TABLE
DES MATIÈRES La
préservation de la sécurité de l'ordre
constitutionnel aux États-Unis • Éditorial
• Fin de la présidence Trump
• L'insurrection et l'État
administratif -
Kathleen Chandler -
Centre de ressources Hardial Bains
• La Chambre, le sénateur Cruz
et les références à la
guerre civile américaine • La
désinformation • Le
Bulletin commun du renseignement: un exemple de
désinformation À
titre d'information •
Le rapport du Comité
judiciaire de la Chambre sur la destitution • Les
amendements constitutionnels liés à la guerre
civile •
Déclaration conjointe
de sénateurs opposés à la
certification du vote du Collège électoral
La
préservation de la sécurité de l'ordre
constitutionnel aux États-Unis Éditorial
LML
publie ce supplément sur les
événements qui ont lieu aux États-Unis
à la veille de l'investiture de Joe Biden comme 46e
président. Ces événements ont une
signification pour le corps politique américain et, par
extension, pour le corps politique canadien et pour les peuples du
monde. Dans ce supplément, nous nous
intéressons à l'explication de ce qui se passe
aux États-Unis en examinant ce qui est pertinent et ce qui
ne l'est pas pour aller au coeur du problème. L'article de
Kathleen Chandler explique pourquoi la Chambre des
représentants des États-Unis qualifie le saccage
du Capitole le 6 janvier, à Washington, d'insurrection en
invoquant le 14e amendement de la Constitution des
États-Unis, plutôt que l'Article 1 de la
Constitution portant sur les pouvoirs du Congrès, et les
ramifications pour le mouvement des travailleurs et du peuple pour la
justice et la démocratie. Kathleen Chandler dirige
l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis
(USMLO). D'autres informations vous sont
présentées par le Centre de ressources Hardial
Bains (CRHB), qui mène un travail continu sur des questions
intéressant les forces qui luttent pour le changement afin
de contribuer à l'édification nationale par
l'humanisation de l'environnement naturel et social et en ouvrant la
voie au progrès de la société.
Un des principaux domaines d'investigation du CRHB est le jeu
de la désinformation dans ses formes idéologiques
et matérielles, plutôt que du point de vue des
croyances et des convictions. L'article sur la
désinformation publié ci-dessous vise
à aider les lecteurs à établir des
balises pour comprendre ce qui se passe, ce qu'on en dit et ce qu'on en
fait. Nous nous concentrons sur les pouvoirs de
police par rapport au gouvernement représentatif et comment
fonctionne la désinformation dans sa forme
idéologique plutôt que simplement du point de vue
des croyances individuelles. La désinformation concerne la
destruction de ce qui est informé, de ce qui donne la forme.
Un élément important de l'analyse des
événements qui se déroulent
présentement est de ne pas confondre le monde objectif avec
l'impression subjective que l'on en a. Plutôt que de
refléter le monde objectif, une analyse peut devenir un
amalgame rendu à travers le prisme de la
compréhension de ce que la personne observe, lit et entend.
On voit non pas ce qui est là, mais ce que l'on croit
être là. Par exemple, diverses forces
décrivent ce qui se passe aux États-Unis comme un
problème d'extrémisme, de fascisme,
d'autoritarisme, de populisme, de pré ou post-fascisme, etc.
Il y a un refus de discuter des relations humaines réelles
et de ce qu'elles révèlent, en partie parce que
l'information fait défaut et c'est
délibéré. Les
relations humaines, toutes les nombreuses relations entre les humains
et entre les humains et la nature, ne sont pas une simple collection de
choses. Dans un corps politique, elles concernent la base des relations
politiques qui ne sont pas les mêmes que les relations
sociales émanant des rapports de production. Dans un corps
politique, il y a des relations individuelles et collectives et des
relations avec l'ensemble. Les théories de la gouvernance,
l'équilibre des pouvoirs, la distinction entre politique
intérieure et politique étrangère,
tout cela est éliminé lorsqu'un pouvoir de police
est établi. Le pouvoir de police considère
simplement tous les humains et leurs relations comme des «
choses » placées dans des
catégories qui permettent d'en disposer :
« Noirs : criminels »;
« jeunes :
délinquants »; « classe
moyenne : bon monde »; « classe
ouvrière : fauteurs de
troubles »; « extrémistes,
musulmans, Iraniens, Cubains,
Vénézuéliens :
terroristes »; « Chinois :
espions, ennemis »; « Russes :
idem », etc. La
répétition de ces caractérisations est
ce que nous appelons le complexe de Cendrillon. Certains disent que ce
qui se passe aux États-Unis est de l'extrémisme,
ou du fascisme, de l'autoritarisme, du populisme ou l'Armagueddon. Dans
le Nouveau Testament de la Bible chrétienne, Armagueddon est
le lieu de la dernière bataille entre le bien et le mal
avant le jour du Jugement dernier. Tout cela est un refus de discuter
de l'ensemble des relations humaines et ce qu'elles
révèlent. L'histoire de
Cendrillon est celle d'un prince qui, n'ayant que la pantoufle de verre
de la fille qu'il croit aimer, part à la recherche du pied
auquel fera le soulier. Des événements ou des
développements sont regroupés sous une
caractérisation (la pantoufle de verre) et les
revendicateurs de la caractérisation partent à la
recherche de faits qui la prouveront tandis que les opposants
à la caractérisation partent à la
recherche de faits qui la réfuteront. C'est sans compter que
personne n'est censé remettre en question la
présomption de base que tout le monde veut soit
être le prince, soit épouser le prince. Les
arguments donnés de part et d'autre n'éclairent
pas le point de départ, le point de vue, ni la situation
dans laquelle nous nous trouvons. Leur validité est
déterminée par le nombre de «
j'aime » sur Facebook. Qu'il soit bon ou mauvais, le
point de vue ou le point de départ est toujours celui du
prince et ceux qui argumentent ne peuvent pas voir plus loin.
Les idées que les gens se font de Trump et de ce
qui se passe aux États-Unis vont dans tous les sens. Il
n'est pas rare d'entendre des gens dire qu'ils sont convaincus que le
monde arrive à sa fin. Certains sont d'accord avec telle ou
telle analyse, mais au lieu de corroborer l'analyse, ils corroborent ce
qui se passe dans leur tête, comme la conviction que Donald
Trump s'est fait voler l'élection et qu'il est un homme
vraiment mauvais et que Joe Biden n'est peut-être pas si
mauvais, ou sera tout aussi mauvais, ou sera bon, et ainsi de suite.
La politique de la personnalité peut rendre fou.
Les gens ont peur lorsqu'ils pensent à des choses
basées sur des sentiments et des appréhensions
personnels. Ils deviennent victimes de la désinformation,
qui n'a pas pour but de vous faire croire à ceci ou
à cela, mais de vous priver d'une conception du monde qui
vous sert et vous aide à trouver ce qui peut être
fait pour changer la situation en votre faveur. Ceux qui participent
à l'acquisition d'une conception du monde moderne ne
deviennent pas fous et ne succombent pas à la peur. Ils
acquièrent la capacité d'analyser le monde
objectif, de démêler les contradictions et de
s'engager dans des actions avec analyse pour changer la situation en
leur faveur, en faveur de la classe ouvrière, de
l'humanité tout entière et des
intérêts généraux de la
société. Les manifestations des
participants au mouvement pour les droits et contre
l'impunité policière se poursuivent à
Portland (ci-dessus) et dans d'autres villes, en janvier 2021.
Le monde objectif change spontanément, mais
l'important pour les humains à ce stade-ci de l'histoire est
que les contradictions objectives qui émanent des rapports
de production peuvent être résolues par des
actions conscientes et organisées pour changer le monde, ce
qui exige une analyse constante, des actions organisées et
encore plus d'analyse et d'actions. Cela ouvre de grandes
possibilités pour l'humanisation du monde social et naturel.
Pour celui qui a une conception du monde moderne, la
désinformation est comme le bruit lointain d'une
sirène d'ambulance. Son effet est comme celui d'ondes
sonores gênantes qui atteignent le cerveau et disparaissent
presque aussitôt. Veuillez nous faire
parvenir vos points de vue, rapports, photos et informations.
Écrivez-nous à redaction@cpcml.ca. Notons
également que la Journée Martin Luther King a
été célébrée
cette année le 18 janvier. De nombreuses chaînes
de télévision et de radio ont diffusé
son discours de 1967, condamnant la guerre contre le Viet Nam, et son
dernier discours prononcé un jour avant son assassinat en
avril 1968. Reflétant la force du mouvement antiguerre de
l'époque, les discours appelaient à une rupture
radicale avec le système socioéconomique et
politique des États-Unis, appelant notamment à la
fin du militarisme, du racisme et de la pauvreté. La vie et
l'oeuvre de Martin Luther King, comme celles de Malcolm X, Fred
Hampton, Fannie Lou Hammer et bien d'autres, continuent d'inspirer des
millions de personnes aux États-Unis.
