Numéro 26 - 27
février 2016
Le peuple contre US Steel
Crise de propriété: US
Steel déclare qu'il n'est plus propriétaire de Stelco
Le
peuple contre US Steel
• Crise de propriété: US Steel
déclare qu'il n'est plus propriétaire de Stelco
• Le problème est le
libre-échange néolibéral, pas l'acier à bas
prix de la Chine
• Les concessions ne sont pas une solution
• Le département du Travail des
États-Unis intente une poursuite contre la société
US Steel
Iron Ore Canada
suspend des travailleurs qui ont été malades
• La compagnie blâme les travailleurs
pour les problèmes du secteur du fer et de l'acier -
Entrevue avec Ron Thomas, président de la section 5795 du
Syndicat des Métallos à Labrador City
Le peuple contre US Steel
Crise de propriété: US Steel
déclare qu'il n'est plus propriétaire de Stelco
Qui est propriétaire de Stelco en ce
moment ? La propriété Stelco est une entreprise
productive qui comprend les usines, les matériaux, la machinerie
et les terrains de l'aciérie de Hamilton. US Steel a
acheté Stelco en 2007 mais il déclare avoir
renoncé volontairement à sa propriété il y
a quelques années.
Être propriétaire de forces
productives comprend nécessairement des responsabilités.
Celles-ci comprennent les dettes sur la propriété, la
responsabilité de produire du produit social et de respecter ses
engagements en fait d'emplois, d'impôts à payer et de
questions sociales comme les pensions, les avantages sociaux à
la retraite et le nettoyage
environnemental.
Les responsabilités associées à la
propriété de forces productives viennent en partie du
caractère social de la propriété. La
propriété est nécessairement enracinée dans
une communauté sinon comment peut-on parler de
propriété ? En l'absence d'une communauté qui
reconnaît la propriété de différentes choses
et l'inscrit à l'intérieur d'un
gouvernement de droit, la propriété disparaît. Si
une communauté ne reconnaît pas que telle ou telle chose
appartient à un propriétaire, alors celui ou ceux qui
affirment en être propriétaires doivent défendre
leur statut de propriétaire d'une manière ou d'une autre
dans une lutte contre la communauté.
Afin de servir leurs intérêts privés
étroits, les gens qui contrôlent US Steel disent avoir
renoncé à leur statut de propriétaires de Stelco
huit ans après en avoir acquis les installations de production.
Ils disent que la propriété Stelco
à laquelle ils ont renoncé leur doit
2,2 milliards $ et devrait être liquidée afin de
payer sa dette.
Pour atteindre leur objectif de liquidation et de
paiement de la dette, ils ont placé la propriété
Stelco sous la protection de faillite assurée par la Loi sur
les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).
La
LACC
agit
au
service
du droit de monopole, à
l'extérieur du droit commercial qui régit la
propriété et les
responsabilités. La LACC ressemble à un film du Far West
où c'est la raison du plus fort qui domine et les gens en
position de contrôle dictent ce qui en est et ce qui va arriver,
à l'extérieur de l'État de droit qui existe, des
conventions collectives et des contrats conclus.
Si ce n'était de la LACC, ceux qui
contrôlent USS devraient prouver qu'ils ont abandonné
volontairement leur propriété de Stelco à
quelqu'autre propriétaire à qui ils l'ont vendue ou
donnée, et cette transaction devrait apparaître dans les
registres de la loi. Il faudrait retourner en arrière pour
produire des preuves qu'il y a un nouveau propriétaire,
les preuves des transactions réelles qui ont mené
à la crise actuelle sur la question de la
propriété.
La dette de Stelco dont US Steel prétend
être le détenteur devrait être prouvée par la
production du contrat qui a été enregistré et
comprend les signatures et la production des ententes
indépendantes signées par ceux qui ont accepté
cette dette et devraient alors prouver qu'ils sont les
propriétaires actuels de Stelco ou qu'ils agissent
légalement en
leur nom. Sans cela, si elle n'est pas étayée de preuves
en appui à ce qu'ils disent, avec des documents qui remontent
à des années sinon des décennies, la position des
gens qui contrôlent USS serait une farce.
