Le Marxiste-Léniniste

Numéro 2 - 12 janvier 2016

À la mémoire de Howard Pawley


In Memoriam
Howard Russell Pawley

21 novembre 1934 - 30 décembre 2015

Un sujet de grande préoccupation pour les Canadiens
La méthode de livraisonlogie du gouvernement Trudeau
- Sam Heaton -


Les soins de santé sont un droit!
Joignez-vous aux rassemblements en Ontario contre
la privatisation des services de santé!

Le rôle du nouvel Ombudsman des patients en Ontario
- Enver Villamizar -

Le besoin urgent que le Canada établisse
des relations justes avec les peuples autochtones

Un appel à une enquête publique qui tarde à venir sur la plus grande opération paramilitaire canadienne, celle de Ts'Peten (Gustafsen Lake)
- Wolverine -


Le Japon doit rendre des comptes pour ses crimes de guerre
Les «femmes de réconfort» rejettent avec mépris l'accord bilatéral
entre la Corée du Sud et le Japon

Déclaration officielle au sujet de l'accord sur l'esclavage sexuel
militaire («les femmes de réconfort»)

- Conseil coréen pour les femmes enrôlées par le Japon
pour l'esclavage sexuel militaire -


Chantage nucléaire des États-Unis
Les impérialistes imposent l'irrationalité et la guerre à la Corée et au monde
- Philip Fernandez -
La liste déclassifiée des cibles nucléaires des États-Unis révèle
une disposition maniaque à l'annihilation nucléaire


In Memoriam

Howard Russell Pawley


Hommage à Howard Pawley à l'Université de Windsor le 9 janvier 2016

C'est avec une immense tristesse que le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a appris le décès, le 30 décembre 2015, de son ami Howard Pawley. Nous offrons nos condoléances et nos sincères sympathies à sa conjointe Adele, à tous les membres de sa famille, ainsi qu'à ses collègues et amis.

Parmi ses nombreuses réalisations, soulignons plus particulièrement une de ses plus grandes qualités, sa capacité de s'unir dans l'action pour trouver des solutions aux problèmes que confrontent ses compatriotes canadiens ainsi que les peuples partout dans le monde. C'est cet esprit qui a imprégné sa longue carrière - sa vie politique en tant que représentant de Selkirk à l'Assemblée législative du Manitoba et ensuite en tant que premier ministre, sa vie professionnelle en tant qu'avocat et, plus tard, en tant que professeur, ou encore dans ses relations avec ses compatriotes canadiens de tous les milieux.

Notre Parti a travaillé avec Howard dès son arrivée à Windsor il y a 25 ans, quand il a fait sienne la cause du mouvement ouvrier, de la jeunesse, des étudiants et du personnel enseignant de l'Université de Windsor ainsi que des mouvements pour la justice sociale et contre la guerre, et qu'il a oeuvré dans les mouvements de solidarité internationale. Peu importe les conditions ou les circonstances, à nos yeux, Howard a toujours été un véritable défenseur des droits du peuple dans tous les secteurs de l'activité humaine. Il a toujours prêté main forte aux autres et a eu un impact sur la vie de tous ceux et celles qui ont eu le privilège de travailler avec lui.

Aujourd'hui, alors que peu de fonctionnaires sont vraiment dignes de leur rôle de serviteur public, Howard Pawley a défendu l'honneur de sa vocation en consacrant sa vie à la défense du bien et du droit publics. Il a personnifié les principes sur lesquels ce pays a été fondé, ainsi que les principes enchâssés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée dans la période suivant la Deuxième Guerre mondiale et dans la Charte des Nations unies, tel le droit de toute nation de décider de son destin et de vivre en paix et en harmonie avec les autres nations.


Le 18 avril 2015 Howard Pawley s'adresse aux participants de la Journée d'action nationale pour arrêter le projet de loi C-51 à Windsor.

Plus récemment, Howard fut actif dans la lutte pour défaire le projet de loi C-51, cette législation infâme adoptée par le gouvernement Harper sous prétexte de lutter contre le terrorisme. S'adressant à un rassemblement tenu à Windsor l'année dernière à l'occasion de la Journée d'action du 18 avril pour arrêter C-51, il a dit que ce projet de loi mènerait à la surveillance du Cabinet et à l'échange d'informations entre agences sur des innocents et qu'il faisait fi des protections assurées par la Charte des droits et des libertés contre les châtiments déraisonnables, cruels et inhabituels. Il a appelé tous ceux qui étaient présents à faire de ce projet de loi une priorité et à consacrer tous leurs efforts à la bataille pour le faire échouer. Selon lui, il s'agissait d'un des défis les plus importants pour les Canadiens et il a souligné qu'il était nécessaire de les mobiliser« avec coeur, conviction et principe » et de « veiller les uns sur les autres comme le veut la façon canadienne de faire les choses ».

Howard a défendu l'intérêt public de façon honorable. Son nom est intimement lié aux efforts pour mettre en oeuvre, en 1970, un régime public d'assurance automobile au Manitoba malgré l'opposition acharnée de l'industrie des assureurs privés. Député nouvellement élu et membre du cabinet du gouvernement néodémocrate d'Ed Schreyer, ce dernier lui a confié la tâche de mener à bon port ce projet qui avait été le principal enjeu du programme électoral du NPD. Malgré son statut minoritaire, le gouvernement a réussi à faire adopter le projet de loi sur l'assurance automobile en 1970, défiant le chantage et les attaques de la part de ses adversaires bien financés de l'industrie. Face à de tels défis, d'autres gouvernements auraient facilement abandonné la partie. La mise en oeuvre d'un régime d'assurance automobile a rompu le monopole des grandes compagnies d'assurance et a été bénéfique pour la population, contrairement aux prétentions que les intérêts monopolistes et la prospérité de l'économie ne font qu'un, refrain repris aujourd'hui plus que jamais.

Après avoir quitté la fonction publique, Howard a toujours gardé la profonde conviction que les gouvernements sont tenus de défendre le droit public. Lorsque le néolibéralisme a dicté sa direction à l'économie, il s'est opposé à la notion que les membres de la société doivent subvenir à leurs propres besoins et que le rôle des gouvernements est réduit à veiller à ce que les monopoles dominent sur les marchés mondiaux. Lorsqu'il a été élu président de l'Association des professeurs de l'Université du Manitoba en 1999 à l'époque du régime de Mike Harris en Ontario et que débuta une période de privatisation dans le domaine de l'éducation, augmentant le fardeau des étudiants et du personnel enseignant, il a rejeté l'idée que le fardeau de la crise doit être porté par le peuple. Il a défendu le principe que l'éducation est un droit. Nous nous souvenons en particulier de la campagne Accès 2000 pour le droit à l'éducation postsecondaire, lorsque Howard et notre regretté camarade, le docteur Dale Woodyard, ainsi que d'autres, se sont joints aux centaines d'étudiants d'université et du secondaire et les ont encouragés à persévérer dans leur juste cause.

À l'heure où l'autorité publique est démantelée et que les gouvernements se servent de leur pouvoir pour payer les riches en transgressant les droits du peuple, nous saluons la position de Howard à l'effet que les gouvernements doivent défendre les intérêts du peuple et nous appelons toute personne oeuvrant dans la fonction publique à s'en inspirer.

Howard a aussi participé à l'importante lutte pour la paix et pour le droit des nations à l'autodétermination. Par ses actions, il a exprimé son désir que le Canada devienne une force pour la paix dans le monde dans le vrai sens du terme. Il s'opposait aux notions pragmatiques et intéressées telles la raison du plus fort ou diviser pour mieux régner. C'est aux moments où il fallait prendre une juste position et que ce n'était pas confortable de le faire qu'on pouvait compter sur Howard pour être à la hauteur de la tâche.


Howard Pawley s'adresse aux étudiants lors d'un rassemblement pour la Journée d'action à l'Université de Windsor, le 2 février 2000.

Dans un livre portant le titre Perceptions on Cuba - Canadian and American Policies in Comparative Perspective publié en 2005, Howard écrit : « Les Canadiens veulent surtout veiller à ce que les Cubains aient le droit à l'autodétermination et décident eux-mêmes de leur destin, qu'ils en arrivent à leur propre souveraineté sans se laisser encercler par notre puissant voisin du sud. »

Ses prises de position justes en affaires internationales remontent à 1962, au lendemain de l'invasion de la Baie des Cochons dirigée par les États-Unis, lorsqu'il a rejeté la campagne anticommuniste des États-Unis. Dans son autobiographie Stay True : A Life in Politics, il dit : « C'est en tant que membre de l'aile gauche du NPD que j'ai présidé le comité de Winnipeg du Fair Play for Cuba suite à la débâcle de l'invasion de la Baie des Cochons. C'est avec fierté qu'après plusieurs semaines d'intenses préparatifs je constatais que nous avions fait salle comble au Winnipeg Playhouse Theatre où avait lieu un rassemblement en opposition au fiasco parrainé par les États-Unis. Nous avons lancé un message sans équivoque à l'administration étasunienne à partir de Winnipeg. »

C'est avec fierté qu'il rappelle les années 1970 quand il était procureur général ayant la responsabilité d'appliquer la Loi sur les boissons alcoolisées et qu'il avait refusé d'appliquer la prohibition d'importation de rhum cubain au Manitoba à l'heure où les États-Unis tentaient d'isoler Cuba et d'endommager son économie dans leurs efforts pour imposer un changement de régime. Des années plus tard, à Windsor, Howard devenait un des membres fondateurs de l'Association d'amitié canado-cubaine de Windsor et il a présidé plusieurs de ses réunions publiques.


