Numéro 2 10 janvier 2021 TABLE DES MATIÈRES
Les
événements du 6 janvier aux États-Unis
• Une contre-révolution dans
la contre-révolution - Pauline
Easton - • Ce
qui est pertinent et ce qui ne l'est pas - Kathleen Chandler -
• Un
événement qui ouvre la voie à un
renforcement des pouvoirs de police - Anna Di Carlo -
• Qu'est-ce
qu'une insurrection? • La lutte entre la
«violence» et la «défense
des institutions démocratiques»
- Pierre Chénier - Les dépenses
électorales aux États-Unis • Réquisitoire contre la
démocratie américaine Les
événements du 6 janvier aux
États-Unis Une
contre-révolution dans la contre-révolution
- Pauline Easton - Compte tenu
des éléments de preuve disponibles en ce moment,
ce qui s'est passé le 6 janvier au Capitole,
à Washington, est une contre-révolution dans la
contre-révolution. Il est de plus en plus évident
que le président Donald Trump a tenté un coup
d'État pour garder la présidence et que la
tentative a échoué à cause de la
défection d'abord du vice-président Mike Pence
puis d'autres alliés. Puis, avec la diffusion partout dans
le monde des images de destruction, d'intimidation et d'hooliganisme
dans l'enceinte du Capitole, dans la Chambre du Sénat et
dans le bureau de la présidente de la Chambre des
représentants Nancy Pelosi, Trump ne pouvait plus conserver
l'appui des militaires non plus. Le coup d'État
manqué a ensuite été
utilisé par le président élu Joe
Biden, la présidente de la Chambre des
représentants Nancy Pelosi et d'autres pour tenter d'unir
les bureaucraties policières et militaires
fédérales derrière Biden afin de
préserver l'union et éviter une guerre civile.
Pence et d'autres républicains, y compris ceux qui, comme le
sénateur Ted Cruz, sont restés sur leur position
de remettre en cause la validité de l'élection,
se sont dissociés de la violence et de Trump et ont choisi
de sauver leur propre carrière et sauver le Parti
républicain pour pouvoir revenir à la charge plus
tard. Joe Biden a
délibérément qualifié
d'insurrection le saccage qui s'est produit au Capitole. Les images qui
circulent sur les médias sociaux
révèlent l'ampleur du saccage. Cinq personnes
sont mortes, dont une femme qui avait
pénétré dans l'enceinte du Capitole et
un policier qui a été frappé
mortellement alors qu'il exerçait ses fonctions. Ce n'est
pas une mince affaire, mais comment le fait de qualifier cela
d'insurrection explique-t-il que c'est le président des
États-Unis qui a attaqué le
Congrès ? Donald
Trump a reçu quelque 73 millions de voix lors de
l'élection, contre 81 millions pour Joe Biden. Il
ne s'agit donc pas d'une simple « foule »
criminelle ou d'une milice armée
déchaînée. Biden parle d'une
« insurrection » mais il ne
définit pas l'insurrection, il n'explique pas ce qui fait de
ces événements une insurrection ni ce que sont
les conséquences d'une telle affirmation. Il
définit sa présidence comme celle qui
rétablira l'ordre public et les valeurs des
États-Unis, mais c'est ce que Trump prétend faire
également. Par ailleurs, de nombreux
membres des échelons supérieurs du Parti
démocrate et des médias qui méprisent
depuis longtemps Donald Trump réclament sa destitution en
guise de châtiment. Le FBI
est en train d'identifier ceux qui ont enfreint la loi. Des accusations
d'infractions fédérales ont
été portées contre 15
personnes jusqu'à présent et cela comprend
« entrée violente et conduite
désordonnée sur les terrains du
Capitole » et « intention d'entraver le
fonctionnement des affaires du gouvernement ». Une
quarantaine d'autres personnes sont accusées de violations
du couvre-feu et d'entrée illégale. Il est
intéressant de noter qu'aucune accusation n'est
portée en vertu du décret de Trump imposant une
peine obligatoire de dix ans pour toute action qui «
détruit, endommage, vandalise ou
profane » les biens du gouvernement. Il semblerait
que le FBI et les membres du Congrès ne portent pas des
accusations plus graves pour l'instant, y compris l'accusation
d'insurrection ou de sédition. On dit que cela fait partie
d'un effort pour atténuer les conflits entre les factions au
pouvoir et éviter une guerre civile violente.
Le mot saccage décrit un déchaînement
violent qui comprend le vol et la destruction de biens — une
mise à sac. Cela semble décrire plus ou moins ce
qui s'est produit le 6 janvier. La raison pour laquelle nous
appelons cela une contre-révolution dans la
contre-révolution est que nous n'avons pas affaire
à seulement deux camps : un camp engagé
dans une insurrection et un autre engagé dans la
défense de la démocratie. Le tout est plus grand
que la somme de ses parties qui ne peuvent pas être
agrégées. La
contre-révolution contre les normes et les niveaux que les
sociétés avaient atteints dans
l'après-Deuxième Guerre mondiale a
commencé lorsque le président
américain Ronald Reagan (1981-1989) et la
première ministre de Grande-Bretagne Margaret Thatcher
(1979-1990) ont déclenché le
néo-conservatisme et déclaré qu'il n'y
avait pas de société, seulement des familles, des
valeurs familiales et des droits individuels. Ils
enfonçaient ainsi le dernier clou dans le cercueil de
l'État providence et ses institutions et organisations et
amorçaient la restructuration de l'État pour
éliminer tout vestige du droit public, du bien public et de
l'autorité publique. Cela a été
accompagné par l'effondrement de l'Union
soviétique et la contre-révolution
initiée par Mikhaïl Gorbatchev au nom de la glasnost
et de la perestroïka — ouverture
et restructuration. La contre-révolution et la
régression se sont succédé rapidement
dans les anciennes démocraties populaires d'Europe de l'Est
(1989-1990) et l'Union soviétique elle-même s'est
effondrée en 1991. L'offensive antisociale et la
rétrogression sont devenues la conséquence de la
contre-révolution et de la restauration capitaliste dans ces
pays. Aux États-Unis, en Grande-Bretagne, dans les pays
d'Europe de l'Ouest, au Canada et dans d'autres pays, les attributs de
l'État-providence ont été
sacrifiés au profit de la gouvernance par
décrets. Une offensive antisociale et une
régression sociale se sont également
installées, souvent avec les justifications pour payer les
riches. Le complexe militaro-industriel
américain qui est apparu après la
Deuxième Guerre mondiale et qui s'est
développé au cours de cette période
est le produit de la fusion du complexe militaro-industriel et de
l'autorité publique. Il y a un gouvernement de guerre, avec
le développement de bureaucraties militaires et
policières fédérales massives. Les
intérêts privés prennent de plus en
plus le contrôle des fonctions et des institutions
gouvernementales. Les notions de service du bien public sont
éliminées. Cela fait partie de la
contre-révolution de l'époque. Cela signifie
également que le problème de l'unification des
bureaucraties militaires et policières dans le cadre de la
préservation de l'union et de la prévention de la
guerre civile prend une grande importance. L'assaut
concerté des cercles dirigeants contre les institutions de
gouvernance démocratique américaines a connu un
nouvel élan avec l'élection de Bill Clinton
en 1992 qui promettait le changement. Ronald Reagan avait
introduit la direction de l'économie qui consiste
à payer les riches, y compris les profiteurs de guerre et
les magnats de l'énergie, et l'effondrement de l'Union
soviétique avait déchaîné
l'impérialisme américain dans sa quête
de domination mondiale, et lorsque Clinton est arrivé au
pouvoir cette politique était bien ancrée.
