Le Marxiste-Léniniste

Numéro 7 - 18 février 2015

25e Marche commémorative des femmes le 14 février 2015

Plus jamais de femmes et jeunes
filles disparues ou assassinées!
Justice et enquête nationale!



25e Marche commémorative des femmes le 14 février 2015

Plus jamais de femmes et de jeunes filles disparues ou assassinées!
Justice et enquête nationale!


Au sujet du prix du pétrole
Les droits et la sécurité ne dépendent pas de la fluctuation du prix du pétrole
- Peggy Morton -
Conséquences de la chute des prix du pétrole
Brève histoire des prix du pétrole

Fermetures de Target et Zellers
Des années désastreuses pour les travailleurs, les fournisseurs
et les autres personnes du secteur


L'aide financière du Canada à l'Ukraine
Le pillage au nom de la stabilisation économique,
de la démocratie et des droits de la personne

- Louis Lang -

Le 70e anniversaire du bombardement de Dresde
Un crime de guerre des alliés anglo-américains, prélude à la guerre froide
- Dougal MacDonald -


L'investissement des monopoles mondiaux
La passion de la politique centrée sur le capital: faire du Canada un bon endroit pour investir la richesse sociale accumulée


25e Marche commémorative des femmes le 14 février 2015

Plus jamais de femmes et de jeunes filles disparues ou assassinées! Justice et enquête nationale!


Le 14 février était la 25e Marche commémorative des femmes en hommage aux femmes disparues et assassinées. Cet événement s'est tenu la première fois en 1991 en réponse au meurtre d'une femme du peuple de la Côte Salish dans le quartier est de Vancouver. Il y a eu des actions dans plus de 20 villes du Canada et dans plusieurs villes des États-Unis pour commémorer la vie des centaines d'amies, de soeurs, de filles, de mères, de tantes et de grand-mères à travers le pays qui sont disparues ou ont été assassinées dans les dernières décennies et pour exiger la tenue d'une enquête nationale pour s'attaquer à ce scandale national. Les participants ont demandé que des mesures soient prises pour mettre fin à la violence et régler les problèmes sociaux qui l'engendrent. Le Marxiste-Léniniste salue tous ceux et celles qui ont participé aux actions et lance l'appel à tous à prendre fermement position pour la défense des droits de tous.

Alors que la marche a honoré la vie des femmes disparues et assassinées, dont la vaste majorité sont autochtones, elle a également mis en évidence les conditions sociales auxquelles font face les femmes autochtones, leurs familles et leurs communautés partout au Canada, qui continuent à faire face à la violence coloniale, au racisme et à la brutalité de l'État canadien.

Le gouvernement Harper continue de violer les droits ancestraux des peuples autochtones et refuse toujours de traiter avec eux sur une base de nation à nation. Il a présenté et adopté des lois racistes et coloniales comme, entre autres, la Loi C-27, Loi sur la transparence financière des Premières Nations, la Loi C-45, Loi de 2012 sur l'emploi et la croissance, la Loi S-2, Loi sur les foyers familiaux situés dans les réserves et les droits ou intérêts matrimoniaux et d'autres. Il persiste aussi à criminaliser les luttes des peuples autochtones pour leurs droits. Ces politiques du gouvernement Harper ont joué un rôle clé dans la perpétuation et l'aggravation des conditions qui ont rendu les femmes autochtones vulnérables.

L'attitude de Harper envers les femmes autochtones a été bien illustrée dans une entrevue menée par Peter Mansbridge, correspondant en chef du CBC News le 17 décembre 2014, pour passer en revue l'activité du gouvernement canadien pendant l'année. Mansbridge a questionné le premier ministre sur la tenue d'une enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées. Cette enquête a été demandée par les peuples autochtones et leurs organisations et par les Canadiens d'un bout à l'autre du pays, comme une question d'importance nationale et une priorité. L'ancien rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, James Anaya, l'a aussi soulevée comme une question très préoccupante au Conseil des droits de l'homme des Nations unies en 2014.

Mansbridge : Une enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinés. Vous avez dit non à cela dans le passé ?

Harper : En effet.

Mansbridge : Il semble y avoir certaines indications que votre gouvernement pourrait au moins considérer une forme d'enquête formelle.

Harper : Hum, c'est, ce n'est pas vraiment une priorité pour nous, pour être honnête, Peter.

Selon un examen de la GRC des dossiers de la police mené à la fin de 2013, entre 1980 et 2012, 1 017 femmes et filles autochtones ont été tuées et 164 autres sont disparues. Le rapport souligne aussi que les femmes autochtones sont près de trois fois plus susceptibles que les femmes non-autochtones de rapporter avoir été victimes d'un crime violent. En plus, les femmes autochtones sont quatre fois plus susceptibles d'être assassinées que les femmes non-autochtones.[1]

Comme il est souligné dans le communiqué de presse des organisatrices de la marche à Vancouver : « Vingt-cinq années plus tard, la Marche commémorative des femmes continue d'honorer les vies des femmes disparues et assassinées. Les décès en nombre toujours plus grand de plusieurs femmes vulnérables du quartier DOES [le quartier est du centre-ville] laissent toujours les familles, les amis, leurs proches et les membres de la communauté avec un sentiment très fort de deuil et de perte. Les femmes autochtones continuent de manière disproportionnée de disparaître ou d'être assassinées et rien ou peu est fait pour traiter de ces tragédies ou de la nature systémique de la violence à l'égard des femmes, de la pauvreté, du racisme ou du colonialisme. »

Le 11 février, l'Association of Iroquois and Allied Indians (AIAI) de l'Ontario, une organisation politique de défense de sept Premières Nations, a annoncé qu'elle a décidé de lancer sa propre enquête sur les femmes disparues et assassinées lors d'un rassemblement de trois jours à Thunder Bay.

Le Grand chef adjoint de l'AIAI Denise Stonefish soulignait que « Le gouvernement fédéral refuse de reconnaître le besoin d'une enquête nationale et nous avons fini d'attendre. Nous avons besoin d'examiner les questions systémiques qui ont mené à la perte de plus de 1 100 femmes et filles. Ce ne sont pas des cas de violence isolée. » Elle a dit que l'enquête sera basée sur « nos valeurs, nos réalités et nos solutions. »

L'AIAI qui comprend la Première Nation Batchewana, les Mohawks de Quinte, la Première Nation Delaware, la Première Nation Caldwell, la Première Nation Hiawatha, la Première Nation Oneida de Thames et les Mohawks Wahta réunira 15 Premières Nations pendant 3 jours pour une enquête menée par les Premières Nations dont les résultats formeront l'ordre du jour d'une table ronde nationale plus tard dans le mois.


Vancouver

Edmonton

Winnipeg

Toronto
Montréal
Sherbrooke

Note

1. Aperçu opérationnel national sur les cas de femmes autochtones disparues et assassinées. GRC (16 mai 2014)

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Au sujet du prix du pétrole

Les droits et la sécurité ne dépendent pas
de la fluctuation du prix du pétrole

Les médias monopolisés répètent à satiété que l'industrie pétrolière albertaine est en train de s'effondrer à cause de la chute des prix du pétrole. Tout le monde est censé être pris de peur à l'idée que tout va s'effondrer et accepter un nouveau cycle d'austérité, de coupures et de mises à pied. Le but est de paralyser la pensée des gens qui veulent une réponse prosociale. Évidemment, le « tout le monde », selon les médias, exclut les riches actionnaires et les hauts dirigeants des monopoles de l'énergie et des banques dont la réclamation à la valeur sociale que les travailleurs produisent reste très élevée. Exclus également de l'austérité sont les subsides, les subventions et l'infrastructure bon marché qui sont fournis aux monopoles par l'État et le trésor public, comme une chose allant de soi. Il faut payer les riches, sinon ils n'investiront pas, ainsi va le vieux refrain antisocial. Les médias monopolisés ne permettent pas de réfléchir ou de discuter à savoir si, peut-être, il faut une nouvelle direction pour l'économie pour qu'elle soit stable et durable, au lieu d'être dépendante des « forces du marché mondial » et des spéculateurs qui imposent un prix particulier à une marchandise qui n'a rien à voir avec son prix de production.

La production pétrolière en Alberta n'est pas en train de s'effondrer. Selon les prévisions révisées, la production canadienne va augmenter de 150 000 barils par jour en 2015 par rapport à 2014 pour atteindre 3,6 millions de barils par jour. La chute des prix du pétrole et la perte de revenus qu'elle entraîne vont cependant nuire à l'économie et surtout frapper la classe ouvrière.

La chute des prix et ses effets révèlent le caractère destructeur de l'orientation actuelle de l'économie. Les propriétaires des entreprises rejettent le fardeau de la perte de revenu brut des ventes sur les travailleurs du pétrole, surtout sur ceux qui travaillent dans de petites entreprises ou en démarrage. Les nouveaux projets des sables bitumineux sont reportés alors que les grands projets déjà en cours se poursuivent. Le forage de pétrole et de gaz conventionnels dans l'Ouest canadien va chuter et on s'attend à ce que le nombre de plateformes de forage diminue. Des licenciements de milliers de travailleurs du pétrole ont déjà été annoncées.

La réduction du nombre de projets va affecter les travailleurs de la construction, les travailleurs sur les plateformes de forage de pétrole et de gaz, les travailleurs des chantiers, les travailleurs de services industriels pétroliers, les petites entreprises, les ateliers d'usinage et de soudure, pour n'en nommer que quelques-uns. La classe ouvrière et les collectivités de l'Alberta et d'ailleurs vont porter le fardeau de la chute du prix du pétrole et du gaz.

Alors que des milliers d'emplois disparaissent, l'impact se fera sentir non seulement en Alberta mais dans tout le Canada. Les travailleurs de partout au pays viennent travailler dans les sables bitumineux, et nombreux sont ceux qui vivent dans des hébergements provisoires ou qui ont déménagé récemment en Alberta. Plusieurs d'entre eux ont perdu leur emploi dans les usines automobiles et dans le secteur manufacturier de l'Ontario ; d'autres viennent de collectivités où l'industrie forestière a été décimée et de régions à haut taux de chômage comme les provinces de l'Atlantique. Ils viennent travailler en Alberta parce que les gouvernements refusent de restreindre les monopoles, de développer des alternatives d'édification nationale dans toutes les régions du Canada et de fournir une orientation nouvelle, prosociale à l'économie.

Avec la chute des prix du pétrole, la part, déjà très mince, de la richesse sociale que créent les travailleurs du pétrole et que réclament les gouvernements, sous la forme d'impôt aux entreprises et de redevances, va encore baisser. La réclamation indirecte à la richesse sociale sous la forme de déductions sur le salaire des travailleurs, de frais d'usagers et d'autres formes d'impôt des particuliers va elle aussi baisser puisque les travailleurs perdent leurs emplois. Le gouvernement Harper et le gouvernement Prentice de l'Alberta ont reporté la présentation de leur budget en disant que c'était nécessaire vu la baisse des revenus. La baisse des revenus du gouvernement est déjà la source d'une propagande qui prépare l'imposition de mesures d'austérité antisociale. Prentice soulève déjà qu'il pourrait utiliser l'hystérie entourant la chute des prix du pétrole pour appeler une élection anticipée afin d'obtenir un « mandat » d'austérité antisociale.

Les redevances et l'impôt des entreprises font partie des arrangements par lesquels les gouvernements garantissent les profits des monopoles, assument les risques au nom des intérêts privés et créent les conditions économiques pour de hauts rendements sur les investissements privés. Payez les riches, disent-ils et, si le prix du pétrole est élevé, il en restera quelque chose pour vous. Mais si le prix baisse, comme cela arrive toujours, alors c'est « tout le monde » qui doit se serrer la ceinture. La santé et l'éducation publiques, les soins aux aînés et pour les plus vulnérables et les autres programmes sociaux sont attaqués comme étant non viables. Les attaques contre les travailleurs du pétrole et l'ensemble de la classe ouvrière s'intensifient et les riches demandent au peuple de se soumettre à ces attaques antisociales et à leur programme d'austérité en disant qu'« il n'y a pas d'alternative ».

L'alternative prosociale existe!

Le droit des Canadiens à des programmes sociaux et le droit des travailleurs de l'énergie à des conditions de travail socialement acceptables et leur droit à la valeur qu'ils créent ainsi que la sécurité d'emploi ne dépendent pas des prix du pétrole. Les humains ont des droits en vertu de leur humanité et les travailleurs ont des droits en vertu de leur travail essentiel dans l'économie et la création de la richesse sociale.

Les travailleurs du pétrole et de la construction n'ont pas voix au chapitre quand on permet aux monopoles d'y aller à fond de train dans la construction dans le secteur des sables bitumineux dans le but d'expédier le bitume via les pipelines. Les travailleurs du pétrole et les travailleurs organisés de l'Alberta ont depuis longtemps pris position contre l'exportation de bitume brut et contre la construction des pipelines Keystone XL et Northern Gateway. Ils ont proposé l'alternative qui est de développer les réserves pétrolières d'une manière socialement responsable. Ils demandent que le pétrole soit valorisé et raffiné au Canada et qu'il serve de base à une industrie pétrochimique et à un secteur manufacturier qui contribuent à l'édification nationale et à la construction d'une économie qui subvient à ses besoins, tout en étant sécuritaire, au service du peuple et prémunie contre les crises récurrentes.

La chute des prix du pétrole, les attaques contre la sécurité des travailleurs du secteur et la propagande en faveur de l'austérité montrent bien que c'est le temps de fournir une nouvelle direction à l'économie. La direction actuelle de l'économie est faite du droit de monopole de piller les ressources, de bas salaires maintenus tels par les traficants de main-d'oeuvre locaux et internationaux, d'attaques aux programmes sociaux, d'un régime de redevances et d'autres magouilles pour payer les riches. La chute des prix du pétrole devient l'occasion d'imposer des mesures antisociales et l'insécurité aux travailleurs. La demande à l'effet que les travailleurs doivent accepter l'austérité devient assourdissante et la négation des droits du peuple devient plus ouverte. Cela ne doit pas passer !

