Numéro 14 - 11
février 2016
Des questions importantes de guerre
et de paix
Rencontre à Québec des
ministres des
Affaires étrangères des États-Unis des
monopoles d'Amérique du Nord
- Enver Villamizar -
Des
questions
importantes
de
guerre
et
de paix
• Rencontre à Québec des
ministres des Affaires étrangères des États-Unis
des monopoles d'Amérique du Nord - Enver Villamizar
• Le Canada participe à
l'ingérence étrangère dans les pourparlers de paix
sur la Syrie parrainés par l'ONU
• Le gouvernement célèbre dix ans
d'exercices militaires dans les Caraïbes
Des questions importantes de guerre et de
paix
Rencontre à Québec des ministres des
Affaires étrangères des États-Unis des
monopoles d'Amérique du Nord
- Enver Villamizar -
Le 29 janvier à Québec, les ministres
des Affaires étrangères du Canada, du Mexique et des
États-Unis se sont réunis et ont convenu de travailler
ensemble sur un certain nombre de questions qui préoccupent
beaucoup les peuples du monde et concernent la paix et le
développement. La réunion est le résultat du
redémarrage des sommets
des dirigeants nord-américains. La dernière
réunion des chefs d'État a été en
février 2014 à Toluca, au Mexique. Les
réunions de 2010 et 2015 qui devaient se tenir au Canada
ont été annulées et le Canada n'a pas accueilli
de sommet depuis 2007. Une
réunion de 2011 à Honolulu a été
annulée parce qu'un accident d'hélicoptère dans
lequel ont péri des membres de son gouvernement a
empêché le président mexicain Calderon d'y
participer, mais un sommet a eu lieu en 2012 à Washington.
Une réunion des ministres des Affaires
étrangères s'est tenue en janvier 2015 à
Boston.
Durant cette période de réunions
infréquentes des dirigeants, le Canada et les États-Unis
ont mis en oeuvre le Plan d'action par-delà la frontière,
tandis que les États-Unis et le Mexique se sont réunis
séparément au niveau des chefs d'État. La
réunion ministérielle du 29 janvier fait partie des
préparatifs pour une réunion des dirigeants des
trois pays cette année. Dans la lettre de mandat du ministre des
Affaires étrangères Stéphane Dion, le premier
ministre Justin Trudeau indique qu'il veut travailler à
l'amélioration des relations avec les États-Unis et le
Mexique et à la tenue au Canada d'un sommet des dirigeants.[1]
Selon le ministre des
Affaires étrangères, les trois ministres ont convenu de
coopérer dans certains domaines : l'environnement et les
énergies propres, la coopération en matière de
sécurité, la prospérité et la
compétitivité, la situation politique en Haïti et en
Colombie et la crise du virus Zika. Cette coopération a lieu
sous la domination
des impérialistes américains qui réclament de plus
en plus que le Canada et le Mexique se soumettent à leur diktat
et leur contrôle afin d'essayer d'empêcher le
développement de tout projet souverain d'édification
nationale qui bénéficierait aux peuples plutôt
qu'aux monopoles.
Le premier domaine qui concerne l'environnement social
et naturel a été la question de l'environnement et des
énergies propres. Les ministres ont dit qu'ils veulent parvenir
à un accord nord-américain sur la réduction du
carbone et « poursuivre le momentum qui a été
créé à la COP21 ». Dans ses remarques
sur cette question, le
secrétaire d'État américain John Kerry a dit que
l'énergie verte est un domaine où les entreprises
nord-américaines se sont positionnées pour faire beaucoup
d'argent. « Nous voyons aujourd'hui aux États-Unis un
nombre considérable de nouvelles entreprises qui emboîtent
le pas. L'un des secteurs les plus dynamiques de l'économie,
avec de plus en plus de nouveaux emplois, est le fruit de cette
révolution énergétique. »
« L'an dernier, l'investissement mondial en
énergies propres a atteint un niveau record, et au cours des 20
prochaines années, on estime que 50 billions $ seront
dépensés et investis dans le secteur de l'énergie.
C'est un grand marché qui s'ouvre à nous avec des
opportunités pour tous et nous devons nous en
emparer »,
a déclaré Kerry.
