Numéro 18 - 17
février 2016
Le Canada a besoin d'un gouvernement
antiguerre
La «réorientation de la
mission contre EIIL» va accroître la présence
militaire
agressive du Canada
Le
Canada a besoin d'un gouvernement antiguerre
• La «réorientation de la mission
contre EIIL» va accroître la présence militaire
agressive
du Canada
• Canada hors de l'OTAN! L'OTAN doit être
démantelée! - Enver Villamizar
• La militarisation ne va pas résoudre
la crise des réfugiés - Margaret Villamizar
Le Canada a besoin d'un gouvernement
antiguerre
La «réorientation de la mission contre
EIIL» va accroître la présence militaire agressive
du
Canada
Le 8 février, le premier ministre du Canada
Justin Trudeau a annoncé un accroissement du dispositif
militaire du Canada qui, selon le gouvernement, va améliorer les
perspectives de paix et de sécurité au Moyen-Orient.
Trudeau était flanqué du ministre de la Défense
Harjit Sajjan, du ministre des Affaires étrangères
Stéphane Dion, de la
ministre du Développement international Marie-Claude Bibeau,
d'Alexandra Bugailiskis, sous-ministre adjointe pour l'Europe, le
Moyen-Orient et le Maghreb, et du chef de l'état-major de la
Défense Jonathan Vance.
Voici le compte-rendu « en bref »
de cette annonce tel que rédigé par le ministère
de la Défense nationale
« Le
8 février 2016, le gouvernement du Canada a annoncé
une nouvelle approche pour gérer les crises en cours en Irak et
en Syrie et leurs répercussions dans la région. Selon sa
stratégie redéfinie, le Canada accroîtra son
engagement militaire dans le cadre de l'opération IMPACT,
augmentera son apport de personnel militaire
dans divers quartiers généraux de la coalition et
triplera la taille de son actuelle mission d'entraînement, de
conseil et d'assistance visant à aider les forces de
sécurité irakiennes à planifier et à mener
des opérations militaires contre l'EIIL. Bien que le Canada
cesse ses opérations de frappes aériennes au plus tard le
22 février 2016, les
activités de surveillance et de ravitaillement aériens se
poursuivront. »
L'annonce est formulée dans
un langage de paix et
de sécurité pour masquer les objectifs de guerre des
États-Unis et de l'alliance agressive de l'OTAN dans le cadre de
leur course à l'hégémonie dans la région.
Le fait que le Canada s'est lui-même attelé, et depuis
longtemps, au char de guerre américain est recouvert d'un
langage d'idéaux
élevés et on évite toute franche discussion sur la
façon dont les États-Unis essaient de prendre le dessus
encore une fois au Moyen-Orient et qui cela sert. Loin de contribuer
à
réaliser les aspirations du peuple canadien et des peuples du
monde à la paix, les annonces du gouvernement Trudeau indiquent
un accroissement dangereux d'une présence militaire
agressive, non seulement en Irak mais maintenant aussi en Jordanie et
au Liban.
Ces développements ont de quoi rendre les
Canadiens très inquiets, en premier lieu ceux dont les familles
et les proches vivent encore dans les pays visés et les gens de
la région qui ont subi et continuent de subir des pertes
humaines et matérielles énormes. La résolution
pacifique des conflits exige l'affirmation des arrangements
d'après-guerre, où toutes les nations ont le droit
à l'autodétermination, mais Trudeau et ses ministres ne
mentionnent jamais de telles choses. Trudeau a simplement
déclaré durant les élections
fédérales du 19 octobre 2015 que
« les Canadiens ont donné au gouvernement le mandat
de mettre en oeuvre une politique qui est plus
efficace et mieux en mesure de capitaliser sur les domaines typiquement
canadiens d'expertise, y compris : la formation par nos militaires
des forces de sécurité, la fourniture de l'aide
humanitaire et des services sociaux, la promotion de la diplomatie et
de la bonne gouvernance et la reconstruction des
infrastructures. »
L'annonce fait référence à deux
missions, une mission pour « conseiller, aider et
équiper », qui comprend des troupes canadiennes au
sol et des avions militaires en Irak, et une « mission de
renforcement des capacités au Liban et en Jordanie ».
