Numéro 83 - 14 juin 2016
Le Canada a besoin d'un gouvernement
antiguerre
Opposons-nous à la participation du
Canada aux préparatifs
de guerre en Europe
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Le
Canada
a besoin d'un gouvernement antiguerre
• Opposons-nous à la participation du Canada
aux préparatifs de guerre en Europe
• Examen et consultation inacceptables de la
politique de défense du gouvernement
Le Canada a besoin d'un gouvernement
antiguerre
Opposons-nous à la participation du Canada aux
préparatifs de guerre en Europe
Des médias ont rapporté le 10 juin que le
gouvernement libéral de Justin Trudeau envisage de déployer de façon
permanente jusqu'à 1000 soldats canadiens en Europe de l'Est.
Selon un article paru dans le Ottawa Citizen, l'OTAN a fait
pression sur le Canada pour qu'il prenne cet engagement après que les
États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Allemagne aient chacun promis un
nombre équivalent de troupes.
L'OTAN veut établir « une nouvelle force en
Europe » ciblant spécifiquement la Russie et a également demandé
au Canada de mener une patrouille permanente dans les eaux européennes,
de contribuer des avions de combat CF-18 dans le cadre de la mission de
surveillance et de gestion de l'espace aérien des pays baltes appelée «
Baltic Air Policing » et peut-être même d'envoyer une unité
blindée de reconnaissance en Europe de l'Est. On a cité les
commentaires d'un « haut diplomate de l'OTAN » à l'effet que «
d'autres alliés européens sont déjà déployés au maximum en raison des
opérations en Afrique, en Afghanistan ou chez eux, ce qui explique
pourquoi nous nous tournons vers le Canada ».
Un porte-parole du ministre de la Défense Harjit Sajjan
a déclaré aux médias : « En tant qu'allié engagé au sein de
l'OTAN, le Canada examine activement des options pour contribuer
efficacement au renforcement de la capacité de l'OTAN. » Selon The
Citizen, le Canada prendra sa décision avant le Sommet du 8
et 9 juillet 2016 de l'OTAN, à Varsovie, en Pologne. Le
premier ministre Trudeau participera au sommet de même que d'autres
dirigeants des États membres de l'OTAN. Le sommet devrait annoncer
l'intensification des préparatifs de guerre de l'OTAN et de son
renforcement militaire en Europe de l'Est avec cette nouvelle force
terrestre.
Après une rencontre avec le premier ministre Trudeau à
Ottawa le 10 mai, le président polonais Andrzej Duda a dit :
« Trudeau a confirmé qu'il ferait une déclaration au sommet qui mettra
l'accent sur le besoin de renforcer le flanc oriental de l'OTAN et
d'une action conjointe au sein de l'OTAN à cet égard et sur
l'importance de l'unité de l'Alliance à Varsovie afin que tous les
alliés réagissent ensemble face à la nouvelle menace qui vient de
l'Est. »
L'exercice militaire Anakonda-16 en Pologne
Le plus grand exercice de guerre de l'OTAN depuis la fin
de la guerre froide, l'exercice « Anakonda-2016 », se tient
du 7 au 17 juin, mobilisant 31 000 troupes au sol
provenant de 19 membres de l'OTAN et de six États «
partenaires » dont l'Ukraine, dans le cadre du « partenariat pour
la paix » de l'OTAN. Au moins 220 soldats canadiens y
participent avec les forces armées des États-Unis, du Royaume-Uni et de
l'Allemagne, ainsi que de l'Albanie, la Bulgarie, la Croatie, la
République tchèque, l'Estonie, la Finlande, la Géorgie, la Hongrie, le
Kosovo, la Lettonie, la Lituanie, la Macédoine, la Pologne, la
Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, l'Espagne, la Suède et la Turquie.
Les exercices, dit-on, vont simuler une action de « défense »
contre une « incursion russe venant de l'Est ».