Hors des confins de la LACC,
l'histoire abracadabrante que racontent les gens qui contrôlent
Stelco leur éclaterait en plein visage et serait rejetée
par le tribunal en droit commercial comme une fabrication
intéressée qui ne se justifie pas en droit. Un processus
légitime devrait être entrepris pour transférer la
propriété à un véritable
propriétaire,
avec ce que cela comprend en fait de droits et responsabilités
relatives à la propriété, comme les niveaux de
production et d'emplois, les charges fiscales, le paiement des dettes
et des factures, le nettoyage environnemental et les engagements en ce
qui concerne les conventions collectives, les pensions et les avantages
sociaux à la retraite et envers
les gouvernements et les institutions publiques.
Les arguments de ceux qui
contrôlent Stelco
à l'effet que Stelco, la propriété qu'ils ont
prétendument abandonnée, leur doit de l'argent serait
rejetée comme une farce de mauvais goût par le tribunal de
droit commercial, sinon prise au sérieux comme une conspiration
criminelle en vue de commettre une fraude.
Quoi qu'il en soit, il faut une nouvelle direction pour
les installations et matériaux de production de Stelco et les
gouvernements doivent se montrer plus responsables et défendre
l'intérêt public et les droits des travailleurs et des
employés salariés de Stelco et de tous ceux dans la
communauté ou ailleurs qui ont des réclamations
légitimes à la
valeur que produisent les métallos.
Rien de bon ne va sortir du film de Far West de la LACC.
L'affaire Stelco et d'autres semblables qui sont passées par la
LACC ont atteint l'intégrité du gouvernement de droit.
Les travailleurs et leurs communautés qui sont affectés
par le saccage délibéré de la
propriété productive qu'est l'aciérie Stelco n'ont
pas l'intention de rester les bras
croisés devant ce travesti de justice et interviennent avec
fermeté pour que Stelco continue de produire de l'acier et
demandent des comptes à tous ceux qui ont trempé dans le
crime où qu'ils soient.
Les gouvernements fédéral et ontarien
doivent intervenir au nom du peuple pour s'opposer au droit de monopole
dans cette affaire et ouvrir une voie à une solution juste et
positive de la crise.
Stelco peut et doit continuer de produire de l'acier. La
valeur qu'elle produit doit servir à satisfaire les
réclamations des retraités et des travailleurs actifs et
de tous ceux qui ont des réclamations légitimes et le
besoin de l'économie canadienne en acier.
À bas la farce de la LACC !
Stelco doit continuer de produire de l'acier !
Le problème est le libre-échange
néolibéral,
pas l'acier à bas prix de la Chine
Ceux qui contrôlent US Steel sont aussi
engagés dans une campagne hypocrite et belliqueuse pour faire
porter le blâme de la crise de l'acier à la Chine et
à d'autres pays qui produisent de l'acier à meilleur
marché. Ils refusent d'admettre que l'élite dirigeante
américaine est le plus ardent partisan du libre-échange
néolibéral et de toutes les
autres pratiques qui provoquent des crises économiques
récurrentes. En fait, leur campagne s'attaque à tout pays
qui ose développer une économie indépendante en
dehors du système impérialiste d'États mené
par les États-Unis, des pays comme Cuba, la République
populaire démocratique de Corée, le Venezuela et
d'autres. Cette semaine, le
gouvernement américain a imposé une amende à une
société française pour le soi-disant crime d'avoir
fait des affaires avec Cuba.
L'élite dirigeante
américaine veut imposer aux autres son hégémonie
et rejette tout effort pour développer une nouvelle direction
pour l'économie, y compris celle des États-Unis. Les
forces qui contrôlent les États-Unis bloquent toute
tentative de construire une économie qui subvient à ses
besoins et ne vole pas les autres dans le monde et ne
viole pas les droits, comme les droits des métallos canadiens
par exemple. L'élite dirigeante américaine est fermement
opposée à l'édification d'une économie
américaine qui se tient debout sans exploiter d'autres pays et
leur exiger un tribut ni mener des guerres perpétuelles. Une
économie prosociale moderne comme celle-là sied aux
forces
modernes avancées de production et peut garantir les droits et
le bien-être de tous ses membres une fois qu'elle est
libérée de la domination des riches et du droit de
monopole.
