Numéro 58 - 28 avril 2016
28 avril: Journée de
commémoration des personnes
décédées ou blessées au travail
Notre sécurité est dans la
lutte pour les droits de tous et toutes!
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Le
Canada honore leurs mémoires
De gauche à droite: Escuminac, au Nouveau-Brunswick, monument
aux pêcheurs; Lunenburg en Nouvelle-Écosse, monument
aux pêcheurs perdus en mer;
Bathurst au Nouveau-Brunswick, monument aux travailleurs de la
forêt,
des mines et des fonderies
Gauche à droite: Monument aux
mineurs de Sudbury; monument à Sudbury en hommage aux
travailleurs tués dans la catastrophe de Falconbridge
De gauche à droite:
monument aux mineurs de l'Ontario, à Kirkland Lake;
monument aux bûcherons de l'Ontario à Blind River;
monument aux
travailleurs de l'automobile de l'Ontario à Port Elgin
De gauche à droite: monument aux
mineurs d'Elliot Lake; monument aux
travailleurs du canal de Welland
De gauche
à droite: Toronto, monument aux travailleurs tués dans le
désastre de Hoggs Hollow en construisant un tunnel souterrain;
Toronto, plaque
commémorative aux infirmières mortes au travail pendant
l’épidémie du SRAS
De gauche à droite:
Toronto, monument aux travailleurs chinois du rail; en
hommage aux jeunes travailleurs tués à l’ouvrage;
Hamilton,
monument du Jour de deuil
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28 avril:
Journée de commémoration des personnes
décédées ou
blessées au travail
• Notre sécurité est dans la
lutte pour les droits de tous et toutes!
• La réalité brutale des
statistiques
• Récents décès tragiques
au travail
• Les travailleurs parlent à la
défense de leurs droits
28 avril: Journée de
commémoration des personnes décédées
ou blessées au travail
Notre sécurité est dans la lutte pour les
droits
de tous et toutes!
Le 28 avril est la 32e Journée
annuelle de commémoration des personnes
décédées ou blessées au travail. Les
travailleurs partout au Canada et ailleurs dans le monde participent
à des cérémonies et des rencontres et observent un
moment de silence pour pleurer les morts et lutter pour les vivants.
Le 28 avril les travailleurs
déclarent audacieusement que tous les travailleurs ont le droit
d'être protégés suivant les plus hautes normes dans
toutes les conditions et en toutes circonstances. Ils rejettent les
stratagèmes idéologiques et institutionnels qui servent
à nier leur demande que les conditions de travail
sécuritaires soient
considérées comme un droit.
Ces stratagèmes idéologiques et
institutionnels sont bien connues des travailleurs de tous les
secteurs. Les monopoles et leurs porte-paroles prétendent que la
santé et la
sécurité est « un coût de
production » qui doit être réduit ou
éliminé parce que cela fait obstacle à l'effort
pour rendre les monopoles concurrentiels sur les marchés
mondiaux. On prétend que lorsque les
profits des monopoles ne sont pas à la hauteur des exigences des
propriétaires privés ou que les monopoles recourent
à la protection de faillite, la santé et la
sécurité des travailleurs n'ont pas leur place. Cette
offensive idéologique et institutionnelle laisse entendre que
les réclamations des travailleurs accidentés menacent la
stabilité du régime
d'indemnisation et doivent donc être éliminées
autant que possible et que les morts et les blessures au travail sont
dues à « des problèmes de comportement ».
Face à cela, les travailleurs se battent
à tous les jours pour briser le mur du silence et pour s'assurer
que leurs besoins et leurs droits soient respectés et que tous
les travailleurs soient protégés. Ils dénoncent le
refus des monopoles, des gouvernements et des agences de les
indemniser, eux et leurs familles, pour les pertes subies à
cause de décès
au travail ou de maladies professionnelles.
Le but de cette bataille est
de renverser la situation et d'apporter des changements dans la vie des
travailleurs, des familles, des communautés et du pays
basés sur la résolution des problèmes de la
production et du rapport entre les êtres humains pour donner
à tous et toutes la possibilité d'exercer un
contrôle sur leur vie. C'est ainsi que la santé
et la sécurité au travail peuvent être
réclamées et garanties. Il faut mettre un terme une fois
pour toutes au sentiment d'impuissance qu'impose aux travailleurs le
refus des monopoles, des gouvernements et des agences de rendre des
comptes.
Le fait que l'offensive antisociale imposée
à tous les niveaux vise la destruction des arrangements de
santé et de sécurité du contrat social de
l'après-guerre montre que les travailleurs n'ont pas le choix
que de bâtir leurs organisations de défense et d'unir
leurs forces pour faire respecter leurs droits et tracer une nouvelle
direction.
En unissant leurs forces dans un puissant mouvement
politique qui soit une expression de leurs objectifs
indépendants et de leur conception du monde prosociale, les
travailleurs peuvent opposer un Non ! retentissant à
l'offensive antisociale et proposer une alternative prosociale. Ils
peuvent limiter la capacité des monopoles de mettre
impunément la vie des gens en danger. Ils peuvent établir
les plus hautes normes de santé et sécurité que
permette l'avancement de la société.