Les Canadiens qui ont vécu l'extension de la guerre du Vietnam
comprennent le langage de l'agression et ce que cela signifie d'envoyer
des conseillers, des équipements et des forces pour former
d'autres troupes. Dans ce cas-ci, la mission canadienne
« pour conseiller, aider et équiper » vise
officiellement les forces kurdes mais peut s'appliquer à
d'autres. Le chef d'état-major Vance a dit que le
gouvernement « n'a pas encore déterminé ce
qu'il adviendra de notre travail pour déterminer la
portée de notre mission de renforcement des
capacités », lequel sera un effort conjoint entre
l'armée et Affaires mondiales Canada. Vance a dit que les
Canadiens peuvent s'attendre à ce que des soldats soient
déployés au Liban et en
Jordanie, mais n'a pas pu fournir de chiffres si ce n'est de dire que
le
nombre de membres du personnel atteindra « facilement
100 ».
Lorsqu'interrogé sur la nature des missions par
rapport à la promesse des libéraux de « mettre
fin aux missions de combat du Canada en Irak », Vance a dit
que Trudeau « l'a décrit clairement comme une mission
sans combat. Je sais que beaucoup de gens ont un penchant à
vouloir analyser ces mots. Nous ne sommes pas la
force combattante principale sur le terrain, alors c'est une mission
sans combat ».
Le Bureau du premier ministre (BPM) a annoncé
plus tard que « les six appareils CF-188 Hornets, de
même que leurs équipages et leur personnel de soutien,
seront redéployés de manière
progressive ». Rien n'a été dit de l'endroit
où ils seront redéployés. La mission militaire du
Canada sera prolongée de deux ans jusqu'en
mars 2017, et la composante « humanitaire et de
développement » va être d'une durée de
trois ans. Dans l'annonce initiale il est dit que le Canada va
déployer environ 400 soldats supplémentaires au sol, y
compris des membres des forces spéciales en Irak (sans compter
les exploitants d'aéronefs supplémentaires), au moins 100
soldats
au Liban et en Jordanie, et va doubler ses « effectifs de
collecte de renseignements » dans la région.
Le BPM mentionne que le Canada va allouer plus de
1,6 milliard $ au cours des trois prochaines années
« à la nouvelle approche en matière de
sécurité, de stabilisation, d'aide humanitaire et d'aide
au développement mise en place pour réagir aux crises qui
se déroulent en Irak et en Syrie et à leurs
répercussions sur la
Jordanie et le Liban ». Trudeau a dit que le Canada
réoriente sa mission afin de « mettre des efforts
supplémentaires dans le ciblage afin que nous puissions soutenir
directement la Coalition dans la recherche de cibles pour les avions de
combat » et « intensifier l'effort des
opérations terrestres contre EIIL ».
Avant une réunion des ministres des États
membres de l'OTAN les 10 et 11 février, le ministre des
Affaires étrangères Stéphane Dion a
souligné l'intérêt du Canada dans le
déploiement au Liban et en Jordanie. Dion a affirmé que
les deux pays sont « sur le point de basculer »
et que « nous devons les aider parce que
si le Liban et la Jordanie sont des pays non stables, ce sera
très mauvais pour la région, pour tous nos alliés,
y compris Israël. » Dion a dit qu'en conséquence
le Canada augmentera sa « présence militaire et
diplomatique » dans les deux pays.
Canada hors de l'OTAN! L'OTAN doit être
démantelée!
- Enver Villamizar -
Les ministres de la Défense des pays membres de
l'OTAN se sont réunis à Bruxelles, en Belgique, les 10 et
11 février. C'était la première fois que le
nouveau
ministre canadien de la Défense, Harjit Sajjan, participait
à une réunion ministérielle de l'OTAN. La
réunion a fait la preuve que l'OTAN parachève une
réorientation des troupes
sous son commandement vers l'est sous l'égide du
« Pivot vers l'Asie » des États-Unis
dirigé contre la Chine et faisant partie de son encerclement de
la Russie. L'OTAN a aussi annoncé des manoeuvres provocatrices
à l'intention de la Russie et de la Syrie alors que le conflit
entre les grandes puissances s'exacerbe sur comment la
guerre en Syrie sera résolue.
Le nouveau gouvernement de guerre libéral
entraîne directement le Canada dans ces préparatifs de
guerre par sa participation à l'OTAN et en mettant les forces
militaires canadiennes au service d'actions militaires agressives qui
ne contribuent pas à la paix. Ces développements montrent
à nouveau l'importance de sortir le Canada de l'OTAN et
de démanteler cette alliance militaire d'agression.