Les plaintes de l'élite dirigeante
américaine face à l'acier chinois à bas prix
sonnent totalement creux car elle est le plus grand adversaire de toute
nation qui veut se libérer de la domination et du contrôle
des monopoles mondiaux. Les impérialistes américains ont
déclenché guerre prédatrice après guerre
prédatrice et des changements violents
de régime partout pour s'assurer que d'autres pays tels l'Irak,
la Syrie et la Libye ne suivent pas un chemin indépendant et
libre de la domination des États-Unis et de ses pratiques
injustes en matière de commerce et d'autres questions.
Juste au cours des dernières
années, l'élite dirigeante américaine a
délibérément inondé le monde de
pétrole provenant de la fracturation pour détruire les
économies de la Russie, du Venezuela et d'autres y compris le
Canada. Ceux qui contrôlent US Steel ont été
très heureux de prendre part à l'hystérie autour
du pétrole de fracturation aux
États-Unis, vendant des millions de tonnes d'acier tubulaire et
d'autres types d'acier au secteur pétrolier. Maintenant que les
3,5 millions de barils par jour de nouveau pétrole
dérivé de la fracturation font des ravages partout dans
le monde, y compris dans le secteur pétrolier des
États-Unis et abaissent le prix de l'acier dont ils ont besoin,
les
grands chevaliers de l'industrie nient toute responsabilité.
C'est la faute des autres, gémissent-ils, refusant de regarder
en face le gâchis qu'ils ont causé ou de permettre toute
nouvelle direction prosociale. Ils préfèrent faire tout
ce qu'ils peuvent pour défendre leurs privilèges de
classe, attaquer la classe ouvrière et crier à
l'injustice contre les autres
qui sont engagés dans le même libre échange
néolibéral et d'autres pratiques destructrices.
C'est le temps d'un changement ! C'est le temps
d'une nouvelle direction ! C'est le libre-échange
néolibéral dominé par le droit de monopole qui a
causé cette crise. C'est le temps de quelque chose de
différent qui respecte le droit public et garantit les droits et
le bien-être du peuple et de son économie collective.
Les concessions ne sont pas une solution
Le département du Travail des États-Unis a
accusé US Steel d'avoir contribué directement à la
mort de deux métallos et à des blessures graves à
un autre avec sa politique de « préoccupations en
temps et coûts ». Cette politique de
« préoccupations en temps et coûts »
est le fer de lance de la campagne antiouvrière
brutale de US Steel contre les travailleurs appelée
« Carnegie Way » ( la méthode Carnegie )
qui vise à abaisser les conditions de travail et réduire
les salaires, les avantages sociaux et les pensions des métallos
et des employés salariés. Ces attaques ont amené
le monopole américain à placer ses installations
canadiennes en propriété
exclusive de Hamilton et Nanticoke sous la protection de la faillite en
vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers et
les compagnies, dans une tentative irresponsable de priver les
travailleurs de leurs pensions et avantages sociaux à la
retraite et de nier les revendications légitimes d'autres
groupes dans la communauté. US
Steel a pris la fuite avec les devis et les contrats lucratifs d'acier
avec des clients canadiens, laissant derrière lui, comme une
épave, son ancien concurrent Stelco.
La campagne Carnegie Way a été
lancée sous le prétexte de faire face à la crise
mondiale actuelle dans l'industrie de l'acier. En pratique, la
méthode Carnegie ne propose pas de solution à la crise,
mais ne fait qu'en reporter le fardeau sur la classe ouvrière.
Un sérieux transgresseur de la loi
LML note qu'en raison de questions non
résolues concernant les blessures et les décès au
travail, la Commission de la santé et sécurité au
travail du département américain du Travail (OSHA) a
proposé l'année dernière de mettre US Steel Corp.
dans le « Programme de sérieux
transgresseur de la loi pour avoir démontré une
indifférence envers ses obligations à fournir un milieu
de travail sain et sécuritaire pour les
employés ».
