Numéro 8 - 2
février 2016
Le gouvernement va signer l'accord du
Partenariat transpacifique
Les peuples intensifient leur opposition
à l'accord commercial
Manifestation
contre
le Partenariat transpacifique à Santiago de Chile le 22
janvier 2016
Le
gouvernement va
signer l'accord du Partenariat transpacifique
• Les peuples intensifient leur opposition
à l'accord commercial
Le
débat sur la question des pipelines
• Une nouvelle direction de l'économie
s'impose - Peggy Morton
• L'oléoduc Énergie Est et le
besoin d'une nouvelle direction de l'économie
• Les Chefs régionaux ne sont pas
satisfaits des réformes sur l'examen des pipelines -
L'Assemblée des Premières Nations du
Québec et du Labrador, l'Assemblée des chefs du Manitoba
et l'Union des chefs indiens de la Colombie britannique
Le gouvernement va signer l'accord du
Partenariat transpacifique
Les peuples intensifient leur opposition
à l'accord commercial
Réunion
internationale des organisations sociales opposées au PTP,
à Mexico,
du 27 au 29 janvier 2016
Du 26 au 29 janvier, des travailleurs et leurs
organisations, des législateurs et des groupes de la
société civile du Canada et de partout dans les
Amériques ont convergé à Mexico pour intensifier
leur travail en opposition à l'accord commercial
néolibéral du Partenariat transpacifique (PTP). Un des
événements a été un dialogue
international de parlementaires sur le PTP le 29 janvier, dont les
hôtes étaient des sénateurs mexicains. La
porte-parole en matière de commerce du NPD
fédéral, Tracey Ramsey et d'autres parlementaires ont
participé à cette session par voie de vidéo au
Canada.
Le 4 février, les ministres de 12 pays,
dont le Canada, se rencontrent à Auckland, en
Nouvelle-Zélande, pour adhérer formellement au PTP,
après que le texte final « vérifié
juridiquement » ait été rendu public le
26 janvier.
Réunion
à Duncan, en Colombie-Britannique, le 24 janvier 2016 pour
s'opposer au PTP
|
Le gouvernement libéral du Canada a
confirmé par une « lettre ouverte »
émise le 25 janvier par la ministre du Commerce
international Chrystia Freeland qu'il va signer l'accord.
Freeland a tenté de justifier cette
décision en disant dans sa lettre : « La
signature n'est qu'une formalité dans le processus : c'est
le moyen de soumettre le texte du PTP à l'examen du Parlement et
de débattre avant qu'une décision ultime soit prise. Tous
les autres pays feront de même, et chacun a deux ans pour
déterminer
s'il le ratifie ou non. De plus, il est important de savoir que la
signature de la semaine prochaine assure le statut du Canada comme
partenaire à part entière de l'entente avec tous les
droits et pouvoirs qui s'y rattachent. » Freeland a
déclaré que le gouvernement « conserve le
même principe directeur : l'amélioration de la
situation commerciale du Canada fait partie des solutions pour enrichir
la classe moyenne et favoriser des emplois à salaire
élevé ».
« Le Canada est une nation
commerçante », a déclaré Freeland. Le
gouvernement a également commencé ce qu'il appelle des
consultations sur le PTP, la tenue de réunions avec ceux qu'il
appelle des intervenants, tandis que d'autres sont invités
à envoyer par courriel leurs opinions au gouvernement.
Le texte final du PTP comporte environ 190 000 mots et
599 pages et a été négocié en secret
entre 2008 et 2015 sous la pression des États-Unis qui
exigeaient qu'il soit conclu en leur faveur et en ont fait le facteur
décisif de la signature. Les organisations sont en train
d'analyser le texte et ses conséquences pour les peuples
des pays membres, leur souveraineté et leurs droits. La
recherche et l'analyse qui ont été faites jusqu'ici font
ressortir de sérieux dangers pour le bien-être des
peuples. On y voit le renforcement de la tendance observée
depuis l'accord de libre-échange nord-américain à
mettre le droit de monopole aux commandes de l'économie,
à politiser les
intérêts privés et à remettre ce qui reste
de
l'autorité publique entre les mains des intérêts
privés.
