Le Marxiste-Léniniste

Numéro 84 - 16 juin 2016

20e anniversaire de la publication de Communisme moderne, Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
de Hardial Bains

L'étude et la discussion du communisme moderne font partie de
l'initiative historique pour changer
la situation au Canada

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Hardial Bains s'adresse aux participants à la réunion qui lance la discussion sur Le communisme moderne, Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste), à Toronto, peu après sa publication.

20e anniversaire de la publication de Communisme moderne, Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) de Hardial Bains
L'élaboration du communisme moderne est la clé de la victoire
Le Projet d'information sur le communisme moderne fait partie de l'Initiative historique pour changer la situation au Canada
L'opposition à l'interprétation dogmatique de la vie réelle


20e anniversaire de la publication de Communisme moderne,
Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) de Hardial Bains

L'élaboration du communisme moderne
est la clé de la victoire

Le livre Le communisme moderne, Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) de Hardial Bains, dirigeant national du PCC(M-L) jusqu'à son décès en 1997, est paru il y a vingt ans, en juin 1996. Un programme de vente, d'étude et de discussion du livre avait été entrepris comme tâche pratique concrète de la période actuelle. En fait, l'étude et la discussion de Communisme moderne, Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) se sont depuis avérées décisives pour tous ceux et celles qui ont fait des progrès dans la lutte contre l'offensive antisociale des riches et dans l'opposition à la pression liquidatrice et à la destruction nationale. Le Parti soulignait il y a vingt ans que la clé dans l'élaboration du communisme moderne est de ne pas voir les choses comme étant « de droite » ou « de gauche » mais d'apporter aux problèmes légués par l'histoire des solutions qui ouvrent la voie au progrès de la société. C'est pourquoi l'essentiel du communisme moderne est l'intensification de la lutte entre l'Ancien et le Nouveau, entre ce qui dépérit et ce qui naît. C'est la lutte entre la classe ouvrière et la bourgeoisie, entre l'époque de la classe ouvrière, du socialisme et du communisme, qui veut naître, et l'époque de la bourgeoisie, qui dépérit.

Un programme d'étude et de discussion de ce livre par les organisations du Parti à tous les niveaux a été inauguré par Hardial Bains à Ottawa le 22 juin 1996. « Le but de cette discussion et étude était de définir les traits principaux du communisme moderne et d'engager tout le monde — travailleurs, femmes, jeunes et étudiants — dans un échange d'idées. Ce travail permettra aux organisations du PCC(M-L) de formuler leurs opinions sur le sujet et de les propager parmi toutes les sections de la société », a expliqué le camarade Bains.

Ce programme s'inscrivait dans le cadre du Projet d'information sur le communisme moderne pour faire du communisme moderne un sujet important d'étude et de discussion parmi le peuple, quelque chose de crucial dans la vie politique du pays. Le camarade Bains a dit qu'engager tout le monde dans l'étude et la discussion de ce livre est un des problèmes pratiques les plus importants en cette conjoncture historique. Il faut trouver les tactiques nécessaires pour que l'étude et la discussion aient lieu parmi toutes les sections de la société. La vente du livre Le communisme moderne, Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) est un élément indispensable de ce travail.

Le camarade Bains a expliqué qu'en luttant contre l'offensive anticommuniste et antisociale, la classe ouvrière et les larges masses du peuple ont besoin d'une base théorique et idéologique sur laquelle s'appuyer. Il n'est pas suffisant de formuler des revendications, des objections ou des griefs contre différentes politiques gouvernementales. Demander que les gouvernements changent leurs politiques est la vieille façon de faire les choses.

La nouvelle façon est de lutter pour la création d'un nouveau système qui permette au peuple de se gouverner lui-même. De ce point de vue, le point de départ est le but fixé, la création d'un nouveau système. Toutes les revendications, les protestations et les plaintes doivent s'inscrire dans la lutte pour créer un nouveau système. L'étude et la discussion du livre Le communisme moderne, Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) feront en sorte que le peuple commence à penser à la création d'un système nouveau, a souligné le camarade Bains.

Depuis que ce travail a été entrepris, le monde est entré dans le nouveau millénaire écrasé sous le poids de l'Ancien et les 16 premières années du XXIe siècle ont vu des crimes atroces commis pour le préserver.

Le système capitaliste et la bourgeoisie sont l'Ancien. Toutes les mesures prises par cette classe agonisante par l'entremise de ses gouvernements et de l'État ou par l'entremise d'institutions économiques diverses sont des mesures qui servent uniquement ses intérêts et qui au bout du compte contribuent à l'approfondissement de la crise. Cette classe sait très bien que son époque est terminée. Elle cherche désespérément à prolonger son existence en se présentant sous toutes sortes de couleurs alléchantes, voire même en se prétendant en faveur d'une « réforme radicale » qui aurait quelque chose à proposer pour changer la situation. Or, cette « réforme radicale » vise le prolongement de son existence en bloquant la voie au progrès de la société. Les travailleurs, les femmes, les jeunes et les étudiants sont de plus en plus conscients de ce que prépare le Vieux Monde dans les différentes sphères de vie et veulent entreprendre les actions collectives nécessaires pour lui faire échec.

L'Ancien proclame avec tambours et trompettes avoir vaincu le socialisme et le communisme, mais cette prétention est un autre signe de sa faillite, a expliqué le camarade Bains.

Le système socialiste et la classe ouvrière sont le Nouveau. Ni le système socialiste ni le rôle de la classe ouvrière ne se résume à adhérer à un dogme quelconque. Non, tous deux exigent que l'on tire des conclusions des conditions concrètes, qu'on analyse où s'en va la société et qu'on détermine où elle doit aller.

