Numéro 51 - 12 avril 2016
Le gouvernement Trudeau prend des
mesures
pour criminaliser le droit de conscience
La «conviction responsable»
-- une autre doctrine criminelle de la politique
étrangère du Canada pour justifier l'agression et la
guerre
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Le
gouvernement
Trudeau
prend
des mesures pour criminaliser
le droit de conscience
• La «conviction responsable» --
une autre doctrine criminelle de la politique étrangère
du Canada pour justifier l'agression et la guerre
• Bravade au sujet du rôle du Canada au
sein du système impérialiste d'États
Le gouvernement Trudeau prend des mesures
pour
criminaliser le droit de conscience
La «conviction responsable» -- une autre
doctrine criminelle de la politique étrangère du Canada
pour justifier l'agression et la guerre
Le
29 mars 2016, le ministre des Affaires étrangères du
Canada, Stéphane Dion, a pris la parole à
l'Université d'Ottawa dans le cadre de la conférence
internationale: « Le Canada sur la scène internationale :
Nouveaux défis, nouvelles approches ».[1] Dion a poursuivi
la pratique des gouvernements précédents de faire d'une
manière désinvolte des annonces importantes de politique
étrangère du Canada. Dans son discours, il a
annoncé une nouvelle doctrine en matière d'affaires
étrangères pour le Canada qu'il appelle la «
conviction responsable » et déclaré que la «
conviction responsable » sera le « principe directeur
» de la politique étrangère du gouvernement.
« C'est un immense honneur que d'avoir été
nommé, par le premier ministre Trudeau, ministre des Affaires
étrangères du Canada, a déclaré Dion. Pour
accomplir le mandat ambitieux qu'il m'a confié, le principe qui
me guidera est celui de la conviction responsable. Parmi les
convictions qui m'animent, il y a le sens des responsabilités.
Je prendrai mes décisions en tenant compte de leurs
conséquences prévisibles sur autrui. Voilà ce que
m'a demandé le premier ministre, et je m'y affaire avec mes
fonctionnaires. C'est ce que commande la conviction responsable. »
Cette doctrine s'inscrit dans la foulée des doctrines
canadiennes antérieures, celles de la «
sécurité humaine » et de la «
responsabilité de protéger » qui avaient
été annoncées avec la même
désinvolture par le ministre des Affaires
étrangères du gouvernement libéral de
Chrétien, Lloyd Axworthy. Celui-ci a également pris la
parole à cette conférence mais n’a pas daigné
préciser que ces doctrines mises de l'avant par le Canada sous
sa responsabilité ont donné lieu à des
catastrophes et n'ont jamais été acceptées par le
peuple du Canada ou par le peuple de tout autre pays.
Le Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste) dénonce la doctrine de la
« conviction responsable » comme pragmatique, immorale et
irresponsable. Les Canadiens n'ont même pas été
consultés sur cette doctrine malgré ses graves
répercussions. Cependant, ils peuvent s'attendre à ce
qu'elle soit utilisée pour justifier la criminalisation des
luttes de résistance des peuples et des nations opprimés,
en particulier de ceux qui vivent sous l'occupation de puissances
étrangères, de ceux qui s'opposent aux «
changements de régime », de la résistance
palestinienne et de ses sympathisants dont les actions pour
défendre leur droit d'être sont qualifiées
d'antisémitisme et de « crimes haineux ». Les
Canadiens peuvent également s'attendre à ce que la
même logique soit utilisée pour criminaliser leurs propres
luttes pour leurs droits.
Dion affirme que le droit de conscience appartient à ceux qui
l'exercent « de manière responsable », à ceux
qui tempèrent leurs convictions selon ce qu'il appelle «
le monde réel ». Il dit que c'est la bonne façon
d'agir non seulement pour un homme d'État, mais également
pour tous les Canadiens et pour toute personne.
Dion parle constamment à la première
personne lorsqu'il
aborde les « principes » qu'il suit. Il raille ceux qu'il
appelle les « pacifistes » qui selon lui ont de la «
conviction » mais manque de « responsabilité face
à l'ennemi ». Il déclare que son mandat en
matière de politique étrangère « correspond
aux valeurs et aux convictions » d'un libéral canadien et
que « ces objectifs sont aussi partagés par
quantité de mes concitoyens qui ont une allégeance
politique différente de la mienne ». Selon cette «
nouvelle doctrine», la « responsabilité » est
envers ce qu'il appelle les « intérêts du Canada
». La « conviction » ne peut exister sans le «
sens des responsabilités » envers ces
intérêts, dit-il.