C'est à cela que se consacrent les travailleurs
le 28 avril. C'est ainsi qu'ils commémorent ceux qui sont
morts au travail et qu'ils luttent pour les vivants.
Notre sécurité est dans la
lutte pour les droits de tous et toutes !
Pleurons les morts, luttons pour les vivants !
La réalité brutale des statistiques
Canada
Les plus récentes statistiques de l'Association
des commissions des
accidents du travail du Canada (ACATC) révèlent
qu'en 2014 il y a
eu 919 décès en milieu de travail rapportés
au Canada. C'est plus
de 2,5 décès par jour. De ces 919 travailleurs
décédés, treize étaient
des jeunes âgés de 15 à 19 ans
et 25 étaient âgés de 20 à 24
ans.
En plus de ces décès, il y a
eu 239 643 réclamations pour des temps
d'arrêt liés à des blessures ou des maladies
reliées au travail,
dont 7 998 provenant de jeunes travailleurs entre 15
et 19 ans. Ces
statistiques ne font foi que de ce qui a été
rapporté et accepté par
les commissions des accidents du travail,
ce qui veut dire qu'en réalité la situation est encore
pire.
Ces chiffres ne disent pas tout sur l'impact pour les
personnes qui
sont directement affectées par ces tragédies en milieu de
travail. Le
décès d'un travailleur laisse des séquelles sur
ses proches, sur sa
famille, sur ses amis et sur les collègues de travail qu'il
quitte à
jamais, des séquelles qui changent pour toujours la vie de tous
concernés.
Un communiqué de presse du Syndicat des
Métallos ajoute que le
nombre de travailleurs canadiens qui meurent chaque année par
suite
d'accidents au travail ou de maladies professionnelles « ne
reflète pas
le fait que pour chaque travailleur qui décède, il y a en
moyenne 30
travailleurs qui souffrent d'une incapacité physique ou d'une
déficience mentale permanente, qui perdent souvent leur emploi
et qui
sont souvent poussés en marge de la
société ».
International
Selon l'Organisation internationale du travail
(OIT), il
y a chaque année 2,3 millions de décès dans
le monde liés à des lésions
professionnelles (300 000 décès) et des maladies
professionnelles
(2 000 000 de décès). Ainsi, 6 300
travailleurs meurent chaque jour de
lésions ou de maladies
professionnelles. Selon l'OIT, les principales causes de ces
décès sont
les cancers d'origine professionnelle (32 %), les maladies
circulatoires et cardiovasculaires d'origine professionnelle
(23 %),
les maladies contagieuses (17 %) et les accidents de travail
(18 %).
Les accords néolibéraux de
libre-échange sont parmi les facteurs
les plus importants de la détérioration continue des
conditions de vie
et de travail dans tous les pays, y compris la santé et la
sécurité au
travail. Ces accords concentrent le pouvoir décisionnel sur une
base
supranationale, entre les mains des monopoles mondiaux pour qui les
règlements de santé et de sécurité
représentent autant d'obstacles à la
course au profit et à la domination. Les plus lourdes pertes
dues aux
décès et aux lésions corporelles se trouvent parmi
les travailleurs
dans les pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et des
Caraïbes dû à
leur surexploitation par les monopoles.
La Confédération des syndicats
internationaux rapportaient
récemment que les monopoles mondiaux tels Samsung, Apple,
Wal-Mart et
d'autres n'embauchent directement que 6 % des travailleurs
qui
produisent la valeur de leurs empires mondiaux. L'autre 94 %
de leurs employés travaillent à contrat pour des
entreprises plus petites et
les travailleurs y vivent les pires conditions et n'ont aucun recours
en termes de santé et de sécurité.
Ce phénomène est aussi présent au
Canada où la classe ouvrière est
divisée en catégories arbitraires telles «
entrepreneur indépendant »,
« travailleur étranger temporaire » et «
travailleurs légaux » afin de
justifier l'imposition de conditions de travail de plus en plus
mauvaises à l'ensemble de la classe ouvrière. Ainsi qu'un
mur du silence est créé sur la réalité des
travailleurs de ces «
catégories » qui souffrent de lésions ou de
maladies professionnelles.
Récents décès tragiques au travail
Ian Henry Pervez, travailleur à
l'aéroport de Toronto
Un travailleur de l'aéroport Pearson de
Toronto âgé de 24 ans, Ian Henry Pervez, a
été tragiquement tué le 22 avril lorsque le
chariot à bagages qu'il conduisait s'est renversé et
qu'il a été éjecté du véhicule.
Pervez travaillait à l'aéroport depuis neuf mois à
l'emploi d'Air Canada.
Le Conseil des travailleurs de l'aéroport de
Toronto fait remarquer que les douze derniers mois « ont
été difficiles pour notre communauté
aéroportuaire à cause des blessures graves et maintenant
des décès horribles ». Un autre travailleur
est décédé en mars des suites d'une affection
médicale alors qu'il travaillait sur l'air de trafic de
l'aéroport, ajoute le Conseil. Un préposé aux
bagages âgé de 18 ans a été
grièvement blessé en septembre 2015 dans une
collision entre un véhicule à bagages et un autre
véhicule.