Fin de la
présidence Trump Le 20
janvier, la présidence Trump sera terminée et le
monde lâche un soupir de soulagement... bien que la suite
ressemble à trop d'égards à une
continuation de la même chose. L'élection de
Donald Trump en 2016 a montré que l'ancienne
façon de faire les choses était
terminée : les arrangements de la
société civile ne serviraient plus à
régler les problèmes de quelque nature que ce
soit. Les quatre années qui ont suivi l'ont
prouvé de façon éclatante. C'est ce
qui définit le présent, qu'on le veuille ou non.
Les rues dans les
environs du Capitole sont barricadées en
préparation pour l'assermentation, le 18 janvier 2021.
Le siège militaire de Washington pendant
les 30 prochains jours, avec ses clôtures de sept
pieds, surmontées de barbelés à lames
et la fermeture des lieux publics et des transports, sont une
indication des plans que le gouvernement a en réserve face
à la résistance du peuple. Le Joint
Intelligence Bulletin publié par le
département de la Sécurité
intérieure, le Federal Bureau of Investigation et le
National Counterterrorism Centre est une autre indication que les
pouvoirs de police maniés par l'exécutif vont
être accrus sous Biden. Il identifie ceux qu'il qualifie
d'« extrémistes violents »,
d'« extrémistes violents antigouvernementaux et
anti-autorité » et d'«
extrémistes violents à motivation raciale ou
ethnique », au même titre que les milices,
et affirme qu'ils représentent le plus grand danger
intérieur. Puisque la lutte du peuple américain
pour l'égalité et la justice et pour
l'affirmation de son droit de décider de ses affaires
– y compris par rapport à la COVID-19 et le droit
à des services de santé, au logement et
à un moyen de subsistance – se poursuivra
à coup sûr et que le gouvernement se donne
l'autorité de décider qui est et qui n'est pas un
« extrémiste », la
probabilité d'une répression accrue contre le
peuple est évidente. Dans un monde
néolibéral où les cartels et les
coalitions composés d'oligopoles se sont directement
emparés des pouvoirs de l'État aux
États-Unis et dans d'autres pays capitalistes, les cercles
dirigeants ne peuvent plus soutenir un processus politique. Donald
Trump s'est positionné pour dépasser les limites
de la Constitution et a présidé à la
consolidation d'un État de pouvoirs policiers,
développé également sous Obama,
notamment avec les drones et les déportations massives.
À ce stade, le pouvoir policier ne se préoccupe
plus de la légitimité, il foule aux pieds les
anciennes formes qui permettaient à l'État de
revendiquer la légitimité par le biais
d'élections. Il considère qu'elles ne sont plus
nécessaires. De même, il ne reconnaît
plus la valeur d'une société civile qui fait
pression sur le gouvernement et insiste plutôt sur la
nécessité de préserver la
sécurité de ce qu'il appelle l'ordre
constitutionnel. Sur le plan international, la
présidence Trump et l'armée qui l'a ont soutenue
étaient opposées à
l'édification nationale en tant qu'activité de
l'armée. Toutes les règles de conduite dans les
relations internationales établies jusqu'alors ont
été anéanties, ce qui a
ébranlé toutes les relations et institutions
bilatérales et multilatérales, non seulement les
relations avec les alliés les plus proches des
États-Unis et les Nations unies et les agences de l'ONU,
mais aussi l'alliance militaire agressive dirigée par les
États-Unis, l'OTAN. La rivalité et la collusion
de tous les rivaux ont eu pour thème que « le
président est dans le jeu ».
L'« art du marché » de Donald
Trump peut être assimilé à l'oligopole
où tout est exploité pour l'avantage. Sa
politique étrangère n'a pas positionné
les États-Unis pour ou contre la Russie ou la Chine, elle a
cherché à les monter l'une contre l'autre, pour
chercher l'avantage dans la collusion et la rivalité.
Dès
l'élection de Donald Trump, la position
générale du corps politique des
États-Unis et de la plupart des pays du monde a
été caractérisée par la
répulsion et le dégoût. Les
médias monopolisés ont cherché
à diviser le corps politique en blâmant le peuple
pour l'élection d'un homme raciste, anti-immigrant et
misogyne. La vieille garde s'est présentée comme
n'étant pas raciste, comme étant la championne
des droits civils, évidemment si l'on fait abstraction des
pouvoirs de police dont elle disposait. Tout cela a
été fait pour détourner l'attention du
caractère intrinsèquement raciste de
l'État américain qui déploie les
forces policières et autres pour sévir et
commettre des crimes contre les vies de Noirs, les vies d'immigrants,
les vies de travailleurs et les vies autochtones et qui commet des
crimes de guerre. Reconnaissons le grand
mérite des travailleurs des États-Unis qui ont
mené un combat vigoureux pour la démocratie, non
seulement en se distanciant de ce qui est fait en leur nom, mais en
exigeant l'égalité et la fin de
l'impunité policière, de l'injustice et des
atteintes à la personne humaine. Non seulement la bataille pour
la démocratie aux États-Unis se
poursuivra-t-elle, contre l'utilisation des pouvoirs de la police et le
remplacement de l'État de droit par un État
policier, mais la bataille de la
démocratie reste à compléter et doit
avancer. Elle exige la politique d'investir le peuple du pouvoir de
décider, un processus politique qui prévoit
l'élimination de la condition d'esclave, du
privilège et de la domination des quelques-uns sur la masse.
La Marche des femmes
à Washington le 21 janvier 2017, lors de
l'assermentation de Donald Trump, rejette cette présidence
et tout ce qu'elle représente.
L'insurrection et
l'État administratif -
Kathleen Chandler - Washington,
le 17 janvier 2021 Pourquoi le
Congrès a-t-il si rapidement entrepris de destituer Donald
Trump sur la base de l'accusation d'« incitation à
l'insurrection » ? Qu'est-ce que cela veut
dire pour l'administration Biden et les mouvements du peuple pour les
droits ? Une partie du problème auquel sont
confrontés les cercles dirigeants est que les arrangements
politiques existants ne peuvent pas résoudre les
revendications du peuple en matière
d'égalité et de responsabilité. Ce
mouvement du peuple était évident dans de
nombreuses actions en 2020 et depuis, non seulement en termes
de lutte contre la brutalité et les morts aux mains de la
police à motivation raciste, mais aussi des luttes des
infirmières, des employés d'entrepôt et
autres travailleurs de première ligne qui exigeaient des
protections contre la COVID-19 et des soins de santé
gratuits pour tous. Cela se voit également dans les demandes
de sécurité du revenu tout au long de la crise de
la COVID-19, dans l'opposition aux évictions et plus. Les
conflits qui se mutiplient au sein du Congrès et entre le
Congrès, la présidence, l'armée et les
agences policières montrent également que les
cercles dirigeants ne peuvent pas non plus résoudre les
conflits entre ses factions qui rivalisent pour le pouvoir. La
rapidité avec laquelle le Congrès a choisi de
porter l'accusation d'incitation à l'insurrection est
significative, tout comme sa répétition par les
médias. Tout va dans cette même direction. En
même temps, ce processus est distinct de celui qui a lieu
sous les auspices du département de la Justice (DoJ) qui
fait partie de l'exécutif. Le DoJ ne porte pas d'accusation
d'insurrection contre des individus, ni même
d'émeute. Jusqu'à présent, des
individus sont principalent accusés d'entrée
violente et de conduite désordonnée. L'accusation
portée contre Donald Trump d'incitation à
l'insurrection utilise un libellé du 14e amendement
de la Constitution américaine, même si l'argument
constitutionnel de ce qu'est l'insurrection est donné
à l'Article 1 concernant les pouvoirs du
Congrès. Ces pouvoirs sont spécifiquement
définis à l'Article 1 et incluent le
pouvoir de déclarer la guerre, de prélever des
impôts, etc. C'est là qu'il est dit :
« Le Congrès aura le pouvoir : de
pourvoir à la mobilisation de la milice pour assurer
l'exécution des lois de l'Union, réprimer les
insurrections et repousser les invasions. » La
Chambre n'utilise pas l'Article 1, mais plutôt le
14e amendement, qui date de l'époque de la guerre civile.