Pour le PCC(M-L), ce point de vue de Dion est un vrai pas en
arrière. Avoir conscience est la qualité fondamentale qui
nous rend humain. Cette qualité est la faculté
d'abstraction. Elle comprend la faculté de penser, de distinguer
le bien du mal, de distinguer ce qui est juste de ce qui est injuste et
de définir les principes que nous défendons. Elle inclut
la capacité de porter des jugements sur la base de ces
principes, de s'engager dans un processus de décision et de
s’organiser pour apporter des solutions aux problèmes de la
société. C’est là l'essence de ce qui nous
définit comme êtres humains possédant la
conscience. Ces qualités humaines nous différencient de
toutes les autres espèces animales qui ont divers degrés
d'intelligence sous la forme de la mémoire donnée par
l'instinct. Mais c'est l'affirmation de notre conscience qui nous fait
notre humanité. Le droit de conscience des êtres humains
implique donc leur droit d'être.
La conception libérale des
droits au contraire défend le droit à la croyance,
qu'elle appelle conscience, en autant que la croyance s'accorde avec
les croyances promues par la classe dirigeante, que Dion définit
comme les « valeurs et les convictions » d'un
libéral canadien Seuls ceux qui acceptent d'embrasser ces
croyances peuvent les pratiquer et avancer dans leur carrière;
les autres doivent abandonner leurs croyances pour avancer.
Parallèlement, plus souvent qu'autrement, les croyances des
nazis et des racistes peuvent être exprimées sans
inquiétude au nom de la liberté d'expression tandis que
les croyances qui ne conviennent pas aux gouvernants sont
qualifiées d'extrémistes, d'antisémites, ou
déclarées contraire à l'intérêt
national.
Dans le but de donner un poids intellectuel à la criminalisation
de la dissidence, Dion a recours au sociologue de la fin du XIXe
siècle Max Weber. La théorie de Weber de la
rationalisation de la société avance une approche
pragmatique au nom de la modernité. Il préconise «
le remplacement des traditions, des valeurs et des émotions
comme facteurs de motivation du comportement en société
par des motivations rationnelles, calculées ». Dion
souligne «la distinction classique faite par Max Weber entre
l'éthique de la conviction et l'éthique de la
responsabilité ».
« Weber oppose la conduite qui consiste à rester
fidèle à ses convictions quoi qu'il arrive
(l'éthique de la conviction) et celle qui consiste à agir
en tenant compte des conséquences de ses actes (l'éthique
de la responsabilité) », dit Dion. Il soutient que «
adopter uniquement une éthique de la conviction mène,
certes, à une action pure, défendant un principe ou une
cause en faisant fi des conséquences. Le pacifiste qui
préconise le désarmement unilatéral face à
l'ennemi est inspiré par l'éthique de la conviction: il
préconise la non-violence en toute circonstance.»
Dion déclare préférer « sortir de sa
distinction étanche pour forger un concept plus
syncrétique : l'éthique de la conviction responsable.
Cette formule indique que mes valeurs et mes convictions comportent un
sens des responsabilités. Ne pas tenir compte des
conséquences sur autrui de mes paroles et de mes actes serait
contraire à mes convictions. Je m'estime responsable des
conséquences de mes actes. »
Avec de tels sophismes et
arguments tautologiques, Dion gratte vraiment les fonds de tiroirs.
Sans surprise, il ne nous dit pas qui sont les « autres »
pour qui cela aura des « conséquences ». Nous devons
croire en la bonté de sa « conviction responsable »,
mais pourquoi nous devrions le croire, il ne nous le dit pas. Son seul
argument, si on peut appeler cela un argument, est qu'il détient
le portefeuille du ministère des Affaires
étrangères du Canada et qu'il a le soutien de son premier
ministre, c'est tout ce qui compte. Il peut se pavaner comme il veut
parce que personne n'a le pouvoir de l'arrêter ni même de
remettre en question sa « conviction responsable » ou de
demander quel est le rapport cette doctrine a avec les problèmes
auxquels le monde et la Canada sont confrontés.
Du moins c'est ce qu'il pense, ce qui n'est rien d'autre qu'une
manifestation de son narcissisme. Pense-t-il que les personnes
politiques comme celles qui sont associées au PCC(M-L), que les
travailleurs qui prennent des positions politiques
indépendantes, que les combattants résistants et tous les
autres vont abandonner leur droit de conscience parce que Dion suit
sincèrement sa « conviction responsable »?