S'adressant aux médias lors de l'accident, le
porte-parole du Conseil des travailleurs de l'aéroport Sean
Smith a expliqué comme suit les problèmes liés aux
politiques de santé et sécurité à
l'aéroport :
« [L'Autorité aéroportuaire du
Grand Toronto] établit les normes et les procédures, les
communique au personnel gestionnaire qui représente des dizaines
d'employeurs, puis laisse à la discrétion des
gestionnaires de nous les communiquer, à nous les travailleurs.
Ils ne rencontrent le personnel gestionnaire que sur ces questions et
se fient aux
gestionnaires par le biais de leurs comités de santé et
sécurité respectifs pour mettre en place les
procédures. Eh bien, voilà où les problèmes
commencent.
« Disons qu'une entreprise n'a pas une culture de
respect de la santé et sécurité et
n'établit pas de bonne communication, ce qui, je vais être
honnête, est un gros problème à l'aéroport
Pearson parce que beaucoup de ces entreprises sont des
manutentionnaires contractuels irresponsables qui embauchent des
travailleurs au salaire minimum, a
poursuivi Sean Smith. Avec une politique de porte tournante, il y a de
nouvelles personnes qui arrivent tout le temps. Donc, si la
chaîne de communication se brise, cela fait que
différentes personnes travaillent à l'aéroport
suivant différentes procédures. »
Le Conseil des travailleurs de l'aéroport
organise une cérémonie spéciale à
l'occasion de la journée de deuil du 28 avril pour rendre
hommage à Ian Pervez. Tous les travailleurs des compagnies
aériennes et leurs alliés sont invités à la
cérémonie. Les travailleurs de l'aéroport se
rassembleront à 10 h 50 à deux
endroits : sur l'aire de trafic de l'aérogare des passagers
numéro 1, porte 101, et à l'inukshuk à
l'extérieur des départs des vols intérieurs,
où différentes personnes prendront la parole et
l'aumônier de la chapelle interconfessionnelle récitera
une prière. Une autre cérémonie aura lieu
à 23 h à la porte 101 pour les
travailleurs de soir qui sera suivie d'une marche et d'un moment de
silence.
Olivier Bruneau, travailleur de la construction
à Ottawa
Le matin du 23 mars, un travailleur de la
construction âgé de 25 ans, Olivier Bruneau, a
été grièvement blessé par une chute de
glace pendant qu'il travaillait dans une fosse d'excavation de 31
mètres de profondeur, à un site de construction de
condominiums, sur la rue Preston, à Ottawa. Il est
décédé en route vers l'hôpital.
Olivier était un apprenti charpentier et membre de la section
locale 93 du Syndicat des menuisiers-charpentiers,
originaire de Gatineau, au Québec.
Il était employé par Bellai Brothers
Construction Ltd. qui a été retenu par le promoteur
immobilier Claridge Homes pour des travaux sur la
copropriété annoncée comme étant le plus
grand édifice à Ottawa lorsqu'il sera terminé.
On a appris par la suite que Bruneau et d'autres
travailleurs se sont plaints à la direction à plusieurs
reprises que d'énormes morceaux de glace amassés sur les
parois de la fosse constituent un grave danger avec les hausses de la
température et la fonte de la glace. Un travailleur a
déclaré aux médias qu'il a soulevé la
question moins
de 24 heures avant la tragédie.
Le 5 février un travailleur a
été touché par une chute de glace sur le
même site, mais n'a pas été grièvement
blessé. Les médias rapportent que le ministère du
Travail de l'Ontario enquête sur l'incident de février,
mais aucune mesure n'a été prise pour prévenir un
incident similaire ou pire. Les inspecteurs de la Ville d'Ottawa ont
visité
six fois le site mais n'ont pas émis d'amendes ou d'ordonnances
en vertu de la Loi sur le Code du bâtiment de l'Ontario.
Sur les photos prises par les services d'incendie lors de
l'opération de sauvetage on voit d'énormes masses de
glace qui tapissent les parois internes du site d'excavation.
Sean McKenny, président du Conseil du travail de
la région d'Ottawa, a déclaré que son organisation
va demander que des accusations criminelles soient portées.
« Tous ceux qui ont travaillé dans une fosse d'excavation
ont été forcés de travailler dans un environnement
dangereux. »
Les facteurs qui ont conduit
à cette mort tragique ne sont pas un mystère
puisqu'à Ottawa, la fonte annuelle provoque le délogement
de grandes accumulations de glace. C'est aussi régulier que les
saisons et facile à voir pour tous les travailleurs. Les
intérêts des monopoles privés et les gouvernements
à leur service ne sont pas aveugles mais la
vie d'un travailleur et les périodes de santé et
sécurité sont considérés comme juste un
autre « coût » à être
calculé comme un obstacle à la poursuite du profit.
