La situation des migrants aux États-Unis
La situation des migrants aux États-Unis va de mal en pis. Elle met en évidence le rôle du gouvernement américain dans les migrations en provenance ou à l'intérieur de nombreux pays, ainsi que le traitement chaotique et inéquitable de la question actuelle des migrants aux États-Unis.
Le gouvernement américain n'a jamais signé ni ratifié la Convention internationale de 1990 sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Cette convention reconnaît les droits humains des travailleurs migrants et promeut leur accès à la justice ainsi qu'à des conditions de travail et de vie humaines et légales. Elle fournit des orientations pour l'élaboration de politiques nationales en matière de migration et pour une coopération internationale fondée sur le respect des droits humains et de l'État de droit. Elle prévoit des dispositions pour lutter contre les abus et l'exploitation des travailleurs migrants et des membres de leur famille tout au long du processus de migration.
Les Américains sont très engagés dans le redressement de la situation. Aux États-Unis, des militants de Chicago ont écrit :
« Il faut notamment insister pour que la ville de Chicago ouvre les écoles vacantes pour y loger les migrants tout en les aidant à trouver un emploi et un logement stable. Et nous devons insister pour que l'administration Biden augmente l'aide aux migrants et ne réduise pas davantage le peu que le gouvernement a fait (alors qu'il dépense 0,65 $ de chaque dollar d'impôt fédéral discrétionnaire pour l'armée américaine et les guerres, comme celle contre la Russie en utilisant l'Ukraine par procuration ou la guerre contre les Palestiniens). »
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM), un bureau des Nations unies, a déclaré qu'en 2022, il y avait 281 millions de migrants dans le monde et que ce nombre augmentait, alors que plus de 60 000 d'entre eux perdent la vie chaque année dans le processus de migration.
Les déclarations de la Chicago Antiwar Coalition (CAWC) fournissent des exemples spécifiques de l'ingérence du gouvernement américain dans de nombreux pays d'Amérique latine et des Caraïbes, causant des problèmes à la population locale et augmentant le nombre déjà élevé de migrants qui se sont récemment dirigés vers les États-Unis.
Venezuela : « Comme beaucoup le savent, le gouvernement des États-Unis a été très dur avec le Venezuela – avec des tentatives de coups d'État, le vol de milliards, le sabotage, la menace d'une intervention militaire et des sanctions en raison de leur structure politique, qui comprend la démocratie participative et l'autodétermination dans les zones locales et qui ne renonce pas à leur alliance avec d'autres pays d'Amérique latine qui s'opposent à l'impérialisme américain, comme Cuba ou le Nicaragua.
« Avec les 169 milliards de dollars perdus à cause des attaques des États-Unis, le Venezuela aurait pu payer la totalité de sa dette extérieure, qui s'élève à 110 milliards de dollars. Ou disposer de suffisamment de ressources pour importer des aliments et des médicaments pendant 45 ans, et ne pas avoir subi la perte de 40 000 vies à cause du manque de fournitures de soins de santé. »
Cuba : « Le gouvernement américain a interdit la plupart des exportations vers Cuba à partir de 1960, avant que le président Kennedy n'impose un blocus économique, commercial et financier plus complet à Cuba en 1962. Ce blocus s'est poursuivi sous dix présidents, républicains et démocrates. Le dernier rapport de Cuba aux Nations unies indique que les dommages cumulés causés par le blocus s'élèvent à 147 853 300 000 dollars. Joe Biden poursuit la tradition anti-cubaine de rendre service à la classe dirigeante. Il a signé des prolongations de la Loi sur le commerce avec l'ennemi, poursuivant toutes les sanctions qui ont été imposées à Cuba par Donald Trump et d'autres présidents, et a ajouté de nouvelles sanctions, ignorant même l'appel de 114 membres de la Chambre des représentants des États-Unis à lever les sanctions américaines qui empêchent la livraison de nourriture, de médicaments et d'autres formes d'aide humanitaire à Cuba. »
Salvador : « Historiquement, au milieu des années 1800, le Salvador dépendait de l'exportation de l'indigo, puis, lorsque ce marché a disparu, il s'est principalement tourné vers la production de café, de canne à sucre et de coton. Une grande partie de cette production et des chemins de fer pour le transport appartenait à des investisseurs américains et britanniques. L'appropriation des terres pour ces cultures a conduit le gouvernement salvadorien à attaquer et à détruire les terres communales des autochtones et d'autres populations. Les soulèvements autochtones ont été réprimés avec l'aide d'armes américaines fournies au gouvernement salvadorien. Il en a été de même pour d'autres soulèvements pendant plus d'un siècle.
