Numéro 2 - 12 janvier
2016
À la mémoire de
Howard Pawley
In
Memoriam
Howard
Russell
Pawley
21
novembre 1934 - 30 décembre 2015
|
|
Un
sujet
de
grande
préoccupation
pour
les
Canadiens
• La méthode de livraisonlogie du
gouvernement Trudeau
- Sam Heaton -
Les soins de
santé sont un droit!
• Joignez-vous aux rassemblements en Ontario
contre
la privatisation des services de santé!
• Le rôle du nouvel Ombudsman des
patients en Ontario
- Enver Villamizar -
Le besoin urgent que
le
Canada établisse
des relations justes avec les peuples autochtones
• Un appel à une enquête publique
qui tarde à venir sur la plus grande opération
paramilitaire canadienne, celle de Ts'Peten (Gustafsen Lake)
- Wolverine -
Le Japon doit rendre
des comptes pour ses crimes de guerre
• Les «femmes de réconfort»
rejettent avec mépris l'accord bilatéral
entre la
Corée du Sud et le Japon
• Déclaration officielle au sujet de
l'accord sur l'esclavage sexuel
militaire («les
femmes de réconfort»)
- Conseil coréen pour les femmes
enrôlées par le Japon
pour l'esclavage sexuel militaire -
Chantage
nucléaire des États-Unis
• Les impérialistes imposent
l'irrationalité et la guerre à la Corée et au
monde
- Philip Fernandez -
• La liste déclassifiée des
cibles nucléaires des États-Unis révèle
une
disposition maniaque à l'annihilation nucléaire
In Memoriam
Howard Russell Pawley
Hommage à Howard
Pawley à l'Université de Windsor le 9 janvier 2016
C'est avec une immense tristesse que le Parti communiste
du
Canada
(marxiste-léniniste) a appris le décès, le 30
décembre 2015, de son ami
Howard Pawley. Nous offrons nos condoléances et nos
sincères sympathies
à sa conjointe Adele, à tous les membres de sa famille,
ainsi qu'à ses
collègues et amis.
Parmi ses nombreuses réalisations, soulignons
plus particulièrement
une de ses plus grandes qualités, sa capacité de s'unir
dans l'action
pour trouver des solutions aux problèmes que confrontent ses
compatriotes canadiens ainsi que les peuples partout dans le monde.
C'est cet esprit qui a imprégné sa longue carrière
- sa vie politique
en tant que
représentant de Selkirk à l'Assemblée
législative du Manitoba et
ensuite en tant que premier ministre, sa vie professionnelle en tant
qu'avocat et, plus tard, en tant que professeur, ou encore dans ses
relations avec ses compatriotes canadiens de tous les milieux.
Notre Parti a travaillé avec Howard dès
son arrivée à Windsor il y a
25 ans, quand il a fait sienne la cause du mouvement ouvrier, de la
jeunesse, des étudiants et du personnel enseignant de
l'Université de
Windsor ainsi que des mouvements pour la justice sociale et contre la
guerre, et qu'il a oeuvré dans les mouvements de
solidarité
internationale. Peu importe les conditions ou les circonstances,
à nos
yeux, Howard a toujours été un véritable
défenseur des droits du peuple
dans tous les secteurs de l'activité humaine. Il a toujours
prêté main
forte aux autres et a eu un impact sur la vie de tous ceux et celles
qui ont eu le privilège de travailler avec lui.
Aujourd'hui, alors que peu de fonctionnaires sont
vraiment dignes de
leur rôle de serviteur public, Howard Pawley a défendu
l'honneur de sa
vocation en consacrant sa vie à la défense du bien et du
droit publics.
Il a personnifié les principes sur lesquels ce pays a
été fondé, ainsi
que les principes enchâssés dans la Déclaration
universelle
des
droits
de
l'homme
adoptée
dans la période suivant la Deuxième Guerre mondiale et
dans la Charte
des Nations unies, tel le droit de toute nation de décider de
son
destin et de vivre en paix et en harmonie avec les autres nations.
Le 18 avril 2015
Howard Pawley s'adresse aux
participants de la Journée d'action nationale pour arrêter
le projet de loi C-51 à Windsor.
|
Plus récemment, Howard fut actif dans la lutte
pour défaire le
projet de loi C-51, cette législation infâme
adoptée par le
gouvernement Harper sous prétexte de lutter contre le
terrorisme.
S'adressant à un rassemblement tenu à Windsor
l'année dernière à
l'occasion de la Journée d'action du 18 avril pour arrêter
C-51, il a
dit que ce projet de
loi mènerait à la surveillance du Cabinet et à
l'échange d'informations
entre agences sur des innocents et qu'il faisait fi des protections
assurées par la Charte des droits et des libertés contre
les châtiments
déraisonnables, cruels et inhabituels. Il a appelé tous
ceux qui étaient
présents à
faire de ce projet de loi une priorité et à consacrer
tous leurs
efforts à la bataille
pour le faire échouer. Selon lui, il s'agissait d'un des
défis les plus
importants pour les Canadiens et il a souligné qu'il
était nécessaire
de les mobiliser« avec coeur, conviction et
principe » et de « veiller
les uns sur les autres comme le veut la façon canadienne de
faire les
choses ».
Howard a défendu l'intérêt public de
façon honorable. Son nom est
intimement lié aux efforts pour mettre en oeuvre, en 1970, un
régime
public d'assurance automobile au Manitoba malgré l'opposition
acharnée
de l'industrie des assureurs privés. Député
nouvellement élu et membre
du cabinet du gouvernement néodémocrate d'Ed Schreyer,
ce
dernier lui a confié la tâche de mener à bon port
ce projet qui avait
été le principal enjeu du programme électoral du
NPD. Malgré son statut
minoritaire, le gouvernement a réussi à faire adopter le
projet de loi
sur l'assurance automobile en 1970, défiant le chantage et les
attaques
de la part de ses adversaires bien financés de l'industrie. Face
à de
tels défis, d'autres gouvernements auraient facilement
abandonné la
partie. La mise en oeuvre d'un régime d'assurance automobile a
rompu le
monopole des grandes compagnies d'assurance et a été
bénéfique pour la
population, contrairement aux prétentions que les
intérêts monopolistes
et la prospérité de l'économie ne font qu'un,
refrain repris
aujourd'hui plus que jamais.
Après avoir quitté la fonction publique,
Howard a toujours gardé la
profonde conviction que les gouvernements sont tenus de défendre
le
droit public. Lorsque le néolibéralisme a dicté
sa direction à
l'économie, il s'est opposé à la notion que les
membres de la société
doivent subvenir à leurs propres besoins et que le rôle
des
gouvernements
est réduit à veiller à ce que les monopoles
dominent sur les marchés
mondiaux. Lorsqu'il a été élu président de
l'Association des
professeurs de l'Université du Manitoba en 1999 à
l'époque du régime de
Mike Harris en Ontario et que débuta une période de
privatisation dans
le domaine de l'éducation, augmentant le fardeau des
étudiants et du
personnel enseignant, il a rejeté l'idée que le fardeau
de la crise
doit être porté par le peuple. Il a défendu le
principe que l'éducation
est un droit. Nous nous souvenons en particulier de la campagne
Accès
2000 pour le droit à l'éducation postsecondaire, lorsque
Howard et
notre regretté camarade, le docteur Dale Woodyard, ainsi que
d'autres,
se
sont joints aux centaines d'étudiants d'université et du
secondaire et
les ont encouragés à persévérer dans leur
juste cause.
À l'heure où l'autorité publique
est démantelée et que les
gouvernements se servent de leur pouvoir pour payer les riches en
transgressant les droits du peuple, nous saluons la position de Howard
à l'effet que les gouvernements doivent défendre les
intérêts du peuple
et nous appelons toute personne oeuvrant dans la fonction publique
à
s'en
inspirer.
Howard a aussi participé à l'importante
lutte pour la paix et pour
le droit des nations à l'autodétermination. Par ses
actions, il a
exprimé son désir que le Canada devienne une force pour
la paix dans le
monde dans le vrai sens du terme. Il s'opposait aux notions
pragmatiques et intéressées telles la raison du plus fort
ou diviser
pour mieux
régner. C'est aux moments où il fallait prendre une juste
position et
que ce n'était pas confortable de le faire qu'on pouvait compter
sur
Howard pour être à la hauteur de la tâche.
Howard Pawley s'adresse
aux étudiants lors d'un
rassemblement pour la Journée d'action à
l'Université de Windsor, le 2 février 2000.
Dans un livre portant le titre Perceptions on Cuba
- Canadian and American Policies in Comparative Perspective publié
en
2005,
Howard
écrit :
« Les
Canadiens veulent
surtout veiller à ce
que les Cubains aient le droit à l'autodétermination et
décident
eux-mêmes de leur destin, qu'ils en arrivent à leur propre
souveraineté sans se laisser encercler par notre puissant voisin
du
sud. »
Ses prises de position justes en affaires
internationales remontent
à 1962, au lendemain de l'invasion de la Baie des Cochons
dirigée par
les États-Unis, lorsqu'il a rejeté la campagne
anticommuniste des
États-Unis. Dans son autobiographie Stay True : A Life
in Politics,
il dit : « C'est en tant que membre de l'aile
gauche du NPD que j'ai présidé le comité de
Winnipeg du Fair Play for
Cuba suite à la débâcle de l'invasion de la Baie
des
Cochons. C'est avec
fierté qu'après plusieurs semaines d'intenses
préparatifs je constatais
que nous avions fait salle comble au Winnipeg Playhouse Theatre
où
avait lieu un rassemblement en opposition au fiasco parrainé par
les États-Unis. Nous avons lancé un message sans
équivoque à
l'administration étasunienne à partir de
Winnipeg. »
C'est avec fierté qu'il rappelle les
années 1970 quand il était procureur
général ayant la responsabilité d'appliquer la Loi
sur
les
boissons
alcoolisées
et qu'il avait refusé d'appliquer la prohibition d'importation
de rhum
cubain au Manitoba à l'heure où les États-Unis
tentaient d'isoler Cuba
et d'endommager son économie dans leurs
efforts pour imposer un changement de régime. Des années
plus tard, à
Windsor, Howard devenait un des membres fondateurs de l'Association
d'amitié canado-cubaine de Windsor et il a présidé
plusieurs de ses
réunions publiques.
Howard Pawley
préside la réunion de
fondation de l'Association d'amitié canado-cubaine de Windsor
|
En 1978, Howard Pawley s'est rendu au Chili alors en
plein régime de
dictature de Pinochet appuyé par les États-Unis pour
tenter d'aider un
réfugié chilien au Canada à trouver son fils qui
était probablement
disparu aux côtés des 3000 Chiliens que le régime a
tués ou fait
disparaître. C'était au moment où les
États-Unis lançaient une
campagne de terreur et de guerres sales contre tous ceux en
Amérique
latine qui défendaient l'indépendance et
l'autodétermination, et le
régime de Pinochet était un pilier de cette campagne.
