Les Premières Nations du nord de l'Ontario forment une alliance contre le « free mining »

Le 31 janvier, les dirigeants des Premières Nations ontariennes de Kitchenuhmaykoosib Inninuwug (KI), Wapekeka, Neskantaga, et Asubpeeschoseewagong Anishinabek (Grassy Narrows), dont l'ensemble des territoires couvre une superficie de près de 60 000 kilomètres carrés dans le nord de l'Ontario, principalement dans ce qu'on appelle le Cercle de Feu, ont formé une alliance pour faire face à ce qu'ils appellent une « attaque » de l'Ontario contre leurs communautés. Dans une déclaration, ils ont appelé le premier ministre de l'Ontario Doug Ford à les rencontrer et à mettre fin au « système d'entrée libre » des mineurs dans leurs communautés.

Dans un communiqué de presse, ils disent qu'une des pommes de discorde est que les prospecteurs ne sont pas tenus d'aviser les Premières Nations qui vivent à proximité avant l'enregistrement de leur claim dans le système de jalonnement de claim en ligne de la province. L'Ontario, ont-ils dit, n'avise les Premières Nations qu'après que les claims ont été achetés. Ces explorateurs n'ont pas le « consentement des peuples autochtones qui vivent dans ces endroits ».

Le chef Donny Morris de la Première Nation KI, située à environ 580 kilomètres au nord de Thunder Bay, a dit que les petites sociétés minières, des compagnies d'exploitation minière plus restreintes qui sont souvent responsables de découvertes géologiques, ont « envahi » les territoires de la communauté, explorant la région numériquement. L'Ontario est passé à un système de claim minéral en ligne en 2018 afin d'encourager les investissements étrangers. Des systèmes semblables ont aussi été créés dans d'autres provinces.

« Nous ne voulons pas être envahis par, je n'aime pas utiliser le mot cupidité, mais c'est bien ce que j'observe lorsque des compagnies viennent sur nos territoires et nous offrent moins que des miettes », a dit Donny Morris. « Nous devons tous ralentir le rythme et faire en sorte que le gouvernement et d'autres industries réalisent qu'il y a un tiers parti gouvernemental dans le nord et qu'il s'agit du gouvernement des Premières Nations. »

Le chef Morris a dit qu'il veut que les compagnies fassent preuve d' « honnêteté » envers les Premières Nations et que celles-ci puissent participer aux prises de décision. « Comment allez-vous procéder pour accéder à nos territoires ? Comment allez-vous accéder à l'or ? Vous devez parler à la communauté », a-t-il demandé.

Le chef Rudy Turtle de Grassy Narrows dans le nord de Kenora a dit que depuis que Doug Ford est premier ministre, les claims miniers sur le territoire ont « quadruplé pour atteindre près de 4 000 claims », la plupart à la recherche de l'or. « L'Ontario continue de permettre aux compagnies d'exploration minière de faire des claims sur nos terres contre notre volonté, a dit Rudy Turtle. Notre terre et notre peuple ont déjà trop subi les impacts de l'industrie. Nous ne pouvons plus en supporter davantage. »

Dayna Scott, conseillère pour la Première Nation de Neskantaga et directrice de la clinique pour la justice environnementale et la durabilité à la faculté de Droit de Osgoode Hall, a expliqué que les Premières Nations « s'inquiètent des nouvelles justifications pour l'exploration minière, comme quoi elle est écologique et qu'en quelque sorte elle ferait partie de la transition énergétique. Elles s'inquiètent beaucoup que cela conduise les gouvernements à penser qu'ils doivent accélérer ou faciliter l'exploitation minière et à se demander comment ils vont s'y prendre. »

« C'est comme s'ils ne savaient pas qu'il existe déjà une coordination entre les évaluations provinciales et environnementales, qu'il existe une protection constitutionnelle pour les droits de traité dans ces processus et que les Premières Nations n'accepteront pas d'être bousculées lorsqu'il s'agit de leurs territoires », a-t-elle ajouté.

Dayna Scott, toutefois, a dit que l'Ontario profitait du fait que les Premières Nations « étaient divisées et se sentaient isolées », ce qui a incité les chefs à forger une alliance.

« Ils veulent rencontrer le premier ministre Ford et discuter comment ils peuvent mettre un système en place dans lequel ils sentent qu'ils peuvent accorder leur consentement, et, s'ils refusent leur consentement, que le gouvernement va respecter leur décision », a-t-elle dit.


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Volume 53 Numéro 2 - Février 2023

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