Selon l'OSHA, le but du programme est de concentrer
« les ressources sur l'inspection des employeurs qui ont
fait preuve d'indifférence envers leurs obligations face
à la loi sur la santé et sécurité au
travail par des violations volontaires, répétées
ou le refus de s'y soumettre ».
En mars 2015, l'OSHA a dit dans un rapport que
« depuis 2009, l'OSHA a inspecté 14 fois des
installations de US Steel Corp. et émis des avis juridiques pour
des risques d'amputation, de fonctionnement non sécuritaire de
grues, de violations associées à des liquides
inflammables et autres dangers. L'entreprise a disposé de
15 jours ouvrables à partir de la réception des avis
juridiques et des amendes proposées pour se conformer, demander
une rencontre avec le directeur régional de l'OSHA, ou contester
les résultats devant la commission d'examen indépendante
de la santé et sécurité au travail. Les amendes
proposées ont totalisé
107 900 $ ».
Dans un rapport d'incident de l'an dernier
intitulé « Les raccourcis de sécurité
de US Steel Corp. ont entraîné une explosion
fatale », l'OSHA a blâmé USS pour la mort de
deux travailleurs et les brûlures graves infligées
à un autre, citant la politique maîtresse de la compagnie
de « préoccupations en temps et
coûts ».
Décès et blessures en Alabama
Leo Bridges et Edward Bryant ont été
brûlés vifs lors d'une grave explosion en septembre
2014 dans le bâtiment de flux de brasage de US Steel,
laquelle, selon les inspecteurs de l'OSHA, « s'est produite
parce que US Steel Corp. a mis les travailleurs à risque, afin
de ne pas ralentir la
production à son usine de Fairfield (Alabama).
« Les trois
hommes ont ouvert et fermé une vanne défectueuse sur un
four de l'usine de Fairfield quand le four a éclaté, ce
qui a forcé l'hospitalisation de Bridges, Bryant et d'un
troisième travailleur. Bridges, 61 ans, et Bryant,
53 ans, ont succombé à leurs blessures. Le
troisième homme a été transporté à
une unité des
grands brûlés dans un état critique. L'usine
Fairfield produit de l'acier et des produits finis.
« Les inspecteurs de l'OSHA ont
déterminé que l'explosion a été
causée par l'ouverture et la fermeture d'une vanne à
haute pression qui contient de l'oxygène et de la chaux
hydratée. Les hommes effectuaient le travail pendant que le four
fonctionnait, selon les directives des gérants du
département. »
Dans le rapport , Ramona Morris, le directeur
régional de l'OSHA, à Birmingham, écrit que
« la direction savait que tenter de faire fonctionner la
valve tandis que le four était encore en opération
mettait les travailleurs à risque, mais elle leur a permis de le
faire parce qu'elle ne voulait pas faire arrêter la ligne de
production pendant des
heures. Cet employeur a choisi la productivité aux dépens
de la sécurité de ses travailleurs, et deux personnes
sont mortes à la suite de cette décision. »
L'OSHA a émis à US Steel, « une
citation exécutoire pour ne pas avoir développé et
utilisé une procédure permettant le contrôle
d'énergie dangereuse provenant d'un four afin de permettre aux
travailleurs d'opérer les vannes sur le four alors qu'il est en
fonctionnement. Une violation délibérée est un
acte fait de manière intentionnelle,
consciente ou volontaire au mépris des exigences de la loi, ou
par simple indifférence face à la sécurité
et la santé des travailleurs ».
L'OSHA a également émis à US Steel
sept citations graves, « pour ne pas avoir
développé une procédure pour empêcher le
four de libérer de l'énergie dangereuse pendant que les
travailleurs effectuent son entretien, pour l'absence de
signalisation vers les sorties de secours, pour une barrière de
sortie mal installée, et le manque de
formation des travailleurs à reconnaître les conditions
dangereuses avec les systèmes à oxygène. Une
violation grave se produit lorsqu'il y a une probabilité
importante que la mort ou des lésions corporelles graves
puissent résulter d'un danger dont l'employeur était
conscient ou aurait dû l'être ».
Le département du Travail des États-Unis
intente une poursuite contre la société US Steel
Le 22 février 2016, le département du
Travail des États-Unis a annoncé dans un
communiqué de presse qu'il va intenter une poursuite contre US
Steel « pour des représailles exercées contre
les travailleurs qui ont déclaré des accidents à
l'endroit de travail ».