Bill Clinton a battu George H.W. Bush qui avait
lancé la première guerre d'Irak avec l'intention
déclarée de supprimer « un
régime qui a développé et
utilisé des armes de destruction massive, qui a
hébergé et soutenu des terroristes, qui a commis
des violations scandaleuses des droits humains et qui a
défié les décisions fondées
des Nations unies et du monde ». Les guerres qui ont
suivi n'étaient plus la continuation de la politique par
d'autres moyens qui se terminait par des ententes
négociées et des accords de paix. Elles sont
devenues des efforts désespérés pour
placer des sphères d'intérêt sous la
domination des États-Unis, des guerres de destruction quand
la corruption et les menaces, y compris les sanctions
meurtrières, ne permettent pas d'attendre leurs fins. Cette
politique extérieure a été
combinée à une répression croissante
sur le plan intérieur, notamment avec la construction d'un
gigantesque réseau de prisons et de centres de
détention et les tentatives de diviser le corps politique
sur la base de la race, de la religion ou du genre pour
empêcher le peuple de s'unir dans l'action pour s'investir
lui-même du pouvoir. L'assaut contre
les institutions démocratiques a
entraîné la destruction des partis politiques qui
sont devenus des cartels agissant comme des coalitions. Ils
dépensent des milliards de dollars et se livrent
à la désinformation pour contrôler les
pouvoirs de police de la présidence et d'autres postes de
pouvoir. Le Congrès a donc également
dégénéré, tout comme les
élections, qui ne parviennent plus dorénavant
à unifier l'énorme bureaucratie militaire et les
factions rivales qui se disputent le pouvoir, les guerres ne servant
plus à atteindre ce but. Nous assistons aujourd'hui
à l'attaque d'une aile du gouvernement, la
présidence, contre une autre, le Congrès, dans le
but de renforcer le pouvoir exécutif. Biden, en parlant des
événements du 6 janvier, n'a pas
défendu le Congrès en tant qu'organe
législatif doté de pouvoirs. Il dit qu'en tant
que président, il va rétablir l'ordre public, ne
pas permettre au département de la Justice d'agir comme son
cabinet d'avocats personnel, etc. L'objectif est de renforcer le Bureau
du président et sa capacité à utiliser
les pouvoirs de la police. Il ne s'agit pas d'apporter le changement
demandé par le peuple, qui réclame le pouvoir de
décider de ses affaires, mais de favoriser la
contre-révolution contre le peuple. Cela
montre que des intérêts privés
étroits ont pris le contrôle des pouvoirs
décisionnels tant au niveau fédéral
qu'au niveau des États. Depuis Clinton et sa promesse de
changement, le changement en faveur du peuple est toujours la victime
aux États-Unis. Les présidents ont chacun
à leur tour perfectionné l'utilisation des
pouvoirs de police et ont utilisé la fonction de
président pour dépasser les limites de la
conduite jusqu'alors acceptée. Avec les attentats
du 11 septembre 2001, le président George
W. Bush a déclaré un état d'exception
permanent où les justifications de violation des
libertés civiles sont devenues la norme. La torture, les
guerres d'agression et les sanctions meurtrières vont de
pair avec la perpétuation en toute impunité des
assassinats policiers, principalement de personnes noires, le
traitement inhumain des réfugiés, des
travailleurs sans papiers, des immigrants et des enfants,
l'incarcération d'un nombre toujours plus important de
personnes qui sont criminalisées comme une chose allant de
soi et d'autres crimes que les États-Unis commettent
régulièrement. Tout le département de
la Sécurité intérieure est
établi avec des forces policières et une
bureaucratie massives, le tout déployé pour la
répression et l'impunité dans l'usage de la
force. Seuls ceux qui cherchent à apaiser les
impérialistes américains
répètent le mantra que les États-Unis
sont une démocratie ou une société
civile dotée d'institutions démocratiques.
Pendant 30 ans, tout cela a constitué une
contre-révolution dont les résultats se voient
dans l'état de l'économie américaine,
les systèmes privés de santé et
d'assurance et l'incapacité à faire face
à la pandémie de la COVID-19 (avec un
décès pour 1 000 personnes),
les queues interminables devant les banques alimentaires, le traitement
des anciens combattants, des personnes âgées, des
sans-abri, des femmes et des enfants, en plus de celui des Noirs, des
Portoricains, des personnes originaires des Amériques et
d'Asie ainsi que de la violation des droits inhérents des
nations autochtones. Aujourd'hui, la confiance dans les institutions
gouvernementales américaines est en crise. Les millions de
personnes qui ont voté pour Trump et les millions d'autres
qui ont voté pour Biden sont en colère en raison
des échecs du gouvernement et expriment leur manque de
confiance dans la volonté du gouvernement de
résoudre les problèmes en leur faveur.
La crise de confiance dans les institutions
gouvernementales américaines signifie que la grande
majorité des gens sont en colère et
mécontents de la direction où le pays
s’en va. Quelque 20 millions de personnes ont
organisé des manifestations pendant plus de 100 jours
après la mort de George Floyd, toutes violemment
attaquées par les forces policières. Plusieurs
millions d'autres personnes ont soutenu ces actions, comme elles
avaient rejoint et soutenu des manifestations défendant les
immigrants et les réfugiés et leurs enfants. Le
peuple veut un avoir un contrôle sur la police et les budgets
et veut donner une nouvelle orientation à
l'économie et à la politique, et il va continuer
de le faire. Les forces
contre-révolutionnaires ont organisé ce saccage
au Capitole le 6 janvier, y compris en utilisant des milices
armées, pour essayer de renverser cette tendance et diviser
le peuple. La tentative de coup d'État ratée de
Donald Trump et son attaque contre le Congrès sont une
contre-révolution dans la contre-révolution qui
fait maintenant place à un sentiment de vengeance parmi les
cercles dirigeants, ce qui va polariser encore plus les factions.
Rien de tout cela, ni Biden ni personne, n'unira
les bureaucraties de la police fédérale et des
forces armées, sans parler du peuple américain,
ni ne résoudra un seul des problèmes auxquels est
confrontée la démocratie américaine
encore présentée comme la plus grande du monde.
Seul un projet moderne d'édification nationale engagera les
États-Unis sur une voie pouvant unir le peuple dans une
cause commune. Mené par la classe ouvrière des
États-Unis, un tel projet doit placer au centre de ses
préoccupations le renouvellement démocratique du
processus décisionnel politique. Il doit voir à
mettre en place un gouvernement et des institutions de gouvernance
incarnant une personnalité démocratique moderne
et antiguerre et qui respecte la souveraineté et
l'égalité des peuples du monde. Une constitution
moderne est nécessaire pour remplacer tous les vestiges de
la constitution actuelle qui était un compromis avec
l'esclavage et qui maintient le pouvoir de l'élite
privilégiée et des institutions qui favorisent
les intérêts privés étroits
au détriment des masses populaires.
Ce qui est pertinent et ce
qui ne l'est pas - Kathleen
Chandler - Si l'on
considère ce qui s'est passé au
Congrès à Washington le 6 janvier, il semble
qu'il y ait eu à la fois un coup d'État
manqué de la part du président
américain Donald Trump et un effort du président
élu Joe Biden pour utiliser les
événements afin de renforcer la
présidence en unissant les bureaucraties
policières et militaires fédérales
derrière lui. Le vice-président Mike Pence et la
présidente de la Chambre des représentants Nancy
Pelosi agissent comme facilitateurs dans cet effort. La
présidente de la Chambre a déclaré
publiquement, par exemple, qu'elle a demandé aux militaires
de maintenir Trump loin du « bouton nucléaire
», comme on l'appelle. C’est une façon
de rallier les forces armées derrière Biden,
même si Trump est toujours le commandant en chef des forces
armées des États-Unis. Nous assistons
à une contre-révolution dans la
contre-révolution qui se poursuit depuis l'effondrement de
l'Union soviétique. Ce qui s'est
passé n'est pas un affrontement entre Trump et la
démocratie, comme on le dépeint, car Trump
prétend également vouloir sauver la
République et sa démocratie. C'était
plutôt un affrontement entre les pouvoirs de la
présidence et les pouvoirs du Congrès. Il s'agit
d'un effort pour affaiblir davantage le Congrès, qui est
déjà dysfonctionnel et a
concédé nombre de ses pouvoirs, comme celui de
déclarer la guerre et de faire adopter des lois importantes.