La discussion sur le renforcement de la
coopération en matière de sécurité s'est
tenue dans le contexte de la guerre d'agression américaine au
Moyen-Orient et de la lutte contre le terrorisme. Le ministre Dion a
dit que les trois parties ont tenu des discussions fructueuses dans ce
domaine pour « aider à arrêter le trafic
humain, à lutter
contre le terrorisme et appuyer une stabilisation, en particulier au
Moyen-Orient ». Dion a ajouté qu'il a discuté
directement avec le secrétaire Kerry de l'importance que le
déploiement du Canada en Irak se fasse en consultation avec
« les alliés » pour faire en sorte
« que la contribution du Canada à la lutte contre ce
groupe
terroriste ignoble, le soi-disant État islamique, que le Canada
y contribue de façon optimale au sein de la
coalition ».
Sur la question de la
« prospérité », une question
abordée a été l'amélioration de la
mobilité de la main-d'oeuvre à mener de front avec
« le pouvoir de décision et l'équité
pour les femmes ». La ministre mexicaine des Affaires
étrangères Claudia Ruiz Massieu a parlé de
l'importance de la mobilité de la main-d'oeuvre
et de l'intégration économique. Elle a dit que les trois
pays « se sont engagés à renouveler notre
vision de faire de l'Amérique du Nord une région plus
intégrée », qu'elle a décrite comme
« une seule
région » et « un centre de
compétitivité mondiale du XXIe
siècle ». En plus des questions climatiques, elle a
mentionné le désir de
« faciliter les voyages et l'interconnectivité, une
nouvelle infrastructure, l'excellence en éducation et la
sécurité ».
La représentante du Mexique a indiqué que
les trois pays vont
optimiser leurs efforts de coopération en Amérique
centrale et dans les Caraïbes et appuyer le développement
social et économique dans la région. Le Mexique en
particulier va travailler à une proposition visant à
« mettre à jour la liste des professions en
télécommunications pour permettre
une plus grande circulation des professionnels et créer un
capital humain qui peut soutenir dans la région la croissance de
la compétitivité dans les secteurs
stratégiques » et il travaillera aussi à
créer plus de mouvement parmi les universitaires.
Stéphane Dion a également
réitéré
l'engagement du Canada à supprimer l'obligation du visa pour les
citoyens mexicains qui voyagent au Canada.
Le secrétaire d'État américain John
Kerry a appelé
les trois pays à « continuer à faire davantage
pour accroître les investissements, réduire les
coûts du commerce, faciliter les voyages d'affaires et le
tourisme sans compromettre la sécurité, stimuler la
création de nouvelles industries et travailler ensemble de plus
près », et il a ajouté que c'est un
des principaux objectifs du Partenariat transpacifique dans lequel
tous participent.
En ce qui a trait à bloquer la résistance
des peuples des Amériques et des Caraïbes au diktat
impérialiste, les trois ministres ont souligné certains
des domaines où ils concentreront leurs efforts.
Les ministres ont montré du doigt Haïti et
le ministre Dion a indiqué que le gouvernement du Canada appuie
la mission de l'OÉA pour faciliter le deuxième tour des
élections marquées par la fraude et déjà
reportées. « En ce qui concerne Haïti, nous
avons vu le délai pour le second tour ou le deuxième
scrutin, et nous aimerions voir les
choses aller de l'avant aussi rapidement et aussi bien que
possible », a déclaré Dion. « En
Haïti, nous allons travailler ensemble pour appuyer la transition
pacifique du pouvoir et la mission de l'OÉA qui sera
bientôt en cours », a-t-il dit.
L'autre pays auquel ils portent attention est la
Colombie qui est sur le point de finaliser un accord de paix visant
à résoudre la guerre civile de 60 ans par des moyens
politiques plutôt que militaires. Dion a
déclaré : « Nous allons travailler pour
promouvoir le processus de paix pour mettre fin à plus de cinq
décennies de guerre
civile. »
Kerry a été plus précis sur ce que
cela veut dire : « Nous avons discuté de notre
appui au processus de paix en Colombie, de nos efforts, tous ensemble,
pour mettre fin à la guerre civile la plus longue de la
région. J'ai mentionné que la semaine prochaine, le
président Obama va accueillir le président Santos
à Washington. » Il a ajouté: « Je vais
le rencontrer. Nous sommes impatients
de travailler à ce processus et surtout de
célébrer le 15e anniversaire du Plan Colombie auquel j'ai
eu le plaisir de travailler au sein du Comité sur les relations
étrangères et d'y voter à titre de
sénateur, et nous pensons que cela a fait une différence
énorme pour ce qui est des
perspectives pour la Colombie. »
Sur la crise du virus Zika, un autre grave sujet de
préoccupation, très peu a été dit lors de
la conférence de presse finale sur des mesures
spécifiques ou de grandes initiatives pour contribuer à
vaincre la maladie.