Contrairement à l'Article 1, le 14e
amendement parle de démettre des personnes de leurs
fonctions et de les empêcher d'exercer leurs fonctions
à l'avenir. Il est à noter que la Chambre
n'invoque pas la défense constitutionnelle de la
République, mais plutôt les sanctions pouvant
être infligées aux représentants
officiels accusés d'incitation à l'insurrection.
La destitution est une action du Congrès contre la
présidence, le Congrès et la
présidence se disputant un pouvoir accru. Cela se produit
dans des conditions où l'exécutif a
usurpé et concentré des pouvoirs bien plus
importants au sein de la présidence que dans toute autre
branche du gouvernement. Il n'y a pas d'«
équilibre » des pouvoirs et la
destitution ne changera pas cette réalité.
Suite aux événements au Capitole
à Washington, le Comité judiciaire de la Chambre
a rapidement rédigé un document de 70
pages dans lequel sont présentés les arguments
pourquoi Trump devrait être destitué. Le document
présente deux arguments principaux : 1) la
sauvegarde de la nation entre les élections, 2) la
nécessité de préserver la
sécurité de l'ordre constitutionnel. Ce
deuxième argument est celui sur lequel le Comité
judiciaire s'appuie. La préservation de
l'ordre constitutionnel n'est pas un argument nouveau, mais il est
fondamental et revient à différentes occasions.
Des politologues, des groupes de réflexion, des
universitaires et des décideurs politiques de premier plan
développent tous cet argument, soulignant la
nécessité de défendre ce qu'on appelle
« l'État administratif ». Ce
sont toutes les bureaucraties, les forces armées, les
agences de police et de réglementation impliquées
dans le maintien de l'État et la préservation de
l'ordre constitutionnel. Cet État administratif persiste
d'un président à l'autre. Historiquement,
surtout lorsqu'il s'agit du pouvoir exécutif, l'insurrection
a posé un problème pour un ordre constitutionnel.
La conception du pouvoir exécutif impliquait un «
mélange de sécurité
extérieure et intérieure » et
un conflit entre la moralité et la
sécurité, ce que l'on voit souvent aujourd'hui
dans les débats sur la sécurité par
rapport aux droits civils. De nombreux écrits de la
période de la Deuxième Guerre mondiale
à nos jours évoquent ces difficultés.
L'un, par exemple, en 1946, s'appelait Guerre totale
et la Constitution, de Samuel Corwin, traitant des
implications constitutionnelles de l'expérience des
États-Unis en temps de guerre. Corwin
montre comment le pouvoir du président s'est
développé aux dépens des autres
branches du gouvernement. Il pose la question en termes d'agences de
réglementation de l'État administratif. Il
demande : « Jusqu'où pouvons-nous
continuer à progresser dans le sens de conférer
aux responsables administratifs un pouvoir discrétionnaire
qui échappe de plus en plus à l'examen sur la vie
et les activités des hommes sans finalement atteindre un
état d'absolutisme qui ne peut plus être
qualifié de démocratie
libérale ? » Il faut tenir
compte du fait que les bureaucraties sont maintenant beaucoup, beaucoup
plus importantes que lorsque Corwin écrivait, et se comptent
par centaines de milliers. Corwin était
l'un des professeurs formés pour faire partie de la
bureaucratie en expansion, qui prenait des formes institutionnelles. Il
s'agit notamment de groupes de réflexion comme la Research
and Development Corporation (RAND) et le Council on Foreign Relations
(CFR), deux endroits où les dirigeants se
réunissent aujourd'hui pour élaborer des
politiques et comment préserver l'État dans des
conditions de grands conflits entre eux et en relation avec les
pouvoirs à l'étranger. RAND est un groupe de
réflexion sur les politiques mondiales
créé en 1948 par l'entreprise Douglas
Aircraft pour offrir de la recherche et des analyses aux forces
armées américaines. Ces groupes de
réflexion sont financés par le gouvernement
américain et des dotations privées, des
entreprises, des universités et des particuliers. Ils
reçoivent des fonds publics pour planifier des
stratégies nucléaires, faire face aux
soulèvements urbains, etc. Les arguments
avancés proviennent des institutions. Ce ne sont pas des
idées dans la tête de quelqu'un; ce ne sont pas
des croyances qui n'ont pas une base. Les groupes de
réflexion et les institutions gouvernementales ont leurs
propres publications, des liens avec les universités, des
liens avec l'industrie et le gouvernement, etc. Il y a une
matérialité à la culture. L'État
administratif est institutionnalisé et a un poids
énorme. Une partie de la difficulté que Biden
devra affronter est de savoir comment unir ces forces rivales. Une
grande partie de ce qui est fait en ce qui concerne l'immigration et
les questions frontalières, y compris en ce qui concerne le
commerce, ainsi que pour l'environnement et le financement, comme la
Réserve fédérale, se fait par le biais
de réglementations et d'énoncés de
politique de ces bureaucraties institutionnalisées.
Préserver l'ordre constitutionnel contre le
communisme La
période appelée guerre froide a
été importante dans la mesure où elle
a donné des arguments anticommunistes pour la
préservation de l'ordre constitutionnel, qui est
fondamentalement une conception anticommuniste. Il s'agit d'une
question fondamentale à laquelle nous sommes encore
confrontés, qui avait une forme institutionnelle. La
question est celle-ci : comment le monde est-il
passé d'une guerre antifasciste, d'un front uni antifasciste
et des institutions qui en sont issues, comme l'ONU, la
décolonisation et la dénazification, à
un front anticommuniste immédiatement à la fin
des années 1940 ? Ce front anticommuniste
a pris une forme institutionnelle. Et maintenant,
quand on entend dire qu'il faut préserver l'ordre
constitutionnel, comme le prétend le Comité
judiciaire, les mêmes arguments sont donnés depuis
la transformation d'un front uni antifasciste en un front
anticommuniste organisé à partir des
États-Unis, en faisant appel à une alliance
anglo-américaine. Il s'agissait des soi-disant «
peuples anglophones » auxquels Winston Churchill
faisait référence dans son discours sur le rideau
de fer prononcé le 5 mars 1946
à Fulton, Missouri. Cela ressort quand quelqu'un doit
immédiatement publier un document de 70 pages et
l'organiser sous le titre de Préservation de
l'ordre constitutionnel. Il y a une base institutionnelle
à ce qui se passe : ce n'est pas une lutte entre
fascistes et néolibéraux. Il peut y avoir de
telles luttes lorsqu'il s'agit de fixer des
énoncés de politique, mais pas lorsqu'il s'agit
du principal enjeu dont il est question ici. Il s'agit de
préserver l'ordre constitutionnel contre le communisme.
À bien des égards, on peut dire que James
Madison, un des principaux auteurs de la Constitution, donne l'argument
anticommuniste original. Il dit que la faction des
sans-propriété doit être maintenue sous
contrôle et hors du pouvoir. James Madison propose l'argument
que la tyrannie des despotes se transforme en une tyrannie de la
majorité, des sans-propriété, laquelle
transformation il faut empêcher. Cet anticommunisme est
fondamental pour les arguments actuellement avancés sur la
destitution, l'insurrection et la Constitution elle-même.
La destitution et
la préservation de l'ordre constitutionnel ne s'inscrivent
pas seulement dans l'effort pour régler les conflits au sein
de la classe dirigeante, elles visent surtout à
écarter le peuple qui, depuis mars, a passé tout
l'été et l'automne à trouver des
moyens de faire connaître ses revendications
d'égalité sociale et politique. En outre, les
travailleurs ont présenté leurs revendications
sur la sécurité d'emploi et les soins de
santé et ont appelé à un transfert
pacifique du pouvoir, un appel non partisan à
environ 600 000 personnes à
déclencher une grève
générale le 20 janvier si Trump appelait
l'armée à sa défense. Les
revendications du peuple ne proviennent pas d'une défense de
l'ordre constitutionnel, mais des droits qui appartiennent au peuple.
Les revendications ont leur origine dans la qualité
d'être humain, celle d'exiger les droits humains,
l'égalité et la responsabilité. Le
conflit entre les deux conceptions est bien réel. Biden et
les démocrates s'efforcent
désespérément de bloquer les
revendications d'égalité et de droits et de
ramener les jeunes et les travailleurs dans le giron de cet ordre
constitutionnel dysfonctionnel, qui a montré qu'il ne
pouvait pas assurer l'égalité. Il n'y a aucun
doute que le mouvement pour l'égalité, pour
investir le peuple du pouvoir et pour des arrangements de gouvernance
qui les garantissent va s'intensifier durant l'administration Biden.