Pour une nouvelle direction de l'économie!

Luttons pour une nouvelle direction de l'économie qui soutient les droits de tous les travailleurs et des Premières Nations ! Une nouvelle direction de l'économie arrêtera de payer les riches et augmentera les investissements dans les programmes sociaux. Elle créera un contrôle public sur les décisions concernant l'extraction, la valorisation et le raffinage des ressources, la fabrication des biens et les prix pour qu'on puisse mettre fin à cette expansion/contraction irrationnelle qui cause tant de torts au peuple et à l'économie socialisée.

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Conséquences de la chute des prix du pétrole

Le 22 janvier 2015, la Banque du Canada (BdC) a réduit son taux cible du financement à un jour d'un quart de pourcentage, soit de 1 % a 0,75 %. Selon la BdC, la baisse du taux directeur vise à amoindrir l'impact négatif de la chute du prix du pétrole sur l'économie.

« La chute des prix du pétrole a des conséquences clairement négatives pour l'économie canadienne », a dit le gouverneur de la BdC, Stephen Poloz, à Ottawa lors de l'annonce de la réduction du taux d'intérêt. « Les revenus tirés de nos exportations de pétrole vont baisser, et les investissements et l'emploi dans le secteur de l'énergie diminuent déjà. »

Depuis le mois de juin 2014, les prix du pétrole ont chuté de plus de 55 %, de 105 $ à moins de 50 $ le baril. La BdC espère que la baisse du taux directeur va stimuler l'économie en encourageant l'emprunt qui devient moins dispendieux, bien que de manière contradictoire elle avertit aussi les Canadiens de ne pas accumuler de dettes.

« La forte baisse des prix du pétrole pèsera de façon marquée sur l'économie canadienne, lit-on dans le Rapport sur la politique monétaire de la BdC publié la veille de la baisse du taux directeur. Étant donné la rapidité et l'ampleur du recul des cours du pétrole, il existe une incertitude substantielle quant au niveau probable de ces derniers et à leur effet sur les perspectives économiques du Canada. »

Dans son rapport du 20 janvier, le Conference Board du Canada prédit que la chute des prix du pétrole va amputer les revenus du gouvernement fédéral de 4,3 milliards $ cette année et les revenus provinciaux de près de 10 milliards $ en 2015. Le prix inférieur du pétrole va réduire de 4,5 milliards les redevances que l'Alberta, la Saskatchewan, et Terre-Neuve-et-Labrador tirent de la production pétrolière. Les provinces vont aussi perdre un autre 5,2 milliards $ en impôt provincial.

Selon une analyse du TD Economics publiée le 13 janvier, la chute des prix du pétrole va convertir le surplus fédéral projeté de 1,6 milliard $ pour l'an prochain en un déficit de 2,3 milliards $. Selon la même analyse, le revenu fédéral de 4,3 milliards $ projeté pour 2016-2017 va être converti en un déficit de 600 millions $.

Note

La Banque du Canada écrit : « Le taux du financement à un jour est le taux d'intérêt auquel les principales institutions financières se prêtent des fonds pour une durée d'un jour ; la Banque fixe une valeur cible pour ce taux. Cette cible est communément appelée le taux directeur de la Banque. Les variations du taux cible du financement à un jour influent sur les autres taux d'intérêt, par exemple les taux des prêts à la consommation et des prêts hypothécaires. Elles peuvent également avoir une incidence sur le taux de change du dollar canadien. » Pour plus d'information, lire le document d'information de la BdC ici.

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Brève histoire des prix du pétrole

Les prévisions pour le prix du pétrole en 2015 sont de 52,50 $ le baril pour le Brent (prix mondial) et de 49 $ le baril pour le West Texas Intermediate (WTI) qui est le prix de référence pour l'Amérique du Nord. Un prix de 49 $ US pour le WTI veut dire un prix de 60,72 $ CAN.

L'idée que les prix actuels du pétrole sont exceptionnellement bas au point de vue historique et que le pétrole se vent « habituellement » à plus de 100 $ en dollars réels est fausse. Cette fable est utilisée pour amener les gens à croire le mensonge que tous les Canadiens sont dans le même bateau en ce qui concerne les prix du pétrole et que « tout le monde » doit mettre l'épaule à la roue jusqu'à ce que les prix reviennent à la « normale ». Toutes les mesures d'austérité que réclament les riches causent de grandes difficultés aux travailleurs et endommagent l'économie socialisée du Canada.

Que nous disent les faits ? Il n'y a eu que 3 courtes périodes depuis la Deuxième Guerre mondiale pendant lesquelles le prix réel du pétrole (en dollars de 2014) a dépassé le 100 $. Et deux fois sur trois, cette période est survenue juste avant une récession majeure. Un baril de pétrole à 100 $ est l'exception, pas la norme.

De 1948 à 1973, le prix mondial réel du West Texas Intermediate, qui est le prix de référence pour l'Amérique du Nord, s'est situé entre 19 $ et 25 $ le baril, en dollars américains de 2014. Il a atteint un sommet en 1957 puis s'est mis à décliner lentement vers un creux de 18,91 $ en juin 1973. En 1974, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) s'est mise à hausser le prix de son pétrole, mettant fin au prix extrêmement bas qui a permis au pétrole du Moyen-Orient d'être pillé pendant longtemps. De 1974 à 1979, les prix du pétrole ont fluctué entre 50 $ et 60 $ le baril et n'ont jamais dépassé le 60 $ en dollars d'aujourd'hui. Le prix a commencé à augmenter en 1977 et a atteint le niveau de 114,51 $ en 1980, quand il a chuté alors que l'économie tombait en récession. Pendant les 25 années suivantes, le prix n'a jamais dépassé le 60 $ et a même atteint un creux à 16,16 $ en décembre 1998.

Le pétrole a atteint le niveau le plus élevé de son histoire en juin 2008, soit 143,72 $ US, après quoi il a tout de suite chuté suite à la crise économique de 2008-2009. En 2009, le prix est tombé à 46,42 $ soit un prix plus proche de la moyenne historique. Il s'est remis à monter encore en 2010, atteignant 104 $ US. Il a oscillé entre 92 $ US et 108 $ US jusqu'en 2014, début du déclin actuel.

Le graphique ci-contre montre les hauts et les bas des cycles des prix du pétrole.

Cliquer sur l'image pour voir la charte interactive


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Fermetures de Target et Zellers

Des années désastreuses pour les travailleurs, les fournisseurs et les autres personnes du secteur

Les quatre années désastreuses pour les travailleurs, les fournisseurs et les autres personnes associées aux entreprises de vente au détail, Target et Zellers, nous montrent une fois de plus que la direction actuelle de l'économie ne fonctionne pas. Il y a seulement quelques années de cela, Zellers exploitait 305 magasins à travers le Canada et employait plus de 35 000 travailleurs. La vie de ces travailleurs et fournisseurs a été considérablement perturbée en 2011 lorsque le monopole américain Target a repris la plupart des contrats de location de Zellers ce qui a causé leur fermeture temporaire ou définitive. Target a gardé 189 magasins pour lui-même et en a transféré 45 autres à d'autres détaillants, dont 39 à Walmart. En juillet, la Compagnie de la Baie d'Hudson, la société mère de Zellers, dont le contrôle s'est maintenant déplacé aux États-Unis, a annoncé la fermeture de ses 85 derniers magasins Zellers. Les monopoles impliqués dans ces transactions, y compris Walmart, ont licencié tous les travailleurs de Zellers.

La perturbation de la vie des travailleurs et la perte de revenus ont été énormes. Les travailleurs du secteur du détail paient de l'assurance-emploi, mais la plupart ne sont pas admissibles à une aide financière s'ils perdent leur emploi. Ils doivent se débrouiller eux-mêmes tout en cherchant d'autre travail dans une économie où ils n'ont aucun pouvoir ou contrôle et qui traite les travailleurs comme des dommages collatéraux des transactions commerciales et des crises économiques.

En 2014, Target a rénové et ouvert 133 magasins au Canada, la plupart d'anciens contrats de location de Zellers, embauchant 17 600 travailleurs et vendant des franchises de pharmacie pour la plupart des magasins. Et voilà que, le 15 janvier 2015, Target a placé ses opérations canadiennes sous la protection de la faillite en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) et annoncé la fermeture de toutes ses opérations en deux mois. Tous ses travailleurs ont été informés qu'ils avaient été licenciés et les opérations de franchise de pharmacies et de cafés ont été abandonnées. Une fois de plus, les travailleurs au détail sont devenus des dommages collatéraux dans un système économique qui est destructeur c'est le moins qu'on puisse dire, et dans lequel ils n'ont aucun contrôle ni mot à dire.

Les travailleurs de Target ont appris que le salaire total de départ qu'ils recevront n'est pas du tout une indemnité de départ mais un forfait provenant d'une « fiducie d'employés » en vertu de la LACC pour lequel la plupart devront travailler les 16 semaines restantes afin de liquider la marchandise en inventaire. Pour ajouter l'insulte à l'affront qu'ils ont subi, les travailleurs ont appris que le montant total de 70 millions $ que comprend la « fiducie d'employés » correspond à la somme qu'à lui seul l'ancien pdg de Target, Gregg Steinhafel a touchée en indemnité de départ l'an dernier. Cette forme scandaleuse de privilège de classe n'a pas sa place dans une société moderne où le mieux-être de quelques privilégiés est garanti tandis que les travailleurs sont laissés pour compte.

En vertu des dispositions de la LACC sur ce qu'on appelle le « plan de rétention des employés-clés », 26 des meilleurs cadres supérieurs et gérants des opérations de Target Canada recevront une moyenne d'environ 30 000 $ chacun en plus de leur dernier chèque de paie s'ils restent jusqu'à la fermeture définitive. D'autres gérants de magasin, au nombre de 520, soit environ quatre par magasin Target Canada, recevront une moyenne d'environ 11 000 $ chacun, en plus de leur salaire s'ils restent jusqu'à ce que Target n'ait plus besoin d'eux.

Comme ce fut le cas lors du licenciement en masse chez Zellers, la plupart des travailleurs au détail de Target ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi, un programme qui a été rendu encore plus inaccessible aux travailleurs par les nouvelles restrictions imposées par le gouvernement antisocial de Stephen Harper. À tous ceux qui vivent directement cette grande insécurité s'ajoute un nombre indéterminé de travailleurs qui ne sont pas techniquement des employés de Target mais qui n'auront plus d'emplois après l'épuisement des articles en inventaire. Ils travaillent dans les centres de distribution utilisés par Target mais gérés par une société appelée Eleven Points Logistics.

La perturbation de l'économie du Canada est sérieuse. De nombreux fournisseurs et entreprises qui font des travaux de rénovation ne seront pas payés à cause de la protection de la faillite sous la LACC. De grandes sommes d'argent seront perdues avec la fin des contrats de location. D'autres magasins au détail dans les centres commerciaux où Target a été le magasin principal sont peut-être aussi en danger de fermeture. L'argent provenant des taxes sera perdu pour tous les niveaux de gouvernement. Collectivement, les pharmaciens qui ont acheté des franchises et ont mis sur pied leur entreprise dans les magasins Target vont essuyer des pertes de millions de dollars et devront probablement déclarer faillite. Déjà, les vautours de Walmart, London Drugs et Shoppers Drug Mart survolent les lieux afin de dévorer les listes des patients des pharmacies Target pour presque rien.

Les documents déposés par Target dans sa demande de protection en vertu de la LACC révèlent des passifs de 5,1 milliards $, dont des comptes à payer d'environ 546 millions $. La liste des créanciers à qui Target doit de l'argent, mais qui est gelée en vertu de la LACC, fait 42 pages. Les montants comprennent 12 036 000 $ à l'Agence du revenu du Canada, 2 674 000 $ à la province de la Colombie-Britannique et des millions de dollars à d'autres gouvernements provinciaux et municipaux, de même que 3 millions $ au géant de l'épicerie Sobeys et d'autres montants à des centaines de créanciers.

Les Canadiens ne peuvent accepter cette perturbation constante de leur vie au travail et de l'économie. La direction actuelle de l'économie et son cortège de crises récurrentes, de destruction de la valeur déjà produite et de la valeur potentielle, de chômage sévère et de pauvreté persistante ne fonctionne pas et ne répond pas aux besoins du peuple. Le facteur humain doit devenir la priorité dans la détermination de la direction de l'économie. Il est temps de réfléchir sérieusement à une nouvelle direction qui édifie une économie stable à secteurs multiples qui est sous le contrôle des travailleurs et leur donne un pouvoir de décision sur où la richesse sociale qu'ils produisent sera investie et sur leur réclamation à cette richesse.

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L'aide financière du Canada à l'Ukraine

Le pillage au nom de la stabilisation économique,
de la démocratie et des droits de la personne

À la fin du mois de janvier, le ministre du Commerce international, Ed Fast, a dirigé une mission « axée sur le commerce et le développement » en Ukraine. Selon un document d'information du gouvernement du Canada, « Cette mission réaffirme l'engagement du Canada à soutenir l'Ukraine dans sa quête de liberté, de démocratie et de croissance économique ».

Au cours de cette mission, le ministre a annoncé l'intention du gouvernement canadien d'appuyer financièrement plusieurs initiatives économiques du secteur agricole de l'Ukraine, notamment de l'industrie laitière et du stockage des céréales.

Par exemple, le ministre a annoncé que le Canada versera 19,7 millions de dollars dans le but de promouvoir la croissance des petites et moyennes entreprises laitières. Dans un document d'information d'Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada portant sur ces initiatives, il est expliqué que ces fonds ne seront pas versés directement à des entreprises ukrainiennes mais à une société canadienne, la Société de Coopération pour le Développement International (SOCODEVI)[1], qui sera payée pour « promouvoir la croissance des petites et moyennes entreprises laitières ». Dans ce document d'information, il est ajouté que ce projet a pour but d'aider 10 000 fermes laitières dans quatre des plus importantes régions productrices de lait de l'Ukraine. « Les exploitants agricoles ciblés formeront au moins 24 grandes coopératives de membres producteurs laitiers, suivant les pratiques exemplaires en vigueur au Canada. » Le rôle de la SOCODEVI sera de fournir de l'expertise technique et des services-conseils pour créer des coopératives laitières en facilitant « le dialogue entre le gouvernement et les partenaires du secteur privé en vue d'élaborer des politiques et des programmes favorisant la croissance des coopératives et des fermes laitières ».