Au cours de la réunion, il a été
souligné que lors de la dernière réunion des
ministres des Affaires étrangères tenue en janvier 2015,
les trois chefs d'État ont établi un caucus
nord-américain qui s'est déjà réuni, selon
les ministres des Affaires étrangères.
Kezia McKeague a écrit dans la revue Americas
Quarterly, le 17 février 2015, que, suite à
la tenue
à Boston du sommet des dirigeants, le caucus a été
mis sur pied « pour que ses membres se consultent sur les
positions
politiques à prendre dans les forums
multilatéraux ». Citant des « sources au
sein du Département d'État », McKeague a
dit que « la première étape consistera en des
réunions mensuelles au niveau des ambassadeurs dans les villes
où siège l'Organisation des Nations unies ».
Elle a ajouté: «On espère que les
consultations mèneront à la coordination des politiques.
Si cela se produit déjà dans une large mesure avec le
Canada, le défi maintenant
est d'encourager le Mexique à jouer un rôle plus actif
dans le monde. »
Note
1. La lettre de mandat demande, entre
autres choses, à ce que Dion veille à :
« Améliorer les relations avec les
États-Unis, notre allié le plus proche et notre plus
important partenaire en matière d'économie et de
sécurité, et renforcer la coopération
trilatérale nord-américaine avec les États-Unis et
le Mexique. L'atteinte de cet objectif exigera notamment une
collaboration avec les ministres pertinents dans les buts
suivants : travailler avec les États-Unis afin de
réaliser d'importants progrès dans l'élimination
des obstacles au commerce entre nos pays, notamment en
améliorant l'infrastructure et la sécurité
à la frontière, en simplifiant l'inspection des
cargaisons et en facilitant le mouvement des gens. Cette tâche
demandera l'intensification du dialogue
avec les provinces relativement aux enjeux liés à la
frontière et à la réglementation ; travailler
avec les ministres pertinents, dont la ministre du Commerce
international et la ministre de l'Environnement et du Changement
climatique, en vue de préparer le Sommet des dirigeants
nord-américains qui se tiendra au Canada ; élaborer
un
accord nord-américain sur l'énergie propre et
l'environnement ; appuyer le ministre de l'Immigration, des
Réfugiés et de la Citoyenneté en éliminant
l'obligation pour les Mexicains d'obtenir un visa. Veiller au maintien
d'un lien solide entre les politiques de défense, les politiques
étrangères et la sécurité
nationale. »
Le Canada participe à l'ingérence
étrangère dans les pourparlers de paix sur la Syrie
parrainés par l'ONU
Les pourparlers de paix à Genève
parrainés par les Nations unies entre le gouvernement de la
Syrie et les groupes d'opposition syriens ont été
formellement entamés le 1er février et suspendus deux
jours plus tard jusqu'au 25 février. Selon le Centre
d'actualités de l'ONU, l'Envoyé spécial de l'ONU
pour la Syrie, Staffan de Mistura, a
annoncé la suspension temporaire des pourparlers en raison de
« divergences entre les parties sur la priorité des
questions humanitaires ». Il a ajouté que certaines
questions restent à régler avant que les pourparlers
puissent reprendre. Une autre raison probable de la suspension est
celle des divergences non résolues sur quels groupes
constituent une opposition légitime et devraient être
autorisés à participer.
Bien que les pourparlers de
Genève aient comme objectif de trouver une solution politique au
conflit, il est clair que des forces externes utilisent ces pourparlers
pour imposer des ordres du jour intéressés qui
contreviennent aux termes de référence de la
résolution 2254 du Conseil de sécurité de
l'ONU. Un exemple est le point de presse
du 1er février à Riyad tenu conjointement par le premier
ministre de la Turquie, Ahmet Davutoglu, et le ministre des Affaires
étrangères de l'Arabie saoudite, Adel Al-Jubeir.