Alors qu'il était
au Chili, la chambre d'hôtel de Pawley a été
fouillée par le service
secret notoire du Chili. À Santiago, il a rencontré le
président de la
Cour
suprême et le ministre de la Justice pour obtenir des
réponses au sujet
de la disparition du jeune homme mais sans succès. Toujours
à Santiago,
il a aussi interviewé des gens qui avaient été
torturés et maltraités
par le régime et se rétablissaient à
l'hôpital. Il a écrit dans ses
mémoires : « Je garde de la mission au Chili une
forte et
durable impression et une grande colère contre le régime
de Nixon qui
avait comploté avec le général Pinochet pour
renverser Salvador
Allende, le président d'un gouvernement élu
démocratiquement. »
En 1999, les meurtres et les enlèvements de
syndicalistes, de
personnalités politiques et d'autres civils étaient
très nombreux et
perpétrés avec impunité en Colombie par les
escadrons de la mort liés
au gouvernement colombien. Howard s'est porté volontaire pour
faire
partie du Tribunal de Toronto sur les droits humains en Colombie qui a
été
organisé par le Conseil canadien des Églises pour mener
une enquête
publique sur le meurtre et l'enlèvement un an auparavant de 32
civils
de la ville de Barrancabermeja. Dans le cadre de ce travail de
conscientisation publique sur les massacres en Colombie et à
l'échelle
internationale, et pour demander la fin de l'impunité, il s'est
rendu à
Barrancabermeja pour rencontrer des témoins que le gouvernement
colombien avait écartés et pour participer aux sessions
du
tribunal qui se
tenaient dans cette ville.
Le tribunal a trouvé des membres des
forces militaires et de la
police de Colombie coupables de crimes contre l'humanité et de
crimes
de guerre pour avoir participé au massacre de Barrancabermeja de
concert avec les escadrons paramilitaires de la mort. Le tribunal a
aussi conclu que le gouvernement de Colombie avait
« délibérément
fermé les yeux » pendant son enquête et qu'il
devait être considéré
légalement responsable. Le tribunal a également
appelé le gouvernement
canadien à poursuivre, en vertu du droit international, les
représentants du gouvernement colombien qui avaient
participé ou
acquiescé à ces meurtres et enlèvements si une
enquête pleine et
impartiale
sur ces crimes n'était pas organisée en Colombie.
Au sujet de Howard Pawley
Alors qu'il pratiquait la
profession d'avocat, Howard Pawley était membre de longue date
de la
Fédération du commonwealth cooperatif (FCC) et, plus
tard, du Nouveau
parti démocratique. Il a d'abord été élu
député à l'Assemblée
législative en 1969 pour la circonscription de Selkirk au nom du
Nouveau parti démocratique. Il a représenté cette
circonscription
pendant 19 ans. Il a été nommé à plusieurs
postes du Cabinet sous le
gouvernement néodémocrate d'Ed Schreyer, y compris celui
de ministre
des Affaires municipales et de procureur général. Il a
ensuite été élu
premier ministre du Manitoba de 1981 à 1988.
En 1990, Howard est déménagé
à Windsor en Ontario où il est devenu
professeur associé. Il a donné des cours de science
politique et de
droit jusqu'à sa retraite en 2000. Il a continué
d'enseigner en tant
que professeur émérite et a participé aux affaires
publiques jusqu'au
moment de son décès prématuré.
Un sujet de grande
préoccupation pour les Canadiens
La méthode de livraisonlogie
du gouvernement
Trudeau
- Sam Heaton -
Le 23 décembre 2015, le premier ministre Justin
Trudeau
a annoncé la nomination de Matthew Mendelsohn au poste de
sous-secrétaire du Cabinet (Résultats et livraison),
Bureau du Conseil privé, à compter du 11 janvier 2016. La
nomination de Mendelsohn est présentée comme un effort
pour garantir des résultats et livrer la marchandise pour ce qui
est
des promesses électorales. Par cette approche, le nouveau
gouvernement libéral dit vouloir transformer la façon
dont les services publics et les priorités du gouvernement sont
« livrés ». Notons que cette notion masque
l'intention du gouvernement de privatiser non seulement les services
mais aussi leur livraison, le tout aux dépens des
fonds publics. Les acteurs clés du gouvernement, y compris le
premier ministre Trudeau et ses proches collaborateurs, son conseiller
principal Gerald Butts et son chef de Cabinet Katie Teflord,
souscrivent tous à la théorie de la
« livraisonlogie » dont l'objectif est de
réformer les services publics ainsi que les instances
décisionnelles au
sein des services publics dans le but d'atteindre certaines
« cibles ». Cette approche est
présentée comme une panacée aux difficultés
éprouvées par les gouvernements à
« livrer la marchandise ».
Qui est Matthew Mendelsohn et
pourquoi Trudeau l'a-t-il
choisi comme l'homme de la « livraison » ?
Mendelsohn est le fondateur et le directeur actuel du Centre Mowat pour
l'innovation politique. Il est aussi professeur associé à
l'école de la politique et de la gouvernance publiques de
l'Université de Toronto et a
occupé antérieurement des postes au sein du gouvernement
ontarien ainsi qu'au fédéral.[1] Avant sa nomination,
les libéraux l'avaient recruté pour contribuer à
l'élaboration de leur plateforme électorale dans la
période menant à l'élection fédérale
du 19 octobre 2015. Il a aussi fait partie de l'équipe de
transition de Trudeau suite à la victoire
majoritaire des libéraux.
Le Centre Mowat de Mendelsohn, qui se veut
« la voix de l'Ontario en matière de politique
publique », produit des études qui justifient
l'offensive néolibérale antisociale avec des phrases
ronflantes. Par exemple, on y retrouve la notion voulant que la classe
ouvrière et la défense de ses droits soient un obstacle
à la « viabilité
fiscale » et qu'il faut privatiser les services publics. Une
étude du Centre Mowat en date d'avril 2014 et portant le titre
« Le recyclage des biens de l'Ontario : une nouvelle
structure pour gérer les finances publiques » fournit
un raisonnement « non-partisan et factuel » en
faveur de l'utilisation des
« projets d'immobilisation » (la privatisation
des biens publics) afin de « générer le
capital voulu pour investir dans de nouveaux biens ou pour
rénover l'infrastructure actuelle ». C'est ce qu'on
appelle garantir « la valeur publique maximale des
avoirs » et la « monétisation » des
actifs. « Les
débats traditionnels du 20e siècle entre la
propriété publique et la privatisation perdent leur
pertinence face aux véritables choix auxquels les gouvernements
sont confrontés », lit-on dans l'étude.
La théorie de la
« livraisonlogie » a été
conçue par Sir Michael Barber, qui est présentement
conseiller pédagogique principal pour un monopole de
l'édition au Royaume-Uni dans le domaine de l'éducation,
le monopole Pearson, et directeur associé de Delivery
Associates, une firme de consultation qui se décrit comme
étant parmi
les « chefs mondiaux de stratégies et de mises en
oeuvre liées au secteur public ». Selon la biographie
de Barber, celui-ci est « une des principales
autorités en livraison ayant servi le gouvernement du
Royaume-Uni en tant que directeur de l'unité de livraison du
premier ministre (de 2001 à 2005) pour l'administration Blair et
a
depuis oeuvré en livraison ou en éducation dans plus de
50 pays ». Trudeau, Butts et Telford sont, semble-t-il,
d'avides lecteurs du récent livre de Barber,
« Comment mener un gouvernement sans que les citoyens en
sortent perdants et que les contribuables en perdent leur
latin ». D'ailleurs, le cabinet doit se réunir avec
Barber
au début de cette année.(2)
Le Globe and Mail rapporte que ces
méthodes placent « de nombreux départements
gouvernementaux sous l'oeil vigilant (et parfois sous la férule)
de nouvelles organisations qui rendent des comptes directement au
premier ministre et qui imposent leur propres objectifs et leurs
propres mesures aux rouages du
gouvernement. » Ce qui doit être livré, comment
et par qui reste directement entre les mains du gouvernement.
Ainsi, si la « théorie de la
livraisonlogie » du nouveau gouvernement libéral est
un sujet de préoccupation pour les Canadiens, c'est surtout
parce que cette méthode va de pair avec la privatisation et la
restructuration néolibérale de l'État dans le but
de servir les intérêts privés.
Les préoccupations de Mendelsohn pour la
restructuration des services publics et leur méthode de
livraison nous donnent une idée de ce que sera la mise en oeuvre
libérale de la « livraisonlogie ».
Mendelsohn est le co-auteur d'une étude publiée en 2011
portant le titre « La viabilité fiscale et la
transformation du système de
santé au Canada », dans laquelle il explique :
« Les gouvernements canadiens doivent d'abord revoir en
profondeur comment ils livrent les services publics. Les anciens
modèles s'écroulent sous le poids des attentes du public,
des intérêts acquis des intervenants et de la
capacité fiscale réduite ». L'étude
suggère que ces
problèmes, qui n'ont rien à voir avec les
problèmes des Canadiens cherchant à affirmer leur droit
aux soins de santé, aux programmes sociaux et aux services
publics, peuvent être évalués et
réglés par le biais d' « incitatifs, de
gouvernance, de reddition de comptes, de transparence et
d'évaluations fondées sur les faits ».
Mendelsohn sonne l'alarme
à l'effet que les
gouvernements « ne contrôlent plus directement leurs
dépenses quotidiennes » qui sont d'abord
« déterminées par les salaires et les
avantages sociaux encadrés par les conventions
collectives ». Les gouvernements ont « si peu de
contrôle » sur la situation qu'ils
peuvent « difficilement gérer une viabilité
fiscale à long terme ». Comme solution au
problème, la personne clé de Trudeau en matière de
résultats et de livraison suggère entre autres ce qui
suit :
« Des conventions collectives plus flexibles
permettant aux gestionnaires et aux travailleurs de réagir
rapidement aux changements technologiques et aux exigences
professionnelles ;
« Des expérimentations en
rémunération liées au rendement par le biais d'
'obligations en impacts sociaux' et autres outils ;
« De nouvelles approches aux
négociations collectives et aux règles d'arbitrage
accordant aux gouvernements la capacité de contrôler les
coûts de la main-d'oeuvre ;
« La monétisation des actifs
(lorsqu'appropriée) tels les informations, l'immobilier, les
sociétés de la Couronne, et d'autres avoirs ».
Cependant, le « sentiment d'urgence nécessaire
à la réalisation de ce changement fondamental est souvent
absent », se plaint l'auteur de l'étude.
