Numéro 32 - 9 mars 2016
La contribution du Canada à la
résolution de la crise des réfugiés
La classe ouvrière doit diriger la
lutte
à la défense des droits de tous et toutes
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La contribution du
Canada à la résolution de la crise des
réfugiés
• La classe ouvrière doit diriger la
lutte à la défense des droits de tous et toutes
À titre
d'information
• Le programme canadien de
réinstallation des réfugiés syriens
La contribution du Canada à la
résolution de la crise des réfugiés
La classe ouvrière doit diriger la lutte
à
la défense des droits de tous et toutes
Au 28 février, plus de 25 000
réfugiés syriens étaient arrivés au Canada.
Un peu plus de la moitié d'entre eux sont venus en tant que
réfugiés pris en charge par le gouvernement et les autres
sont parrainés en tout ou en partie par le secteur privé.
Dans ce numéro, LML donne de l'information sur les
conditions des réfugiés syriens qui
se sont réinstallés au Canada ainsi que sur le processus
de
réinstallation et les questions qui s'y rattachent.
Il est clair que le gouvernement donne l'impression
qu'il défend les droits des Syriens au Canada et à
l'étranger, mais ce n'est pas le cas. Pour les
réfugiés parrainés en tout ou en partie par le
secteur privé, la responsabilité de respecter les normes
en place est laissée aux individus, aux familles et aux
organisations
non gouvernementales mais ce sont des intérêts
privés et les forces policières qui décident du
sort qui leur est réservé. Les événements
actuels montrent que la classe ouvrière et ses
organisations doivent prendre des mesures concrètes pour que les
droits des réfugiés soient défendus
dans le contexte de la défense des droits de tous. C'est la
conclusion que tire le Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste) de son évaluation de comment
les réfugiés ont été installés dans
les communautés, comment les cercles dirigeants décident
de leur sort et quelles pressions ils subissent. Cette conclusion
s'impose d'autant plus que les
monopoles privés et des organisations liées à
l'opposition syrienne sont à l'oeuvre pour
s'assurer que l'arrivée des Syriens se fasse d'une façon
qui favorise des intérêts particuliers.
Les nouveaux arrivants ont été
divisés en plusieurs catégories : réfugiés
pris en charge par le gouvernement (RPG), Programme mixte des
réfugiés désignés par un bureau des visas
(RDBV) et réfugiés parrainés par le secteur
privé (PSP). Une fois classés en catégories, les
réfugiés ne sont plus définis comme des
êtres humains qui ont tous
besoin d'aide, ils sont définis selon la «
catégorie ». Quelle
autorité va les défendre en tant qu'êtres humains
ayant des besoins particuliers ? Quelle autorité va
évaluer ces besoins à chaque étape de la
réinstallation ? Tout semble
être devenu une affaire pragmatique où l'objectif est de
disposer de ces personnes aussi vite que possible.
Pendant ce temps, on se fait bombarder de phrases comme
« ils
sont chanceux d'être ici », « ils devraient
être reconnaissants», « tout le monde fait de
son
mieux », « ils ont été
filtrés et les
Canadiens n'ont rien à craindre ». Et c'est tout.
Que représentent toutes ces catégories en
réalité ?
On nous dit que les individus classés
dans la catégorie des réfugiés pris en charge par
le gouvernement viennent de la Jordanie, du Liban et de la Turquie et
que la plupart d'entre eux ont été
réinstallés dans les grandes villes canadiennes. Ces
personnes, comme celles des autres catégories,
étaient déjà enregistrés auprès du
Haut
Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et ont
subi six niveaux de vérification et sélection :
- identification des
réfugiés recommandés à Immigration,
Réfugiés et Citoyenneté Canada ;
- entrevue de
sécurité et d'immigration effectuée par des agents
de visa d'ambassades et de Hauts Commissariats canadiens ;
- vérification de l'identité et de la
documentation et collecte des données biométriques et
biographiques (obtenues et vérifiées par la GRC, le SCRS,
les services frontaliers et les agences de sécurité des
États-Unis) ;
- contrôle sanitaire ;
- confirmation de
l'identité avant le départ et vérification de
l'identité à l'arrivée.