Davutoglu a dit que la Turquie et l'Arabie saoudite ont la même
perspective en ce qui a trait à la Syrie et que les deux pays
vont continuer d'appuyer les « groupes
d'opposition modérés » en Syrie. Al-Jubeir a
dit que l'Arabie saoudite va continuer d'appuyer l'opposition syrienne,
qu'elle participe ou non aux pourparlers de Genève. Il a dit que
les pourparlers devraient porter sur « un transfert de
pouvoir hors des mains de Bachar el-Assad, une nouvelle constitution,
de
nouvelles élections et une
nouvelle Syrie où Assad ne joue plus aucun rôle.
Voilà ce que l'opposition syrienne est allée
négocier », a-t-il dit. Il a ajouté :
« Nous appuyons l'opposition, devrait-elle choisir de ne pas
négocier. Nous l'appuyons, devrait-elle décider de
négocier. »
Le 31 janvier, le ministre des Affaires
étrangères du Canada, Stéphane Dion, a émis
une déclaration saluant le lancement des négociations de
paix en Syrie. On y lit : « Ces négociations,
qui portent sur un processus de transition politique, visent à
mettre fin au conflit en Syrie conformément au Communiqué
de Genève de
2012. Après cinq années de violence, des centaines de
milliers de morts et des millions de personnes déplacées,
il est impératif que toutes les parties travaillent ensemble
pour mettre fin à ce conflit sanglant. » Dion a aussi
déclaré : « Ce conflit ne peut être
réglé uniquement par des moyens militaires.
(L'italique est
du LML).
Autrement dit, le gouvernement Trudeau considère
que l'utilisation de la force est le facteur principal de la
résolution du conflit. Ce conflit ne sera pas résolu par
des moyens militaires, d'autant plus que ce sont les États-Unis,
le Canada et d'autres avec eux qui utilisent la force pour
déterminer ce qui devrait arriver et qui devrait diriger le
gouvernement de la Syrie.
Plus loin, Dion démontre que le Canada a fait
sienne la cause des soi-disant forces de l'opposition et il laisse
entendre qu'elles sont les véritables représentants du
peuple syrien :
« Prenant appui sur les résultats
positifs issus de la rencontre de l'opposition syrienne réunie
à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 décembre 2015, le
Canada se réjouit du fait que le Haut comité des
négociations syrien demeure uni et déterminé dans
ce processus. Le Canada est prêt à soutenir le peuple
syrien dans ses efforts pour lui
assurer un avenir paisible, juste, démocratique et respectueux
des droits de tous les citoyens.
« Dans le but de créer un contexte
plus favorable aux pourparlers de paix, il faut mettre un terme aux
attaques perpétrées contre des civils. Le Canada
réclame la fin des bombardements aveugles et du recours à
la privation de nourriture comme arme de guerre. »
Toujours le 31 janvier, une annonce sur le site Web
d'Affaires mondiales Canada confirme que le Canada s'ingère dans
les affaires du peuple syrien et ses pourparlers de paix. L'annonce dit
entre autres choses que « le Canada a fourni un soutien
technique et consultatif à la délégation de
négociation de l'opposition syrienne en
prévision des pourparlers de paix dirigés par
l'ONU ».
Quel est ce « soutien technique et
consultatif » qu'offre le Canada à une des parties
dans ces pourparlers et quel est son objectif ? Le peuple syrien
a-t-il besoin de conseils sur son avenir de la part du Canada, un pays
qui tente de changer son gouvernement en violation du droit
international ?
L'aide canadienne à l'opposition syrienne sous
le gouvernement Harper
Si l'on se fie à l'aide que le Canada a
donnée aux Syriens sous le gouvernement Harper, ce que le
gouvernement Trudeau est en train de faire ne sera pas humanitaire ou
fondé sur les principes de la Charte de l'ONU.