Tous les présidents depuis la Deuxième Guerre
mondiale ont accru la force et les pouvoirs de la présidence
par rapport à ceux du Congrès. Ce pouvoir sur le
Congrès s’est beaucoup accru sous Bill Clinton,
George W. Bush et Obama et avec Trump cela a atteint le point
où un gouvernement de pouvoirs de police a
été consolidé. Un tel gouvernement ne
se soucie guère de la législation et des lois et
utilise plutôt le Bureau de la présidence pour
agir en toute impunité, par le recours à la
force, aux décrets, etc. Cela est évident tant au
niveau national qu'international, où Trump a agi
à plusieurs reprises en toute impunité. Pour
comprendre ce qui s'est passé le 6 janvier au Capitole,
à Washington, il est essentiel de savoir comment l'usage de
la force a été déployé –
à la fois l'absence initiale de forces de police et leur
déploiement ultérieur. Les gens aux
États-Unis et dans le monde entier ont vu des milliers de
manifestants portant des drapeaux américains et des
accessoires associés à Trump envahir les marches
du Capitole et entrer à l'intérieur, relativement
librement, alors que le Congrès était en session
pour certifier le résultat du vote du Collège
électoral des États. Bien que le plan des
rassemblements au Capitole et à la Maison-Blanche
fût connu et, en fait, autorisé, la
présence policière était
exceptionnellement faible. Habituellement, la
présence policière lors de manifestations
à Washington est importante, les contingents
anti-émeutes longent les rues avoisinantes, les
intersections près des points de rassemblement sont
bloquées et, près du Capitole, les policiers
casqués forment deux rangées, souvent
armés de fusils automatiques, avec des barricades et des
blindés, des policiers à vélo et
à cheval, un centre de commandement, des
hélicoptères et ainsi de suite. Le Federal Bureau
of Investigation (FBI), la Drug Enforcement Administration (DEA), le
Bureau of Alcohol, Tobacco Firearms and Explosives (ATF), l'Immigration
and Customs Enforcement (ICE) et d'autres forces
fédérales du département de la
Sécurité intérieure sont
généralement présents. Or, tous
étaient absents au moment du rassemblement du 6
janvier, même si les deux chambres du Congrès
étaient en session pour certifier le vote du
Collège électoral dans une situation de conflit
connue. Et la police du Capitole, relativement petite
(environ 2 000 personnes), avait la
responsabilité de protéger tous les membres du
Congrès à l'intérieur ainsi que
l'édifice lui-même et de veiller à
plusieurs autres aspects de la sécurité.
La police de Washington, les forces
fédérales et, dans ce cas-ci, la Garde nationale,
ne pouvaient être absentes qu'intentionnellement. Une
décision est prise à l'avance par ceux qui en ont
l'autorité. Toutes les forces
fédérales sont mises en action soit par le
président lui-même, soit par les chefs de la
Sécurité intérieure et du FBI,
nommés par Donald Trump. Pour le District de Columbia, la
Garde nationale est également déployée
par Trump, mais il a retardé son déploiement
pendant plusieurs heures et c'est finalement le
vice-président Mike Pence qui l'a
déployée, pas Donald Trump. Les ordres passent
par le chef du département de la Défense, qui les
transmet au secrétaire à l'Armée Ryan
McCarthy. Ce dernier a déclaré : « Nous
sommes en contact étroit avec les forces du maintien de
l'ordre d'État et fédérales pour
examiner les éventuels besoins supplémentaires de
soutien à la Garde nationale du District de
Columbia. » Toutes ces forces
fédérales peuvent agir indépendamment
de la Police du Capitole et le font souvent. Lorsque
la marée de partisans de Trump a fait irruption dans
l'édifice, les deux chambres étaient
réunies séparément pour
débattre du vote de l'Arizona, qui avait
été contesté par les membres du
Sénat et de la Chambre, menés par les
sénateurs Ted Cruz du Texas et Josh Hawley du Missouri. Le
vice-président Pence présidait le
débat au Sénat comme le veut sa fonction. La
vice-présidente élue Kamala Harris
était également présente. Tous deux
ont été rapidement escortés en lieu
sûr, sans doute par les équipes des services
secrets chargés de leur protection personnelle. D'autres
représentants ont été
escortés vers la sortie, beaucoup d'entre eux se
réfugiant dans les couloirs «
apocalyptiques », ainsi nommés parce
qu'ils sont conçus pour être utilisés
en cas d'attaque nucléaire. D'autres ont
été piégés dans la salle de
la Chambre ou dans leurs bureaux avec leur personnel. Des images
vidéo montrent des centaines de manifestants errant dans les
chambres et les couloirs, occupant des bureaux, prenant des
égoportraits avec la police et saisissant des objets
à conserver. Malgré tout, les renforts
n'étaient nulle part. Une tentative de
coup d'État Plus
tôt ce matin-là, des milliers de personnes
s'étaient rassemblées devant la Maison-Blanche,
où Trump a pris la parole. Il a dit que les personnes
présentes étaient des « patriotes
américains » «
attachés à l'honnêteté de
nos élections et à
l'intégrité de notre glorieuse
République... Nous n'abandonnerons jamais. Nous ne
céderons jamais. » Il a appelé
Pence à agir : « Tout ce que le
vice-président Pence doit faire, c'est de renvoyer la
certification aux États, et nous devenons
président. » Il a dit aux
manifestants : « Vous devez faire preuve de
force » et les a ensuite exhortés
à marcher sur le Capitole. Il est
évident que pour réussir, Trump avait besoin du
soutien de Pence et d'autres républicains qu'il a
également appelés à ne pas certifier
le vote. Il avait également besoin de la
coopération des forces armées pour qu'elles
n'interviennent pas. Il est évident que lui et son cabinet
ont créé les conditions pour que les manifestants
puissent marcher sur le Capitole, y entrer et y rester pendant
plusieurs heures. Le soutien au coup d'État et la
volonté d'utiliser la force ont été
testés en direct, les commandements de Trump s'effritant
graduellement tout au long de la journée, à
commencer par Pence qui a déclaré qu'il ne
pouvait pas utiliser sa position au Sénat pour
déclarer l'élection favorable à Trump,
à la suite de quoi une série de
défections ont été
annoncées par des partisans de Trump qui ont
préféré se joindre à Joe
Biden pour demander au président de rétablir
l'ordre. Parmi eux, on compte Chad Wolf, chef de la
Sécurité intérieure, Robert O'Brien,
conseiller à la sécurité nationale, le
sénateur Ted Cruz et plusieurs autres membres du
Congrès. O'Brien a déclaré en parlant
des manifestants : « La violence n'a absolument pas
sa place dans notre démocratie. Notre pays est meilleur que
ce que nous avons vu aujourd'hui dans notre
Capitole. » Le gouverneur du
Texas et le procureur de district du Texas, qui ont tous deux soutenu
les efforts de Trump pour renverser le verdict des
élections, ont également changé leur
fusil d'épaule. L'ancien président George W. Bush
exprimait le point de vue de nombreux élus quand il a
déclaré : « C'est ainsi que
les résultats des élections sont
contestés dans une république de bananes, pas
dans notre république démocratique. Je suis
consterné par le comportement irresponsable de certains
dirigeants politiques depuis l'élection et par le manque de
respect manifesté aujourd'hui pour nos institutions, nos
traditions et notre application de la loi. » Il a
souligné qu'il est de la «
responsabilité fondamentale de tout citoyen patriote de
soutenir l'état de droit ». Le
Texas a une signification particulière parce que le
gouverneur dispose de forces de police importantes et son
économie est considérée comme la
dixième en importance dans le monde. La famille Bush
conserve une influence considérable. Pour Bush, le fait que
le gouverneur et le sénateur Cruz se soient
opposés à l'action de Trump, aux
côtés du secrétaire à la
Sécurité intérieure, signifiait que
Trump ne pouvait pas réussir. Les faits indiqueraient que
les militaires ont commencé à coordonner leur
action avec Pence. Le secrétaire d'État
à la Défense par intérim, Christopher
Miller, a déclaré : « Le
président Milley [de l'état-major
interarmées] et moi-même venons de nous entretenir