Janvier 2021 : une bannière
déployée à New York qui revendique un
statut permanent et une protection pour les migrants. Le
déploiement de bannières et autres actions pour
les droits des migrants et pour abolir ICE sont organisés
jusqu'à la journée de l'assermentation.
La Chambre, le
sénateur Cruz et les références
à la guerre civile américaine - Le Centre de Ressources Hardial Bains -
Manifestation à New York pour demander la destitution de
Donald Trump, le 7 janvier 2021 Le
Comité judiciaire de la Chambre qui a plaidé pour
accuser Trump d'« incitation au
terrorisme », le sénateur Ted Cruz du
Texas et les sénateurs qui se sont joints à lui
pour contester la certification du vote ont tous eu recours
à des références à la
guerre civile pour étayer leurs arguments. Le
rapport du Comité judiciaire invoque la section 3
du 14e amendement et fait valoir que l'accusation
d'« incitation à
l'insurrection » est nécessaire car
« la menace qui s'est manifestée au Capitole est
encore présente. L'urgence est encore
là. » Le rapport se
réfère à la menace de violence contre
les Capitoles du district de Columbia et des États
à travers le pays. Le 14e amendement est un des
trois amendements de la guerre civile (le 13e a
été ratifié en 1865 à la
fin de la guerre civile, le 14e en 1868 et
le 15e en 1870). Le 14e amendement interdit
à toute personne, membre du Congrès ou
fonctionnaire des États-Unis, ayant pris part à
une insurrection ou à une rébellion, d'occuper
quelque charge publique que ce soit aux États-Unis. La
Commission écrit : « En dépit
des appels bipartisans très répandus à
la démission immédiate de Trump, le
président a refusé de quitter ses
fonctions. » Il faut donc procéder
à la destitution. Comme le motif de la destitution est que
le président a incité à
l'insurrection, le 14e amendement peut être
utilisé pour passer un vote à majorité
simple au Sénat à l'effet que Donald Trump ne
puisse plus jamais occuper une charge publique. Telle est la punition
qu'ils essaient d'obtenir même après son
départ le 20 janvier. Pendant
la guerre civile, la bataille entre le Congrès, la
Présidence et la Cour suprême était
aussi une partie importante de la lutte. La Cour suprême
avait dit que, dans l'éventualité d'une guerre,
le gouvernement serait tenu responsable de la destruction de la
propriété, y compris en relation avec les
Africains-Américains asservis qui étaient
traités comme une propriété, comme des
choses et non des êtres humains. Comme il s'agissait d'une
guerre, les lois de la guerre s'appliqueraient. Il faudrait
déterminer qui sont les militaires, qui sont les civils, qui
sont des prisonniers de guerre, etc. En plus, la Cour suprême
et le Congrès ont soulevé des questions en ce qui
concerne Lincoln en tant que commandant-en-chef. La Cour
suprême l'a contesté, disant qu'il n'avait pas
été appelé sous les drapeaux, comme le
veut la Constitution. En dépit de cela, il s'est
donné lui-même l'autorité de
commandant-en-chef, sans toutefois qualifier le conflit de guerre
civile ou même d'insurrection. Bien que
Lincoln ait dit que la loi ne lui permettait pas d'aborder la question
de l'esclavage et qu'il ait promis de ne pas le faire lors de
débats avant son élection, les
démocrates, qui représentaient le pouvoir
esclavagiste, ont dit essentiellement qu'ils ne le croyaient pas. Tous
faisaient face à différents
soulèvements des populations asservies à ce
moment-là, en plus du raid sur l'arsenal
américain d'Harper's Ferry en 1859,
dirigé par l'abolitionniste John Brown, qui était
une tentative de renforcer les rébellions en armant un plus
grand nombre de personnes. Cela s'est produit avant le premier discours
inaugural de Lincoln, en 1861, dans lequel il a
continué d'éviter de même mentionner la
guerre civile et l'esclavage. Il a dit par exemple que l'esclavage
était une institution amorale, mais son discours
était principalement une promotion de la
réconciliation afin de préserver l'union
fédérale sous l'égide de la
Constitution. Les démocrates, qui se
trouvaient alors au Congrès, ont rejeté cela et
sont retournés à leurs États et y ont
organisé des coups d'État. Certains ont d'abord
organisé des assemblées et des
référendums, mais ceux-ci n'ont pas
fonctionné parce que les gens étaient contre la
sécession. Ils ont donc organisé des coups
d'État. Peu de temps après, la
Confédération a été
formée, dotée de ses propres articles de
Confédération, de son propre drapeau, de son
armée, de ses uniformes, de ses
généraux, etc. En avril 1861, les forces
confédérées ont
assiégé et ouvert le feu sur le Fort Sumter, qui
fut la première bataille de la guerre civile. Lincoln
a continué d'essayer d'éviter de parler de guerre
civile ou d'insurrection. Il a parlé d'actions de bandes, de
maraudeurs et de voyous. Ce n'est qu'avec le discours de Gettysburg en
novembre 1863 qu'il a employé l'expression
« guerre civile ». L'argument
général qu'il a soutenu était que
l'esclavage comme système touchait à sa fin, que
le travail libre grandissait et que l'esclavage allait donc mourir de
sa belle mort. Cela est significatif quand on pense aux arguments mis
de l'avant aujourd'hui, qui parlent d'insurrection et non de
réconciliation bien que Biden se présente
lui-même comme un unificateur. En témoigne l'appel
au renvoi des représentants de la Chambre qui ont
contesté la certification du vote du Collège
électoral, qualifiés de « supporteurs
de l'insurrection ». La guerre
civile a été déclenchée par
des États qui ont fait sécession des
États-Unis. Elle a été
déclenchée comme une insurrection contre
l'État américain, une rébellion des
maîtres d'esclaves. Elle n'a pas été
une guerre entre États. Si Lincoln l'avait
acceptée comme une guerre, elle aurait
été considérée comme une
guerre entre États étrangers, ce qui aurait mis
en jeu les relations internationales et les lois de la guerre.
Deuxièmement, elle n'était pas une simple guerre
de sécession, elle était aussi une guerre pour
décider quelles forces domineraient les
Amériques. Les membres du Cabinet de Lincoln offraient en
fait le Canada, Cuba et le Nicaragua à la
Confédération, disant que cela lui donnerait
beaucoup d'espace pour s'étendre et manoeuvrer. Mieux valait
choisir l'empire que de faire la guerre contre le gouvernement, ont-ils
souligné. Mais la Confédération
voulait tout avoir. La plupart des
généraux de la guerre civile ont fait leur
expérience de la guerre contre le Mexique et avec
l'expansion vers l'ouest, le génocide et ses guerres contre
les peuples autochtones. Cela comprend des
généraux de la
Confédération comme Robert E. Lee et Jefferson
Davis (le général, pas le chef de la
Confédération), de même qu'Ulysses S.
Grant qui a dirigé l'armée de l'Union en tant que
commandant général dans la victoire de la guerre
civile et a été le 18e
président des États-Unis de 1869
à 1877. La Confédération ne
défendait pas simplement le système de
l'esclavage, mais aussi tous les liens qui servaient les
intérêts de ses représentants, avec les
marchands du nord, les chemins de fer et le marché mondial
de l'époque. Bien
qu'entre 600 000 et 700 000
personnes aient été tuées pendant la
guerre civile, Lincoln n'a même pas voulu la qualifier
d'insurrection. Or, le 11 janvier, la Chambre aujourd'hui a
tout de suite parlé des événements
du 6 janvier comme d'une insurrection, plutôt que
d'une émeute ou d'une manifestation violente ou d'autre
chose de semblable. Elle s'est appuyée sur le 14e
amendement. Pour le faire, elle devait d'abord dire que Trump avait
incité à l'insurrection pour ensuite invoquer le
contenu du 14e amendement pour empêcher Trump
d'occuper une charge publique à l'avenir. La
période pendant laquelle le 14e amendement a
été ratifié, qui est celle de la
Reconstruction (1865-1877), a aussi été
invoquée par le sénateur Ted Cruz, le 2
janvier, dans une lettre où il explique pourquoi les
sénateurs républicains contestaient la
certification de l'élection. La lettre soulève la
question de l'élection présidentielle
de 1877, la course entre Rutherford B. Hayes et Samuel J.