Howard Pawley préside la réunion de fondation de l'Association d'amitié canado-cubaine de Windsor

En 1978, Howard Pawley s'est rendu au Chili alors en plein régime de dictature de Pinochet appuyé par les États-Unis pour tenter d'aider un réfugié chilien au Canada à trouver son fils qui était probablement disparu aux côtés des 3000 Chiliens que le régime a tués ou fait disparaître. C'était au moment où les États-Unis lançaient une campagne de terreur et de guerres sales contre tous ceux en Amérique latine qui défendaient l'indépendance et l'autodétermination, et le régime de Pinochet était un pilier de cette campagne. Alors qu'il était au Chili, la chambre d'hôtel de Pawley a été fouillée par le service secret notoire du Chili. À Santiago, il a rencontré le président de la Cour suprême et le ministre de la Justice pour obtenir des réponses au sujet de la disparition du jeune homme mais sans succès. Toujours à Santiago, il a aussi interviewé des gens qui avaient été torturés et maltraités par le régime et se rétablissaient à l'hôpital. Il a écrit dans ses mémoires : « Je garde de la mission au Chili une forte et durable impression et une grande colère contre le régime de Nixon qui avait comploté avec le général Pinochet pour renverser Salvador Allende, le président d'un gouvernement élu démocratiquement. »

En 1999, les meurtres et les enlèvements de syndicalistes, de personnalités politiques et d'autres civils étaient très nombreux et perpétrés avec impunité en Colombie par les escadrons de la mort liés au gouvernement colombien. Howard s'est porté volontaire pour faire partie du Tribunal de Toronto sur les droits humains en Colombie qui a été organisé par le Conseil canadien des Églises pour mener une enquête publique sur le meurtre et l'enlèvement un an auparavant de 32 civils de la ville de Barrancabermeja. Dans le cadre de ce travail de conscientisation publique sur les massacres en Colombie et à l'échelle internationale, et pour demander la fin de l'impunité, il s'est rendu à Barrancabermeja pour rencontrer des témoins que le gouvernement colombien avait écartés et pour participer aux sessions du tribunal qui se tenaient dans cette ville.

Le tribunal a trouvé des membres des forces militaires et de la police de Colombie coupables de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre pour avoir participé au massacre de Barrancabermeja de concert avec les escadrons paramilitaires de la mort. Le tribunal a aussi conclu que le gouvernement de Colombie avait « délibérément fermé les yeux » pendant son enquête et qu'il devait être considéré légalement responsable. Le tribunal a également appelé le gouvernement canadien à poursuivre, en vertu du droit international, les représentants du gouvernement colombien qui avaient participé ou acquiescé à ces meurtres et enlèvements si une enquête pleine et impartiale sur ces crimes n'était pas organisée en Colombie.

Au sujet de Howard Pawley

Alors qu'il pratiquait la profession d'avocat, Howard Pawley était membre de longue date de la Fédération du commonwealth cooperatif (FCC) et, plus tard, du Nouveau parti démocratique. Il a d'abord été élu député à l'Assemblée législative en 1969 pour la circonscription de Selkirk au nom du Nouveau parti démocratique. Il a représenté cette circonscription pendant 19 ans. Il a été nommé à plusieurs postes du Cabinet sous le gouvernement néodémocrate d'Ed Schreyer, y compris celui de ministre des Affaires municipales et de procureur général. Il a ensuite été élu premier ministre du Manitoba de 1981 à 1988.

En 1990, Howard est déménagé à Windsor en Ontario où il est devenu professeur associé. Il a donné des cours de science politique et de droit jusqu'à sa retraite en 2000. Il a continué d'enseigner en tant que professeur émérite et a participé aux affaires publiques jusqu'au moment de son décès prématuré.

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Un sujet de grande préoccupation pour les Canadiens

La méthode de livraisonlogie
du gouvernement Trudeau

Le 23 décembre 2015, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé la nomination de Matthew Mendelsohn au poste de sous-secrétaire du Cabinet (Résultats et livraison), Bureau du Conseil privé, à compter du 11 janvier 2016. La nomination de Mendelsohn est présentée comme un effort pour garantir des résultats et livrer la marchandise pour ce qui est des promesses électorales. Par cette approche, le nouveau gouvernement libéral dit vouloir transformer la façon dont les services publics et les priorités du gouvernement sont « livrés ». Notons que cette notion masque l'intention du gouvernement de privatiser non seulement les services mais aussi leur livraison, le tout aux dépens des fonds publics. Les acteurs clés du gouvernement, y compris le premier ministre Trudeau et ses proches collaborateurs, son conseiller principal Gerald Butts et son chef de Cabinet Katie Teflord, souscrivent tous à la théorie de la « livraisonlogie » dont l'objectif est de réformer les services publics ainsi que les instances décisionnelles au sein des services publics dans le but d'atteindre certaines « cibles ». Cette approche est présentée comme une panacée aux difficultés éprouvées par les gouvernements à « livrer la marchandise ».

Qui est Matthew Mendelsohn et pourquoi Trudeau l'a-t-il choisi comme l'homme de la « livraison » ? Mendelsohn est le fondateur et le directeur actuel du Centre Mowat pour l'innovation politique. Il est aussi professeur associé à l'école de la politique et de la gouvernance publiques de l'Université de Toronto et a occupé antérieurement des postes au sein du gouvernement ontarien ainsi qu'au fédéral.[1] Avant sa nomination, les libéraux l'avaient recruté pour contribuer à l'élaboration de leur plateforme électorale dans la période menant à l'élection fédérale du 19 octobre 2015. Il a aussi fait partie de l'équipe de transition de Trudeau suite à la victoire majoritaire des libéraux.

Le Centre Mowat de Mendelsohn, qui se veut « la voix de l'Ontario en matière de politique publique », produit des études qui justifient l'offensive néolibérale antisociale avec des phrases ronflantes. Par exemple, on y retrouve la notion voulant que la classe ouvrière et la défense de ses droits soient un obstacle à la « viabilité fiscale » et qu'il faut privatiser les services publics. Une étude du Centre Mowat en date d'avril 2014 et portant le titre « Le recyclage des biens de l'Ontario : une nouvelle structure pour gérer les finances publiques » fournit un raisonnement « non-partisan et factuel » en faveur de l'utilisation des « projets d'immobilisation » (la privatisation des biens publics) afin de « générer le capital voulu pour investir dans de nouveaux biens ou pour rénover l'infrastructure actuelle ». C'est ce qu'on appelle garantir « la valeur publique maximale des avoirs » et la « monétisation » des actifs. « Les débats traditionnels du 20e siècle entre la propriété publique et la privatisation perdent leur pertinence face aux véritables choix auxquels les gouvernements sont confrontés », lit-on dans l'étude.

La théorie de la « livraisonlogie » a été conçue par Sir Michael Barber, qui est présentement conseiller pédagogique principal pour un monopole de l'édition au Royaume-Uni dans le domaine de l'éducation, le monopole Pearson, et directeur associé de Delivery Associates, une firme de consultation qui se décrit comme étant parmi les « chefs mondiaux de stratégies et de mises en oeuvre liées au secteur public ». Selon la biographie de Barber, celui-ci est « une des principales autorités en livraison ayant servi le gouvernement du Royaume-Uni en tant que directeur de l'unité de livraison du premier ministre (de 2001 à 2005) pour l'administration Blair et a depuis oeuvré en livraison ou en éducation dans plus de 50 pays ». Trudeau, Butts et Telford sont, semble-t-il, d'avides lecteurs du récent livre de Barber, « Comment mener un gouvernement sans que les citoyens en sortent perdants et que les contribuables en perdent leur latin ». D'ailleurs, le cabinet doit se réunir avec Barber au début de cette année.(2)

Le Globe and Mail rapporte que ces méthodes placent « de nombreux départements gouvernementaux sous l'oeil vigilant (et parfois sous la férule) de nouvelles organisations qui rendent des comptes directement au premier ministre et qui imposent leur propres objectifs et leurs propres mesures aux rouages du gouvernement. » Ce qui doit être livré, comment et par qui reste directement entre les mains du gouvernement.

Ainsi, si la « théorie de la livraisonlogie » du nouveau gouvernement libéral est un sujet de préoccupation pour les Canadiens, c'est surtout parce que cette méthode va de pair avec la privatisation et la restructuration néolibérale de l'État dans le but de servir les intérêts privés.

Les préoccupations de Mendelsohn pour la restructuration des services publics et leur méthode de livraison nous donnent une idée de ce que sera la mise en oeuvre libérale de la « livraisonlogie ». Mendelsohn est le co-auteur d'une étude publiée en 2011 portant le titre « La viabilité fiscale et la transformation du système de santé au Canada », dans laquelle il explique : « Les gouvernements canadiens doivent d'abord revoir en profondeur comment ils livrent les services publics. Les anciens modèles s'écroulent sous le poids des attentes du public, des intérêts acquis des intervenants et de la capacité fiscale réduite ». L'étude suggère que ces problèmes, qui n'ont rien à voir avec les problèmes des Canadiens cherchant à affirmer leur droit aux soins de santé, aux programmes sociaux et aux services publics, peuvent être évalués et réglés par le biais d' « incitatifs, de gouvernance, de reddition de comptes, de transparence et d'évaluations fondées sur les faits ».

Mendelsohn sonne l'alarme à l'effet que les gouvernements « ne contrôlent plus directement leurs dépenses quotidiennes » qui sont d'abord « déterminées par les salaires et les avantages sociaux encadrés par les conventions collectives ». Les gouvernements ont « si peu de contrôle » sur la situation qu'ils peuvent « difficilement gérer une viabilité fiscale à long terme ». Comme solution au problème, la personne clé de Trudeau en matière de résultats et de livraison suggère entre autres ce qui suit :

« Des conventions collectives plus flexibles permettant aux gestionnaires et aux travailleurs de réagir rapidement aux changements technologiques et aux exigences professionnelles ;

« Des expérimentations en rémunération liées au rendement par le biais d' 'obligations en impacts sociaux' et autres outils ;

« De nouvelles approches aux négociations collectives et aux règles d'arbitrage accordant aux gouvernements la capacité de contrôler les coûts de la main-d'oeuvre ;

« La monétisation des actifs (lorsqu'appropriée) tels les informations, l'immobilier, les sociétés de la Couronne, et d'autres avoirs ». Cependant, le « sentiment d'urgence nécessaire à la réalisation de ce changement fondamental est souvent absent », se plaint l'auteur de l'étude.

Les Canadiens doivent examiner sérieusement ce que veut dire faire de la « livraison » la question et non le plein financement des services qui sont un droit, et une entière protection pour les droits des travailleurs et des professionnels qui dispensent les services. Ces méthodes qui prêtent autant d'importance à la « livraison » et aux « cibles » font partie du facteur antihumain et de l'anticonscience sociale. Leur objectif est d'éliminer totalement le facteur humain de sorte à ce que les droits ne puissent être garantis. Tout indique que les méthodes de « livraisonlogie » du gouvernement Trudeau serviront à masquer la privatisation et à aller à fond de train dans les objectifs antisociaux en ce qui concerne les services publics et les programmes sociaux et dans le démantèlement des syndicats au nom du bien collectif.