Les inspecteurs du gouvernement ont accusé USS
d'avoir sanctionné deux travailleurs pour avoir signalé
« des blessures pouvant résulter d'incidents survenus
quelques jours plus tôt à l'endroit de travail. Au moment
des incidents, les employés ne se sont pas rendu compte qu'ils
avaient
subi des blessures et les symptômes ne se sont
développés que
plus tard. Lorsque les travailleurs l'ont réalisé et ont
déclaré leurs blessures, US Steel a suspendu les deux
travailleurs sans salaire pour avoir violé la politique de
signalement immédiat de l'entreprise. »
La poursuite du département américain du
Travail contre US Steel, « vise à annuler la mesure
disciplinaire prise contre ces employés et à modifier la
politique de signalement immédiat de l'entreprise ».
Le département du Travail a déclaré
que la poursuite est nécessaire parce que US Steel a
refusé de révoquer les mesures disciplinaires prises
contre les travailleurs ou de modifier ou changer sa politique afin de
donner aux travailleurs le temps de signaler les blessures.
« La politique de US Steel décourage
les employés de signaler les blessures par crainte de
représailles », a déclaré Richard
Mendelson, administrateur régional à Philadelphie pour la
Commission de santé et sécurité au travail (OSHA).
« Parce que les travailleurs ne reconnaissent pas toujours
les blessures au moment où elles
se produisent, la politique de la compagnie incite les employés
à ne pas signaler les blessures une fois qu'ils se rendent
compte qu'ils auraient dû les signaler, car ils craignent que le
retard dans la production de leur rapport ne contrevienne à
la politique de l'entreprise et n'entraîne une
réprimande », a-t-il ajouté.
Le communiqué de presse explique :
« Les deux travailleurs ont subi des blessures en
février 2014. Le 12 février, un technicien de
service à temps plein à l'usine Clairton de US Steel,
à Clairton, en Pennsylvanie, a trouvé un petit
éclat logé dans son pouce et l'a extrait lui-même.
Il a terminé son quart de travail sans autre
incident. Deux jours plus tard, son pouce et sa main étaient
enflés sensiblement et il a reçu un traitement
médical pour une infection. Quand il a signalé l'incident
à son superviseur, la société lui a imposé
une suspension de cinq jours sans solde pour avoir violé la
politique de l'entreprise. US Steel a réduit plus tard la
suspension à deux jours.
« Le 15 février, un ouvrier
à temps plein à l'usine Irvin de West Mifflin, en
Pennsylvanie, s'est cogné la tête sur une poutre de faible
hauteur. L'employé portait un casque et n'a pas senti de douleur
ou ressenti d'inconfort à ce moment-là. Cependant,
plusieurs jours plus tard, il a ressenti une raideur à
l'épaule droite et est allé se
faire traiter par un médecin, et son représentant a
rapporté la chose à US Steel comme une blessure
potentielle à l'endroit de travail. Quand il a rencontré
le représentant de US Steel pour discuter de la question,
l'entreprise l'a suspendu pour cinq jours sans salaire.
« Les deux travailleurs ont
déposé des plaintes auprès de la Commission de la
santé et sécurité au travail affiliée au
département du Travail alléguant que US Steel les a
suspendus en représailles pour avoir signalé des
accidents à l'endroit de travail. L'agence a constaté que
dans les deux cas, l'entreprise a violé la disposition
anti-discriminatoire de la Loi sur la santé et
sécurité au travail, ou de l'article 11 (c),
lorsque l'entreprise a utilisé sa politique de signalement
immédiat pour sanctionner les employés qui ont
signalé des blessures 'tardivement'.
« À ce jour, US Steel n'a pas
révoqué ses mesures disciplinaires contre les deux
travailleurs en plus de refuser de modifier ou changer sa politique de
signaler immédiatement les incidents afin de donner une
période de temps raisonnable aux employés de signaler les
blessures à l'endroit de travail.
« Déposée devant le tribunal du
district du Delaware des États-Unis, la poursuite vise ce qui
suit :
• ordonner à US Steel de cesser de violer
l'article 11 (c), paragraphe (1), de la Loi.