Tilden. Cette période de l'histoire a
été utilisée pour enlever sa
légitimité à l'élection de
Joe Biden. Cruz a dit dans sa lettre que lors de cette dispute
de 1877, le Congrès n'avait pas
écarté les préoccupations à
propos de l'élection. Il a parlé de cette
période de bouleversements de la Reconstruction,
où les troupes fédérales ont
été retirées du sud en
échange de quoi Hayes a hérité de la
présidence. Selon les arguments de
l'époque, les accusations d'insurrection ont aussi
été utilisées contre les travailleurs
qui luttaient pour se défendre. De grands bouleversements se
sont produits en ce qui concerne le développement de
l'État américain. Le chemin de fer
intercontinental a été
complété et il y a eu une grave
dépression après la guerre civile,
en 1872. Le chemin de fer Baltimore & Ohio
(B&O) a été
complété en 1877. En
Virginie-Occidentale, les entreprises ferroviaires ont
abaissé les salaires deux fois et les travailleurs ont fait
la grève. La grève est devenue nationale et des
grèves générales ont
été organisées dans des villes comme
Saint-Louis et Chicago. Cela a duré de juin à
septembre 1877 et a été une des luttes
les plus violentes qui a été
écrasée par les troupes
fédérales et l'agence Pinkerton, une force
policière privée. De nombreux autres travailleurs
comme ceux du fer et du charbon ont aussi fait la grève et
mené une résistance armée. Tout cela
faisait partie de la lutte pour la journée de huit heures.
Il a été reconnu que la classe
ouvrière venait d'émerger, travailleurs blancs et
noirs ensemble. Les journaux de l'époque sont remplis de
gros titres et d'arguments voulant que les États-Unis
allassent connaître leur Commune de Paris, le
soulèvement révolutionnaire des ouvriers
français qui ont pris le contrôle de Paris
en 1871 et ont gouverné dans
l'intérêt des travailleurs. Ted
Cruz a évoqué cette histoire. La Reconstruction a
été une période qui a connu une grande
floraison de la démocratie, surtout dans le sud
où les constitutions des États étaient
réécrites et des débats se tenaient
sur les droits des femmes, le droit de vote, la
représentation et les assemblées populaires. Bien
que son argument soit en partie opportuniste, il a
spécifiquement choisi une période de
l'écrasement de la Reconstruction. Peut-être
est-il inquiet que les soulèvements de 1877 ne se
répètent. Le fait que la
Chambre et Cruz se réfèrent à cette
période est le reflet de la réalité
d'aujourd'hui, à savoir que les factions dominantes, qui
n'ont plus de mécanismes tels un Congrès
fonctionnel et des élections pour résoudre les
conflits qui les opposent, vont entraîner le pays dans une
guerre civile violente et qu'elles considèrent que les
mouvements actuels du peuple menacent leur pouvoir alors que de plus en
plus de gens demandent une nouvelle direction de l'économie
et de la politique. Comme l'a dit
W.E.B. DuBois, une autorité reconnue sur les questions de la
guerre civile et de la Reconstruction, les deux périodes ont
compris une grève générale et la lutte
des travailleurs, noirs et blancs, pour mettre fin à tout
asservissement.
La désinformation
La chose la
plus significative dans cette période historique
particulière de repli de la révolution est que
toute l'expérience des rapports entre les êtres
humains et entre les êtres humains et la nature depuis des
temps immémoriaux arrive à un point tournant. Si
cette vaste expérience n'est pas l'objet d'une
mûre réflexion, nous pourrions nous diriger vers
une plus grande tragédie, un événement
qui entraînera des souffrances, des destructions et une
détresse immenses. C'est dans ce contexte que la
définition de la désinformation prend toute son
importance. La désinformation n'est pas
synonyme de mésinformation. Elle peut inclure la
mésinformation, le mensonge pur et simple ou les
idées fausses sur diverses choses, mais cela ne va pas au
coeur du problème qui réside dans le
préfixe « dés » du
mot désinformation. La «
désinformation », c'est la destruction.
La désinformation est la destruction de ce qui informe, de
ce qui donne forme. Une question
légitime se pose : quel est le domaine que cette
vaste expérience humaine informe ? De quel domaine
s'agit-il en réalité ? Comment
pouvons-nous nous connecter, avoir des liens, ressentir toute la
matière sensible de cette expérience que nous
avons dans nos vies personnelles et dans la vie de nos collectifs et
dans la société en général
et au niveau international dans le monde entier ? Nous
parlons ici de l'ensemble des relations humaines –
tout le matériel qui devient matériel de
pensée qui est fourni au cerveau humain. C'est cela qui doit
être informé. Nous ne parlons pas d'information
comme dans les données informatiques ou de fournir les
bonnes données qui seront l'invention d'un esprit
génial. Ce serait comme démêler
« ce qui est quoi » en dressant une liste
d'épicerie ou en amassant des
mégadonnées. Si nous prenons diverses parcelles
d'information et que nous les relions comme bon nous semble, en leur
donnant la forme que nous voulons, cela pourrait être
très bien et, en procédant ainsi, plusieurs
points d'intérêt pourraient être
communiqués. Mais ce n'est pas ce dont nous parlons quand
nous parlons d'informer, d'avoir de l'information. Sans nous attaquer
à ce problème, nous ne verrons pas la
désinformation. Lorsque nous
examinons le monde, l'environnement naturel et social, lorsque nous
nous penchons sur les problèmes de notre
société, de nos collectifs, sur où
nous travaillons et comment nous travaillons, sur toutes ces choses,
nous voyons un grand enchevêtrement, comment tout est
relié et qu'il y a une grande complexité. Si nous
nous tenions au sommet d'une montagne, en regardant en bas, nous
pourrions voir les forêts et les lacs formant un tout. Nous
pourrions voir une ville au loin et des voitures et des routes par
endroit. Mais pour nous, dans la vie sociale, ce n'est jamais comme si
nous avions ce point de vue qu'offre le sommet d'une montagne parce que
nous sommes en plein dans l'effervescence de la vie. Nos rapports avec
nos collègues de travail, nos camarades, notre famille, nos
voisins, notre nation, notre corps politique, toutes ces questions se
posent. De plus, une histoire commune nous a conduit à ce
point. Cette histoire, c'est l'ensemble du développement
social et le stade de développement atteint maintenant par
les forces productives, dont les plus importantes sont les
êtres humains engagés dans le travail qui ont
contribué à amener la
société où elle est aujourd'hui,
à élever la civilisation à ce stade.
Il y a une nécessité humaine de voir, de voir
réellement, d'observer ce qui est connu, de comprendre
comment nous sommes arrivés là, de
connaître ce qui est inconnu, de définir
précisément et surtout ce qui est inconnu, ce qui
est absent dans nos vies. Et donc, comment faire face aux
problèmes comme ils se présentent ?
Tous les développements qui se sont produits
fournissent un contenu très riche, mais ce contenu
dépasse nécessairement les formes qui ont
été créées dans le
passé. Très concrètement, dans la
société dans laquelle nous vivons aujourd'hui,
l'entrave à notre existence ce sont les rapports sociaux de
production dans lesquels nous entrons indépendamment de
notre volonté. Les réclamations du droit de
monopole sont imposées par la force à tous, au
point que le droit public n'existe plus. Le droit du peuple de
revendiquer un moyen de subsistance, le droit de conscience, tout ce
qui est nécessaire, notamment dans les domaines du savoir,
toutes ces choses ne sont tout simplement pas reconnues. En
même temps, comme nous sommes des êtres humains qui
vivent dans une période historique particulière,
dans une structure politique et économique
définie, nous devons tous avoir nos opinions sur ce que nous
devons faire. Si nous ne pouvons pas rassembler, informer cette immense
nécessité d'exprimer nos opinions, nous n'avons
aucun moyen d'examiner et de déterminer ce qui est correct
ou incorrect, pertinent ou non pertinent. Tout devient diffus. En
même temps, en raison du progrès et parce que nous
vivons dans une société moderne, il existe toutes
sortes d'institutions avec leurs disciplines. Par
exemple, l'une des réalisations les plus importantes du
développement de la société
capitaliste moderne a été la
révolution scientifique et technologique qui a permis de
transformer les rapports des êtres humains à la
nature pour la mettre au service des êtres humains. Pour y
arriver, le système universitaire a
été développé, diverses
institutions ont été créées
comme des maisons d'édition, des journaux et des
associations. Tout cela faisait partie des luttes
révolutionnaires initiales qui ont
créé les États-nations modernes. C'est
dans ces universités et dans le cadre de ces formes
d'éducation, accompagnées du
développement de la presse et du journalisme, qu'a eu lieu
l'expression du savoir et de l'ensemble des idées qui se
rapportaient à ce savoir. C'est ainsi que se sont
constituées les différentes disciplines, que ce
soient les mathématiques, la biologie,
l'économie, les sciences politiques et sociales, les
beaux-arts, la musique et les autres disciplines. Elles se sont
développées portées par l'avancement
de la société et le développement des
forces productives, mais dans le contexte des rapports sociaux qui
existaient déjà. La plus grande
réalisation de ce progrès a
été à une certaine époque
la création de quelque chose qui était collectif,
la formation d'une conception du monde, pas seulement du savoir, mais
d'une conception qui reposait sur ce savoir. Nous
n'avons pas affaire ici à la conception du monde comme
telle, mais à un aspect de celle-ci qui est la
création de l'opinion publique, que dans la
création des corps politiques et de la
société politique, il est nécessaire
d'argumenter toutes les répartitions des revendications et
des intérêts que les gens ont de
différentes manières. L'opinion publique sera
informée par ceux qui luttent pour leurs
intérêts et qui expriment leurs points de vue.
