé à Prague le 5 Avril 2009 lors du
dixième anniversaire de l'adhésion de la
République tchèque à l'OTAN. Obama a
déclaré : « Nos efforts pour contenir ces
dangers se concentrent sur un régime
global de non-prolifération, mais si davantage de personnes et
de nations enfreignent les règles, nous pourrions atteindre le
point où le centre ne peut plus tenir » et a
ajouté : « Aujourd'hui, j'affirme clairement et avec
conviction l'engagement de l'Amérique à rechercher la
paix et la sécurité dans un monde sans armes
nucléaires ».
Les objectifs élevés comprenaient la
réduction du rôle des armes nucléaires dans la
stratégie de sécurité nationale des
États-Unis, le renforcement des traités
multilatéraux et conclure un traité d'interdiction de la
production de matières fissiles. « Certains ne
respecteront pas les règles, et c'est la raison pour laquelle il
nous faut mettre en place
une structure qui garantisse que si une nation est en infraction, elle
en assume les conséquences », a déclaré
Obama.
À
titre d'information
Sommet sur la sécurité nucléaire
à Washington
Le quatrième Sommet sur la sécurité
nucléaire (SSN) s'est tenu à
Washington D.C. du 31 mars au 2 avril. Le sommet a
débuté par un souper
organisé par la Maison-Blanche le soir du 31 mars pour
« 52 dirigeants
mondiaux », dont le premier ministre Justin Trudeau et les
dirigeants
de quatre organisations
internationales. [1]
Deux réunions en marge du banquet ont aussi eu lieu: un sommet
de
l'industrie nucléaire et un sommet d'organisations non
gouvernementales
(Solutions pour un avenir nucléaire sécuritaire). Le
premier SSN a eu
lieu à Washington en 2010, le deuxième à
Séoul en 2012 et le
troisième à La Haye en 2014. On dit de ces sommets
qu'ils sont l' «
oeuvre » du président Barack Obama qui les a
créés et parrainés.
Le sommet de 2016 sera le dernier de ce genre et
un « Groupe de contact sur la sécurité
nucléaire » va prendre la relève. Trente-neuf
des 52 pays participants ainsi que les représentants de
l'Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) et de
l'ONU ont émis un communiqué conjoint dans lequel ils
s'engagent
à mettre sur pied ce Groupe de contact qui doit se réunir
annuellement en marge de la conférence générale de
l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à
Vienne et promouvoir et surveiller la mise en oeuvre d'engagements pris
au cours des quatre sommets SSN. Le Groupe de contact sera aussi ouvert
aux pays qui n'ont pas participé
au Sommet sur la sécurité nucléaire.
Près de 40 pays utilisent des
réacteurs nucléaires à des fins
énergétiques ou de recherche et on dit que neuf pays ont
en leur possession des armes nucléaires, dont la vaste
majorité sont détenues par les États-Unis et la
Russie, chacun d'entre eux possédant un inventaire
d'environ 7000 ogives. L'accent au sommet de 2016 a
été mis sur la menace de terrorisme nucléaire et
le communiqué du SSN de 2016 débute par
l'affirmation que « la menace de terrorisme nucléaire et
radioactif demeure un des plus grands défis à la
sécurité internationale, et cette menace est en
évolution constante ».
Les États-Unis ont utilisé le SSN pour
cimenter leur leadership sur les pays participants en matière de
sécurité nucléaire en dehors des institutions
internationales existantes comme les Nations unies et l'AIEA. À
cet égard le concept de non-prolifération promu par les
États-Unis et les succès que ceux-ci disent avoir
remportés reposent sur le
retrait et le traitement de matières et de technologies
nucléaires de différents pays par les États-Unis
et l'engagement qui leur a été fait que ces
matières et technologies relèvent uniquement des
États-Unis. Le SSN a aussi établi cinq « plans
d'action » - pour l'AIEA, l'ONU, INTERPOL, l'Initiative
mondiale pour combattre le terrorisme
nucléaire (IMCTN, qui est coprésidée par les
États-Unis et la Russie) et le Partenariat mondial
contre la prolifération des armes de destruction massive et des
matières connexes du G7. La Russie s'est
opposée à ce que le SSN établisse l'ordre du jour
d'organisations externes, dont la plupart ont beaucoup plus de pays
membres que le SSN
n'a de pays invités. D'autres pays qui n'ont pas
participé au SSN ont aussi exprimé leur désaccord
(voir plus bas).