Les Canadiens doivent examiner sérieusement ce
que veut dire faire de la « livraison » la
question et non le plein financement des services qui sont un droit, et
une entière protection pour les droits des travailleurs et des
professionnels qui dispensent les services. Ces méthodes qui
prêtent autant d'importance à la
« livraison » et aux
« cibles » font partie du facteur antihumain et
de l'anticonscience sociale. Leur objectif est d'éliminer
totalement le facteur humain de sorte à ce que les droits ne
puissent être garantis. Tout indique que les méthodes de
« livraisonlogie » du gouvernement Trudeau
serviront à masquer la
privatisation et à aller à fond de train dans les
objectifs antisociaux en ce qui concerne les services publics et les
programmes sociaux et dans le démantèlement des syndicats
au nom du bien collectif.
Cette approche pragmatique va sûrement mener
à une détérioration accélérée
des services sociaux au Canada et à des attaques
débridées contre le mouvement ouvrier. Les Canadiens
doivent rejeter la conception néolibérale voulant qu'une
livraison efficace et la défense des droits de tous soient deux
entités irréconciliables et que les cibles de
livraison ne puissent être atteintes qu'en se débarrassant
du facteur humain. C'est loin d'être le cas. Il ne s'agit pas
là de solutions progressistes en dépit de l'image
qu'elles tentent de projeter. Les solutions progressistes ouvrent les
portes au progrès de la société. C'est ce qu'exige
la situation aujourd'hui.
Notes
1. Mendelsohn est un ancien sous-ministre ontarien et
secrétaire associé du Cabinet (2007-2009), sous-ministre
des Affaires intergouvernementales et du Renouveau démocratique
(2005-2007) et sous-ministre et directeur du secrétariat du
Renouveau démocratique (2004-2005). De 1996 à 1998, il
fut conseiller principal des Affaires
intergouvernementales pour le Bureau du Conseil privé. Selon la
biographie de Mendelsohn du Centre Mowat, il « met de
l'avant des politiques fondées sur le factuel, en particulier
des idées conçues pour consolider l'Ontario au sein du
Canada et pour transformer la livraison des biens publics par les
gouvernements ». Mendelsohn
recevra un salaire annuel d'entre 221 300 $ et 259 300 $.
Parmi les rôles de Mendelsohn :
- commentateur aux nouvelles
télévisées et auteur de lettres d'opinion dans
divers médias monopolisés au Canada ;
- président du conseil d'administration du
Conseil
de la région des Grands Lacs, une organisation parrainée
par les gouvernements ontarien et américain ainsi que par Bruce
Power, la Banque de Montréal, l'Ontario Power Generation et de
nombreuses autres compagnies. Le conseil prône « une
collaboration et des partenariats
transfrontalières et intersectoriels » dans la
région ;
- membre du conseil d'administration de United Way
Toronto et région de York ;
- membre du conseil d'administration de CIVIX,
« une organisation caritative non partisane et nationale
encourageant les habiletés et les habitudes de
citoyenneté au sein des jeunes Canadiens » ;
- membre du comité directeur de CivicAction, une
organisation « conçue pour relever les défis
tels qu'ils se posent à l'avenir social et économique de
la région de Toronto » fondée suite au sommet
de 2012 des « chefs d'entreprises et des responsables
communautaires » ;
- membre du groupe consultatif du Forum des
fédérations, fondé en 1999 suite à la
première conférence internationale sur le
fédéralisme au Mont-Tremblant au Québec ; et
- conseiller pour le Conseil de la
fédération, le forum de Banff, la Commission canadienne
sur l'avenir de la Santé et Radios rurales internationales.
Les soins de santé sont un droit!
Joignez-vous aux rassemblements en Ontario contre la
privatisation des services de santé!
Rassemblements en Ontario à
l'occasion des audiences prébudgétaires
*
Toutes
les
actions
ont
lieu à midi *
Hamilton
Lundi 18 janvier
Hôtel Sheraton de Hamilton, 116, rue King Ouest
Facebook
Windsor
Mardi 19 janvier
Caesar's Windsor, 377, chemin Riverside Est
Facebook
Thunder Bay
Mercredi 20 janvier
Valhalla Inn, 1, chemin Valhalla Inn
Facebook
Sault Ste. Marie
Jeudi 21 janvier
Delta Sault Ste. Marie Waterfront Hotel, 208, chemin St. Mary's River
Facebook
Ottawa
Vendredi 22 janvier
Hôtel Marriott d'Ottawa, 100, rue Kent Nord
Facebook
Toronto
Lundi 1er février
Queen's Park, pelouse sud (coin College et avenue University)
Facebook
Information :
Coalition
ontarienne
de
la santé
416-441-2502, ohc@sympatico.ca
|
|
En janvier, les travailleurs tiennent des actions
partout en Ontario en dehors de ce que le gouvernement de l'Ontario
appelle des « consultations
prébudgétaires ». La Coalition ontarienne de
la santé appelle tout le monde à s'opposer aux coupures
dans les soins de santé et à la privatisation du
système de santé de l'Ontario et à faire
de ces rassemblements un grand succès.
Une grande question de préoccupation des
Canadiens est la détérioration du système de
santé. Au moment où la société a
donné naissance à des avances gigantesques dans la
technologie et les techniques de la santé qui permettent
d'envisager des solutions aux sérieux problèmes de
santé auxquels nous faisons face, nous sommes confrontés
à la
privatisation, aux coupures dans le système public de
santé et aux attaques contre les travailleurs de la
santé. Les gouvernements sont à genoux devant les
monopoles pharmaceutiques et les fournisseurs privés de soins
qui réclament des fonds publics pour leur profit privé,
pas pour les soins de santé pour la population.
En plus, au lieu de s'attaquer à la crise, le
gouvernement libéral de l'Ontario vient de créer le
bureau de l'Ombudsman des patients pour s'occuper des plaintes. Le 10
décembre, le ministre de la Santé Eric Hoskins a
annoncé la nomination de l'ex-députée
progressiste-conservatrice Christine Elliott à ce poste,
à compter du premier juillet
2016.
Suite à cette nomination,la première
ministre de l'Ontario Kathleen Wynne devrait déclencher une
élection partielle d'ici le 28 février dans
Whitby-Oshawa. En plus des rassemblements qui vont se tenir en dehors
des « consultations
prébudgétaires », l'élection partielle
va donner l'occasion aux travailleurs de l'Ontario d'exprimer
leur opposition à la privatisation des soins de santé.
Ils peuvent le faire en s'assurant que les libéraux ne prennent
pas le siège et que le PC ne le conserve pas. Cela sera aussi
une déclaration sans équivoque que les travailleurs
s'opposent au programme néolibéral
d'austérité qui viole leurs droits.
Tous aux rassemblements en Ontario pour lutter contre la
privatisation des soins de santé ! Notre demande :
« Les soins de santé sont un droit ! »
Coupures et privatisation dans les soins de
santé en Ontario
La Coalition ontarienne de la santé rapporte que
le financement pour les hôpitaux en Ontario est maintenant le
plus bas de toutes les provinces. Les hôpitaux des
communautés locales risquent la fermeture complète,
tandis que les départements de maternité, d'urgence et
d'autres services sont constamment menacés. Des milliers de
postes en milieu hospitalier ont été
éliminés. La coalition mentionne aussi que tous les
services hospitaliers qui sont coupés sont rapidement repris par
des intérêts privés incluant les soins à
domicile.
Ces coupures sont
effectuées par une diminution
des dépenses globales, par exemple une
« augmentation » de la croissance des
dépenses en santé de 1,2 % en 2015, bien en dessous
de l'inflation et de l'augmentation de la population. Dans le cadre de
ce financement qui ne permet même pas de maintenir les services
actuels,
les conseils des hôpitaux et les administrations des
établissements de santé coupent des lits, des services et
des employés pour équilibrer leurs budgets, ce qui est
obligatoire en vertu de la Loi de 2010 sur la responsabilisation
du secteur parapublic. L'Association des infirmières de
l'Ontario a révélé que plus de 1700 postes
d'infirmières
ont été coupés partout en Ontario ces trois
dernières années.
La plupart des 825 établissements de santé
autonomes en Ontario sont détenus et exploités par des
entreprises à but lucratif selon un rapport de 2012 du
vérificateur général. Une tendance sous le
gouvernement libéral de l'Ontario est celle de coupures
systématiques dans les services hospitaliers tels que les
chirurgies qui sont alors fournies par
des cliniques privées à but lucratif. Le gouvernement de
l'Ontario a cherché des façons d'augmenter le rôle
des établissements de santé autonomes en leur
déléguant par exemple une plus grande quantité de
chirurgies faites jusque là à l'hôpital. Là
où une expansion des hôpitaux a eu lieu, c'est souvent sur
la base d'un partenariat public-privé.
Une des caractéristiques principales de la
transformation des soins de santé en Ontario est le transfert
des soins de santé financés par le public à des
autorités privées. Après de nombreux scandales
incluant des morts et possiblement de l'équipement
contaminé, le gouvernement de l'Ontario a refusé que les
soins de santé privés soient placés
sous une autorité publique et a affirmé qu'il incombe aux
cliniques et aux organismes professionnels de se réglementer.
Les dépenses privées représentent maintenant
32 % du total des dépenses en santé de l'Ontario.
Des enquêtes faites par le Toronto Star
et d'autres médias ont montré qu'un grand nombre de
fournisseurs privés de soins de santé en Ontario ne
respectent pas les normes et mettent les patients à risque. Des
enquêtes menées par la Coalition ontarienne de la
santé ont démontré que plusieurs cliniques
imposent régulièrement des
frais aux usagers, des frais supplémentaires, des tests non
nécessaires et même la double facturation, qui est devenue
illégale partout au Canada durant les années 80.
Le rôle du nouvel ombudsman des patients en
Ontario
- Enver Villamizar -
Le poste d'ombudsman des patients a été
créé en décembre 2014 avec l'adoption du projet de
loi 8, Loi de 2014 sur la responsabilisation et la transparence du
secteur public et des députés. Le projet de loi 8
ajoutait le poste d'ombudsman des patients à la Loi de 2010
sur l'excellence des soins de santé qui définit la
surveillance du système de soins de santé de l'Ontario.
On dit que le nouveau rôle a été créé
suite à des recommandations du comité d'examen de la Loi
de
2004
sur
la
protection
des
renseignements
sur
la qualité des
soins qui appelait la province à créer un
mécanisme pour enquêter sur les incidents critiques en
soins de santé.
L'ombudsman des patients n'est pas un fonctionnaire indépendant
de l'Assemblée législative mais est nommé par le
gouvernement et est considéré un employé de
Qualité des services de santé Ontario, nommé par
le gouvernement.
L'ombudsman va enquêter sur les plaintes
« de patients et d'anciens patients d'un organisme du
secteur de la santé, de leurs fournisseurs de soins et de toute
autre personne prescrite, et y répondre », faciliter
le règlement des plaintes et faire des recommandations.
Cependant, nulle part dans la loi créant le poste est-il
affirmé que les
soins de santé sont un droit et on n'y trouve aucun engagement
à soutenir le système de soins de santé public ou
la prestation publique des services de soins de santé.
