Les peuples autochtones affirment leur
souveraineté,
leurs droits ancestraux et leurs droits issus de traités
La trahison des droits des peuples autochtones par le Canada
La Troisième Commission discute la résolution relative aux
droits des peuples
autochtones, novembre 2020.
La lutte des peuples autochtones pour affirmer leurs droits est
un sujet de préoccupation au Canada et dans de nombreux autres
États membres de l'ONU. L'an dernier, le 4 novembre, la
Troisième Commission de l'ONU sur les questions sociales,
humanitaires et culturelles a examiné une résolution soumise par
l'État plurinational de Bolivie sur les « Droits des peuples
autochtones ». Le projet de résolution, entre autres :
1) a souligné la responsabilité des États et du secteur privé de garantir des pratiques plus durables et d'aborder leur impact sur les peuples autochtones ainsi que sur les terres et territoires qu'ils habitent traditionnellement;
2) a souligné l'urgence de renforcer la capacité d'adaptation des peuples autochtones face aux changements climatiques et de soutenir leurs efforts pour y faire face;
3) exhorte les États à assurer la sécurité des peuples autochtones, en favorisant un environnement propice à la prévention des violations des droits humains, à traduire en justice les auteurs de ces violations et à l'accès à la justice et à des voies de recours;
4) exhorte les gouvernements à assurer que les peuples autochtones ne soient pas enlevés de force de leurs territoires et à ce qu'aucune réinstallation n'ait lieu sans leur consentement libre, préalable et éclairé; et
5) a insisté sur la nécessité de revitaliser les langues autochtones.
Le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont présenté leur point de vue conjointement. La représentante Leah Carrel (Nouvelle-Zélande) a présenté une déclaration intitulée « Déclaration générale de CANZ sur les droits des peuples autochtones ». Leah Carrel a déclaré : « Nos pays partagent un engagement fort pour faire avancer les droits des peuples autochtones, au niveau national et international. En même temps, nous reconnaissons que la mise en oeuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans nos pays reste un travail en cours avec beaucoup de travail à faire. »
L'expression « un travail en cours avec beaucoup de travail à faire » est une diversion. Elle dissimule le fait que les droits des peuples autochtones ne seront jamais reconnus par ces anciennes colonies britanniques où des crimes continuent d'être commis pour les déloger de leurs terres et de leurs ressources, tandis que leurs enfants sont toujours enlevés par des organismes d'État au nom de leur protection et que les prisons de ces trois pays sont de plus en plus remplies par des autochtones.
Le Canada n'a pas renoncé un seul instant à son projet colonial. L'Australie et la Nouvelle-Zélande non plus.
Il faut souligner que lorsque la représentante de la Bolivie a présenté la résolution à la Troisième Commission, elle a souligné l'importance du terme « peuples autochtones » en mettant une majuscule aux deux mots pour mettre en évidence les nations et les peuples distincts qui composent les peuples autochtones de la planète. Les peuples autochtones représentent un demi-milliard de personnes, représentent plus de 5 % de la population mondiale et sont composés de 5 000 groupes et nations différents parlant quelque 4 000 langues. L'exigence et l'importance des déclarations de la représentante de la Bolivie rappellent le rôle que joue le Canada sur la scène internationale et nationale pour miner les droits des peuples autochtones.
En 1993, lors de la Conférence mondiale sur les droits de l'homme à Vienne, la version finale du document de la conférence faisait référence aux peuples autochtones en tant que peuple autochtone, à l'insistance du Canada. Il s'agit d'une « différence cruciale en termes de définitions, avec des ramifications juridiques importantes », a souligné S. L. Smith dans l'article intitulé « L'histoire du 'S' manquant ». À l'époque, Erica Daes, présidente du groupe de travail des Nations unies sur les populations autochtones, avait déclaré à la session plénière de la Conférence mondiale : « Je partage la douleur et la déception des peuples autochtones face à l'utilisation du terme peuple. Il s'agit d'une relique du racisme et de la discrimination raciale qui ne doit tout simplement pas être légitimée par cette conférence historique sur les droits de l'homme. [...] Je vous implore de ne pas parler avec la voix morte du XIXe siècle sur cette question, mais d'adopter le terme 'peuples autochtones' ».
S. L. Smith a fait remarquer que « la seule conclusion que l'on puisse tirer de cette expérience est que le Canada a joué un sale rôle dans la formulation de la version finale sur cette question. Cela révèle la détermination du Canada à continuer de traiter les peuples autochtones du Canada sur une base raciale et à leur refuser leurs droits ancestraux. Cette position rétrograde n'est pas seulement l'une des causes principales de la crise constitutionnelle au Canada, mais elle est également à l'origine de la position économique, sociale et politique rétrograde dans laquelle la population autochtone du Canada est maintenue par le gouvernement. »
La Commission des droits de l'homme des Nations unies (CDH) a souligné à plusieurs reprises que le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, tout en ayant officiellement signé la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, ont fait peu pour appliquer réellement cette déclaration[1]. En particulier, le CDH a noté que ces pays continuent de refuser de reconnaître le droit des peuples autochtones à l'autodétermination à leurs propres conditions, le droit clé. L'utilisation des pouvoirs de police contre les peuples autochtones du Canada par l'État, qui agit au-dessus de la loi et trouve différents moyens de les miner, est élargie pour contenir les efforts des peuples autochtones en faveur de la souveraineté et de l'autodétermination, ce qui ne fait qu'accentuer la nécessité d'un renouveau constitutionnel et politique.
La déclaration conjointe du Canada, de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie met en évidence la nécessité pour les Canadiens de renforcer leur soutien aux droits ancestraux et aux droits issus de traités des peuples autochtones et de rejeter avec mépris ces sottises que le Canada projette à propos de son « travail en cours » dans des forums internationaux comme la Troisième Commission de l'Assemblée générale des Nations unies.
Note
1. Le travail visant à
faire de la Déclaration des Nations unies sur les droits des
peuples autochtones une loi internationale protégeant les droits
des peuples autochtones a commencé il y a près de 100 ans, au
début des années 1920. Il a commencé par les efforts courageux
du chef Haudenosaunee Deskaheh et de l'ancien Maori T.W.
Ratanga, qui ont tous deux tenté de porter les problèmes
auxquels leurs peuples étaient confrontés, en particulier la
violation des droits issus de traités et des droits ancestraux,
devant la Société des Nations, le précurseur des Nations unies.
En 1921, le chef Deskaheh s'est rendu en Angleterre pour porter
la question à l'attention de la plus haute autorité de la
Couronne, George V, pour rappeler à sa majesté les accords de la
Couronne et son devoir envers son peuple, et pour plaider la
cause des Six Nations et demander justice. Le roi George a
refusé de rencontrer le chef Deskaheh.
Cet article est paru dans
Volume 53 Numéro 2 - Février 2023
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