Pense-t-il qu'où que ce soit dans le monde, les peuples vont
renoncer à leur droit de résister à l'intervention
étrangère, à l'oppression et l'occupation? Il
rêve complètement. Les tentatives de son gouvernement de
criminaliser le droit de conscience et les luttes de résistance
ne les feront pas disparaître. Bien au contraire, les luttes des
peuples vont s'intensifier partout, peu importe l'importance que se
donnent de petits rois Canut comme le ministre des Affaires
étrangères et son premier ministre et celle qu'ils
accordent à leur « conviction responsable ».
Se déclarer disciple de Max Weber au XXIe
siècle n'est cetainement pas une chose dont on peut se
vanter. Weber est un sociologue allemand associé au
néokantisme et au positivisme. Selon Weber, l'essence de tout
phénomène socio-économique est
déterminé non pas tant par ses aspects objectifs que par
le point de vue de l'enquêteur et
par la signification culturelle attachée à un processus
donné. Partant de l'hypothèse que les sciences sociales
étudient uniquement les aspects individuels de différents
phénomènes (au lieu de leur ensemble, de leurs rapports
et de leurs inter-relations), Weber a tenté de substituer
à l'abstraction scientifique la notion arbitraire de l'«
idéal-type ».
Cet « idéal-type », dit-il, n'a aucun fondement
dans réalité, il est simplement un instrument pour
systématiser et comprendre des faits individuels, une
idée qui permettrait au chercheur de mesurer la
réalité. À l'analyse scientifique de
l'évolution de la société,Weber a opposé
la théorie de la « pluralité » des
facteurs historiques.
Dion a copié sa théorie d'experts
universitaire de Weber comme Christopher Adair-Toteff de
l'Université de Floride du Sud, qui souligne :
« Que ce soit parce que Weber croyait qu'il
vivait dans un monde post-nietzschéen, ou qu'il était
'désenchanté' en matière de
foi, ou tout simplement pour une autre raison, il a insisté pour
souligner que l'on n'avait plus le luxe d'agir uniquement en fonction
de sa conscience et de ne pas tenir compte des conséquences. Au
lieu de
cela, la politique exige que l'on agisse en tenant compte des
conséquences prévisibles de ces actions;
c'est-à-dire la politique exige que l'on agisse de façon
responsable. [...]
« Selon Weber, seuls ceux qui ont les nerfs
solides et assument la responsabilité de leurs actions
politiques devraient être autorisées à "mettre les
doigts dans les rayons de la roue de l'histoire", c'est-à-dire
être autorisés à exercer leur droit de
conscience. »[2]
Redescendant sur terre et abandonnant son perchoir de
philosophie vulgaire, Dion donne un exemple de la « conviction
responsable » du Canada en action, et il n'est pas beau. Il
cite le contrat gouvernemental de 15 milliards de dollars de vente
de véhicules blindés fabriqués au Canada à
l'Arabie saoudite, qui sont utilisés pour
réprimer la population saoudienne et dans la guerre de l'Arabie
saoudite contre leYémen. Il affirme que les libéraux
honore ce contrat, qui a provoqué l'indignation des Canadiens,
puisque « le rompre pourrait mener à des
conséquences néfastes ».Il explique ces
« conséquences néfastes »: «
L'annulation de ce marché pourrait entraîner
des amendes salées pour les contribuables canadiens et nuire
à la crédibilité de la signature du gouvernement
du Canada. Ces conséquences auraient un effet en chaîne
sur une industrie dont dépendent directement 70 000
travailleurs au Canada, dont de nombreux anciens combattants. Au
moins 2 000 travailleurs,
principalement à London, en Ontario, perdraient leur
emploi ».
Aggravant sa logique
dégénérée selon laquelle la production de
guerre devrait être soutenue car elle crée des emplois,
Dion ajoute que les Saoudiens « presque certainement »
obtiendrait un armement similaire d'un autre pays, et qu'ils ne
soucient pas que cet équipement « vienne d'une usine de
Lima, en Ohio, ou de Stirling Heights, au
Michigan, plutôt que d'une usine de London, en
Ontario ».
Ce discours vulgaire est donné comme un exemple
d'assumer la responsabilité des conséquences.Cela
dépasse l'entendement. Seuls des gens qui ont compromis leur
conscience peuvent déclarer que puisque l'Arabie saoudite est
à la recherche d'armes pour commettre des crimes contre le
peuple, autant que le Canada et ses monopoles soient des
« décideurs responsables » et puisse en
profiter. C'est bon pour les emplois et les travailleurs canadiens en
ont besoin et, de toute façon, le Canada ne contrôle pas
les échanges commerciaux entre l'Arabie saoudite et les autres
pays et ne contrôle ce que l'Arabie fait avec l'armement
acheté du Canada.