Le premier ombudsman des patients de l'Ontario est
Christine Elliott, la députée progressiste-conservatrice
au parlement provincial qui a représenté la
circonscription de Whitby-Oshawa jusqu'à sa démission le
28 août 2015. Comme députée, elle a
été porte-parole de l'opposition en santé et soins
de longue durée et pour la réforme sur la santé
mentale.
Outre la pratique du droit et son siège à
la législature de l'Ontario, Elliot a été membre
de plusieurs conseils d'administration d'organismes de bienfaisance,
d'OSBL et de fondations dans le secteur de la santé. Elle est la
cofondatrice et la directrice d'Abilities Centre, une installation
multifonctionnelle à Whitby accessible aux personnes
handicapées ; une directrice de la fondation Lakeridge
Health Whitby qui sollicite des dons pour de l'équipement pour
des centres de santé à Whitby-Oshawa ; et elle
était présidente du conseil d'administration de Durham
Mental Health Services.
La question la plus sérieuse en ce qui concerne
les Ontariens est quelles plaintes et les plaintes de qui seront
considérées dignes d'enquête et quels seront les
critères ? Est-ce que les plaintes des
patients au sujet de la privatisation et du sous-financement du
système de santé vont être
considérées matière à enquête ou
seules le seront
les plaintes sur les abus et les souffrances que cela entraîne,
ce qui est souvent utilisé pour justifier le statu quo ?
Est-ce que l'ombudsman des patients va répondre aux plaintes des
travailleurs de la santé au sujet des attaques contre leurs
droits, de ce que leur font vivre les coupures et la privatisation et
de comment cela met à risque la santé
de leurs patients ?
L'objectif pour lequel la
position d'ombudsman est
créé mérite la plus grande attention. L'histoire
du gouvernement libéral de l'Ontario à ce sujet est
très mauvaise. Un bon exemple en est la nomination d'Elizabeth
Witmer, une autre députée progressiste-conservatrice,
à la tête de la Commission de la sécurité
professionnelle et de l'assurance
contre les accidents du travail pour faire en sorte que les
réclamations des travailleurs à une compensation soient
systématiquement supprimées. Les libéraux
ontariens ont trouvé en elle une candidate toute disposée
à réduire encore plus le régime de compensation
à un régime d'assurance dont l'objectif principal est de
priver les travailleurs
accidentés de leurs prestations. Face à ce nouveau geste
du gouvernement de l'Ontario, les travailleurs doivent s'assurer
d'intervenir d'une manière qui sert leurs intérêts.
Toute cette affaire a l'air d'une attaque contre le
système de santé public et le droit à des soins de
santé. Alors que le sous-financement et la restructuration
aggravent la crise du système public de santé, est-ce que
l'intention est d'utiliser le bureau de l'ombudsman des patients pour
faire place à encore plus de privatisation et d'utilisation des
fonds publics au service des monopoles privés de la santé
sous prétexte de « livrer » les services
de santé de manière plus efficace ? Voilà la
question. Si la réponse est oui, alors il faut s'y opposer.
Joignons-nous aux rassemblements organisés en
janvier et février par la Coalition ontarienne de la
santé pour faire échec à la privatisation et
demander que le droit à des soins de santé soit
garanti ! Exigeons une livraison publique des services de
même que des effectifs adéquats et l'affirmation des
droits des travailleurs de la santé et non
des définitions intéressées de ce qui est
nécessaire médicalement et des énoncés de
politique creux sur les soins de santé.
Les fonctions et les pouvoirs de l'ombudsman des
patients
La Loi de 2010 sur l'excellence des soins de
santé définit les fonctions de l'Ombudsman des
patients de l'Ontario de la manière suivante :
« a) recevoir les plaintes de patients et
d'anciens patients d'un organisme du secteur de la santé, de
leurs fournisseurs de soins et de toute autre personne prescrite, et y
répondre ;
« b) faciliter le règlement des
plaintes de patients et d'anciens patients d'un organisme du secteur de
la santé, de leurs fournisseurs de soins et de toute autre
personne prescrite ;
« c) enquêter sur les plaintes de
patients et d'anciens patients d'un organisme du secteur de la
santé, de leurs fournisseurs de soins et de toute autre personne
prescrite et, de son propre chef, enquêter sur cet
organisme ;
« d) faire des recommandations aux organismes
du secteur de la santé au terme des enquêtes ;
« e) exercer les autres fonctions que
prévoient les règlements. 2014, chap. 13, annexe 5, art.
4.
L'ombudsman des patients doit recevoir les plaintes de
patients, enquêter sur la question et la cause, ainsi que tenter
de résoudre la plainte avec le fournisseur de services de
santé qui est dans la plupart des cas un réseau local
d'intégration de santé. L'ombudsman a le pouvoir
discrétionnaire d'enquêter ou de prendre des mesures sur
une
plainte.
La définition d'un patient ou d'un ancien patient
sous la loi est :
« a) un patient ou un ancien patient d'un
hôpital ;
« b) un résident ou un ancien
résident d'un foyer de soins de longue durée ;
« c) un client ou un ancien client d'une
société d'accès aux soins communautaires ;
« d) tout autre particulier prévu dans
les règlements ;
« e) relativement à un particulier
mentionné à l'alinéa a), b), c) ou d) qui est ou
était incapable à l'égard d'un traitement ou d'une
autre question, la personne autorisée à donner son
consentement au traitement ou en ce qui concerne l'autre question au
nom du patient ou de l'ancien patient conformément à la
Loi de 1996 sur le
consentement aux soins de santé. 2014, chap. 13, annexe 5, art.
4. »
La législation ne donne pas de définition
de « fournisseur de soins ».
L'ombudsman peut aussi ouvrir une enquête de son
propre chef sur les actions ou l'inaction d'une ou plusieurs
organisations du secteur de la santé « s'il croit
qu'il y a matière à enquêter ».
L'ombudsman a aussi le pouvoir d'interroger sous serment
quiconque a déposé une plainte ou « un
dirigeant, un employé, un administrateur, un actionnaire ou un
membre d'un organisme du secteur de la santé, ou toute autre
personne qui fournit des services par l'intermédiaire ou au nom
de cet organisme ». Ses pouvoirs lui
permettent même de pénétrer dans les locaux d'un
organisme du secteur de la santé avec un mandat de la cour.
Le Toronto Star indique que c'est
« un poste à 220 000 $ par
année ».
Le besoin urgent que le Canada
établisse des relations justes
avec les peuples autochtones
Un appel à une enquête publique qui tarde
à venir sur la plus grande opération paramilitaire
canadienne, celle de Ts'Peten (Gustafsen Lake)
- Wolverine -
Photo provenant de
Ts'Peten, 1995,
avec au centre de la photo, Wolverine.
Le 30 décembre, Wolverine, de la nation
Secwepemc, a écrit une lettre au premier ministre Justin Trudeau
réitérant la demande d'une enquête publique sur
l'agression brutale de la GRC et des forces armées canadiennes
sur les terres sacrées Sundance à Ts'Peten.
Véhicule
blindé Bison fourni par
l'armée canadienne et utilisé par la GRC à
Ts'Peten |
L'assaut, la plus grande opération paramilitaire
jamais réalisée au Canada, a été
mené en 1995 sous le gouvernement libéral du premier
ministre Jean Chrétien. La GRC et l'armée canadienne ont
utilisé une force écrasante contre les défenseurs
de Ts'Peten. Dans une note de la police écrite par le
surintendant de la GRC Murray Johnston, on
pouvait lire : « Il y a 6 purs et durs dans le camp QUE
NOUS ALLONS DEVOIR TUER. »
Depuis vingt ans, les défenseurs de Ts'Peten
réclament une enquête nationale publique. De Gustafsen
à Kanesatake jusqu'à Elsipogtog, la violence de
l'État a été déclenchée contre les
peuples autochtones affirmant leur droit inhérent de
protéger leurs terres. « Nous ne pouvons plus avoir
peur, le temps est venu de tenir cette enquête à
Gustafsen Lake et de laisser savoir aux gens ce qui nous est
arrivé et continue de nous arriver », a
déclaré Wolverine lorsque la lettre a été
rendue publique le 4 janvier. Le texte de la lettre est publié
ci-dessous.
***
Le très honorable Justin Trudeau
Cabinet du premier ministre
80 rue Wellington
Ottawa, ON K1A 0A2
L'honorable Jody Wilson
Chambre des communes
Ottawa, ON K1A 0A6
Le 30 décembre 2015
Cher monsieur Trudeau,
Wolverine
|
Mon nom est Wolverine. Je suis aussi connu comme William
Jones Ignace. Je suis âgé de 83 ans, père,
grand-père et arrière grand-père, et un
aîné de la nation Secwepemc dans ce qu'on appelle la
Colombie-Britannique. Je suis un agriculteur. L'été
dernier, j'ai cultivé 8 acres d'aliments biologiques pour
nourrir le peuple de ma nation et
d'autres nations. Depuis longtemps, je suis un défenseur de la
compétence inhérente des peuples autochtones à
gérer notre territoire traditionnel.
Aujourd'hui, je vous écris pour vous demander de
mettre sur pied une enquête publique fédérale sur
les événements de 1995 entourant l'affrontement de plus
d'un mois à Ts'Peten (Gustafsen Lake), en Colombie-Britannique,
un événement qui a jeté une ombre funeste sur les
relations entre le gouvernement du Canada et les nations
autochtones et qui, à ce jour, n'a pas fait l'objet d'une
enquête adéquate.
En 1995, après une longue histoire de tentatives
pacifiques d'obtenir le respect de la souveraineté Secwepemc, le
peuple autochtone de la nation Secwepemc et leurs partisans ont pris
position sur les terres sacrées de Sundance à Ts'Peten,
alias Gustafsen Lake. L'incident a commencé après qu'un
éleveur blanc de bétail local, James Lyle, ait
commencé à exiger que le campement sacré Secwepemc
Sundance quitte la terre dont il revendiquait la
propriété. Environ 24 Sundancers ont installé un
campement pour défendre Ts'Peten. Je faisais partie de ces gens.
À partir d'août 1995, la Gendarmerie royale
du Canada (GRC) a entouré les défenseurs de Ts'Peten. Au
cours du mois suivant, la police, les politiciens et les médias
ont aggravé la situation en transformant le siège en
l'opération militaire la plus chère et la plus grande de
l'histoire du Canada : des véhicules blindés de
transport de
troupes, des mitrailleuses de calibre .50, des mines terrestres et une
étonnante quantité de 77 000 cartouches de munitions ont
été utilisées contre les défenseurs de la
terre. Au cours de la confrontation, la GRC a tiré sur des gens
désarmés et des gens dans les zones
désignées libres de tir. Le surintendant de la GRC Murray
Johnston a exprimé la
conviction que l'impasse serait résolue en « exigeant
la mise à mort » des défenseurs, y compris
moi-même. Bien que cela ne se soit pas matérialisé,
les actions injustes et violentes menées contre le peuple
Secwepemc durant le siège sont toujours aussi vives dans nos
mémoires.