En juillet 2014, dans sa Réponse au
cinquième rapport du comité permanent des Affaires
étrangères et du Développement international,
portant le nom « Réaction au conflit en
Syrie », le gouvernement a mentionné des initiatives
qu'il a prises en appui au changement de régime en Syrie. En
plus des sanctions, des déclarations
publiques de ses ministres contre le président syrien et des
appels à sa destitution, le gouvernement y parle des
démarches entreprises pour aider les groupes d'opposition
antigouvernementaux à s'unir et à oeuvrer à une
« transition démocratique » dans une
« Syrie post-Assad ».
Le gouvernement dit avoir créé un poste de
représentant du Canada auprès de l'opposition syrienne,
à Istanbul, en Turquie, « pour faciliter la
communication avec l'opposition syrienne ». Ce poste permet
à son titulaire « de collaborer avec divers membres
de l'opposition syrienne afin de promouvoir un avenir
démocratique
pour la Syrie, libre de tyrannie et d'extrémisme ».
Le gouvernement a aussi appuyé une série de cinq
conférences en 2012-2013 organisées par le Centre
syrien d'études politiques et stratégiques à
Washington, qui « ont permis de réunir un groupe
diversifié de membres de l'opposition syrienne, d'activistes et
d'experts
internationaux afin d'élaborer un plan de transition pour une
Syrie après le régime Assad, et ont abouti à la
'feuille de route pour la transition en Syrie' ».
En août 2013, le National
Post a publié un article indiquant les différents
projets entrepris par le Canada avec les États-Unis et la
Grande-Bretagne « dans le but de venir en aide aux rebelles
dans un pays déchiré par la guerre ». Les
informations du National Post ont été obtenues
d'un des principaux
représentants du ministère des Affaires
étrangères et du Commerce international. Il aurait
révélé que plus de 5,3 millions $
avaient été alloués aux « groupes
d'opposition », leur permettant de mettre en place des
radios pirates, de former des blogueurs et de noter les crimes de
guerre du gouvernement syrien. La dépense la
plus élevée, soit 1,8 million $, a servi
à la « planification d'une transition et d'une
administration civile », une initiative des
États-Unis qui aurait été développée
en Afghanistan dans le but d'y préparer les chefs locaux
à un gouvernement d'après-guerre.
Une autre priorité du Canada a été
d'acheter de l'équipement de communication, comme des
téléphones satellites et des cartes d'appel pour les
activistes locaux antigouvernementaux. Un autre 750 000 $ a servi
à financer des périodiques et des stations de radio
anti-Assad en Syrie et dans d'autres pays ayant une importante
population
syrienne, dont la France et la Turquie. Un montant de 650 000 $ a
été alloué au Syrian Justice and Accountability
Centre, une organisation établie à La Haye et à
Washington qui envoie des gens en Syrie afin d'y repérer des
abus des droits humains. Le centre a été mis pied sur
l'ordre d'un groupe de pays se prétendant les Amis de la Syrie,
dont font partie les États-Unis, la France, l'Arabie saoudite,
la Turquie et d'autres pays qui participent présentement
à l'agression contre la Syrie. Sa mission est de
« relater les abus des droits humains et les transgressions
au droit criminel international et humanitaire pouvant servir à
des fins de procédures juridiques
transitionnelles ».
Un autre million de dollar a été
expédié par le biais du département d'État
des États-Unis « afin d'améliorer
l'accès aux nouvelles et à l'information et de former des
journalistes et des blogueurs pour qu'ils puissent relater les abus des
droits humains et pour encourager une plus vaste couverture
internationale de la situation en Syrie ». On
rapporte aussi que par le biais de ce projet le Canada a financé
des centres médiatiques antigouvernementaux près de Damas.
Le gouvernement célèbre dix ans
d'exercices militaires dans les Caraïbes
Le 27 janvier, le
ministère de la
Défense nationale a annoncé que deux navires de
défense côtière de la Marine royale canadienne, les
NCSM Moncton et Summerside, quittaient Halifax pour
prendre part
à l'opération CARIBBE 2016. Pendant l'année, des
frégates et des destroyers provenant des côtes est et
ouest du Canada et quatre
aéronefs de surveillance CP-140 Aurora de l'Aviation royale
canadienne se joindront à l'opération. Cette année
est le 10e anniversaire d'opération CARIBBE lancée par le
gouvernement Harper en 2006.