Le ministre Fast a annoncé que le Canada soutiendra le Projet de coopératives pour le stockage et la commercialisation des céréales en Ukraine. Suivant le même modèle que dans l'industrie laitière, le Canada versera 13,5 millions de dollars sur six ans (de 2013 à 2018) à un consortium formé de l'organisation canadienne SOCODEVI, de l'Université de Sherbrooke et de l'Association des coopératives du Canada [2], « dans le but de lever les contraintes auxquelles se heurtent les petits et moyens producteurs de céréales en Ukraine ».

Un autre exemple de la générosité hypocrite du gouvernement Harper a été l'annonce du ministre Fast que 18,8 millions de dollars seront versés à Agriteam Canada [3] pour « aider les gouvernements national et infranationaux de l'Ukraine à élaborer et à mettre en oeuvre des réformes de transition et des réformes à long terme en matière de gouvernance et d'économie, et ce, d'une manière plus inclusive et transparente ».

Dans le document d'information du 26 janvier 2015, cette récente aide financière du Canada à l'Ukraine est résumée ainsi :

« La stabilisation et la croissance de l'économie sont des mesures de soutien prioritaires du Canada à l'égard de l'Ukraine. En tenant compte de l'annonce d'aujourd'hui, le gouvernement du Canada a accordé une aide financière de plus de 315 millions de dollars à l'Ukraine, y compris pour soutenir la stabilisation de l'économie, la démocratie et les droits de la personne, l'aide humanitaire et la sécurité. Cela comprend un prêt bilatéral de 200 millions de dollars pour favoriser la stabilité économique, sociale et politique du pays pendant cette période de transition. »

Les informations sur la mission de Fast « axée sur le commerce et le développement » en Ukraine montrent clairement l'intention des conservateurs de Stephen Harper de mettre les fonds d'aide à l'étranger du gouvernement au service du plan impérialiste de subordonner l'Ukraine aux monopoles mondiaux des États-Unis et du Canada. Il aide ces monopoles dans leur concurrence féroce avec d'autres monopoles et dans leur lutte pour dominer le marché mondial dans leurs secteurs.

Dans le cas de l'Ukraine, il est important d'examiner le rôle du gouvernement canadien dans le contexte actuel de l'intervention de l'Union européenne et des États-Unis pour s'emparer de concert de l'agriculture de ce pays, en plus de leur intervention militaire pour soutenir le régime fantoche ukrainien. Dans un article paru dans Inter Press News Service le 27 janvier 2015 et intitulé : « La mainmise des multinationales sur l'agriculture ukrainienne », il est expliqué en détail que l'intervention du Fonds monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale depuis la destitution de l'ancien président ukrainien, Viktor Ianoukovytch, vise particulièrement le secteur agricole ukrainien afin de l'ouvrir aux investissements privés étrangers.

Dans cet article, il est souligné que les prêts du FMI sont assortis de conditions très désavantageuses : « Les manoeuvres pour le contrôle du système agricole de l'Ukraine ont été un facteur crucial dans la lutte qui a eu lieu l'an dernier dans la plus grande confrontation est-ouest depuis la guerre froide ». Par exemple, « la feuille de route de la réforme agricole fournie à l'Ukraine par ces institutions étrangères comprend des conseils pour faciliter l'acquisition de terres arables en Ukraine notamment par des acheteurs étrangers, la réduction au maximum des lois de régulation et de contrôle sur l'alimentaire et l'industrie agroalimentaire, et la réduction des impôts des sociétés et des droits de douane ».

L'enjeu est incontestablement la plus grande ressource de l'Ukraine, ses vastes champs de riche terre noire. L'Ukraine possède 32 millions d'hectares de terres arables, ce qui représente un tiers des terres arables de l'ensemble de l'Union européenne. C'est la troisième plus grande exportatrice mondiale de maïs et la cinquième plus grande exportatrice de blé.

Avec la pleine coopération du nouveau gouvernement, la présence des sociétés étrangères dans le secteur agricole ukrainien se développe rapidement, avec plus de 1,6 million d'hectares cédés aux sociétés étrangères. Voici certains des exemples cités dans l'article d'InterPress :

« Cargill par exemple a développé son commerce de pesticides, de semences et de fertilisants et a récemment accru ses investissements pour mettre la main sur le stockage de grain et l'alimentation animale. Cargill a injecté des fonds et obtenu des parts de UkrLandFarming, la plus grande agroentreprise du pays.

« De même Monsanto a doublé la taille de son équipe sur place ces trois dernières années. En mars 2014, quelques semaines après la destitution de Ianoukovytch, Monsanto a investi 140 millions de dollars dans la construction d'une nouvelle usine de semences.

« DuPont a aussi accru ses investissements et a annoncé en juin 2013 qu'il comptait investir dans une nouvelle usine de semences dans le pays. »

Les monopoles occidentaux ont étendu également leur contrôle aux infrastructures et aux transports maritimes. Cargill possède maintenant au moins quatre élévateurs à grain et deux usines de transformation des graines de tournesol pour la production d'huile de tournesol. En décembre 2013, la société a acheté des parts d'un terminal céréalier d'une capacité de 3,5 millions de tonnes de céréales par an situé dans le port de Novorossiisk sur la mer Noire.

C'est dans ce contexte que le Canada se précipite en Ukraine pour apporter une « aide financière » et veut relancer les négociations en vue d'un accord de libre-échange Canada-Ukraine. Au nom de la libéralisation des marchés, de la démocratie et des droits de la personne, le Canada aide l'oligarchie financière et les monopoles internationaux, représentés par le FMI et la Banque mondiale à piller les richesses agricoles de l'Ukraine. Les conservateurs de Stephen Harper se bousculent honteusement pour partager le butin de cette entreprise ignoble qui est organisée pour priver le peuple du droit de contrôler ses approvisionnements alimentaires et gérer l'économie à son propre avantage. Il ne s'agit pas d'une aide, c'est du pillage !

Notes

1. Le site Web de la SOCODEVI indique que : « La SOCODEVI est un réseau d'entreprises coopératives et mutualistes qui partage son expertise technique et son savoir-faire avec ses partenaires dans les pays en développement ». Dans le rapport annuel 2013-2014 de la SOCODEVI, il est indiqué, entre autres, que « la SOCODEVI est une organisation qui comprend bien les changements actuels. Notre capacité d'adaptation et d'innovation pour mieux répondre aux besoins de nos partenaires sur le terrain et aux exigences des partenaires financiers fait de nous aujourd'hui une organisation encore plus dynamique, avec une expertise reconnue, qui connaît une belle progression et qui offre des solutions innovantes pour nos partenaires.

« Nous avons obtenu cette année une forte croissance de notre portefeuille de projets, avec de nouveaux mandats d'envergure signés au début 2014 en Colombie, au Liberia, au Mali et en Ukraine notamment. Des résultats et des évaluations positives de certains projets nous ont permis d'obtenir des renouvellements ou de nouvelles ententes selon les processus et normes de chaque bailleur de fonds ou partenaire financier.

« Parmi les changements observables dans l'aide internationale, il faut mentionner la place accrue de l'investissement direct étranger dans les pays en développement, celui-ci étant maintenant cinq fois plus élevé que l'aide officielle au développement. La présence accrue d'investisseurs privés de toutes tailles représente une opportunité mais en même temps un défi. La création de partenariats avec des acteurs économiques privés qui investissent dans le développement économique des pays du Sud et la création de liens avec les marchés sont des leviers essentiels. L'établissement de ce type de partenariats pour améliorer les conditions de vie des populations n'est pas nouveau pour SOCODEVI. Nous avons déjà différents types de partenariats avec des compagnies de café, de cacao et des entreprises du secteur des ressources naturelles, soit en lien avec leurs chaînes d'approvisionnement, soit en lien avec leurs programmes de responsabilité sociale corporative. »

Parmi les « partenaires de financement et clients » figurant sur le site Web SOCODEVI, on trouve : la Banque africaine de développement ; Antamina (mines) ; Barrick Gold (mines) ; l'Agence canadienne de développement international ; Cargill et plusieurs institutions financières et sociétés d'assurances internationales.

2. Le site Web de l'Association des coopératives du Canada souligne que l'association « a plus de 40 ans d'expérience dans la conception et la mise en oeuvre de projets visant à renforcer les moyens d'existence durables et à réduire la pauvreté dans les secteurs de l'agriculture, des finances et des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) ». Son rapport annuel 2013-2014 indique notamment :

« Le transfert de la juridiction fédérale des coopératives d'Agriculture et Agroalimentaire Canada à Industrie Canada (IC) a été achevé en 2013, et les relations entre IC et le mouvement coopératif ont été étroites et ne cessent de croître. Ce transfert est mutuellement bénéfique à la fois pour le gouvernement fédéral et le mouvement coopératif. Il aide le gouvernement à atteindre certains de ses objectifs de développement économique et nous donne une occasion claire de mieux servir nos membres. »

3. Le site Web d'Agriteam Canada indique :

« Historique de l'organisation

« Sise à Calgary, en Alberta, Agriteam Canada a été fondée en 1986 par Robert Francis. Depuis sa fondation, l'organisation a développé et mis en oeuvre plus de 170 projets à l'échelle mondiale dans nombre de secteurs, notamment la santé et les populations, l'égalité entre les femmes et les hommes, l'éducation et la réforme éducative, l'agriculture et l'industrie agricole, le développement communautaire, la gouvernance et réforme du secteur public, le développement du secteur privé, la réforme judiciaire, la responsabilité sociale des entreprises ainsi que la protection de l'environnement.

« Nous participons aux activités de plusieurs consortiums pour mettre en oeuvre des projets de développement international. Nos partenaires actuels et passés incluent Agra Monenco, la Fédération canadienne des municipalités, le Conseil privé de la Reine pour le Canada, le gouvernement de l'Alberta, Santé Canada, Agriculture et Agroalimentaire Canada, CARE Canada, Entraide universitaire mondiale du Canada, Partners in Rural Development, Bombardier, Centerra Gold et Continental Minerals. »

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Le 70e anniversaire du bombardement de Dresde

Un crime de guerre des alliés anglo-américains, prélude à la guerre froide

Dans la nuit du 13 au 14 février 1945, le commandement des forces de bombardement de la Royal Air Force a effectué deux bombardements dévastateurs sur la ville allemande de Dresde. À l'approche de la défaite allemande, la population de Dresde, qui était avant-guerre de 640 000 habitants, avait été grossie par l'afflux d'environ 100 000 à 200 000 réfugiés. Sept cent vingt-deux avions ont largué 1478 tonnes de bombes explosives et 1181 tonnes de bombes incendiaires sur la ville. La tempête de feu dévasta plus de 13 kilomètres carrés, y compris la Alstadt et son musée historique. Le 14 février, peu après midi, une vague de 316 bombardiers de forces aériennes de l'armée des États-Unis a fait un troisième bombardement et largué 488 tonnes de bombes explosives et 294 tonnes de bombes incendiaires. Le 15 février, 211 bombardiers américains font une quatrième attaque et larguent 466 tonnes de bombes explosives.


Le lendemain du bombardement de Dresde

Le bombardement de Dresde, considéré comme un crime gratuit des Britanniques, a fait jusqu'à 300 000 morts[1]. Dresde était totalement sans défense contre les bombardements terroristes des anglo-américains, c'est pourquoi leurs bombardiers ont pu descendre à une altitude plus basse, maintenir leur altitude et leur cap, ce qui a rendu les bombardements encore plus efficaces.

Dresde n'avait pas été bombardée depuis le début de la guerre. La ville n'était pas considérée comme un objectif probable parce qu'elle ne contribuait pas de manière importante à l'économie de guerre nazie et ne possédait pas de raffineries de pétrole clés ni de grandes usines d'armement.

Dans le guide du ministère britannique de l'Économie de guerre de 1943, le « Baedeker des bombardiers », Dresde figurait à la vingtième place sur la liste des 100 villes allemandes les plus importantes pour l'effort de guerre allemand. Dresde était surtout connue à travers le monde comme un lieu de trésors architecturaux et était appelée la « Florence allemande ». Malgré cela, le premier ministre britannique Winston Churchill a ordonné les raids sur Dresde et approuvé en août 1944 le plan présenté par Sir Charles Portal, chef d'État-Major aérien de la Grande-Bretagne.[2]

Appelé « Opération Thunderclap », ce plan prévoyait concentrer d'énormes forces pour attaquer une seule grande ville, autre que Berlin, et tenter ainsi d'infliger un coup important à l'Allemagne en utilisant toute la puissance disponible. Portal a choisi le « bombardement de zone » d'une ville parce que les villes étaient des cibles beaucoup plus grandes. En janvier 1945, Churchill a approuvé le plan de Portal, en particulier celui concernant les grandes villes d'Allemagne occidentale et exigé une action immédiate. Quelques jours plus tard, il est informé que Dresde, Berlin et deux autres villes seront bombardées dès que les conditions le permettraient.

