Numéro 40 - 19 mars 2016
13e anniversaire de l'invasion
criminelle de l'Irak
Hors d'Irak et de Syrie!
Non au recours à la force pour
résoudre les conflits!
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À Toronto le 30 mars 2003. Une des nombreuses manifestations
partout au Canada pour dénoncer l'invasion américaine de
l'Irak et exiger que le Canada ne participe pas à l'agression
13e
anniversaire
de
l'invasion
criminelle
de
l'Irak
• Hors d'Irak et de Syrie! Non au recours
à la force pour résoudre les
conflits!
Candidature du Canada
pour le Conseil de sécurité de l'ONU
• Des arguments intéressés pour
un siège au Conseil de sécurité
• Non
à la promotion de
l'internationalisme impérialiste néolibéral -
Sam
Heaton
13e anniversaire de l'invasion criminelle
de l'Irak
Hors d'Irak et de Syrie!
Non au recours à la force pour résoudre les conflits!
Le 19 mars est le treizième anniversaire de
l'invasion de l'Irak par les États-Unis
et leurs alliés. C'est également le cinquième
anniversaire du bombardement de la Libye par
les États-Unis et leurs alliés. En cette occasion, le
Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) lance l'appel à tous à se
joindre aux actions qui ont lieu dans plusieurs
villes du Canada et à rejeter le recours à la force des
impérialistes américains et du Canada en
ce moment contre les peuples du Moyen-Orient. Aujourd'hui la position
du Canada est
d'envoyer des armes à l'Arabie saoudite à utiliser contre
la population et de financer des
groupes terroristes qui n'ont rien à voir avec une opposition
politique légitime. Il participe à
la destruction d'États laïques et modernes et aide à
soumettre les peuples à la domination
impérialiste étrangère.
Windsor, le 12 avril 2003
|
L'invasion de l'Irak par les États-Unis en 2003 a
été déclenchée suite à une campagne
orchestrée de désinformation des États-Unis qui
ont
envoyé leur secrétaire d'État, Colin Powell,
présenter une preuve fabriquée pour « prouver
»
que le gouvernement irakien possédait des armes de destruction
massive. Le spectacle donné
par Powell à l'ONU visait à entraîner le monde dans
un faux débat à savoir si l'Irak
représentait une menace à la sécurité
mondiale en même temps que les États-Unis
préparaient
leur campagne terroriste de « choc et de stupeur » pour
s'emparer du pays par la force. Les
États-Unis n'ont jamais reçu l'aval du Conseil de
sécurité de l'ONU pour procéder à la
destruction de l'Irak et s'emparer du Moyen-Orient.
Le bombardement de la Libye en 2011 s'est fait sous le sceau de
l'autorisation d'une zone
d'exclusion aérienne donnée par le Conseil de
sécurité de l'ONU à partir de fausses
allégations lancées par de soi-disant organisations de
droits humains au sujet du gouvernement
libyen et de son dirigeant. Cela visait le même objectif :
préparer le terrain à une invasion et à
un changement de régime.
La destruction que les impérialistes américains et leurs
« coalitions » ont causée en Irak et en
Libye démontre qu'avec ou sans le Conseil de
sécurité de l'ONU, la question est de défendre
les droits de toutes les nations à l'autodétermination et
de s'opposer au recours à la force pour
résoudre les conflits dans les affaires internationales. Les
États-Unis ont recours à la terreur et
à la force militaire, avec ou sans l'approbation du Conseil de
sécurité, pour atteindre leur
objectif de dominer et de mater ceux qui refusent de se soumettre
à leur diktat. À sa grande
honte, le gouvernement libéral semble vouloir aider les
États-Unis à recevoir l'approbation de
l'ONU pour leurs actions futures, notamment en essayant d'obtenir un
siège au Conseil de
sécurité de l'ONU, plutôt que de prendre position
contre le recours à la force dans les affaires
internationales.
Halifax, le 25 octobre 2003
|
Les Canadiens et les Canadiennes ont exprimé leur
volonté
que le Canada ne soit pas un
facteur de guerre et d'agression dans le monde en infligeant une
défaite cuisante au
gouvernement conservateur de Stephen Harper à l'élection
de 2015 et ils maintiennent la
même position aujourd'hui face au gouvernement libéral.