Près de 290
militaires des Forces armées canadiennes (ainsi que des
agents et des membres du personnel de la GRC) se sont rendus au Liban,
en Turquie et en Jordanie pour participer au traitement administratif
des demandes et à la collecte de
données biométriques, pour aider au dépistage
médical et pour assurer la présence militaires comme
« élément de commandement et de contrôle
».
Plus de 1 000 réfugiés pris en charge par
le gouvernement sont à Toronto, Ottawa et Vancouver. On dit que
48 % d'entre eux n'ont pas de logement permanent en ce moment et
plusieurs sont hébergés
dans des hôtels ou d'autres logements provisoires, certains
depuis plusieurs mois. Les frais de logement temporaire, comme les
hôtels, sont
couverts par le gouvernement et les montants qui y sont alloués
ne font pas partie de l'enveloppe de l'assistance financière
régulière aux réfugiés. Les
réfugiés dans des logis temporaires reçoivent 10 $
par jour par adulte pour leurs repas et un montant fixe de 50 $ par
mineur (pas par jour). Dès qu'un réfugié trouve un
logement permanent, il doit
le payer à partir de ce qu'il reçoit comme aide
financière régulière du gouvernement pour les
réfugiés, laquelle est d'une durée d'un an ou
moins si on juge que la personne peut subvenir à ses propres
besoins. On ne dit nulle part comment cette décision est prise.
L'aide financière est livrée par des
agences privées subventionnées par le gouvernement et
peut inclure des fonds pour le logement, pour les vêtements, la
nourriture et d'autres besoins de base, comme la recherche d'emploi. Le
montant maximal alloué à chaque famille est de 25 000 $
et ce montant comprend un versement initial unique dit de
« démarrage » et un appui mensuel. Le
montant est
lié aux taux d'aide sociale fixés par les provinces.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a dit
aux médias que la moyenne annuelle en Ontario, par exemple, est
d'environ 11 281 $ mais que ce montant peut varier en fonction du
nombre de personnes dans une famille.
Les gouvernements provinciaux et le gouvernement
fédéral ont dit que les réfugiés ne
recevront pas un montant supérieur à celui de l'aide
sociale. Le ministère du développement social de la
Colombie-Britannique a dit, en réponse à des questions du
réseau CBC, qu'un adulte sur l'aide sociale reçoit 610 $
par mois, soit 375 $ pour le logement
et 235 $ pour la nourriture et les autres besoins. Dans un courriel
adressé à CBC News, le ministère écrit que
« les réfugiés pris en charge par le
gouvernement
ne reçoivent pas davantage en aide mensuelle que les gens sur
l'aide sociale ».
Pour ce qui est de la catégorie «
Programme mixte des réfugiés désignés par
un bureau des visas », il s'agit d'individus qui ont
été identifiés pour la réinstallation par
l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) et
qui sont parrainés au Canada par le secteur privé.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
soutient que l'objectif
du programme est « d'établir un partenariat
tridirectionnel entre le gouvernement du Canada, le HCR et des
répondants privés ». Une personne dans cette
catégorie peut recevoir de l'aide gouvernementale pendant six
mois plutôt qu'un an. Les six mois écoulés, les
répondants privés doivent fournir « six mois
additionnels de soutien financier, d'aide
à l'installation initiale et jusqu'à un an de soutien
social et émotif ». Les répondants peuvent
être des individus ou encore des « signataires
d'entente de
parrainage » autorisés par le gouvernement. Dans la
plupart des cas il s'agit d'organismes religieux.
Les individus de la catégorie «
parrainés par le secteur privé » ne
bénéficient d'aucune assistance gouvernementale mais
doivent être pris en charge par les individus ou les signataires
d'ententes de parrainage. Les réfugiés parrainés
par le secteur privé peuvent aussi chercher de l'aide
auprès d'organisations reconnues qui fournissent des
services.