Ordre du jour de la réunion
Une des priorités à
la réunion a été de trouver un terrain d'entente
sur l'augmentation d'une présence militaire de l'OTAN le long
des frontières de la Russie et la réorientation vers
l'est des forces militaires sous son contrôle. Le
secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a
dit que les ministres de
la Défense « s'étaient mis d'accord sur une
présence avancée renforcée dans la partie
orientale du territoire de l'Alliance ». Selon l'OTAN, cette
mesure augmentera sa capacité de « défense et
de dissuasion » en plaçant les forces militaires sous
son commandement, y compris les forces canadiennes, plus près de
la Russie
ainsi que de la Turquie et de la Syrie.
Cette « présence avancée
renforcée » sera « multinationale et
indiquera clairement qu'une attaque contre un allié est une
attaque contre tous les alliés, à laquelle l'Alliance en
tant qu'organisation répondra », a dit Stoltenberg.
C'est inquiétant parce que ces décisions sont
liées à la Turquie et à ses demandes d'appui
à ses
opérations à la frontière syrienne et en Syrie,
des opérations qui comprennent la destruction injustifiée
d'un avion de chasse russe le 24 novembre 2015. La Turquie, qui
est membre de l'OTAN, serait aussi une importante source de financement
pour l'EIIL par le biais de son commerce illégal de
pétrole.
Les ministres de la Défense ont aussi
discuté du « Plan d'action
'réactivité' » de l'OTAN, qui fait partie de
la réorientation vers l'est, en particulier vers la Turquie et
la Syrie. Stoltenberg a dit :
« Nous avons augmenté la
présence de l'OTAN dans la partie orientale du territoire de
l'Alliance, et renforcé nos missions de police aérienne,
de patrouilles maritimes et tenu des exercices robustes. Nous nous
sommes mis d'accord pour des mesures d'assurance pour la Turquie - avec
des batteries de défense antimissile Patriot, des avions
de surveillance AWACS, [1] et une
présence maritime renforcée en Méditerranée
orientale et dans la mer Noire. Nous avons triplé la Force de
réaction de l'OTAN qui comprend maintenant 40 000 soldats, avec
sa force « Fer de lance ». Nous avons aussi activé
six petits
quartiers généraux sur le territoire de nos alliés
occidentaux, et nous allons en
activer deux autres. »
Ces « six petits quartiers
généraux » sont tous dans des pays frontaliers
de l'Ukraine, la Russie et la Biélorussie. Ces pays sont la
Bulgarie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la
Roumanie. La Force de réaction de l'OTAN est « une
force multinationale à haut niveau de préparation et
à la pointe de la technologie,
regroupant des éléments des forces terrestres,
aériennes, maritimes et d'opérations spéciales
(SOF) que l'Alliance peut déployer rapidement partout où
cela est nécessaire ». Cette présence maritime
de haut niveau de préparation dans la Méditerranée
orientale comprend les mouvements de trois frégates, dont un
navire canadien, de la mer
Noire à la mer Égée, au nom de la lutte contre le
trafic humain de migrants qui quittent la Turquie pour aller vers la
Grèce et l'Europe par voie maritime.
Au cours de la réunion, Stoltenberg a aussi
réaffirmé l'engagement de l'OTAN envers la Géorgie
et la poursuite des efforts pour la faire progresser sur la voie de
l'adhésion à l'Alliance. « Notre engagement
envers la Géorgie est solide. Nous contribuons à
renforcer les défenses de la Géorgie. Nous encourageons
ses réformes et nous
appuyons ses aspirations euro-atlantiques », a-t-il dit.
Manifestation à
Podgorica, la capitale du Monténégro, le 15
décembre 2015 contre la demande du pays de devenir membre de
l'OTAN (RT)
Dans une déclaration conjointe du 10
février des ministres de la Défense de l'OTAN, on annonce
une « capacité opérationnelle initiale pour
l'initiative conjointe de renseignement, de surveillance et de
reconnaissance (RSRC) ». On dit que cette initiative vise
à « rendre la Force de réaction de l'OTAN plus
alerte en
augmentant son efficacité à recueillir, traiter et
échanger le renseignement ».
« C'est là une capacité
clé de la Force de réaction de l'OTAN. Elle permet
à nos commandants et dirigeants politiques de prendre des
décisions rapides et informées », a dit
Stoltenberg. Les ministres de la Défense ont dit de cette
annonce de capacité opérationnelle initiale pour le RSRC
qu'elle était un « jalon » qui
permet de jeter les bases de « l'intégration de la
Surveillance terrestre de l'alliance à l'OTAN. »
Les ministres de la Défense se sont aussi mis
d'accord pour appuyer la demande de l'Allemagne de présider
l'Organisation de sécurité et de coopération en
Europe (OSCE) dans le cadre de ses efforts pour réformer le
Protocole de Vienne qui permet aux membres et non membres de l'OTAN
comme la Russie d'observer leurs exercices
militaires respectifs prétendument pour dissiper les tensions.