Tous peuvent voir que la réalisation
de paix mondiale ne peut pas être laissée dans les mains
des grandes puissances et des
impérialistes.
Aujourd'hui, plutôt que de reconnaître que la destruction
de l'Irak et de la Libye n'a causé
qu'insécurité, bains de sang et déplacement de
populations sur une échelle inégalée, plutôt
que
de présenter des excuses solennelles pour les dommages
causés et offrir des réparations, le
Canada emboîte le pas aux États-Unis qui aggravent la
situation en déployant leurs forces
spéciales en Syrie et en Irak dans le seul objectif d'enlever
aux peuples de ces pays la
possibilité de trouver une issue à la situation qui leur
est favorable.
En cette occasion, le PCC(M-L) appelle les Canadiens et les Canadiennes
à poursuivre leurs
actions contre la guerre et à exiger que le Canada retire ses
troupes de l'Irak et ne touche pas
à la Syrie et à la Libye !
19 mars, 13e
anniversaire de l'invasion de l'Irak
Journée
d’action contre la guerre
Montréal
Rassemblement:
Non
à
la
guerre!
Oui
à
la
paix!
13h
Complexe Guy-Favreau
200
boulevard René-Lévesque ouest
Station de
métro Place d’Armes ou Place des Arts
Facebook
Halifax
14h
1888,
rue Brunswick
(devant les bureaux du député libéral Andy
Fillmore)
Facebook
Ottawa
Non
à la guerre, Canada hors d'Irak et de Syrie
13h
Ambassade
des
États-Unis, York et Sussex
Facebook
Toronto
Arrêtez
la
guerre.
Ramenez
les
troupes.
Arrêtez l’islamophobie.
13h
Rassemblement et piquet devant le bureau de la ministre du Commerce
international Chrystia Freeland
344 rue
Bloor Ouest.
Facebook
Sudbury
Piquet pour la paix
Midi
Rainbow Centre Mall,
40 rue Elm
Facebook
Windsor
Non aux
guerres de terreur menées
par les États-Unis !
11h
à midi
Windsor Market, coin
Ottawa et Walker
Régina
Rassemblement
pour
la
paix
en
Syrie
et
en
Irak
13h
Regina City Hall
Peace Fountain
Edmonton
Le Canada
a besoin d’un
gouvernement antiguerre !
Canada, hors de l’Irak et de la Syrie !
Midi
Devant le Farmer’s
Market
83e avenue
entre la 103e et 104e rue
Facebook
Vancouver
Mettons
fin à la mission militaire en Irak
14h
Waterfront
Station,
Cordova et Seymour
Facebook
|
|
Candidature du Canada pour le Conseil de
sécurité de l'ONU
Des arguments intéressés pour un
siège
au Conseil de sécurité
Le 16 mars, aux Nations unies, le gouvernement
libéral a annoncé sa candidature au poste d'un des cinq
membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU
en 2021. Le premier ministre Trudeau a tenu une rencontre au
siège des Nations unies à laquelle tous les États
membres de l'ONU ont été invités de même que
les représentants de la presse et les Canadiens qui travaillent
à
l'ONU.[1]
Dans leur plate-forme électorale, les
libéraux se sont engagés à « rétablir
le leadership du Canada sur la scène
internationale ». Dans cette plate-forme, il était
suggéré que cela signifie que le Canada doit se
concentrer sur les « missions de paix » avec les
Nations unies ou d'autres organisations multilatérales
(c'est-à-dire l'OTAN).
Cela était nécessaire parce que les conservateurs de
Harper avaient « tourné le dos aux institutions
multilatérales » et « affaibli notre
armée, nos services diplomatiques et nos programmes de
développement », disaient les libéraux.