Le gouvernement reconnaît présentement 1
248 organisations de fournisseurs de services, qui comprennent
notamment des commissions scolaires, des ONG, des bibliothèques,
des organisations privées de services sociaux, des agences de
placement, des agences de développement économique et des
écoles de formation privées. Les réfugiés
parrainés par le secteur privé et désignés
par un bureau des visas sont dispersés dans tout le Canada,
à la différence des individus pris en charge par le
gouvernement, et plusieurs se retrouvent à l'extérieur
des grandes villes, certains en petit groupe ou par famille dans des
milieux ruraux.
Immigration, Réfugiés et
Citoyenneté Canada écrit que « habituellement,
la
période du parrainage est de 12 mois à partir de
l'arrivée du réfugié au Canada ou jusqu'à
ce que le réfugié devienne autonome, selon la
première occurrence ». Le parrainage privé des
réfugiés au Canada a débuté seulement en
1978 avec l'arrivée des « réfugiés de
la
mer » du Vietnam.
Comme les autres réfugiés qui viennent au
Canada en vertu d'une des trois catégories, les Syriens sont
devenus résidents permanents dès leur arrivée.
Pour conserver ce statut, ils doivent résider au Canada deux ans
sur cinq et ne doivent pas avoir été
déclarés coupables d'un crime grave ou avoir fourni de
fausses informations. Les réfugiés qui
n'obtiennent pas leur résidence permanente automatiquement
à leur arrivée sont ceux qui entrent au Canada avant de
réclamer le statut de réfugié ou qui demandent
asile.
De l'avis du PCC(M-L), tout ceci est très
inquiétant. Qui va assumer la responsabilité du
bien-être de ces personnes vulnérables ? Tout semble
être basé sur la conception que les êtres humains
représentent un « problème » auquel
il faut
s'adresser avec le moins d'inconvénients possible et le moins de
dépenses de fonds publics possible.
Qu'est-ce qui va se passer si ces êtres humains ne sont pas
à la hauteur des « attentes » et si ce
«
problème » devient source
« d'inconvénients
» ?
Le 1er décembre dernier, lors du forum «
Bienvenue aux réfugiés » organisé par
le
gouverneur général pour discuter de l'installation des
réfugiés à leur arrivée au Canada, le
ministre de l'Immigration John McCallum a dit qu'il est possible
qu'il y ait une « réaction sociale
négative »
à l'égard des réfugiés si « les
Canadiens ont l'impression
qu'ils sont trop choyés ». McCallum a ajouté :
« On ne veut pas que les Canadiens croient qu'on donne tout
aux
réfugiés et qu'on ne répond pas aux besoins de nos
citoyens. » Il a dit qu'il faut garder les Canadiens
« de
notre côté ». « Nous devons rassurer
les
Canadiens sur les questions de sécurité, c'est un
défi, mais la bonne nouvelle est que la
GRC, le SCRS et les agences frontalières disent qu'ils
approuvent nos méthodes », a-t-il dit.
Le 3 mars dernier, le président du Conseil
européen Donald Tusk a bien exprimé cette conception
antihumaine qui blâme les réfugiés pour leur sort
lorsqu'il a averti les réfugiés et ceux qu'il a
appelés « les migrants économiques
potentiellement
illégaux » de « ne pas venir en Europe. Ne
croyez
pas les trafiqueurs. Ne risquez pas votre vie et
votre argent. Ce sera en pure perte. »
Il est clair que l'accent qui est mis sur la
sécurité amène à traiter les
réfugiés d'abord et avant tout comme une question de loi
et d'ordre. Le travail par lequel on les prépare à venir
au Canada a été laissé dans les mains des forces
policières qui les ont filtrés avant qu'ils ne soient
acceptés. Les médias ont cité des agents de la GRC
qui sont
allés en Jordanie interviewer les réfugiés et leur
auraient dit qu'au Canada, à la différence de la Syrie ou
d'autres pays où ils ont habité, la police va
défendre leurs droits. « Si vous venez au Canada et
vous
vous sentez vulnérables ou abusés, n'hésitez pas
à contacter la police, a dit une agent de la GRC. Il n'y a pas
chez nous la même corruption
qu'on trouve ailleurs [et] la police ne
jouit pas de privilèges spéciaux et n'est pas
corrompue... » En d'autres mots, les responsabilités
du
gouvernement face à l'installation des réfugiés ne
méritent pas une discussion publique, mais l'inculcation des
«
valeurs canadiennes » et des préjugés aux
réfugiés méritent de faire les manchettes.