Après le décès d'Olivier Bruneau,
le ministère du Travail a annoncé une enquête sur
l'accident et a émis des ordonnances au promoteur immobilier
Claridge Homes pour s'assurer que les parois de l'excavation soient
libres de roches détachées et de soumettre un plan pour
l'examen de la façon dont l'accumulation de glace sera
supprimée, ainsi
que la documentation du site des travaux et des discussions sur la
sécurité liée à la chute de glace. Bellai
Brothers Construction Ltd s'est vu ordonner de fournir la documentation
sur l'emploi du temps d'Olivier Bruneau et de suivre les normes de
sécurité de base tels que la garantie que les
échelles soient installées sur un pied ferme et que les
équipements soient utilisés conformément aux
manuels d'utilisation des fabricants.
LML note que le ministère du Travail
prend la mort d'un travailleur comme point de départ pour exiger
le respect des normes et qu'il n'a même pas émis
d'ordonnance exigeant que toute la glace soit enlevée des murs
de l'excavation avant la reprise des travaux. Il aurait pu ordonner la
fermeture immédiate du site jusqu'à ce que les
mesures de sécurité passent l'inspection et que tous les
travailleurs soient compensés pour le temps perdu et ne soient
pas soumis à des représailles. Par ailleurs des
accusations devraient être portées contre le promoteur
immobilier et l'entrepreneur en construction et la famille d'Olivier
doit recevoir une pleine indemnisation.
Un mort et un blessé dans un accident de grue
à Montréal
Le 10 avril, un travailleur a perdu la vie et un
autre a été grièvement blessé alors qu'ils
lavaient les vitres du pavillon Paul-Gérin-Lajoie de
l'Université du Québec à Montréal, sur le
boulevard René-Lévesque. Le travailleur blessé est
resté dans un état critique pendant plusieurs jours et
par chance est maintenant en train de se
rétablir.
Les deux travailleurs ont fait une chute de plus
de 60 pieds lorsque la grue soutenant la plate-forme sur laquelle
ils travaillaient s'est renversée quand le camion sur lequel
elle était montée a soudainement basculé. D'autres
travailleurs de la même entreprise qui étaient sur le site
ont subi un choc nerveux et ont dû être transportés
à
l'hôpital. Le travailleur qui est mort est le père de
celui qui a été blessé.
Une enquête a depuis révélé
que l'opérateur de la grue n'a pas sécurisé
adéquatement le camion sur un terrain solide, ce qui a fait
basculer le camion sous le poids de la grue. On sait aussi maintenant
que l'opérateur de la grue n'avait pas reçu de formation
sur les normes de l'opération d'une grue. Au Québec, les
grutiers qui ne travaillent pas
sur les chantiers de construction ne sont pas obligés de
recevoir une formation. L'opération d'une grue sur un site autre
qu'un site de construction est considérée comme
étant moins dangereuse et la qualification des grutiers est
laissée à la discrétion des intérêts
privés. En fait, la Commission de la construction du
Québec demande maintenant que
soit réduite la formation des grutiers travaillant sur les
chantiers de construction.
Les travailleurs parlent à la défense de
leurs droits
À l'occasion de la Journée de
commémoration du 28 avril, Le Marxiste-Léniniste
publie des prises de position de travailleurs de l'acier, de la
construction, du secteur ferroviaire, de l'industrie forestière,
de la fonction publique fédérale et de
représentants d'organisations de travailleurs accidentés
et de travailleurs migrants sur les
problèmes qui existent dans leur secteur et sur leur travail
à la défense de la santé et de la
sécurité. Leurs propos illustrent les attaques qui sont
faites contre les droits des travailleurs et les défis à
relever pour renverser la situation
Mike Da Prat, président de la section
locale 2251 du Syndicat des Métallos à Essar Steel
Algoma
Cette compagnie est passée d'un programme de
sécurité basé sur l'identification des dangers
à un programme basé sur le comportement. Autrement dit,
ils ont la mesure disciplinaire facile. Notre convention collective est
écrite dans un langage très solide en ce qui concerne la
santé et sécurité et notre comité conjoint
en santé-sécurité a des
attributions bien définies mais les actions de la compagnie et
du gouvernement ont détruit notre programme interne de
santé et de sécurité, au point où j'ai
dû renvoyer à la production nos représentants en
santé et sécurité tellement il y avait de
représailles contre eux.
Puis, Essar s'est mis sous la protection de la faillite
en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers
des compagnies (LACC) et depuis je ne peux pas déposer de
griefs parce que tous les griefs sont arrêtés dans le
cadre des procédures de la LACC. La compagnie utilise la LACC
à son avantage mais ce n'est pas cette loi qui
a changé son attitude. C'était déjà la
guerre ouverte entre elle et nous avant la LACC. Elle veut créer
un tout nouveau comité de santé-sécurité
même si le fonctionnement du comité qui existe est
expliqué de manière détaillée. Au lieu que
les représentants en santé-sécurité
prennent leurs directives et fassent rapport au représentant
syndical
responsable, la compagnie veut qu'ils se rapportent aux
contremaitres.