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui
s'est joint à d'autres syndicats à Mexico pour s'opposer
au PTP, note que « Le PTP ... confère des droits et
des protections aux sociétés mondiales les plus riches,
tout en faisant perdre du terrain aux travailleurs et à
l'environnement. Il élargira la privatisation et fera baisser
les
salaires, en plus de faire augmenter le coût des services de
santé et de l'éducation ».
« En outre, le PTP limitera la
capacité des gouvernements à protéger leurs
citoyens et l'environnement. L'accord confère aux
sociétés étrangères le droit de poursuivre
les gouvernements nationaux dont les décisions
interféreraient avec leurs investissements... et leurs
profits », souligne le SCFP.
Événements
dans la ville de Mexico, le 28 janvier (à gauche) et le 29
janvier 2016
pour s'opposer au PTP
L'analyse publiée le 29 janvier par le Trade
Justice Network, le Réseau québécois sur
l'intégration continentale et Common Frontiers souligne
quelques-uns des domaines dans lesquels le gouvernement canadien sera
limité dans sa capacité d'intervenir au nom de
l'intérêt public. Ces restrictions vont être
appliquées dans les domaines de
« la production alimentaire, l'accès aux
médicaments, les soins de santé, les droits
numériques et l'Internet, l'environnement, l'action climatique
et la réglementation du travail ». Le PTP
« va faire baisser les salaires et les conditions de
travail ; encourager la sous-traitance et la
délocalisation, contribuant ainsi à
l'élargissement du fossé des inégalités de
revenus au Canada et d'autres pays du PTP », lit-on dans la
déclaration.
Le Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario
souligne que certains aspects du PTP qui accordent des
privilèges supplémentaires aux monopoles pharmaceutiques
« feront augmenter le prix des médicaments et
réduira la disponibilité des médicaments
génériques à moindre coût, et renforcera et
créera de nouveaux monopoles sur la
question des brevets et de la réglementation des produits
pharmaceutiques ». Cela va « couler dans le
béton les prix élevés des médicaments et
porter atteinte à la santé de centaines de millions de
personnes pour des générations à
venir » et « priver les citoyens des pays les
plus pauvres de l'accès aux médicaments vitaux en
raison du coût ».
Médecins sans frontières rappelle que les
mesures pour « le renouvellement perpétuel des
brevets » dans le PTP vont permettre aux monopoles
pharmaceutiques de continuer à prolonger la durée des
brevets pour chaque « nouvelle » utilisation
trouvée pour un médicament existant ou pour la
modification d'un tel
médicament, ce qui va empêcher l'utilisation
« d'alternatives génériques ». Le
Partenariat oblige également les États membres à
fournir 12 ans « d'exclusivité des
données » pour les vaccins et les médicaments,
« ce qui empêchera les autorités de
réglementation gouvernementales de permettre aux concurrents
de produits génériques à bas prix d'entrer sur le
marché avec des données cliniques
générées antérieurement ».
Un rapport fait par des chercheurs de l'Institut mondial
Tufts pour le développement et l'environnement constate que le
PTP va se traduire par une perte d'emploi pour 58 000 Canadiens.
UNIFOR, un syndicat canadien qui a de nombreux membres dans le secteur
de l'automobile, en est venu à la conclusion que plus de
26 000
emplois, dans le seul secteur de l'automobile, sont à risque
à cause de l'accord.
Journée d'action du 22 janvier au Pérou,
au Chili et en Argentine
Lima, Pérou
Santiago, Chili
Buenos Aires, Argentine
Le débat sur la question des
pipelines
Une nouvelle direction de l'économie s'impose
- Peggy Morton -
La question des pipelines, en particulier le projet
Énergie Est, a fait l'objet de beaucoup d'attention depuis que
le Parlement a repris ses travaux. Le 26 janvier, les
conservateurs ont déposé une motion demandant à la
Chambre des communes de donner son appui au projet d'oléoduc
Énergie Est.