La diplomatie des « paniers-cadeaux »
Ces sommets ont donné lieu à ce qu'on
appelle la diplomatie des « paniers-cadeaux », une
approche qui permet de prendre des mesures sur une question
donnée sans qu'il y ait consensus général.
Près de quinze groupes informels ou «
paniers-cadeaux » ont été formés sur
des thèmes spécifiques.
La « diplomatie des paniers-cadeaux »
consiste en des « engagements conjoints pris par des pays qui
partagent les mêmes idées » et qui arrivent
à une entente sur des questions spécifiques. Cependant,
ces engagements sont souvent écrits de façon si ambigue
que les participants peuvent facilement ne pas les respecter.
L'expression
vient des « cadeaux-maison » initiés par les
États-Unis lors du Sommet sur la sécurité
nucléaire à Washington en 2010, qui étaient
des engagements spécifiques pris par des pays
séparément.
Ensuite, on a mis de l'avant le concept de «
paniers-cadeaux » au Sommet sur la sécurité
nucléaire de Séoul en 2012 dans le but d'en
arriver à des ententes spécifiques entre de petits
groupes de pays en dehors du cadre des organisations internationales
établies. [2]
Les pays participants forment aussi des «
cercles » informels autour de questions spécifiques.
Par exemple, près de 20 pays, y compris les
États-Unis et le Royaume-Uni, constituent le cercle de la
« lutte contre la contrebande nucléaire », dont
la responsabilité serait de stopper le trafic illicite de
matières nucléaires et d'autres
matières radioactives par un échange d'information
jumelé à des « accusations agressives par le biais
d'une législation domestique efficace ».
Le Canada a « codirigé » deux
paniers-cadeaux, l'un avec l'Espagne et l'autre, la Corée du
Sud, afin de contribuer « aux efforts pour faciliter la
prestation d'une assistance technique » pour la mise en
oeuvre
de la Résolution 1540 du Conseil de sécurité
de l'ONU qui établit « l'obligation impérative
d'adopter une législation
destinée à prévenir la prolifération des
armes nucléaires, chimiques et biologiques (WMD) et de leurs
vecteurs et de mettre en place des dispositifs intérieurs de
contrôle ». Le deuxième panier-cadeau a
été codirigé avec le Royaume-Uni et consiste
à « contribuer à mettre en relief les
réussites de la World Institute for Nuclear Security (WINS)
Academy dans la prestation d'une formation accréditée
destinée aux gestionnaires et au personnel du domaine de la
sécurité nucléaire et à encourager
l'expansion du programme d'accréditation du WINS ».
Le Canada a coparrainé quinze autres paniers-cadeaux , y compris
la « Déclaration conjointe sur le maintien des mesures
pour renforcer
la sécurité nucléaire mondiale » qui
crée un groupe de contact sur la sécurité
nucléaire coparrainé par les États-Unis.
Le premier ministre Trudeau a annoncé au SSN une
contribution du Canada de l'ordre de 42 millions $ visant
à « améliorer la sécurité
nucléaire et radioactive mondiale », financée
par le Programme canadien de partenariat mondial. De ce
montant, 26,5 millions $ serviront à offrir «
formation et
équipement » au Mexique, à la Colombie,
à la Jordanie et au Pérou, ainsi qu'à INTERPOL. Un
montant de 6,6 millions $ ira à l'AIEA pour « la
mise en oeuvre de programmes permettant de prévenir et de
déceler le terrorisme nucléaire et y
répondre ». Un montant de 5,7 millions $
servira à appuyer la remise
à neuf et l'amélioration des mesures de
sécurité et la formation du personnel des installations
de la Thaïlande, de l'Ukraine et de l'Égypte par le biais
du Fonds de la Sécurité nucléaire de l'AIEA,
et 2,3 millions $ serviront à « aider à
démanteler des sources radioactives scellées
désaffectées à haute intensité -
particulièrement dans les
Amériques ». Un million de dollars sera alloué
au Département de la Défense des États-Unis pour
servir à la « sécurité du transport
international » tandis que 100 000 $
serviront à fournir de l'expertise technique à l'AIEA et
à l'Initiative mondiale pour combattre le terrorisme
nucléaire.