Au début du XXe siècle, il était déjà évident que la classe ouvrière gravitait spontanément vers le socialisme. Le système socialiste a été établi durant ce siècle en combattant les idées et préjugés bourgeois conçus pour détourner cette gravitation de son but. Or, a indiqué le camarade Bains, la victoire du socialisme et les développements colossaux qu'elle a fait naître ont été suivis par l'effondrement de l'Union soviétique et des pays d'Europe de l'Est. Cela a prouvé qu'il y a des éléments au sein de la classe ouvrière dont la mission est de se servir de la classe ouvrière comme arme matérielle contre le socialisme et le communisme. En d'autres mots, au coeur même de la classe ouvrière se mène une lutte entre l'Ancien et le Nouveau, entre les champions du statu quo capitaliste et les forces du socialisme et du communisme.

Le camarade Bains a fait remarquer qu'il est également évident qu'on assiste aujourd'hui à un effort gigantesque pour désidéologiser la classe ouvrière. C'est un programme pour défendre le statu quo capitaliste par tous les moyens. Mais l'effondrement de l'Union soviétique et des pays d'Europe de l'Est et la montée de l'offensive antisociale dans les pays capitalistes montrent à la classe ouvrière que le statu quo capitaliste n'est pas une solution. Mais une fois cette vérité établie, dans quelle direction la classe ouvrière doit-elle aller ? Que doit-elle faire ?

Comme il y a vingt ans avec la publication du livre Le communisme moderne, Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste), l'étude et la discussion du communisme moderne sont aujourd'hui le point de départ pour apporter des réponses à ces questions. Après une étude et une discussion initiales du communisme moderne, les travailleurs et les jeunes sont allés plus loin et ont entrepris de discuter du genre de système qu'ils veulent et de prendre des mesures pratiques pour concevoir le genre de système qui permet au peuple d'exercer un contrôle sur ses affaires.

Le PCC(M-L) ne prend pas une attitude sectaire sur cette question vitale. La classe ouvrière doit prendre l'initiative d'établir un système nouveau qui sera la condition de son émancipation et la condition de l'émancipation de l'humanité tout entière. Le rôle du Parti est de faire tout en son pouvoir pour contribuer à son succès.

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Le Projet d'information sur le communisme moderne fait partie de l'Initiative historique pour changer la situation au Canada

L'étude et la discussion du communisme moderne à l'appel du PCC(M-L) dans le cadre de l'Initiative historique pour changer la situation au Canada ont commencé à Ottawa le 12 juin 1996 lors d'une réunion parrainée par le Club du Parti marxiste-léniniste de l'Université d'Ottawa. La réunion était présidée par le camarade Hardial Bains, dirigeant national du PCC(M-L), et d'autres membres de la direction du Parti étaient présents. Des militants du Parti, des jeunes et des étudiants de la région ont participé à l'élaboration des points de vue présentés et ont présenté leurs propres opinions. C'était le début de la phase suivante du travail entrepris par le PCC(M-L) pour engager une discussion réelle parmi les travailleurs, les jeunes et les étudiants, les femmes et les forces progressistes sur la réalité concrète telle qu'elle se présente au Canada et dans le monde. Le camarade Bains a expliqué le double objectif visé comme suit :

« D'abord, il s'agit d'élever le niveau de la politique au pays. La politique au Canada a été abaissée à un niveau sans précédent par la bourgeoisie et ses soutiens politiques et sociaux. Puis, il s'agit de trouver une réponse à la question : comment la classe ouvrière et le peuple peuvent-ils se gouverner eux-mêmes, comment peuvent-ils influer de façon pratique sur les conditions de leur existence et entrer dans le XXIe siècle sur une base nouvelle ? » Il a expliqué qu'en élevant le niveau du débat politique on jette le fondement nécessaire pour résoudre le problème de l'affirmation de la souveraineté du peuple, de sa capacité de participer aux prises de décisions qui le concernent.

« Cela veut dire que le but du PCC(M-L) en lançant l'étude et la discussion du communisme moderne est d'ouvrir la voie à la création des mécanismes qui permettront au peuple de fixer l'ordre du jour politique et d'acquérir la force nécessaire pour réaliser cet ordre du jour », a dit le camarade Bains.


Hardial Bains,
fondateur et dirigeant du PCC(M-L)

La première discussion s'est penchée sur ce que veulent dire précisément l'étude et la discussion du communisme moderne et a jeté les bases de la poursuite de cette discussion. D'abord, les participants à la discussion ont rejeté la notion d'étude et discussion qui est spontanément engendrée par la société et qui part de l'interprétation bourgeoise de ce que veut dire être «progressiste». Selon cette façon de voir les choses, le but du « débat progressiste » est de «conscientiser» les participants à propos du communisme moderne en leur présentant une liste de conclusions qui décrit ce qu'est le communisme moderne. Le rôle des « participants » serait de s'«éclairer» et peut être de poser une ou deux questions aux fins de clarification personnelle ou d'exprimer quelque désaccord sur la base d'autres conclusions toutes faites sur ce qu'est le communisme moderne selon eux. La proposition de « discuter » du livre Le communisme moderne, Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) dans cette perspective a été rejetée avec tout le mépris qu'elle mérite. Ce genre de « discussion » part du concept médiéval répandu par la bourgeoisie qui ne reconnaît aucun domaine de connaissances comme un domaine scientifique et prétend que l'acquisition du savoir n'est pas un acte partisan. C'est un débat stérile qui n'accomplit rien.