Les libéraux ont répliqué aux
conservateurs qu'aucun pipeline n'a été construit sous le
gouvernement Harper, le projet Keystone allant jusqu'à la
Côte du Golfe aux États-Unis ayant été
bloqué par Obama et le projet Northern Gateway de transport de
bitume via Kitimat en Colombie-Britannique faisant l'objet d'une vaste
opposition
publique.
Justin Trudeau affirme qu'il va restaurer la confiance
du public dans les projets de pipelines et réussir à
amener le pétrole de l'Alberta vers les marchés.
« Nous travaillons très fort à
l'échelle du pays avec les dirigeants municipaux et les
dirigeants provinciaux pour établir la licence sociale, la
surveillance, la responsabilité
environnementale et le partenariat avec les communautés afin
d'acheminer nos ressources aux marchés d'une façon
responsable », a-t-il dit au Parlement. « C'est
ainsi qu'il faut agir au 21e siècle. »
Les médias
monopolisés ont aussi fait du tapage au sujet du
« danger à l'unité nationale » qui
viendrait de la manoeuvre qu'a faite le maire de Montréal Denis
Coderre en se disant opposé au projet Énergie Est.
Quatre-vingt maires de la région de Montréal ont d'abord
pris position contre Énergie Est à partir de
considérations
environnementales. Puis, après avoir rencontré Trudeau,
Coderre dit maintenant qu'il pourrait appuyer le projet de pipeline si
on établit un « équilibre » entre
la bonne gestion environnementale et le développement
économique.
Pendant ce temps, Énergie Est a abandonné
son projet de construire un port pétrolier à Cacouna au
Québec à cause de la ferme opposition des
résidents locaux et des environnementalistes pour des raisons
environnementales, notamment la préservation des aires de
reproduction des bélugas. Quant au premier ministre Philippe
Couillard, il a mis
en doute les retombées économiques du projet pour le
Québec en ce qui concerne les emplois et l'infrastructure,
surtout que le port ne sera pas construit.
Dans le cadre de son plan pour établir une
« licence sociale », le gouvernement a
annoncé un nouveau processus d'approbation des pipelines. Le
ministre des Ressources naturelles Jim Carr a a dit que les projets qui
font déjà l'objet d'un examen ne seront pas soumis au
nouveau processus. La proposition de jumeler le pipeline
Trans-Mountain de Kinder Morgan de l'Alberta à Burnaby en
Colombie-Britannique et le projet Énergie Est de TransCanada
vont être évalués selon les vieilles
procédures même si les audiences d'Énergie Est
n'ont pas encore débuté formellement, que les
intervenants n'ont pas été confirmés et que
l'Office national de l'énergie doit toujours
déterminer si la demande révisée de TransCanada
est complète. Les deux projets font l'objet d'une
évaluation environnementale séparée. Cela
comprend une évaluation de leur impact sur les émissions
de gaz à effet de serre du Canada, ce qui est requis en vertu de
la participation du Canada à la Convention-Cadre des Nations
unies sur les
changements climatiques.
Destruction nationale versus édification
nationale
Une fois plus, le peuple
est censé se rallier à un « camp
propipeline » ou à un « camp
antipipeline ». Les libéraux et les conservateurs
suggèrent tous deux que tous devraient se rallier
derrière les pipelines en tant que projet d'édification
nationale. Dans
ce cadre, bien qu'il appartienne au camp
« propipeline », le gouvernement libéral
de Justin Trudeau n'a rien ménagé pour se
présenter comme le protecteur de l'environnement. Au sein du
« camp propipeline », la posture
pro-environnement des
libéraux et la position promonde des affaires des conservateurs
agissent comme un écran de fumée pour masquer la question
centrale qui est la destruction nationale que constitue l'ordre du jour
néolibéral de braderie du pays aux monopoles mondiaux, et
pour masquer aussi le besoin d'une
nouvelle direction de l'économie et en particulier de
l'industrie canadienne du pétrole et du gaz et de l'extraction
des ressources.