Malgré les vingt années qui se sont
écoulées depuis la confrontation à Ts'Peten, les
questions fondamentales qui se sont bousculées avec une telle
force demeurent à l'avant-plan dans le coeur et l'esprit des
peuples autochtones. C'est la question de notre droit à
l'autodétermination, à l'autonomie et à la
protection contre la dépossession de nos
terres et territoires. Selon la Proclamation royale de 1763, les titres
aborigènes sur les terres existent intrinsèquement et
continueront d'exister jusqu'à ce qu'ils soient
cédés par traité à la Couronne. Les terres
sur lesquelles l'affrontement a eu lieu à Ts'Peten sont et
demeurent à ce jour, des territoires non cédés. La
nation Secwepemc n'a jamais cédé
le contrôle des terres à Ts'Peten au gouvernement canadien
par traité ou autrement et la terre ne peut donc pas avoir
été vendue aux colons par les gouvernements canadiens ou
britanno-colombiens. L'utilisation des forces paramilitaires
canadiennes contre le peuple de la nation Secwepemc qui affirme son
titre et sa compétence intrinsèque sur son
propre territoire est donc une abrogation grave de la relation de
nation à nation entre le gouvernement canadien et la nation
Secwepemc.
Rassemblement pour marquer
le 20e anniversaire de la
défense de Ts'Peten par les défenseurs de leurs terres et
de leurs droits.
Cette abrogation n'a pas encore fait l'objet
d'enquêtes et reste l'une des plus grandes taches sur les
relations entre les nations autochtones et l'État canadien. Une
enquête publique fédérale sur les actions de la
GRC, du gouvernement canadien et du gouvernement provincial de la
Colombie-Britannique tarde toujours à venir.
Ces derniers mois, M. Trudeau, vous avez appelé
à une relation renouvelée de nation à nation avec
les nations autochtones, promettant une nouvelle ère de
reconnaissance, de droits, de respect, de coopération et de
partenariat, reposant sur les principes de la Déclaration des
Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Selon cette
déclaration, les peuples autochtones ont le droit en toute
sécurité de ne pas être enlevés de force de
leurs terres et territoires. Même maintenant, l'extraction
agressive des ressources et la destruction inévitable qu'elle
entraîne régulièrement sur les terres autochtones
ont lieu sans le consentement des peuples autochtones. Des terres
indigènes qui, selon
les accords mêmes qui ont fondé le pays qu'est le Canada,
ne font pas partie du Canada et ne peuvent donc être
données sans le consentement libre, préalable et
éclairé des peuples autochtones qui habitent ces terres
et n'ont jamais renoncé à leurs droits. Afin de
bâtir cette relation de nation à nation, les peuples
autochtones doivent savoir qu'ils
peuvent continuer à poursuivre le processus pacifique de
protéger leur souveraineté, sans que la menace de la
violence sanctionnée par l'État ne soit utilisée
contre eux. L'utilisation de l'intimidation et de la force par la
police et la GRC comme méthode pour régler les
revendications territoriales en faveur des gouvernements nationaux et
provinciaux du Canada est l'antithèse de la création d'un
partenariat sain et juste entre les nations. Si les peuples autochtones
se voient empêcher de faire valoir leurs droits à la
souveraineté, une véritable réconciliation ne peut
pas avoir lieu.
Le temps est venu d'honorer votre engagement envers les
peuples autochtones et d'une réconciliation entre nos nations.
Une enquête sur l'affrontement de Ts'Peten démontrerait
que le gouvernement canadien est vraiment engagé dans une
nouvelle ère de respect, de relations de nation à nation,
dans laquelle les torts du passé sont bien compris
et reconnus, assurant que les menaces, l'intimidation, la diffamation
et la force ne soient plus jamais utilisées contre les peuples
autochtones au Canada.
Respectueusement,
Wolverine, William Jones
Ignace
Le Japon doit rendre des comptes pour ses
crimes de guerre
Les «femmes de réconfort» rejettent
avec mépris l'accord bilatéral entre la Corée du
sud et le Japon
Manifestation contre
l'accord secret devant l'ambassade
du Japon à Séoul, le 8 janvier 2016. À la gauche
des manifestants se trouve le monument pour la paix,
érigé à la mémoire de toutes celles
asservies par le Japon comme « femmes de
réconfort ».
À la fin de décembre 2015, un accord
bilatéral entre le gouvernement Shinzo Abe du Japon et le
gouvernement Park Geun-hye de la Corée du sud a
été conclu visant soi-disant à garantir justice
pour « les femmes de réconfort » asservies
de 1932 à 1945 par les impérialistes japonais en
Corée. Cet accord a été négocié en
secret
sous l'égide des États-Unis, à l'exclusion des
femmes-mêmes qui ont été les victimes et au
mépris de leurs demandes de restitution, qui ont
été la norme pour que justice soit faite face à
ces crimes graves. En outre, la République populaire
démocratique de Corée (RPDC) n'a pas été
invitée aux négociations, même si ces crimes ont
été commis
avant la partition de la Corée et s'il y a des
« femmes de réconfort » survivantes qui y
vivent aussi.
« En une nuit, le gouvernement
sud-coréen a effacé tout le progrès que les
victimes et des groupes civiques avaient fait au cours des 25
dernières années en vue de régler la question des
femmes de réconfort », a déclaré Yoon
Mee-Hyang, coreprésentante du Conseil coréen pour les
femmes recrutées pour l'esclavage sexuel militaire
par le Japon (Jeongdaehyeop).
« Nous allons dire aux peuples du monde que
le règlement ne reflète pas la volonté des
anciennes femmes de réconfort et nous allons également
examiner les options juridiques pour invalider le
règlement », a déclaré Yoon au journal
sud-coréen Hankyoreh le
29
décembre.
Yoon n'a pas hésité à rappeler que
Jeongdaehyeop et les anciennes femmes de réconfort n'ont pas
été informées de quelque façon que ce soit
de ce qui a été discuté durant les
négociations.
« Nous étions encouragées par
le fait que le gouvernement sud-coréen avait effectué 10
rondes de pourparlers de haut niveau avec les Japonais et nous
espérions que le gouvernement ait compris le point de vue des
anciennes femmes de réconfort. J'ai été naïve
de faire confiance au gouvernement », a-t-elle
déclaré. Elle a
ajouté : « Nos organisations partenaires
à l'extérieur du pays nous envoient des messages de
félicitations, pensant à tort que les anciennes femmes de
réconfort ont convenu de l'accord. Nous allons les informer que
ce règlement a été fait sans le consentement des
anciennes femmes de réconfort et sans aucune reconnaissance de
responsabilité juridique, et nous allons procéder
à un examen juridique pour savoir si l'accord peut être
annulé. »
L'accord bilatéral qui, selon le gouvernement
Abe, sera le dernier mot dans cette affaire, fera que le gouvernement
japonais payera une maigre somme de 1 milliard de yens, soit 8,3
millions $US pour « le prix du silence » des
46 survivantes en Corée du sud, offrira des excuses
pour la forme et s'attendra à ce que la question
soit réglée. En outre, le gouvernement japonais a
également demandé que la statue d'une jeune femme
symbolisant la lutte des « femmes de
réconfort » pour la justice soit retirée
devant l'ambassade du Japon à Séoul.
On estime que jusqu'à 400 000 femmes et filles
ont été enlevées par l'armée japonaise
entre 1932 et la fin de la Deuxième Guerre mondiale en 1945 pour
servir d'esclaves sexuelles pour les armées d'occupation
japonaises en Chine, en Corée, aux Philippines, en
Indonésie, en Malaisie, au Myanmar et dans d'autres pays.
L'accord, sans l'apport
des victimes de cette violence et de cette terreur, a été
rejeté avec mépris par les victimes survivantes en
Corée du sud comme une imposture, une fraude et une insulte au
nombre de plus en plus petit de femmes âgées qui tentent
d'obtenir la reconnaissance, la justice et un dédommagement du
Japon pour les actes de terreur et de violence perpétrés
contre elles et leurs familles. On rapporte que 40 % des femmes et
des filles qui ont été réduites à
l'esclavage
par l'armée impériale japonaise sont mortes ou se sont
suicidées - un taux de mortalité beaucoup plus
élevé qu'au combat au front. Depuis le temps que cette
question a été mise sur la sellette, il y a eu un effort
concerté par les
victimes dans tous les pays occupés par les Japonais pour
réclamer justice.
À Tokyo le 6 janvier, une manifestation a eu lieu
devant le ministère japonais des Affaires
étrangères pour exiger le rejet de l'accord. Les
manifestantes ont scandé « Nous sommes contre
l'accord bilatéral ! Cessez de porter atteinte à la
dignité des survivantes ! ». Elles ont
appelé à l'abrogation de l'accord,
réitérant
leurs demandes originales :
- une pleine reconnaissance de l'esclavage sexuel
militaire mis en place par les forces armées impériales
du Japon de 1932 à 1945 ;
- une enquête approfondie et complète pour
faire la chronologie de la pleine portée du crime ;
- des excuses officielles formelles de
l'Assemblée nationale (Diète) du Japon ;
- un dédommagement juridique complet à
toutes les victimes ;
- une formation éducationnelle entière et
continue ;
- la construction de monuments pour commémorer
les victimes et préserver l'histoire de l'esclavage sexuel par
l'armée japonaise ; et
- la poursuite des criminels responsables des crimes.
Des manifestations ont également eu lieu à
Séoul, Toronto, New York, Londres, Paris et d'autres villes.
À Manille, aux Philippines, où plus de 1000 Philippines
ont été forcées entre 1942 et 1945 de servir
d'esclaves sexuelles à l'armée japonaise, un groupe de
survivantes a organisé une manifestation pour dénoncer le
Japon et la Corée du sud et s'opposer au gouvernement
militariste Abe. Il exige que le
gouvernement Aquino des Philippines défende leur cause pour
que justice soit faite au lieu de se mettre à plat ventre devant
les gouvernements américain et japonais dans le cadre de
l'alliance militaire contre la Chine.
Manifestation à
Manille contre l'accord secret,
le 6 janvier 2016
L'illégitimité et les motifs
ultérieurs de l'accord
La RPDC a souligné l'illégitimité
de l'accord dans un article du Rodong Sinmun, l'organe du
Parti des travailleurs de Corée, paru le 2 janvier :
« Le récent accord pour camoufler les actes horribles
d'esclavage sexuel commis par le Japon en échange
'd'excuses' factices et quelques centimes ne peut jamais être
toléré car il est un produit de la négociation
politique au mépris de la justice internationale et des justes
revendications des victimes.