Le but que vise le PCC(M-L) en engageant l'étude et la discussion du communisme moderne parmi la classe ouvrière, les jeunes et les étudiants, les femmes et les forces progressistes est de nature beaucoup plus profonde. Il s'inscrit dans le cadre de l'Initiative historique entreprise par le PCC(M-L) le 1er janvier 1995 pour inverser le cours des choses au Canada. Pour ce faire, le PCC(M-L) a la lourde responsabilité de faire en sorte que la classe ouvrière joue son rôle dirigeant dans la société, qu'elle se constitue en la nation, influe sur les conditions de vie au Canada et contribue à la création des mêmes conditions à l'étranger sur une base nouvelle, c'est-à-dire par l'abolition de l'exploitation de l'être humain par l'être humain et l'élimination de toutes les entraves que cela pose à la vie. Le PCC(M-L) n'y parviendra que s'il arrive à entraîner la classe ouvrière dans une rupture radicale avec tout ce qui l'enchaîne au statu quo, lequel mène le Canada à sa perte. Tout doit être mis à la disposition de la classe ouvrière pour qu'elle joue son rôle, pour que des solutions soient proposées aux problèmes du Canada sur les plans économique, politique, social et culturel. Et pour cela il faut appeler à contribution les énergies créatrices de toutes les Canadiennes et de tous les Canadiens désireux de changement.

Quelles sont ces solutions qui proviennent des conditions concrètes du Canada et du monde et que toutes les Canadiennes et tous les Canadiens sont appelés par le PCC(M-L) à examiner pour pouvoir contribuer à changer la situation ? Un des éléments centraux de l'Initiative historique lancée par le PCC(M-L) est de s'assurer que ces solutions soient formulées et présentées de façon très pratique. Il ne s'agit donc pas de proposer des conclusions toutes faites et de demander aux autres d'y adhérer. L'étude et la discussion ne consistent pas à expliquer ces conclusions en croyant que si les autres les comprennent bien, ils les adopteront.

C'est ce problème principal qui a été résolu par la première réunion tenue en juin 1996 pour lancer l'étude et la discussion du communisme moderne . Il s'agit donc de défendre le point de vue que tant que la classe ouvrière et le peuple ne se débarrasseront pas de l'interprétation dogmatique de la réalité, la voie au progrès leur demeurera interdite. L'interprétation dogmatique de la réalité est la condition même de la marginalisation du peuple. Elle l'empêche de mettre à contribution le facteur humain/conscience sociale de sorte que les êtres humains et leurs énergies créatrices deviennent le facteur décisif, l'âme de la vie réelle. Sans se placer au centre de la vie réelle en détruisant l'interprétation dogmatique de cette vie réelle dans toutes ses expressions et manifestations, la qualité essentielle de l'être humain continuera d'être niée. Cette qualité, c'est la capacité de créer un environnement qui, à chaque étape historique, est ajusté à l'existence humaine, un environnement naturel et social qui affirme continuellement le facteur humain/conscience sociale dans l'acte de la création. Sans la réalisation de cette qualité, la vie dans son sens réel continuera d'être gaspillée.

L'importance de la phase actuelle du travail entrepris par le PCC(M-L) dans le cadre de l'Initiative historique est qu'il faut habiliter les Canadiennes et Canadiens, la classe ouvrière en tête, à changer la situation au Canada et à l'échelle internationale. Pour ce faire, le PCC(M-L) doit engager l'étude et la discussion du communisme moderne avec les plus larges sections de la population, les Canadiennes et les Canadiens par centaines et par milliers, pour faire sauter les obstacles qui les empêchent de participer à l'effort pour changer leurs conditions de vie. À moins de combattre de front toute l'activité de la bourgeoisie pour se maintenir au pouvoir et pour maintenir le statu quo en démolissant l'interprétation dogmatique de la réalité, la voie du progrès continuera de nous échapper. En ce sens, l'essence du communisme moderne est de détruire l'interprétation dogmatique de la réalité en prenant la réalité comme point de départ de l'étude et de la discussion et en agissant selon ce que la réalité révèle.

Le rôle du PCC(M-L) est de se transformer en un parti politique qui est capable de diriger la classe ouvrière et le peuple du Canada dans l'accomplissement de cet exploit historique. En jouant ce rôle, le PCC(M-L) se transformera en un parti communiste de masse, un parti politique digne du prolétariat canadien qui sera digne de diriger le Canada dans le XXIe siècle.

Ce programme pour engager l'étude et la discussion du communisme moderne parmi les larges couches de la population est une des tâches centrales que s'est fixées le PCC(M-L) dans les années 1990. C'était considéré comme une des conditions nécessaires au succès de la consolidation des publications du Parti, les éditions quotidienne et hebdomadaire du Marxiste-Léniniste, de l'établissement des groupes de rédacteurs et de diffuseurs dans les endroits de travail, les établissements scolaires et partout où des collectifs de personnes vivent et travaillent et de sa propre transformation en un parti communiste de masse - tout cela dans le cadre de l'Initiative historique. Le Bureau national du PCC(M-L) a lancé le Projet d'information sur le communisme moderne comme initiative importante dans ce sens, tout comme la publication du livre Le communisme moderne, Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) et des autres livres de la Collection « Nouvelle Base historique » publiés par le PCC(M-L).

La réunion parrainée par le Club du Parti marxiste-léniniste de l'Université d'Ottawa a établi la base pour l'étude et la discussion du communisme moderne en cernant correctement le rôle de cette étude et de cette discussion.

En quoi consistent donc l'étude et la discussion du communisme moderne qui répondent aux besoins historiques actuels et futurs de la classe ouvrière canadienne ? Comment cette étude et cette discussion doivent-elles être menées afin de réaliser une rupture radicale avec le statu quo ?