L'industrie pétrolière de l'Alberta a
toujours été au service des besoins et des demandes du
marché américain. Pendant la dernière
décennie, alors que la production de pétrole et de gaz
des États-Unis a monté en flèche, la perspective
que le pétrole albertain soit privé de son marché
principal est devenue de plus en plus menaçante et a atteint un
point très élevé quand Obama a rejeté le
projet de pipeline Keystone visant à expédier le
pétrole albertain vers le sud. Comme pris de panique, les
monopoles énergétiques qui opèrent en Alberta ont
forcé le gouvernement à battre le tambour de
l'expédition du brut albertain vers l'Asie et même vers
les marchés européens comme la seule
alternative. Jusqu'à maintenant, en dépit du tapage et de
la crise du pétrole, cette tactique n'a rien donné. Les
travailleurs du pétrole, les travailleurs des autres secteurs et
leurs alliés se sont opposés dans tout le pays à
expédier du bitume brut et ont plutôt demandé un
projet d'édification nationale de valorisation et de raffinage
du pétrole et de
fabrication de ses multiples sous-produits ici-même au pays.
Le projet de pipeline Northern Gateway est fermement
opposé par les Premières Nations et diverses
organisations en Colombie-Britannique, et une forte opposition s'est
aussi développée à l'expansion du projet Kinder
Morgan, surtout dans la grande région métropolitaine de
Vancouver. Les pipelines font tous partie de cette économie
d'extraction-expédition et de surchauffe-contraction qui est
imposée et contrôlée par les grandes
pétrolières et sert leurs intérêts
privés étroits. Une économie aussi
déséquilibrée est contraire à une
économie
stable où les ressources naturelles sont
considérées comme autant de parties constitutives d'une
économie qui subvient à ses besoins, est
diversifiée et repose sur le secteur manufacturier, les
programmes sociaux et les services publics contrôlés par
le peuple et servant l'intérêt public.
L'oléoduc Énergie Est et le besoin d'une
nouvelle direction de l'économie
Le projet Énergie Est est le plus récent
projet visant à acheminer le pétrole qui n'a nulle part
où aller vers les marchés européens. Il s'agit
d'un pipeline de 4600 kilomètres d'une valeur de
15 milliards $ du géant pétrolier TransCanada
qui transporterait 1,1 million de barils de bitume et de
pétrole conventionnel albertains par
jour de même que du pétrole de la Saskatchewan et du
pétrole de schiste des dépôts de Bakken aux
États-Unis extrait par fracturation hydraulique.
Énergie Est
convertirait un pipeline de gaz naturel qui transporterait le
pétrole de l'Alberta à la frontière du
Québec et construirait un nouveau pipeline qui irait de
Montréal à Lévis, traverserait le fleuve à
partir de Québec et irait jusqu'à St. John au
Nouveau-Brunswick où se trouve la raffinerie Irving.
TransCanada et certains politiciens font de grands
efforts en ce moment pour prétendre qu'Énergie Est va
réduire la dépendance du Canada aux importations de
pétrole en plus d'éliminer le transport par rail du
pétrole de schiste très volatile à partir des
États-Unis. Selon TransCanada, l'oléoduc peut transporter
ce que transportent 1500 wagons
par jour et va donc libérer les lignes ferroviaires sur cette
même route d'autant de wagons par jour. Les statistiques montrent
que le pétrole transporté de l'Ontario vers l'est du pays
a atteint le chiffre d'environ 500 wagons-citernes par jour en 2012,
soit le tiers de la capacité totale projetée
d'Énergie Est.