Pendant ce temps, et cela depuis le
début, le gouvernement a demandé aux monopoles
privés de s'engager dans l'installation des nouveux
arrivés. Certaines industries ont exprimé un
intérêt particulier, comme l'industrie de la
transformation des viandes près de Brooks en Alberta et les
fermes en quête de main-d'oeuvre dans des endroits
comme Leamington en Ontario. Il semble y avoir un effort
concerté des intérêts monopolistes privés
pour
placer les gens dans des zones rurales où l'on invoque une
« pénurie de main-d'oeuvre ». À cet
égard, les intérêts monopolistes privés ont
démontré qu'ils souhaitent utiliser les
réfugiés comme un bassin plus permanent de main-d'oeuvre
à bon
marché plutôt que les travailleurs étrangers
invités dont les visas one une durée limitée.
Un représentant du Conseil des viandes du Canada
a pris part au forum du gouverneur général le 1er
décembre et a dit que l'industrie souffre de pénurie
chronique de main-d'oeuvre. « Trop peu de Canadiens sont
prêts à accepter des offres d'emplois dans des zones
rurales qui sont souvent petites et
éloignées »,
a-t-il dit. Il a demandé aux
gouvernements d'encourager la réinstallation dans des endroits
où son industrie a besoin de plus de travailleurs, qui vont
travailler dans des conditions inacceptables. Lors de la même
rencontre, la représentante du Conseil canadien des affaires
Susan Scotti a décrit comment plusieurs des entreprises membres
du Conseil participent à l'installation des
Syriens au Canada à chaque étape du processus.
Ceci est présenté comme une entreprise
caritative et humanitaire bien que ses objectifs soient clairs et
exprimés par les plaintes de ces intérêts
monopolistes au sujet des problèmes que leur cause le programme
de travailleurs étrangers temporaires et de leur manque de
travailleurs qui vont « prendre des emplois dont les
Canadiens ne
veulent
pas ». On aurait là, dit-on, une solution «
gagnant-gagnant » pour les intérêts
privés et
les Canadiens et les Syriens qui ont besoin d'empois. Les travailleurs
doivent examiner cette situation de près. La classe
ouvrière et ses organisations doivent jouer leur rôle et
s'assurer que les miliers de Syriens qui ont connu misère et
conflits ne seront pas en
proie à des attaques maintenant ou quand ils luttent à la
défense de leurs droits. Les « travailleurs
invités
» étrangers qui défendent leurs droits sont souvent
rapatriés. Que va faire le Canada des réfugiés
syriens qui refusent de compromettre leur conscience ?
Tout comme les intérêts monopolistes
privés se sont avancés pour
« accueillir » les
réfugiés au Canada, des organisations privées aux
intérêts particuliers travaillent elles aussi avec le
gouvernement pour « accueillir » les Syriens.
Certaines
disent représenter les Syriens démocratiques du Canada
mais ne représentent en fait que ceux qui cherchent
à imposer un « changement de
régime » en Syrie et sont liés à la
campagne internationale
d'ingérence dans les affaires souveraines de la Syrie. Ces
groupes se sont vu accorder un statut préférentiel au
point que dans certaines villes ils jouent un rôle
prédominant dans l'accueil des réfugiés. Est-ce
que les réfugiés vont devoir épouser les
opinions de ces organisations pour avoir accès à des
logis adéquats, des soins médicaux, de l'éducation
et des emplois ? S'ils disent ce qu'ils pensent et que cela ne
correspond pas aux « valeurs canadiennes »
vont-ils
être soumis à la
« déradicalisation »
et à des programmes de modification de comportement ?