Pendant ce temps-là, les problèmes
s'accumulent : problèmes d'amiante, les convoyeurs qui
amènent le coke au sommet du haut-fourneau en très
mauvais état, une tenue de registres en lambeaux et les
représentants de la compagnie se promènent dans l'usine
en disant que tout va bien. Un grand nombre de blessures ne sont pas
déclarées.
La compagnie s'est aperçue que le gouvernement n'a pas de
colonne vertébrale et a peur de faire appliquer la loi.
Les multinationales viennent faire des affaires ici,
elles repoussent les limites de la loi et c'est seulement si la loi se
fait entendre que les compagnies comprennent qu'elles sont
allées trop loin. Elles essaient des choses qu'elles savent
illégales, elles ont des avocats prêts à entrer en
action et elles s'aperçoivent tout à coup qu'elles n'ont
pas
besoin de ces avocats parce qu'il n'y a personne au ministère
qui intervient. Je blâme directement le gouvernement provincial
de Kathleen Wynne pour cet état de choses. Les multinationales
défient les lois d'une façon que les entreprises locales
n'oseraient jamais faire. Personne ne fait intervenir la loi.
C'est comme si nous devions reprendre la lutte
dès le début.
Simon Lévesque, responsable de la santé
et sécurité au
travail à la FTQ-Construction
Le principal problème que nous avons c'est que,
de plus en plus, les employeurs essaient de se déresponsabiliser
face à la santé et la sécurité des
travailleurs et essaient de faire porter la responsabilité aux
travailleurs eux-mêmes. L'article 51 de la Loi sur la
santé et la sécurité du travail dit
très clairement que c'est l'employeur qui
est responsable de la santé et de la sécurité du
travailleur et cela fatigue beaucoup les employeurs. Ils veulent
enlever cette responsabilité-là et dire que c'est aussi
la faute des travailleurs. Nous on martèle constamment que c'est
l'employeur qui doit prendre les moyens pour qu'on soit
protégé. C'est lui qui a les moyens de nous
protéger.
La pression est quotidienne sur les chantiers pour faire
porter la responsabilité aux travailleurs. Nous sommes
intervenus sur des bâtiments de 50 étages où
il n'y avait plus de garde-corps. Il y a des cas où sur des
immeubles en construction de plusieurs étages, il n'y a plus
rien qui empêche les travailleurs et les matériaux de
tomber au
sol. Le seul moyen de protection, selon les employeurs, c'est de
s'attacher. Ils ont le même message, ils se passent le mot. On ne
fait rien pour empêcher les travailleurs de tomber, on dit
seulement qu'il faut qu'ils s'attachent. Ce n'est pas ce que la loi
dit. La loi dit d'éliminer le danger à la source.
S'attacher, cela n'empêche pas un travailleur de
chuter. Les employeurs fonctionnent à la répression
là-dessus : « Si tu ne t'attaches pas,
dehors ! »
Dans la construction, il n'y a pas de
sécurité d'emploi. Si le travailleur refuse de faire ce
que l'employeur lui demande, il se fait dire qu'il y a d'autres
travailleurs qui peuvent prendre sa place. Le travailleur peut
revendiquer des choses, même la CSST peut venir et
dénoncer des choses mais le vendredi soudainement il n'y a plus
de travail
pour lui. C'est une forme de congédiement. Les employeurs
veulent des travailleurs de plus en plus performants, et leur en mettre
de plus en plus sur leurs épaules, y compris leur santé
et sécurité. Les mesures disciplinaires pleuvent, pas des
mesures graduelles, c'est carrément le congédiement pour
donner l'exemple aux autres. Et plus le travail
baisse, comme c'est le cas actuellement dans la construction, plus la
pression est forte sur les travailleurs et plus il arrive des accidents
graves.
Une de nos principales demandes, c'est d'avoir des
représentants syndicaux en prévention sur les chantiers.
Depuis quelques années, on a gagné, sur des chantiers
d'importance, d'avoir des représentants en prévention
syndicaux qui ne font que cela, ne font que de la prévention,
qui parlent aux travailleurs, qui les sensibilisent et n'agissent pas
à
la menace et qui dénoncent les dangers. On en a gagné un
certain nombre même si les articles de la Loi sur la
santé et la sécurité du travail qui
concernent la construction et prévoient des représentants
en prévention sur les chantiers n'ont jamais été
promulgués, alors que la loi date de 1979 !
Doug Finnson, président de la Conférence
ferroviaire
de Teamsters Canada
Notre problème principal c'est la fatigue des
travailleurs. Nous nous faisons demander constamment de prouver que le
problème existe. « Où sont les
données ? » nous demande-t-on. Les
données, elles sont là depuis les
années 1990, dans l'étude de CANALERT et les
recommandations qui en sont sorties à Calgary. Elles
sont là dans l'examen de la Loi sur la sécurité
ferroviaire et le long document qu'a publié Transports
Canada. Je ne comprends pas pourquoi les travailleurs doivent continuer
de prouver que le problème de la fatigue est réel alors
que tant d'études ont démontré qu'il existe. Nos
adversaires et le gouvernement ont l'air de dire qu'à moins que
les travailleurs prouvent à chaque année que le
problème de la fatigue existe, alors nous nous plaignons pour
rien.