Frank McLenna, l'ex-premier ministre du
Nouveau-Brunswick et ex-ambassadeur du Canada aux États-Unis et
aujourd'hui vice-président de TD Bank et membre du conseil
d'administration de Canadian Natural Resources, un important monopole
des sables bitumineux très actif dans la promotion
d'Énergie Est, a dit que « l'ouest du
Canada possède de vastes réserves de pétrole et il
y a trois raffineries dans l'est du pays (deux au Québec et une
au Nouveau-Brunswick) qui importent environ 80 % de leur
pétrole. C'est une importation d'environ 700 000 barils de
pétrole par jour dont l'est du Canada dépend, lesquels
proviennent de pays comme le Nigeria, l'Arabie
saoudite, l'Angola et le Venezuela.
« Non seulement le projet Énergie Est
est-il capable de remplacer tout ce pétrole étranger,
mais il peut aussi apporter un élément de
sécurité et de stabilité énergétique
que les Canadiens de l'est n'ont jamais connu. Ceci est sans parler du
prix projeté du pétrole qui alimente les raffineries de
l'est, qui selon certains pourrait chuter de plus
de 10 $ le baril ce qui abaisserait le prix de l'essence à
la pompe. »
C'est un intéressant choix de mots de la part de
McKenna, le vice-président de TD Bank, qui parle de prix de
pétrole plus bas dans l'est alors qu'en Alberta les promoteurs
du projet le vantent parce qu'il va faire augmenter les prix du
pétrole albertain.
Rien de ce qu'avance Énergie Est ne montre que la
dépendance canadienne au pétrole étranger va
cesser. Plus de 50 % du pétrole importé par le
Canada provient maintenant des États-Unis. Il s'agit du
pétrole de schiste très volatile qui est obtenu par
fracturation, le type de pétrole qui a pris feu et
explosé
à Lac-Mégantic, causant la mort
de 47 personnes et détruisant le centre-ville.
Certains ont suggéré qu'Énergie Est
va remplacer le transport du pétrole par train. Si c'est le cas,
cela veut dire qu'un tiers de la capacité totale du pipeline
servirait à transporter du pétrole de schiste des
États-Unis, ce qui ne diminuerait pas la dépendance du
Canada envers le pétrole importé mais ne ferait que
changer le fournisseur en faveur
des États-Unis.
Aucune preuve non plus n'a été
donnée à l'effet que le bitume des sables bitumineux
serait valorisé même en partie ou que le pétrole
conventionnel de l'Alberta et de la Saskatchewan serait raffiné
au Canada. Les raffineries du Québec et du Nouveau-Brunswick ne
sont pas conçues pour valoriser le bitume et il n'y a aucun plan
de construire
des usines qui pourraient le faire.
L'inversion de la canalisation 9 entre Sarnia et
Montréal va permettre le transport de 300 000 barils par jour de
pétrole brut de l'ouest canadien vers les raffineries du
Québec et de l'est. Avec cet approvisionnement additionnel, il
ne reste aucune capacité supplémentaire de raffinage du
pétrole ou du bitume de l'Alberta et de la
Saskatchewan et bien sûr on n'a ni construit ou même
planifié de construire des installations de valorisation de
bitume ou de bitume combiné à un diluant.
Tout indique que le projet Énergie Est est
conçu pour exporter du bitume des sables bitumineux et du
pétrole de schiste des champs pétrolifères de
Bakken et non pour réduire ou éliminer le besoin
d'importation de pétrole étranger ou encore moins pour
raffiner et transformer cette ressource non renouvelable importante. Le
projet Énergie Est
ne répond en rien à la demande des Canadiens de mettre
fin à cette économie
d'« extraction-expédition et
surchauffe-contraction » qui dépend des
marchés étrangers. Les Albertains en particulier
demandent qu'on mette fin à une direction économique
aussi instable et précaire.
La question qui se pose n'est pas pour ou contre les
pipelines. Une économie qui repose sur l'extraction et
l'exportation de pétrole brut vers des marchés incertains
alors que les marchés sont totalement engorgés n'est
simplement pas viable. Cette direction de l'économie ne
considère même pas quels changements devraient être
faits aux
méthodes actuelles d'extraction afin que la Terre Mère
soit protégée de même que les travailleurs qui
produisent le pétrole, leurs familles et les résidents de
la région et les Premières Nations dont les territoires
jamais concédés contiennent les sables bitumineux.