séparément avec le vice-président et
avec la présidente de la Chambre Pelosi, le chef de la
Chambre McConnell, le sénateur Schumer et le
représentant Hoyer au sujet de la situation au Capitole
américain. [...] Nous avons pleinement activé la
Garde nationale du District de Columbia pour aider les forces de
l'ordre fédérales et locales dans leurs efforts
pour dénouer la situation pacifiquement. »
Dans tout coup d'État, le monopole de l'usage de la
force est essentiel. Trump en a fait usage et a tenté
d'exécuter le coup d'État avec le soutien de
l'armée et du département de la
Sécurité intérieure, qui ont
coordonné leurs efforts avec la police du District de
Columbia, qui suit les ordres fédéraux dans ces
situations. Ce n'est pas la police de Columbia qui décide en
dernier ressort. On l'a vu clairement lorsque le chef de la police
Robert Contee est intervenu, quelques heures après que les
manifestants ont fait irruption dans le Capitole en présence
du secrétaire à l'Armée McCarthy. De
plus, Contee a rapporté que la police du District de
Columbia a répondu aux demandes de soutien des
autorités fédérales. Cela indique que
les mêmes forces fédérales leur ont dit
que leur soutien n'était pas nécessaire au
départ. La revendication que fin soit
mise à toute violence policière et que le
contrôle soit entre les mains du peuple
Il y a un effort
délibéré pour présenter
l'affaire comme un problème de deux poids, deux mesures
quand il s'agit de l'intervention policière. Les
médias ont montré à plusieurs reprises
des images de la Garde nationale en tenue militaire complète
gardant le monument Lincoln lors des manifestations pour
dénoncer les morts aux mains de la police et
l'impunité policière tout au cours de
l'été, ainsi que des tirs de gaz
lacrymogènes et autres violences d'État contre
les manifestants de Black Lives Matter et leurs alliés. Ils
ne font que répéter que dans ce cas-ci la police
a été « prise par
surprise » et n'était « pas
préparée », tandis que
d'autres disent que les corps policiers n'auraient pas dû
être pris par surprise puisqu'ils avaient eu connaissance du
rassemblement préalablement. Cette
plainte au sujet de deux poids, deux mesures ferme les yeux sur la
réalité que le problème clé
est le monopole de l'usage de la force par les autorités de
l'État qui agissent, ou n'agissent pas, en toute
impunité. Bien que le mouvement populaire pour la justice
dénonce l'impunité de la police, le
problème de la violence policière n'est pas que
les manifestants pro-Trump doivent être traités
avec la même violence que ceux qui luttent pour la justice.
Il y a en effet deux poids deux mesures dans la violence
policière raciste contre la résistance cet
été. En effet, chaque fois que l'État
protège des intérêts privés
tout en réprimant ceux qui résistent, qu'il
s'agisse d'Afro-Américains, de Portoricains, d'autochtones,
de travailleurs, de femmes ou de jeunes. La réponse n'est
pas d'exiger un recours «
égal » à une plus grande
violence de l'État policier, mais d'exiger qu'une fin soit
mise à toute cette violence, au contrôle de la
police et au monopole de l'usage de la force et de trouver les moyens
de mettre le pouvoir de décision entre les mains du peuple
lui-même. Les questions cruciales de
qui décide et comment le pouvoir de
décision est exercé
L'utilisation croissante et toujours plus brutale des pouvoirs
de police a caractérisé une présidence
après l'autre, culminant avec la présidence de
Trump qui est même allé au-delà de ce
que ses propres partisans s'attendaient. Ce qui est en jeu dans la
situation actuelle, c'est qui décide et comment le pouvoir
de décision est exercé. C'est ce qui est en crise
aux États-Unis. Le fait que ces
intérêts privés de
propriété contrôlent l'usage de la
force et tous les pouvoirs de police qui relèvent de la
présidence est systématiquement
révélé. Il est
remarquable que les « deux camps », Trump
et les forces qui s'opposent à ceux qui ont fait le saccage,
prétendent défendre la Constitution et la
présentent comme une solution à la crise
actuelle. Or, ce sont précisément la Constitution
et tous ses dispositifs de gouvernance qui ont
échoué. La démocratie à
l'américaine n'est plus capable de tenir rien ni personne
redevable. Cela est on ne peut plus évident dans la
situation immédiate, avec les échecs du
gouvernement face à la COVID-19, le chômage
généralisé, la pauvreté
croissante et le nombre croissant de sans-abri, avec de nouvelles
expulsions et pertes d'emplois à venir. La
démocratie américaine n'assure pas et ne peut pas
assurer les droits du peuple, y compris les droits les plus
fondamentaux au logement, aux soins de santé et à
un moyen de subsistance. Les solutions ne se trouveront pas dans les
dispositifs de gouvernance qui ont donné naissance
à la crise au départ et qui garantissent
l'inégalité et l'absence de contrôle
sur les décisions ayant un impact sur la vie de la grande
majorité. Il est également
inquiétant que Trump et Biden tentent tous deux de
définir qui est et qui n'est pas un patriote. Dans
l'histoire des États-Unis, les accusations de manquer de
patriotisme et d'être « non
américains », souvent
assimilées au terrorisme, ont toujours
été un moyen de prendre à partie les
personnes luttant pour leurs droits. Joe Biden, comme d'autres, affirme
que ce qui s'est produit le 6 janvier n'est pas « ce
que nous sommes ». Il déclare :
« Pendant près de deux siècles et demi,
nous, le peuple, en quête d'une union plus parfaite, avons
gardé les yeux sur ce bien commun. L'Amérique est
tellement mieux que ce que nous avons vu
aujourd'hui. » La réalité est
que ce dont tout le monde a été témoin
est exactement ce que produisent les États-Unis des riches.
Pendant ces deux siècles et demi, deux Amériques
se sont affrontées, celle du peuple et celle des
propriétaires privés qui ont concentré
le pouvoir entre leurs mains. La Constitution est conçue
pour maintenir ces intérêts privés au
pouvoir. Le peuple a combattu à maintes reprises contre
l'esclavage et les inégalités, contre «
l'union » telle qu'elle est définie par
et pour les intérêts de
propriété qui ont pris le contrôle du
monopole de l'usage de la force. Il est clair
qu'une fois que la tentative de coup d'État a
échoué, Joe Biden, Mike Pence, Ted Cruz et
d'autres membres du Congrès ont cherché
à unifier les forces en conflit au sein de la
présidence et entre celle-ci et les bureaucraties
policières et militaires fédérales.
Cela est nécessaire pour préserver leur
« union plus parfaite » et c'est un
problème que Trump n'a pas réussi à
résoudre pendant sa présidence. Les nombreux
appels à l'unité en font partie. Joe Biden a de
nouveau repris le refrain que tout est possible « si nous le
faisons ensemble ». Il cherche non seulement
à unifier les forces en présence parmi les
riches, mais aussi à rallier à sa cause ceux qui
réclament l'égalité et les droits.
Néanmoins, les mêmes problèmes vont
hanter sa présidence, ce qui prouvera une fois de plus que
les conditions matérielles n'obéissent pas
à l'autorité souhaitée par les cercles
dirigeants. Si le vote a été
certifié et que Donald Trump affirme maintenant qu'il y aura
une « transition pacifique », rien ne
permet de croire que la source des conflits et du dysfonctionnement du
système a disparu. Les conflits entre les
intérêts privés existent parce que tous
ont proclamé que le « bien
commun » ou le « bien
public » ne va pas leur barrer la voie. En outre, on
ne peut pas dire que les États-Unis ont
été une force « pacifique ».
Ils ont au contraire une histoire de guerres, de génocides
et d'agressions. Il y a un gouvernement de guerre et une
économie de guerre qui causent de graves
préjudices et violences aux peuples, au pays et à
l'étranger. Ce qui se produit c'est le transfert de pouvoir
d'un président à un autre, chacun plus puissant
que le précédent. Il est certain que le peuple
n'accepte pas des conditions où ses droits sont encore plus
bafoués et où il est menacé par
davantage de violence et de guerres. Il lutte pour une
économie de paix et un gouvernement antiguerre où
c'est le peuple qui décide.