Les remarques officielles
de Trudeau sur la candidature
n'ont pas été rendues publiques mais selon les rapports
de presse il a parlé du « respect des droits de la
personne et
de l'attachement envers la diversité et l'inclusion »
qui, a-t-il dit, sont au coeur de la définition que le Canada a
de lui-même. « Ces valeurs fondamentales non seulement
mènent à une plus grande égalité entre les
citoyens mais jouent également un rôle crucial pour
assurer la paix et la sécurité au sein des nations et
entre les nations », dit le premier ministre. Il a
aussi parlé du rôle du Canada dans les opérations
de maintien de la paix de l'ONU comme étant l'expression de
l'engagement du Canada envers les droits
humains. « Nous sommes déterminés à
revitaliser le rôle historique du Canada en tant que contributeur
clé au maintien de la paix par les Nations unies et à
aider à l'avancement des efforts actuels de
réforme », a-t-il dit. Les efforts de réforme
dont il est question sont les initiatives du secrétaire
général de l'ONU Ban Ki-moon, telles que reprises par
le président des États-Unis Barack Obama. Il s'agit de
réformer les opérations de maintien de la paix de l'ONU,
qui deviennent des opérations de création de la paix,
afin d'obtenir
l'approbation de l'ONU pour une intervention militaire en violation de
la
Charte de l'ONU.
Trudeau a lui-même adopté le langage des
« opérations de paix », déclarant que
« ... le Canada va augmenter son engagement dans les
opérations de paix, pas seulement en rendant disponible notre
expertise militaire, policière et spécialisée,
mais aussi en appuyant les institutions civiles qui préviennent
le conflit, apportent la stabilité aux
États fragiles et aident les sociétés à se
remettre d'une crise ».
Le ministre des Affaires étrangères
Stéphane Dion y est allé de ses propres remarques suite
à la présentation de Trudeau. Il a dit: « Dans ce
monde secoué par l'instabilité, les conflits et la
méfiance, le Canada a la mission de prouver
l'universalité de la conviction du premier ministre: nous sommes
forts, non pas en dépit de notre diversité,
mais à cause de celle-ci. »
Il a dit que partout où il va, les gens
demandent que le Canada s'engage davantage: « C'est ce que le
premier ministre, moi-même et d'autres ministres Canadiens
entendons partout où nous allons, que ce soit au G20, à
COP 21, à l'OTAN, au Sommet du Commonwealth, au Forum de
haut niveau sur la Somalie, au Conseil des droits de
l'homme de l'ONU ou à la coalition mondiale contre
l'EI. » Engagé à faire quoi et dans quel but,
Dion ne l'a pas précisé.
Dion a évoqué des moments
sélectionnés de l'histoire du Canada pour
présenter une image idéalisée du rôle du
Canada dans les affaires internationales, ce qui est censé
prouver que le Canada mérite un siège au Conseil de
sécurité de l'ONU. « Du leadership de Lester B.
Pearson pour résoudre la crise de Suez, à la
détermination de Brian
Mulroney dans la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud, à
l'action décisive de Jean Chrétien pour l'interdiction
des mines anti-personnel et des armes à sous-munitions et pour
la création de la Cour pénale internationale, le Canada a
joué un rôle crucial. Aujourd'hui, nous avons besoin de
mettre notre épaule collective à la roue une fois de
plus. »
Le discours de Dion était orienté de
façon à dire
qu'au Canada, tout est merveilleux et que le Canada a le devoir moral
d'apporter son expérience au monde. « Nous ferons ce qui
est nécessaire pour appuyer la communauté internationale,
à partir de notre expérience à bâtir une
société pacifique et résiliente au Canada; en
luttant bravement pour la justice et la sécurité à
l'échelle mondiale; en promouvant l'assistance humanitaire, le
développement, la formation et la capacité de bâtir
et en protégeant l'égalité des genres et tous les
droits humains. Nous voulons obtenir un siège au Conseil de
sécurité précisément parce que le monde en
est à un moment où il y a un
besoin pressant de prévenir l'extrémisme violent, de
gérer les conflits et de répondre aux crises
humanitaires. Nous savons que le Canada peut faire une
différence » , a-t-il déclaré.