Cette logique ressemble pas mal à celle que l'on
trouve dans les déclarations attribuées à
Ramón Fonseca des désormais tristement
célèbres « Panama Papers ». Dans une
interview, il a nié toute responsabilité pour le
blanchiment d'argent et les fraudes des sociétés que son
entreprise, Mossack Fonseca, a créées. Il a dit que
blâmer son
entreprise, c'est comme si on blâmait un constructeur
d'automobiles « dont la voiture a été
utilisée au cours d'un vol ». Toutefois, ce qui est
plus remarquable est cette logique sous-jacente que si quelqu'un va le
faire, ce devrait être le Canada. C'est la même logique que
suit le président de la RBC Banque royale du Canada, dont le nom
apparaît 400 fois dans les Panama et qui affirme que la
Banque faisait seulement de la « planification fiscale, pas de
l'évasion fiscale » !
La logique sous-jacente de tout cela est que Canada se
comporte de façon responsable en ce qui concerne ce que le
gouvernement libéral fait et que celui-ci est
profondément convaincu qu'il est responsable de ce qu'il fait;
c'est cela qui le rend responsable, et aucune analyse n'est
nécessaire. La preuve est que le gouvernement présente la
doctrine de la « conviction responsable », qui rend
son comportement « responsable » parce que «
parmi les convictions qui m'animent [le gouvernement], il y a le sens
des responsabilités », et de plus, cette tautologie
simpliste fournit la base de la criminalisation de la conscience des
opposants au nom du bien supérieur et justifie
prendre des mesures à leur encontre.
En conclusion de son discours, Dion dit que la
politique étrangère canadienne « doit reposer sur
des principes, mais sans trop de dogmatisme, et être axée
sur l'obtention de résultats ». Pour rendre le tout
plus confus et prétendre qu'il défend des principes, Dion
déclare que: « Il ne faut pas confondre la conviction
responsable avec je ne
sais trop quel relativisme moral. Puisque la notion classique
d'honnête courtier (honest broker) est maintenant trop souvent
confondue avec le relativisme moral ou l'absence de convictions fortes,
je préfère dire que le Canada doit être un
architecte de la paix équitable et résolu ».
Ce sont en effet les rêves pervers de gens qui se
avancent de fausses solutions, qui n'ont pas la conscience tranquille
et sont hantés par une obsession morbide de la défaite. [3]
Note:
1. La conférence « Le
Canada sur la scène internationale : Nouveaux défis,
nouvelles approches » était organisée par
l'Institut de La Haye pour la justice mondiale, un groupe de
réflexion de la Haye au Pays-Bas, et coparrainé par
l'Université d'Ottawa et le Centre d'études en politiques
internationales, qui avait également
parrainé le Forum Ottawa 2016 de Canada 2020 auquel
Dion était conférencier d'honneur. Ont également
pris la parole à cette conférence, Louise Arbour,
ancienne juge de la Cour suprême et ancienne Haute Commissaire de
l'ONU aux droits de l'homme, l'ancien ministre des affaires
étrangères, Lloyd Axworthy , le directeur
général
de l'UNESCO, Irina Bokova, le secrétaire général
adjoint de l'ONU, Adama Dieng, l'ancienne présidente de l'Agence
canadienne de développement international, Huguette Labelle, le
président de l'Institut de La Haye, Abidoun Williams, l'ancien
premier ministre australien, Kevin Rudd, et l'ancien secrétaire
d'État adjoint des États-Unis, James
Steinberg. L'ancien premier ministre du Canada, Paul Martin, a pris la
parole lors du dîner pour les participants de la
conférence au Château Laurier.
Le président de l'Institut de La Haye, un
universitaire et ancien fonctionnaire des Nations unies, Abidoun
Williams, a participé à l'émission Power Play de
CTV le 28 mars pour discuter des activités de maintien de
la paix du Canada. Il a dit qu'il est encourageant de voir que le
gouvernement libéral déclarer que le maintien de la paix
sera une priorité. Il serait important de mettre en place un
nouveau centre de maintien de la paix au Canada pour former les
militaires, les policiers et les civils qui font partie des missions de
maintien de la paix, a déclaré Williams. Il a
ajouté qu'une importante contribution du Canada serait une
« doctrine de stabilisation » des missions de
maintien de la paix dans les pays où c'est une composante de la
mission. L'Institut décrit son travail comme «
Éclairer les politiques », « Pouvoir de
mobilisation » et « Formation des futurs leaders et
praticiens ».