À Windsor, en Ontario, un groupe local
affilié au Conseil canado-syrien s'est vu accorder un rôle
de premier plan dans la coordination du travail de
réinstallation avec les fournisseurs de services aux
réfugiés et aux immigrants et d'autres organisations
locales désireuses d'aider les réfugiés à
leur arrivée. Des députés fédéraux
et provinciaux et
d'autres personnalités officielles ont particpé
récemment à un événement appuyé par
ce groupe et la World Water Operator Training Company pour accueillir
les réfugiés. Bien en évidence se trouvait un
drapeau qui n'était pas le drapeau de la Syrie mais un drapeau
avec une bande verte qu'utilisent certains groupes qui réclament
un
changement de régime avec l'appui des Étas-Unis, du
Canada et d'autres pays.
Le Conseil canado-syrien n'a pas cessé d'appeler
au changement de régime par les États-Unis et l'OTAN en
Syrie et de dénoncer le gouvernement et l'armée de la
Syrie de même que l'Iran, la Russie et le mouvement de
résistance libanais Hezbollah. Il n'a rien à dire contre
l'intervention des États-Unis et de leurs alliés et au
sujet de
leur appui aux
atrocités qui sont commises, y compris par l'EIIL.
Il y a de multiples raisons qui ont poussé les
Syriens à quitter leur pays depuis 2011 mais parmi les plus
importantes on trouve les conséquences de l'intervention des
États-Unis et de leurs alliés, la Turquie, l'Arabie
saoudite et Israël qui fournissent de l'argent et des armes
à
des groupes en Syrie dans le but de répéter le
scénario criminel qui a mené à la
dévastation de la Libye. Qu'on pense aus flottes de camions
Toyota conduits par l'EIIL au
sujet desquels une étude du Congrès américain a
montré qu'ils ont été achetés par nul autre
que le gouvernement des États-Unis.
Mais là n'est pas la question en ce qui concerne
l'installation des nouveaux arrivés. La question est que
l'installation doit être dans les mains d'une autorité
publique qui n'est pas engagée dans des activités
sectaires d'aucune sorte, politiques, religieuses ou autres.
Le gouverneur général David Johnston a
dit que l'installation des réfugiés syriens au Canada est
« l'occasion de réinventer la façon dont nous
prenons soin des plus pauvres et des plus marginalisés d'entre
nous ». On voit maintenant que cette
« réinvention
» signifie confier l'installation aux intérêts
privés, ce qui n'augure rien de bon pour les
nouveaux arrivés et les Canadiens. Cela montre l'urgence
d'intensifier la lutte pour une autorité publique qui prend en
main sa responsabilité de défendre les droits de tous et
de mettre en oeuvre en toutes circonstances les mesures dont ont besoin
les gens les plus vulnérables
Le PCC(M-L) souhaite tout le succès possible aux
réfugiés syriens en quête d'une nouvelle vie pour
eux et leurs familles et appelle les travailleurs à être
vigilants et à s'assurer que leurs droits soient défendus
dans le cadre de la défense des droits de tous.
À titre d'information
Le programme du Canada de réinstallation
des
réfugiés syriens
Le 28 février, le gouvernement canadien a
annoncé que 25 323 Syriens avaient été
amenés au Canada comme réfugiés et avaient
reçu le statut de résident permanent, ce qui respecte
l'échéance du 29 février fixée par les
libéraux. De ce nombre, 14 418 sont des réfugiés
pris en charge par le gouvernement (le programme RPG), 2179
appartiennent au Programme mixte des réfugiés
désignés par un bureau des visas (RDVB) en vertu duquel
le gouvernement fournit une aide de six mois après quoi c'est le
secteur privé qui fournit de l'aide pendant six mois. Les 8726
autres réfugiés sont entièrement parrainés
par le secteur privé.[1]
Les libéraux s'étaient d'abord
engagés à amener 25 000 réfugiés
syriens
avant la fin de 2015 dans le cadre du programme RPG qui prévoit
que le gouvernement prend en charge tous les coûts de
réinstallation d'une personne ou d'une famille pendant douze
mois. Ils avaient dit dans leur plate-forme vouloir travailler avec le
secteur privé pour
en accueillir encore plus. Le nombre total des réfugiés
parrainés par le secteur privé devait d'abord se monter
à 10 000. Suite aux élections, les libéraux ont
changé l'échéance pour réinstaller le
même nombre de réfugiés pris en charge par le
gouvernement d'ici la fin de 2016. Puis ils ont établi une
nouvelle cible de 25 000 personnes en tout
réinstallées selon les trois catégories de
réfugiés avant la fin de février 2016. Le
gouvernement a dit maintenir sa cible initiale de 25 000
réfugiés pris en charge par le gouvernement mais il n'a
pas encore annoncé le plafond des demandes de parrainage
privé qu'il va autoriser.