Note
1. Selon la Charte des Nations
unies, la
responsabilité première du Conseil de
sécurité est le maintien de la paix et la
sécurité internationale. Il est composé de 15
membres, cinq permanents et dix temporaires. Chaque membre a un vote
bien que les membres permanents (les États-Unis, le Royaume-Uni,
la République populaire de
Chine, la Fédération de Russie et la France) peuvent
opposer un veto aux décisions du Conseil. Sous la Charte des
Nations unies, tous les États membres sont obligés de se
conformer aux décisions du Conseil. Le Conseil de
sécurité peut recourir à l'imposition de sanctions
et a autorisé le recours à la force pour «
maintenir ou restaurer la paix et la
sécurité internationale ».
Le Conseil de sécurité recommande aussi
à l'Assemblée générale la nomination du
secrétaire général et l'admission de nouveaux
membres aux Nations unies. De concert avec l'Assemblée
générale, il élit aussi les juges à la Cour
internationale de justice.
Les élections au poste de membre non permanent
du Conseil de sécurité des Nations unies ont lieu en juin
lors de l'Assemblée générale des Nations unies,
tenue au siège des Nations unies à New York. Les
élections sont décalées, chacune allouant cinq des
dix sièges non permanents au Conseil de sécurité
pour des mandats de deux ans. Les
groupes régionaux des États membres de l'ONU sont
l'Afrique, l'Asie-Pacifique, l'Amérique latine et les
Caraïbes, le Groupe des États d'Europe occidentale et
autres États, l'Europe de l'Est. Le Canada est
considéré comme faisant partie du Groupe des États
d'Europe occidentale et autres États qui a deux sièges.
Le Canada a détenu un siège au
Conseil de sécurité six fois. Son dernier terme
était en 1999-2000.
Non à la promotion de l'internationalisme
impérialiste néolibéral
- Sam Heaton -
Pour convaincre les Canadiens et les Canadiennes
qu'il fait quelque chose de valable dans le monde, le gouvernement
Trudeau propose l'internationalisme impérialiste
néolibéral comme base du «maintien de la
paix» et de la «création de la paix». Depuis
la
Deuxième Guerre mondiale à aujourd'hui, aucun
gouvernement canadien n'a agi pour défendre la démocratie
et établir un ordre international favorable aux
intérêts des peuples, que ce soit au Conseil de
sécurité de l'ONU ou dans d'autres instances
internationales.
C'est sans déroger à la tradition que le
16 mars, au quartier général
de l'ONU à New
York, le premier ministre Justin Trudeau a
annoncé la candidature du Canada pour un mandat de deux ans
comme membre non permanent du Conseil de sécurité de
l'ONU à compter de 2021. Dans un communiqué du
bureau du premier ministre on apprend que « le Canada
s'engage à jouer un rôle positif et constructif dans le
monde afin de faire valoir les intérêts du Canada et
contribuer de façon importante à la résolution de
défis à l'échelle mondiale ». Le Canada
va « élargir sa contribution au maintien de la paix et de
la sécurité internationales. Un monde pacifique est aussi
un monde plus sûr et plus
prospère pour le Canada », dit le communiqué.
Derrière l'effort pour accroître le
rôle du Canada au Conseil de sécurité de l'ONU et
au sein d'autres instances internationales se trouve la crise de
l'internationalisme impérialiste néolibéral. Le
gouvernement libéral pose sa candidature pour un siège au
Conseil de sécurité pour tailler une place pour le Canada
dans le système
impérialiste d'États tel qu'il existe aujourd'hui.
L'équipe de politique étrangère du premier
ministre et les
groupes d'experts qui lui sont associés admettent qu'il y a une
crise de ce qu'il appelle l'« isolationnisme » du
gouvernement Harper et que les solutions proposées dans les
années 1990 ont échoué. S'adressant au
Conseil de sécurité de l'ONU le 16 mars, le ministre
des Affaires étrangères Stéphane Dion a dit
qu'« il est temps
pour notre pays de privilégier l'engagement à
l'isolement » et que le Canada veut un siège au
Conseil de sécurité « précisément en
ces temps où le monde a un urgent besoin de prévenir
l'extrémisme violent, de gérer les conflits et de
répondre aux crises humanitaires ».