Comme nous vivons dans une société de classe,
cette lutte dans le domaine de l'opinion publique est menée
par toutes les classes et les forces sociales concurrentes. Cela
constitue une complexité bien précise qui est
étroitement liée au problème qui
existe dans la bataille de la révolution
démocratique contre le féodalisme et les vestiges
du Moyen Âge, tout en n'étant pas le
même. Cette lutte a donné naissance à
une conception moderne de la démocratie qui a servi les
besoins de la société qui existait à
cette époque. Aujourd'hui, cela n'exprime plus
adéquatement ce qui est nécessaire, car les gens
ont de nombreux intérêts comme individus, dans
leurs collectifs et dans la société dans son
ensemble. Ces intérêts sont en même
temps la conséquence de l'ensemble des influences qui
viennent de leur propre expérience et de la
manière dont ils sont touchés par l'interaction
continue avec les institutions de leur société.
C'est ce qui est appelé l'affect.
Ce n'est pas seulement un rapport social qui existe, mais
grâce au cerveau humain, ces rapports sociaux, à
des degrés divers et de diverses manières,
peuvent être connus. Tout ce que le cerveau humain peut faire
en matière de connaissance est de percevoir et de
connaître les relations qui sont à la base de la
société, ces relations entre les êtres
humains et entre les êtres humains et la nature. Cet affect
s'exprime sous la forme de passions. C'est ce qui crée
l'émotivité. Dans le domaine de l'opinion
publique, on trouvera l'expression de toutes les convoitises, les
colères, les joies, le bonheur, les angoisses et les
désirs de cette société
particulière qui sera informée par sa
culture – politique, éthique,
scientifique. Chaque type de travail fait dans
cette société, selon son stade de
développement, possède sa propre culture et cette
culture a une forme. Elle a des aspects matériels, sociaux
et idéologiques, non pas comme des choses
séparées, mais comme venant de cette culture.
Tout travail qui est établi développe sa propre
culture. Si, à un moment donné, les besoins de
cette société empêchent
d'établir le travail, que ce soit dans l'industrie, dans la
recherche scientifique ou dans le domaine de la lutte des classes,
celle-ci n'est pas en mesure de développer cette culture.
Cela veut dire que les affects, la sensibilité de
l'être humain, les passions vont être
influencés par ceux qui sont engagés dans le
travail, qui les ont vécus dans le travail. En
termes de ce qui se passe aujourd'hui, c'est là que la
personnalité humaine devient soit humanisée, soit
déshumanisée. Soit elle est organisée
comme il se doit, en harmonie avec le stade de développement
que la société a déjà
atteint, soit elle ne l'est pas. C'est le problème dont
l'histoire exige une résolution définitive dans
les circonstances données. C'est cette
personnalité qui doit être informée.
Toutes les opinions qui expriment l'affect, l'affect social de cette
émotivité que les gens entretiennent dans leurs
rapports entre eux et leurs rapports à la nature, doivent
être informées. Cela veut dire
que nous devons être capables de travailler ensemble dans le
cadre de ces circonstances historiques particulières, que
nous devons avoir les faits et être en mesure de discuter des
faits. Nous devons décider où ces faits nous
mèneront. Nous devons être capables de faire des
prédictions. C'est ainsi, par exemple, que se
déroulent les délibérations sur la
manière d'empêcher une catastrophe naturelle. De
la même manière, nous pourrions
prévenir la catastrophe sociale qui se prépare;
nous pourrions transformer le succès historique en victoire.
Cette lutte se mène dans le domaine de l'opinion publique.
Il faut que les formes créées soient
appropriées pour que ce contenu entre dans le domaine
public, pour libérer l'initiative de tous celles et ceux qui
ont l'expertise nécessaire pour apporter leur contribution,
pour faire avancer les choses et pour enfin régler les
comptes historiques avec le passé. À
suivre
Le Bulletin commun du
renseignement: un exemple de désinformation
Le 13 janvier 2021, un bulletin de
renseignement commun a été publié par
le département américain de la
Sécurité intérieure (DHS), le Bureau
fédéral d'investigation (FBI) et le Centre
national de contreterrorisme (NCTC). Le titre du rapport est :
« Les extrémistes violents domestiques enhardis
par l'intrusion au Capitole, la menace élevée de
violence terroriste domestique à l'heure des transitions
politiques et au-delà ». Il indique que
son objectif est de « mettre en lumière la menace
de la violence provenant d'extrémistes violents domestiques
au lendemain de l'intrusion violente du 6 janvier... dans
l'édifice du Capitole des États-Unis à
Washington, à la suite des manifestations légales
liées aux résultats des élections
générales ». Le bulletin est
classifié U/FOUO, ce qui veut dire qu'il est « non
confidentiel, pour utilisation officielle
uniquement ». Il est
prétendument écrit pour mettre en garde contre de
nouvelles actions qui pourraient se produire au moment de
l'inauguration présidentielle, semblables à
celles qui ont eu lieu le 6 janvier. On y lit plutôt une
menace à tous ceux qui défendent les droits, et
qui mènent des actions « pour accomplir des ordres
du jour politiques et/ou sociaux, qui semblent
dérivés d'un sentiment antigouvernement ou
anti-autorité, incluant l'opposition à ce qui est
perçu comme des hiérarchies
économiques, sociales ou raciales, ou une intervention
excessive, de la négligence ou de
l'illégitimité de la part du
gouvernement ». Il est certain que la vaste
majorité des Américains pensent que le
gouvernement est négligent en ce qui concerne la COVID-19,
qu'il existe un problème sérieux de racisme de la
part du gouvernement et d'attaques contre le peuple et plus encore. En
qualifiant des groupes entiers d'« extrémistes
violents », le bulletin établit une
justification et une base juridique pour de vastes attaques contre la
résistance. Et il le fait au nom de protéger le
peuple et de prévenir la violence. La
désinformation comprend la tentative de perturber et de
détruire la vaste opinion publique qui existe que le pays
continue d'aller dans une mauvaise direction, qu'il n'existe pas de
moyens de rendre le gouvernement redevable et que les droits humains
fondamentaux à la santé, au logement,
à l'éducation et à un moyen de
subsistance sont niés de façon
répétée. Que l'opinion publique est
détruite et remplacée par la
considération que ceux que le FBI, le DHS et le NTCT
qualifient d'« extrémistes »
méritent d'être châtiés. Des
groupes entiers sont notamment considérés comme
des choses, réduits à des initiales, comme les
DVE, qui signifient « extrémistes violents
domestiques ». Agir ainsi déshumanise
ceux qui sont stigmatisés, ce qui en fait des choses
sujettes à la violence et au châtiment par le
gouvernement et non des êtres humains qui revendiquent des
droits. Alors que le bulletin mentionne les milices, de nombreux faits
démontrent, y compris les événements
du 6 janvier, que le gouvernement appuie et même
arme souvent ces milices et est bien au courant de leurs plans, mais
n'intervient pas ou ne les empêche pas d'agir. Ils sont
inclus dans le rapport en partie pour masquer cette
vérité. Le Bulletin de
renseignement écrit qu'un « extrémiste
violent domestique » est un individu qui est actif
aux États-Unis et qui n'est « ni dirigé
ni inspiré par un groupe terroriste étranger ou
par une autre puissance étrangère, et qui cherche
à faire avancer des objectifs politiques et sociaux
entièrement ou en partie au moyen d'actes
illégaux de force ou de violence ». Il
ajoute ensuite que « le fait de simplement faire valoir une
position politique ou sociale, de pratiquer l'activisme politique,
d'utiliser une forte rhétorique ou d'adhérer
à une philosophie qui dans son ensemble préconise
des tactiques violentes peut ne pas constituer de
l'extrémisme, et pourrait être
protégé d'un point de vue
constitutionnel ». Cela a été
dit de façon répétée
lorsque les forces fédérales, des
États et locales ont attaqué les manifestants
pendant tout l'été. Elles ont simplement
qualifié les actions de violentes et d'illégales
et ont notamment fait un vaste usage de gaz lacrymogènes, de
gaz poivré et de balles de caoutchouc. Peu de gens croient
l'affirmation faite maintenant que les manifestations, pourraient,