Les bombes incendiaires, qui sont expressément conçues pour déclencher des incendies, ont été largement utilisées lors des trois premiers bombardements de Dresde. L'effet meurtrier des typhons de feu a été tel que même les gens qui s'étaient réfugiés dans les caves et le métro pour échapper aux bombes ont péri brûlés par la chaleur intense ou asphyxiés parce que les tornades de feu aspiraient l'oxygène. Cette utilisation massive de bombes incendiaires montre bien que le but du bombardement de Dresde était de terroriser et de tuer.[3] Cela est confirmé par le fait que Churchill a spécifiquement ordonné que ce bombardement terroriste soit concentré sur les quartiers ouvriers de Dresde. Ou, comme l'a déclaré ouvertement Arthur Harris, le commandant des forces de bombardement de la RAF : « Vous pouvez détruire une usine, elle sera reconstruite. En six semaines, elle sera à nouveau en opération. Je tue tous les ouvriers et il faudra atteindre vingt-et-un ans avant de les remplacer ».[4]

Le bombardement de Dresde est un crime de guerre anglo-américain qui n'a jamais été jugé.[5] Par définition, un crime de guerre est un crime qui transgresse les lois de la guerre. Le bombardement de civils est interdit depuis longtemps par le droit international. Les Règles de La Haye sur la guerre aérienne (1923) stipulent : « Le bombardement aérien, dans le but de terroriser la population civile ou de détruire ou d'endommager la propriété privée sans caractère militaire ou de blesser les non-combattants, est interdit ». En 1938, le premier ministre britannique Neville Chamberlain, un sympathisant d'Hitler, a déclaré : « Le bombardement des civils comme tel va à l'encontre du droit international ». La même année, l'assemblée de la Société des Nations votait à l'unanimité l'adoption des mêmes principes.[6]

Pourquoi la ville de Dresde a-t-elle été choisie comme objectif des bombardements terroristes de février 1945 ? Dresde était directement sur la voie de l'Armée soviétique en marche vers Berlin. Celle-ci a occupé la ville peu de temps après les bombardements. (Après la guerre, Dresde fera partie de la zone soviétique). Il s'agissait de faire une démonstration des capacités de destruction des forces de bombardements britanniques et américaines à Staline. L'importance des pertes humaines et des destructions causées par les bombardements allait lui être rapportée. Alors que la fin de la guerre approchait, moins de trois mois, le but des bombardements de Dresde était d'essayer d'intimider Staline et l'Union soviétique afin qu'ils ne tiennent pas tête aux impérialistes anglo-américains après la guerre.

Trois semaines après Dresde, un autre message à peine voilé était envoyé à Staline et à l'Union soviétique avec le recours aux bombes incendiaires contre Tokyo par les impérialistes américains, faisant 80 000 à 200 000 victimes brûlées vives. En août 1945, les impérialistes américains envoyaient deux nouveaux messages : les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki pour démontrer la force destructrice de leur nouvelle bombe atomique. Tout comme Tokyo, Hiroshima et Nagasaki n'avaient que peu ou rien à voir avec la guerre contre les impérialistes japonais, Dresde, pour sa part, n'avait que peu ou rien à voir avec la guerre contre les nazis. Ces bombardements annonçaient un nouveau conflit dans lequel les alliés anglo-américains allaient remplacer les nazis et les impérialistes japonais et l'ennemi serait l'Union soviétique. La guerre froide est née au milieu des cendres des centaines de milliers de personnes non-combattantes carbonisées dans les enfers de Dresde, Tokyo, Hiroshima et Nagasaki.

Notes

1. En 2004, une commission de treize historiens allemands a mystérieusement réduit ce chiffre à l'estimation officielle actuelle de 25 000 morts. Cette réduction délibérée, qui minimise le nombre de morts, est analogue à la campagne impérialiste pour réviser à la baisse le nombre des morts attribué aux nazis. Par exemple, il y a quelques années, le nombre officiel des morts au camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau a été réduit de 4 millions à 1,4 millions ; 4 millions de morts est pourtant le nombre accepté lors du procès de Nuremberg juste après la guerre.

2. La théorie la plus grotesque de l'origine des raids sur Dresde est que Winston Churchill, cet anticommuniste virulent qui a participé à l'invasion de la jeune Union soviétique par 21 pays en 1918 et prononcé le discours à la Goebbels sur le rideau de fer en 1946 qui inaugurait officiellement la guerre froide, aurait ordonné le bombardement de Dresde parce que Staline le lui avait ordonné ! Bien sûr, il n'existe aucune documentation au sujet de ce soi-disant ordre.

3. Andrew Chandler, « The Church of England and the Obliteration Bombing of Germany in the Second World War », English Historical Review, 108 (1993), pp. 920-46 (p. 931).

4. Les impérialistes américains ont utilisé des bombes au phosphore blanc et au napalm pour terroriser et tuer des civils au cours des guerres de Corée et du Viet Nam.

5. Voir également : Donald Bloxham, « Dresden as a War Crime », Paul Addison & Jeremy Crang (eds.), Firestorm : The Bombing of Dresden, 1945. Chicago : Ivan Dee (2006).

6. Adam Roberts & Richard Guelff, Documents on the Laws of War. Third Edition. Oxford University Press (2000), p. 22 ; Geoffrey Best, War and Law Since 1945. Oxford University Press (1997), p. 200.

(Cet article a été originellement publié dans LML, Numéro 4 - Semaine du 21 février 2011.)

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L'investissement des monopoles mondiaux

La passion de la politique centrée sur le capital:
faire du Canada un bon endroit pour investir
la richesse sociale accumulée


Depuis les années 90, la politique canadienne officielle se distingue par :

- des voyages internationaux entrepris par des politiciens et des hommes d'affaires canadiens pour promouvoir le Canada en tant qu'endroit propice à l'investissement ;

- des accords de libre-échange permettant à la richesses sociale internationale d'entrer et de sortir librement du Canada et d'avoir libre accès à la classe ouvrière, aux ressources naturelles, aux infrastructures, aux institutions et aux autres actifs du Canada ;

- un appui à toutes fins pratiques illimité à certains monopoles privilégiés du trésor public qui se traduit par des prêts à taux d'intérêts réduits, des subventions et autres avantages ;

- une pression politique, économique et idéologique exercée sans relâche sur la classe ouvrière pour qu'elle réduise ses réclamations à la valeur qu'elle produit et pour miner sa lutte pour s'investir du pouvoir et défendre les droits de tous, les programmes sociaux et les services publics.

Cette passion de la politique centrée sur le capital se résume à rendre le Canada concurrentiel sur le marché mondial pour les investisseurs.

La voie dans laquelle la politique centrée sur le capital est engagée est sans issue. L'essence même de son objectif et de sa nature est de servir les détenteurs de la richesse sociale accumulée et non le peuple. Cet objectif et cette nature font en sorte que cette politique tourne le dos aux problèmes économiques, politiques et sociaux tels qu'ils se présentent sauf si la solution sert d'une façon ou d'une autre les détenteurs de la richesse sociale accumulée. Suivant cette politique, les Canadiens doivent sacrifier leurs problèmes aux besoins du contexte mondial et aux demandes des investisseurs et de leurs monopoles. Les problèmes politiques, économiques et sociaux ne sont pas traités ouvertement ou sur une base scientifique, puisqu'ils sont figés dans la toile de tout ce qui sert les détenteurs de la richesse sociale. Le renouveau démocratique du processus politique est entravé et la classe ouvrière est privée du pouvoir de trouver et de mettre en oeuvre une nouvelle direction pour l'économie qui sert les conditions socialisées modernes. Les problèmes qui se présentent à la société s'exacerbent sans être résolus. Ainsi la politique centrée sur le capital entre en conflit avec le peuple dirigé par la classe ouvrière.

Deux exemples : l'industrie sidérurgique et l'industrie automobile

Les propriétaires de US Steel ont investi dans la production sidérurgique canadienne en faisant l'acquisition de Stelco. L'objectif et la nature de cet investissement est de servir les propriétaires du monopole mondial US Steel. La politique centrée sur le capital a accueilli cette acquisition en invoquant la Loi sur investissement Canada ainsi qu'en apportant des changements provinciaux à l'entente actuelle sur les régimes de retraite. Sitôt l'acquisition de Stelco faite en 2007, les investisseurs ont commencé à limiter la production de l'acier au Canada. Ils ont fini par fermer de façon permanente le haut fourneau de l'usine de Hamilton, ralentir la production de coke et ils ont maintenant placé toute la production canadienne sous la protection de la faillite. Il semble que pour satisfaire les investisseurs de US Steel, les Canadiens doivent sacrifier leur industrie sidérurgique, leurs moyens de subsistance, leurs régimes de retraite et la santé de leur économie et de leurs communautés. US Steel et d'autres investisseurs mondiaux ont empêché les Canadiens de trouver et de mettre en oeuvre une nouvelle direction pour l'industrie de l'acier. Le fait de rendre le secteur de l'acier attrayant et disponible aux investisseurs mondiaux a été on ne peut plus désastreux pour Hamilton.

Pour sa part, le secteur de l'automobile est dominé par des investisseurs internationaux. Lorsque la crise économique de 2008 a sévi, les gouvernements fédéral et ontarien sont venus à la rescousse de GM et de Chrysler en leur offrant 13,7 milliards $ en fonds publics. Les travailleurs de l'automobile ont aussi accepté des concessions sur les avantages sociaux, les régimes de retraite et les conditions de travail. Malgré tout cela, l'industrie de l'automobile n'est pas revenue à ses niveaux d'avant 2008.

Les dirigeants de ces deux monopoles mondiaux se plaignent que le Canada n'est pas assez concurrentiel pour ce qui est de servir l'objectif et la nature de leurs investissements. La politique centrée sur le capital abonde dans le même sens. En témoignent certains articles du Windsor Star.

Le Windsor Star faisait valoir dans un récent article : « Carlisle, le président de GM, a dit que le Canada était la juridiction la moins concurrentielle pour ce qui est de la production automobile en Amérique du Nord. 'Il s'agit d'une équation multidimensionnelle', a dit Carlisle. 'Les coûts de la main-d'oeuvre en sont une composante, mais aussi la logistique et les devises étrangères. Nous devons tenir compte d'un ensemble de facteurs'. [...] La production de la chaîne de montage du fabricant canadien a sans cesse chuté, passant de 900 000 unités en l'an 2000 à environ 627 000 unités en 2013. » Les rumeurs vont bon train à l'effet que les investisseurs ont l'intention de se retirer et de détruire toute la richesse sociale de GM au Canada.

Dans l'article, on cite Ron Svajlenko, président de la section locale 222 d'Unifor, qui représente environ 3 700 membres à Oshawa. « Selon Svajlenko, le syndicat a l'intention de rencontrer Carlisle pour tenter de faire valoir un nouveau produit pour Oshawa. Il a dit : 'Nous sommes tout de même très compétitifs en comparaison avec les usines de GM aux États-Unis pour ce qui est des salaires, des régimes de retraite et des avantages sociaux', a dit Svajlenko. À la fin de l'année prochaine, 60 % de ses membres seront éligibles à la retraite, ce qui permettrait au fabricant d'automobile de se rebâtir une main-d'oeuvre à partir de nouveaux employés commençant à 60 % du salaire horaire régulier de 34 $ et devant travailler dix ans avant d'atteindre la parité, a-t-il dit. 'Cela représente d'importantes économies'. »

L'article conclut alors que le président de GM, Carlisle, déclare que le monopole « va continuer 'd'étudier ses options' pour l'avenir de sa production canadienne...'Lorsque nous prenons de telles décisions, nous les prenons en tenant compte de nos exigences et de la capacité concurrentielle du Canada' ».

Dans un autre éditorial, le Windsor Star exhorte le fédéral et d'autres politiciens à mettre en place une institution permettant de canaliser directement les fonds publics et d'autres avantages vers certains monopoles de l'automobile de façon continue et à long terme afin de rendre le Canada concurrentiel dans la bataille pour attirer les investissements. On y lit : « Matt Marchard, président de la Chambre de commerce régionale de Windsor-Essex, mène une campagne nationale pour pousser le gouvernement à offrir davantage de mesures incitatives pour attirer les entreprises au pays, y compris la création d'une stratégie de l'automobile.

« Le Conseil de partenariat de l'industrie automobile du Canada a fait entendre le même plaidoyer, à peine quelques jours après que le ministre du Développement économique, de l'Emploi et de l'Infrastructure de l'Ontario, Brad Duguid, ait affirmé que pour ce qui est de l'Ontario, tout est sous contrôle. Le Conseil a aussitôt lancé un cri d'alarme à l'effet qu'une stratégie de l'automobile était nécessaire pour l'Ontario.

« 'Il est difficile de connaître le succès lorsque nous ne faisons que réagir aux opportunités tandis que nos compétiteurs sont de véritables créateurs et constructeurs', a dit Flavio Volpe, président de l'APMA, devant les membres réunis du club Ciociaro ce mercredi. »

Que veulent les investisseurs mondiaux ? Examinons les trois cibles des investisseurs mondiaux : la redistribution de la richesse sociale accumulée, l'achat de produits sociaux existants et d'actifs productifs, et l'investissement direct dans la nouvelle production de biens et services.

Les Canadiens semblent prisonniers d'une vision du monde où il n'y a pas de place pour une conception de la politique autre que la politique officielle centrée sur le capital. Les politiciens, les détenteurs de la richesse sociale accumulée, les universitaires et les économistes officiels n'ont qu'un mot d'ordre : les Canadiens doivent tout mettre en place pour se rendre, eux et leur pays, attrayants pour l'investissement monopoliste. Notre avenir dépendrait de notre capacité d'être attrayants aux autres qui, eux, décideront de notre avenir. Notre rôle serait donc de se rendre plus attrayants, de se prostituer, quoi.

Que veulent les investisseurs mondiaux lorsqu'ils lorgnent le Canada et les Canadiens et qu'ils montrent leur liasse ? En un mot, ils veulent faire de l'argent, beaucoup d'argent le plus rapidement possible et avec le moins de risque possible.

Rendre le Canada concurrentiel pour l'investissement veut dire laisser le contrôle aux investisseurs, ceux qui possèdent la richesse sociale accumulée. Les investisseurs décident quand et où ils veulent investir, et en attendant cette décision qui n'est jamais dans le sac, ils veulent en surcroît que les Canadiens « soient de la partie » et se « fardent » pour en offrir toujours davantage.