La fatigue des travailleurs varie selon les endroits.
C'est au Canadien Pacifique qu'elle est la plus forte. Elle est plus
forte que jamais parce que la direction du CP a changé la
manière dont elle traite les travailleurs, le harcèlement
est en hausse, la compagnie viole la convention collective et force les
travailleurs à travailler dans des conditions
dangereuses. La situation au CN est différente parce que nos
chefs de train ont réussi à négocier des
programmes de gestion de la fatigue qui comprennent des horaires de
travail plus réguliers, conformément aux recommandations
du projet-pilote CANALERT des années 1990.
Au CN, nous avons négocié un accord qui
est appliqué à l'échelle du pays. En ce qui
concerne le
CP, nous avions réussi à établir des horaires de
travail réguliers à Calgary mais le CP les a
annulés et les a détruits. Nous sommes allés en
arbitrage et les horaires ont été rétablis pour
les ingénieurs de locomotive mais pas pour les chefs de train.
Le programme d'horaires réguliers s'applique donc à la
moitié seulement de nos membres à Calgary. Ce programme
consiste en des fenêtres fixes de disponibilité, une pour
le matin, une pour le soir et une pour la nuit, pendant lesquelles les
travailleurs peuvent être appelés au travail. Si vous
n'êtes pas appelé au travail à l'intérieur
de votre fenêtre,
alors on ne peut pas vous appeler jusqu'à ce que votre
fenêtre rouvre le lendemain. Cela ressemble à un quart de
travail. Cela permet de contrer la fatigue lorsque vous travaillez loin
de chez vous.
Nous voulons que notre système soit basé
sur une évaluation scientifique d'ensemble comme l'a
réalisée le projet-pilote CANALERT dans les
années 1990. Cela fait 10 ans que nous nous battons
là-dessus. Nous avons fait la grève en 2012
et 2015 et à chaque fois la question de la fatigue
était un gros enjeu. CP nous
dit que si nous voulons avoir de plus longues périodes de
sommeil, il doit changer la façon dont nous sommes payés.
Selon le CP, si nous gagnons moins cher et travaillons plus souvent,
nous allons être moins fatigués. Le PDG du Canadien
Pacifique a dit ouvertement (nous avons l'enregistrement) qu'il veut
que les travailleurs ferroviaires
canadiens travaillent 60 heures par semaine payées à
temps simple.
Le CP fait du lobbying auprès du gouvernement
pour qu'il change la loi à son avantage. Nous, nous luttons pour
les travailleurs et nous demandons au gouvernement de dire non et
d'établir une réglementation qui est conforme aux
analyses scientifiques de la fatigue telles que contenues dans CANALERT
et aux études qui ont déjà été
faites et
que nous avons en main. CP prétend qu'il veut nous accorder de
bonnes périodes de sommeil mais que ce sont nos travailleurs qui
ne réservent pas les périodes de sommeil maximum. En
fait, quand nos travailleurs réservent les périodes de
sommeil maximum, CP les poursuit devant les commissions des relations
de travail pour arrêt de
travail.
Bob Kingston, coprésident du groupe de travail
conjoint sur la santé mentale dans le service public
La santé et la sécurité
psychologique sont probablement notre priorité en ce moment en
ce
qui concerne la santé et la sécurité des
travailleurs. Nous avons les outils, c'est la formation qui est la
question maintenant. Le manque de formation est le plus grand obstacle
qui reste à franchir. Je copréside le Groupe de travail
conjoint du Conseil du
Trésor du Canada et de l'Alliance de la fonction publique du
Canada sur la santé mentale aux endroits de travail. Les
absences au travail pour cause de maladie sont dues principalement
à des questions de santé et de sécurité
psychologique comme le stress, le burn-out ou la santé mentale.
Ces problèmes ne sont pas traités de façon
adéquate. Il y a
encore des employeurs qui nient que cela fait partie de la question de
la santé et de la sécurité. Ils disent que la
santé mentale ne relève pas des problèmes aux
endroits de travail mais c'est faux parce qu'il y a tellement de
problèmes au travail qui mènent au burn-out.
Par exemple, on n'en fait pas assez pour donner aux gens
des tâches modifiées quand ils en ont besoin. On ne les
réintègre pas adéquatement au travail quand ils y
reviennent après avoir fait un burn-out. Il y a tellement de
pratiques à l'oeuvre aux endroits de travail qui affectent la
santé et la sécurité psychologique et doivent
être
changées. Il
faut changer la façon dont les gens sont traités. Vous
pouvez avoir les meilleurs programmes au monde, si vous traitez les
gens sans aucun respect vous les poussez au burn-out. La formation est
importante parce que nous devons humaniser les places de travail et en
faire autre chose que des endroits où tout ce qui compte c'est
combien de dossiers
vous avez fermés pendant la journée. Nous voulons que
les employeurs et tout le monde aux endroits de travail parlent plus
ouvertement de ces choses et que les comités de
santé-sécurité s'en occupent.