simplement pourraient, « être
protégés d'un point de vue
constitutionnel ». Les
catégories mises de l'avant par le FBI, le DHS et le NCTC se
subdivisent en trois sous-catégories. - Les
extrémistes antigouvernementaux et anti-autorité
violents tels que mentionnés plus haut. -
Les miliciens extrémistes violents dont
il est dit qu'ils sont « des individus qui cherchent,
entièrement ou en partie au moyen d'actes
illégaux de force ou de violence, à faire valoir
leur croyance que les États-Unis outrepassent
intentionnellement leur autorité constitutionnelle et
tentent d'établir un régime
totalitaire ». « Par
conséquent, selon le bulletin, ces individus s'opposent
à plusieurs lois et règlements
fédéraux et des États, en particulier
ceux liés à la propriété
d'armes à feu [et] commettent des gestes ouverts pour
résister violemment au gouvernement des
États-Unis ou pour en faciliter le
renversement ». - Les
extrémistes violents ayant un motif racial ou ethnique
dont il est dit qu'ils ont recours « à la violence
potentiellement illégale ou à la menace du
recours à la force et à la violence, pour faire
avancer un ordre du jour politique et/ou social, qui semble provenir
d'un préjugé, souvent lié à
la race ou l'ethnicité, défendu par l'acteur
contre d'autres, y compris un groupe de la population en
particulier. » Selon les agences
de police qui ont produit le bulletin, « les plus importantes
menaces domestiques en 2021 » ne sont pas
tous les problèmes auxquels le peuple sont
confrontés, tels que la COVID-19, le chômage, la
manque de soins de santé, les évictions, les
suicides et les autres décès, mais bien le peuple
qui lutte pour ses droits, En fait, le bulletin souligne que son
renseignement est alimenté par la réponse
à laquelle il s'attend aux « mesures
renouvelées qui seront prises pour mitiger la propagation de
la COVID-19, aux conditions socio-politiques et à la
perception d'une intervention excessive du
gouvernement ». Le Bulletin,
comme le font Biden et la Chambre des représentants,
prédit une augmentation « des menaces et des
complots menant à des activités
illégales, y compris la destruction de la
propriété et la violence visant des
représentants à tous les niveaux du gouvernement,
de la police, des journalistes et de l'infrastructure, ainsi que la
violence sporadique lors de protestations, de rassemblements, de
manifestations ou d'autres formes d'actions où les gens se
regroupent ». Le camp armé en ce moment
dans le district de Columbia, qui comprend 30 000 membres de
la Garde nationale déployés pour un mois et les
milliers de policiers et de forces du DHS additionnels, est leur
réponse. Le Bulletin conseille
« aux représentants gouvernementaux du
contreterrorisme et aux forces responsables de l'application de la loi,
de même qu'aux partenaires de la
sécurité du secteur privé de demeurer
vigilants », à la lumière de
cette « menace persistante » et de
« cibles sélectives
imprévisibles », afin de pouvoir
« déceler, prévenir, prévoir
ou répondre avec efficacité à des
incidents et des attaques terroristes ».
Le 6 janvier - un « moteur durable de
violence »
Selon le bulletin, les
événements du 6 janvier à
l'édifice du Capitole vont servir de « moteur
important de la violence pour un ensemble
diversifié » de gens. Il indique que les
cibles pourraient comprendre « les minorités et
les institutions raciales, ethniques ou religieuses, les forces
responsables de l'application de la loi et les représentants
et édifices gouvernementaux », de
même que les membres des médias « en
raison d'une complicité perçue au sein d'un
système hostile à leurs
croyances ». Il s'agit là d'un effort
délibéré pour mettre dans le
même sac les plus de 20 millions de personnes qui
ont ciblé la violence policière raciste
(« les forces responsables de l'application de la
loi ») et les « représentants
et édifices gouvernementaux » et les
milices racistes. Tous sont dits également violents, tous
sont « extrêmes » et
méritent la violence du gouvernement et les arrestations.
Les auteurs du Bulletin affirment que cette «
perception amplifiée de fraude » lors de
l'élection présidentielle de 2020,
« le changement de contrôle de la
présidence et du Sénat »,
ainsi que les « moteurs de longue date tels qu'une perception
de tyrannie gouvernementale ou policière, et l'anticipation
de lois perçues par certains comme contraires et une menace
à leurs croyances engendreront très
vraisemblablement une augmentation de la violence ».
Un aspect important de la désinformation dans tout
cela est le fait de présenter le problème comme
étant un problème de croyances, et non des
relations économiques et politiques qui sont
organisées contre le peuple, et la violence est alors
imputée aux croyances. Le Bulletin
prédit une augmentation de la violence « en
rapport à l'exercice du pouvoir du gouvernement
américain, son influence et ses initiatives, touchant
possiblement à la législation sur le
contrôle des armes, l'allègement des restrictions
sur l'immigration, et de nouvelles limites sur l'utilisation des terres
publiques »; cela comprend aussi « la
distribution commandée des vaccins contre la COVID-19 et
l'efficacité et/ou la sécurité des
vaccins de la COVID-19 ». C'est
ainsi que les nombreuses manifestations unies à la
défense des immigrants, des réfugiés
et leurs enfants, et le travail d'organisation pour faire face
à la COVID-19 sont tous considérés
comme une source de violence. Le gouvernement a tout fait pour
présenter le peuple comme étant divisé
alors que les actions unies des Américains de tous milieux
au sujet de l'immigration et de la COVID montrent le contraire. Ce sont
les agences de police et militaires et la présidence qui
sont de plus en plus rongées par les conflits, dans leurs
rangs et entre elles. Le Bulletin met de l'avant l'espoir d'unir ces
forces rivales, au nom de la prévention de la violence, tout
en cherchant à dresser les gens les uns contre les uns et
à justifier la violence contre eux.
À titre d'information
Le rapport du Comité judiciaire de la Chambre
sur la destitution Le 12 janvier, le
président de la commission judiciaire de la Chambre des
Représentants, Jerrold Nadler, a publié un
rapport de la majorité (démocrate) pour la mise
en accusation du président Donald J. Trump pour «
incitation à l'insurrection ». Le rapport fournit
les arguments qui seront utilisés par les
représentants de la Chambre pour présenter leur
cause de mise en accusation au Sénat, où se tient
le procès. Les dirigeants du Sénat n'ont pas
encore fixé de date pour le procès, qui aura lieu
après que Donald Trump ait quitté ses fonctions.
Le vote pour la destitution a inclus 10 républicains,
notamment la troisième républicaine la plus
puissante de la Chambre, Liz Cheney du Wyoming. Elle a fait tout son
possible pour condamner Trump, disant qu'il avait «
convoqué cette foule, rassemblé la foule, et
allumé la flamme de cette attaque », et que ses
actions étaient la « plus grande trahison
» jamais commise par un président
américain. Elle est la fille de l'ancien
vice-président Dick Cheney. Pour
lire le rapport de 70 pages, cliquer
ici
Les amendements
constitutionnels liés à la guerre civile
Les amendements 13, 14 et 15, dits
amendements de la guerre civile, se lisent comme suit :
XIIIe amendement
Proposé
le 31 janvier 1865, ratifié le 6
décembre 1865, le XIIIe amendement modifie
l'Article IV, Section 2. SECTION 1.
Ni esclavage ni servitude involontaire, si ce n'est en punition d'un
crime dont le coupable aura été dûment
convaincu, n'existeront aux États-Unis ni dans aucun des
lieux soumis à leur juridiction. SECTION 2.
Le Congrès aura le pouvoir de donner effet au
présent article par une législation
appropriée. XIVe amendement
Proposé le 13
juin 1866, ratifié le 9
juillet 1868, le XIVe amendement modifie l'Article 1,
Section 2. Le XIVe amendement est à son tour
modifié par le XXVIe amendement. SECTION 1.
Toute personne née ou naturalisée aux
États-Unis, et soumise à leur juridiction, est
citoyen des États-Unis et de l'État dans lequel
elle réside. Aucun État ne fera ou n'appliquera
de lois qui restreindraient les privilèges ou les
immunités des citoyens des États-Unis; ne privera
une personne de sa vie, de sa liberté ou de ses biens sans
procédure légale régulière;
ni ne refusera à quiconque relève de sa
juridiction l'égale protection des lois. SECTION 2.