Le commandant général de l'armée américaine en Europe
Ben Hodges a dit que Anakonda est « l'exercice principal »
de 2016. Il a dit que le « point clé pour dissuader la
Russie » est « une réponse rapide » et « l'accumulation de
matériel militaire dans des endroits stratégiques ». Le général
polonais Slawomir Wojciechowski a dit qu'il s'agit « du premier
exercice depuis 1989 mobilisant des troupes américaines et leurs
alliés à une si grande échelle ». Les exercices au sol comprennent
quatre éléments qui sont distincts mais se chevauchent : les tirs
réels, le poste de commandement, la formation sur le terrain et les
exercices de guerre électronique et cybernétique.
Près de la moitié des soldats participants proviennent
des États-Unis et 1000 viennent du Royaume-Uni. Cent cinq avions
de l'OTAN et 49 navires de guerre mènent des exercices simultanés
dans la mer Baltique. Des forces spéciales et des unités de
renseignement y prennent également part. L'armée américaine en Europe a
annoncé que ses activités de formation au cours d'Anakonda-2016
comprennent « des opérations aéroportées et des assauts aériens
multinationaux, des opérations de défense aérienne, des
opérations-relais et de nombreuses autres activités de
formation ». Les unités américaines participantes proviennent de
diverses bases en Allemagne, en Italie et aux États-Unis. On a dit que
les exercices sont « dirigés par la Pologne » pour masquer le rôle
principal des États-Unis dans l'accroissement de la puissance militaire
et les préparatifs de guerre le long des frontières de la Russie. The
Guardian a mentionné que « pour la première fois depuis l'invasion
nazie de [la Pologne] qui a débuté le 22 juin 1941, les chars
allemands vont traverser le pays d'ouest en est. »
La participation de l'Ukraine
Les médias ukrainiens ont rapporté en avril que la
Pologne « a insisté » pour que l'Ukraine soit incluse mais que
l'Allemagne s'y est « fermement opposée ». Selon les dépêches
citant des généraux polonais, l'Allemagne s'est également opposée à
l'utilisation de ses routes pour le mouvement des troupes américaines
se rendant aux exercices. Le 29 avril, l'ambassade des États-Unis
en Pologne a publié une déclaration dans laquelle elle déclare que «
les autorités allemandes n'ont pas rejeté les demandes de transport de
l'armée des États-Unis en ce qui concerne le mouvement des troupes
américaines et de l'équipement à travers l'Allemagne vers la Pologne
pour les exercices Anakonda-16 ». Les États-Unis et l'Allemagne «
continuent de coordonner le mouvement des troupes américaines le long
des autoroutes allemandes, conformément à l'Accord américano-allemand
sur le statut des forces », lit-on dans le communiqué.
Le ministère ukrainien de la Défense a annoncé
le 29 avril que ses soldats prendront part à l'exercice Anakonda,
ainsi qu'à neuf autres grands exercices militaires prévus cette année
avec les pays de l'OTAN. Ceux-ci comprennent les exercices
américano-ukrainiens Rapid Trident 2016 et Maple Arch 2016
organisés par le « Centre international pour le maintien de la paix et
de la sécurité » (IPSC) dans l'ouest de l'Ukraine et l'exercice
américano-ukrainien Sea Breeze 2016 mobilisant plus
de 12 500 soldats ukrainiens. Le département de la Défense
des États-Unis a annoncé en février 2016 qu'il maintiendra une
présence militaire permanente à l'IPSC jusqu'en 2020. Plus
de 200 membres des Forces armées canadiennes qui participent à la
mission des États-Unis pour former les milices ukrainiennes sont
également basés à l'IPSC.
Cliquer sur l'image pour l'agrandir.
Le plus grand transfert américain de munitions en
Europe en dix ans
L'armée américaine a annoncé en février qu'elle « a
transporté plus de 5000 tonnes de munitions du port de Nordenham
vers le dépôt de munitions du Centre européen de soutien logistique des
opérations, à Miesau ». Il s'agit « du plus grand transfert
en 10 ans vers l'Europe de munitions provenant des
États-Unis », a déclaré l'armée. Le transport s'est effectué
dans 415 conteneurs d'expédition et ceux-ci seront mis à la
disposition de l'exercice Anakonda. L'armée américaine a annoncé que
l'augmentation des réserves de munitions en Europe « signifie que les
forces américaines et de l'OTAN peuvent accéder rapidement à des
munitions en appui aux opérations à court préavis de l'OTAN et aux
autres efforts multinationaux visant à maintenir une alliance
forte ».