Pour répondre à cette question, il importe d'abord de reconnaître le besoin de combattre la notion fatale très répandue au Canada de ce que signifie être politique et de ce qu'est la lutte politique. Selon la bourgeoisie, la lutte dans la société est entre la « droite » et la « gauche ». La « droite » serait constituée des « intérêts de la grande entreprise » et de certains partis politiques qui se chargent de défendre ces intérêts, de concert avec certains commentateurs politiques, certaines personnalités médiatiques, des professeurs et politicologues qui s'occupent de justifier la défense de ces intérêts. La « gauche », ce serait tous ceux qui s'opposent à cette « droite », à ces « intérêts de la grande entreprise », qui épousent une quelconque vision de société juste et prétendent que cette société juste est réalisable par une répartition plus équitable de la richesse et l'adoption de lois qui proclament l'égalité de tous les membres de la société dans différents domaines. Cette « gauche » serait représentée par des partis au parlement et dans l'opposition qui seraient victimes de discrimination en raison de la loi électorale et de la répartition injuste des richesses . Elle existe aussi sous la forme d'une opposition extra-parlementaire constituée de militants sociaux et de militants syndicaux. Voilà comment on interprète de façon dogmatique le côté politique de la vie au Canada. La politique n'est pas comprise dans son sens profond comme étant tout ce qui concerne le corps politique. La façon dont le corps politique est gouverné, le type d'État qui le représente et la loi fondamentale qui régit sa conduite touchent tous les membres de la société. Cela les concerne tous, qu'ils le veuillent ou non. Autrement dit, être politique ou pas n'est pas une question de goût ou de choix personnel. Puisqu'ils naissent en société, tous les membres de la société sont membres du corps politique et leur vie est déterminée par la façon dont la société est organisée. Qu'une personne se considère politique ou pas, « politiquement active » ou « politiquement passive », en tant que membre du corps politique sa vie est affectée de manière importante par la façon dont le corps politique est organisé, la façon dont il est gouverné, le rôle des institutions gouvernementales à tous les niveaux.

Si l'on accepte cette réalité, il s'ensuit nécessairement que « tout est politique », que tout a une dimension politique qui détermine la destinée du corps politique. Puisque le domaine politique affecte tout le monde, il s'ensuit nécessairement que pour s'affirmer en tant qu'êtres humains, les membres de la société jouent un rôle objectif qui détermine comment les choses se passent dans le domaine politique qui affecte leur vie. Le problème pour les Canadiennes et les Canadiens est que ce rôle est présentement négatif. Leur rôle actuel aide la bourgeoisie à perpétuer le statu quo à l'encontre de leurs propres intérêts.

La notion que la lutte politique se mène entre la gauche et la droite n'a pas de signification réelle aujourd'hui parce qu'être « de gauche » aujourd'hui ne veut plus rien dire et n'a plus cette qualité de représenter ce qui est nouveau dans la lutte contre l'ancien. Le rôle de l'étude et de la discussion du communisme moderne est de redonner un sens à la lutte politique qui se mène dans la société pour que le peuple puisse avoir un moyen pratique d'avancer ses intérêts. C'est donner une emprise réelle à la lutte de la société nouvelle contre la vieille société qui cherche à se maintenir en place par tous les moyens.

Dans la société bourgeoise, la politique est un domaine spécialisé appartenant à ceux qu'on appelle les politiciens et les partis politiques. Dans les mains de la bourgeoisie, la politique a perdu la confiance des citoyennes et citoyens et est devenue synonyme de corruption, de privilèges et de tout ce qui est méprisable. Déjà en 1996 les sondages d'opinion confirmaient que le prestige de la Chambre des communes, des partis politiques et des politiciens n'avait jamais été aussi bas. Ces institutions ont besoin de crédibilité pour pouvoir fonctionner mais la crise de crédibilité est une des principales caractéristiques de la crise politique qui s'est abattue sur la vie au Canada. Les politiciens, ce sont les députés fédéraux et provinciaux, les élus municipaux, les professionnels à l'emploi de partis politiques dont le but est de se hisser au pouvoir. Dans ce contexte, le communisme aussi est réduit à un certain nombre de positions. Comment l'étude et la discussion du communisme moderne sont-elles possibles s'il s'agit uniquement d'étudier et de discuter de ces positions ? En quoi consistera la discussion ? Oui, je suis d'accord. Non, je ne suis pas d'accord. Et de là on se querelle pour savoir qui défend les « vraies positions communistes » ? Pendant ce temps, la vie réelle au Canada et à l'échelle internationale continue de se développer implacablement et le peuple est désarmé face à la situation.

Le monde est dans une situation très explosive, mais les événements sont présentés comme s'il s'agissait uniquement d'une lutte pour le pouvoir entre certains individus, où l'on règle les différends par la négociation si possible, sinon par la guerre civile. Les événements doivent être présentés dans toute leur profondeur, a expliqué le camarade Bains, dans leur signification réelle et il faut déterminer le rôle que doivent y jouer la classe ouvrière et le peuple pour garantir leurs intérêts, sinon les choses évoluent à leurs dépens. Par exemple, l'effondrement de l'Union soviétique a créé un vide mais qui va le remplir ? Une mafia constituée de criminels russes et de représentants de l'oligarchie financière internationale en provenance de différents pays comble le vide à l'heure actuelle, mais elle a eu beaucoup de difficulté à stabiliser l'État bourgeois. On a même aboli l'ancienne constitution et incendié le parlement à la manière d'un Hitler qui a incendié le Reichstag pour imposer son régime. Des conflits sanglants ont éclaté en Russie, mais aussi dans d'autres pays, comme l'Inde par exemple. Le camarade Bains a fait remarquer que même au Canada les contradictions concernant les changements constitutionnels requis sont très intenses. Il a fait remarquer que la rencontre des premiers ministres qui se tenait à ce moment-là était une mise en scène bien orchestrée pour duper le peuple. Sous prétexte que les débats sur la constitution créent trop de divisions, les premiers ministres ont prétendu qu'il valait mieux changer la constitution « à petits pas ». Autrement dit, la bourgeoisie cherche à manoeuvrer par tous les moyens pour maintenir le statu quo, a expliqué le camarade Bains. La stratégie des « petits pas » sert à régler les différends au sein de la bourgeoisie et à restructurer l'État pour qu'il lui soit plus utile dans les conditions actuelles. En Inde, un gouvernement de coalition dite de « centre gauche » de treize partis était au pouvoir. Les uns disaient que c'était un signe que l'Inde se déplaçait vers « la gauche ». Les autres affirmaient que cette coalition ferait preuve d'un plus grand militantisme que les gouvernements précédents dans l'application des réformes et que ces réformes seraient « la politique de droite ». En Italie, les agences de presse rapportaient qu'après tout le branle-bas pour éliminer la corruption dans le gouvernement et contenir la mafia, la corruption demeure plus répandue que jamais. C'était prévisible, a fait remarquer le camarade Bains. « Tous ces pays sont des pays où l'on prétend que des changements sont apportés par la réforme, a-t-il dit. Mais quels sont ces changements ? Quel pays a su apporter des changements importants par la réforme ? »