La nécessité d'investir le peuple du pouvoir de
décider Il est largement reconnu que pour qu'un
changement qui favorise le peuple se produise, il faut
reconnaître que ceux qui ont créé les
problèmes, y compris Biden, ne seront pas capables
d'apporter des solutions. La responsabilité sociale incombe
au peuple qui intensifie ses efforts d'organisation, au sein des
nombreux collectifs qui luttent pour les droits et, plus largement, au
sein de la société dans son ensemble, pour
être lui-même politique en s'attachant à
mettre en place un processus de décision
indépendant des institutions démocratiques
libérales obsolètes. Joe
Biden affirme que les quatre prochaines années seront
consacrées à la « restauration de la
démocratie », cette même
démocratie défaillante qui est en lambeaux, mais
celles et ceux qui se battent pour les droits démontrent
clairement qu'il faut une démocratie populaire,
conçue par le peuple lui-même, qui lui donne le
pouvoir de gouverner et de décider. La
réalisation du pouvoir de décider de ses affaires
et de contrôler les décisions est un
problème posé et à résoudre
dans les conditions où les collectifs qui
défendent les droits s'organisent pour prendre
eux-mêmes des décisions collectives, les mettre en
oeuvre et évaluer ensemble les résultats. Cette
lutte est totalement absente des récits des
événements du 6 janvier.
Continuons de nous unir dans l'action pour identifier les
problèmes qui, selon nous, nécessitent des
solutions et pour leur trouver des solutions. (Photos: T. Jane, E. Herrerra, J. Kam,
UNN, VOR)
Un
événement qui ouvre la voie à un
renforcement des pouvoirs de police -
Anna Di Carlo - Le 6 janvier 2021, dans les minutes
qui ont suivi l'irruption des manifestants dans l'édifice du
Capitole, incités par les déclarations de Donald
Trump que la victoire de l'élection
présidentielle de 2020 lui avait été
volée, des personnalités des médias et
des élus ont qualifié
l'événement d'« insurrection
». Cela représente une rupture avec le vocabulaire
habituel que l'élite au pouvoir utilise pour qualifier les
manifestations au cours desquelles la violence éclate.
Le président désigné, Joe
Biden a dit : « Ce à quoi nous assistons, c'est un
petit nombre d'extrémistes sans loi. Ce n'est pas de la
dissidence. C'est du désordre. C'est le chaos. C'est
à la limite de la sédition, et cela doit cesser
maintenant. » Après avoir demandé
à Donald Trump « d'exiger la fin de ce
siège », il a poursuivi : « Ils prennent
d'assaut le Capitole, brisent les vitres, occupent des bureaux, le
parquet du Sénat des États-Unis, fouillent les
bureaux du Capitole, de la Chambre des représentants,
menacent la sécurité des fonctionnaires
dûment élus. Ce n'est pas une manifestation, c'est
une insurrection. » Personne n'a
expliqué encore en quoi cette manifestation constituait une
« insurrection » ni pourquoi il faut maintenant
appeler différemment ce qu'on appelle habituellement des
« manifestations violentes » ou «
manifestations illégales », «
émeutes », « terrorisme
extrémiste », etc. Il semblerait que le terme
« insurrection » est utilisé
distinctement pour qualifier la prise d'assaut du Capitole, la
fermeture et le confinement du Capitole pendant plus de trois heures,
l'occupation et le saccage des bureaux par les manifestants, et les
membres du Sénat et de la Chambre des
représentants forcés de se mettre à
l'abri. Cette utilisation du terme «
insurrection » par l'élite au pouvoir pour
décrier les manifestations arrive six jours seulement
après la publication par la Brookings Institution d'un
rapport intitulé « La Loi sur
l'insurrection et le déploiement des troupes dans
les rues des États-Unis ». Publié le 30
décembre 2020, ce rapport résume une
étude faite en juillet 2020 par le Groupe d'étude
du Congrès sur les relations
étrangères et la sécurité
nationale en réponse à l'appel de Donald Trump
à la Garde nationale et à sa menace de
déployer les forces armées pour
réprimer les manifestations contre le meurtre de George
Floyd par la police raciste. Bien que de nature oppositionnelle, le
rapport explique néanmoins avec précision les
mesures à prendre selon les dispositions de la Loi
sur l'insurrection pour rendre « légal
» le déploiement des forces armées
contre le peuple[1].
La police du Capitole est critiquée pour ne pas
avoir été préparée
à l'assaut le 6 janvier. Les médias interrogent
des membres du vaste appareil militaire et de
sécurité pour savoir comment cela aurait pu se
produire. De nombreuses questions sont posées sur ce que
l'on appelle une « défaillance massive de la
sécurité ». La police du Capitole doit
rendre des comptes au Congrès. Steven Sund, le chef de la
police du Capitole, a démissionné, sa
démission effective à partir du 16 janvier. Les
sergents d'armes de la Chambre et du Sénat ont
démissionné après les
événements du 6 janvier.[2] Dans
une entrevue avec MSNBC, l'ancien secrétaire
d'État et chef d'État-Major des armées
Colin Powell a demandé à Joe Biden d'intervenir
et de mobiliser toute la force de l'État. Il a
comparé le 6 janvier aux manifestations qui ont suivi le
passage à tabac de Rodney King en 1992 lorsque, sous sa
direction, les forces armées ont été
appelées. Il a demandé pourquoi la Garde
nationale n'était pas en place le 6 janvier. «
Nous aurions dû prévoir ce qui allait se produire,
a-t-il dit. Il leur a fallu des heures pour réagir ;
c'était un spectacle honteux de la part de nos dirigeants,
de nos forces armées et de nos responsables de la police.
» Colin Powell a déclaré que Joe Biden
« doit s'attaquer à ce problème
» et que « Je connais bien le président
et je suis sûr qu'il a ce qu'il faut pour rester
maître de la situation ». C'est
en même temps un appel à mettre en
échec les rassemblements soutenus par Trump et un appel
à réprimer les manifestations en
général, à maintenir « la
loi et l'ordre ». Cet appel a pour toile de fond un choeur
intensifié et uni de l'élite dirigeante
américaine qui affirme que ses institutions politiques sont
florissantes et saines. Après les manifestations du 6
janvier, l'élite politique a redoublé ses appels
pour défendre les « institutions
démocratiques » américaines, avec
l'acceptation de la « grandeur de la démocratie
américaine », elle-même
identifiée comme un critère du patriotisme
américain. La question
est éclipsée par le fait que tous ceux qui ont
participé à la manifestation sont liés
à tous les traits détestés et
méprisables des troupes de choc de Trump. Beaucoup de ceux
qui étaient là sont en colère et n'ont
pas confiance dans la volonté du gouvernement de
régler leurs problèmes, comme le
chômage, les évictions et la pandémie,
et estiment qu'ils n'ont aucun moyen de demander des comptes. L'effort
consiste à faire croire que tout tourne autour de Trump et
à détourner l'attention des
préoccupations très réelles du peuple
et de ses exigences en matière de responsabilité.
Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
a analysé que les institutions démocratiques de
la démocratie dite représentative sont
dysfonctionnelles. Alors que les anciennes formes de gouvernance se
sont effondrées, les nouvelles formes n'ont pas encore vu le
jour. C'est précisément sur ce point de l'espace
qui existe que le changement est nécessaire. Les tentatives
pour résoudre cette crise en concentrant davantage de
pouvoirs entre les mains de la présidence et de la police
sont pleines de dangers. Dans cette situation, la
voie que prennent ceux qui ont usurpé le pouvoir de
décision — les représentants
des plus puissantes forces économiques - est celle du
contrôle et de la répression de toute opposition,
autant parmi leurs rangs que l'opposition du peuple. Le recours
à la violence est la méthode
privilégiée. Aujourd'hui, le
fossé entre l'autorité gouvernementale et le
peuple s'approfondit comme jamais auparavant. La persistance de la
résistance à la domination américaine
montre que les revendications d'égalité, de
justice et de responsabilité ne peuvent être
réduites au silence ou arrêtées.