Cette approche pragmatique va sûrement mener à une détérioration accélérée des services sociaux au Canada et à des attaques débridées contre le mouvement ouvrier. Les Canadiens doivent rejeter la conception néolibérale voulant qu'une livraison efficace et la défense des droits de tous soient deux entités irréconciliables et que les cibles de livraison ne puissent être atteintes qu'en se débarrassant du facteur humain. C'est loin d'être le cas. Il ne s'agit pas là de solutions progressistes en dépit de l'image qu'elles tentent de projeter. Les solutions progressistes ouvrent les portes au progrès de la société. C'est ce qu'exige la situation aujourd'hui.

Notes

1. Mendelsohn est un ancien sous-ministre ontarien et secrétaire associé du Cabinet (2007-2009), sous-ministre des Affaires intergouvernementales et du Renouveau démocratique (2005-2007) et sous-ministre et directeur du secrétariat du Renouveau démocratique (2004-2005). De 1996 à 1998, il fut conseiller principal des Affaires intergouvernementales pour le Bureau du Conseil privé. Selon la biographie de Mendelsohn du Centre Mowat, il « met de l'avant des politiques fondées sur le factuel, en particulier des idées conçues pour consolider l'Ontario au sein du Canada et pour transformer la livraison des biens publics par les gouvernements ». Mendelsohn recevra un salaire annuel d'entre 221 300 $ et 259 300 $.

Parmi les rôles de Mendelsohn :

- commentateur aux nouvelles télévisées et auteur de lettres d'opinion dans divers médias monopolisés au Canada ;

- président du conseil d'administration du Conseil de la région des Grands Lacs, une organisation parrainée par les gouvernements ontarien et américain ainsi que par Bruce Power, la Banque de Montréal, l'Ontario Power Generation et de nombreuses autres compagnies. Le conseil prône « une collaboration et des partenariats transfrontalières et intersectoriels » dans la région ;

- membre du conseil d'administration de United Way Toronto et région de York ;

- membre du conseil d'administration de CIVIX, « une organisation caritative non partisane et nationale encourageant les habiletés et les habitudes de citoyenneté au sein des jeunes Canadiens » ;

- membre du comité directeur de CivicAction, une organisation « conçue pour relever les défis tels qu'ils se posent à l'avenir social et économique de la région de Toronto » fondée suite au sommet de 2012 des « chefs d'entreprises et des responsables communautaires » ;

- membre du groupe consultatif du Forum des fédérations, fondé en 1999 suite à la première conférence internationale sur le fédéralisme au Mont-Tremblant au Québec ; et

- conseiller pour le Conseil de la fédération, le forum de Banff, la Commission canadienne sur l'avenir de la Santé et Radios rurales internationales.

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Les soins de santé sont un droit!

Joignez-vous aux rassemblements en Ontario contre la privatisation des services de santé!



Rassemblements en Ontario à l'occasion des audiences prébudgétaires

* Toutes les actions ont lieu à midi *

Hamilton
Lundi 18 janvier
Hôtel Sheraton de Hamilton, 116, rue King Ouest
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Windsor
Mardi 19 janvier
Caesar's Windsor, 377, chemin Riverside Est
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Thunder Bay
Mercredi 20 janvier
Valhalla Inn, 1, chemin Valhalla Inn
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Sault Ste. Marie
Jeudi 21 janvier
Delta Sault Ste. Marie Waterfront Hotel, 208, chemin St. Mary's River
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Ottawa
Vendredi 22 janvier
Hôtel Marriott d'Ottawa, 100, rue Kent Nord
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Toronto
Lundi 1er février
Queen's Park, pelouse sud (coin College et avenue University)
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Information : Coalition ontarienne de la santé
416-441-2502, ohc@sympatico.ca

En janvier, les travailleurs tiennent des actions partout en Ontario en dehors de ce que le gouvernement de l'Ontario appelle des « consultations prébudgétaires ». La Coalition ontarienne de la santé appelle tout le monde à s'opposer aux coupures dans les soins de santé et à la privatisation du système de santé de l'Ontario et à faire de ces rassemblements un grand succès.

Une grande question de préoccupation des Canadiens est la détérioration du système de santé. Au moment où la société a donné naissance à des avances gigantesques dans la technologie et les techniques de la santé qui permettent d'envisager des solutions aux sérieux problèmes de santé auxquels nous faisons face, nous sommes confrontés à la privatisation, aux coupures dans le système public de santé et aux attaques contre les travailleurs de la santé. Les gouvernements sont à genoux devant les monopoles pharmaceutiques et les fournisseurs privés de soins qui réclament des fonds publics pour leur profit privé, pas pour les soins de santé pour la population.

En plus, au lieu de s'attaquer à la crise, le gouvernement libéral de l'Ontario vient de créer le bureau de l'Ombudsman des patients pour s'occuper des plaintes. Le 10 décembre, le ministre de la Santé Eric Hoskins a annoncé la nomination de l'ex-députée progressiste-conservatrice Christine Elliott à ce poste, à compter du premier juillet 2016.

Suite à cette nomination,la première ministre de l'Ontario Kathleen Wynne devrait déclencher une élection partielle d'ici le 28 février dans Whitby-Oshawa. En plus des rassemblements qui vont se tenir en dehors des « consultations prébudgétaires », l'élection partielle va donner l'occasion aux travailleurs de l'Ontario d'exprimer leur opposition à la privatisation des soins de santé. Ils peuvent le faire en s'assurant que les libéraux ne prennent pas le siège et que le PC ne le conserve pas. Cela sera aussi une déclaration sans équivoque que les travailleurs s'opposent au programme néolibéral d'austérité qui viole leurs droits.

Tous aux rassemblements en Ontario pour lutter contre la privatisation des soins de santé ! Notre demande : « Les soins de santé sont un droit ! »

Coupures et privatisation dans les soins de santé en Ontario


La Coalition ontarienne de la santé rapporte que le financement pour les hôpitaux en Ontario est maintenant le plus bas de toutes les provinces. Les hôpitaux des communautés locales risquent la fermeture complète, tandis que les départements de maternité, d'urgence et d'autres services sont constamment menacés. Des milliers de postes en milieu hospitalier ont été éliminés. La coalition mentionne aussi que tous les services hospitaliers qui sont coupés sont rapidement repris par des intérêts privés incluant les soins à domicile.

Ces coupures sont effectuées par une diminution des dépenses globales, par exemple une « augmentation » de la croissance des dépenses en santé de 1,2 % en 2015, bien en dessous de l'inflation et de l'augmentation de la population. Dans le cadre de ce financement qui ne permet même pas de maintenir les services actuels, les conseils des hôpitaux et les administrations des établissements de santé coupent des lits, des services et des employés pour équilibrer leurs budgets, ce qui est obligatoire en vertu de la Loi de 2010 sur la responsabilisation du secteur parapublic. L'Association des infirmières de l'Ontario a révélé que plus de 1700 postes d'infirmières ont été coupés partout en Ontario ces trois dernières années.

La plupart des 825 établissements de santé autonomes en Ontario sont détenus et exploités par des entreprises à but lucratif selon un rapport de 2012 du vérificateur général. Une tendance sous le gouvernement libéral de l'Ontario est celle de coupures systématiques dans les services hospitaliers tels que les chirurgies qui sont alors fournies par des cliniques privées à but lucratif. Le gouvernement de l'Ontario a cherché des façons d'augmenter le rôle des établissements de santé autonomes en leur déléguant par exemple une plus grande quantité de chirurgies faites jusque là à l'hôpital. Là où une expansion des hôpitaux a eu lieu, c'est souvent sur la base d'un partenariat public-privé.

Une des caractéristiques principales de la transformation des soins de santé en Ontario est le transfert des soins de santé financés par le public à des autorités privées. Après de nombreux scandales incluant des morts et possiblement de l'équipement contaminé, le gouvernement de l'Ontario a refusé que les soins de santé privés soient placés sous une autorité publique et a affirmé qu'il incombe aux cliniques et aux organismes professionnels de se réglementer. Les dépenses privées représentent maintenant 32 % du total des dépenses en santé de l'Ontario.

Des enquêtes faites par le Toronto Star et d'autres médias ont montré qu'un grand nombre de fournisseurs privés de soins de santé en Ontario ne respectent pas les normes et mettent les patients à risque. Des enquêtes menées par la Coalition ontarienne de la santé ont démontré que plusieurs cliniques imposent régulièrement des frais aux usagers, des frais supplémentaires, des tests non nécessaires et même la double facturation, qui est devenue illégale partout au Canada durant les années 80.

(Ontario Health Coalition, Toronto Star, Defend Public Healthcare)

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Le rôle du nouvel ombudsman des patients en Ontario


Le poste d'ombudsman des patients a été créé en décembre 2014 avec l'adoption du projet de loi 8, Loi de 2014 sur la responsabilisation et la transparence du secteur public et des députés. Le projet de loi 8 ajoutait le poste d'ombudsman des patients à la Loi de 2010 sur l'excellence des soins de santé qui définit la surveillance du système de soins de santé de l'Ontario. On dit que le nouveau rôle a été créé suite à des recommandations du comité d'examen de la Loi de 2004 sur la protection des renseignements sur la qualité des soins qui appelait la province à créer un mécanisme pour enquêter sur les incidents critiques en soins de santé. L'ombudsman des patients n'est pas un fonctionnaire indépendant de l'Assemblée législative mais est nommé par le gouvernement et est considéré un employé de Qualité des services de santé Ontario, nommé par le gouvernement.

L'ombudsman va enquêter sur les plaintes « de patients et d'anciens patients d'un organisme du secteur de la santé, de leurs fournisseurs de soins et de toute autre personne prescrite, et y répondre », faciliter le règlement des plaintes et faire des recommandations. Cependant, nulle part dans la loi créant le poste est-il affirmé que les soins de santé sont un droit et on n'y trouve aucun engagement à soutenir le système de soins de santé public ou la prestation publique des services de soins de santé.

Le premier ombudsman des patients de l'Ontario est Christine Elliott, la députée progressiste-conservatrice au parlement provincial qui a représenté la circonscription de Whitby-Oshawa jusqu'à sa démission le 28 août 2015. Comme députée, elle a été porte-parole de l'opposition en santé et soins de longue durée et pour la réforme sur la santé mentale.

