Des sujets de préoccupation dans le monde
Non à l'ingérence du Canada au Pérou! Appuyons les justes revendications du peuple péruvien!
Manifestation à Lima, Pérou, 9 février 2023
Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) condamne le soutien apporté par le gouvernement du Canada au régime putschiste du Pérou, qui a destitué le président élu Pedro Castillo et imposé Dina Boluarte comme nouvelle présidente, par extension, son soutien aux crimes que ce régime et ses soi-disant forces de sécurité ont commis contre le peuple.
Le PCC(M-L) salue le peuple péruvien qui s'est soulevé contre le coup d'État en tenant des manifestations héroïques qui se sont poursuivies sans interruption et se sont amplifiées malgré la répression brutale qui, en moins de deux mois, a fait plus de 60 morts et de nombreux blessés. Le peuple rejette catégoriquement la destitution de Pedro Castillo et appelle à la dissolution du Congrès, à la tenue immédiate de nouvelles élections législatives et à l'élaboration d'une nouvelle constitution pour remplacer l'actuelle, néolibérale, rédigée et imposée en 1993 sous la dictature criminelle de Fujimori.
Au moins 14 pays d'Amérique latine et des Caraïbes, dont des membres de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), ont publiquement exprimé leur soutien au président Castillo et à la volonté populaire du peuple péruvien. Ils ont condamné les assassinats et la répression des manifestants par la police et l'armée péruviennes et ont exprimé leur soutien à la défense par le peuple péruvien d'un gouvernement démocratiquement élu.
Dans tout cela, le Canada s'est empressé de reconnaître Dina Boluarte comme la nouvelle présidente du Pérou et a envoyé son ambassadeur à Lima pour transmettre en personne un message de soutien au nouveau gouvernement. C'est un usage inacceptable de ses prérogatives en matière de politique étrangère que d'accepter au nom du peuple canadien ce qui se passe au Pérou.
Le gouvernement du Canada n'a manifestement aucun intérêt à tirer les leçons de sa participation ignoble au coup d'État des États-Unis et de la France de 2004 contre Haïti et de ses conséquences, et de son soutien au coup d'État contre Evo Morales et au changement de régime au Honduras. La formation par le Canada du Groupe de Lima perturbateur pour renverser le gouvernement de Nicolas Maduro au Venezuela et de son soutien aux sanctions lourdes et illégales qui ont causé un tort indicible à des millions d'hommes, de femmes et d'enfants est un autre exemple de sa politique étrangère réactionnaire en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le soi-disant Groupe de Lima, formé sur l'ordre des États-Unis et composé d'une poignée de pays sous la coupe des États-Unis, a échoué à maintes reprises à mobiliser la région de l'Amérique latine et des Caraïbes contre elle-même malgré l'utilisation de toutes sortes de méthodes intéressées sous couvert de discours sur la défense de la démocratie, des droits humains et d'un ordre international fondé sur des règles.
Malgré le soutien du pouvoir d'État des États-Unis et des médias réactionnaires des États-Unis et d'autres pays dans leur orbite, y compris le Canada, toutes les tentatives de ces forces de l'Ancien pour fomenter des changements contre-révolutionnaires par l'entremise de l'Organisation des États américains (OÉA), leur tentative de susciter une soutien à la réaction endurcie parmi les populations immigrantes, comme celles en faveur du régime Bolsonaro au Brésil ou de la dictature Bukele au Salvador, ont échoué à maintes reprises à renverser le cours de l'histoire en leur faveur.
Le Canada exprime actuellement son soutien au président Lula et aux mesures décisives qu'il a prises contre l'assaut récent du parlement brésilien et des autres institutions d'État. En même temps, il soutient la criminelle qui a usurpé la présidence au Pérou en se fondant sur la même affirmation frauduleuse d'« élections volées » et tous les crimes des forces réactionnaires qui soutiennent actuellement la présidente autoproclamée du Pérou. Cela montre les intentions criminelles du Canada et qu'il est du mauvais côté de l'histoire, qui appartient aux peuples et non à ceux qui usurpent le pouvoir par la force et l'utilisent contre les peuples. Le Canada ne cesse de montrer qu'il est prêt à tout faire sous le commandement des États-Unis et de leur alliance militaire de l'OTAN.
Pas d'ingérence au Pérou !