La Russie et d'autres pays ne participent pas au sommet
Le gouvernement de la Russie a informé les
États-Unis en octobre 2014 qu'il ne participerait pas au
SSN de 2016. La Russie s'oppose à ce que les documents et
déclarations finaux du SSN de 2016 servent à
établir l'ordre du jour d'organisations externes comme l'ONU,
l'AIEA et INTERPOL en dehors des processus
formels qui régissent ces instances et sans la participation de
tous leurs membres. « Nous croyons qu'il est inacceptable de
créer un tel précédent d'ingérence externe
dans le travail d'organisations internationales » , lit-on
dans un communiqué du ministère russe des Affaires
étrangères. « Washington essaie de devenir le
'joueur' principal et
privilégié dans ce domaine », poursuit le
communiqué, qui mentionne que la Russie va plutôt se
concentrer sur sa coopération avec l'AIEA.
La porte-parole du ministère des Affaires
étrangères de la Russie, Maria Zakharova, a dit en
janvier 2016 que l'AIEA doit être la principale instance de
coordination dans les efforts visant à la sécurité
nucléaire. Zakharova a dit qu'il était «
inacceptable » que les « opinions d'un groupe
limité de pays » soient imposées à des
instances internationales. L'AIEA est composée de 168 pays
membres alors que seulement 52 pays participent au SSN. Certains
pays membres de l'AEIA comme l'Iran et la Syrie n'ont pas
été invités au SSN. Seuls l'Argentine, le Chili et
le Brésil ont été invités parmi les pays
d'Amérique latine. Aucun pays des Caraïbes n'a
été invité
et la République populaire démocratique de Corée
n'a pas été invitée elle non plus. La Russie a
aussi fait référence au manque de coopération
mutuelle dans l'élaboration de l'ordre du jour du SSN.
Centres de formation et d'appui à la
sécurité nucléaire et
centres d'excellence (CE)
Lors du premier SSN en 2010, plusieurs pays se
sont engagés à financer les Centres de formation et
d'appui à la sécurité nucléaire et les
Centres d'excellence (CE). Les CE sont des centres de formation, de
recherche et d'appui technique pour l'industrie nucléaire et les
gouvernements et sont gérés habituellement par les
autorités locales
en matière d'énergie atomique. D'autres CE ont
été annoncés en 2012 et en 2014 bien que
plusieurs d'entre eux soient toujours à l'étape de la
conception ou à l'étape pré-opérationnelle.
Il y a plus de douze CE, et on dit qu'ils sont le
résultat le plus tangible du travail du SSN. En juin de
l'année dernière, Laura Holgate, la sherpa
américaine [3] du sommet,
disait des CE qu'ils étaient une « composante majeure des
efforts pour soutenir le sommet sur sa lancée ». Une
déclaration
conjointe présentée par l'Italie en 2014 au nom de
trente pays, disait à ce sujet: « Avec l'aide de l'AIEA,
le réseau de centres vise à faire la promotion
d'activités facilitant l'échange d'information et les
meilleures pratiques qui peuvent renforcer la croissance de la
capacité et de la culture de la sécurité
nucléaire, et maintenir une équipe bien
formée d'experts techniques dans chaque pays. »
« Discussions axées sur des
scénarios »
Le rôle de gendarme que jouent le SSN et
différentes agences a été bien mis en
lumière lors de la session plénière de
clôture du sommet qui a pris la forme d'une « discussion
axée sur un scénario pour permettre aux dirigeants de
saisir la complexité technique du sujet ». Un
scénario de sécurité nucléaire a
été présenté aux «
dirigeants », à qui on a ensuite demandé
d'exprimer leur opinion de façon interactive. C'est censé
être une approche utile permettant aux dirigeants
d'apprécier les complexités qui autrement pourraient leur
échapper. [4]
Le « scénario » qui a
été présenté n'a pas été
rendu public mais le réseau CBC a tenté d'en
décrire le contenu de la manière sensationnaliste
suivante: « Des terroristes ont fait entrer clandestinement au
pays une quantité d'uranium capable de remplir un sac de sucre
de cinq livres, ou encore une quantité de plutonium de la
grosseur d'un
pamplemousse a été volée. C'est tout ce qu'il faut
pour fabriquer une bombe nucléaire. Si cet engin devait exploser
dans le centre-ville de Washington ou de Paris, ou encore, de Toronto,
des centaines de milliers de personnes pourraient être
tuées.
« La question est la suivante : que
feriez-vous dans de telles circonstances ? Et surtout, que ferait
le premier ministre Justin Trudeau ? »
« Vous êtes les dirigeants nationaux.
Qu'est-ce que vous allez faire face à ce problème ?
Cet exercice est très bon parce que nous pouvons rapidement
déceler les points faibles du système », a dit
Carl Robichaud, un expert en sécurité nucléaire
pour la Carnegie Corporation de New York.