Outre la pratique du droit et son siège à la législature de l'Ontario, Elliot a été membre de plusieurs conseils d'administration d'organismes de bienfaisance, d'OSBL et de fondations dans le secteur de la santé. Elle est la cofondatrice et la directrice d'Abilities Centre, une installation multifonctionnelle à Whitby accessible aux personnes handicapées ; une directrice de la fondation Lakeridge Health Whitby qui sollicite des dons pour de l'équipement pour des centres de santé à Whitby-Oshawa ; et elle était présidente du conseil d'administration de Durham Mental Health Services.

La question la plus sérieuse en ce qui concerne les Ontariens est quelles plaintes et les plaintes de qui seront considérées dignes d'enquête et quels seront les critères ? Est-ce que les plaintes des patients au sujet de la privatisation et du sous-financement du système de santé vont être considérées matière à enquête ou seules le seront les plaintes sur les abus et les souffrances que cela entraîne, ce qui est souvent utilisé pour justifier le statu quo ? Est-ce que l'ombudsman des patients va répondre aux plaintes des travailleurs de la santé au sujet des attaques contre leurs droits, de ce que leur font vivre les coupures et la privatisation et de comment cela met à risque la santé de leurs patients ?

L'objectif pour lequel la position d'ombudsman est créé mérite la plus grande attention. L'histoire du gouvernement libéral de l'Ontario à ce sujet est très mauvaise. Un bon exemple en est la nomination d'Elizabeth Witmer, une autre députée progressiste-conservatrice, à la tête de la Commission de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents du travail pour faire en sorte que les réclamations des travailleurs à une compensation soient systématiquement supprimées. Les libéraux ontariens ont trouvé en elle une candidate toute disposée à réduire encore plus le régime de compensation à un régime d'assurance dont l'objectif principal est de priver les travailleurs accidentés de leurs prestations. Face à ce nouveau geste du gouvernement de l'Ontario, les travailleurs doivent s'assurer d'intervenir d'une manière qui sert leurs intérêts.

Toute cette affaire a l'air d'une attaque contre le système de santé public et le droit à des soins de santé. Alors que le sous-financement et la restructuration aggravent la crise du système public de santé, est-ce que l'intention est d'utiliser le bureau de l'ombudsman des patients pour faire place à encore plus de privatisation et d'utilisation des fonds publics au service des monopoles privés de la santé sous prétexte de « livrer » les services de santé de manière plus efficace ? Voilà la question. Si la réponse est oui, alors il faut s'y opposer.

Joignons-nous aux rassemblements organisés en janvier et février par la Coalition ontarienne de la santé pour faire échec à la privatisation et demander que le droit à des soins de santé soit garanti ! Exigeons une livraison publique des services de même que des effectifs adéquats et l'affirmation des droits des travailleurs de la santé et non des définitions intéressées de ce qui est nécessaire médicalement et des énoncés de politique creux sur les soins de santé.

Les fonctions et les pouvoirs de l'ombudsman des patients

La Loi de 2010 sur l'excellence des soins de santé définit les fonctions de l'Ombudsman des patients de l'Ontario de la manière suivante :

« a) recevoir les plaintes de patients et d'anciens patients d'un organisme du secteur de la santé, de leurs fournisseurs de soins et de toute autre personne prescrite, et y répondre ;

« b) faciliter le règlement des plaintes de patients et d'anciens patients d'un organisme du secteur de la santé, de leurs fournisseurs de soins et de toute autre personne prescrite ;

« c) enquêter sur les plaintes de patients et d'anciens patients d'un organisme du secteur de la santé, de leurs fournisseurs de soins et de toute autre personne prescrite et, de son propre chef, enquêter sur cet organisme ;

« d) faire des recommandations aux organismes du secteur de la santé au terme des enquêtes ;

« e) exercer les autres fonctions que prévoient les règlements. 2014, chap. 13, annexe 5, art. 4.

L'ombudsman des patients doit recevoir les plaintes de patients, enquêter sur la question et la cause, ainsi que tenter de résoudre la plainte avec le fournisseur de services de santé qui est dans la plupart des cas un réseau local d'intégration de santé. L'ombudsman a le pouvoir discrétionnaire d'enquêter ou de prendre des mesures sur une plainte.

La définition d'un patient ou d'un ancien patient sous la loi est :

« a) un patient ou un ancien patient d'un hôpital ;

« b) un résident ou un ancien résident d'un foyer de soins de longue durée ;

« c) un client ou un ancien client d'une société d'accès aux soins communautaires ;

« d) tout autre particulier prévu dans les règlements ;

« e) relativement à un particulier mentionné à l'alinéa a), b), c) ou d) qui est ou était incapable à l'égard d'un traitement ou d'une autre question, la personne autorisée à donner son consentement au traitement ou en ce qui concerne l'autre question au nom du patient ou de l'ancien patient conformément à la Loi de 1996 sur le consentement aux soins de santé. 2014, chap. 13, annexe 5, art. 4. »

La législation ne donne pas de définition de « fournisseur de soins ».

L'ombudsman peut aussi ouvrir une enquête de son propre chef sur les actions ou l'inaction d'une ou plusieurs organisations du secteur de la santé « s'il croit qu'il y a matière à enquêter ».

L'ombudsman a aussi le pouvoir d'interroger sous serment quiconque a déposé une plainte ou « un dirigeant, un employé, un administrateur, un actionnaire ou un membre d'un organisme du secteur de la santé, ou toute autre personne qui fournit des services par l'intermédiaire ou au nom de cet organisme ». Ses pouvoirs lui permettent même de pénétrer dans les locaux d'un organisme du secteur de la santé avec un mandat de la cour.

Le Toronto Star indique que c'est « un poste à 220 000 $ par année ».

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Le besoin urgent que le Canada établisse des relations justes
avec les peuples autochtones

Un appel à une enquête publique qui tarde à venir sur la plus grande opération paramilitaire canadienne, celle de Ts'Peten (Gustafsen Lake)


Photo provenant de Ts'Peten, 1995, avec au centre de la photo, Wolverine.

Le 30 décembre, Wolverine, de la nation Secwepemc, a écrit une lettre au premier ministre Justin Trudeau réitérant la demande d'une enquête publique sur l'agression brutale de la GRC et des forces armées canadiennes sur les terres sacrées Sundance à Ts'Peten.


Véhicule blindé Bison fourni par l'armée canadienne et utilisé par la GRC à Ts'Peten 

L'assaut, la plus grande opération paramilitaire jamais réalisée au Canada, a été mené en 1995 sous le gouvernement libéral du premier ministre Jean Chrétien. La GRC et l'armée canadienne ont utilisé une force écrasante contre les défenseurs de Ts'Peten. Dans une note de la police écrite par le surintendant de la GRC Murray Johnston, on pouvait lire : « Il y a 6 purs et durs dans le camp QUE NOUS ALLONS DEVOIR TUER. »

Depuis vingt ans, les défenseurs de Ts'Peten réclament une enquête nationale publique. De Gustafsen à Kanesatake jusqu'à Elsipogtog, la violence de l'État a été déclenchée contre les peuples autochtones affirmant leur droit inhérent de protéger leurs terres. « Nous ne pouvons plus avoir peur, le temps est venu de tenir cette enquête à Gustafsen Lake et de laisser savoir aux gens ce qui nous est arrivé et continue de nous arriver », a déclaré Wolverine lorsque la lettre a été rendue publique le 4 janvier. Le texte de la lettre est publié ci-dessous.

***

Le très honorable Justin Trudeau
Cabinet du premier ministre
80 rue Wellington
Ottawa, ON K1A 0A2

L'honorable Jody Wilson
Chambre des communes
Ottawa, ON K1A 0A6

Le 30 décembre 2015

Cher monsieur Trudeau,


Wolverine

Mon nom est Wolverine. Je suis aussi connu comme William Jones Ignace. Je suis âgé de 83 ans, père, grand-père et arrière grand-père, et un aîné de la nation Secwepemc dans ce qu'on appelle la Colombie-Britannique. Je suis un agriculteur. L'été dernier, j'ai cultivé 8 acres d'aliments biologiques pour nourrir le peuple de ma nation et d'autres nations. Depuis longtemps, je suis un défenseur de la compétence inhérente des peuples autochtones à gérer notre territoire traditionnel.

Aujourd'hui, je vous écris pour vous demander de mettre sur pied une enquête publique fédérale sur les événements de 1995 entourant l'affrontement de plus d'un mois à Ts'Peten (Gustafsen Lake), en Colombie-Britannique, un événement qui a jeté une ombre funeste sur les relations entre le gouvernement du Canada et les nations autochtones et qui, à ce jour, n'a pas fait l'objet d'une enquête adéquate.

En 1995, après une longue histoire de tentatives pacifiques d'obtenir le respect de la souveraineté Secwepemc, le peuple autochtone de la nation Secwepemc et leurs partisans ont pris position sur les terres sacrées de Sundance à Ts'Peten, alias Gustafsen Lake. L'incident a commencé après qu'un éleveur blanc de bétail local, James Lyle, ait commencé à exiger que le campement sacré Secwepemc Sundance quitte la terre dont il revendiquait la propriété. Environ 24 Sundancers ont installé un campement pour défendre Ts'Peten. Je faisais partie de ces gens.

À partir d'août 1995, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a entouré les défenseurs de Ts'Peten. Au cours du mois suivant, la police, les politiciens et les médias ont aggravé la situation en transformant le siège en l'opération militaire la plus chère et la plus grande de l'histoire du Canada : des véhicules blindés de transport de troupes, des mitrailleuses de calibre .50, des mines terrestres et une étonnante quantité de 77 000 cartouches de munitions ont été utilisées contre les défenseurs de la terre. Au cours de la confrontation, la GRC a tiré sur des gens désarmés et des gens dans les zones désignées libres de tir. Le surintendant de la GRC Murray Johnston a exprimé la conviction que l'impasse serait résolue en « exigeant la mise à mort » des défenseurs, y compris moi-même. Bien que cela ne se soit pas matérialisé, les actions injustes et violentes menées contre le peuple Secwepemc durant le siège sont toujours aussi vives dans nos mémoires.