« Ce qui est remarquable est que les
États-Unis ont envoyé leurs 'félicitations' et
vanté leur 'soutien à la mise en oeuvre globale' du
récent accord. Les États-Unis ont incité la
Corée du sud à 'obtenir' l'accord sur 'la question des
filles de réconfort pour l'armée impériale
japonaise' afin
de garder le Japon et la Corée du sud dans une
alliance trilatérale pour l'agression [...]
« La criminalité liée à
l'esclavage sexuel par l'armée impériale japonaise est ni
un problème qui peut être réglé avec l'aide
ou le contrôle ou la médiation d'un pays donné, ni
un problème qui peut être réglé en amadouant
l'idiot [gouvernement sud-coréen] avec quelques sous.
« La criminalité liée à
l'esclavage sexuel commis par le Japon contre les femmes de divers pays
du monde, y compris 200 000 Coréennes, est un crime
international odieux contre l'humanité et les victimes sont
aussi en Asie et en Europe, non seulement dans le nord et le sud de la
Corée.
« Les victimes ont toujours exigé que
le gouvernement agresseur japonais reconnaisse sa responsabilité
étatique, juridique et morale, offre un dédommagement et
des excuses sincères et prenne des mesures [immédiates]
pour le rétablissement de l'honneur des victimes et pour
prévenir la récurrence de crimes similaires. La question
ne peut
jamais être résolue à moins que cette demande soit
satisfaite.
« Le Japon doit reconnaître sa
responsabilité étatique et juridique pour les crimes de
guerre et autres crimes odieux contre l'humanité, y compris les
crimes liés à l'esclavage sexuel de l'armée
impériale japonaise, présenter des excuses explicites et
dédommager sans équivoque toutes les
victimes. »
Dans son éditorial du 30 décembre, le Hankyoreh
présente les principales objections à
l'accord qui sont soulevées par les femmes de réconfort
et leurs supporteurs :
« Tous ceux et celles qui ont essayé
d'obtenir justice historique pour les anciennes femmes de
réconfort sont furieux alors que ceux qui voulaient couvrir
l'affaire sont tout sourire. C'est le résultat du
'règlement final' de la question des femmes de réconfort,
les femmes qui ont été forcées de servir
d'esclaves sexuelles pour l'Armée
impériale japonaise, un accord auquel sont arrivés les
gouvernements de Corée du sud et du Japon le 28 décembre.
Bien que cet accord constitue un geste diplomatique humiliant
comparable au traité conclu entre la Corée et le Japon
qui a restauré les relations diplomatiques avec le Japon en
1965, le gouvernement sud-coréen ne connaît pas la honte.
« Depuis le moment où le
problème des femmes de réconfort a été
soulevé pour la première fois, la clé de la
solution a été que le gouvernement japonais reconnaisse
sa responsabilité juridique. Mais le gouvernement
sud-coréen l'a dispensé de le faire.
« Alors que le gouvernement se vante que le
premier ministre japonais Shinzo Abe a reconnu sa
'responsabilité' pour la première fois,
celui-ci a tout de suite tenu à dire qu'il ne s'agissait pas de
'responsabilité juridique'. Il y a tout un monde
de différence qui sépare simple responsabilité et
responsabilité juridique.
« Si le Japon assumait sa
responsabilité juridique, il devrait reconnaître qu'il a
commis des crimes de guerre dans le passé et prendre les mesures
qui s'imposent. Cela comprendrait une enquête approfondie, la
poursuite en justice des parties qui se sont rendues coupables, une
présentation d'excuses claire reposant sur les faits, la
compensation des victimes, la divulgation de la documentation
pertinente, la discussion de la question dans les manuels et des
projets commémoratifs qui auraient comme objectif
d'éviter que ces crimes ne se répètent.
« Rien de tout cela n'apparaît dans le
règlement. La seule chose qui est exigée du Japon est de
verser un milliard de yens (8,30 millions $US) à une
fondation que le gouvernement de Corée du sud va mettre sur pied
pour les femmes de réconfort. Il ne s'agit même pas de
réparations mais d'aide financière. En fait, ce sont des
indulgences que le gouvernement sud-coréen est en train de
vendre au Japon pour la rémission de ses péchés.
« La déclaration à l'effet
qu'il s'agit d'un 'règlement final et irréversible' est
encore plus troublante. Le gouvernement est en train de se
réduire lui-même au silence.
« Le dossier n'est jamais fermé quand
il s'agit de crimes historiques. [...]
« En principe, la partie qui a
perpétré les crimes doit garder la tête
baissée jusqu'à ce que la victime soit satisfaite.
« La déclaration au sujet d'un
'règlement final et irréversible' de la question des
femmes de réconfort est un papier collé de la
'résolution complète et finale' de toutes les
réclamations en dommages liées à la colonisation
de la Corée du sud par le Japon qu'on peut lire dans le
traité de 1965. Pendant plusieurs années, ce
traité s'est avéré
un obstacle aux efforts des Coréens qui avaient
été forcés de travailler comme main-d'oeuvre
conscrite sous l'empire japonais pour obtenir une compensation pour
leur
travail.
« Maintenant, les Japonais promettent
même de surveiller la Corée du sud de près pour
voir si elle respecte sa parole. Cet accord a permis à l'auteur
du crime de s'en prendre à la victime. »
Manifestation à New
York le 6 janvier 2016 contre
l'accord conclu
entre le Japon et la Corée du sud
En plus d'exonérer le Japon de ses crimes de
guerre, cet accord malvenu vise à renforcer l'alliance militaire
entre le Japon et la Corée du sud qui fait partie de la
mobilisation militaire dirigée par les États-Unis (
« le Pivot vers l'Asie ») qui vise au changement
de régime en RPDC et au confinement de la Chine. Le Hankyoreh
écrit ceci à ce
sujet :
« Depuis l'annonce de l'accord, les
représentants des gouvernements japonais et américain ont
appelé ouvertement à l'intensification de la
coopération de sécurité entre la Corée du
sud, les États-Unis et le Japon. Les États-Unis ne
cachent pas leur espoir de voir l'accord ajouter du momentum à
leur politique de recentrage vers l'Asie par
laquelle ils visent la Chine. On croit en plusieurs milieux que
l'influence américaine a joué un rôle majeur dans
la signature de l'accord.
« L'an dernier, la Corée du sud a
été le plus grand importateur mondial d'armes, dont la
grande majorité étaient de fabrication américaine.
Comme la Corée du sud est engagée dans une relation de
sécurité et de coopération avec les
États-Unis et le Japon, elle perd du terrain sur la question des
femmes de réconfort et d'autres questions
historiques importantes et elle doit porter un fardeau financier et
politique toujours plus grand. »
La Chine, qui a souffert de crimes graves commis contre
elle par les impérialistes japonais, a elle aussi soulevé
des objections dans une série d'éditoriaux.
« Il est regrettable que l'accord soit moins le
résultat d'un acte de contrition volontaire de la part du Japon
qu'une décision politique influencée par la pression
exercée par les
États-Unis », écrit Xinhua, l'agence de
nouvelles officielle de la Chine.
Le quotidien chinois de langue anglaise Global Times
écrit que « l'accord sur les femmes de
réconfort ne signifie pas que la société
sud-coréenne appuie l'attitude du gouvernement japonais sur
l'histoire et il ne change en rien la légitimité de la
demande de la Chine que le Japon doit se pencher sur son histoire
d'agression ».
Le ministère chinois des Affaires
étrangères a indiqué le 28 décembre qu'il
va continuer de demander au Japon de démontrer du remords pour
son passé peu importe l'accord qui vient d'être conclu
entre la Corée et le Japon. « La position de la Chine
demeure que le Japon doit faire face franchement à son histoire
d'agression et prendre
les mesures nécessaires et responsables sur les
différentes questions qui y sont reliées »,
lit-on dans le communiqué du ministère.
Le refus du Japon de rendre des comptes de ses crimes de
guerre du passé est encore plus inquiétant compte tenu
des nouvelles lois de sécurité qu'il a adoptées en
2015 amendant la constitution de façon à permettre au
Japon d'envoyer ses troupes à l'étranger à des
fins agressives. Ces lois ont été
présentées dans le cadre de l'accord militaire
renouvelé récemment entre les États-Unis et le
Japon et de son concept frauduleux d'« autodéfense
collective » qui est aussi utilisé par l'alliance
agressive de l'OTAN dirigée par les États-Unis pour
justifier ses guerres illégales.
Déclaration officielle au sujet de l'accord sur
l'esclavage sexuel militaire («les femmes de
réconfort»)
- Conseil coréen pour les femmes
enrôlées par le Japon pour l'esclavage sexuel militaire -
Manifestation devant
l'ambassade japonaise à
Séoul le 30 décembre 2015, une des actions
régulières du mercredi qui rejettent l'accord
Corée-Japon et demandent justice pour les « femmes de
réconfort »
La rencontre d'aujourd'hui, [28 décembre 2015],
entre les ministres des Affaires étrangères de
Corée du sud et du Japon, s'est conclue par un Accord sur la
résolution de la question de l'esclavage sexuel militaire. Les
survivantes du système des « femmes de
réconfort » et les citoyens de la Corée
espéraient sincèrement que la
rencontre produise une juste résolution de la question, en cette
année du 70e anniversaire de l'indépendance de la
Corée.
L'accord spécifie que : premièrement,
le gouvernement japonais ressent sa responsabilité pour
l'esclavage sexuel militaire ; deuxièmement, le premier
ministre Abe présente ses excuses en tant que
représentant du gouvernement japonais ;
troisièmement, le gouvernement coréen met sur pied une
fondation qui sera financée par
le gouvernement japonais et dont les deux gouvernements vont
gérer les initiatives en coopération.
Bien que le gouvernement japonais ait
déclaré « ressentir sa
responsabilité », le texte de l'accord ne
reconnaît pas que le gouvernement colonial et ses forces
militaires ont commis un crime systématique. Le gouvernement n'a
pas seulement participé à ces activités
criminelles et illégales, il les a activement initiées.
En plus, la
présentation des excuses n'a pas été faite
directement par le premier ministre en tant que représentant
officiel du gouvernement mais a été lue par un
représentant diplomatique, et on n'y dit pas clairement à
qui les excuses sont présentées. Il est donc difficile de
croire qu'il s'agit d'une présentation d'excuses sincère.
En plus, l'annonce mentionne que c'est le gouvernement
coréen qui va avoir la responsabilité de mettre sur pied
la fondation, alors que le gouvernement japonais devrait s'engager
activement dans les initiatives qui vont suivre la mise sur
pied, notamment en reconnaissant sa responsabilité criminelle et
son devoir de réparations juridiques.
Il semble que le Japon va remettre ses responsabilités futures
au gouvernement du pays des victimes une fois qu'il aura versé
son argent. Il est également frappant que l'accord ne dise rien
au sujet d'initiatives préventives comme la recherche de la
vérité et l'éducation sur l'histoire.