Mais qu'y a-t-il de nouveau dans ce que le gouvernement
libéral offre aujourd'hui par rapport à ce qui existe et
comment va-t-il faire du Canada une force pour la paix dans le
monde ?
Le libéralisme a ses origines dans le
capitalisme du laissez-faire, du XIXe siècle. Il est devenu
totalement pragmatique au XXe siècle, notamment après la
Deuxième Guerre mondiale, épousant la cause des «
peuples d'expression anglaise » dans une campagne contre le
progrès et le communisme. Le sabotage du front uni antifasciste
par
les puissances anglo-américaines et l'adaptation des
théories géopolitiques des hitlériens à
leurs propres objectifs ont mené à la création de
l'OTAN et à la Guerre froide qui a pris pour cible
première les mouvements émancipateurs des peuples et des
travailleurs du monde réclamant leurs droits. La théorie
géopolitique de la « terre du milieu » selon
laquelle celui qui contrôle les Balkans et l'Europe de l'Est
contrôle l'Europe et celui qui contrôle l'Europe domine
l'Asie
et du monde s'est accompagnée de la théorie des dominos,
un concept archi-pragmatique selon lequel le refoulement du communisme
et des mouvements de libération nationale justifient les crimes
haineux commis contre les peuples qui ont voulu affirmé leur
droit à l'autodétermination.
Dans ce cadre-là, le
Canada a fait siennes les
visées des impérialistes américains, se
présentant comme l'intermédiaire honnête bien que
complètement à la disposition des visées
géopolitiques. C'est aussi dans ce contexte que le Canada a
joué un rôle de maintien de la paix, mais dans la mesure
où il ne partait pas de la reconnaissance du droit
des peuples à l'autodétermination et adhérait
à l'alliance militaire agressive qu'est l'OTAN, il ne pouvait
pas contribuer à la paix et à la sécurité
dans le monde. Avec la fin de la division bipolaire du monde
en 1989-1991, le rôle du Canada et le caractère de
l'internationalisme impérialiste néolibéral ont
été davantage
exposés. Les hauts lieus de la politique
étrangère libérale ont donné naissance
à des théories encore plus dangereuses, comme la «
responsabilité de protéger » dont les
prétendus succès en Yougoslavie, en Somalie, en
Haïti et en Libye n'ont fait en réalité
qu'étendre la guerre, le chaos et la destruction à
d'autres pays, bloqué la résolution des
problèmes nationaux et
régionaux et blâmé les peuples eux-mêmes pour
la mort et la destruction qui se sont abattues sur eux.
Le syndrome de persévération n'a pas
meilleur exemple que cette volonté de ramener des
théories échouées du passé pour
défendre des intérêts géopolitiques
étroits aujourd'hui. La catastrophe infligée à la
Libye et les graves dangers de guerre qui existe à
l'échelle planétaire ont donné à
réfléchir aux cercles dominants et à leurs
théoriciens de
l'internationalisme impérialiste néolibéral, bien
qu'ils persistent à refuser toute responsabilité pour les
crimes commis en son nom.
Aujourd'hui ils disent tous avoir appris leur leçon. Faisant la
preuve que la théorie discréditée n'est jamais
soutenue par la pratique, le ministre de la Défense Harjit
Sajjan dit qu'avant de décider d'intervenir en Libye encore une
fois, le
gouvernement canadien doit « examiner les leçons apprises
de l'expérience du Canada en Afghanistan ». Les
gourous de la politique étrangère libérale disent
que l'intervention en Libye est « problématique du point
de vue de la responsabilité de protéger » et
qu'il y a « de dures leçons » à
apprendre des interventions
précédentes.
L'internationalisme néolibéral consiste
donc à remanier ou manipuler le passé pour couvrir la
crise du présent.