Le Conseil consultatif de l'Institut de la Haye est
présidé par l'ex-secrétaire d'État
américain, Madeleine Albright. Parmi les autres membres du
Conseil consultatif, on compte des anciens ministres des Affaires
étrangères des Pays-Bas, de Russie et de Jordanie, un
ancien ministre d'État de l'Inde et un juge à la Cour
internationale de justice.
L'Institut de la Haye est financé par une variété
d'ambassades, de gouvernements et d'organisations non gouvernementales.
2. Adair-Toteff, Christopher.
« Protestant ethics and the spirit of politics: Weber on
conscience, conviction and conflict», (2011), History of the
Human Sciences, 24 (1), pp. 19-35.
Bravade au sujet du rôle du Canada au sein
du système impérialiste d'États
Afin de démontrer l'importance de la «
conviction responsable » lors de son discours à
l'Université d'Ottawa le 29 mars, le ministre des Affaires
étrangères, Stéphane Dion, a
présenté le conte de fée d'un Canada acteur
international intrépide et indispensable dont le sens de la
« responsabilité » lui a permis de changer le
cours de l'histoire. Quant au gouvernement Harper, il faisait preuve
uniquement de « conviction » mais pas de «
responsabilité », selon Dion, ce qui a
empêché le Canada de jouer son rôle.
Il a évoqué l'action
menée en 1972 pour libérer les otages
américains détenus par le gouvernement iranien comme un
exemple de ce rôle positif. Il n'a pas dit qu'il ne s'agissait
pas d'une « action canadienne » mais d'une action de
la CIA et de son agent qui était à l'époque
« ambassadeur canadien en Iran » Ken Taylor.
Dion a dit que « heureusement pour le monde, le Canada avait une
ambassade en Iran à la fin des années 1970, ce qui a
permis de secourir les otages américains » . Selon
Dion, la politique du gouvernement Harper aurait rendu «
impossible d'organiser la Série du siècle entre le Canada
et l'URSS — au cours de laquelle Paul Henderson
a compté son fameux but — qui a contribué à
renforcer les liens entre nos cultures et nos peuples durant une
période de grande tension ».
Dion a renchéri en soutenant que le Canada avait
contribué à « semer les premières
graines » de la chute de l'Union soviétique :
« Il aurait également été impossible
d'inviter le jeune Mikhaïl Gorbatchev au Canada en 1983.
À l'époque, M. Gorbatchev était le
secrétaire du Parti chargé de l'agriculture et une
étoile montante.
Comme il l'a écrit dans ses mémoires, c'est en Ontario et
en Alberta qu'il a constaté pour la première fois
l'inefficacité considérable du système agricole
soviétique comparativement au nôtre, et qu'il a reconnu le
potentiel de la perestroïka, qui est devenue sa vision de
la restructuration. C'est lors de ses discussions franches et ouvertes
avec
des politiciens et des citoyens canadiens qu'ont été
semées les premières graines de la glasnost. »
Dion a poursuivi sur la voie de la trahison de
l'aspiration libérale selon lequel le 21e siècle
« appartiendrait au Canada ». C'est l'ancien premier
ministre Jean Chrétien qui avait prononcé ces mots
après avoir été porté au pouvoir
en 1993. Il avait déclaré que désormais
l'objectif du Canada serait de s'assurer que les
monopoles seraient les vainqueurs sur les marchés mondiaux. Le
rêve de faire du Canada une puissance importante au sein du
système impérialiste d'États, en dépit de
sa population et de son économie modestes comparativement
à celles des États-Unis, de la Russie, de Chine et
d'autres grandes puissances, remonte lui- même au premier
ministre
Laurier. Suite au massacre des Canadiens lors de la Première
Guerre mondiale au nom de l'empire, Laurier avait déclaré
que le Canada venait de se mériter une place dans le monde et
que le 20e siècle lui appartiendrait.
Cela illustre bien le rôle servile que le Canada
a toujours joué au sein du système impérialiste
d'États où il n'a fait qu'ajouter un vote de plus en
faveur de l'empire britannique puis des impérialistes
américains quand de grandes décisions étaient
prises. Voilà le rôle que le Canada aspire à jouer
de nouveau bien qu'il ait été humilié tant de fois
pour son rôle de valet en étant écarté
ignominieusement quand se tenaient d'importantes réunions.
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