Partout, les gens disent clairement que ce ne sont pas les
élections — y compris celle qui a amené
Donald Trump au pouvoir en 2016 et celle de 2020 qui l'a
évincé — qui décideront de
ces enjeux ; elles seront réglées par le peuple
et sa lutte pour que les droits soient reconnus sur une base moderne.
Dans
l'intrusion du Capitole du 6 janvier et les divagations d'un
président qui refuse d'accepter les résultats de
l'élection, il faut mettre en évidence les faits
de la vie de la période actuelle et la tendance principale
de l'opposition des peuples. Si aujourd'hui l'élite au
pouvoir parle d'« insurgés » qui
attaquent le « bastion de la démocratie
» et de la nécessité de faire respecter
l'état de droit contre ceux qui s'opposent à ce
bastion, il est clair que cet appel sera maintenu dans tous les cas. Il
y a déjà 6 200 membres de la Garde nationale en
service à Washington, dont 850 gardent le Capitole.
La situation aux États-Unis et dans le
monde entier est sur une voie dangereuse alors que les cercles
dirigeants et les rouages objectifs du système capitaliste
sont incapables de résoudre les graves problèmes,
qu'il s'agisse de l'appauvrissement croissant et de la destruction des
conditions de vie de la population, de la concentration croissante des
richesses et du pouvoir entre les mains d'un nombre de plus en plus
restreint de personnes, du danger de guerre et d'agression, de la
destruction continue de l'environnement naturel ou de leur mauvaise
gestion de la pandémie. Ce qui est
absent de tous les reportages sur les événements
du 6 janvier, c'est la lutte du peuple pour s'investir du pouvoir, pour
en finir avec l'injustice raciale, pour des relations humaines et pour
la fin de l'exploitation et de l'humiliation de la classe
ouvrière et des peuples. La démocratie dont on
fait l'éloge n'est pas une démocratie du peuple.
Tout ce qui est dit sur les « insurgés
», sur la manière dont la démocratie
américaine ne doit pas être profanée et
sur la nécessité de faire respecter
l'état de droit et « la loi et l'ordre »
constitue le fondement de la présidence de Joe Biden.
L'élite dominante, avec ses déclarations
sur la défense des institutions démocratiques
corrompues qui ont fait leur temps, s'attaque à tout ce qui
n'est pas conforme à ce qu'elle déclare
être légitime et en accord avec les «
valeurs » de son système agonisant. C'est un cri
universel, comme le montre le concert international
désespéré d'appels à la
restauration de l'ordre aux États-Unis, qui est
censé être un symbole pour le monde du stade
suprême de la démocratie. Le danger du 6 janvier
est qu'il marque une autre restructuration de l'État pour
éliminer davantage les obstacles qui empêchent la
pleine utilisation des pouvoirs de police contre le peuple. Les
forces du clan Biden s'acharneront maintenant à dire des
événements du 6 janvier qu'il s'agit d'une
« épiphanie », une
révélation. Le 6 janvier est souligné
comme la célébration chrétienne de
l'Épiphanie pour marquer la fin des douze jours de
Noël et la venue des trois rois mages. « En ce jour
de révélation, prions pour que cette instigation
à la violence produise une épiphanie dans notre
pays, pour qu'il puisse guérir », a dit Nancy
Pelosi, la présidente de la Chambre des
représentants des États-Unis. Biden, le
président élu, a aussi parlé d'une
épiphanie au lendemain des élections de novembre.
Ces déclarations et plusieurs autres du
même genre laissent entendre qu'il ne s'agit que de Trump, et
visent à réprimer les revendications et la lutte
du peuple pour de nouveaux arrangements. C'est pour convaincre le
peuple que le système électoral actuel et les
institutions démocratiques ne sont pas brisés, et
que le renouveau n'est pas à l'ordre du jour et la
tâche urgente à être prise en main par
le peuple. L'objectif est d'empêcher le peuple de garder
l'initiative dans ses propres mains, et cette tentative est
certainement vouée à l'échec.
Note 1. La Brookings Institution est un groupe de
réflexion de Washington composé de plus
de 300 fonctionnaires et universitaires du monde entier. Ses
origines remontent à la création en 1916 de
l'Institut de recherche gouvernementale, « la
première organisation privée consacrée
à l'analyse des questions de politique publique au niveau
national ». Le Groupe d'étude du
Congrès sur les relations étrangères
et la sécurité nationale est décrit
comme « un programme pour le personnel du Congrès
axé sur l'engagement critique des facteurs juridiques et
politiques qui définissent le rôle que joue le
Congrès dans divers aspects des relations
étrangères et de la politique de
sécurité nationale des
États-Unis ».
2.
Sund a rejoint le service de police du Capitole des
États-Unis (USCP) en 2017 en tant que chef de police adjoint
et chef des opérations. Il en est devenu le chef
en juin 2019. Avant ces rôles, Sund a
servi plus de 25 ans avec le service de la police
métropolitaine de Washington alors qu’il a pris sa
retraite en tant que commandant de sa division des
opérations spéciales, selon une biographie de lui
sur le site Web de l'USCP. « Au cours
de sa carrière, Sund a coordonné un certain
nombre d'événements nationaux spéciaux
de sécurité par le Département de la
sécurité intérieure, y compris les
inaugurations présidentielles de 2001, 2005, 2009 et 2013
», lit-on sur le site. « Le
chef Sund est un expert reconnu en gestion des incidents
critiques et en préparation et capacité de
réaction face à des tireurs actifs »,
poursuit la biographie. « Il a notamment
été le commandant sur les lieux de l'incident
lors de la fusillade de 2009 au Musée national de
l’Holocauste, de la fusillade de 2012 au Conseil de recherche
sur les familles et de l'incident du tireur actif de 2013 au
Chantier naval de la marine à Washington. En outre, il est
intervenu dans des dizaines de situations de barricades et de prises
d'otages criminelles et possède un bilan impressionnant
marqué par l'absence de victime. »
Selon l'USCP, Sund a également donné des cours de
formation aux services secrets américains « dans
le domaine de la planification d'événements
majeurs et a enseigné le système de commandement
des incidents en tant que professeur associé à
l'Université George Washington ».
Il est aussi mentionné dans sa biographie qu’il a
obtenu son baccalauréat et sa maîtrise en sciences
de l'Université Johns Hopkins et une maîtrise
ès arts en sécurité
intérieure de la Naval Postgraduate School.
Qu'est-ce qu'une insurrection?
Le président élu, Joe Biden, ainsi que
la présidente de la Chambre des représentants,
Nancy Pelosi, et le sénateur de l'État de
New-York, Chuck Schumer - qui remplacera bientôt Mitch
McConnell à la tête du Sénat - ont tous
qualifié d'insurrection la manifestation du 6 janvier 2021
au Capitole. Il est rapporté que les articles de mise en
accusation de la destitution, rédigés par Nancy
Pelosi, accusent le président Trump d'« incitation
à l'insurrection ». Jusqu'à
présent, aucune accusation de ce type n'a
été portée contre les
sénateurs, comme Josh Hawley du Minnesota et Ted Cruz du
Texas, qui auraient également « incité
» les manifestants. Ces deux sénateurs et les six
autres qui se sont joints à la contestation de la
certification du vote de l'Arizona et de la Pennsylvanie sont
maintenant appelés le « caucus de la
sédition » par certains représentants
américains. Cependant, leur mise en accusation n'a pas
été exigée, seulement leur
démission. Le terme d'insurrection a
également été largement
utilisé par les médias, les commentateurs et les
responsables gouvernementaux. Cependant, ce qui constitue une
insurrection n'a pas encore été défini
ou expliqué par l'un d'entre eux. Pourquoi cette
manifestation et tous les événements au Capitole
le 6 janvier constituent-ils une insurrection ? Le
6 janvier, le président élu, Joe Biden, a d'abord
qualifié ces manifestations d'un « assaut sans
précédent » contre « notre
démocratie ». « Ce n’est pas
de la dissidence, c'est un désordre, c’est le
chaos et cela frôle la sédition et cela doit
prendre fin maintenant, a-t-il déclaré. Ils
prennent d'assaut le Capitole, brisent les vitres, occupent des
bureaux, le parquet du Sénat des États-Unis,
fouillent les bureaux du Capitole, de la Chambre des
représentants, menacent la sécurité
des fonctionnaires dûment élus. Ce n'est pas une
manifestation, c'est une insurrection. »
On commence par dire que ce qui s'est passé
était un « assaut sans
précédent » pour ajouter que cela
« frôle la sédition » et
ensuite conclure qu'il s'agit d'une « insurrection
». Que faut-il y comprendre? Ce sont trois choses distinctes
: un assaut, une insurrection et quelque chose qui «
frôle la sédition » mais qui n'est pas
de la sédition. Alors, ça veut dire quoi
« c'est un assaut et une insurrection, mais pas de la
sédition »? D'un point de
vue juridique, il est utile de se reporter au Titre 18 du Code des lois
des États-Unis, chapitre 115 -- Trahison,
sédition et activités subversives[1].