Il ne faut pas oublier que parmi les investisseurs mondiaux, il y a aussi des Canadiens détenteurs d'importantes quantités de richesse sociale accumulée ou qui contrôlent des fonds d'investissements. Ils cherchent des opportunités d'investissement dans le monde et ont exactement le même objectif et la même nature que les détenteurs de la richesse sociale accumulée ailleurs dans le monde. Ils demandent à la classe ouvrière canadienne et à d'autres avec peu ou pas de richesse sociale de concurrencer avec les Mexicains ou d'autres pour attirer des investissements qui pourraient ne pas se matérialiser et sur lesquels les Canadiens ont peu ou pas de contrôle, comme c'est le cas pour US Steel et les monopoles de l'automobile.

Les gros capitalistes canadiens comme Kevin O'Leary et Conrad Black sont parmi les plus enthousiastes et les plus volubiles pour que le Canada soit de la partie et offre aux investisseurs toujours davantage. Ce sont des investisseurs internationaux qui n'ont d'allégeance qu'envers leur propre richesse sociale et envers leur suite de politiciens, d'universitaires, d'experts et d'autres individus centrés sur le capital de leurs médias de masse. L'intérêt qu'ils peuvent avoir pour le Canada et leur objectif est semblable à ceux de tous les investisseurs mondiaux, c'est-à-dire protéger et faire croître leur richesse sociale accumulée et rien de plus. Ils financent des groupes d'experts, des maisons de relations publiques et des politiciens dans le but d'arrêter toute discussion sur comment changer la direction de l'économie pour que les producteurs de fait puissent avoir un mot à dire et un contrôle avec un nouvel objectif, celui d'édifier une économie viable, qui suffit à ses besoins et qui sert le peuple et humanise l'environnement social et naturel. Les investisseurs mondiaux canadiens déclarent que toute mesure visant à restreindre le mouvement de richesse sociale accumulée serait néfaste non seulement pour l'investissement direct au Canada mais aussi pour leurs investissements à l'étranger. Ils ne veulent pas que le peuple ait le pouvoir économique et politique au Canada sur l'économie et le produit social du Canada. Ce sont des adversaires avoués de tout effort pour donner au peuple le pouvoir de décider. Le pouvoir économique et politique, ils veulent le garder pour eux afin de priver le peuple de son mot à dire et d'un contrôle sur les facteurs qui affectent sa vie, sans oublier d'abord et avant tout l'économie socialisée et la direction dans laquelle elle est engagée.

Note : L'investissement direct à l'étranger - ailleurs qu'au Canada - par les propriétaires canadiens de la richesse sociale accumulée excède par plus de 90 milliards $ l'investissement direct à l'étranger au Canada par les investisseurs non canadiens. Le fait que la sortie d'investissements excède ou égale en gros l'entrée d'investissements soulève la question à savoir en quoi une telle entrée de richesse sociale accumulée est-elle si nécessaire. Pourquoi ne pas utiliser la richesse sociale accumulée au Canada pour qu'elle serve aux projets nécessaires à l'édification nationale du Canada. La sortie et l'entrée de richesse sociale remet en cause toute cette question de rendre le Canada concurrentiel et d'attirer les investissements étrangers. Ces montants plus ou moins équivalents rendent ces plaidoyers extrêmement intéressés et incohérents, c'est le moins qu'on puisse dire.

(Voir Statistique Canada : Bilan des investissements internationaux, l'investissement direct canadien à l'étranger et l'investissement direct étranger au Canada, par le Système de classification des industries de l'Amérique du Nord (SCIAN) et de la région, annuel, cliquer ici.

La redistribution de la richesse sociale accumulée

L'une des façons d'investir, si on peut parler ainsi, est de ne pas s'engager dans la production de biens et de services mais de simplement faire circuler l'argent. La majorité des investissements mondiaux sont en produits dérivés ou en capital fictif. Ils consistent à faire circuler l'argent dans le système impérialiste d'États sur les marchés des valeurs mobilières, des produits de base et des monnaies et autres afin d'obtenir un gain de la richesse sociale accumulée sans qu'il n'y ait eu production additionnelle de biens et de services. Cette propriété sur papier est en soi très douteuse. Par exemple, des dettes hypothécaires ou des prêts automobile sont achetés de leurs détenteurs à un prix réduit pour être fusionnés en obligations, lesquelles sont achetées et vendues mondialement. Les compagnies vendent des obligations à des investisseurs à un taux d'intérêt fixe. Ces obligations sont ensuite sans cesse revendues dans des échanges, leurs prix fluctuant selon les taux d'intérêt, directement selon les notations de crédit de la compagnie en question ou par le biais de manipulation de la part de spéculateurs et d'initiés.

Le mouvement et la redistribution de la richesse sociale accumulée mènent à plus ou à moins de richesse, toujours sans produire quoi que ce soit. Le gain n'engendre pas de valeur additionnelle mais est plutôt le résultat de la redistribution d'une valeur existante. On voit ainsi circuler des milliards de dollars sur une base quotidienne, menant à l'enrichissement de certains et à des pertes pour d'autres. Dans un sens plus large, cela mène à la concentration de la richesse entre les mains d'un nombre toujours plus restreint d'individus.

Le mouvement de la richesse sociale accumulée autour du globe, assisté par de puissants ordinateurs, ne produit aucune nouvelle valeur et pourtant les gens qui s'y adonnent reçoivent un salaire et des primes et font de gros coups d'argent. Qu'il s'agisse des travailleurs d'un bureau de fonds spéculatifs ou ses propriétaires, tous vivent aux dépens de la valeur de biens et de services produits par les travailleurs ailleurs dans l'économie. Le principe selon lequel on ne peut consommer ce qui n'a pas été produit s'applique à ce mouvement et à la redistribution de la richesse.

La politique centrée sur le capital prétend que ce mouvement de richesse et sa distribution sont bénéfiques pour la société et que la société doit les autoriser. Ses adversaires, par contre, soutiennent que cette activité reflète le parasitisme et la décomposition du capitalisme monopoliste et sa corruption systémique et qu'elle doit cesser. Elle n'est d'aucune utilité. La concentration de la richesse entre des mains toujours plus restreintes consolide le pouvoir politique et économique d'individus privilégiés et empêche que le peuple ne s'investisse du pouvoir et que la classe ouvrière puisse faire progresser la société. La richesse sociale accumulée, qui est la valeur produite socialement et sur la base de la coopération, doit être utilisée pour servir l'intérêt et le bien publics, et non manipulée pour servir les intérêts privés étroits d'une classe privilégiée de détenteurs de la richesse sociale. Pour que cela se matérialise, le peuple a besoin de s'investir du pouvoir politique et de faire éclore une nouvelle direction prosociale et un nouvel objectif pour l'économie.

Acheter le produit social existant et les actifs de production

Les fusions et les acquisitions des avoirs sociaux existants, y compris la propriété publique et privée, sont les façons dont les détenteurs de la richesse sociale accumulée étendent et protègent leurs empires privés. Les propriétaires de US Steel semblent avoir acheté Stelco en 2007 dans le but d'éliminer la concurrence d'un producteur d'acier en Amérique du Nord. Cette année, US Steel a été forcé de verser plusieurs millions de dollars dans le cadre d'un règlement en matière de fixation des prix. Des consommateurs d'acier aux États-Unis sont à l'origine de cette poursuite juridique contre US Steel l'accusant de collusion avec les autres producteurs monopolistes dans le but de supprimer la production de l'acier afin d'augmenter les prix. Il semblerait ainsi que Stelco et les métallos canadiens ne soient devenus qu'un dommage collatéral dans cette combinaison.

Dans d'autres secteurs, les histoires abondent sur comment de riches Chinois, Indiens et d'autres provenant de pays en développement achètent des biens immobiliers à Vancouver, à Toronto et à Calgary. Parfois ces propriétés, pour la plupart des condos haut de gamme ou des maisons individuelles, restent vides pendant des années. De toute évidence, les autorités publiques canadiennes ne vérifient pas l'origine de ces investissements. Aussi cette méthode serait une façon courante de blanchir de l'argent ou de tenir cet argent à l'écart des autorités publiques d'autres pays.

Bien que les raisons varient pour se procurer le produit social existant et les actifs de production, le motif général - celui de servir les intérêts privés en protégeant et en faisant croître leur richesse sociale accumulée - est le même. Ces intérêts privés étroits entrent en conflit avec le grand intérêt public. L'autorité publique ayant le pouvoir de restreindre les intérêts privés des investisseurs mondiaux est devenue presqu'inexistante en raison du régime néolibéral actuel. Ce n'est pas ainsi que nous pourrons bâtir une économie canadienne qui est à la fois multidimensionnelle et viable. Un peuple moderne et conscient ne peut permettre qu'un tel état de fait tout à fait criminel puisse se poursuivre par lequel les intérêts privés sont politisés et l'intérêt public est pris d'assaut et détruit.

L'investissement direct dans la nouvelle production de biens et services

Un examen plus rigoureux de pourquoi les investisseurs mondiaux investissent dans la nouvelle production de biens et services et ce dont ils ont besoin pour ce faire permettrait de voir ce qui doit changer et la nécessité du rôle dirigeant de la classe ouvrière. Le premier changement requis est l'élimination du capital en tant que relation sociale, la restitution de la propriété de la richesse sociale à ses producteurs de fait, le contrôle de ceux-ci sur la direction de l'économie et le mouvement politique général permettant d'investir le peuple du pouvoir.

Les investissements de la richesse sociale accumulée liés à la classe
ouvrière en tant que relation sociale qu'est le capital


Les investissements de richesse sociale accumulée d'eux-mêmes ne peuvent produire la valeur. Dans le système capitaliste, la richesse sociale accumulée ne peut produire la valeur que sur la base d'une relation sociale inégale et antagoniste avec la classe ouvrière moderne. Cette relation sociale est le capital.

La richesse sociale accumulée, principalement les matériaux à leur état brut ou raffinés, les instruments de production et l'argent sont liés à la capacité de travail de la classe ouvrière à produire des biens et services. Le temps de travail antécédent des producteurs de fait détermine le montant de valeur capté dans le matériel brut, les instruments de production, l'argent et la capacité de travail de la classe ouvrière. La valeur transférée reproduite par la production, lorsque réalisée, retourne aux détenteurs de la richesse sociale accumulée afin de payer le matériel brut consommé, les instruments de production, les salaires, les avantages sociaux et les régimes de retraite des travailleurs salariés, ainsi que la portion d'infrastructure organisée par l'État, les programmes sociaux et les services publics qui sont aussi consommés. Les travailleurs actifs produisent la valeur ajoutée en plus de la valeur transférée reproduite. Les détenteurs de la richesse sociale accumulée saisissent la valeur ajoutée produite par les travailleurs salariés. Les gouvernements en réclament aussi une partie.

La valeur potentielle du Cercle de Feu dans le nord de l'Ontario, du Plan Nord au Québec et des vastes territoires de forêts et de mines que l'on retrouve partout au pays, les usines d'acier, d'automobiles ainsi que les immenses secteurs de services que sont les écoles, les hôpitaux et les bureaux deviennent une véritable source de valeur selon le temps de travail actif accompli par la classe ouvrière. Selon les relations de production capitalistes actuelles, la richesse sociale accumulée est combinée à la capacité de travail de la classe ouvrière au sein de la relation sociale antagoniste qu'est le capital. La classe ouvrière par son travail transforme la valeur potentielle de Dame Nature en valeur actuelle, reproduit la valeur captée de sa propre capacité de travailler et les moyens de production dans le nouveau produit social, et produit la valeur ajoutée dans ce même produit social.

Le caractère social de la production moderne et l'économie socialisée
intégrée sont en contradiction avec la propriété privée
de la richesse sociale accumulée

L'objectif étroit des détenteurs de la richesse sociale accumulée consistant à faire le plus d'argent possible dans le plus court lapse de temps, et ce, en concurrence avec d'autres sources de richesse sociale accumulée, n'est pas en harmonie avec le caractère social de la production moderne et de l'économie socialisée intégrée. La classe ouvrière moderne fait sien le grand objectif d'harmoniser la production sociale. Pour que cet objectif devienne réalité, la classe ouvrière doit se libérer de la pensée et de la conscience antisociale entretenues par la relation sociale antagoniste qu'est le capital et doit agir par soi-même en tant que productrice actuelle au contrôle de la richesse sociale accumulée et ayant son propre projet d'édification nationale.

Dans le contexte du présent système capitaliste et de dictature sur la classe ouvrière, la richesse sociale accumulée détenue et contrôlée par quelques privilégiés doit composer avec les travailleurs, si l'expansion de la richesse existante doit être à la hauteur des attentes de ses propriétaires. Cela exige des travailleurs qui sont prêts à travailler dans le contexte de cette relation sociale qu'est le capital et qui sont prêts à y rester sur une longue période quitte à être facilement remplacés par d'autres travailleurs lorsque nécessaire. La classe ouvrière est l'ingrédient premier indispensable à l'investissement et à la valeur accrue de la richesse sociale accumulée. Sans les travailleurs, le capital ne peut pas exister ni produire. Le capital n'existe seulement que dans le contexte de sa relation sociale avec la classe ouvrière. La richesse sociale accumulée, qui est du temps de travail captif, ne peut aller nulle part, que ce soit sous forme d'argent, de matériaux bruts ou de machines, et produire quoi que ce soit à moins que les travailleurs ne soient prêts à travailler pour la richesse sociale accumulée dans le contexte de la relation sociale qu'est le capital, et qu'ils ne soient prêts à rester sans prendre la clé des champs.

La servitude des travailleurs dans le contexte de la relation sociale qu'est le capital doit être volontaire pour qu'elle persiste et pour qu'elle soit bénéfique aux propriétaires, ou encore faut-il qu'elle ait l'apparence d'être volontaire. Les travailleurs en tant que force sociale ne doivent avoir nulle autre option que de travailler pour le capital, même doivent-ils être prêts à faire la file avec d'autres travailleurs pour obtenir un emploi sur le marché de travail capitaliste, puisque c'est la seule façon pour eux, en tant que force sociale, de gagner leur vie.

