Lettre de la section de Calgary de l'Association des syndicalistes à la retraite à la première ministre de l'Alberta
La lettre qui suit a été envoyée le 4 décembre à la première ministre Daniel Smith par Peggy Askin, présidente du Conseil régional de Calgary de l'Association des syndicalistes à la retraite du Canada.
Je vous écris au nom de la section de Calgary de l'Association des syndicalistes à la retraite pour vous faire part de certaines de nos préoccupations concernant la proposition de votre gouvernement de retirer les Albertains du Régime de pensions du Canada (RPC) et de créer un Régime de pensions de l'Alberta (RPA).
Nos membres savent bien ce que signifie vivre avec un revenu de retraite et combien il est important d'avoir une sécurité à la retraite. En tant que retraités syndiqués, beaucoup d'entre nous ont des pensions de travail en plus de la sécurité de la vieillesse et du RPC. En tant que syndiqués, nous avons subi l'assaut continu contre les pensions à prestations déterminées et leur remplacement par des « régimes à cotisations déterminées » peu sûrs, tandis que de nombreux retraités n'ont pas de pension de travail du tout. De nombreuses personnes âgées luttent pour payer leurs factures avec la flambée des prix des denrées alimentaires, des loyers, des services publics et autres nécessités; les femmes âgées qui vivent seules sont particulièrement vulnérables à une vie de pauvreté.
Notre principale préoccupation, pour nous-mêmes et pour tous les travailleurs de notre province et de l'ensemble du pays, est de faire respecter le droit à la sécurité de la retraite et aux soins dont les personnes âgées ont besoin. Notre position consiste à défendre les pensions dont nous disposons et à lutter pour une retraite sûre pour tous. Ce dont nous avons besoin de toute urgence en Alberta, et d'ailleurs au Canada et au Québec, c'est des pensions de retraite sûres pour garantir un niveau de vie de standard canadien.
Les actions de votre gouvernement montrent que loin d'avoir pour but d'améliorer la vie des retraités, l'objectif d'établir un régime de retraite de l'Alberta (RPA) fait partie de la bataille d'intérêts privés concurrents pour le contrôle de la richesse créée par les travailleurs.
Mettre la sécurité de nos retraites entre les mains d'un RPA créé par votre gouvernement est à notre avis à la fois inacceptable et pour le moins très risqué. Cela met également en péril la sécurité de la retraite de notre jeune génération.
Une préoccupation majeure est de savoir qui contrôle les prises de décision sur l'investissement des fonds de pension. Par le biais de la Loi 22, la Loi sur la réforme des agences, conseils et commissions et des entreprises publiques (2019), le gouvernement du Parti conservateur uni (PCU) s'est emparé du contrôle total des prises de décision concernant l'investissement des fonds de pension de 350 000 travailleurs. Entre autres, le ministre des Finances se voit attribuer le pouvoir de gérer des investissements spécifiques avec l'argent de nos pensions. C'est une raison suffisante pour s'opposer au RPA proposé par votre gouvernement.
La Loi 22 a placé le fonds de retraite des enseignants de l'Alberta sous le contrôle de l'Alberta Investment Management Corporation (AIMCo), a privé tous les conseils de retraite du secteur public de leur capacité de choisir un administrateur de retraite et sont maintenant tous gérés par AIMCo, ce qui signifie que les conseils de retraite n'auront pas leur mot à dire sur la façon dont les fonds de retraite sont gérés. Grâce à ces changements, un gouvernement du PCU a mis la main sur 115 milliards de dollars de fonds de pension appartenant à des travailleurs employés par le gouvernement de l'Alberta, les services de santé de l'Alberta, les conseils scolaires, les municipalités, les établissements d'enseignement supérieur, les universités et d'autres employés du secteur public. Le projet de loi 22 a également privé de nombreux travailleurs de la possibilité de participer aux régimes de retraite de leur lieu de travail.
Il semble que votre gouvernement veuille maintenant mettre la main sur des milliards supplémentaires pour financer des stratagèmes pour payer les riches, tels que les programmes de privatisation et les investissements risqués dans le pétrole et le gaz.
Les actions de votre gouvernement sont une preuve de plus que les travailleurs de l'Alberta doivent rejeter de manière décisive votre projet de former le RPA. Le gouvernement a fourni des estimations ridicules des fonds qu'un RPA recevrait du RPC. Son processus de « consultation » a montré un manque total de respect pour les opinions des Albertains, y compris un sondage qui n'a même pas donné aux Albertains l'occasion de dire Non ! et des « assemblées publiques » téléphoniques où le modérateur intervient activement contre ceux qui s'expriment contre le retrait proposé. De nombreuses personnes qui ont assisté à ces assemblées téléphoniques ont déclaré qu'elles ressemblaient davantage à une session de mise en marche du RPA et que de nombreuses personnes ayant des questions et des commentaires n'avaient pas la possibilité de s'exprimer, et ont conclu qu'il s'agissait d'une façade.
La dépense scandaleuse de 7,5 millions de dollars de fonds publics à ce jour pour une campagne de publicité visant à promouvoir la désinformation sur les avantages supposés d'un RPA n'est pas seulement inacceptable, c'est un abus de pouvoir évident.
Il est extrêmement improbable que votre gouvernement parvienne à retirer l'Alberta du RPC, étant donné que la proposition ne profite qu'à ceux qui veulent mettre la main sur les fonds de pension, qu'elle est largement contestée par les Albertains et qu'elle le sera également par le parti qui formera le gouvernement fédéral, sans parler du reste du Canada.
On peut donc se demander si votre gouvernement considère qu'il s'agit d'un moyen de détourner l'attention de son refus de répondre aux besoins de la population de l'Alberta, notamment en matière de crise des soins de santé et des soins aux personnes âgées, en matière d'éducation, de logement abordable, d'aide aux sans-abris et de la montée en flèche des coûts de la nourriture, de l'électricité, des loyers et d'autres nécessités.
En conclusion, nous demandons le retrait de la proposition de RPA ! Nous défendons les pensions que nous avons et luttons pour la sécurité des retraites pour toutes et tous.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 12 - Décembre 2023
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