Les impérialistes américains sont
toujours poussés à la folie par leur obsession à
vouloir contrôler l'est de l'Europe pour isoler la Russie et
libérer la voie pour la domination de l'Asie, tout en incitant
les forces qui, de l'Ukraine aux pays baltes, font appel à la
lie de la société, aux fascistes que l'humanité a
su garder à l'écart au prix de grands
sacrifices. Au nom de la protection des droits humains et des droits
des minorités religieuses, les impérialistes s'affairent
maintenant à redessiner les frontières qu'ils avaient
eux-mêmes tracées au Moyen-Orient, créant des
enclaves de conflits sectaires qui leur offrent un passage
assuré à la fois pour une présence militaire
permanente et pour la
défense d'intérêts privés dans le secteur de
l'énergie. La vieille devise libérale de « diviser
pour régner » est toujours à l' uvre :
les néolibéraux jouent la carte des droits humains de
façon tout à fait partisane et ce faisant ils montrent ce
qu'ils entendent lorsqu'ils disent vouloir « tirer les
leçons de l'Afghanistan ».
Les pires dangers de guerre existent aujourd'hui et la
crise du système impérialiste d'États ne peut que
les aggraver. La crise des arrangements de l'Union européenne
des monopoles a été exposée par ce qu'on appelle
la « crise des réfugiés », où les
plus grandes puissances rivalisent et collaborent pour apporter des
solutions militaires ou
« sécuritaires ». La prétendue
solidarité de l'Europe, en particulier envers les pays plus
petits et les populations les plus vulnérables, semble avoir
disparu. L'Allemagne, la prétendue puissance humanitaire
d'Europe, envoie des navires de guerre pour détourner les
réfugiés, la France rase au sol ses pitoyables
sanctuaires pour réfugiés tandis
que la Grande-Bretagne blâme les autres et renonce à toute
prétention humanitaire. Dans ce scénario, ce sont les
pays qui sont eux-mêmes victimes de l'Europe des monopoles, comme
la Grèce, qui invoquent en vain « notre
responsabilité partagée envers nos voisins, à
l'intérieur comme à l'extérieur de l'Union
européenne, envers ces gens qui sont
poussés au désespoir » et qui s'opposent aux
interdictions cruelles et illégales.
La crise des arrangements
européens est aussi
une crise pour l'impérialisme américain en tant qu'Europe
des monopoles. Ses cercles dominants sont eux-mêmes la
création de l'OTAN et de ses pouvoirs policiers et ses cellules
de terreur institués partout en Europe contre le mouvement
ouvrier et contre la direction communiste. Ce n'est qu'en
raison de cette crise, poussée à terme par cinq
années de déstabilisation et de changement de
régime dans tout le Moyen-Orient, que ces puissances sont
maintenant forcées d'appuyer le processus de négociation
en Syrie. Après avoir créé ce qu'on dit être
la pire crise humanitaire de l'histoire, la crise de
l'édification nationale des puissances
impérialistes a été exposée et de pair avec
la cruauté, le racisme et la xénophobie chez elles, elles
parlent maintenant du besoin de créer la stabilité et la
sécurité « dans les régions qui
génèrent des demandeurs d'asile ». Le
génie est sorti de la bouteille et, la crise donnant lieu
à des rivalités ouvertes, les solutions de
désespoir qui sont offertes
ne peuvent être autre chose que des solutions militarisées
à des problèmes politiques.
Il n'y a rien de nouveau dans les solutions
proposées aujourd'hui par les lumières de la politique
étrangère libérale. Leur conception du monde est
strictement géopolitique. Le problème auquel ils sont
tous confrontés est la crise des arrangements de
l'après-guerre qui, de leur propre aveu, n'ont pas réussi
à préserver l'hégémonie
impérialiste, et
le fait que « les États fragiles et
échoués » viennent maintenant les hanter aux
frontières. Leur solution est le recours au renforcement
militaire de l'OTAN et les préparatifs de guerre, l'augmentation
des dépenses militaires et l'« adaptation » des
institutions internationales à leurs visées.