En plus des réfugiés syriens
déjà arrivés au Canada à la fin de
février, le gouvernement a annoncé qu'il y avait 12 098
demandes de réinstallations de réfugiés en cours
et 3123 autres qui avaient été acceptées mais ces
réfugiés n'avaient pas encore été
amenés au Canada. Il pourrait donc y avoir 15 000 autres
réfugiés syriens qui viendraient
s'établir au Canada. Le gouvernement n'a pas dit combien d'entre
eux seraient pris en charge par le gouvernement et combien seraient
entièrement ou partiellement pris en charge par le secteur
privé.
Le programme canadien de sélection des
réfugiés dans le programme RPG s'est centré sur
les réfugiés vivant en Jordanie, au Liban et en Turquie.
En Jordanie et au Liban, les Syriens vivant dans des camps de
réfugiés ont été enregistrés
auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les
réfugiés et référés pour
réinstallation possible au
Canada. En Turquie, c'est le gouvernement turc qui est responsable de
l'enregistrement et des communications avec les réfugiés
syriens référés au programme canadien. Un des
critères qui est appliqué aux réfugiés
syriens pour qu'ils soient admissibles au programme RPG, en plus de
l'incapacité à retourner dans leur pays d'origine, est de
ne pas
avoir de possibilité à l'intérieur d'une limite de
temps raisonnable de trouver une solution viable dans un pays autre que
le Canada.
Préoccupations en ce qui concerne le logement
Dans son annonce du 28 février, le ministre de
l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté,
John McCallum, a dit qu'un des problèmes sérieux qui a
forcé le gouvernement à accepter quatre nouvelles
communautés comme centres d'accueil dans le Programme d'aide au
rétablissement, qui peuvent donc accueillir des
réfugiés pris en charge
par le gouvernement, est la difficulté de trouver du logement,
surtout pour les grosses familles.
On estime que 48 % des réfugiés syriens
au Canada n'ont toujours pas de logement permanent. Certains ont
été logés dans des hôtels depuis des mois et
l'hôtel est devenu le lieu d'attente habituel avant d'obtenir un
logement permanent. « Dans certaines parties du Canada, 80 %
ou
plus des réfugiés syriens ont obtenu un logement
permanent,
et le nombre le plus faible se trouve à Toronto et Vancouver,
les deux plus grandes villes, ce qui nous a forcé à faire
appel à d'autres villes en Colombie-Britannique et en Ontario
pour diminuer la pression sur ces deux villes », a dit
McCallum.
Si le logement est déjà un
problème dans la plupart des villes du pays, il est encore plus
sérieux pour les familles ayant des enfants. On ne voit pas
clairement comment le gouvernement va s'attaquer à ce
problème. Un problème qui se pose au nombre croissant de
réfugiés qui sont pris en charge par le secteur
privé ou par des programmes
mixtes c'est que ce sont les parrains qui sont responsables de presque
tous les aspects de la réinstallation comme le logement et la
nourriture.