Les représentants seront répartis entre les
divers États proportionnellement à leur
population respective, calculée en comptant tous les
habitants de chaque État, à l'exclusion des
Indiens, non imposés. Mais, quand le droit de voter
à l'élection d'électeurs des
président et vice-président des
États-Unis, des représentants au
Congrès, des fonctionnaires exécutifs et
judiciaires d'un État ou des membres de sa
législature, sera dénié à
des habitants mâles de cet État,
âgés de vingt et un ans et citoyens des
États-Unis, ou restreint de quelque manière que
ce soit, sauf en cas de participation à une
rébellion ou autre crime, la base de la
représentation pour ledit État sera
réduite dans la proportion existant entre le nombre des
citoyens mâles visés et le nombre total des
citoyens mâles de vingt et un ans dans cet État.
SECTION 3. Nul ne sera sénateur ou
représentant au Congrès, ou électeur
des président et vice-président, ni n'occupera
aucune charge civile ou militaire du gouvernement des
États-Unis ou de l'un quelconque des États, qui
après avoir prêté serment, comme membre
du Congrès, ou fonctionnaire des États-Unis, ou
membre d'une législature d'État, ou fonctionnaire
exécutif ou judiciaire d'un État, de
défendre la Constitution des États-Unis, aura
pris part à une insurrection ou à une
rébellion contre eux, ou donné aide ou secours
à leurs ennemis. Mais le Congrès pourra, par un
vote des deux tiers de chaque Chambre, lever cette
incapacité. SECTION 4. La
validité de la dette publique des États-Unis,
autorisée par la loi, y compris les engagements
contractés pour le paiement de pensions et de primes pour
services rendus lors de la répression d'insurrections ou de
rébellions, ne sera pas mise en question. Mais ni les
États-Unis, ni aucun État n'assumeront ni ne
payeront aucune dette ou obligation contractée pour
assistance à une insurrection ou rébellion contre
les États-Unis, ni aucune réclamation pour la
perte ou l'émancipation d'esclaves, et toutes dettes,
obligations et réclamations de cette nature seront
considérées comme illégales et nulles.
SECTION 5. Le Congrès aura le pouvoir de
donner effet aux dispositions du présent article par une
législation appropriée. XVe
amendement Proposé
le 26 février 1869, ratifié
le 3 février 1870. SECTION 1.
Le droit de vote des citoyens des États-Unis ne sera
dénié ou limité par les
États-Unis, ou par aucun État, pour des raisons
de race, couleur, ou de condition antérieure de servitude.
SECTION 2. Le Congrès aura le pouvoir de
donner effet au présent article par une
législation appropriée.
Déclaration
conjointe de sénateurs opposés à la
certification du vote du Collège électoral
Les sénateurs Ted Cruz (R-Texas), Ron
Johnson (R-Wis.), James Lankford (R-Okla.), Steve Daines (R-Mont.),
John Kennedy (R-La.), Marsha Blackburn (R-Tenn.), et Mike Braun
(R-Ind.), et les sénateurs-élus Cynthia Lummis
(R-Wyo.), Roger Marshall (R-Kan.), Bill Hagerty (R-Tenn.), et Tommy
Tuberville (R-Ala.) ont publié la déclaration
suivante en vue du processus de certification du vote du
Collège électoral le 6
janvier 2021. «
L'Amérique est une république dont les dirigeants
sont choisis lors d'élections démocratiques. Ces
élections, à leur tour, doivent être
conformes à la Constitution et aux lois
fédérales et des États. «
Lorsque les électeurs décident
équitablement d'une élection,
conformément à l'état de droit, le
candidat perdant doit reconnaître et respecter la
légitimité de cette élection. Et, si
les électeurs choisissent d'élire un nouveau
président, notre nation est tenue de procéder
à un transfert pacifique du pouvoir. «
L'élection de 2020, comme celle de 2016, a
été âprement disputée et,
dans de nombreux États basculants, a
été décidée de peu.
L'élection de 2020, cependant, a fait l'objet
d'allégations sans précédent de fraude
électorale, de violations et d'application laxiste des lois
électorales, et d'autres irrégularités
de vote. « La fraude
électorale a constitué un obstacle
récurrent dans nos élections, même si
son ampleur et sa portée sont discutables. Les
allégations de fraude et
d'irrégularités lors des élections
de 2020 sont plus nombreuses qu'au cours de toute autre
période de notre histoire. «
Et ces allégations ne sont pas uniquement soutenues par un
candidat en particulier. Au contraire, elles sont très
partagées. Les sondages Reuters/Ipsos montrent tragiquement
que 39 % des Américains pensent que
'l'élection a été truquée'.
Cette opinion est partagée par les républicains
(67 %), les démocrates (17 %) et les
indépendants (31 %) «
Certains membres du Congrès sont en désaccord
avec cette conclusion, tout comme de nombreux membres des
médias. « Mais, que nos
élus ou nos journalistes y croient ou pas, cette profonde
défiance à l'égard de notre processus
démocratique ne disparaîtra pas par magie. Elle
devrait nous concerner tous. Et elle constitue une menace permanente
pour la légitimité de toute administration future.
« Idéalement, les tribunaux auraient
dû entendre les preuves et résoudre ces
allégations de fraude électorale grave. Par deux
fois, la Cour suprême a eu l'occasion de le faire; par deux
fois, la Cour a refusé. «
Le 6 janvier, il incombe au Congrès de se prononcer
sur la certification des résultats des élections
de 2020. Ce vote est le seul pouvoir constitutionnel restant
pour examiner et forcer la levée des multiples
soupçons de fraude électorale grave. «
Lors de cette session conjointe quadriennale, il existe un long
précédent de membres démocrates du
Congrès qui ont soulevé des objections aux
résultats de l'élection
présidentielle :
en 1969, 2001, 2005 et 2017. Et
en 1969 et 2005, un sénateur
démocrate s'est joint à un
député démocrate pour forcer les deux
chambres à voter sur l'acceptation ou non des
électeurs présidentiels contestés.
« Le précédent le plus
flagrant sur cette question est apparu en 1877, à
la suite de graves allégations de fraude et de conduite
illégale dans la campagne électorale
présidentielle de Hayes-Tilden. Plus
précisément, les élections dans trois
États – la Floride, la Louisiane et la
Caroline du Sud – se seraient
déroulées illégalement. «
En 1877, le Congrès n'a pas ignoré ces
allégations, et les médias n'ont pas non plus
simplement écarté ceux qui les ont
formulées comme des extrémistes essayant de miner
la démocratie. Au lieu de cela, le Congrès a
nommé une commission
électorale – composée de cinq
sénateurs, cinq membres de la Chambre et cinq juges de la
Cour suprême – pour examiner et
résoudre les résultats contestés.
« Nous devrions suivre ce
précédent. En effet, le Congrès
devrait immédiatement nommer une commission
électorale, dotée d'un pouvoir
d'enquête et d'investigation complet, pour mener un audit
d'urgence de dix jours des résultats des
élections dans les États contestés.
Une fois cette vérification terminée, chaque
État évaluerait les conclusions de la commission
et pourrait convoquer une session législative
spéciale pour certifier un changement dans leur vote, si
nécessaire. « En
conséquence, nous avons l'intention de voter le 6
janvier pour rejeter les électeurs des États
contestés comme n'ayant pas été
'régulièrement attribués' et
'légalement certifiés' (c'est la condition
légale requise), jusqu'à ce que cet audit
d'urgence de 10 jours soit terminé. «
Nous ne sommes pas naïfs. Nous nous attendons à ce
que la plupart des démocrates, sinon tous, et
peut-être plus que quelques républicains, votent
autrement. Mais le soutien à
l'intégrité des élections ne devrait
pas être une question partisane. Un audit impartial et
crédible – mené rapidement et
achevé bien avant le 20
janvier – améliorerait
considérablement la confiance des Américains dans
notre processus électoral et renforcerait
considérablement la légitimité de
celui qui deviendra notre prochain président. Nous devons
cela au peuple. « Ce sont des questions
dignes du Congrès, et qui nous ont été
confiées pour que nous les défendions. Nous ne
prenons pas cette action à la légère.
Nous n'agissons pas pour contrecarrer le processus
démocratique, mais plutôt pour le
protéger. Et chacun d'entre nous devrait agir de concert
pour s'assurer que l'élection a été
menée légalement en vertu de la Constitution et
pour faire tout ce qui est en notre pouvoir pour rétablir la
foi dans notre Démocratie ».
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