Nous travaillons à aider les gens à
comprendre qu'on peut analyser ces problèmes et adopter des
mesures préventives comme on le fait pour les autres sources de
danger. Nous voulons mettre de l'avant des recommandations qui traitent
des irritants aux endroits de travail et les éliminent. C'est
certain que la pression constante qui est faite sur
les travailleurs pour augmenter la productivité et au diable le
reste crée des problèmes mentaux. On leur demande de
faire plus avec moins. On vous demande combien d'appels
téléphoniques vous avez faits, dans votre petit
cubicule ; on vous surveille, on ne vous demande pas si vous avez
aidé des gens mais combien de dossiers vous avez
traités. Cela a un grand impact sur la santé mentale des
travailleurs.
Monique Déry, présidente du Comité
de santé et sécurité de
l'Alliance de la fonction publique du Canada (Québec)
Un grand problème au Québec est que la Loi
sur
la
santé
et
la
sécurité du travail ne
s'applique pas de la même façon à tous les
travailleurs et travailleuses. Nous avons plus de 20 000
membres du secteur universitaire qui n'ont pas droit à tout ce
qu'il y a dans cette loi parce qu'ils ne sont pas
considérés comme un secteur
prioritaire. Nous voulons que la loi soit modifiée et que les
étudiants-travailleurs qui ont déjà des horaires
atypiques, en plus de leurs études, soient
représentés à 100 % par la loi. Ils font
partie du 80 % des travailleurs qui n'ont pas droit au plein
contenu de la loi. (La loi comprend 4 aspects principaux qui
s'appliquent à des degrés très divers selon le
secteur de l'économie : le comité conjoint de
santé-sécurité, le représentant à la
prévention, le programme de prévention et le programme de
santé — NDLR)
L'AFPC-Québec représente aussi
environ 20 000 travailleurs et travailleuses qui sont sous
juridiction fédérale. Un des principaux problèmes
c'est le manque d'effectifs, toutes les coupures qu'on a eues ces
dernières années. Il manque de gens, il manque
d'inspections au niveau alimentaire, au niveau des transports, tous ces
volets.
La personne est partie à la retraite, tu dois la remplacer en
plus de faire ton propre travail.
Nous demandons que le gouvernement
fédéral investisse et ramène la fonction publique,
les services à la population, au niveau où ils
étaient il y a plusieurs années pour le bien-être
des gens. Nous faisons face à l'épuisement total du
personnel, aux maladies de longue durée. Nous voulons qu'il y
ait plus de gens qui reviennent travailler, dans
les bureaux, dans les abattoirs et toutes les places de travail pour
que le travail se fasse. On demande que les services publics soient
rétablis. Cela a une incidence sur la sécurité du
public.
Peter Page, coordonnateur pour le journal Justice
for Injured Workers
Nous faisons face à un certain nombre de
problèmes. Par exemple, le gouvernement de l'Ontario affirme que
pour assurer la viabilité du régime de compensation, il
doit s'attaquer au déficit à long terme du régime.
Si la viabilité du régime est si menacée, au point
où il faut mobiliser tous les fonds possibles pour l'assurer,
pourquoi le
gouvernement réduit-il les cotisations des employeurs de 2
milliards $ par année ? Pourquoi redonner leur argent
aux employeurs alors que les travailleurs accidentés sont dans
le plus grand besoin ? À qui doit servir le
système ? En plus, les employeurs ont droit à des
réductions de cotisations quand ils déclarent une
réduction des coûts de réclamations que font leurs
travailleurs, ce qui n'a rien à voir avec la situation
réelle en ce qui a trait à la sécurité
à l'endroit de travail.
Une fois de plus, le gouvernement Wynne et la commission
de compensation soulèvent l'existence de problèmes pour
s'en prendre aux travailleurs accidentés. Ce sont les
travailleurs accidentés qui font les frais de ce que le
gouvernement appelle le déficit à long terme. Qui
exactement est blessé : le travailleur ou
l'employeur ?
On réduit les cotisations des employeurs de 40 %. On
le fait en coupant et en réduisant les prestations des
travailleurs, en invoquant les conditions pré-existantes aux
blessures et en niant les réclamations des travailleurs de
toutes les façons possibles. De là découlent tous
les autres problèmes.
La question des médecins est importante. La
commission de compensation dit que c'est elle-même qui va
décider de l'état de santé du travailleur et non
le médecin traitant. Les médecins disent que leur opinion
est écartée par la commission et celle-ci donne en
sous-traitance à d'autres médecins le dossier du
travailleur. Ces médecins engagés
par la commission ne rencontrent même pas le travailleur, ils ne
font que lire des rapports et rendre une décision. La plupart du
temps, leurs recommandations contredisent celles du médecin
traitant.