Malgré les vingt années qui se sont écoulées depuis la confrontation à Ts'Peten, les questions fondamentales qui se sont bousculées avec une telle force demeurent à l'avant-plan dans le coeur et l'esprit des peuples autochtones. C'est la question de notre droit à l'autodétermination, à l'autonomie et à la protection contre la dépossession de nos terres et territoires. Selon la Proclamation royale de 1763, les titres aborigènes sur les terres existent intrinsèquement et continueront d'exister jusqu'à ce qu'ils soient cédés par traité à la Couronne. Les terres sur lesquelles l'affrontement a eu lieu à Ts'Peten sont et demeurent à ce jour, des territoires non cédés. La nation Secwepemc n'a jamais cédé le contrôle des terres à Ts'Peten au gouvernement canadien par traité ou autrement et la terre ne peut donc pas avoir été vendue aux colons par les gouvernements canadiens ou britanno-colombiens. L'utilisation des forces paramilitaires canadiennes contre le peuple de la nation Secwepemc qui affirme son titre et sa compétence intrinsèque sur son propre territoire est donc une abrogation grave de la relation de nation à nation entre le gouvernement canadien et la nation Secwepemc.


Rassemblement pour marquer le 20e anniversaire de la défense de Ts'Peten par les défenseurs de leurs terres et de leurs droits.

Cette abrogation n'a pas encore fait l'objet d'enquêtes et reste l'une des plus grandes taches sur les relations entre les nations autochtones et l'État canadien. Une enquête publique fédérale sur les actions de la GRC, du gouvernement canadien et du gouvernement provincial de la Colombie-Britannique tarde toujours à venir.

Ces derniers mois, M. Trudeau, vous avez appelé à une relation renouvelée de nation à nation avec les nations autochtones, promettant une nouvelle ère de reconnaissance, de droits, de respect, de coopération et de partenariat, reposant sur les principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Selon cette déclaration, les peuples autochtones ont le droit en toute sécurité de ne pas être enlevés de force de leurs terres et territoires. Même maintenant, l'extraction agressive des ressources et la destruction inévitable qu'elle entraîne régulièrement sur les terres autochtones ont lieu sans le consentement des peuples autochtones. Des terres indigènes qui, selon les accords mêmes qui ont fondé le pays qu'est le Canada, ne font pas partie du Canada et ne peuvent donc être données sans le consentement libre, préalable et éclairé des peuples autochtones qui habitent ces terres et n'ont jamais renoncé à leurs droits. Afin de bâtir cette relation de nation à nation, les peuples autochtones doivent savoir qu'ils peuvent continuer à poursuivre le processus pacifique de protéger leur souveraineté, sans que la menace de la violence sanctionnée par l'État ne soit utilisée contre eux. L'utilisation de l'intimidation et de la force par la police et la GRC comme méthode pour régler les revendications territoriales en faveur des gouvernements nationaux et provinciaux du Canada est l'antithèse de la création d'un partenariat sain et juste entre les nations. Si les peuples autochtones se voient empêcher de faire valoir leurs droits à la souveraineté, une véritable réconciliation ne peut pas avoir lieu.

Le temps est venu d'honorer votre engagement envers les peuples autochtones et d'une réconciliation entre nos nations. Une enquête sur l'affrontement de Ts'Peten démontrerait que le gouvernement canadien est vraiment engagé dans une nouvelle ère de respect, de relations de nation à nation, dans laquelle les torts du passé sont bien compris et reconnus, assurant que les menaces, l'intimidation, la diffamation et la force ne soient plus jamais utilisées contre les peuples autochtones au Canada.

Respectueusement,

Wolverine, William Jones Ignace

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Le Japon doit rendre des comptes pour ses crimes de guerre

Les «femmes de réconfort» rejettent avec mépris l'accord bilatéral entre la Corée du sud et le Japon


Manifestation contre l'accord secret devant l'ambassade du Japon à Séoul, le 8 janvier 2016. À la gauche des manifestants se trouve le monument pour la paix, érigé à la mémoire de toutes celles asservies par le Japon comme « femmes de réconfort ».

À la fin de décembre 2015, un accord bilatéral entre le gouvernement Shinzo Abe du Japon et le gouvernement Park Geun-hye de la Corée du sud a été conclu visant soi-disant à garantir justice pour « les femmes de réconfort » asservies de 1932 à 1945 par les impérialistes japonais en Corée. Cet accord a été négocié en secret sous l'égide des États-Unis, à l'exclusion des femmes-mêmes qui ont été les victimes et au mépris de leurs demandes de restitution, qui ont été la norme pour que justice soit faite face à ces crimes graves. En outre, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) n'a pas été invitée aux négociations, même si ces crimes ont été commis avant la partition de la Corée et s'il y a des « femmes de réconfort » survivantes qui y vivent aussi.

« En une nuit, le gouvernement sud-coréen a effacé tout le progrès que les victimes et des groupes civiques avaient fait au cours des 25 dernières années en vue de régler la question des femmes de réconfort », a déclaré Yoon Mee-Hyang, coreprésentante du Conseil coréen pour les femmes recrutées pour l'esclavage sexuel militaire par le Japon (Jeongdaehyeop).

« Nous allons dire aux peuples du monde que le règlement ne reflète pas la volonté des anciennes femmes de réconfort et nous allons également examiner les options juridiques pour invalider le règlement », a déclaré Yoon au journal sud-coréen Hankyoreh le 29 décembre.

Yoon n'a pas hésité à rappeler que Jeongdaehyeop et les anciennes femmes de réconfort n'ont pas été informées de quelque façon que ce soit de ce qui a été discuté durant les négociations.

« Nous étions encouragées par le fait que le gouvernement sud-coréen avait effectué 10 rondes de pourparlers de haut niveau avec les Japonais et nous espérions que le gouvernement ait compris le point de vue des anciennes femmes de réconfort. J'ai été naïve de faire confiance au gouvernement », a-t-elle déclaré. Elle a ajouté : « Nos organisations partenaires à l'extérieur du pays nous envoient des messages de félicitations, pensant à tort que les anciennes femmes de réconfort ont convenu de l'accord. Nous allons les informer que ce règlement a été fait sans le consentement des anciennes femmes de réconfort et sans aucune reconnaissance de responsabilité juridique, et nous allons procéder à un examen juridique pour savoir si l'accord peut être annulé. »

L'accord bilatéral qui, selon le gouvernement Abe, sera le dernier mot dans cette affaire, fera que le gouvernement japonais payera une maigre somme de 1 milliard de yens, soit 8,3 millions $US pour « le prix du silence » des 46 survivantes en Corée du sud, offrira des excuses pour la forme et s'attendra à ce que la question soit réglée. En outre, le gouvernement japonais a également demandé que la statue d'une jeune femme symbolisant la lutte des « femmes de réconfort » pour la justice soit retirée devant l'ambassade du Japon à Séoul.

On estime que jusqu'à 400 000 femmes et filles ont été enlevées par l'armée japonaise entre 1932 et la fin de la Deuxième Guerre mondiale en 1945 pour servir d'esclaves sexuelles pour les armées d'occupation japonaises en Chine, en Corée, aux Philippines, en Indonésie, en Malaisie, au Myanmar et dans d'autres pays. L'accord, sans l'apport des victimes de cette violence et de cette terreur, a été rejeté avec mépris par les victimes survivantes en Corée du sud comme une imposture, une fraude et une insulte au nombre de plus en plus petit de femmes âgées qui tentent d'obtenir la reconnaissance, la justice et un dédommagement du Japon pour les actes de terreur et de violence perpétrés contre elles et leurs familles. On rapporte que 40 % des femmes et des filles qui ont été réduites à l'esclavage par l'armée impériale japonaise sont mortes ou se sont suicidées - un taux de mortalité beaucoup plus élevé qu'au combat au front. Depuis le temps que cette question a été mise sur la sellette, il y a eu un effort concerté par les victimes dans tous les pays occupés par les Japonais pour réclamer justice.

À Tokyo le 6 janvier, une manifestation a eu lieu devant le ministère japonais des Affaires étrangères pour exiger le rejet de l'accord. Les manifestantes ont scandé « Nous sommes contre l'accord bilatéral ! Cessez de porter atteinte à la dignité des survivantes ! ». Elles ont appelé à l'abrogation de l'accord, réitérant leurs demandes originales :

- une pleine reconnaissance de l'esclavage sexuel militaire mis en place par les forces armées impériales du Japon de 1932 à 1945 ;

- une enquête approfondie et complète pour faire la chronologie de la pleine portée du crime ;

- des excuses officielles formelles de l'Assemblée nationale (Diète) du Japon ;

- un dédommagement juridique complet à toutes les victimes ;

- une formation éducationnelle entière et continue ;

- la construction de monuments pour commémorer les victimes et préserver l'histoire de l'esclavage sexuel par l'armée japonaise ; et

- la poursuite des criminels responsables des crimes.

Des manifestations ont également eu lieu à Séoul, Toronto, New York, Londres, Paris et d'autres villes. À Manille, aux Philippines, où plus de 1000 Philippines ont été forcées entre 1942 et 1945 de servir d'esclaves sexuelles à l'armée japonaise, un groupe de survivantes a organisé une manifestation pour dénoncer le Japon et la Corée du sud et s'opposer au gouvernement militariste Abe. Il exige que le gouvernement Aquino des Philippines défende leur cause pour que justice soit faite au lieu de se mettre à plat ventre devant les gouvernements américain et japonais dans le cadre de l'alliance militaire contre la Chine.


Manifestation à Manille contre l'accord secret, le 6 janvier 2016

L'illégitimité et les motifs ultérieurs de l'accord

La RPDC a souligné l'illégitimité de l'accord dans un article du Rodong Sinmun, l'organe du Parti des travailleurs de Corée, paru le 2 janvier : « Le récent accord pour camoufler les actes horribles d'esclavage sexuel commis par le Japon en échange 'd'excuses' factices et quelques centimes ne peut jamais être toléré car il est un produit de la négociation politique au mépris de la justice internationale et des justes revendications des victimes.

« Ce qui est remarquable est que les États-Unis ont envoyé leurs 'félicitations' et vanté leur 'soutien à la mise en oeuvre globale' du récent accord. Les États-Unis ont incité la Corée du sud à 'obtenir' l'accord sur 'la question des filles de réconfort pour l'armée impériale japonaise' afin de garder le Japon et la Corée du sud dans une alliance trilatérale pour l'agression [...]