À titre d'information
Le président déchu du Pérou, Pedro Castillo, est un ancien enseignant du primaire, agriculteur et dirigeant syndical. Il a été destitué le 7 décembre 2022, après avoir été élu au second tour de l'élection présidentielle le 6 juin 2021, en battant la fille et la continuatrice de l'héritage de l'ancien dictateur corrompu et soutenu par l'étranger, Alberto Fujimori. Alberto Fujimori purge actuellement une peine de 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité, notamment des assassinats et des enlèvements, ainsi que pour les nombreux actes de corruption qu'il a commis lorsqu'il était président de 1990 à 2000. Sa fille elle-même a été emprisonnée à plusieurs reprises depuis 2018, également sous des accusations de corruption. La confirmation de Pedro Castillo comme président a été retardée de six semaines après son élection à cause d'une succession de recours juridiques qu'elle a déposés pour tenter de faire invalider les résultats sur la base d'allégations bidon selon lesquelles son adversaire aurait gagné par la « fraude ». Incapables de réaliser le coup d'État électoral qu'ils visaient, les fujimoristes ont décidé d'utiliser leur majorité au Congrès monocaméral du Pérou pour destituer Pedro Castillo par un coup d'État parlementaire une fois qu'il serait installé.
Dès le premier jour de son mandat, les forces réactionnaires se sont livrées à des actes répétés de sabotage et de déstabilisation à l'encontre de Pedro Castillo et de son gouvernement en recourant à la tactique dite de guerre juridique, une forme de guerre qui utilise les tribunaux et les institutions de l'État pour détourner la loi à des fins antisociales, antinationales et carrément criminelles. Les mêmes tactiques ont été utilisées par les forces réactionnaires soutenues par l'étranger au Brésil pour destituer illégitimement l'ancienne présidente Dilma Rousseff et pour criminaliser le président Lula afin de l'empêcher de se présenter aux élections de 2018. D'autres dirigeants, tels que les anciens présidents Evo Morales de Bolivie et Rafael Correa d'Équateur et la vice-présidente Cristina Kirchner d'Argentine, font partie de ceux qui ont été la cible de ce type de persécution juridique.
Dans le cas de Pedro Castillo, pas moins de six enquêtes criminelles ont été ouvertes contre lui sur la base d'une campagne de diffamation permanente menée par les médias oligarchiques au Pérou et à l'étranger. Au Congrès, les forces d'opposition réactionnaires et racistes ont tenté à deux reprises, d'abord quatre mois après le début de son mandat, puis quatre mois plus tard, de le mettre en accusation, sur la base d'une disposition de la Constitution péruvienne permettant au Congrès de déclarer la « vacance » de la présidence en raison de « l'incapacité morale permanente » du président. Après avoir échoué les deux fois à obtenir le nombre de voix requis pour le destituer, une troisième tentative devait avoir lieu le 7 décembre 2022. Cette fois, le président Castillo l'a devancée en invoquant l'article 134 de la Constitution, qui stipule qu'après le refus par le corps législatif de deux votes de confiance demandés par l'exécutif, le président est habilité à dissoudre le Congrès et à convoquer de nouvelles élections. Pedro Castillo a déclaré dans une allocution vidéo à la nation que, pour rétablir l'État de droit et la démocratie et mettre fin à la « dictature du Congrès » qui avait délibérément et malicieusement bloqué sa capacité à faire adopter des lois, il dissolvait temporairement le Congrès afin d'organiser une élection pour un nouveau congrès, qui, selon lui, aurait des pouvoirs constitutifs pour rédiger une nouvelle constitution dans les neuf mois.
En riposte, une majorité de législateurs a immédiatement réagi et a voté pour le destituer immédiatement, en contournant un certain nombre d'étapes, y compris le droit de défense de Pedro Castillo, et sans obtenir le nombre de votes requis par la Constitution pour ce qu'ils ont fait. Ils ont ensuite nommé la vice-présidente de Castillo, Dina Boluarte, comme nouvelle présidente, un rôle qu'elle a accepté avec joie, montrant qu'elle faisait également partie des forces du coup d'État. Les chefs des forces armées et de la police nationale péruviennes sont également intervenus dans le processus politique, publiant une déclaration contre les actions de Pedro Castillo et l'arrêtant. Les procureurs fédéraux ont poursuivi en l'inculpant de « rébellion » pour avoir prétendument « violé l'ordre constitutionnel ». Un juge a ensuite ordonné la détention provisoire de Pedro Castillo pour18 mois, ce que la Cour suprême a confirmé, malgré toutes les irrégularités en cause.
Les partisans du président Castillo ont immédiatement réagi en
dénonçant le coup d'État que les forces réactionnaires ont
finalement réussi à perpétrer contre lui et exigent sa
libération et la démission de l'usurpatrice Dina Boluarte. La
réponse du régime putschiste a été d'ignorer leurs
préoccupations et de les réprimer brutalement. En décembre 2022,
des informations ont fait état de descentes de police dans les
bureaux de mouvements sociaux, de partis politiques, de
syndicats et d'organisations telles que la Confédération
paysanne du Pérou. Le régime putschiste y a déposé des armes et
d'autres matériels afin d'accuser faussement de «
terrorisme » les manifestants et les dirigeants des
organisations sociales. Le gouvernement putschiste a également
ramené les criminels qui ont commis des crimes contre le peuple
péruvien sous la dictature de Fujimori.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 2 - Février 2023
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