Le besoin urgent de sortir le Canada de l'OTAN
Le soutien des libéraux de Trudeau aux préparatifs de
guerre des impérialistes américains en Europe engage encore plus le
Canada sur la voie dangereuse que suivent les cercles dirigeants
américains et leur alliance de l'OTAN. C'est la voie de la
militarisation, des frappes préventives, des guerres d'agression et
d'occupation à l'étranger, et du fascisme sur le front intérieur. La
méthode des impérialistes américains est de créer des « faits sur le
terrain », que ce soit les « armes de destruction massive »
ou la nouvelle expression à la mode « l'agression russe », et de
les utiliser pour justifier l'agression et amener l'humanité plus près
d'une autre guerre mondiale.
L'agressivité croissante du « dispositif oriental »
de l'OTAN, le prochain Sommet de Varsovie en juillet et les attentes
que le Canada va « jouer son rôle » et augmenter considérablement
sa présence militaire en Europe posent de graves dangers pour les
peuples du Canada et du monde. Ils montrent que sortir le Canada de
l'OTAN et établir un gouvernement antiguerre n'est pas une simple
politique mais une question de principe et une nécessité urgente afin
de protéger la vie et l'avenir des peuples.
Le Canada ne doit pas participer aux préparatifs de
guerre des impérialistes américains et doit aussi défendre sa
souveraineté d'une manière réelle. Cela signifie ne pas permettre aux
impérialistes américains d'exercer le commandement et le contrôle de
l'espace aérien, des eaux territoriales et du sol canadiens et des
actifs militaires et gouvernementaux du Canada. Cela signifie rapatrier
tous les soldats, navires et équipements canadiens des territoires
étrangers. Plus important encore, cela signifie que la classe ouvrière
canadienne et le peuple doivent se préparer à mettre en place un
gouvernement antiguerre pour faire entendre leur position en faveur de
la paix à l'échelle internationale et prévenir que des tragédies et des
crimes soient commis en leur nom.
Examen et consultation inacceptables de la politique de
défense du gouvernement
Le ministère de la Défense nationale a lancé le 6
avril un examen de la politique de défense comprenant des consultations
qui se poursuivront jusqu'au 31 juillet. Un groupe consultatif
ministériel composé de quatre membres a été créé pour mener l'examen,
composé de l'ancienne juge à la Cour suprême Louise Harbour, l'ancien
ministre des Affaires étrangères Bill Graham, l'ancien président du
comité militaire de l'OTAN Raymond Henault et l'ancienne
sous-secrétaire du Cabinet (sécurité et renseignement) Margaret Purdy.
Le ministère de la Défense nationale dit organiser
l'examen parce que « le contexte stratégique dans lequel opèrent les
Forces armées canadiennes (FAC) a évolué au cours de la dernière
décennie, d'une manière très importante à certains égards. Le Canada
fait face à un éventail de nouveaux défis : montée du terrorisme
dans les zones non gouvernées, utilisation accrue de tactiques hybrides
en situation de conflit et nouvelles possibilités et vulnérabilités
associées au domaine spatial et au cyberespace ».
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau poursuit le
modèle établi par l'examen de la politique étrangère canadienne par les
libéraux de Jean Chrétien en 1994/95, selon lequel les questions
fondamentales ne font pas partie de l'examen. Un document a été publié
au lancement de l'examen avec une introduction par le ministre de la
Défense Harjit Sajjan qui établit les « thèmes qui devraient être à la
base de l'examen ». Ces thèmes sont: « renouveler l'engagement du
Canada à l'égard des opérations de paix des Nations Unies, maintenir
des engagements fermes à l'égard du NORAD et de l'OTAN, renouveler
l'importance accordée à la surveillance et au contrôle du territoire
canadien et de ses approches, plus particulièrement dans l'Arctique,
faire en sorte que nos hommes et femmes militaires disposent de
l'équipement et du soutien dont ils ont besoin, et assurer un lien
étroit entre la politique de défense, la politique étrangère et la
sécurité nationale ».