« La criminalité liée à l'esclavage sexuel par l'armée impériale japonaise est ni un problème qui peut être réglé avec l'aide ou le contrôle ou la médiation d'un pays donné, ni un problème qui peut être réglé en amadouant l'idiot [gouvernement sud-coréen] avec quelques sous.

« La criminalité liée à l'esclavage sexuel commis par le Japon contre les femmes de divers pays du monde, y compris 200 000 Coréennes, est un crime international odieux contre l'humanité et les victimes sont aussi en Asie et en Europe, non seulement dans le nord et le sud de la Corée.

« Les victimes ont toujours exigé que le gouvernement agresseur japonais reconnaisse sa responsabilité étatique, juridique et morale, offre un dédommagement et des excuses sincères et prenne des mesures [immédiates] pour le rétablissement de l'honneur des victimes et pour prévenir la récurrence de crimes similaires. La question ne peut jamais être résolue à moins que cette demande soit satisfaite.

« Le Japon doit reconnaître sa responsabilité étatique et juridique pour les crimes de guerre et autres crimes odieux contre l'humanité, y compris les crimes liés à l'esclavage sexuel de l'armée impériale japonaise, présenter des excuses explicites et dédommager sans équivoque toutes les victimes. »

Dans son éditorial du 30 décembre, le Hankyoreh présente les principales objections à l'accord qui sont soulevées par les femmes de réconfort et leurs supporteurs :

« Tous ceux et celles qui ont essayé d'obtenir justice historique pour les anciennes femmes de réconfort sont furieux alors que ceux qui voulaient couvrir l'affaire sont tout sourire. C'est le résultat du 'règlement final' de la question des femmes de réconfort, les femmes qui ont été forcées de servir d'esclaves sexuelles pour l'Armée impériale japonaise, un accord auquel sont arrivés les gouvernements de Corée du sud et du Japon le 28 décembre. Bien que cet accord constitue un geste diplomatique humiliant comparable au traité conclu entre la Corée et le Japon qui a restauré les relations diplomatiques avec le Japon en 1965, le gouvernement sud-coréen ne connaît pas la honte.

« Depuis le moment où le problème des femmes de réconfort a été soulevé pour la première fois, la clé de la solution a été que le gouvernement japonais reconnaisse sa responsabilité juridique. Mais le gouvernement sud-coréen l'a dispensé de le faire.

« Alors que le gouvernement se vante que le premier ministre japonais Shinzo Abe a reconnu sa 'responsabilité' pour la première fois, celui-ci a tout de suite tenu à dire qu'il ne s'agissait pas de 'responsabilité juridique'. Il y a tout un monde de différence qui sépare simple responsabilité et responsabilité juridique.

« Si le Japon assumait sa responsabilité juridique, il devrait reconnaître qu'il a commis des crimes de guerre dans le passé et prendre les mesures qui s'imposent. Cela comprendrait une enquête approfondie, la poursuite en justice des parties qui se sont rendues coupables, une présentation d'excuses claire reposant sur les faits, la compensation des victimes, la divulgation de la documentation pertinente, la discussion de la question dans les manuels et des projets commémoratifs qui auraient comme objectif d'éviter que ces crimes ne se répètent.

« Rien de tout cela n'apparaît dans le règlement. La seule chose qui est exigée du Japon est de verser un milliard de yens (8,30 millions $US) à une fondation que le gouvernement de Corée du sud va mettre sur pied pour les femmes de réconfort. Il ne s'agit même pas de réparations mais d'aide financière. En fait, ce sont des indulgences que le gouvernement sud-coréen est en train de vendre au Japon pour la rémission de ses péchés.

« La déclaration à l'effet qu'il s'agit d'un 'règlement final et irréversible' est encore plus troublante. Le gouvernement est en train de se réduire lui-même au silence.

« Le dossier n'est jamais fermé quand il s'agit de crimes historiques. [...]

« En principe, la partie qui a perpétré les crimes doit garder la tête baissée jusqu'à ce que la victime soit satisfaite.

« La déclaration au sujet d'un 'règlement final et irréversible' de la question des femmes de réconfort est un papier collé de la 'résolution complète et finale' de toutes les réclamations en dommages liées à la colonisation de la Corée du sud par le Japon qu'on peut lire dans le traité de 1965. Pendant plusieurs années, ce traité s'est avéré un obstacle aux efforts des Coréens qui avaient été forcés de travailler comme main-d'oeuvre conscrite sous l'empire japonais pour obtenir une compensation pour leur travail.

« Maintenant, les Japonais promettent même de surveiller la Corée du sud de près pour voir si elle respecte sa parole. Cet accord a permis à l'auteur du crime de s'en prendre à la victime. »


Manifestation à New York le 6 janvier 2016 contre l'accord conclu
entre le Japon et la Corée du sud

En plus d'exonérer le Japon de ses crimes de guerre, cet accord malvenu vise à renforcer l'alliance militaire entre le Japon et la Corée du sud qui fait partie de la mobilisation militaire dirigée par les États-Unis ( « le Pivot vers l'Asie ») qui vise au changement de régime en RPDC et au confinement de la Chine. Le Hankyoreh écrit ceci à ce sujet :

« Depuis l'annonce de l'accord, les représentants des gouvernements japonais et américain ont appelé ouvertement à l'intensification de la coopération de sécurité entre la Corée du sud, les États-Unis et le Japon. Les États-Unis ne cachent pas leur espoir de voir l'accord ajouter du momentum à leur politique de recentrage vers l'Asie par laquelle ils visent la Chine. On croit en plusieurs milieux que l'influence américaine a joué un rôle majeur dans la signature de l'accord.

« L'an dernier, la Corée du sud a été le plus grand importateur mondial d'armes, dont la grande majorité étaient de fabrication américaine. Comme la Corée du sud est engagée dans une relation de sécurité et de coopération avec les États-Unis et le Japon, elle perd du terrain sur la question des femmes de réconfort et d'autres questions historiques importantes et elle doit porter un fardeau financier et politique toujours plus grand. »

La Chine, qui a souffert de crimes graves commis contre elle par les impérialistes japonais, a elle aussi soulevé des objections dans une série d'éditoriaux. « Il est regrettable que l'accord soit moins le résultat d'un acte de contrition volontaire de la part du Japon qu'une décision politique influencée par la pression exercée par les États-Unis », écrit Xinhua, l'agence de nouvelles officielle de la Chine.

Le quotidien chinois de langue anglaise Global Times écrit que « l'accord sur les femmes de réconfort ne signifie pas que la société sud-coréenne appuie l'attitude du gouvernement japonais sur l'histoire et il ne change en rien la légitimité de la demande de la Chine que le Japon doit se pencher sur son histoire d'agression ».

Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué le 28 décembre qu'il va continuer de demander au Japon de démontrer du remords pour son passé peu importe l'accord qui vient d'être conclu entre la Corée et le Japon. « La position de la Chine demeure que le Japon doit faire face franchement à son histoire d'agression et prendre les mesures nécessaires et responsables sur les différentes questions qui y sont reliées », lit-on dans le communiqué du ministère.

Le refus du Japon de rendre des comptes de ses crimes de guerre du passé est encore plus inquiétant compte tenu des nouvelles lois de sécurité qu'il a adoptées en 2015 amendant la constitution de façon à permettre au Japon d'envoyer ses troupes à l'étranger à des fins agressives. Ces lois ont été présentées dans le cadre de l'accord militaire renouvelé récemment entre les États-Unis et le Japon et de son concept frauduleux d'« autodéfense collective » qui est aussi utilisé par l'alliance agressive de l'OTAN dirigée par les États-Unis pour justifier ses guerres illégales.

(Sources : Xinhua, Hankyoreh, www.4thmedia.com, Japan Times, Counterpunch. Photos : Xinhua, Hankyoreh)

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Déclaration officielle au sujet de l'accord sur l'esclavage sexuel militaire («les femmes de réconfort»)


Manifestation devant l'ambassade japonaise à Séoul le 30 décembre 2015, une des actions régulières du mercredi qui rejettent l'accord Corée-Japon et demandent justice pour les « femmes de réconfort »

La rencontre d'aujourd'hui, [28 décembre 2015], entre les ministres des Affaires étrangères de Corée du sud et du Japon, s'est conclue par un Accord sur la résolution de la question de l'esclavage sexuel militaire. Les survivantes du système des « femmes de réconfort » et les citoyens de la Corée espéraient sincèrement que la rencontre produise une juste résolution de la question, en cette année du 70e anniversaire de l'indépendance de la Corée.

L'accord spécifie que : premièrement, le gouvernement japonais ressent sa responsabilité pour l'esclavage sexuel militaire ; deuxièmement, le premier ministre Abe présente ses excuses en tant que représentant du gouvernement japonais ; troisièmement, le gouvernement coréen met sur pied une fondation qui sera financée par le gouvernement japonais et dont les deux gouvernements vont gérer les initiatives en coopération.

Bien que le gouvernement japonais ait déclaré « ressentir sa responsabilité », le texte de l'accord ne reconnaît pas que le gouvernement colonial et ses forces militaires ont commis un crime systématique. Le gouvernement n'a pas seulement participé à ces activités criminelles et illégales, il les a activement initiées. En plus, la présentation des excuses n'a pas été faite directement par le premier ministre en tant que représentant officiel du gouvernement mais a été lue par un représentant diplomatique, et on n'y dit pas clairement à qui les excuses sont présentées. Il est donc difficile de croire qu'il s'agit d'une présentation d'excuses sincère.

En plus, l'annonce mentionne que c'est le gouvernement coréen qui va avoir la responsabilité de mettre sur pied la fondation, alors que le gouvernement japonais devrait s'engager activement dans les initiatives qui vont suivre la mise sur pied, notamment en reconnaissant sa responsabilité criminelle et son devoir de réparations juridiques. Il semble que le Japon va remettre ses responsabilités futures au gouvernement du pays des victimes une fois qu'il aura versé son argent. Il est également frappant que l'accord ne dise rien au sujet d'initiatives préventives comme la recherche de la vérité et l'éducation sur l'histoire.