« Nous avons un système mondial de
juridictions qui s'entrecroisent, et cette approche par scénario
expose les points faibles qui existent aux points de croisement de ces
juridictions », a dit Robichaud.
Notes
1. En marge du SSN, le premier
ministre Trudeau a rencontré le premier ministre du Royaume-Uni,
David Cameron, le premier ministre de l'Inde, Narendra Modi, le
président de l'Argentine, Mauricio Marci, ainsi que le premier
ministre du Japon, Shinzo Abe.
Avec Cameron, Trudeau a discuté « d'une
grande diversité de dossiers prioritaires, tels que l'Accord
économique et commercial global entre le Canada et l'Union
européenne (AECG), des questions de sécurité
internationale et régionale ainsi que les sommets internationaux
à venir ».
Lors de sa rencontre avec Modi, « les deux
dirigeants ont entrepris de faire progresser les relations de longue
date entre les deux pays, qui reposent sur des traditions communes de
démocratie et de pluralisme ainsi que sur les liens profonds qui
existent entre les populations de leur pays. Ils ont également
parlé de coopérer pour renforcer les
liens en matière de commerce et d'investissement et pour
s'attaquer aux changements climatiques ».
Le premier ministre Trudeau « a salué les
premiers efforts du président Macri qui visent à mettre
en oeuvre son programme de réforme économique afin de
stimuler la croissance économique durable et d'attirer les
investissements », et a discuté « des occasions
de renforcer leur relation bilatérale, notamment dans le domaine
du
commerce et de l'investissement, et d'améliorer leur
collaboration, par exemple en matière de technologies propres et
de lutte contre le trafic de stupéfiants » tout en
discutant d' « une diversité d'enjeux
d'intérêt commun, tels que les droits de la personne et la
démocratie, la sécurité de
l'hémisphère et les changements
climatiques ».
Avec le premier ministre Abe, Trudeau s'est entretenu
de l'ordre du jour du sommet du G7, qui a eu lieu peu après,
les 26 et 27 mai à Ise-Shima, au Japon, ainsi que de
« divers autres sujets d'intérêt mutuel, notamment
le commerce et l'investissement, la science et la technologie, ainsi
que la paix et la sécurité régionales et
internationales », rapporte le bureau du premier ministre.
2. Le directeur du Conseil de sécurité
nationale (CSN) pour la réduction de la menace nucléaire,
Shawn Gallagher, serait le premier à avoir conçu et
proposé la diplomatie des paniers-cadeaux, tandis que la
directrice senior du département de terrorisme avec des armes de
destruction massive et de réduction des
menaces, Laura Holgan, et le tsar en matière d'armes de
destruction massive de la Maison-Blanche, Gary Samore, seraient les
premiers à avoir mis en oeuvre la « diplomatie des
paniers-cadeaux ». Le concept des «
paniers-cadeaux » a aussi éventuellement servi
à d'autres ententes nucléaires.
3. On lit dans un communiqué de la Maison-Blanche
que les « sherpas » sont « les hauts
fonctionnaires experts principaux de chaque pays du sommet qui sont
responsables de donner suite aux résultats du sommet et de
préparer leurs leaders respectifs. Ces sherpas participent
à de multiples agences et
forment une communauté d'action très
compacte. »
4. La « discussion axée sur un
scénario » de 2014 à La Haye a
été produite par Scenario4summits, une compagnie
hollandaise qui allie « un contenu cinématographique de
grande qualité et des questions clés permettant d'engager
et de faciliter la discussion ». Scenario4summits
déclare pouvoir
« élever votre niveau de gestion de crise à un
niveau nouveau et plus réaliste. Il est plus facile d'atteindre
les objectifs lorsque les participants jouent un rôle actif. Il
faut
pour cela un scénario qui soit réaliste et stimulant.
Nous pouvons partir des scénarios et des images que nous avons
déjà ou nous pouvons développer quelque chose qui
s'applique
uniquement à votre situation. De toute façon, nous
pouvons vous aider à créer quelque chose qui restera
gravé dans votre mémoire...Une réunion
stratégique d'entreprise ou un événement d'affaire
de haut niveau peuvent devenir quelque chose qui énergise les
participants, qu'ils soient des États membres d'organisations
mondiales ou des employés
d'une compagnie. Cette approche innovatrice a démontré
qu'elle est inspirante et motivante et permet de résoudre des
problèmes complexes. »
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