Barrage routier à la frontière de l'Alberta et du Montana

Le chef Alan Adam, de la Première Nation Athabasca Chipewyan, s'est exprimé sur le barrage routier mis en place au poste frontalier américano-canadien de Coutts, en Alberta. Ce poste frontalier a été fermé le 29 janvier par un convoi réclamant la fin de tous les mandats de vaccination. Le chef Adam a souligné que si les manifestants étaient autochtones, la GRC les aurait déjà arrêtés. « Si les manifestations pacifiques contre les infrastructures essentielles à Coutts sont autorisées, nous nous attendons à ce qu'il en soit de même à l'avenir si les Autochtones s'engagent dans des formes de protestation similaires », a-t-il déclaré.

Le chef Adam faisait référence à la Loi sur la défense des infrastructures essentielles de l'Alberta qui, selon lui, ne s'applique qu'aux Premières Nations. « Si elle ne s'applique qu'aux Premières Nations, alors le premier ministre et son caucus devraient la supprimer complètement », a dit le chef Adam.

De nombreux camionneurs ont également dénoncé les perturbations à la frontière. L'autoroute 4, de Lethbridge à la frontière américaine à Coutts, fait partie du corridor CANAMEX et se poursuit aux États-Unis sous le nom d'Interstate 15. Le corridor CANAMEX a été établi dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), qui relie le Canada au Mexique en passant par les États-Unis, et exige que les pays respectifs améliorent les routes désignées comme un important corridor commercial. On estime que de 800 à 1 200 camions traversent quotidiennement le point d'entrée Coutts-Sweetgrass.

Alors que les médias ont qualifié le convoi de « massif », les camionneurs ont expliqué que la grande majorité des camions bloqués sur l'autoroute ne faisaient pas partie du blocus. Les camionneurs pendjabis ont publié une vidéo dans laquelle ils estiment que plus de 1 500 camionneurs sont retenus par le barrage depuis le 29 janvier, assis avec des chargements complets. Ils expliquaient qu'ils étaient sans nourriture, et que certains d'entre eux avaient un besoin urgent de médicaments. Personne ne les écoutait, disaient-ils.

La frontière est restée complètement fermée jusqu'au 3 février, date à laquelle une sorte d'accord a été conclu et deux voies ont été ouvertes. Cependant, la GRC a continué de signaler que très peu de véhicules passait et a exhorté les « automobilistes » à rester à l'écart. Aucune information sur les conditions des camionneurs retenus en otage à la frontière, sans rien à manger et avec des urgences médicales. Le blocus s'est poursuivi malgré les rapports répétés selon lesquels les personnes impliquées avaient accepté de le lever, du moins pendant qu'elles se rendaient à Edmonton pour un rassemblement.

La pression sur Jason Kenney s'est intensifiée avec les appels à la levée du barrage routier lancés par trois associations de propriétaires de parcs d'engraissement, d'éleveurs et de fermiers, par la Division de l'Alberta et de la Saskatchewan des Manufacturiers et Exportateurs du Canada, par le Conseil des viandes du Canada et par la Fédération canadienne des épiciers indépendants, entre autres.

Le 3 février, Jason Kenney a publié une vidéo dans laquelle il déclarait à tous ceux qui demandaient la fin des restrictions de COVID-19 que « je suis de votre côté » et qu'il sympathisait avec eux. Puis, dans la soirée, il a tenu une discussion en direct sur Facebook au cours de laquelle il a essentiellement répondu à toutes les demandes des personnes impliquées dans les barrages routiers pour mettre fin aux restrictions de COVID-19. Le comité COVID-19 du cabinet de la province votera la levée du programme d'exemption des restrictions (REP) « au début de la semaine prochaine », a-t-il déclaré, et un plan progressif visant à supprimer presque toutes les restrictions en matière de santé publique plus tard ce mois-ci, en autant que la pression sur les hôpitaux diminue.

Il y a maintenant plus de patients hospitalisés pour la COVID-19 qu'à n'importe quel autre moment de la pandémie, et le nombre de décès est élevé. Néanmoins, dans un Facebook en direct, Jason Kenney a déclaré : « Après deux ans de cette situation, nous ne pouvons tout simplement pas continuer à compter sur l'instrument inefficace des restrictions préjudiciables comme outil principal pour faire face à une maladie qui sera probablement avec nous pour le reste de notre vie ». Pour dissimuler l'incapacité à fournir suffisamment de ressources au système de santé ou des mesures prophylactiques globales adéquates, il a simplement déclaré : « Nous devons trouver un moyen de ramener nos vies à la normale. » C'est tout à fait normal lorsqu'on applique un diktat brutal de mesures antisociales.

Le premier ministre Jason Kenney et la cheffe de l'opposition Rachel Notley ont initialement dénoncé le barrage routier et demandé la réouverture de la frontière. Au même moment, Jason Kenney était à Washington pour demander la fin de l'exigence américaine selon laquelle les camionneurs doivent être entièrement vaccinés pour entrer aux États-Unis. Malgré les avertissements de Kenney à l'effet que le barrage routier était illégal et devait cesser, et les menaces de recourir à la Loi sur la défense des infrastructures essentielles, rien ne s'est produit. La GRC a répondu que « nous continuons à travailler avec les participants au barrage routier pour rétablir un passage sécuritaire », alors même que de nouveaux barrages étaient signalés, que des accords étaient annoncés et immédiatement rompus.

Ezra Levant, rédacteur en chef de Rebel News, a annoncé qu'il avait fourni à ceux qui ont érigé le barrage routier un avocat à leur demande, qui négocierait en leur nom, et a lancé un appel au « financement populaire » pour un fonds de défense juridique pour ceux qui tiennent le barrage, malgré le fait qu'aucune accusation n'ait été portée contre quiconque.

À aucun moment, une organisation n'a revendiqué la responsabilité de ces actes, et les responsables du barrage routier ne se sont jamais identifiés. Malgré cela, les médias officiels, dont la marque distinctive est de ne jamais établir de point de vue dans leurs reportages basés sur des conclusions justifiées que révèlent une enquête et les faits réels, continuent de qualifier les auteurs de « camionneurs ».

Alors que ce genre d'anarchie et de violence tourbillonne autour de nous, il est important de se rappeler : Ne blâmez pas les camionneurs ! Ils ne sont pas les organisateurs de ces événements.

(Photo: R. Muldaner)


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Volume 52 Numéro 2 - 6 février 2022

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