L'attitude du gouvernement coréen face à cet accord, qui est vague et incomplet, est plutôt choquante. Le gouvernement a lui aussi déclaré que cet Accord constitue un « règlement final et irréversible » de la question, en autant que le gouvernement japonais s'engage à faire preuve de diligence raisonnable dans l'avenir. Pendant ce temps, le gouvernement coréen a promis de chercher une résolution à la question du Monument pour la paix, qui est situé devant l'ambassade japonaise à Séoul, afin de préserver la dignité de l'ambassade et il a promis de limiter ses critiques envers le gouvernement japonais à l'échelle internationale. C'est une humiliation diplomatique.

Le gouvernement coréen a accepté la condition absurde qu'a posée le gouvernement japonais à l'accord, à l'effet que le Monument pour la paix doit être enlevé. En plus, l'attitude du gouvernement coréen qui a déclaré qu'il ne mentionnera plus la question de l'esclavage sexuel militaire dans l'avenir est honteuse et décevante.

Le Monument pour la paix ne peut être une condition à quelque accord ou un moyen d'y parvenir. C'est un monument public et un symbole historique qui représente l'esprit pacifique des manifestations du mercredi que les survivantes et les citoyens ont maintenant tenues plus de mille mercredis. Le gouvernement coréen n'a pas le droit de mentionner quoi que ce soit au sujet de l'enlèvement ou du déplacement du monument. Alors que les survivantes et la société civile ne peuvent pas accepter cet accord, les gouvernements ne peuvent pas mettre de l'avant leur propre ordre du jour. Un tel acte d'usurpation ne fait qu'ajouter encore plus à la douleur des victimes.

Pendant toutes ces années, les survivantes de même que les organisations de la société civile et les citoyens qui les appuient ont demandé au gouvernement japonais de reconnaître de façon claire ses responsabilités nationales et juridiques et de s'engager à agir avec diligence pour aider les survivantes à regagner leur dignité et leurs droits et prévenir toute tragédie semblable dans l'avenir. Cependant, l'accord d'aujourd'hui n'est qu'une collusion diplomatique qui trahit les demandes exprimées par tous.

La question de l'esclavage sexuel militaire doit être résolue si l'on veut créer l'amitié et la paix véritables entre le Japon et la Corée au moment où il y a encore beaucoup de survivantes qui sont en vie. On ne peut pas cependant précipiter les choses au détriment des principes et du sens commun.

En 2012, la 12e Conférence de solidarité de l'Asie pour la résolution de la question de l'esclavage sexuel militaire par le Japon a adopté des recommandations demandant au gouvernement japonais d'assumer ses responsabilités gouvernementales et juridiques. Dans le but de faire de cet engagement une réalité, le Conseil coréen va continuer à travailler sans relâche avec les survivantes et la société civile au pays et à l'échelle internationale.


Manifestation pour demander justice pour les « femmes de réconfort » le 6 janvier 2016 devant un monument à Toronto qui est une réplique du Monument à la paix de Séoul en Corée du sud.

(28 décembre 2015. Traduction : LML. Photos : Xinhua, duggaduggug, F. Saptel.)

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Chantage nucléaire des États-Unis

Les impérialistes imposent l'irrationalité
et la guerre à la Corée et au monde

L'hystérie anticommuniste anglo-américaine qui a déferlé au sujet de l'annonce faite par la République populaire démocratique de Corée le 6 janvier à l'effet qu'elle a réussi un essai de bombe à hydrogène vise à couvrir les crimes qui sont commis par le système d'États anglo-américain dans le monde contre les autres pays, en violation de leur droit d'être.

De quels mécanismes la RPDC dispose-t-elle pour se défendre contre les menaces des impérialistes américains, du Japon et d'autres puissances ? Les nations plus petites sont sujettes aux caprices et aux machinations des grandes puissances au Conseil de sécurité de l'ONU. À cet égard, les États-Unis et leurs alliés sont en train une fois de plus de manipuler la question des droits humains pour s'absoudre de leurs crimes et tenter d'isoler les pays qui prennent une position indépendante. Si l'ONU et les autres institutions qui ont été mises sur pied pour prévenir les menaces d'agression ne fonctionnent pas, comment peut-on reprocher aux victimes de vouloir se défendre par elles-mêmes ?

Si la course aux armements nucléaires existe, c'est d'abord à cause du développement irrationnel et de l'utilisation criminelle d'armes nucléaires par les impérialistes américains au moyen desquels ils cherchent à « prévaloir » dans tout conflit qu'ils créent, au risque d'anéantir l'humanité tout entière. Les crimes innommables commis contre Hiroshima et Nagasaki au moyen de bombes nucléaires l'ont été pour établir l'hégémonie des États-Unis dans les affaires mondiales à la conclusion de la Deuxième Guerre mondiale. Les impérialistes américains ont adopté la doctrine de la loi du plus fort en opposition directe au verdict sorti de la Deuxième Guerre mondiale, soit la demande des peuples d'une paix qui repose sur la justice et l'établissement des Nations unies sur la base des principes que tous les pays sont souverains et égaux et que la force, ou la menace de la force, ne peut pas être utilisée pour régler les problèmes qui surgissent entre les nations et les peuples. La rivalité entre les grandes puissances a mené à la prolifération des armes nucléaires.

Pendant ce temps, la sérieuse menace d'annihilation nucléaire par les États-Unis a poussé des pays comme la RPDC à se doter d'armes nucléaires comme force de dissuasion. C'est un fait historique que les États-Unis ont menacé de faire usage de la bombe atomique pour mettre fin à la Guerre de Corée lorsqu'ils se sont vus acculés à la défaite aux mains de la RPDC. Les États-Unis continuent d'exercer un chantage nucléaire en menaçant la RPDC d'une frappe nucléaire préventive. La RPDC ne peut pas ne pas tenir compte de ces menaces à sa souveraineté et à son indépendance de même qu'à la sécurité de toute la péninsule coréenne. Elle a dit à plusieurs reprises et réitéré le 6 janvier que sa force de « dissuasion » nucléaire vise à garantir sa sécurité et sa stabilité afin de permettre à ses citoyens de vaquer en paix à leur vie quotidienne.

À moins de saisir le rôle clé que jouent les impérialistes américains et les grandes puissances dans la prolifération des armes nucléaires, les peuples vont être victimes de toute sorte de désinformation.

La fabrication et le test d'armes nucléaires et la prolifération des armes nucléaires sont une grande préoccupation de l'humanité mais on ne peut pas accepter qu'une seule petite nation indépendante qui défend son droit d'être soit mise sur la sellette. Il faut placer l'essai de la bombe à hydrogène de la RPDC dans le contexte du refus entêté des États-Unis de mettre fin à leur politique hostile envers la RPDC, et notamment de signer un traité de paix avec la RPDC pour mettre fin à la Guerre de Corée. Cette politique hostile comprend les exercices de guerre annuels États-Unis-Corée du sud-Japon qui se poursuivent toujours et qui ont pour but d'envahir la RPDC et de renverser son gouvernement. En fait aussi partie la concentration accrue de forces militaires américaines dans la Mer de Chine méridionale et autour de la péninsule coréenne qui sont armées de missiles nucléaires et d'autres armes de destruction massive et menacent la RPDC et la Chine dans le cadre du « Pivot vers l'Asie » de l'administration Obama.

Dans sa déclaration du 6 janvier, le gouvernement de la RPDC mentionne que le test de la bombe à hydrogène « est une mesure d'autodéfense que la RPDC a prise pour protéger fermement sa souveraineté... de la menace et du chantage nucléaires toujours plus grands de la part des forces hostiles dirigées par les États-Unis et pour sauvegarder de façon fiable la paix dans la péninsule coréenne [...].

La déclaration mentionne aussi que la RPDC « est un État sincèrement épris de paix qui a fait tous les efforts pour protéger la paix dans la péninsule coréenne » et qui n'utilisera pas ses armes nucléaires pour commettre une agression contre un autre pays, mais ne suspendra pas non plus son programme d'armement nucléaire à moins que « les États-Unis ne renoncent à leur politique hostile virulente » contre elle.

Une question qu'il faut se poser est pourquoi les États-Unis ont-ils saboté tous les efforts de pourparlers de paix et ont plutôt créé une atmosphère si tendue et hostile que la RPDC a été forcée de recourir à des mesures aussi drastiques pour se défendre ?

On doit aussi garder à l'esprit que les cinq membres originels du Traité de non-prolifération nucléaire de 1968 (TNP), les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France et la Chine, sont les pays ayant les plus gros stocks d'armements nucléaires et que ce sont eux qui, cyniquement, s'objectent au test de la bombe à hydrogène de concert avec l'OTAN.

En 2015, le Bulletin des scientifiques atomiques a estimé que la Russie possède 7500 armes nucléaires, les États-Unis 7200, la France plus de 300, la Chine 250 et la Grande-Bretagne 225. Le Pakistan, l'Inde et Israël, qui n'ont pas signé le TNP, en possèdent respectivement 120-130, 110-120 et 80. On estime que la RPDC en possède moins de 15. L'hystérie anticommuniste lancée contre le test de la bombe à hydrogène par la RPDC vise à masquer qui sont les plus grands détenteurs d'armes nucléaires et qui représente une menace réelle à la paix et à la stabilité mondiale.

L'hystérie sur la question nucléaire que les États-Unis et leurs alliés répandent contre la RPDC doit être dénoncée. Ce sont les pays ayant les plus grands stocks nucléaires qui doivent désarmer leurs arsenaux nucléaires et retirer leurs armes et leurs troupes qui sont situées en sol étranger. C'est là la précondition au monde libre d'armes nucléaires que réclame l'humanité entière. Une fois que les États-Unis et les autres puissances nucléaires y auront renoncé, la RPDC n'aura plus besoin elle non plus de développer un programme nucléaire. De plus, les États-Unis doivent retirer de Corée du sud leurs 28 000 soldats, retirer leurs armes nucléaires et non nucléaires du territoire coréen, mettre fin immédiatement à leurs exercices militaires annuels conjoints qui visent la RPDC et signer un traité de paix qui met fin à la Guerre de Corée. Cela garantirait la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne et permettrait aux peuples de Corée et d'Asie de l'Est de vivre en paix.