La situation est extrêmement explosive et dangereuse, soutient le camarade Bains. « La bourgeoisie est incapable de rétablir son ordre international, son nouvel ordre mondial, ni de changer la situation dans les différents pays. À moins d'examiner la vie politique dans toute sa profondeur, les peuples du monde ne sont pas en mesure de saisir ce qui se passe et de s'armer pour intervenir de façon efficace et apporter des changements réels à leur avantage. »

Le communisme moderne est synonyme de la conscience la plus avancée. Il ne s'agit pas de réaliser un consensus ou de convaincre tout le monde qu'il est une solution parfaite, a poursuivi le camarade Bains. Il a donné l'exemple du gouvernement français qui a émis un décret définissant le rôle que doivent jouer les universités de France. En vertu de la loi, proclame le gouvernement, toutes les universités devront suivre une politique pragmatique. Des réformes semblables sont en voie d'application aux États-Unis. Si à la lumière de ces développements, le communisme moderne est aussi interprété de façon dogmatique, alors ce communisme n'a aucun avenir et n'aura rien de moderne, a dit le camarade Bains. Le communisme moderne a d'abord et avant tout des solutions à proposer dans différents aspects importants de la vie des êtres humains. Il a sa théorie sur le plan de l'économie, de la politique et de la conception du monde. Cette théorie affirme que la classe bourgeoise au pouvoir n'est plus capable de gouverner, qu'elle est agonisante et n'est pas capable de rétablir son système malade. Mais la bourgeoisie n'en continue pas moins de promettre des jours meilleurs et ses différents groupes politiques et sociaux véhiculent cette illusion dans les rangs de la classe ouvrière et des larges masses du peuple.

La discussion à la réunion du Club du Parti marxiste-léniniste de l'Université d'Ottawa s'est poursuivie à l'aide d'exemples de la situation dans différents pays. À moins d'établir où en est le niveau de développement dans chaque situation, a expliqué le camarade Bains, on ne saurait identifier ce qu'est le communisme puisqu'au départ le communisme est cette évaluation du niveau de développement. Par exemple, sur le plan économique, il y a la reprise sans création d'emplois. C'est là un symptôme du capitalisme et tout le monde reconnaît que la situation ne va pas changer. Mais on oublie qu'un autre aspect de la réalité actuelle est la récurrence de crises périodiques. Jusqu'à présent à chaque crise périodique, le chômage a atteint un nouveau sommet. Quelles seront les conséquences de ce nouveau phénomène qu'est la reprise sans création d'emplois ? La bourgeoisie aime prétendre qu'elle a su surmonter la Dépression des années trente et réduit le taux de chômage élevé de l'époque. Mais où et comment ? Le taux de chômage aujourd'hui est plus élevé qu'il ne l'a jamais été. La bourgeoisie ne fait que créer des désastres encore pires ailleurs.

Il est urgent, a souligné le camarade Bains, d'engager la discussion parmi le peuple en prenant les choses là où elles sont et non pas « élaborer » des conclusions données dans une brochure quelconque ou des énoncés de politique. Dans la discussion, les opinions des uns et des autres se valent. Il faut donner son opinion et provoquer la discussion de cette façon. C'est ainsi que la discussion se poursuit et prend de l'ampleur. Des controverses éclatent, des débats surgissent, et ce faisant le niveau de la politique s'élève. Les points de vue sur la réalité actuelle, qu'il s'agisse de la situation locale, nationale ou internationale, sont le point de départ de la discussion. La discussion ne peut avancer que si l'on présente des opinions et qu'on invite les autres à donner les leurs. Si le sujet de l'étude et de la discussion n'est pas la réalité que vivent tous celles et ceux qui étudient et qui discutent, sur quoi s'appuieront les points de vue et opinions ?

Par exemple, il y a plusieurs points de vue différents sur ce qu'est le problème principal de la société à l'heure actuelle. Certains disent que c'est le déficit, d'autres que c'est la répartition de la richesse et d'autres encore que c'est le danger d'éclatement du Canada. Qui a raison ? Ont-ils tous raison ? Où le problème principal serait-il plutôt la trahison de la classe ouvrière par l'aristocratie syndicale qui joint ses efforts à ceux de l'oligarchie financière et du gouvernement pour bloquer la voie au progrès ? À moins d'éliminer cet obstacle, le Canada ne peut pas avancer. Il faut donc présenter des raisonnements bien étayés concernant la situation actuelle. Et dans ce contexte le sectarisme ou la neutralité n'ont pas leur place. Les représentants du Parti devront faire valoir avec arguments à l'appui, en partant du présent et en parlant des développements réels, que la coopération entre les syndicats, la grande entreprise et les gouvernements est un anachronisme qui ne saurait répondre aux problèmes de l'économie, du système politique ou de la vie sociale et culturelle tels qu'ils existent actuellement. Par cette coopération, des groupes et des individus rivalisent pour les positions de privilège et, ce faisant, bloquent toute discussion sur les enjeux réels et ce qu'il faut faire à leur sujet. Peut-on résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les Canadiennes et Canadiens par une restructuration de l'État de sorte à rendre cette coopération plus efficace ?