La sédition et la conspiration séditieuse sont
définies comme suit :
« Si deux personnes ou plus dans un État
ou territoire, ou en tout lieu soumis à la juridiction des
États-Unis, conspirent pour renverser, abattre ou
détruire par la force le Gouvernement des
États-Unis, ou pour leur faire la guerre, ou pour s'opposer
par la force à son autorité, ou par la force pour
empêcher, entraver ou retarder l'exécution de
toute loi des États-Unis, ou par la force pour saisir,
prendre ou posséder tout bien des États-Unis
contrairement à son autorité, ils seront chacun
condamnés à une amende ou à un
emprisonnement ne dépassant pas vingt ans, ou les deux.
» Quand cinq
patriotes et combattants de l'indépendance portoricains sont
entrés armés dans l'édifice du
Capitole en 1954 et ont réussi à atteindre la
galerie, ils ont été accusés
« d’assaut avec intention de tuer » et
« agression armée » et
condamnés à des peines de prison de plusieurs
dizaines d'années. Plus tard, en 1981, plusieurs combattants
de l’indépendance portoricains, un droit reconnu
par le droit international pour mettre fin au colonialisme, ont
été accusés de sédition et
de conspiration séditieuse et ont été
aussi condamnés à des peines de prison
de plusieurs dizaines d'années et même
à perpétuité. Ce n'est pas ce qui est
arrivé dans le cas présent, alors même
qu’il y avait présence d’armes, on peut
voir sur des séquences vidéos la police qui en
fait escorte plusieurs manifestants hors de l'édifice et
prend des égoportraits avec eux. La
sédition met aussi au premier plan la guerre civile, ce que
les cercles dominants tentent
désespérément d'éviter.
Donc, bien que l'on parle d'un « caucus de la
sédition » et que des allégations de
trahison sont également lancées, aucune mesure
sérieuse n'est prise. Il faut rappeler qu'après
la guerre civile, aucun des principaux généraux
confédérés n'a
été accusé de trahison ou de
sédition. Mais alors, pourquoi
l'événement qui « frôle la
sédition » est-il une « insurrection
» ? Selon la loi, une insurrection entraîne des
arrestations et des poursuites. La même partie du chapitre
115 du Code des lois des États-Unis, sous «
Rébellion et insurrection », dit :
« Quiconque incite, met sur pied, assiste ou se
livre à une rébellion ou à une
insurrection contre l'autorité des États-Unis ou
leurs lois, ou y apporte une aide ou un réconfort, sera
condamné à une amende en vertu du
présent titre ou à une peine de prison de dix ans
au plus, ou aux deux et sera incapable d'exercer une fonction
quelconque sous l'autorité des États-Unis.
» Cela signifie-t-il
que des accusations seront portées contre ceux qui ont
incité à l'insurrection ? Est-ce là le
but d'appeler cela une insurrection ? Ou s'agit-il simplement de
rhétorique de la part de Biden dans un effort pour unifier
les factions dirigeantes très divisées ?
De la manière dont Biden parle, il semble qu'une
insurrection implique « une foule » qui menace la
sécurité des élus, ce qui
était effectivement le cas, mais il est important de
souligner qu'au-delà du saccage, il y a le grave
problème du président qui attaque le
Congrès. Il n'y a pas de limites aux pouvoirs
présidentiels. L'assaut contre le Congrès
n'était pas le fait d'un « ennemi
extérieur » ou d'un problème de
« milice raciste » en soi. Bien
que cette vengeance cible Trump, l'enjeu n'est pas Donald Trump, mais
l'autorité présidentielle et son pouvoir de
recourir à la force et de punir. Cela sert
également à rendre beaucoup plus facile
l'utilisation d'un recours à l'avenir contre ceux qui
manifesteront devant les édifices
fédéraux et contre l'autorité.
Quelle que soit la façon dont Joe Biden utilise le
mot « insurrection », les images du
passé de ce qui constituait une insurrection ne suffiront
pas à décrire ce qui se passe aujourd'hui aux
États-Unis, ni à donner des indications sur la
façon d'analyser les développements en cours ou
d'apporter des solutions aux problèmes. Elles ne feront
qu'attiser les flammes de l'anarchie et de la violence qui
sévissent aujourd'hui aux États-Unis.
Note 1. Le Code of Laws of the United States of America
(diversement abrégé en Code of Laws of the United
States, United States Code, U.S. Code, U.S.C., ou USC) est la
compilation et la codification officielles des lois
fédérales générales et
permanentes des États-Unis. (Wikipédia)
La lutte entre la
«violence» et la «défense des
institutions démocratiques» - Pierre Chénier - Les
choses évoluent rapidement à la suite des
événements du 6 janvier à Washington.
Les démocrates font présentement circuler des
articles relatifs à la destitution du président
Donald Trump dans lesquels est présenté
l'argument « d'incitation à l'insurrection
» pour le destituer. Ils affirment avoir le soutien de
près de 190 démocrates de la Chambre des
représentants pour ces articles. La présidente de
la Chambre, Nancy Pelosi, a déclaré
qu'à moins que Trump ne démissionne
immédiatement, des gestes seront posés pour le
chasser, soit en le destituant, soit en invoquant le 25e amendement de
la Constitution, ce qui nécessiterait une
déclaration par le vice-président Mike
Pence et la moitié du Cabinet que Trump est
« dans l'incapacité d'exercer les pouvoirs et de
remplir les devoirs de sa charge ». Jusqu'à
présent, Nancy Pelosi n'a pas donné son appui
à la présentation de la motion de destitution,
mais les médias s'attendent à ce que les articles
de destitution soient présentés à la
Chambre des représentants sans plus de délais.
Les médias disent également que Mike
Pence n'est pas favorable à la poursuite des efforts pour se
débarrasser de Trump en tant que président avant
que le président élu Joe Biden ne prête
serment le 20 janvier. Selon Biden, le pays doit guérir et
s'unifier sous sa présidence. Si la motion de destitution
est adoptée par la Chambre des représentants, la
Constitution exige un vote des deux tiers au Sénat pour
condamner Trump. Un haut responsable destitué et
condamné est démis de ses fonctions. Puisque
le Sénat ne prévoit pas se réunir
avant le 19 janvier, il y a même des discussions selon
lesquelles le vote sur la destitution au Sénat pourrait
être tenu après le départ de Trump en
tant que président. Un président reconnu coupable
et destitué ne peut plus se présenter
à des élections. Il y a de toute
évidence beaucoup de manoeuvres de coulisses en ce moment
pour trouver une sorte de résolution à la crise.