Depuis 2012, cette
opération a été intégrée à
l'opération MARTILLO dirigée et commandée par les
États-Unis. Antérieurement, elle faisait partie de
l'opération étasunienne UNITAS par laquelle les navires
de guerre des États-Unis, de la Grande-Bretagne et d'autres
membres de l'OTAN ont sillonné les eaux de l'Amérique du
Sud. UNITAS a
été créée en 1959-60 par les
États-Unis au moment de la victoire de la révolution
cubaine. C'est pendant des exercices d'UNITAS sur les côtes du
Chili en septembre 1973 qu'a été organisé le
coup d'État des États-Unis contre le gouvernement Allende.
À l'occasion de l'anniversaire, le
ministère de la Défense nationale (MDN) a tenté de
reprendre son argument frauduleux à l'effet que ces missions
visent à combattre le trafic de drogues afin de masquer la
participation du Canada aux préparatifs de guerre contre les
peuples des Amériques. Le MDN indique que les NCSM Moncton et Summerside
chercheront à reproduire le succès des NCSM
Brandon et Whitehorse qui, au cours d'une mission de 44 jours
à l'automne 2015, « ont saisi environ 9 800
kilogrammes de stupéfiants au total, soit la plus grande
quantité jamais saisie par un duo de navires de défense
côtière depuis les débuts de l'opération
CARIBBE ».
L'opération MARTILLO (marteau, en espagnol), qui
a suivi UNITAS, a été lancée en 2012. On dit
qu'elle est un effort « interarmé et
interinstitutionnel » mené par les États-Unis
et auquel participent le Canada, la France, le Royaume-Uni, les
Pays-Bas, l'Espagne et certains pays d'Amérique centrale et la
Colombie. Selon le
Commandement Sud des États-Unis, l'opération MARTILLO a
comme mission d'empêcher les organisations criminelles de se
servir des routes de l'Amérique centrale pour transiter des
stupéfiants, des produits chimiques précurseurs, des
transactions en espèces et des armes. En vertu de sa structure
opérationnelle, toute force assignée à
Opération
MARTILLO est subordonnée à la Force opérationnelle
interinstitutionnelle Sud du Commandement Sud des États-Unis.
D'apprendre que le Canada participe militairement
à la soi-disant lutte anti-drogue des États-Unis n'a rien
pour rassurer compte tenu du fait que les États-Unis
eux-mêmes ont participé à la contrebande d'armes
vers le Mexique en pleine « guerre au trafic de
drogue » et qu'ils ont toujours mis sur pied et
appuyé des organisations et
des régimes criminels en Amérique latine quand cela sert
leurs intérêts.
Non seulement ces opérations menacent-elles les
peuples d'Amérique latine qui ont connu leur lot de coups
d'État et de crimes contre l'humanité aux mains des
États-Unis, elles servent aussi à intégrer les
Forces armées canadiennes à celles des États-Unis
sans même que le peuple canadien en soit informé. Au
contraire, on les dit nécessaires à
la sécurité et à lutte à la drogue et aux
criminels. À l'occasion du 10e anniversaire de
l'opération, le ministère de la Défense nationale
écrit : « L'opération CARIBBE est une des
nombreuses activités du gouvernement du Canada ainsi que du MDN
et des FAC dans le cadre du plus grand engagement du Canada en
Amérique. Cette
opération annuelle appuie directement la mission des FAC de
défense contre les menaces et les enjeux de
sécurité envers le Canada, l'Amérique du Nord et
nos partenaires de défense et de
sécurité. »
Un protocole d'entente conclu en 2010 autorise des
détachements d'agences policières de la Garde
côtière des États-Unis à opérer
à même les destroyers canadiens déployés en
vertu de l'opération CARIBBE. Il autorise aussi les membres de
la marine canadienne à participer activement aux interdictions
plutôt que de simplement identifier les
cibles d'intérêt pour les États-Unis.
Un article du Miami Herald de juin
2015 rapporte que peu importe à quel endroit les suspects
sont détenus en haute mer lorsque leurs vaisseaux sont interdits
en vertu de l'opération MARTILLO, la plupart d'entre eux sont
amenés à Miami et y sont traînés en justice.
Ces arrangements montrent bien le rôle d'homme de paille
qu'on a donné au Canada et à ses Forces armées
pour les opérations des impérialistes étasuniens
contre les peuples des Amériques.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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