La coopération dont ont besoin les Canadiennes et Canadiens a pour principe que la classe ouvrière doit se constituer en la nation. Elle doit proposer au peuple une cause pour laquelle lutter. Pourquoi le peuple lutterait-il pour des intérêts qui ne sont pas les siens ? Quelle cause la classe ouvrière peut-elle proposer, à elle-même et au reste du peuple, que chacun verrait la nécessité de défendre ? C'est ce qu'il faut proposer, discuter, étudier et débattre, a dit le camarade Bains. La conclusion naturelle de l'étude et de la discussion concernant la situation actuelle sera de poser le problème de ce qu'il faut faire pour changer la situation. Si le PCC(M-L) parvient à résoudre le problème d'élever le niveau de discussion dans la société, les neuf dixièmes de la bataille seront remportés.

La bourgeoisie mondiale craint énormément que la discussion éclate. Elle sait que cela va sceller sa perte. C'est pourquoi elle consacre tant de ressources et d'énergies à promouvoir une interprétation la plus dogmatique possible de la réalité. Le dogme est l'antithèse de la réalité. En dernière analyse, il est la soumission au facteur antihumain/anticonscience. Ou bien on parvient à faire entrer en jeu la vie réelle dans son développement et son mouvement, c'est-à-dire le facteur humain/conscience sociale, ou bien les dogmes, c'est-à-dire le facteur antihumain/anticonscience, seront préservés. Voilà comment le problème se pose. Il n'y a pas d'autre rapport entre les deux qu'un rapport antagoniste. Le point de départ de la discussion ne peut être que la vie réelle, le facteur humain/conscience sociale, pas les dogmes. L'essence de l'étude et de la discussion du communisme moderne est la reconnaissance de la vie réelle. C'est le point de départ de toute action, notamment de l'étude et de la discussion.

(Basé sur un article paru dans Le Marxiste-Léniniste du 21 juin 1996)

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L'opposition à l'interprétation dogmatique
de la vie réelle

Une autre réunion sur l'étude et la discussion du communisme moderne parrainée par le Club du Parti marxiste-léniniste de l'Université d'Ottawa a eu lieu le 19 juin 1996. Elle était également présidée par le camarade Hardial Bains et d'autres camarades dirigeants, des militants du Parti de la région, des jeunes et des étudiants, ont participé à cette réunion et ont élaboré leurs points de vue. Il y a eu une discussion animée sur le but. Un camarade a fait remarquer qu'il y avait deux choses à garder à l'esprit. La première est qu'en définissant le communisme moderne, nous combattons l'interprétation dogmatique non seulement du communisme comme tel, mais aussi de la vie réelle. C'est en interprétant la vie réelle de façon dogmatique que la bourgeoisie parvient à tout transformer en une propagande intéressée pour se justifier et inventer des prétextes justifiant ses visées odieuses. La bourgeoisie dispose d'un immense arsenal médiatique, d'experts dans tous les domaines, des établissements d'enseignement et des institutions de toutes sortes pour falsifier la réalité, ce qui est en jeu et pour propager la désinformation pendant qu'elle s'efforce de résoudre les problèmes qui se posent dans la réalisation du profit capitaliste maximum aux dépens des peuples.

De là, les participants ont tiré la conclusion que l'étude et la discussion du communisme moderne doivent commencer par l'étude et la discussion de la situation réelle qui existe devant nous. Nous vivons tous cette même réalité. Il s'ensuit que nous pouvons tous donner nos opinions sur la base de ce que nous savons. C'est seulement ainsi qu'on peut avoir un échange significatif. Partir du monde et des problèmes posés et à résoudre élève le niveau de la politique dans la société. C'est ce qui permet aux gens de prendre part aux prises de décision et donc de mettre un terme à leur marginalisation par rapport aux affaires du corps politique. C'est l'élément le plus important dans la préparation des conditions pour changer la situation au Canada et partout dans le monde.

Si l'aspect le plus précieux du communisme moderne est de ne pas donner une interprétation dogmatique des problèmes de l'humanité, il s'ensuit que l'étude et la discussion du communisme moderne doivent avoir comme point de départ l'étude et la discussion de la vie réelle. Il s'agit donc de mettre en oeuvre le programme d'étude et de discussion du communisme moderne de la même façon que le Parti fait pour toute chose : l'action fondée sur l'analyse.

Le Parti a analysé les besoins de la société et c'est sur la base de cette analyse qu'il agit. Il a conclu de son analyse qu'à l'heure actuelle la société a besoin d'une discussion concrète des conditions concrètes aux plans local, national et international. La classe ouvrière et les larges masses du peuple doivent être entraînées dans cette discussion pour qu'elles puissent établir elles-mêmes ce qu'il faut faire au sujet des problèmes qui existent et prendre les décisions nécessaires. Sans cette discussion, le facteur humain/conscience sociale restera marginalisé et ce qui bloque le progrès de la société ne sera pas détruit. L'élimination de l'obstacle au progrès de la société est le but de la discussion et c'est en même temps le tranchant de la discussion. Sans concentrer l'étude et la discussion sur cet objectif, sans s'assurer que cet objectif se reflète dans le contenu de l'étude et de la discussion, celles-ci seront stériles et seront privées de leur force mobilisatrice.