McCallum a annoncé que les organisations
fournisseurs de services de réinstallations de Leamington et
Peterborough en Ontario et de Brooks en Alberta ont été
admises au Programme d'aide à la réinstallation et
peuvent donc commencer à recevoir des réfugiés
pris en charge par le gouvernement. Cela porte à 37 le nombre de
communautés au
Canada qui peuvent accueillir des réfugiés pris en charge
par le gouvernement.[2]
La situation au Québec
Au Québec, le nombre total de
réfugiés syriens de toutes catégories qui
étaient arrivés au 28 février était de
5199. Sur ce nombre, 848 étaient pris en charge par le
gouvernement et 4351 par le secteur privé. À la question
à savoir pourquoi si peu de réfugiés pris en
charge par le gouvernement étaient arrivés à
Montréal, un porte-parole du
ministère de l'Immigration a dit que comme Montréal
recevait déjà un grand nombre de réfugiés
parrainés par le privé, dont un grand nombre
parrainés bien avant l'élection du gouvernement Trudeau,
les réfugiés pris en charge par le gouvernement ont
été pour la plupart envoyés ailleurs. Il a dit que
le gouvernement entend répartir les réfugiés de
ce type qu'il a accueillis dans 13 localités du Québec.
On estime que c'est Montréal qui abrite la plus grande
communauté syrienne du Canada, soit 17 000 personnes environ,
représentant 40 % de tous les Syriens canadiens.
Les cibles globales d'immigration vont être
annoncées le 9 mars
Les médias ont rapporté que le grand
nombre de réfugiés syriens pourrait bien supplanter les
autres classes d'immigrants cherchant à s'établir au
Canada. Dans leur programme de 2015-2016 en matière
d'immigration, les conservateurs estimaient à 285 000 le nombre
d'immigrants qu'ils allaient accepter. Parmi ceux-ci on comptait
environ 186
700 immigrants économiques, 68 000 appartenant au regroupement
familial et 32 000 immigrants pour cause humanitaire dont les
réfugiés. Quand on lui a demandé comment
l'augmentation de l'immigration pour motif humanitaire va affecter le
nombre total d'immigrants que le Canada va admettre cette année,
le ministre McCallum a dit que la «
tarte » avait des limites alors des compromis s'imposeraient
entre les classes d'immigrants. On s'attend à ce que les
libéraux annoncent leurs cibles en immigration le 9 mars.
Selon le Globe and Mail, l'engagement de
McCallum à accroître le nombre total d'immigrants pour
accueillir les réfugiés syriens cette année
« pourrait faire du gouvernement Trudeau le premier
gouvernement
à admettre plus de 300 000 immigrants en un an depuis 1913
». En 1912 et 1913, le Canada a admis 375 756 et 400 870
nouveaux immigrants respectivement. Le Canada à ce
moment-là avait une population de 7 389 000 et 7 632 000
habitants alors qu'aujourd'hui la population canadienne est de 35 985
751 habitants.
Les communautés de réinstallation
Les réfugiés pris en charge par le
gouvernement ou par le programme mixte du RBDV ont d'abord
été installés dans 37 communautés où
existe une organisation fournisseur de services de
réinstallation ( ou son équivalent au Québec). Ces
organisations fournissent des services spécialisés
immédiats et essentiels aux réfugiés. Si on les
ajoute aux
communautés qui ont accueilli des réfugiés
parrainés par le secteur privé depuis le 4 novembre, cela
porte le nombre total de communautés ayant accueilli des
réfugiés à environ 270.
Pour accéder à un graphique sur les
communautés de réinstallation des réfugiés
syriens au Canada au 28 février, là où plus de
cinq personnes ont été installées, cliquer
ici.
Notes
1. Pour plus d'information sur
le programme de réfugiés du Canada et le programme de
sélection et de filtrage des réfugiés syriens,
lire le numéro 47 du 2 décembre 2015 du Marxiste-Léniniste
2. À noter qu'en plus
d'être l'hôte de services de réinstallation de
réfugiés financés par le gouvernement, Leamington
est aussi un centre de
production en serre et d'emballage de légumes tandis que Brooks
est un centre de transformation du boeuf qui a engagé de
nombreux travailleurs étrangers temporaires et de nombreux
immigrants. Leamington et Brooks ont fait appel à un grand
nombre de travailleurs étrangers temporaires par le passé
et se sont plaints du manque de main-d'oeuvre
à long terme parce que les permis de travail des travailleurs
étrangers temporaires se terminent après quatre ans et
tout est à recommencer. Les permis de milliers de ces
travailleurs se sont terminés en avril 2015, une
échéance fixée par le gouvernement Harper.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
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