Les Canadiens se font dire
qu'ils devraient accepter telle ou telle option en autant que le
processus en vertu duquel ils sont
« consultés » est réformé.
La « consultation » est devenu un moyen de
chantage qui va comme suit : ou bien le diktat de monopole va
prévaloir ou bien on peut dire adieu aux emplois.
Cette fraude ne doit pas passer !
Une nouvelle direction de l'économie requiert la
mise en jeu de la science économique et de la conscience sociale
dans la planification du bien-être futur de l'économie et
du peuple. Au lieu de cela, c'est le droit de monopole qui prend
les décisions clés sur l'économie selon les
intérêts étroits, la cupidité et la course
à la domination mondiale
d'intérêts privés rivaux. Les monopoles et leurs
représentants politiques utilisent les médias de masse
pour rallier les gens derrière des camps agressifs
engagés dans le changement de régime et les guerres
prédatrices pour le contrôle des matières
premières et des marchés et pour dominer les
régions, où ils répandent l'anarchie et la
violence même
dans la citadelle impérialiste.
Pipeline ou pas de pipeline, tel n'est pas le choix. Il
nous faut plus de réflexion et de planification consciente que
cela. Une nouvelle direction de l'économie est possible, dont
l'objectif est l'édification nationale et non la destruction du
secteur manufacturier et des programmes sociaux et la promotion d'une
économie précaire d'extraction-expédition qui est
sujette à des cycles extrêmes de surchauffe et de
contraction.
Le gouvernement de l'Alberta peut exiger qu'on fasse de
la valorisation et du raffinage et prendre des mesures pour
développer l'industrie pétrochimique non seulement en
Alberta mais ailleurs au pays. Ces projets auraient besoin, entre
autres choses, d'acier canadien. Ce n'est pas acceptable que les
gouvernements laissent l'industrie canadienne
de l'acier se faire détruire alors qu'on propose de construire
les infrastructures et d'autres projets avec de l'acier importé
des États-Unis et d'ailleurs, d'autant plus que US Steel et
d'autres comme lui ont manipulé les lois canadiennes sur
l'investissement afin d'augmenter leurs profits et de détruire
du même coup la production canadienne d'acier.
Toute cette destruction nationale fait partie de l'ordre du jour
néolibéral auquel la classe ouvrière doit mettre
fin.
Dans le secteur pétrolier, la plus grande partie
des emplois permanents ou de longue durée se trouvent dans la
valorisation et le raffinage du pétrole et dans l'industrie
pétrochimique, laquelle s'en va dans les pipelines comme disent
les gens. La valorisation, le raffinage et la fabrication sont
également nécessaires à l'édification d'une
économie
diversifiée à secteurs multiples où les secteurs
s'échangent la valeur, ce qui aurait plusieurs effets positifs
dont celui de la réalisation directe de la valeur que les
travailleurs produisent
dans les programmes sociaux et les services publics.
Tout ceci requiert que la classe ouvrière
s'active elle-même et devienne une puissante force
organisée pour le changement prosocial et une nouvelle
direction, en opposition au droit de monopole et au contrôle
monopoliste. C'est possible de le faire ! Cela doit se faire !
Les Chefs régionaux ne sont pas satisfaits des
réformes sur l'examen des pipelines
- L'Assemblée des
Premières Nations du Québec et du Labrador,
l'Assemblée des chefs du Manitoba et l'Union des chefs indiens
de la Colombie britannique -
L'Assemblée des Premières Nations du
Québec et du Labrador (APNQL), l'Assemblée des chefs du
Manitoba (AMC) et l'Union des chefs indiens de Colombie britannique
(UBCIC) revendiquent des changements plus grands que les
réformes modestes du processus d'examen des pipelines
parrainé par Harper, telles qu'annoncées hier par le
gouvernement Trudeau pour l'oléoduc Énergie Est de
TransCanada et l'oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan.