L'OTAN s'est dite préoccupée récemment lorsque la
Russie a invoqué le Protocole pour observer l'exercice de guerre
massif de l'OTAN au Portugal, l'opération Trident Juncture. Cet
exercice récent a mobilisé 36 000 soldats et devait
former et certifier le « quartier général
de la Force de réaction de l'OTAN » pour 2016 et
mettre à l'épreuve « le fonctionnement de la
nouvelle force ' fer de lance ' de haut niveau de
préparation ».
D'après un communiqué de presse de l'OTAN,
l'alliance militaire se dédie à « la
transparence et à la diminution des risques » et
« c'est pourquoi nous nous sommes mis d'accord pour faire
tout ce que nous pouvons pour appuyer l'Allemagne comme
présidente en exercice de l'OSCE cette année et ses
efforts pour une pleine
modernisation du Document de Vienne qui régit la transparence
militaire. »
Autres développements
Suite à cette réunion les
États-Unis ont annoncé que l'OTAN pouvait formellement
participer à sa coalition dans son combat contre l'EIIL en Syrie
et en Irak. En ce moment, tous les 28 pays membres de l'OTAN font
partie de la coalition de 63 pays dirigés par les
États-Unis qui mènent des
frappes aériennes en Syrie et en Irak depuis 2014. Si l'OTAN y
participe formellement, cela pourrait être un mécanisme
qui permettrait de placer les forces militaires de ces pays sous
commandement de l'OTAN aux fins de la mission.
« Grâce au leadership de Jens
Stoltenberg de l'OTAN, nous explorons la possibilité que l'OTAN
participe à la coalition en tant que membre », a dit
le secrétaire de la Défense des États-Unis, Ashton
Carter, suite aux réunions de l'OTAN.
Le fait que la coalition menée par les
États-Unis vise toujours un changement de régime en Syrie
a été mis en relief par l'annonce du Royaume de l'Arabie
saoudite le 11 février de sa décision
« finale » et
« irréversible » d'expédier des
soldats en Syrie. Cette annonce a été faite alors que le
soi-disant Groupe de
soutien international à la Syrie prône un cessez-le-feu
entre les parties syriennes afin de faciliter la livraison d'aide
humanitaire et le progrès des pourparlers menés par les
Nations unies.
Le vice-prince héritier et ministre de la
Défense de l'Arabie saoudite, Mohammed bin Salman, a
visité les quartiers généraux de l'OTAN à
Bruxelles pendant la réunion des ministres de la Défense
de l'OTAN et a participé à des réunions
bilatérales avec le secrétaire général de
l'OTAN, Jens Stoltenberg, et le secrétaire à la
Défense des
États-Unis, Ashton Carter.
À Bruxelles, le 12 septembre, Carter a dit
aux médias que l'arrivée des troupes saoudiennes
était en partie un effort pour « offrir
l'opportunité et le pouvoir aux Arabes sunnites de la Syrie en
particulier, qui veulent reprendre leur territoire à
l'EIIL ». Le même jour, à la conférence
de Sécurité de Munich, le ministre des
Affaires étrangères de l'Arabie saoudite, Adel al-Jubeir,
a déclaré que le départ du président
élu de la Syrie, Bachar el-Assad, était la condition
préalable à la défaite de l'EIIL. La destitution
d'Assad est « notre objectif et nous allons
l'atteindre », a dit al-Jubeir.
La participation du Canada
Selon la Presse canadienne, Carter a
« remercié » son homologue Sajjan de
l'expansion de la mission canadienne. Il « a dit à
Sajjan que la réponse canadienne correspond au souhait des
États-Unis de voir les autres membres de la coalition
intensifier la lutte au sol contre l'EIIL, ont
dit de hauts fonctionnaires du gouvernement canadien ».
« D'avoir fait cette annonce, de pouvoir en
parler face à face et de voir la réponse positive des
États-Unis à notre contribution est certainement quelque
chose de très significatif pour ce gouvernement », a
dit un haut fonctionnaire canadien.