Le Parti a expliqué que la bourgeoisie a abaissé le niveau de tous les aspects de la vie au niveau le plus bas possible, qu'elle a réduit la politique à une série de prétextes pour justifier des actions intéressées et que c'est la raison pour laquelle le peuple a besoin de se politiser s'il veut résoudre le problème d'exercer un contrôle sur les choses qui le concernent. Il faut mettre en valeur le facteur humain/conscience sociale pour combattre l'interprétation dogmatique de la vie réelle. Cela permettra de libérer les énergies créatrices du peuple et celui-ci pourra alors changer la situation lui-même. Le peuple ne manque pas d'activisme ou de conscience de ce qui se passe autour de lui. C'est l'interprétation dogmatique de la vie réelle qui bloque son initiative, qui l'entraîne dans des voies qui ne sont pas dans son intérêt.

Il existe en ce moment une tendance à réduire la politique à un jeu de blâme, à rejeter le blâme sur tel ou tel parti politique pour des problèmes comme le chômage et pour le gâchis dans l'économie, pour la destruction du secteur manufacturier, la profanation de l'environnement et tous les autres maux de la société et de ses collectifs. Cela a pour effet de désarmer le peuple et ses collectifs. On leur propose un dogme et que peuvent-ils répondre à un dogme ? Certains peuvent répondre : « Oui, c'est vrai, les libéraux ou les conservateurs ou les néo-démocrates ont fait un gâchis. Il faut s'en rappeler à la prochaine élection ». D'autres conservent un profond mépris pour un parti politique mais ne savent pas par quoi le remplacer. On est alors en proie aux manipulations dans lesquelles sont passés maîtres les politiciens bourgeois, les aristocrates syndicaux et leurs compagnons de route. Une des plus grandes diversions lorsque la réalité est interprétée de façon dogmatique consiste à attirer l'attention sur ce qu'on appelle les bons énoncés de principes. On ne s'intéresse pas au fondement de la société, à sa constitution, son économie, son but. C'est ce qui est à l'origine de la désinformation qui domine au sujet de la société et tant qu'elle demeure dominante l'interprétation dogmatique de la réalité demeure inévitable.

C'est pourquoi on ne doit pas commencer l'étude et la discussion du communisme moderne en prétendant qu'il n'existe pas déjà un corps de connaissance au sujet de la société et de ses différentes composantes. On ne commence pas la discussion en feignant l'ignorance, comme si personne ne savait rien, que personne n'avait d'opinions ni d'expérience. Bien au contraire, l'action avec analyse signifie qu'on part de l'analyse de ce qui se passe dans la réalité et l'étude et la discussion servent à entraîner tout le monde dans la discussion à propos de l'action, à propos du travail du PCC(M-L) et des différentes forces politiques en action de sorte à transformer le facteur humain et la conscience sociale, le facteur matériel et le facteur spirituel en une force révolutionnaire vivante et transformatrice. Cela n'est possible que si l'on remplace les discours fondés sur les dogmes par l'étude et la discussion du travail politique et de la vie réelle, que si on en fait une façon normale d'agir.

Le but de l'interprétation dogmatique de la réalité est d'écarter le peuple en tant que collectifs d'individus, d'êtres humains, en tant que corps politique et en tant que différents collectifs. On fait en sorte que leurs efforts deviennent inefficaces et que la pensée et l'action humaines soient inactives. Sans la mise à contribution de celles-ci, comment le peuple peut-il en arriver à des solutions aux problèmes ? En d'autres mots, l'interprétation dogmatique de la réalité fait disparaître la vie elle-même. Même faire du sur place a un but conscient : se maintenir à flot, mais l'interprétation dogmatique de la réalité escamote le facteur humain/conscience sociale. Elle pousse au désespoir et mène à l'anarchie et au chaos.

L'autre considération importante lorsqu'on commence l'étude et la discussion du communisme moderne est que le communisme est le système qui appartient au XXe siècle. Le communisme moderne appartient à la nouvelle base historique créée grâce à la lutte de classes menée tout au long du XXe siècle. Le communisme correspondant à la base historique précédente a accompli de grands exploits. Il a ouvert toute une nouvelle époque historique au début du XXe siècle, l'époque de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne. Cette époque demeure la même quant à son essence mais un tournant historique qui requiert le communisme moderne s'est produit.

Le communisme en tant que système répondant au besoin de résoudre les problèmes de l'humanité durant le XXe siècle était le fruit d'une intense lutte de classes entre l'Ancien et le Nouveau. Cette lutte de classes assumait une dimension internationale. Elle a pris la forme de la Révolution d'Octobre, la forme de la création de l'URSS, la forme de la Grande Guerre patriotique en Union soviétique et de la grande guerre antifasciste durant la Deuxième Guerre mondiale. Elle a établi les démocraties populaires dans les pays d'Europe de l'Est, conduit à la création de la République populaire de Chine et à l'indépendance d'autres pays socialistes souverains. Elle a conduit à la montée et à la victoire des luttes de libération nationale et à la formation de l'Afrique et de l'Asie modernes. Elle a élevé le niveau de conscience des peuples du monde et l'a assise sur une base moderne. Cette lutte de classes se voit également dans l'intensification à outrance des contradictions dans le camp du vieux monde qui poursuit sa quête de domination mondiale et se sert de toutes les armes dont il dispose — la guerre d'agression, les coups d'État et le changement de régime, ou ce qu'on appelle les institutions démocratiques, le marchandage et les ententes lorsque cela convient aux objectifs visés.

En fin de compte, la vie se résume à la lutte de classes entre les forces du Vieux Monde et les forces du Monde nouveau. Pour l'humanité, il s'agit de déterminer à quelle étape en est rendue cette lutte et comment intervenir de manière à favoriser les forces du Nouveau.