L'attitude du gouvernement
coréen face à
cet accord, qui est vague et incomplet, est plutôt choquante. Le
gouvernement a lui aussi déclaré que cet Accord constitue
un « règlement final et
irréversible » de la question, en autant que le
gouvernement japonais s'engage à faire preuve de diligence
raisonnable dans l'avenir. Pendant ce
temps, le gouvernement coréen a promis de chercher une
résolution à la question du Monument pour la paix, qui
est situé devant l'ambassade japonaise à Séoul,
afin de préserver la dignité de l'ambassade et il a
promis de limiter ses critiques envers le gouvernement japonais
à l'échelle internationale. C'est une humiliation
diplomatique.
Le gouvernement coréen a accepté la
condition absurde qu'a posée le gouvernement japonais à
l'accord, à l'effet que le Monument pour la paix doit être
enlevé. En plus, l'attitude du gouvernement coréen qui a
déclaré qu'il ne mentionnera plus la question de
l'esclavage sexuel militaire dans l'avenir est honteuse et
décevante.
Le Monument pour la paix ne peut être une
condition à quelque accord ou un moyen d'y parvenir. C'est un
monument public et un symbole historique qui représente l'esprit
pacifique des manifestations du mercredi que les survivantes et les
citoyens ont maintenant tenues plus de mille mercredis. Le gouvernement
coréen n'a pas le droit de
mentionner quoi que ce soit au sujet de l'enlèvement ou du
déplacement du monument. Alors que les survivantes et la
société civile ne peuvent pas accepter cet accord, les
gouvernements ne peuvent pas mettre de l'avant leur propre ordre du
jour. Un tel acte d'usurpation ne fait qu'ajouter encore plus à
la douleur des victimes.
Pendant toutes ces années, les survivantes de
même que les organisations de la société civile et
les citoyens qui les appuient ont demandé au gouvernement
japonais de reconnaître de façon claire ses
responsabilités nationales et juridiques et de s'engager
à agir avec diligence pour aider les survivantes à
regagner leur dignité et leurs droits et
prévenir toute tragédie semblable dans l'avenir.
Cependant, l'accord d'aujourd'hui n'est qu'une collusion diplomatique
qui trahit les demandes exprimées par tous.
La question de l'esclavage sexuel militaire doit
être résolue si l'on veut créer l'amitié et
la paix véritables entre le Japon et la Corée au moment
où il y a encore beaucoup de survivantes qui sont en vie. On ne
peut pas cependant précipiter les choses au détriment des
principes et du sens commun.
En 2012, la 12e Conférence de solidarité
de l'Asie pour la résolution de la question de l'esclavage
sexuel militaire par le Japon a adopté des recommandations
demandant au gouvernement japonais d'assumer ses responsabilités
gouvernementales et juridiques. Dans le but de faire de cet engagement
une réalité, le Conseil coréen va continuer
à
travailler sans relâche avec les survivantes et la
société civile au pays et à l'échelle
internationale.
Manifestation pour
demander justice pour les
« femmes de réconfort » le 6 janvier 2016
devant un monument à Toronto qui est une réplique du
Monument à la paix de Séoul en Corée du sud.
Chantage nucléaire des
États-Unis
Les impérialistes imposent
l'irrationalité
et la guerre à la Corée et au
monde
- Philip Fernandez -
L'hystérie anticommuniste anglo-américaine
qui a déferlé au sujet de l'annonce faite par la
République populaire démocratique de Corée le 6
janvier à l'effet qu'elle a réussi un essai de bombe
à hydrogène vise à couvrir les crimes qui sont
commis par le système d'États anglo-américain dans
le monde contre les autres pays, en violation de leur
droit d'être.
De quels mécanismes
la RPDC dispose-t-elle pour
se défendre contre les menaces des impérialistes
américains, du Japon et d'autres puissances ? Les nations
plus petites sont sujettes aux caprices et aux machinations des grandes
puissances au Conseil de sécurité de l'ONU. À cet
égard, les États-Unis et leurs alliés sont en
train une fois de
plus de manipuler la question des droits humains pour s'absoudre de
leurs crimes et tenter d'isoler les pays qui prennent une position
indépendante. Si l'ONU et les autres institutions qui ont
été mises sur pied pour prévenir les menaces
d'agression ne fonctionnent pas, comment peut-on reprocher aux victimes
de vouloir se défendre par
elles-mêmes ?
Si la course aux armements nucléaires existe,
c'est d'abord à cause du développement irrationnel et de
l'utilisation criminelle d'armes nucléaires par les
impérialistes américains au moyen desquels ils cherchent
à « prévaloir » dans tout conflit
qu'ils créent, au risque d'anéantir l'humanité
tout entière. Les crimes innommables
commis contre Hiroshima et Nagasaki au moyen de bombes
nucléaires l'ont été pour établir
l'hégémonie des États-Unis dans les affaires
mondiales à la conclusion de la Deuxième Guerre mondiale.
Les impérialistes américains ont adopté la
doctrine de la loi du plus fort en opposition directe au verdict sorti
de la Deuxième Guerre mondiale, soit la
demande des peuples d'une paix qui repose sur la justice et
l'établissement des Nations unies sur la base des principes que
tous les pays sont souverains et égaux et que la force, ou la
menace de la force, ne peut pas être utilisée pour
régler les problèmes qui surgissent entre les nations et
les peuples. La rivalité entre les grandes puissances a
mené à
la prolifération des armes nucléaires.
Pendant ce temps, la sérieuse menace
d'annihilation nucléaire par les États-Unis a
poussé des pays comme la RPDC à se doter d'armes
nucléaires comme force de dissuasion. C'est un fait historique
que les États-Unis ont menacé de faire usage de la bombe
atomique pour mettre fin à la Guerre de Corée lorsqu'ils
se sont vus acculés à la défaite
aux mains de la RPDC. Les États-Unis continuent d'exercer un
chantage nucléaire en menaçant la RPDC d'une frappe
nucléaire préventive. La RPDC ne peut pas ne pas tenir
compte de ces menaces à sa souveraineté et à son
indépendance de même qu'à la sécurité
de toute la péninsule coréenne. Elle a dit à
plusieurs reprises et réitéré le 6 janvier
que sa force de « dissuasion » nucléaire
vise à garantir sa sécurité et sa stabilité
afin de permettre à ses citoyens de vaquer en paix à leur
vie quotidienne.
À moins de saisir le rôle clé que
jouent les impérialistes américains et les grandes
puissances dans la prolifération des armes nucléaires,
les peuples vont être victimes de toute sorte de
désinformation.
La fabrication et le test d'armes nucléaires et
la prolifération des armes nucléaires sont une grande
préoccupation de l'humanité mais on ne peut pas accepter
qu'une seule petite nation indépendante qui défend son
droit d'être soit mise sur la sellette. Il faut placer l'essai de
la bombe à hydrogène de la RPDC dans le contexte du refus
entêté des
États-Unis de mettre fin à leur politique hostile envers
la RPDC, et notamment de signer un traité de paix avec la RPDC
pour mettre fin à la Guerre de Corée. Cette politique
hostile comprend les exercices de guerre annuels
États-Unis-Corée du sud-Japon qui se poursuivent toujours
et qui ont pour but d'envahir la RPDC et de renverser son
gouvernement. En fait aussi partie la concentration accrue de forces
militaires américaines dans la Mer de Chine méridionale
et autour de la péninsule coréenne qui sont armées
de missiles nucléaires et d'autres armes de destruction massive
et menacent la RPDC et la Chine dans le cadre du « Pivot
vers l'Asie » de l'administration
Obama.
Dans sa déclaration du 6 janvier, le gouvernement
de la RPDC mentionne que le test de la bombe à hydrogène
« est une mesure d'autodéfense que la RPDC a prise
pour protéger fermement sa souveraineté... de la menace
et du chantage nucléaires toujours plus grands de la part des
forces hostiles dirigées par les États-Unis et pour
sauvegarder de façon fiable la paix dans la péninsule
coréenne [...].
La déclaration mentionne aussi que la RPDC
« est un État sincèrement épris de paix
qui a fait tous les efforts pour protéger la paix dans la
péninsule coréenne » et qui n'utilisera pas
ses armes nucléaires pour commettre une agression contre un
autre pays, mais ne suspendra pas non plus son programme d'armement
nucléaire à
moins que « les États-Unis ne renoncent à leur
politique hostile virulente » contre elle.
Une question qu'il faut se poser est pourquoi les
États-Unis ont-ils saboté tous les efforts de pourparlers
de paix et ont plutôt créé une atmosphère si
tendue et hostile que la RPDC a été forcée de
recourir à des mesures aussi drastiques pour se
défendre ?
On doit aussi garder
à l'esprit que les cinq
membres originels du Traité de non-prolifération
nucléaire de 1968 (TNP), les États-Unis, la Russie, la
Grande-Bretagne, la France et la Chine, sont les pays ayant les plus
gros stocks d'armements nucléaires et que ce sont eux qui,
cyniquement, s'objectent au test de la bombe à hydrogène
de concert
avec l'OTAN.
En 2015, le Bulletin des scientifiques atomiques a
estimé que la Russie possède 7500 armes
nucléaires, les États-Unis 7200, la France plus de 300,
la Chine 250 et la Grande-Bretagne 225. Le Pakistan, l'Inde et
Israël, qui n'ont pas signé le TNP, en possèdent
respectivement 120-130, 110-120 et 80. On estime que la RPDC en
possède moins de
15. L'hystérie anticommuniste lancée contre le test de la
bombe à hydrogène par la RPDC vise à masquer qui
sont les plus grands détenteurs d'armes nucléaires et qui
représente une menace réelle à la paix et à
la stabilité mondiale.
L'hystérie sur la question nucléaire que
les États-Unis et leurs alliés répandent contre la
RPDC doit être dénoncée. Ce sont les pays ayant les
plus grands stocks nucléaires qui doivent désarmer leurs
arsenaux nucléaires et retirer leurs armes et leurs troupes qui
sont situées en sol étranger. C'est là la
précondition au monde libre d'armes
nucléaires que réclame l'humanité entière.
Une fois que les États-Unis et les autres puissances
nucléaires y auront renoncé, la RPDC n'aura plus besoin
elle non plus de développer un programme nucléaire. De
plus, les États-Unis doivent retirer de Corée du sud
leurs 28 000 soldats, retirer leurs armes nucléaires et non
nucléaires du territoire
coréen, mettre fin immédiatement à leurs exercices
militaires annuels conjoints qui visent la RPDC et signer un
traité de paix qui met fin à la Guerre de Corée.
Cela garantirait la paix et la stabilité dans la
péninsule coréenne et permettrait aux peuples de
Corée et d'Asie de l'Est de vivre en paix.