En marge de la rencontre des ministres de la
Défense de l'OTAN, le ministre Sajjan a également
participé à une rencontre des cinq principaux pays qui
sont présentement en train de former les forces « de
défense et de sécurité » liées
aux néonazis (ces pays sont les États-Unis, le
Royaume-Uni, le Canada, la Pologne et la
Lituanie). Un communiqué de presse émis par le
ministère de la Défense nationale après la
rencontre dit que Sajjan « a souligné la grande
contribution du Canada à la modernisation des forces
armées ukrainiennes, notamment l'important travail
effectué par le personnel des FAC dans le cadre de
l'Opération UNIFIER ».
On voit à la lumière de la participation
du Canada à la rencontre que le gouvernement Trudeau est
entièrement intégré à la politique des
États-Unis de recourir à la puissance militaire pour
traiter les différends entre les pays et au sein des pays. C'est
là un développement troublant compte tenu du fait que de
nombreux Canadiens, surtout les
jeunes, ont participé aux dernières élections
fédérales précisément pour débarquer
un gouvernement qui était considéré proguerre et
lié aux objectifs de l'impérialisme
américain.
Note
1. A la fin-janvier, Stoltenberg a
annoncé que les États-Unis ont demandé à
l'OTAN de fournir des avions de surveillance pour faciliter les frappes
aériennes en Syrie et en Irak. Les avions canadiens AWACS
peuvent être utilisés pour ces missions parce qu'ils ne
sont pas redéployés comme le sont les CF-18. Stoltenberg
a
dit que la requête était en train d'être
examinée et ferait partie de l'ordre du jour de la
réunion des 10 et 11 février. L'OTAN a donné
son accord « de principe » à la
requête des États-Unis lors de la réunion.
La militarisation ne va pas résoudre
la crise des réfugiés
- Margaret Villamizar -
La frégate canadienne HMCS Fredericton
s'est jointe à la flottille de l'OTAN déployée
dans la mer Égée entre la Grèce et la Turquie pour
mener des « opérations de reconnaissance et de
surveillance » qui selon l'OTAN ont pour objectif de lutter
contre le trafic d'êtres humains. La flottille est menée
par le vaisseau
amiral de l'Allemagne, le Bonn, et est appuyée par la
frégate de la Turquie, Barbaros. Ce déploiement
a été décidé lors de la réunion des
ministres de la Défense de l'OTAN les 10 et
11 février à laquelle a participé le ministre
de la Défense du Canada Harjit Sajjan.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations
(OIM), 70 365 migrants sont arrivés par mer en Grèce
après avoir quitté la Turquie le 7 février,
soit 2000 personnes en moyenne par jour. L'OIM rapporte aussi que
pendant la même période, 409 personnes ont perdu la
vie en tentant d'accomplir ce trajet. La Turquie est
l'hôte de plus de 2,5 millions de réfugiés
syriens. La principale destination en Europe des réfugiés
quittant la Turquie est l'Allemagne. Bien que la flottille soit sous
commandement allemand, c'est le général de l'Armée
de l'air des États-Unis, Philip Breedlove, le commandant
suprême des Alliés en Europe, qui est responsable de
définir la
mission et de traiter des questions qui lui sont reliées.
On parle énormément de ces morts tragiques
et du mouvement des gens fuyant une zone de guerre et on qualifie cela
de crise des réfugiés alors qu'il s'agit plutôt
d'une crise causée la quête des États-Unis pour
dominer la région et y provoquer des changements de
régime.
Pour ajouter à l'insulte,
les puissances de l'OTAN, qui sont responsables de la crise,
militarisent davantage les zones maritimes par lesquelles les
réfugiés tentent de trouver refuge sans expliquer comment
cela va permettre de protéger les droits des
réfugiés, sans parler de résoudre la crise
elle-même. La décision a été annoncée
le
11 février par le secrétaire général
de l'OTAN, Jens Stoltenberg, qui s'est dit inquiet du mouvement des
réfugiés de la Turquie vers la Grèce pour y
trouver refuge. La mission serait une réponse à la
demande de membres de l'OTAN, soit l'Allemagne, la Grèce et la
Turquie. L'OTAN dit chercher à contrôler les mouvements de
réfugiés et à
les surveiller afin de recueillir des renseignements pour aider la
Grèce et la Turquie à mettre fin au trafic des
êtres humains.