« Le gouvernement du Salvador était dominé par une classe dirigeante qui travaillait avec les États-Unis. Ceux-ci ont cessé d'être des exportateurs de produits agricoles pour devenir huit conglomérats qui se concentraient sur les montages financiers. Les entreprises américaines ont joué un rôle en insistant pour que les Salvadoriens utilisent des produits agricoles américains. De nombreuses personnes qui travaillaient dans les plantations ont perdu leur emploi.
« De 1980 à 1993, les États-Unis se sont activement opposés au Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN) et à sa lutte pour s'emparer du pouvoir politique. Les militaires et les escadrons de la mort soutenus par les États-Unis ont été responsables de la mort de 80 000 Salvadoriens. La dévastation et la pauvreté se sont intensifiées.
« En 2006, le Salvador a adhéré à l'accord de libre-échange entre la République dominicaine, l'Amérique centrale et les États-Unis (CAFTA-DR), qui a renforcé la domination des entreprises américaines. Le fait que les produits industriels et commerciaux américains entrent au Salvador en franchise de droits a empêché l'industrie locale de les concurrencer. Les États-Unis ont insisté sur ce point malgré les vives protestations des syndicalistes, des fermiers et d'autres personnes qui savaient que cela les appauvrirait encore plus. Puis, en 2014, les États-Unis ont insisté pour que le gouvernement salvadorien mette fin à tout soutien aux semences de maïs et de haricots produites localement, et favorise au contraire les semences importées des États-Unis. »
Honduras : « Les États-Unis ont également joué un rôle important dans la dévastation et l'appauvrissement d'un grand nombre de personnes au Honduras. Par exemple, Samuel Zemurray, qui a fait fortune dans le commerce de la banane et est devenu président de la United Fruit Company, l'entreprise fruitière la plus influente au monde à l'époque, s'est immiscé dans la politique hondurienne. En 1911, il a travaillé avec un ancien président hondurien, Bonilla, et le général américain Lee Christmas pour instiguer un coup d'État et créer une 'république de bananes'. Ce coup d'État a été réalisé avec la participation de l'armée américaine.
« En 2005, le Honduras a adhéré à l'Accord de libre-échange entre l'Amérique centrale et les États-Unis (CAFTA) malgré les protestations des syndicats et des agriculteurs locaux qui craignaient d'être concurrencés par les grands producteurs américains. Rapidement, le Honduras est passé du statut d'exportateur net de produits agricoles à celui d'importateur net, ce qui a entraîné la perte d'emplois pour les petits exploitants agricoles et une augmentation de l'exode rural.
« Le gouvernement des États-Unis, sous la direction du président Barack Obama et de la secrétaire d'État Hillary Clinton, a soutenu le coup d'État militaire qui a renversé le président démocratiquement élu soutenu par la population, José Manuel Zelaya, en juin 2009. Le gouvernement américain a soutenu les régimes qui lui ont succédé et maintient une base militaire au Honduras.
« Le Guatemala possède de nombreuses richesses qui pourraient le rendre prospère – si ces richesses n'étaient pas volées par plus de 200 entreprises américaines et autres sociétés étrangères, et pour le bénéfice d'investisseurs et de la riche classe dirigeante du Guatemala. Ces entreprises sont actives dans l'industrie manufacturière, l'agriculture, l'exploitation et le forage miniers, ainsi que dans les services. »
« Un autre domaine de responsabilité des États-Unis est la situation des gangs violents au Salvador ainsi que la présence croissante des gangs au Honduras et au Guatemala. Cela commence par le fait que le gouvernement américain ne s'occupe pas des conditions sociales et économiques aux États-Unis, ce qui a donné naissance à des gangs en quête d'argent et de contrôle de leur vie. Le gouvernement américain a égoïstement déplacé une partie de ce problème vers d'autres pays... en déportant les membres des gangs qui créent alors un climat de contrôle des gangs, de la criminalité et de la violence parmi les habitants de ces pays. C'est particulièrement vrai pour les jeunes Salvadoriens qui sont venus aux États-Unis pour échapper à la guerre civile, ont formé des gangs pour se défendre contre d'autres gangs et ont été déportés en grand nombre au Salvador.