Le fait que quelques travailleurs individuels puissent opter pour une autre façon de gagner leur vie, en tant que petits entrepreneurs, par exemple, ayant de l'argent sur la base de leurs épargnes, d'une activité criminelle ou d'une loterie ne change rien à la relation sociale de base qui consiste à ce que les travailleurs se soumettent au diktat de la richesse sociale accumulée en tant que capital.

Le premier et plus important facteur expliquant l'investissement de la richesse sociale accumulée est l'existence de travailleurs qui travaillent volontairement dans le contexte de la relation sociale qu'est le capital, dans une position de servilité. La servitude volontaire de la classe ouvrière ou le travail forcé indirect est un travail salarié ou encore de l'esclavage salarié. L'esclavage salarié volontaire diffère de la servitude involontaire ou du travail forcé direct, de l'esclavage classique ou l'esclavage pur et simple. Les deux sont des conditions d'oppression de classe et de systèmes d'exploitation de classe d'humains par une classe privilégiée d'humains. Toute inégalité au sein de la société trouve son origine dans le système de classe d'oppression et d'exploitation économiques, politiques et sociales.

Le niveau de disponibilité des travailleurs et leur volonté de travailler et de rester au travail sont des facteurs sous-jacents au facteur premier. Ces facteurs sous-jacents dépendent avant tout du taux de chômage. Lorsqu'il y a un taux élevé de chômage et que des travailleurs de l'extérieur d'une région donnée sont prêts à venir travailler dans cette région, il est fort probable que ces travailleurs seront prêts à travailler pour les détenteurs de la richesse sociale accumulée et d'accepter à long terme le contexte de cette relation sociale qu'est le capital.

Les détenteurs de la richesse sociale accumulée à investir ont besoin de travailleurs volontaires avec des habiletés et une éducation spécifiques qui vont accepter de travailler et de rester en place sur une longue période. Le travail de la classe ouvrière accroît la richesse sociale accumulée. Le montant de valeur ajoutée varie selon la productivité du travail et les revendications individuelles de la classe ouvrière au niveau salarial et ses revendications sociales au niveau de programmes sociaux organisés par l'État et de services publics. Les travailleurs ne travaillent qu'une partie de leur journée pour reproduire la valeur de leurs salaires et des avantages sociaux individuels et sociaux. Le reste de la journée, ils travaillent pour rien, puisque la valeur qu'ils produisent et reproduisent est saisie par les détenteurs de la richesse sociale accumulée ou par le gouvernement.

La classe ouvrière est totalement marginalisée dans le contexte de cette sombre réalité du système de classe capitaliste et de la dictature du capital sur elle. Les travailleurs n'ont aucun mot à dire sur tout ce qui affecte leur vie, sans oublier sur la direction de l'économie. La classe ouvrière réagit en tant qu'élément captif au sein de la relation sociale qu'est le capital et de ses institutions organisées par l'État. Les travailleurs sont indirectement du travail forcé au sein de cette relation sociale. Ils sont les producteurs de fait de toute la richesse sociale accumulée mais n'ont aucun droit de propriété sur cette richesse ni aucun mot à dire sur comment elle doit servir. Les travailleurs sont réduits à offrir aux détenteurs de la richesse sociale accumulée tout ce que ceux-ci attendent d'eux en tant que force sociale opprimée réduite de façon indigne à un simple coût aux yeux de l'oppresseur.

La façon de se sortir de cette impasse est la lutte de classe consciente et organisée pour s'investir du pouvoir et pour une nouvelle direction pour l'économie qui est contrôlée par les producteurs de fait. Pour que cela se produise, la classe ouvrière doit rejeter la pensée, la conscience antisociale et les points de vue centrés sur le capital appris au sein de la relation sociale qu'est le capital. Les travailleurs doivent aller de l'avant avec militantisme sur la base de leur propre projet d'édification nationale et investir le peuple de sa souveraineté.

Les investisseurs de la richesse sociale accumulée agissent avec l'influence politique, sociale et économique de la machine d'État d'un pays ou d'une région particulière. Sans la protection et l'appui de la machine d'État ainsi que les connections sociales liées à cette influence dans un pays ou une région, il est difficile voire même impossible pour les investisseurs de trouver des possibilités d'investissement, mener cet investissement à terme et supprimer toute résistance de la classe ouvrière à sa condition d'opprimée au sein du capital. Aussi, des investissements sans l'appui politique de la machine d'État risquent de perdre leur richesse, ou de se faire confisquer ou saisir par des compétiteurs.

Dit sans détour, cela veut dire protéger le territoire des détenteurs de la richesse sociale accumulée. Pour ce qui est du Canada, ce territoire est compris dans les États-Unis des monopoles de l'Amérique du Nord et, dans une moindre mesure, au Royaume-Uni, dans certains États d'Europe, d'Australie et dans des paradis fiscaux tels les îles Cayman. Le fait que les Barbades, les îles Cayman et le Luxembourg soient les troisième, quatrième et cinquième plus grands récipients d'investissement étranger direct canadien, un total de plus de 124 milliards $, expose la corruption endémique qui accompagne le mouvement de valeur sociale accumulée.

L'influence politique, sociale et économique et le pouvoir de la machine d'État et de la classe privilégiée de détenteurs de la richesse sociale accumulée soutiennent le système de classe et d'exploitation de la classe ouvrière dans le contexte de la relation sociale qu'est le capital et du système impérialiste d'États. Le privilège de classe est reflété dans la corruption systémique qui imprègne le système capitaliste monopoliste ainsi que tous les niveaux de gouvernements.

La distribution de l'investissement mondial, comprenant les entrées et les sorties des investissements, révèle de façon empirique le territoire des détenteurs canadiens de la richesse sociale accumulée. Ce territoire varie à tout moment, reflétant les conflits et les guerres au sein du système impérialiste d'États ainsi que le développement inégal du capitalisme.

Mis à part les menaces et les actions militaires, les États-Unis ont aussi recours à des embargos et à des sanctions économiques en tant qu'armes puissantes leur permettant de maintenir leur dictature au sein du système impérialiste d'États dirigé par les États-Unis. Les investissements sont interdits ou restreints dans un grand nombre de pays qui refusent de se soumettre à l'impérialisme étasunien.

Tableau de sources d'investissement pour les destinations d'entrées
et de sorties d'investissement canadien

  2010 2011 2012 2013
  milliards de dollars
Investissement direct canadien à l'étranger 637.3 675.0 712.6 779.3
États-Unis 251.3 272.4 290.0 318.3
Royaume-Uni
83.9 76.7 76.6 86.1
Barbades 50.0 55.9 61.3 63.0
Iles Cayman
24.0 33.0 30.8 30.9
Luxembourg 13.6 19.3 23.7 30.2
Australie 22.0 25.1 26.1 23.4
Pays-Bas 9.8 14.2 15.9 17.7
Chili 12.0 10.4 16.4 16.6
Irlande 22.2 17.6 12.0 16.0
Mexique 4.9 9.6 10.5 12.3
Brésil 10.3 10.4 10.8 11.1
Hongrie 12.8 11.7 9.9 11.0
Bermude 11.2 10.4 13.2 10.7
Tous les autres pays 109.2 108.3 115.6 132.0
Investissement direct étranger au Canada 592.4 603.5 626.8 686.3
États-Unis 317.7 309.8 320.1 352.1
Pays-Bas 53.6 63.3 67.0 67.8
Royaume-Uni 42.4 49.6 48.7 56.7
Luxembourg 20.9 23.1 27.8 28.5
Suisse 19.7 19.2 18.3 18.7
Brésil 17.3 17.5 16.7 18.3
Japon 12.7 14.4 16.3 17.3
Chine 12.1 15.4 16.4 16.7
France 17.4 10.6 9.5 11.0
Allemagne 8.2 11.0 9.2 10.1
Tous les autres pays
70.6 69.5 77.0 88.9

Information sur l'investissement étranger direct, 2013 ici.

Facteurs communs d'investissement au sein
du système impérialiste d'États


L'argent public venant de l'État

Les largesses accordées aux intérêts privés à même les fonds publics influencent les monopoles quant au lieu de leur investissement. Cependant, un contrepoids à ce facteur est le fait que les gouvernements partout au sein du système impérialiste d'États paient les riches pour qu'ils investissent. Payer les riches pour les inciter à investir est si courant que le phénomène devient presque sans importance dans le système dans son ensemble. L'importance relève plutôt du fait que les intérêts privés ont été politisés. Ces intérêts privés aux contrôles de l'État ont le filon leur permettant non seulement de recevoir des fonds publics mais aussi de bénéficier d'autres avantages tels les homologations.

La production socialisée moderne est extrêmement productive. Elle comprend d'immenses quantités de matières premières et des instruments de production à grande échelle. Chaque heure de travail d'un travailleur moderne transfert une immense quantité de valeur provenant de ces deux facteurs vers la nouvelle production. L'application de la science et de la technologie à la production est la plus grande réalisation du capitalisme. Mais comme pour tout phénomène, les progrès faits au niveau de la production ont leur propre dialectique, qui, n'ayant pas été résolue, en est venue à hanter le système lui-même en l'affligeant de crises économiques et de guerres de plus en plus destructives.

La richesse sociale investie en matières premières et en instruments de production relativement au nombre de travailleurs actifs a augmenté sans arrêt au cours des deux cents ans d'histoire du capitalisme. La valeur transférée à partir des matières premières et de la machinerie vers la nouvelle production est déterminée par la quantité de valeur consommée au cours du processus. Le temps de travail des travailleurs actifs reproduit la valeur transférée à partir de matières premières produites antérieurement, les instruments de travail ainsi qu'eux-mêmes, et en surcroît, produisent la valeur ajoutée de laquelle le profit est réclamé.

La productivité augmente progressivement le ratio valeur transférée/valeur ajoutée tout en produisant une plus grande quantité de biens et de services avec le même temps de travail vivant. Les investisseurs subissent une chute du taux de profit et une chute de leur retour sur le capital investi venant du montant accru de valeur transférée provenant de matières premières produites antérieurement par des travailleurs actifs relativement à la valeur ajoutée qu'ils produisent.

La valeur transférée représente approximativement un retour zéro pour les investisseurs, puisque ce qu'ils paient est ce qu'ils devraient normalement recevoir du produit social réalisé. La valeur ajoutée est le but et la source du gain pour les détenteurs du capital. Avec la productivité, le montant de valeur ajoutée selon le temps de travail augmente mais, relativement au montant total investi, le ratio est plus petit. Dans cette situation, les travailleurs produisent plus de produit social et de valeur totale pendant leur temps de travail, ce qui comprend plus de valeur transférée et de valeur ajoutée mais non pas au même taux pour chaque catégorie. La valeur transférée croît plus vite que la valeur ajoutée.

Une plus grande production en moins de temps de travail, en particulier la production du matériel et des services dont les travailleurs ont besoin pour vivre, diminue le temps de travail que les travailleurs doivent consacrer pour reproduire leur propre valeur en salaires et en avantages sociaux. Ce qui fait qu'ils produisent relativement plus de valeur ajoutée pendant leur temps de travail. Cependant, la valeur totale des matières premières et des instruments de production consommés et reproduits au cours du processus de production augmente à un taux supérieur à la valeur ajoutée. Les travailleurs travaillent moins de temps pour eux-mêmes et plus de temps pour les détenteurs du capital. Cependant, ce temps de travail accru consacré aux détenteurs du capital a lieu dans un contexte de reproduction d'un montant toujours plus grand de valeur transférée provenant des matières premières et des machines. La productivité se traduit donc par de plus grandes quantités de produit social avec le même temps de travail qu'avant mais avec moins de valeur ajoutée relativement à la valeur totale du produit social.

Le but du capital est la production de valeur ajoutée et non de produit social. Le montant de valeur ajoutée que les travailleurs produisent est toujours jugé selon le montant de capital investi. Les détenteurs du capital veulent de la valeur ajoutée en retour de leur investissement et non du produit social. Quel serait le but d'investir si cet investissement engendrait une grande quantité de produit social mais une quantité relativement négligeable de valeur ajoutée. Quel dilemme pour la classe privilégiée de détenteurs de la richesse sociale. À prime abord, une solution serait de changer l'objectif de l'économie socialisée qui est la valeur ajoutée pour satisfaire les exigences des détenteurs du capital et augmenter leurs fortunes personnelles, pour un nouvel objectif, celui de faire en sorte que le produit social garantisse le bien-être et la sécurité de la population. Les détenteurs de la richesse sociale empêchent la classe ouvrière de transformer en réalité ce nouvel objectif pour que celui-ci devienne le but et la direction de l'économie socialisée.

Plutôt que de résoudre ce dilemme à la base, la classe privilégiée d'investisseurs a organisé l'État pour que celui-ci fournisse une partie de l'investissement par le biais de la richesse sociale collective prise à même le trésor public. Les investisseurs, y compris les détenteurs de dettes, revendiquent la plus grande partie de la valeur ajoutée que les travailleurs produisent comme leur propriété privée mais en puisant moins dans leur richesse sociale accumulée pour combler l'investissement, la balance provenant de l'État. Le taux de profit et le taux de retour sur le capital investi sont en quelque sorte dépannés alors que les intérêts privés attirent les faveurs et sont politisés au dépend de l'intérêt public. Ces manigances pour payer les riches n'apportent aucune solution au dilemme fondamental et entraînent les conséquences désastreuses que sont les crises économiques récurrentes et les batailles de destruction réciproque sans fin menées par les détenteurs de la richesse sociale afin de contrôler l'État et de s'en servir à leurs propres intérêts privés étroits.

Les détenteurs de la richesse sociale ont recours à d'autres mesures pour amortir le dilemme de base, comme par exemple faire en sorte que l'État achète le produit social à des prix qui garantissent un bon taux de rendement sur le capital investi. Ceci est particulièrement vrai de la production militaire et des projets d'infrastructure publics ainsi que des fournisseurs privés de matériel destiné aux services de santé public, à l'éducation et à d'autres programmes sociaux et services publics.