L'hypocrisie des puissances nucléaires se voit aussi à l'annonce qui a été faite d'un nouveau sommet nucléaire dont l'objectif sera de vendre du matériel nucléaire aux pays qui font partie de leur sphère d'influence pendant que ces puissances vont prétendre s'opposer à la prolifération nucléaire. La Presse canadienne rapporte que le premier ministre Justin Trudeau « devrait participer au Sommet sur la sécurité nucléaire du président Barack Obama » à la Maison-Blanche les 31 mars et premier avril. À ce sommet, « le Canada entend lancer un effort international qui est depuis longtemps sur les tablettes pour débarrasser le monde des ingrédients nécessaires à la fabrication des armes nucléaires ». La Presse canadienne ajoute que « l'ambassadeur du Canada aux Nations unies à Genève va faire un nouvel effort pour mettre à l'ordre du jour la création du Traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles ou FMCT ».[1]

En fin de compte, la question qui se pose pour les Canadiens en ce qui concerne le test nucléaire du 6 janvier de la RPDC n'est pas d'être d'accord ou non avec les armes nucléaires. La question, c'est de prendre ses responsabilités et de lutter pour un gouvernement antiguerre qui va agir comme un bloc contre les guerres d'agression, les menaces et le chantage, notamment en ce qui concerne la prolifération nucléaire, et qui va éliminer le besoin qu'ont les victimes de l'agression de prendre des mesures extraordinaires pour se défendre. Au pays, nous devons demander que le Canada autorise la RPDC à ouvrir son ambassade à Ottawa en tant qu'étape à l'établissement de relations amicales entre nos deux pays et nos deux peuples, et contribue à bloquer les efforts des États-Unis pour isoler une petite nation qui chérit son indépendance.

Note

1. On lit dans un mémo adressé au premier ministre et obtenu en vertu de la Loi sur l'accès à l'information que « Un FMCT est à l'ordre du jour de l'ONU depuis 1957 ». Des rapports indiquent qu'en 1995, le Canada a servi d'intermédiaire à un accord sur un mandat de négociation en vue de la création d'un tel traité, « mais que depuis, cet effort piétine ». Depuis 2008, le Pakistan a bloqué le travail sur le FMCT », poursuit le mémo. « Le Canada, cependant, a travaillé avec l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Australie pour le faire progresser ».

« Le Canada a remis la balle en mouvement en 2012 en parrainant une résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui a établi une commission d'experts chargée de faire avancer le dossier. D'autres rencontres et rapports ont suivi. Trudeau entend maintenant appuyer un autre processus, le quatrième et dernier sommet nucléaire d'Obama, une initiative qu'il a lancée en 2010 suite à un discours clé un an auparavant à Prague. Dans ce discours, Obama a mis en lumière la menace que pose le terrorisme nucléaire et a annoncé une initiative dont l'objectif est de sécuriser les matières fissiles et de faire cesser le trafic illicite dont elles font l'objet. Trudeau a dit l'automne dernier qu'il veut examiner les façons de travailler avec Obama sur de grandes questions internationales pendant sa dernière année à la présidence. »

(Sources : Korean Central News Agency, Ploughshares.org, Bulletin of Atomic Scientists, CP)

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La liste déclassifiée des cibles nucléaires des États-Unis révèle une disposition maniaque à l'annihilation nucléaire


Le Service des archives de sécurité nationale des États-Unis[1] a publié récemment un rapport déclassifié de l'Étude des besoins en armes atomiques pour 1959 du Commandement aérien stratégique des États-Unis (SCA), produit en juin 1956. Ce rapport nous rappelle de façon frappante les niveaux de dépravation et d'irrationalité qu'ont atteint les impérialistes américains qui, s'appuyant sur leur doctrine de la loi du plus fort, sont prêts à annihiler l'humanité au nom de la doctrine du confinement du communisme et à établir leur hégémonie dans le monde, des objectifs qu'ils poursuivent encore aujourd'hui. Ce qu'ils ont réussi à faire, c'est imposer leur irrationalité à l'humanité, laquelle repose sur leur supposition que tout le monde aujourd'hui partage leur dépravation. Ces documents déclassifiés sont un dur rappel que les États-Unis sont les principaux responsables de la prolifération nucléaire et la plus grande menace à la paix et pour l'humanité dans le monde aujourd'hui.

Voici des extraits du Cahier d'information électronique numéro 538 du Service des archives de sécurité nationale sur le rapport du SAC.

***

L'étude du SAC comprend des détails saisissants. Selon ses auteurs, les cibles priorisées et les tactiques de bombardement nucléaire exposeraient les civils vivant à proximité et « les forces et peuples amis » à de hauts taux de radioactivité mortelle. En plus, les auteurs ont développé un plan de « destruction systématique » de cibles urbaines-industrielles du bloc soviétique qui ciblait de manière spécifique et explicite « la population » de toutes les villes dont celle de Beijing, Moscou, Léningrad, Berlin-Est et Varsovie. Le ciblage délibéré des populations civiles contrevenait directement aux normes internationales en vigueur à ce moment-là, qui interdisaient les attaques visant directement les populations (à la différence des attaques contre les installations militaires près desquelles vivaient des civils). [...]

Le document du SAC fait état de plus de 1100 aérodromes dans le bloc soviétique et assigne un numéro de priorité à chacun. La plus haute priorité du ciblage nucléaire était la force de bombardiers soviétiques ( c'était avant l'époque des MBI [les missiles balistiques intercontinentaux]). [...]

Une deuxième liste comprenait les régions urbaines-industrielles devant être « détruites systématiquement ». Le SAC dressait une liste de 1200 villes du bloc soviétique, depuis l'Allemagne de l'Est jusqu'à la Chine, qui comprenait elle aussi des priorités. Moscou et Léningrad étaient les priorités numéro un et deux. Moscou comprenait 179 cibles désignées comme des points zéro (DGZ) tandis que Léningrad en comprenait 145, dont des cibles « peuplées ». [...]

Dans l'introduction détaillée du rapport, on expliquait qu'en vertu de la priorité donnée aux cibles de pouvoir aérien, il fallait faire exploser au sol des armes thermonucléaires [...] notamment sur des bases aériennes de l'Europe de l'Est. Cette tactique allait produire de fortes retombées radioactives comparativement aux explosions dans les airs. Selon l'étude, « la nécessité de remporter la bataille des airs primait sur toutes les considérations ». [...]

Les planificateurs du SAC « s'appuyaient en priorité » sur les effets de souffle parce que les effets thermiques et de radiation étaient « relativement inefficaces ». [...] L'accent sur « l'effet de souffle » permettait de présenter comme moindres les grandes dévastations causées par d'autres effets des armes nucléaires comme la radiation et les gigantesques incendies.

Croyant qu'un « résultat favorable pouvait être atteint pendant les phases initiales », le SCA considérait comme essentiel de causer de hauts niveaux de dommages. [...]

Le SAC dressait la liste du nombre et des types d'armes nucléaires requises pour détruire chaque DGZ. L'information sur les armes nucléaires a été entièrement retirée du rapport. [...] En tout cas, le SAC pouvait compter sur de très vastes stocks d'armes nucléaires d'ici 1959 afin de cibler les cibles prioritaires. À cette époque, les stocks d'armes nucléaires étaient très élevés, passant de plus de 2400 en 1955 à plus de 12 000 en 1959 à 22 229 en 1961.

[...] Si le conflit perdurait une fois la bataille pour la suprémacie aérienne terminée, la deuxième phase de la guerre visait la « destruction systématique » de la capacité de guerre du bloc soviétique. Le « coup final » de la campagne de bombardement frapperait les « industries de base », les industries et les activités économiques qui contribuaient le plus à la capacité de faire la guerre. [...] Dans ce cadre, le SAC devait larguer des bombes atomiques, pas des bombes-H, sur plusieurs installations spécifiques dans des zones urbaines-industrielles désignées. [...] La puissance explosive de ces bombes allait probablement excéder de beaucoup la puissance requise pour la destruction de cibles spécifiques dans la phase de destruction systématique, que ce soit des centrales électriques ou les centres essentiels de transport.

Moscou, la cible numéro un, possédait environ 180 installations qui devaient être détruites ; certaines appartenaient à la catégorie du pouvoir aérien alors que plusieurs comprenaient une variété d'activités industrielles comme des usines de machines-outils, d'outils de coupe, d'équipement d'extraction du pétrole et de fabrication d'un remède vital, la pénicilline. [...]

Ce qui est particulièrement frappant dans l'étude du SAC, c'est le rôle donné au ciblage des populations. Moscou et ses banlieues, tout comme la région de Léningrad, comprenaient des cibles distinctes formées de « populations ». [...] Il en était de même de toutes les villes qui étaient inclues dans les deux séries de listes de cibles. En d'autres mots, les populations elles-mêmes, et non des activités industrielles spécifiques, devaient être détruites. [...]

[...] Les attaques contre les populations civiles comme telles n'étaient pas conformes aux normes établies par les dirigeants des forces de l'air. Ceux-ci étaient prêts à accepter des morts en masse de civils comme conséquence des attaques sur les cibles militaires, comme ce fut le cas pendant la Guerre de Corée, mais ils excluaient des attaques « intentionnelles » contre les civils. De plus, les attaques sur les populations contrevenaient aux normes de droit international de l'époque, qui étaient codifiées dans les Règles de La Haye de 1923 concernant la guerre aérienne qui n'avaient pas encore été ratifiées. Ces règles ne sont pas entrées en vigueur avant l'accord de 1977 sur les Protocoles additionnels à la Convention de Genève (1949). Les États-Unis, cependant, ont constamment refusé d'accepter l'argument que les normes de ciblage contenues dans les protocoles additionnels s'appliquaient à l'utilisation d'armes nucléaires. [...]

Pour lire le Cahier d'information au complet du Service des archives de sécurité nationale, cliquer ici.

Note

1. Le Service des archives de sécurité nationale explique ainsi sa raison d'être : « Fondé en 1985 par des journalistes et des experts dans le but d'enrayer la tendance croissante au secret du gouvernement, le Service des archives de sécurité nationale combine un ensemble unique de fonctions : il est un centre de journalisme d'enquête, un institut de recherche sur les affaires internationales, une bibliothèque et un service d'archives de documents déclassifiés des États-unis ('la plus grande collection non gouvernementale dans le monde ' selon le Los Angeles Times), le plus grand utilisateur à but non lucratif de la Loi sur l'accès à l'information des États-Unis, une firme d'avocats d'intérêt public vouée à la défense et à l'expansion de l'accès public à l'information gouvernementale, un défenseur à l'échelle mondiale du principe d'un gouvernement ouvert et un créateur d'index et un éditeur de documents anciennement secrets. [...] »

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