Dans une lettre ouverte au
premier ministre Trudeau en date du 17 décembre 2015,
l'APNQL, l'AMC et l'UBCIC ont demandé, conformément aux
engagements électoraux des libéraux, une refonte
complète du processus en lambeaux et illégitime pour
l'évaluation des deux pipelines d'exportation des sables
bitumineux ainsi que pour la
ligne 3 de l'oléoduc d'Enbridge (au potentiel de 760 000
barils par jour de sables bitumineux).
Malgré l'annonce [du 27 janvier] par le
gouvernement fédéral, les principales lacunes du
système actuel demeurent, lesquelles sont les
conséquences des projets de loi omnibus inconstitutionnels
C-38 et C-45 auxquels les Premières Nations se sont
vigoureusement opposées, ce qui comprend les
échéanciers artificiels, la mise à
l'écart des critiques, un manque de contre-interrogatoires
direct des preuves des sociétés d'énergie et
l'exclusion des éléments de preuve clés tels que
le comportement du bitume dilué et les ravages que cela
causerait à l'environnement. De même, l'Office national de
l'énergie (ONE) demeure « un sceau
d'approbation » politisé et aux
mains de l'industrie, qui acquiesce du bout des lèvres seulement
au respect des positions et des droits des Premières Nations.
« En fin de compte, comment sommes-nous dans
une meilleure situation aujourd'hui qu'hier en ce qui a trait au projet
Kinder Morgan ? », a demandé le président
et grand chef de l'UBCIC Stewart Phillip. « Le processus est
terminé et il a été réalisé selon
les règles frauduleuses de Harper. Il y aura maintenant plus de
consultation, selon l'annonce faite hier, mais c'est quelque chose que
le Canada est déjà tenu de faire en vertu de la
Constitution. Ce qui doit être démontré, c'est la
volonté, de la part du gouvernement fédéral,
d'accepter un NON comme réponse des Premières nations
qui, comme c'est le cas de la nation Tsleil-Waututh, exercent leur
pouvoir
souverain de décision ».
« Il est
regrettable que nous n'ayons pas été consultés sur
les réformes prévues parce que nous aurions pu faire
savoir à l'avance que ces réformes ne vont pas assez
loin », a déclaré le Chef régional de
l'APNQL, Ghislain Picard. « À une époque où
les Premières Nations souffrent déjà des impacts
majeurs des changements
climatiques sur leurs modes de vie, l'une de nos principales
préoccupations est que le nouveau test climatique auquel ces
pipelines seront soumis ne reflète pas suffisamment l'urgence
avec laquelle nous devons réduire les émissions et mettre
fin aux combustibles fossiles. »
« Ces problèmes d'oléoducs sont
perçus à tort comme un conflit entre l'économie et
l'environnement parce que la menace du changement climatique est telle
que la vraie question est de savoir si nous allons survivre en tant que
civilisation et s'il restera même une économie dont on
pourra parler », a ajouté le grand chef de l'AMC,
Derek Nepinak. « Par conséquent, nos Premières
Nations ont été choquées de constater qu'aucune
mesure n'a été annoncée au sujet de la Ligne
3 du projet d'oléoduc d'Enbridge, qui a également
été examinée dans le cadre du processus
dysfonctionnel de l'ONE. »
L'APNQL est composée de 43 Premières
Nations au Québec-Labrador, l'AMC est composée de quelque
60 Premières Nations du Manitoba et l'UBCIC de plus de 100
Premières Nations en Colombie-Britannique, ce qui
représente collectivement plus d'un tiers des Premières
Nations au Canada, dont beaucoup sont sur le trajet des oléoducs
de sables bitumineux de Trans Mountain, de la ligne 3 et
d'Énergie Est, et seront fortement affectées par la crise
des changements climatiques auxquels ces oléoducs contribueront
grandement.
(Le 28 janvier
2016. Traduit de l'anglais par Le Marxiste-Léniniste.)
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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Courriel: redaction@cpcml.ca
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