Les partenariats publics-privés sont devenus monnaie courante, alors que les intérêts privés saisissent la part du lion de la valeur ajoutée pendant que l'État en assume tous les risques. De plus en plus, la norme veut que les intérêts privés contractuels fournissent les travailleurs et le matériel servant aux services financés par le gouvernement, comme les prisons, les agences de police, les mercenaires pour les guerres à l'étranger, et à toute fin pratique tous les programmes sociaux et services publics. Partout au pays nous pouvons voir comment on a recours à la sous-traitance dans la fonction publique, même pour les employés du Bureau du premier ministre.

L'implication directe de l'État dans l'attribution de fonds publics aux intérêts privés et le fait de garantir des contrats pour acheter des biens et services de compagnies privées est, à toute fin pratique, du capitalisme monopoliste d'État. L'État protège et politise la richesse sociale accumulée d'une élite privilégiée qui a accumulé de grandes quantités de richesse produite socialement. L'État assure la continuation de leurs positions basées sur la richesse et le pouvoir en bloquant tout progrès et tout effort de la part du peuple dirigé par la classe ouvrière pour résoudre les problèmes économiques, politiques et sociaux et faire avancer la société vers de nouvelles relations de production et vers un nouvel objectif et une nouvelle direction pour l'économie socialisée.

Un autre dilemme auquel sont confrontés les détenteurs du capital lié à la productivité est l'incapacité du système capitaliste d'absorber ou de réaliser le produit social accru. Lorsque la production sociale de biens et de services pour le bien-être général de la population et de la société n'est pas le but de l'économie, alors l'absurde contradiction d'une économie qui produit trop alors que plus d'un se prive et qu'une section de la classe ouvrière est sans emploi reste sans solution.

La contradiction entre un objectif privé étroit et une économie socialisée mène aussi à un désinvestissement de la part des détenteurs de la richesse sociale accumulée qui refusent de réinvestir dans la production de biens et services sans être assurés d'une énorme réclamation sur la valeur ajoutée sans risques. Plus souvent qu'autrement, ils dirigent leur richesse sociale vers des manigances parasitaires permettant des gros coups d'argent dans le secteur financier afin de saisir la valeur déjà produite des autres ou de tout simplement la mettre de côté de sorte à la protéger.

Le secteur financier au complet est devenu parasitaire et une source de corruption, de décadence et de crises. Il devrait être aboli et remplacé par des institutions publiques qui fournissent des services financiers en tant que service public.

La chute du taux de profit et la chute du taux de retour sur le capital investi, l'incapacité de réaliser le produit social, les manigances parasitaires visant de grands coups d'argent et le refus des détenteurs de la richesse sociale d'investir dans l'économie socialisée pour permettre sa reproduction prolongée sont autant de facteurs engendrant les crises économiques. Ces facteurs et les manigances pour payer les riches à même les fonds publics pour atténuer la chute du taux de profit sont aussi autant d'indications que le système capitaliste transitoire doit être remplacé par un système plus avancé doté de nouvelles relations sociales et d'un nouvel objectif qui harmonise tous les aspects de l'économie socialisée. Avec ces nouvelles relations de production socialisées, en plus de contrôler divers facteurs, en particulier les facteurs économiques qui affectent leur vie, les travailleurs bénéficieront d'une réduction du temps de travail requis pour produire davantage de produits sociaux, et le peuple ainsi que la société en général bénéficieront directement de la production accrue, rationnelle et planifiée, de biens et services, dont ils pourront faire bon usage.

Les concessions des travailleurs dans le contexte d'un chômage
permanent à grande échelle et du repli de la révolution

Les investisseurs de richesse sociale accumulée ont besoin de travailleurs qui sont volontairement serviles devant le capital, des travailleurs qui ne remettent pas en question leur situation de servilité et qui ne défendent pas activement leurs droits et qui n'aspirent pas à s'investir du pouvoir. On trouve partout dans l'empire étasunien des travailleurs miséreux et acculés au pied du mur. Ils sont embauchés soit à l'étranger ou au pays selon les intérêts privés étroits des détenteurs de la richesse sociale accumulée. Exercer une pression vers le bas sur le niveau de vie de la classe ouvrière dans tout le système impérialiste d'États a pour effet de transférer une partie de la valeur aux détenteurs du capital et de concentrer davantage de richesse sociale entre les mains de quelques-uns, mais cet état de fait a des conséquences non intentionnelles qui sont dommageables pour l'économie socialisée.

Les travailleurs sont à la fois les producteurs de la valeur et les consommateurs de ces biens et services nécessaires à la survie selon un niveau de vie bien établi. Le fait de réduire ce niveau de vie en forçant la classe ouvrière à faire des concessions, en imposant un ordre du jour d'austérité et de destruction des programmes sociaux et des services publics exerce une pression vers le bas sur l'économie socialisée et devient ainsi un nouveau facteur engendrant des crises économiques. Les concessions pour la classe ouvrière et l'austérité générale en tant qu'ordre du jour pour l'économie socialisée moderne dans le but de servir les intérêts étroits des détenteurs de la richesse sociale est impraticable et ne peut mener qu'au déclin, aux conflits et aux crises.

Servir les besoins militaires de l'empire étasunien et sa soif insatiable
de profit et de guerre

L'empire étasunien prône les investissements dans les armes de destruction massive et dans l'armée en général en préparation à une guerre mondiale et pour mieux mener ses guerres prédatrices et inter-impérialistes. Une des conditions à satisfaire pour être membre de l'organisation agressive dirigée par les États-Unis qu'est l'OTAN est d'investir le plus possible dans l'armée et dans les systèmes d'armements avancés. Ces armes doivent correspondre aux normes établies par les États-Unis, ce qui veut dire que les entreprises d'armes situées aux États-Unis dominent la production et l'approvisionnement. L'État est garant des investissements liés aux armes des monopoles préférés, leur allouant des contrats aux prix de production réalisés qui sont extrêmement lucratifs. L'État contribue aussi à tout l'investissement dans les systèmes d'armement par le biais de manigances pour payer les riches tout en laissant libre-cours aux intérêts privés dans leur réclamation de la valeur ajoutée.

Un exemple récent de cette situation est la contribution fédérale de 300 millions $ à Pratt & Whitney avec zéro intérêt. Pratt & Whitney est une filiale à part entière de la compagnie d'armement étasunienne United Technologies Corporation du Connecticut. Elle bénéficie régulièrement de fonds publics. Le gouvernement fédéral lui a déjà donné 300 millions $ en 2010, et l'année dernière le gouvernement du Québec lui a donné 19 millions $. Évidemment on présente les cadeaux publics à Pratt & Whitney comme étant nécessaire pour sauver des emplois et encourager l'investissement privé, lesquels investissements n'auraient pas lieu sans les fonds publics.

Certains observateurs disent que les fonds publics alloués à P & W sont d'un secret tel qu'ils sont impossibles à retracer, du moins en ce qui concerne le public. Aucune comptabilité publique n'est entretenue sur la distribution des subventions et des prêts ni sur leur remboursement, s'il y a lieu. Les fonds fédéraux sont alloués en vertu de l'Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense du gouvernement.

Dans un communiqué de presse du 8 décembre 2014, le président de Pratt & Whitney Canada, John Saabas, a tenu à clarifier, du moins tenté de clarifier, qu'Ottawa n'accorde pas de prêt à la compagnie, sans doute pour expliquer pourquoi aucun intérêt n'est exigé d'elle. « Il s'agit d'une contribution remboursable. Ce n'est pas un prêt, a-t-il dit. C'est comme emprunter de l'argent. C'est un investissement à risque que le gouvernement canadien accorde pour les compagnies comme la nôtre en nouvelles technologies. »

Même si le système capitaliste est basé sur l'objectif du profit, l'« investissement à risque » ou une « contribution remboursable » de la part du gouvernement n'engendre aucun profit direct, puisque seulement le principal ou la dite contribution doit être remboursé dans 15 ans, à moins, bien sûr, que le « risque » ne l'emporte sur l'« investissement ». Le profit, si on se fie aux détenteurs de la richesse sociale accumulée, n'est bon que pour les investisseurs privés et non pour les investisseurs publics. Selon cette logique, le public ne devrait pas bénéficier directement de la richesse sociale collective propriété du peuple pour aboutir à une production publique des biens et services et à une production prolongée de l'économie. Non, parce que cela ne servirait pas les intérêts privés étroits. Le gouvernement sous le contrôle d'intérêts privés est dirigé de sorte à remettre la richesse sociale collective propriété du peuple entre les mains d'intérêts privés qui contrôlent l'État et qui profitent directement des investissements de l'État et de l'État en tant que tel. L'idéologie antisociale qui prêche de se soumettre aux intérêts privés est en contradiction avec les forces de production socialisées et avec son but centré sur l'humain consistant à servir les intérêts publics, et mène la monde à la ruine.

Un communiqué de CNW annonçant l'« investissement à risque » du trésor public dans P & W a été publié au moment où tous les employés de P & W ont été avisés qu'ils devaient prendre sept jours sans solde en 2015. Le président Saabas tente, tant bien que mal, de s'expliquer : « Il y a beaucoup d'investissement d'appoint à P & W et nous voulons maintenir une certaine profitabilité dans laquelle nous pouvons nous-mêmes investir. » Selon la Presse canadienne, Saabas aurait déclaré : « Les journées non payées servent à éviter que la compagnie ne soit obligée de faire des compressions ou de mettre à pied des travailleurs. » Saabas de rajouter : « C'est une façon pour nous de maintenir notre profitabilité. Nous avons fait cela dans le passé. »

Maintenir la profitabilité pour le capital monopoliste veut dire attaquer les réclamations de la classe ouvrière tout en recevant à bon compte un « investissement de risque » de la part du trésor public.

(Source : CNW, Presse canadienne)

Note : Pratt & Whitney est une compagnie aérospatiale des États-Unis avec des opérations de service mondiales. C'est une filiale à part entière de la United Technologies Corporation (UTC). Les moteurs de Pratt & Whitney pour aéronefs servent à l'aviation civile et militaire. Son siège social est à East Hartford, au Connecticut, où siège aussi son principal monopole, UTC. UTC est un entrepreneur militaire mondial. Il produit entre autres des systèmes de missiles et d'hélicoptères militaires, dont l'hélicoptère UH-60 Black Hawk. En 2014, UTC a annoncé des revenus bruts mondiaux issus de ventes de l'ordre de 62,6 milliards $, un profit net de 9,21 milliards $ et 5,7 milliards $ partagé entre ses actionnaires privés. UTC dit qu'il a à son emploi environ 218 000 travailleurs mondialement, dont 6 200 au Canada.

L'État fournit l'infrastructure matérielle (terrains aménagés, eau, électricité/gaz naturel, réseaux d'égouts, ports, chemins de fer, routes, ponts) et l'infrastructure humaine (éducation publique, système de santé public, programmes sociaux)

L'État fournit une bonne partie de l'infrastructure matérielle nécessaire à l'investissement dans le système moderne de production et de distribution. La construction des infrastructures se fait principalement par des entreprises privées. L'État garantit les contrats, y compris tout le financement privé qui y est relié, ce qui fait de la construction des infrastructures une source garantie de richesse pour les plus grandes sociétés de construction et les autres participants.

L'État capitaliste a historiquement pris possession des infrastructures et réalisé leur valeur en tant qu'instruments de production en versant des fonds publics aux sociétés financières mondiales et aux entreprises de construction. La récupération de cet investissement public quand il est utilisé dans l'économie socialisée est toujours nébuleuse ; l'État accumule plutôt une dette publique, ce qui est une autre façon de payer les riches. Les grandes entreprises utilisent et consomment les infrastructures en ne payant qu'une fraction de leur valeur transférée. Les propriétaires de la richesse sociale bénéficient également de l'investissement à long terme dans la dette publique, qui est sans risque et amène invariablement des paiements d'intérêts au-dessus du taux d'inflation.

La propriété privée ou la gestion privée des infrastructures matérielles est de plus en plus courante dans le transport ferroviaire, le transport aérien, le transport public, les routes et les ponts. La propriété privée des infrastructures humaines augmente elle aussi et comprend notamment l'éducation, les soins pour personnes âgées et une bonne partie des services de santé et autres programmes sociaux. La privatisation atteint également les institutions chargées d'assurer la sécurité de l'État capitaliste monopoliste et la propriété et le privilège de classe des propriétaires de la richesse sociale, telles que les forces policières, le système carcéral, l'armée et la bureaucratie gouvernementale.

Les partenariats public-privé sont maintenant obligatoires pour l'obtention de financement fédéral, bien que certains représentants politiques du capital monopoliste remettent en cause leur utilité car ils profitent dans une trop grande mesure à une poignée d'investisseurs des infrastructures aux dépens des autres détenteurs de la richesse sociale.

L'État est responsable en grande partie de recueillir la valeur transférée à la production de biens et services lorsque les infrastructures matérielles et humaines sont utilisées et consommées. La responsabilité de l'État de réaliser cette valeur n'est pas calculée et documentée précisément ni révélée publiquement. En général, les entreprises privées qui consomment la valeur sociale humaine et matérielle transférée des infrastructures publiques paient moins que la valeur réellement consommée par leur emploi. Par exemple, les taux préférentiels pour la consommation industrielle d'électricité publique sont généralement considérés comme « bons pour les grandes entreprises et les gros investissements » et c'est la même chose pour les routes publiques et l'accès à des sites forestiers et miniers éloignés. Sans cela, dit-on, l'investissement privé ne serait pas viable et n'aurait pas de sens économiquement.