Lorsque le communisme est apparu en tant que système pour remplacer les vieux rapports de production moribonds dans le monde, il s'est fait le champion du Nouveau - ce qu'il demeure aujourd'hui dans tous les sens du mot. Toutes les tentatives de réduire le communisme à une interprétation dogmatique du Nouveau font partie de l'effort du Vieux Monde pour rendre le communisme inefficace, pour se maintenir en place et empêcher la naissance du Nouveau. C'est pourquoi l'opposition à l'interprétation dogmatique de la réalité, peu importe les justifications, est une condition préalable à la naissance du Monde nouveau. Le point de départ est donc de cerner ce qui constitue le tranchant de cette lutte de classes aujourd'hui. Et le tranchant de la lutte de classes aujourd'hui est dirigé contre ce qui bloque le progrès de la société, le facteur antihumain/anticonscience. Commencer l'étude et la discussion du communisme moderne en combattant l'interprétation dogmatique de la vie réelle et discuter de la situation réelle telle qu'elle se présente sur les plans local, national et international créera les conditions pour transformer la situation.

L'objectif principal de l'interprétation dogmatique de la vie est d'émousser la lutte de classes, de laisser la voie libre à la bourgeoisie, de permettre aux différentes sections de la bourgeoisie de s'entendre aux dépens du peuple et de marginaliser le peuple. La lutte de classes ne cesse de s'intensifier, non seulement dans les rangs de la bourgeoisie qui cherche à restructurer tous ses arrangements, à redéfinir le rôle des nations et de toutes les institutions dont elle dispose à l'échelle nationale et internationale, mais aussi entre la bourgeoisie et la classe ouvrière et les larges masses du peuple qui formulent elles aussi leurs solutions aux problèmes auxquels elles sont confrontées. À mesure que s'intensifie la lutte de classes et que la bourgeoisie tente de préserver le statu quo, la crise de crédibilité des institutions bourgeoises devient une composante grandissante de la crise politique.

Au Canada, la corruption n'est pas seulement dans le déploiement de toutes les institutions démocratiques pour payer les riches et criminaliser la résistance des peuples. La politique de la bourgeoisie de placer les forces armées canadiennes à la disposition de l'agression et de la guerre impérialistes au nom du maintien de la paix est à la fois dangereuse et criminelle. Par ailleurs, la crise constitutionnelle continue de s'approfondir à cause des tentatives de la bourgeoisie de restructurer le Canada, le Québec et les nations autochtones à partir d'objectifs qui sont contraires aux aspirations des peuples du Canada et du monde. Au bout du compte, tout ce dont dispose la bourgeoisie est la notion médiévale selon laquelle « la raison du plus fort est toujours la meilleure » au mépris de la définition moderne du droit et du besoin de mettre à contribution le facteur humain/conscience sociale à partir d'institutions modernes et d'une primauté du droit moderne. Le gouvernement par décrets, les coups d'État et le « changement de régime » fondés sur cette notion médiévale sont aussi archaïques aujourd'hui qu'ils l'étaient à l'époque où la bourgeoisie a renversé le féodalisme et ses institutions fondées sur cette même notion.

À la fin du XXe siècle, les événements ont commencé à se succéder rapidement. L'Union soviétique qui était devenue un colosse aux pieds d'argile a été renversée littéralement du jour au lendemain, mais malgré cela la bourgeoisie impérialiste anglo-américaine n'a pas su lui substituer une dictature bourgeoise qui lui plaise, comme celle aux États-Unis, en Europe, au Canada et ailleurs. La raison en est qu'elle aussi est un colosse aux pieds d'argile. L'histoire a montré que le poids et le fonctionnement des vieilles institutions ont formé une énorme couche de pourriture qui empêche l'expression du facteur humain/conscience sociale.

En mettant au premier plan l'étude et la discussion du communisme moderne, on contribue à la préparation des conditions nécessaires à l'expression du facteur humain/conscience sociale en le plaçant au centre de la vie réelle.

À cet égard, une des caractéristiques de la nouvelle base historique est que tous les arrangements établis par le Vieux Monde sont devenus anachroniques à l'extrême et sont incapables de répondre aux besoins du présent. Cet anachronisme, de concert avec le fait que les arrangements nouveaux tardent à se matérialiser, enterrés comme ils sont sous le poids du Vieux Monde, crée partout une situation extrêmement dangereuse. Cela signifie que l'heure n'est pas à la discussion dans l'abstrait, au débat à savoir si le communisme est meilleur que le capitalisme, si l'interprétation dogmatique de la réalité est une bonne ou une mauvaise chose ou si tel ou tel dogme est juste ou erroné.

L'essence du communisme moderne est qu'il représente les lumières dans tous les domaines. Seuls ceux qui sont guidés par le communisme moderne peuvent diriger la classe ouvrière et le peuple hors de l'impasse actuelle. C'est pourquoi l'étude et la discussion du communisme moderne ont pour objectif d'engager celles et ceux qui sont opprimés dans la discussion sur le monde réel, sur la situation devant eux, afin qu'ils puissent participer à la résolution des problèmes auxquels ils sont confrontés et se mobiliser dans la lutte de classes pour avancer leurs propres intérêts.

Celles et ceux qui organisent les discussions doivent en quelque sorte faire fonction d'animateurs politiques. Ils doivent avoir comme préoccupation première d'entraîner les gens dans la discussion des affaires politiques afin de mettre en valeur le facteur humain/conscience sociale et changer la situation.

L'heure est à l'action. L'étude et la discussion du communisme moderne sont un type d'action qui est crucial en ce moment. C'est une forme d'intervention, pour lever le poids de la vieille société et ouvrir la voie à son remplacement par une société nouvelle.

(Basé sur un article publié dans Le Marxiste-Léniniste du 25 juin 1996)

Le communisme moderne: Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)

de Hardial Bains

Le PCC(M-L) se présente aux travailleurs, femmes, jeunes et étudiants, peuples autochtones et minorités nationales, il les invite à s'informer sur ce qu'est le PCC(M-L). Il les appelle à regarder les conditions de vie pour établir la vérité sur ce que défend le PCC(M-L) et à tirer les conclusions qui s'imposent sur cette base.
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