« L'objectif est de participer aux efforts de
la communauté internationale pour endiguer le trafic illicite et
les migrations clandestines en mer Égée », a
dit Stoltenberg. « Il ne s'agit pas d'arrêter ou de
repousser les embarcations des réfugiés »,
mais
de communiquer « des informations d'importance critique et
d'assurer une mission de surveillance pour contrer la traite des
êtres humains et les agissements des réseaux
criminels », a-t-il dit. Selon Stoltenberg, la crise des
réfugiés représente une menace sécuritaire
majeure pour les 28 membres de l'alliance de l'OTAN.
On dit que les trois navires déployés sont
appuyés par des avions. Il n'est pas clair si cela fait partie
de la décision de l'OTAN d'expédier des systèmes
aéroportés d'alerte et de contrôle (AWACS) pour
patrouiller la frontière entre la Syrie et la Turquie, ce qui
avait été proposé par les États-Unis
à la réunion de l'OTAN.
Même si les navires sont déjà
déployés, il reste plusieurs questions sur le
fonctionnement de la mission, le partage des responsabilités et
qui prendra la mission en charge. C'est une situation
préoccupante parce que ces réfugiés
extrêmement vulnérables qui tentent de fuir la Turquie
seront maintenant
suivis par des frégates de l'OTAN. Le général
Breedlove a dit : « Cette mission a vu le jour en
l'espace de 20 heures. On me demande maintenant de retourner et de
définir la mission, d'en définir les règles
d'engagement, les instructions spéciales d'opération,
toutes ces choses qui vont nous permettre de préciser ce que
nous allons faire. » Il a refusé de dire si les
équipages
de l'OTAN vont se joindre aux garde-côtes locaux dans leurs
efforts pour secourir les migrants dont les bateaux ont sombré
ou sont dans un état dangereux. « Nous avons eu des
décisions rapides à prendre, et nous devons maintenant
nous consacrer à notre travail militaire », a dit
Breedlove.
La Grèce et la Turquie se seraient mises d'accord
pour renvoyer tout migrant intercepté vers la Turquie. La
Grèce est cependant en train de décider toute seule si la
Turquie peut être déclarée « un
tiers pays sûr ». Cette question est
préoccupante parce que la Grèce pourrait alors renvoyer
à la Turquie tous les demandeurs d'asile
qu'elle intercepte. Allant encore plus loin en ce sens, la ministre de
la Défense allemande, Ursula Von der Leyen, a
déclaré qu'il y avait « une entente claire
avec la Turquie à l'effet que tout réfugié
intercepté y sera renvoyé. » Ce sont
là des considérations intéressées qui
n'expriment pas le moindre souci humanitaire envers ces
personnes victimes de la destruction impérialiste de leur
mère patrie et que l'OTAN déclare maintenant des
réseaux criminels de traite des êtres humains.
Cette mission est mise en oeuvre alors qu'une dispute a
éclaté entre la Turquie et l'Union européenne sur
la crise des migrants. On laisse entendre que l'Union européenne
dans son ensemble aurait aussi l'intention de déclarer la
Turquie « tiers pays sûr », ce qui
permettrait à ses pays membres de renvoyer
« légalement » des dizaines de milliers de
réfugiés vers la Turquie sans procédure
régulière ni accès à des procédures
de demande d'asile, ce qui violerait de façon flagrante les lois
européennes et internationales. En vertu du droit international,
toute personne vulnérable qui fuit un conflit ou la
persécution ne peut se voir refuser accès à
la protection et a le droit d'exiger que sa demande d'asile soit
étudiée. Le dirigeant social-démocrate hollandais,
Diederik Samsom serait le principal instigateur de cette mesure visant
à repousser les migrants vers la Turquie. Les Pays-Bas assument
présentement la présidence de l'Union européenne.
Note
1. Le HMCS Fredericton est une frégate
de classe Halifax ayant un équipage de près de 250
personnes de tous grades. Il comprend un hélicoptère
CH-124 Sea King et un détachement aérien. Le HMCS
Fredericton a été déployé avec le
Standing Maritime Groupe 2 de l'OTAN en tant
que contribution du Canada à l' « Opération
REASSURANCE » de l'OTAN, qui vise à menacer la Russie
de plusieurs façons. Le navire était déjà
en Méditerranée où se trouve le Standing Group
de l'OTAN. Selon le ministère de la Défense nationale, la
mission REASSURANCE démontre « le soutien du Canada
aux
mesures d'apaisement de l'OTAN en Europe centrale et de
l'Est ». Cependant le Fredericton n'était
pas en Europe centrale ou de l'est dans le cadre de ces
opérations mais était déjà en train de
sillonner les eaux côtières de la Syrie et de la Turquie.
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