L'idéologie antisociale du capitalisme monopoliste prive le peuple d'une pleine responsabilisation de l'emploi et de la consommation de la richesse sociale publique. Les intérêts privés étroits de quelques privilégiés soustraient cet important aspect de l'économie socialisée à la responsabilité publique. La réalisation de la valeur des infrastructures se fait en majeure partie sur le dos des travailleurs, par l'impôt des particuliers et les frais d'usager, ce qui a pour effet de déformer la nature intrinsèque des infrastructures en tant que moyens de production plutôt que moyens de consommation ou produits de consommation. L'élite capitaliste dominante détourne toute discussion sur une alternative prosociale et une nouvelle direction pour l'économie où les infrastructures et leur consommation et réalisation sont ouvertement et pleinement comptabilisées au su et au vu de tout le monde.

À cet égard, la valeur produite par les travailleurs des secteurs de l'éducation et de la santé et des autres programmes sociaux, voire dans l'ensemble des infrastructures humaines, qui représentent une composante énorme de l'économie, reste nébuleuse. On répète constamment le gros mensonge que les programmes sociaux sont un coût et un fardeau pour la société, comme si tout le temps de travail des éducateurs, infirmières et autres intervenants des services et la valeur qu'il transfert et produit s'évaporait sans laisser de trace, sans rien ajouter à l'économie et sans rien apporter à la population. La classe ouvrière doit résolument réfuter ce gros mensonge et ne pas lui permettre de s'infiltrer dans ses rangs. La valeur transférée et ajoutée des programmes sociaux et de toutes les infrastructures doit être réalisée dans l'économie par les composantes de l'économie qui consomment la valeur de ces moyens de production nécessaires. L'infrastructure humaine comme l'éducation publique et le système de santé public crée une valeur dans l'économie comme partie de l'organisme vivant appelé classe ouvrière, le facteur humain essentiel à la production de biens et services, sans lequel la société moderne ne saurait exister. Sans la production de biens et services par la classe ouvrière, et sans la reproduction de la classe ouvrière et de sa valeur à un niveau toujours plus élevé, la société moderne est impossible. Les travailleurs individuels existent pour eux-mêmes mais, ce qui est tout aussi important, ils existent les uns pour les autres, pour l'ensemble de la classe ouvrière, car sans l'ensemble l'individu ne peut exister. La valeur de la classe ouvrière est constamment reproduite à nouveau et l'économie est l'instrument socialisé qui doit réaliser cette valeur à la fois en tant qu'entité et en tant que composantes individuelles. L'intégralité de la classe ouvrière et l'individualité de ses membres en tant qu'organisme ne peuvent être maintenues et perpétuées que si la valeur est réalisée, malade ou en santé, de la naissance à la mort. Si la valeur du travailleur individuel n'est pas réalisée dans la maladie ou la santé, de la naissance à la mort, c'est l'ensemble de la classe ouvrière qui est en danger d'extinction et la société aussi. L'économie socialisée s'effondre sans les travailleurs qui produisent la valeur. La classe ouvrière, les travailleurs pris individuellement et la classe prise dans son ensemble, est le facteur humain qui produit la valeur. La valeur qu'elle produit pourvoit aux besoins de ses membres de la naissance à la mort et permet le maintien de la société dont tous dépendent.

Les entreprises et institutions qui bénéficient des infrastructures matérielles et humaines et qui en consomment la valeur doivent payer pour la valeur transférée qu'elles emploient. La valeur doit être retournée aux institutions publiques qui créent la valeur au départ, ce qui en fait des éléments viables et dynamiques de l'économie socialisée. Les infrastructures matérielles et humaines doivent être vues comme des moyens de production pour l'économie dont la valeur produite et reproduite est transférée à d'autres moyens de production et de consommation. Elles sont des instruments économiques qui produisent de la valeur dans l'ensemble. Dans un sens large, les infrastructures ne sont pas des biens de consommation, elles ne sont pas des moyens de consommation, ni est-ce leur rôle. Elles sont des moyens de production qui permettent de produire une valeur d'usage dans l'économie socialisée comme moyen de préserver la valeur et de produire encore plus de valeur. En tant que tels, l'impôt des particuliers et les frais d'usager individuels ne devraient pas jouer de rôle dans la réalisation de la valeur des infrastructures matérielles et humaines.

Les institutions sociales et politiques de l'État comme le gouvernement, les prisons, la police et l'armée ne sont pas des moyens de production ; elles ne préservent et ne produisent pas de valeur ; elles consomment la valeur dans leur fonction de perpétuer l'État et le privilège de classe, et en tant que telles elles nécessitent des revenus d'État provenant de l'imposition de la valeur ajoutée.

Un autre aspect qui n'est pas bien documenté ou amené dans la conscience publique est l'augmentation de la valeur du sol lorsque publiquement aménagé ou utilisé pour le transport public. De grands promoteurs immobiliers profitent depuis toujours de la valeur du sol qui augmente considérablement lorsque les terrains sont publiquement aménagés, surtout près des réseaux de transport public. Ils résistent à l'obligation de payer la pleine valeur matérielle sociale transférée à la terre par la construction d'infrastructures environnantes. La classe ouvrière doit changer cette façon de faire quand elle établit une nouvelle direction pour l'économie.

Le contrôle monopoliste privé du commerce international
et la construction d'empires

La mode néolibérale des accords de libre-échange a renforcé le contrôle monopoliste privé du commerce international. Cela conduit à un développement inégal basé sur les besoins des monopoles mondiaux et non sur ceux d'une économie souveraine indépendante qui suffit à ses besoins et pourvoit aux besoins de sa population.

Pour restreindre et renverser l'activité destructrice des monopoles mondiaux, le secteur de la vente en gros, tant dans le commerce intérieur qu'extérieur, doit être placé sous le contrôle et l'autorité d'institutions publiques. Il faut priver les monopoles mondiaux de leur pouvoir de fixer les prix de production à leurs fins privées. Ils se servent de ce pouvoir pour étendre leurs empires mondiaux au détriment des peuples du monde et de leur économie souveraine et sont indifférents aux chaos et aux bouleversements qu'ils provoquent dans le monde.

Les fluctuations extrêmes du prix du pétrole font la démonstration du besoin de changer la façon dont les prix sont déterminés. En 52 semaines, le prix du pétrole brut a connu un plancher de 46,18 $US le baril et un sommet de 114,77 $US le baril. Durant cette même période, le prix de production du pétrole brut tel que déterminé par le temps de travail quel que soit le mode de production n'aurait pas fluctué de plus d'un point de pourcentage. Une méthode scientifique alternative ou une formule moderne pour déterminer les prix de production et la valeur réelle des marchandises du commerce international est non seulement possible mais nécessaire.

Pour des représentations graphiques du prix du pétrole, du gaz naturel, du charbon et de l'uranium, cliquer ici.

Le libre-échange impose le diktat monopoliste privé à l'ensemble du secteur de la vente de gros, à la monnaie nationale et au secteur financier. L'échange de biens et services mondialement sous l'hégémonie du dollar américain et le contrôle de monopoles privés crée une situation où la richesse sociale accumulée d'économie souveraine se déplace d'un pays à l'autre sans aucune restriction publique. Cela prive les peuples du monde de la possibilité d'établir des relations commerciales fondées sur l'avantage réciproque et le développement, de mettre en valeur l'amitié entre les peuples formant une seule humanité, de créer de la stabilité dans l'économie mondiale et d'exercer un contrôle sur leur économie souveraine.

Les propriétaires privés de la richesse sociale accumulée sont des bâtisseurs d'empires, pas des bâtisseurs de nations. Les propriétaires canadiens de la richesse sociale accumulée se sont joints à l'empire impérialiste américain pour former les États-Unis des monopoles d'Amérique du Nord ou la Forteresse nord-américaine. Leur quête d'empire les mène à piller les matières premières de pays étrangers, à exploiter les travailleurs mondialement et à se livrer à des guerres constantes pour le contrôle de régions jugées nécessaires à la croissance de l'empire comme par exemple dans toute l'Asie centrale et occidentale et en Afrique. Par l'OTAN sous domination américaine, ils sont parvenus à encercler la Russie et se préparent à la guerre pour imposer un changement de régime dans ce pays et saisir de vastes régions où se trouvent les matières premières qu'ils convoitent. Une fois l'Europe sous leur influence et la Russie soumise à l'empire américain, la prochaine étape sera l'achèvement du « pivot » militaire vers l'Asie et l'encerclement de la Chine pour placer l'ensemble de l'Asie sous leur domination.

Les États-Unis des monopoles d'Amérique du Nord

Les propriétaires canadiens de la richesse sociale accumulée se sont trouvé une niche au sein de l'empire américain dans le secteur de la production des matières premières pour l'ensemble du système impérialiste d'États.

Le tableau suivant de Statistique Canada montre les grands mouvements de l'investissement dans le secteur minier.


Tableau 376-0122: Balance des paiements internationaux, flux d'investissements directs canadiens à l'étranger et d'investissements directs étrangers au Canada, selon le Système de classification des industries de l'Amérique du Nord (SCIAN).
Cliquer sur l'image pour le tableau complet.

Le tableau suivant témoigne du niveau d'intégration de l'économie canadienne au système impérialiste d'États américain. Il dessine dans les grandes lignes une économie au service des grands monopoles. Par exemple, les investissements dans le secteur des véhicules automobiles et des pièces automobiles donnent une production totale de véhicules supérieure à ce que les Canadiens peuvent consommer annuellement, et pourtant les automobiles assemblées au-delà de cette capacité de consommation n'apportent pas un bénéfice commercial net parce qu'une partie des pièces utilisées dans les véhicules exportés sont importées. Une sortie nette de la valeur de ce secteur représente un bénéfice net pour les monopoles mondiaux de l'automobile mais un déficit pour l'économie canadienne. L'économie canadienne se porterait mieux si elle produisait seulement la quantité de véhicules pouvant être consommés au pays mais toute la valeur des pièces utilisées dans leur fabrication. Tout excédent des moyens de production d'automobiles, en particulier pour ce qui est des lignes d'assemblage et des travailleurs engagés dans la production de plus de véhicules que les Canadiens ne consomment, pourrait être utilisé à la production de grandes quantités de produit social non produit au Canada dans le secteur important, producteur de grandes valeurs, des machines, matériel et pièces industriels.


Cliquer sur l'image pour le tableau complet

Le surplus de l'exportation de matières premières ou de produits semi-raffinés dans les quatre catégories que sont les produits énergétiques, les minerais et minéraux non métalliques, les produits en métal et produits minéraux non métalliques et les produits forestiers et matériaux de construction et d'emballage est en grande partie absorbé par les déficits dans les secteurs des machines, matériel et pièces industriels, matériel et pièces électroniques et électriques et biens de consommation.

Ces catégories ne donnent pas une vue détaillée de la situation. Par exemple, dans la catégorie produits en métal et produits minéraux non métalliques, où il y a un surplus, la sous-catégorie des produits de l'acier accumule chaque année un déficit d'un milliard de dollars, ce qui ne va pas s'améliorer avec la fermeture permanente du haut fourneau de l'aciérie Stelco à Hamilton par le monopole américain US Steel.

L'économie socialisée moderne de grande production industrielle a besoin de trois facteurs fondamentaux : les matières premières, les instruments de production et le facteur humain, une classe ouvrière instruite et socialement consciente. Avec ces trois facteurs, qu'ils soient réalisés au pays ou par le commerce à l'avantage réciproque, tout pays peut satisfaire les besoins de sa population par une production consciente et planifiée, surtout un pays grand comme le Canada. Une fois tout cela en marche, la productivité apporte l'accumulation nécessaire de la valeur pour investir dans la reproduction élargie. Pour cela, les rapports de production doivent être constamment renouvelés pour demeurer en harmonie avec le développement des forces productives socialisées.

L'économie qui suffit à ses besoins et qui répond aux besoins de sa population comprend : les matières premières, dont l'alimentation produite localement ou obtenue par le commerce sur la base de l'avantage réciproque et la coopération ; les instruments de production fabriqués localement pour la production alimentaire, l'extraction minière et la production manufacturière ; les services financiers offerts comme service public ; les infrastructures matérielles et humaines nécessaires à une économie moderne et permettant de garantir les droits et la satisfaction des besoins de la population.

La politique de l'économie qui suffit à ses besoins en est l'expression concentrée. Cela veut dire que les producteurs de fait sont eux-mêmes politiques et que la politique est centrée sur ceux qui participent à la production et à la reproduction de la vie. Les formes et institutions politiques de l'économie qui suffit à ses besoins sont les inventions des producteurs de fait, dans leur effort pour garantir leurs droits et garantir la reproduction élargie de l'économie.

Le problème est d'en arriver à cette étape et la clé est d'activer le facteur humain/conscience sociale. La propriété et le contrôle privés de la richesse sociale accumulée sont un obstacle à ce progrès. La nécessité de changement requiert que la classe ouvrière dirige le peuple dans un mouvement pour priver les propriétaires de la richesse sociale accumulée de leur capacité de priver le peuple du pouvoir de faire avancer l'économie vers l'édification nationale en harmonie avec les trois facteurs de base: les matières premières, les instruments de production et le facteur humain, une classe ouvrière instruite et socialement consciente. L'édification nationale moderne requiert une économie planifiée d'une manière socialement consciente pour garantir la satisfaction des besoins et la sécurité de la population, la reproduction élargie de l'économie sans les bouleversements et les crises, et l'humanisation de l'environnement social et naturel.

Source

Les tableaux suivants de  :Statistique Canada

Bilan des investissements internationaux, investissements directs canadiens à l'étranger et investissements directs étrangers au Canada, selon le Système de classification des industries de l'Amérique du Nord (SCIAN) et la région. Cliquer ici.

Balance des paiements internationaux, flux d'investissements directs canadiens à l'étranger et d'investissements directs étrangers au Canada. Cliquer ici.

Bilan des investissements internationaux du Canada, deuxième trimestre de 2014. Cliquer ici.

Bilan des investissements internationaux, investissement de portefeuille et autre investissement au Canada, par secteur, valeur comptable et valeur au marché. Cliquer ici.

Opérations internationales du Canada en valeurs mobilières, septembre 2014. Cliquer ici.

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