L'hypocrisie des puissances nucléaires se voit
aussi à l'annonce qui a été faite d'un nouveau
sommet nucléaire dont l'objectif sera de vendre du
matériel nucléaire aux pays qui font partie de leur
sphère d'influence pendant que ces puissances vont
prétendre s'opposer à la prolifération
nucléaire. La Presse canadienne rapporte que le premier
ministre Justin Trudeau « devrait participer au Sommet sur
la sécurité nucléaire du président Barack
Obama » à la Maison-Blanche les 31 mars et premier
avril. À ce sommet, « le Canada entend lancer un
effort international qui est depuis longtemps sur les tablettes pour
débarrasser le monde des ingrédients nécessaires
à la
fabrication des armes nucléaires ». La Presse
canadienne ajoute que « l'ambassadeur du Canada aux Nations
unies à Genève va faire un nouvel effort pour mettre
à l'ordre du jour la création du Traité sur
l'interdiction de la production de
matières fissiles ou FMCT ».[1]
En fin de compte, la question qui se pose pour les
Canadiens en ce qui concerne le test nucléaire du 6 janvier de
la RPDC n'est pas d'être d'accord ou non avec les armes
nucléaires. La question, c'est de prendre ses
responsabilités et de lutter pour un gouvernement antiguerre qui
va agir comme un bloc contre les guerres d'agression, les
menaces et le chantage, notamment en ce qui concerne la
prolifération nucléaire, et qui va éliminer le
besoin qu'ont les victimes de l'agression de prendre des mesures
extraordinaires pour se défendre. Au pays, nous devons demander
que le Canada autorise la RPDC à ouvrir son ambassade à
Ottawa en tant qu'étape à l'établissement de
relations
amicales entre nos deux pays et nos deux peuples, et contribue
à bloquer les efforts des États-Unis pour isoler une
petite nation qui chérit son indépendance.
Note
1. On lit dans un mémo adressé au premier
ministre et obtenu en vertu de la Loi sur l'accès à
l'information que « Un FMCT est à l'ordre du
jour de l'ONU depuis 1957 ». Des rapports indiquent qu'en
1995, le Canada a servi d'intermédiaire à un accord sur
un mandat de négociation en vue de la
création d'un tel traité, « mais que depuis,
cet effort piétine ». Depuis 2008, le Pakistan a
bloqué le travail sur le FMCT », poursuit le
mémo. « Le Canada, cependant, a travaillé avec
l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Australie pour le faire
progresser ».
« Le Canada a remis la balle en mouvement en
2012 en parrainant une résolution à l'Assemblée
générale de l'ONU qui a établi une commission
d'experts chargée de faire avancer le dossier. D'autres
rencontres et rapports ont suivi. Trudeau entend maintenant appuyer un
autre processus, le quatrième et dernier sommet nucléaire
d'Obama, une initiative qu'il a lancée en 2010 suite à un
discours clé un an auparavant à Prague. Dans ce discours,
Obama a mis en lumière la menace que pose le terrorisme
nucléaire et a annoncé une initiative dont l'objectif est
de sécuriser les matières fissiles et de faire cesser le
trafic illicite dont elles font l'objet. Trudeau a dit l'automne
dernier qu'il veut examiner les façons de travailler avec Obama
sur de grandes questions internationales pendant sa dernière
année à la présidence. »
La liste déclassifiée des cibles
nucléaires des États-Unis révèle une
disposition maniaque à l'annihilation nucléaire
Le Service des archives de sécurité
nationale des États-Unis[1] a publié récemment un
rapport déclassifié de l'Étude des besoins en
armes atomiques pour 1959 du Commandement aérien
stratégique des États-Unis (SCA), produit en juin 1956.
Ce rapport nous rappelle de façon frappante les niveaux de
dépravation et d'irrationalité qu'ont
atteint les impérialistes américains qui, s'appuyant sur
leur doctrine de la loi du plus fort, sont prêts à
annihiler l'humanité au nom de la doctrine du confinement du
communisme et à établir leur hégémonie dans
le monde, des objectifs qu'ils poursuivent encore aujourd'hui. Ce
qu'ils ont réussi à faire, c'est imposer leur
irrationalité à l'humanité,
laquelle repose sur leur supposition que tout le monde aujourd'hui
partage leur dépravation. Ces documents
déclassifiés sont un dur rappel que les États-Unis
sont les principaux responsables de la prolifération
nucléaire et la plus grande menace à la paix et pour
l'humanité dans le monde aujourd'hui.
Voici des extraits du Cahier d'information
électronique numéro 538 du Service des archives de
sécurité nationale sur le rapport du SAC.
***
L'étude du SAC comprend des détails
saisissants. Selon ses auteurs, les cibles priorisées et les
tactiques de bombardement nucléaire exposeraient les civils
vivant à proximité et « les forces et peuples
amis » à de hauts taux de radioactivité
mortelle. En plus, les auteurs ont développé un plan de
« destruction
systématique » de cibles urbaines-industrielles du
bloc soviétique qui ciblait de manière spécifique
et explicite « la population » de toutes les
villes dont celle de Beijing, Moscou, Léningrad, Berlin-Est et
Varsovie. Le ciblage délibéré des populations
civiles contrevenait directement aux normes internationales en vigueur
à ce
moment-là, qui interdisaient les attaques visant directement les
populations (à la différence des attaques contre les
installations militaires près desquelles vivaient des civils).
[...]
Le document du SAC fait état de plus de 1100
aérodromes dans le bloc soviétique et assigne un
numéro de priorité à chacun. La plus haute
priorité du ciblage nucléaire était la force de
bombardiers soviétiques ( c'était avant l'époque
des MBI [les missiles balistiques intercontinentaux]). [...]
Une deuxième liste comprenait les régions
urbaines-industrielles devant être « détruites
systématiquement ». Le SAC dressait une liste de 1200
villes du bloc soviétique, depuis l'Allemagne de l'Est
jusqu'à la Chine, qui comprenait elle aussi des
priorités. Moscou et Léningrad étaient les
priorités numéro un et deux. Moscou
comprenait 179 cibles désignées comme des points
zéro (DGZ) tandis que Léningrad en comprenait 145, dont
des cibles « peuplées ». [...]
Dans l'introduction détaillée du rapport,
on expliquait qu'en vertu de la priorité donnée aux
cibles de pouvoir aérien, il fallait faire exploser au sol des
armes thermonucléaires [...] notamment sur des bases
aériennes de l'Europe de l'Est. Cette tactique allait produire
de fortes retombées radioactives comparativement aux explosions
dans les airs.
Selon l'étude, « la nécessité de
remporter la bataille des airs primait sur toutes les
considérations ». [...]
Les planificateurs du SAC « s'appuyaient en
priorité » sur les effets de souffle parce que les
effets thermiques et de radiation étaient
« relativement inefficaces ». [...] L'accent sur
« l'effet de souffle » permettait de
présenter comme moindres les grandes dévastations
causées par d'autres effets des armes
nucléaires comme la radiation et les gigantesques incendies.
Croyant qu'un « résultat favorable
pouvait être atteint pendant les phases initiales »,
le SCA considérait comme essentiel de causer de hauts niveaux de
dommages. [...]
Le SAC dressait la liste du nombre et des types d'armes
nucléaires requises pour détruire chaque DGZ.
L'information sur les armes nucléaires a été
entièrement retirée du rapport. [...] En tout cas, le SAC
pouvait compter sur de très vastes stocks d'armes
nucléaires d'ici 1959 afin de cibler les cibles prioritaires.
À cette époque, les stocks
d'armes nucléaires étaient très
élevés, passant de plus de 2400 en 1955 à plus de
12 000 en 1959 à 22 229 en 1961.
[...] Si le conflit perdurait une fois la bataille
pour la suprémacie aérienne terminée, la
deuxième phase de la guerre visait la « destruction
systématique » de la capacité de guerre du
bloc soviétique. Le « coup final » de la
campagne de bombardement frapperait les « industries de
base », les industries et
les activités économiques qui contribuaient le plus
à la capacité de faire la guerre. [...] Dans ce cadre, le
SAC devait larguer des bombes atomiques, pas des bombes-H, sur
plusieurs installations spécifiques dans des zones
urbaines-industrielles désignées. [...] La puissance
explosive de ces bombes allait probablement excéder de beaucoup
la
puissance requise pour la destruction de cibles spécifiques dans
la phase de destruction systématique, que ce soit des centrales
électriques ou les centres essentiels de transport.
Moscou, la cible numéro un, possédait
environ 180 installations qui devaient être
détruites ; certaines appartenaient à la
catégorie du pouvoir aérien alors que plusieurs
comprenaient une variété d'activités industrielles
comme des usines de machines-outils, d'outils de coupe,
d'équipement d'extraction du pétrole et de fabrication
d'un
remède vital, la pénicilline. [...]
Ce qui est particulièrement frappant dans
l'étude du SAC, c'est le rôle donné au ciblage des
populations. Moscou et ses banlieues, tout comme la région de
Léningrad, comprenaient des cibles distinctes formées de
« populations ». [...] Il en était de
même de toutes les villes qui étaient inclues dans les
deux séries de listes de cibles.
En d'autres mots, les populations elles-mêmes, et non des
activités industrielles
spécifiques, devaient être détruites. [...]
[...] Les attaques contre les populations civiles comme
telles n'étaient pas conformes aux normes établies par
les dirigeants des forces de l'air. Ceux-ci étaient prêts
à accepter des morts en masse de civils comme conséquence
des attaques sur les cibles militaires, comme ce fut le cas pendant la
Guerre de Corée, mais ils excluaient des attaques
« intentionnelles » contre les civils. De plus,
les attaques sur les populations contrevenaient aux normes de droit
international de l'époque, qui étaient codifiées
dans les Règles de La Haye de 1923 concernant la guerre
aérienne qui n'avaient pas encore été
ratifiées. Ces règles ne sont pas entrées en
vigueur avant l'accord de 1977 sur les
Protocoles additionnels à la Convention de Genève (1949).
Les États-Unis, cependant, ont constamment refusé
d'accepter l'argument que les normes de ciblage contenues dans les
protocoles additionnels s'appliquaient à l'utilisation d'armes
nucléaires. [...]
Pour lire le Cahier d'information au complet du Service
des archives de sécurité nationale, cliquer ici.
Note
1. Le Service des archives de sécurité
nationale explique ainsi sa raison d'être :
« Fondé en 1985 par des journalistes et des experts
dans le but d'enrayer la tendance croissante au secret du gouvernement,
le Service des archives de sécurité nationale combine un
ensemble unique de fonctions : il est un
centre de journalisme d'enquête, un institut de recherche sur les
affaires internationales, une bibliothèque et un service
d'archives de documents déclassifiés des
États-unis ('la
plus grande collection non gouvernementale dans le monde ' selon le Los
Angeles Times), le plus grand utilisateur à but non
lucratif de
la Loi sur l'accès à l'information des
États-Unis, une firme d'avocats d'intérêt public
vouée à la défense et à l'expansion de
l'accès public à l'information gouvernementale, un
défenseur à l'échelle mondiale du principe d'un
gouvernement ouvert et un créateur d'index et un éditeur
de documents anciennement secrets. [...] »
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|