Il n'est donc pas surprenant qu'on annonce la
candidature du Canada comme membre non permanent du Conseil de
sécurité après le spectacle donné par le
premier ministre Trudeau à Washington, où il a
montré au monde qu'il a fait cause commune avec les objectifs
que préconise le président américain Barack Obama
en cette fin de mandat à la présidence. Il s'est joint
à Obama pour présenter l'image d'une colombe de paix qui
livre un combat aux fauteurs de guerre, alors qu'ils continuent
eux-mêmes sur la voie guerrière.
À cet égard, avec l'incertitude qui
entoure le sort du pouvoir exécutif aux États-Unis,
l'impression est donnée que lorsque Trudeau reprend le flambeau
de l'internationalisme impérialiste néolibéral, il
apporte un élément progressiste digne d'appui. Cela
repose en grande partie sur les prétentions au sujet du
«maintien de la paix» et de la «création de la
paix» en ce XXIe siècle, ou ce qu'on appelle « les
opérations de
paix ». Comme Obama, Trudeau parle maintenant du besoin de
réinventer le maintien de la paix parce que les
États ne « font pas leur part » au sein du
cadre de l'ONU. Ils proposent de « moderniser » le
maintien de la paix en le plaçant sous le contrôle direct
des impérialistes américains et en l'intégrant
à l'OTAN.
Le Canada est déjà en train d'identifier les pays
où il peut déployer des soldats dans ce genre
d'opérations.
Quel rôle le Canada jouerait-il au Conseil de
sécurité et pourquoi le jouerait-il ? Selon le
discours internationaliste impérialiste
néolibéral, le Conseil de
sécurité de l'ONU est « dysfonctionnel »
et «paralysé », non pas parce qu'il est
dominé par les grandes puissances mais parce que certaines de
ces puissances ont opposé leur veto, comme c'est leur droit en
vergu des arrangements d'après-guerre. Ces arrangements leur ont
donné un veto sur les décisions du Conseil de
sécurité avec le mandat de réaliser la paix mais
les internationalistes impérialistes néolibéraux
l'ont utilisé pour avancer leur quête de domination
mondiale en opposition aux intérêts des peuples du monde.
Ils se plaignent que des
«violateurs des droits humains » ont
siégé au Conseil, sans s'inclure eux-mêmes, et
protestent contre l'utilisation du Conseil de sécurité
pour forcer l'État d'Israël à cesser ses crimes
contre le peuple palestinien. Justin Trudeau
prétend que le Canada « va chercher à être
conséquent et responsable » s'il devient membre du
Conseil de sécurité, mais il est évident que
Canada ne défendra pas une position
indépendante ou une position de principe et ne sera pas un
facteur de paix.
Le Canada qui envoie ses soldats à
l’étranger depuis plus de 150 ans et dont les essors industriels
ont profité des deux horribles guerres mondiales, ne peut que
réexaminer le rôle de «maintien de la paix»
qu’il s’est attribué en allant au fond des choses. Comment
peut-il être une force de «maintien de la paix» s’il
est membre de NORAD et de l’OTAN et s’il lie ses intérêts
et son destin à ceux des États-Unis? Pour jouer un
rôle de maintien de la paix, un pays doit avoir une politique
étrangère de neutralité affirmative, il doit
condamner tous les actes d’agression et d’intervention et les guerres
injustes et il doit soutenir tous les mouvements qui ouvrent la voie au
progrès social et à une paix durable dans le monde. On ne
trouve aucune référence à l’étude de cette
expérience dans les discours du premier ministre et du ministre
des Affaires étrangères, sauf pour dire que la politique
du «maintien de la paix» est applaudie par tout le monde,
comme si c’était une vérité incontestée.
Loin d’appeler au retrait de l’OTAN et de NORAD, ils parlent d’une plus
grande participation à ces blocs militaires qui ne correspondent
pas du tout à l’image d’un pays qui dit être pour le
maintien de la paix.
Un pays qui maintient la paix ne peut avoir qu’un objectif, celui de
réunir les conditions pour la paix sans être du même
coup interventionniste et agresseur et sans défendre le
militarisme et le fascisme. La neutralité positive en toute
condition et circonstance doit être le mot d’ordre d’une force de
maintien de la paix qui contribue à l’établissement d’un
nouvel équilibre mondiale.
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Marxiste-Léniniste
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