« L'administration Biden tente de repousser les attaques selon lesquelles elle serait laxiste à l'égard des immigrants qui entrent aux États-Unis. Elle parle de s'attaquer aux 'racines du problème'. Mais elle ne s'attaque pas sérieusement aux inégalités causées par le système capitaliste. Par ailleurs, de nombreux migrants vivent toujours dans la misère au sud de la frontière mexicaine, dans l'espoir d'être autorisés à entrer aux États-Unis après en avoir été refoulés.
« Bien que certains prétendent que l'administration Biden crée des 'frontières ouvertes', elle continue d'expulser rapidement la plupart des personnes qui arrivent à la frontière sud, y compris 40 % des familles et 90 % des adultes célibataires. »
Le US Citizenship Act (Loi sur la citoyenneté américaine) de 2021 prévoit un parcours de huit ans vers la citoyenneté pour la plupart des quelque 11 millions d'immigrants vivant sans papiers aux États-Unis et appelle à l'utilisation de technologies supplémentaires pour sécuriser la frontière méridionale. Le sénateur Bob Menendez soutient ce projet parce que les 11 millions d'immigrants sont des « travailleurs essentiels qui ne doivent pas être laissés pour compte ».
« Cette affaire brûlante s'inscrit dans un contexte où la classe dirigeante américaine a usé et abusé des immigrants depuis les premiers jours du pays. Avant cela, les colonies britanniques ont été établies sur une base raciste et lucrative contre les Amérindiens et d'autres.
« La nature raciste de la classe dirigeante américaine à l'égard des immigrants est illustrée par le Naturalization Act (Loi sur la naturalisation) de 1790. Cette loi n'autorise que les personnes blanches libres et de 'bonne moralité' ayant vécu aux États-Unis pendant deux ans à demander la citoyenneté. Sans citoyenneté, les résidents non blancs se voyaient refuser les protections constitutionnelles de base, notamment le droit de vote, le droit de propriété ou le droit de témoigner devant les tribunaux.
« Ensuite, le Chinese Exclusion Act (Loi sur l'exclusion des Chinois) de 1882 a suspendu l'immigration chinoise pendant dix ans et déclaré les immigrants chinois inéligibles à la naturalisation, alors que depuis les années 1850, les immigrants chinois étaient nécessaires en tant que main-d'oeuvre bon marché pour les travaux risqués de construction des chemins de fer transcontinentaux, le travail dans les mines d'or, les travaux agricoles et le travail en usine, en particulier dans l'industrie de l'habillement.
« En 1907, en raison de préjugés en Californie selon lesquels un afflux de travailleurs japonais ferait perdre des emplois agricoles aux travailleurs blancs et ferait baisser les salaires, l'immigration a été restreinte.
« L'Immigration Act (Loi sur l'immigration) de 1917 a instauré une obligation d'alphabétisation pour les immigrants entrant dans le pays et a mis un terme à l'immigration en provenance de la plupart des pays asiatiques.
« L'Immigration Act (Loi sur l'immigration) de 1924 a limité le nombre d'immigrants autorisés à entrer aux États-Unis chaque année par le biais de quotas de nationalité qui favorisaient l'immigration en provenance des pays d'Europe du Nord et de l'Ouest et excluaient totalement les immigrants d'Asie, à l'exception des Philippines, qui étaient alors une colonie américaine. En 1924, la patrouille frontalière des États-Unis a été créée.
« La pénurie de main-d'oeuvre pendant la Deuxième Guerre mondiale a incité le gouvernement américain à lancer le programme Bracero, qui permettait aux travailleurs agricoles mexicains d'entrer temporairement aux États-Unis. Ce programme a duré jusqu'en 1964. »
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 12 - Décembre 2023
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2023/Articles/LM531214.HTM
Site web : www.pccml.ca Courriel : redaction@pccml.ca