Six tables rondes d'«
intervenants » se tiennent avec des « spécialistes de la défense
et d'autres intervenants » . Quatre ont eu lieu jusqu'à maintenant
à Vancouver (27 avril), Toronto (20 mai), Yellowknife (24 mai) et
Edmonton (4 juin). Les prochaines tables rondes auront lieu à Montréal
et Halifax. Les « intervenants « en question ont été jusqu'ici
principalement d'anciens diplomates, des représentants des monopoles de
l'armement, des universitaires, d'anciennes personnalités militaires et
des membres de groupes de réflexion.
Les États-Unis et d'autres pays participeront à
l'examen par des rencontres bilatérales et multilatérales. À cet égard,
le ministère de la Défense nationale a rapporté le 13 mai qu'une
visite du ministre de la Défense Harjit Sajjan à Washington pour
rencontrer des « hauts fonctionnaires à la Colline du Capitole » a
permis d'aborder « un grand éventail d'enjeux actuellement à l'étude
dans le cadre de l'Examen en cours de la politique de la défense du
Canada, incluant le partenariat de longue date en matière de défense
entre le Canada et les États-Unis, par l'entremise du NORAD, comme
alliée de l'OTAN, et comme partenaire dans la coalition mondiale pour
contrer le groupe armé État Islamique (EI) ».
Sajjan a été cité dans un communiqué de presse
officiel : « Mes réunions à Washington ont été très productives et
informatives alors que le Canada étudie de nombreux enjeux importants
dans le cadre de l'Examen en cours de la politique de défense. Parmi
ceux-ci, le travail continu avec notre plus important partenaire en
matière de défense dans le but de renforcer la défense du continent, et
le travail que nous effectuons ensemble pour aborder de plus grands
défis en matière de sécurité, alors qu'ils se présenteront partout dans
le monde. »
Les Canadiens sont invités à visiter le site Web de
consultation et compléter un des six documents de travail électronique,
chacun ayant son propre forum de discussion. Le site Web est intitulé «
À vous la parole ! Examen de la politique de défense » et
publicise le mot-clic #ConsultationsDéfense. Les consultations en ligne
sont gérées de manière privée par la société française d'études de
marché Ipsos par le biais de sa division des consultations.
Les usagers peuvent créer un compte sur le forum pour
publier des commentaires et des réponses à des thèmes prédéfinis, qui
peuvent recevoir des « pouces levés » ou des « pouces baissés » . Les
documents de travail électronique consistent en des questions à choix
multiples et dans certains cas, de formulaires de commentaires. Selon
les chiffres publiés pour les forums de discussion, la question la plus
populaire avait reçu, au 11 juin, moins de 3000 visiteurs et
environ 400 commentaires. Les autres reçoivent beaucoup moins de
réponses.
La consultation en ligne et
le document public de consultation sont divisés en six
catégories : Approche du Canada en matière de Défense ; Le
contexte de la sécurité ; Défense du Canada et de l'Amérique du
Nord ; Contribution à la paix et sécurité internationale ;
Les capacités de défense et la force de l'avenir et Le budget de la
défense.
Le site Web de l'examen de la politique de défense
invite aussi les Canadiens à tenir leur propre séance de consultation,
utilisant la trousse de consultation du gouvernement consistant en un
PDF « Présentation Défense 101 », un fichier PowerPoint, un
Guide à l'intention des modérateurs et des modèles de communiqués. Ces
événements peuvent être soumis à la Défense nationale et peuvent être
inclus sur son site Web mais le gouvernement ne dit pas quel critère va
déterminer si des événements de consultations sont acceptables ou
publiés sur le site Web.
Il y a eu au total huit événements de consultation
depuis le lancement de la consultation en avril 2016. Quatre ont
été tenus par les parlementaires; un événement privé a été tenu par
l'Institut de la Conférence des Associations de la Défense; un
événement a été tenu par le Royal United Services Institute for Defence
and Security Studies (RUSI), un groupe de réflexion britannique sur la
défense et la sécurité; un événement privé a été tenu par le Western
Canadian Defence Industries Association (WCDIA); un a été tenu par
l'École nationale d'administration publique à Montréal et un événement
semble avoir été organisé par un membre du public à Vancouver.
Lisez Le Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca Courriel: redaction@cpcml.ca
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