• ordonner à l'entreprise de révoquer et
d'annuler sa politique de signalement immédiat.
• ordonner à US Steel de ne pas appliquer cette
politique de déclaration des blessures ou des maladies à
l'endroit de travail, qui oblige les employés à signaler
leurs blessures ou maladies professionnelles plus tôt que sept
jours civils après que l'employé blessé ou malade
prend conscience de sa blessure ou de sa maladie.
• annuler les mesures disciplinaires et les sanctions
prises contre les deux employés.
• exiger que l'entreprise compense les plaignants pour
tout, y inclus les pertes de salaire et d'avantages sociaux y compris
les intérêts, ainsi que des dommages-intérêts
compensatoires.
• exiger que l'entreprise affiche des avis sur tous ses
lieux de travail pendant 60 jours en indiquant qu'elle ne va pas faire
de discrimination ou exercer des représailles contre les
employés impliqués dans des activités
protégées par l'article 11 (c) de la
Loi. »
Iron Ore Canada suspend des travailleurs
qui ont été malades
La compagnie blâme les travailleurs pour les
problèmes du secteur du fer et de l'acier
- Entrevue avec Ron Thomas,
président de la section 5795 du Syndicat des Métallos
à Labrador City -
Les métallos qui travaillent pour Iron Ore Canada
au Labrador rapportent que près de 100 travailleurs ont
reçu une suspension de 3 jours pour avoir manqué des
quarts de travail pendant les Fêtes. À la
mi-décembre, la compagnie a émis un mémo qui
disait :
« En travaillant à la survie de IOC
dans la période la plus difficile que nous ayons vécue
depuis des décennies, vous appuyez les moyens de subsistance
d'une communauté entière de familles et d'amis [...] Les
employés qui manquent un quart de travail dans cette
période critique de l'année doivent comprendre qu'ils
causent des
difficultés à l'entreprise qui sont encore plus grandes
à cause des vacances associées à la
période. Les employés qui ne se présentent pas au
travail seront sujets à des mesures disciplinaires qui vont
probablement résulter en une suspension de trois jours
minimum. »
Iron Ore Canada est géré par Rio Tinto
Iron Ore et est une société conjointe Rio
Tinto-Mitsubishi-Labrador Iron Ore Royalty Income Corp. qui
ont des parts respectives de 58,7 %, 26,2 % et 15,1 %.
LML reproduit ci-dessous une entrevue qui a
été faite par Forum ouvrier, un
supplément du Marxiste-Léniniste, avec Ron
Thomas, le président de la section 5795 du Syndicat des
Métallos qui représente ces travailleurs.
Workers'Forum : La section
locale a rapporté que près de 100 travailleurs ont
reçu une suspension de 3 jours pour avoir manqué des
quarts de travail pendant les Fêtes. Peux-tu nous en dire
plus ?
Ron Thomas : Juste
avant
Noël,
le président de la compagnie a écrit un
mémo dans lequel il dit que tout travailleur qui va manquer un
quart de travail pendant les Fêtes pour quelque raison que ce
soit va être suspendu pendant 3 jours. Cela contrevient au
code de discipline de la compagnie, à la Loi sur
les normes du travail, qui permet sept jours d'absence pour cause
de maladie ou de responsabilités diverses et à notre
convention collective qui comprend des procédures sur quoi faire
en cas de maladie.
Ici à Labrador City,
nous avons connu un
épisode de gastro dans la ville et certains de nos travailleurs
l'ont attrapée. Toute personne qui a manqué même un
quart de travail a été suspendue pour 3 jours. Une
de nos travailleuses par exemple a fait une réaction allergique
à quelque chose. Elle a été amenée à
l'hôpital, a été forcée de
garder le lit pendant 3 jours puis la compagnie lui a donné
une suspension de 3 jours.
Nous avons
déposé un grief de politique
dès que nous avons reçu le mémo et un grief
individuel pour chaque travailleur suspendu. Nos avocats sont en train
d'examiner l'affaire. Nous avons aussi déposé une plainte
de pratique de travail déloyale.
