L'essence de l'offensive antisociale

– Pauline Easton –


Rassemblement sur la colline du parlement à Ottawa le 7 janvier 2023

Le système appelé État-providence a été démantelé avec l'offensive néolibérale antisociale lancée parallèlement au libre-échange au milieu des années 1980. L'essence de l'offensive antisociale n'était pas les mauvaises politiques des gouvernements de gauche ou de droite ni la somme de ses caractéristiques qui inclut les « mauvaises décisions politiques », la privatisation, la corruption et les conflits d'intérêts. Ce n'est pas non plus que des crimes sont commis contre la population en la privant des établissements de santé et d'un traitement humain. Toutes ces choses se sont effectivement produites, mais l'objectif était et reste de restructurer l'État afin d'éliminer toutes les barrières qui empêchent les intérêts privés étroits d'usurper les pouvoirs de décision de l'État et de s'emparer des richesses du peuple.

Mêmes les fonctions de la fonction publique et du secteur public sont exercées par des intérêts privés étroits. Les campagnes contre les syndicats sont allées de pair avec l'adoption de lois justifiant le vol des pensions, des fonds de l'assurance-emploi et d'autres argents dont disposent les travailleurs pour veiller à leur bien-être, comme les fonds d'indemnisation des travailleurs accidentés. L'État-providence et le contrat social qui en découlait ont été démantelés et les factions rivales de la classe dirigeante se font la guerre pour voir jusqu'où elles peuvent s'en tirer dans leurs stratagèmes pour payer les riches.

La première vague d'assauts contre la société s'est faite au nom du remboursement de la dette et de l'élimination des déficits. Entre 1986 et 1991, le gouvernement fédéral a réduit de 35 milliards de dollars les paiements de transfert aux provinces pour la santé, l'éducation et le bien-être. Au cours de la même période, il a versé à lui seul plus de 422 milliards de dollars aux riches sous forme de paiements d'intérêts sur la dette. Cela revenait à payer au moins quarante fois la dette initiale héritée après la Deuxième Guerre mondiale. Il a ensuite annoncé qu'il paierait 88,5 milliards de dollars en frais d'intérêt au cours des deux années suivantes.

Le gouvernement de l'époque voulait simplement accaparer plus d'argent en réduisant les services, en privatisant et en éliminant les régimes de retraite à prestations déterminées en faveur de régimes à cotisations déterminées, ce qui lui permet d'augmenter le montant des fonds à sa disposition.

Des lois ont été adoptées, comme celles qui criminalisaient les déficits ou les manoeuvres pour voler les fonds de pension, priver les travailleurs accidentés des fonds qui leur revenaient de droit et ainsi de suite. Il s'agissait d'une forme de fraude criminelle dont le but était de dissimuler le véritable objectif, qui était de payer les riches et non de réformer le système de santé pour répondre à un objectif social et encore moins aux besoins de modernisation d'un système de santé fondé sur le principe de l'universalité ou sur les besoins de la population et de la société elle-même.

La propagande selon laquelle le remboursement de la dette et des déficits pour le bien de la société aurait des « retombées » a été mise à nu lorsqu'on a vu que les riches sont devenus plus riches et les pauvres plus pauvres et plus nombreux. La propagande était et continue d'être un mensonge délibéré pour couvrir l'objectif de payer les intérêts privés étroits qui saisissent des pouvoirs de décision de l'État. Les paiements aux grandes sociétés pharmaceutiques durant la pandémie, la satisfaction de la demande de la machine de guerre américaine en minéraux essentiels et de la demande en droits miniers sur les terres autochtones, ou l'augmentation des dépenses en armement et l'argent versé à des promoteurs privés au nom de la satisfaction des besoins en logement, tout cela était justifié par la promesse de « retrombées » pour le peuple.

Une fraude historique a été commise lorsque l'objectif de la société de servir le bien public a été changé sans la permission des Canadiens. Aujourd'hui encore, en ce qui concerne les soins de santé, ceux-là mêmes qui ont tout chambardé parlent comme si l'objectif demeurait ce qu'il était dans le passé : l'universalité. Puis ils affirment que leurs stratagèmes pour payer les riches sont tous légaux, même s'il faut pour cela inventer des lois au fur et à mesure. Leur souci aujourd'hui n'est pas de réparer le système de santé défaillant, c'est d'écraser l'opposition à leurs démarches pour supprimer toute limite contenue dans les cadres juridiques précédents à leur capacité d'agir en toute impunité. Ils prétendent que tout ce qu'ils font est légal, même si cela veut dire violer leurs propres lois et les interpréter de façon intéressée.

La fraude du gouvernement Trudeau n'est pas seulement qu'il cherche à vendre ses salades avec toutes sortes de fausses promesses pour justifier des crimes et bloquer la voie au progrès de la société. Son argument ultime est de dire que le passé peut être transformé en présent en le modifiant après coup, par exemple en déclarant qu'il est guidé par le principe d'universalité dans le financement de la santé. Son présent n'est pas la situation réelle telle qu'elle existe, mais une série d'abstractions ahistoriques présentées comme des vérités évidentes qui, dit-on, nous indiquent ce qu'il faut faire.

La fraude consiste à ignorer délibérément les besoins concrets de la société et du peuple et, surtout, à exclure complètement le peuple de l'équation et des délibérations. Cela fait de la prétention de ces dirigeants à une gouvernance qui représente la volonté du peuple un véritable obstacle à la résolution de tous les problèmes auxquels le peuple et la société sont confrontés.

Les gouvernements qui vendent ces salades prétendent que les individus ne font pas un avec leurs collectifs et que leurs intérêts individuels et collectifs n'ont pas à être harmonisés avec l'intérêt général de la société. Tout ce que cela prouve, c'est que les individus qui ont usurpé les leviers du pouvoir ne sont pas aptes à gouverner et que c'est au peuple de donner la définition du principe d'universalité et de ce qui est nécessaire pour affirmer le droit des Canadiens à la santé.

Offrir aux Canadiens les services de santé dont ils ont besoin est la priorité première aujourd'hui et cela commence par offrir aux travailleurs de la santé les salaires et les conditions de travail qu'ils réclament.

Les soins de santé sont un droit !
Tous ensemble pour défendre les droits des travailleurs de la santé !


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Volume 53 Numéro 2 - Février 2023

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