Chris Ramsaroop, porte-parole de Justicia pour
les travailleurs migrants
Les travailleurs migrants travaillent dans des
conditions d'exploitation extrême. Leur
vulnérabilité provient des lois restrictives
fédérales d'immigration qui attachent les travailleurs
migrants à leur employeur et des lois du travail très
faibles des gouvernements provinciaux qui nient aux travailleurs
migrants leurs droits fondamentaux pendant
qu'ils travaillent au Canada. Aux endroits de travail, les travailleurs
migrants font face à l'utilisation de pesticides et de produits
chimiques divers, ils travaillent de longues heures à des
tâches répétitives effectuées à un
rythme très rapide. Les travailleurs agricoles se plaignent
depuis longtemps du paiement à la pièce et de l'impact
que cela
a sur leur
santé et leur bien-être. Le paiement à la
pièce est un paiement à la récolte. Il est souvent
arbitraire parce que ce sont les employeurs qui en déterminent
le taux et les travailleurs ne sont même pas certains du salaire
qu'ils vont toucher. Souvent, les travailleurs migrants qui se blessent
ou tombent malades sont renvoyés dans leur pays d'origine sans
recevoir de compensation adéquate de la commission de
compensation ou de soins de santé adéquats.
En tant que main-d'oeuvre ne pouvant avoir qu'un seul
employeur au Canada, les travailleurs migrants agricoles sont
très à risque en ce qui concerne les blessures et
même les décès au travail. Il faut forcer les deux
paliers de gouvernement à défendre leurs droits et
à mettre fin à leur exploitation. En tant que
travailleurs, c'est notre devoir
d'exprimer notre solidarité avec les travailleurs migrants
accidentés afin d'éliminer les conditions d'apartheid qui
leur sont imposées quand ils sont au Canada et de leur assurer
un statut de résident permanent pour mettre fin au
contrôle que les employeurs exercent sur leur travail.
Ben Corpuz, Réseau des travailleurs philippins
À chaque jour, entre
cinq et six mille travailleurs sont forcés de quitter les
Philippines pour trouver du travail afin de faire vivre leurs familles.
Près de 20 % de ces travailleurs viennent au Canada et
la moitié d'entre eux en Ontario pour y travailler dans
l'industrie hôtelière et de l'alimentation et comme aides
familiaux résidants
dans des domiciles, des résidences pour gens âgés
et d'autre type de travail que nous appelons précaire. Le Canada
est la plus grande destination des travailleurs migrants ou temporaires
en provenance des Philippines. Ils travaillent de longues heures avec
peu d'avantages sociaux et toujours à temps simple et ne sont
pas couverts par la Loi sur
les normes d'emploi et n'ont pas de recours juridique quand leurs
droits sont bafoués. S'ils se plaignent de quoi que ce soit, ils
sont renvoyés aux Philippines.
Il s'ensuit donc que les travailleurs philippins
migrants et temporaires font face à beaucoup de problèmes
de santé et de sécurité et cela à chaque
jour. Ils sont souvent victimes d'abus de la part des employeurs tant
ils sont vulnérables. On compte des cas de décès
au travail comme celui de l'aide résidante Marites Angan qui est
morte
en 2014 après être tombée et s'être
blessée à la tête dans le garage de son employeur.
Personne ne connaît les circonstances de sa mort. Qui va
s'occuper du fils de 14 ans qu'elle a laissé
derrière elle ?
Nous demandons que tous les travailleurs migrants et
tous les aides familiaux résidants reçoivent un statut de
résident permanent quand ils arrivent au Canada. Si on a besoin
de leur travail au Canada, alors ils doivent être traités
comme des êtres humains et leurs droits doivent être
reconnus y compris leur droit à des salaires décents et
à des
conditions de travail qui comprennent des protections à leur
santé et leur sécurité. Ce sont des droits humains
fondamentaux.
Sucha Deepak, Debout pour le Nord, Prince George
en Colombie-Britannique
Alors que les gouvernements et leurs agences refusent
d'assumer leurs responsabilités, qu'ils imposent le droit de
monopole au détriment du droit public et laissent les monopoles
agir comme bon leur semble, la nécessité de trouver
comment les rendre redevables de leurs actions devient toujours plus
urgente.
C'est dans cet esprit que
les travailleurs et leurs familles des communautés
forestières du nord de la Colombie-Britannique vont marquer
le 28 avril. Cela fait maintenant plus de trois ans que les
travailleurs forestiers, les communautés et les peuples
autochtones de la province demandent la tenue d'une enquête
indépendante sur les
incendies et les explosions qui ont détruit les scieries de
Babine et de Lakeland en 2012, tuant quatre travailleurs et en
blessant 44. Les travailleurs, les communautés et les
familles vivent encore la douleur de ces événements et
sont en colère contre ceux qui refusent que justice soit rendue.
L'agence WorkSafeBC a déclaré que
l'accident aurait pu être prévenu mais personne à
ce jour n'a été accusé de négligence
criminelle pour ces morts et aucune recommandation juridiquement
contraignante n'a été faite pour rendre ce type
d'endroits de travail plus sécuritaires. Dans ces
communautés et ailleurs au Canada, les collectifs de
travailleurs luttent pour forcer les entreprises, les gouvernements et
les agences qui ont la responsabilité de faire appliquer les
standards de santé et sécurité à rendre des
comptes de leur négligence afin que ces tragédies et ces
crimes ne se reproduisent plus jamais.
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