Nous avons rencontré récemment des
représentants du gouvernement pour qu'ils fassent quelque chose.
J'ai rencontré le premier ministre, le ministre responsable de
l'Agence des relations de travail et le président directeur
général de l'agence. Nous disons au gouvernement qu'il
doit agir et forcer la compagnie à respecter la Loi sur les
normes du travail. Nous n'avons pas encore reçu de
réponse mais les premiers pas ont été faits. Le
syndicat international a fait beaucoup de travail. Notre
président Leo Gerard a rencontré des représentants
de Rio Tinto. Bientôt nous allons tenir une rencontre qui
réunira les directions de la compagnie et du syndicat.
WF : Ce genre de
harcèlement des travailleurs sur de fausses bases est devenu
chose commune depuis un bon moment à IOC.
RT : Tout à fait. La
compagnie ne communique pas avec personne, elle fait juste comme bon
lui semble. Selon la compagnie, tout ce qui compte ce sont les
coûts et s'assurer que tout le monde est à son poste mais
si vous tombez réellement malade et devez aller à
l'hôpital ils vous donnent une suspension de
3 jours en plus. Ça n'a pas de sens. Ils disent que nous
avons un grave problème d'absentéisme mais les chiffres
à ce sujet n'ont pas changé depuis que j'ai
été engagé ici il y a 25 ans. La seule
différence c'est qu'au début des années 2000 ils
ont engagé beaucoup de femmes et évidemment elles
prennent des congés de maternité et la
compagnie inclut cela dans les chiffres sur l'absentéisme.
Le nombre de griefs qui sont en arbitrage est
très élevé ici. C'est difficile de même
obtenir une audience. Pratiquement chaque article de la convention a
fait l'objet de violation. La compagnie ne regarde même pas la
convention, elle fait juste ce qui lui plaît. Récemment
j'ai rencontré le vice-président de IOC pour les
relations de travail. Il m'a
dit que « nous sommes capables de faire fonctionner cette
compagnie sans le syndicat ».
Juste en 2015, 38 personnes ont pris leur retraite,
12 personnes ont été congédiées et
54 personnes ont démissionné. Je n'ai jamais vu
ça et cela fait presque 26 ans que je travaille ici. Cela
te donne une idée des problèmes auxquels nous faisons
face ici.
Quand les agents de la Commission de la santé et
de la sécurité du travail sont venus faire une inspection
récemment, ils ont émis des directives à la
compagnie au sujet de la propreté des lieux et des niveaux de
poussières, deux grands problèmes de santé et
sécurité à l'endroit de travail. Un autre de nos
travailleurs est mort de
silicose le 18 janvier
dernier.
WF : Dans son mémo, IOC
suggère que vous mettez la compagnie et la communauté
à risque en vous comportant de manière irresponsable.
Qu'est-ce que cela veut dire selon toi ?
RT : IOC blâme les
travailleurs pour la situation actuelle. Même si nos travailleurs
ne sont pas traités correctement, ils travaillent aussi fort que
possible et à Noël ils ont même brisé un
record de production dans un des départements. Nos membres
savent que les marchés sont mauvais et nous voulons que cette
compagnie survive mais la santé et la sécurité
sont négligées, l'entretien des équipements ne se
fait pas et nos membres ne sont pas traités comme ils le
devraient.
C'est frustrant. Ils n'arrêtent pas de nous dire
qu'il va nous arriver la même chose qu'à Mines Wabush, ils
menacent tout le monde (Mines Wabush, également au Labrador
a été fermé par le monopole américain
Cliffs Natural Resources en 2014 — Note de la rédaction).
En
fait,
Rio
Tinto
est
une des compagnies qui font
baisser le prix du fer dans le monde. Nous n'avons aucun contrôle
sur les prix mais ce n'est pas le cas de Rio Tinto.
Nous voulons travailler pour cette compagnie et s'ils
veulent baisser les coûts nous sommes prêts à
travailler avec eux mais ils doivent commencer à traiter nos
travailleurs de manière acceptable. Peut-être bien qu'ils
se préparent à fermer la place mais ça ne veut pas
dire qu'ils peuvent nous traiter de manière inacceptable et
laisser les choses à
l'abandon.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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