Pendant ce temps, Twitter a interdit à jamais le
compte personnel de Trump, Facebook jusqu'au 20 janvier et les services
Web d'Amazon ont interdit l'application Parler sur les
réseaux sociaux (de la même
manière que Twitter) en disant qu'il
prône la violence. Cela alimente le débat qui est
créé entre liberté d'expression et
responsabilité face à ceux qui prônent
la violence. Pendant ce temps, on rapporte que les forces de police
passent au peigne fin les images des médias pour porter
encore plus d'accusations contre ceux qui ont
pénétré dans le Capitole le 6 janvier
et qui auraient commis des crimes. Ce que ces faits
nous démontrent, c'est que les conflits entre les factions
de l'élite impérialiste se poursuivent sans
relâche, pendant que le déploiement
ultérieur des pouvoirs de police est justifié par
le discours sur l'insurrection, la violence et la
nécessité de protéger les institutions
de la démocratie. Malgré les
discussions sur la défense des symboles et des institutions
démocratiques, un problème qui est
soulevé sans le sérieux qu'il mérite,
c'est l'humiliation que causera la recherche de vengeance à
ce qu'on appelle « la base de Trump » qui est loin
de se limiter aux milices racistes qui auraient
pénétré par effraction dans le
Capitole le 6 janvier. Il y a 73 millions de personnes qui ont
voté pour Trump, dont beaucoup ne font tout simplement pas
confiance au gouvernement pour les aider à faire face aux
graves problèmes auxquels ils sont confrontés.
Les cartels et les coalitions qui tentent d'utiliser ces
événements comme un moyen d'aligner les
travailleurs et le peuple derrière eux sèment le
vent et vont sûrement récolter la
tempête plus tôt que tard. Les tentatives pour
détourner la conscience des peuples en leur faisant croire
qu'il s'agit d'un combat entre la « violence » et
la « défense des institutions
démocratiques » visent à masquer que
cette violence au sein de la classe dirigeante est ce qui reste lorsque
les institutions démocratiques, y compris les
élections, ne fonctionnent plus et qu'elles
empêchent le peuple de s'investir du pouvoir.
Les dépenses
électorales aux États-Unis
Réquisitoire contre la démocratie
américaine Les dépenses
liées aux élections de novembre 2020 ont battu
tous les records précédents, selon la Commission
des élections fédérales des
États-Unis. Les deux principaux partis
cartellisés, les partis républicain et
démocrate, ont dépensé la plus grande
partie du total de 14 milliards de dollars. Au
cours du cycle de l'élection présidentielle, des
dépenses ont compris les dépenses encourues pour
remporter la Maison-Blanche, 35 sièges au Sénat
et 435 sièges à la Chambre des
représentants. Les candidats
présidentiels des deux partis cartellisés ont
dépensé 6,6 milliards de dollars, ce qui
dépasse de loin les 2,4 milliards de la course
présidentielle de 2016. Le candidat
présidentiel démocrate, Joe Biden, a
été le premier candidat de l'histoire
à recevoir un milliard de dollars de « donateurs
». Le président sortant Donald Trump a recueilli
596 millions de dollars. Selon le Center for Responsive Politics, des
groupes nationaux organisés en comités d'action
politique (PAC) sont responsables d'une grande partie des
dépenses. Les dépenses par les PAC pour les
annonces publicitaires au cours du mois d'octobre seulement ont
été de 1,2 milliard de dollars, dont une plus
grande portion a été attribuée
à Biden qu'à Trump. Sarah
Bryner, directrice de recherche au Centre for Responsive Politics, a
dit qu'avec la création des super comités
d'action politique (super PAC) il y a dix ans, les gens liés
au Parti républicain « ont
été les plus rapides à solliciter les
groupes extérieurs nouvellement autorisés afin
d'obtenir d'énormes dons »[1]. Lors de la
récente élection, des groupes associés
au Parti démocrate « les ont amplement
rattrapés », a dit Sarah Bryner. Les
démocrates ont surpassé les
républicains dans la « course à
l'argent » lors du cycle électoral de 2018 et ont
accru leur domination en 2020. À eux seuls, les PAC ont
dépensé 5,5 milliards de dollars pour le Parti
démocrate et 3,8 milliards pour les républicains
lors des récentes élections. L'argent
a été largement dépensé en
ligne sur Facebook et Google. Un milliard de dollars a
été dépensé lors des
élections de 2020 pour de la publicité sur ces
plateformes de réseaux sociaux, selon la base de
données sur les publicités en ligne OpenSecrets,
qui est liée au centre. Le centre
rapporte que les donateurs à l'extérieur des
États ont joué un rôle important dans
certaines courses au Congrès. Dans les États dits
pivots d'Arizona, de Caroline du Nord et de l'Iowa, la majeure partie
de l'argent électoral est venue de l'extérieur de
ces États. Le centre écrit : « Dans la
course au Sénat en Caroline du Sud, où les
candidats ont dépensé la somme
phénoménale de 164 millions de dollars
(maintenant évaluée à 275 millions),
93 % de l'argent obtenu par le démocrate Jaime Harrison
provenait de l'extérieur de l'État, tandis que 87
% de l'argent du sénateur Lindsey Graham (R-S.C.) provenait
d'autres États. La course au Sénat de la Caroline
du Nord a été la course au Congrès la
plus dispendieuse de tous les temps, avec des dépenses de
265 millions de dollars (maintenant évaluées
à 300 millions) par des candidats et des groupes de
l'extérieur. La course au Sénat de l'Iowa s'est
retrouvée en deuxième position, avec 218 millions
de dépenses au total (maintenant
dépassées par la Caroline du Sud). Au bout du
compte, les quatre courses au Sénat les plus dispendieuses
de tous les temps ont eu lieu lors du cycle électoral de
2020. » Selon le centre, le
financement des PAC provient d'« argent occulte »
qu'il décrit comme étant « des
dépenses visant à influencer le
résultat politique sans que la source de l'argent ne soit
divulguée ». Par exemple, il écrit :
« Future Forward, un PAC hybride relativement
récent qui a dépensé 106 millions de
dollars pour appuyer Biden, a reçu 33 millions de dollars de
groupes ne divulguant pas la source de leur argent ».
Selon le centre, le Fonds de leadership du Sénat,
qui a recueilli de l'argent pour Mitch McConnell, le dirigeant des
républicains au Sénat, « a
reçu presque 63 millions de dollars de son groupe
allié d'argent occulte, One Nation. Ce
phénomène signifie que les dépenses
par des groupes qui ne font que divulguer partiellement leurs sources
de financement sont à des niveaux sans
précédent. Entretemps, seulement 30 % des
dépenses venant de l'extérieur provient de
groupes qui divulguent pleinement leurs donateurs, un niveau
historiquement bas. Ces groupes, possédant
d'énormes sommes d'argent, sont normalement
financés par des individus ultra-riches. Ensemble, les 10
principaux donateurs ont donné 642 millions de dollars en
2020. » Le centre écrit :
« Le propriétaire de casinos de Las Vegas, Sheldon
Adelson, et sa conjointe Miriam, un médecin, ont
donné 183 millions de dollars aux candidats et groupes GOP
(républicains), la somme la plus importante offerte par un
couple dans un seul cycle électoral. Le couple de
milliardaires a fait la plupart de ses dons dans les derniers mois des
élections, dont 75 millions au super PAC pro-Trump, Preserve
America. « Comme ce fut le cas lors du
cycle de 2018, l'ancien maire de la ville de New York, Michael
Bloomberg, est le deuxième donateur le plus
généreux. Il a versé 107 millions de
dollars aux comités démocrates en plus de son
effort d'autofinancement de l'ordre de quelques milliards de dollars
lors de la course présidentielle. Bloomberg a fait parvenir
30 millions à son super PAC
préféré, Independence USA. Pendant la
dernière semaine des élections, Bloomberg a
annoncé qu'il avait dépensé 15
millions de dollars supplémentaires pour promouvoir Biden au
Texas et en Ohio. » Le centre poursuit :
« D'autres donateurs aux poches bien garnies se sont
retrouvés pour la première fois parmi les dix
premiers. L'investisseur du Wyoming Timothy Mellon a donné
65 millions de dollars aux comités GOP en 2020,
après avoir donné 10 millions lors du cycle de
2018. Le donateur républicain Jeffrey Yass a
donné 25 millions, alors qu'il avait donné moins
de 8 millions lors du dernier cycle. » Le
centre fournit des données sur les donateurs en fonction des
secteurs économiques. Il écrit : «
Plusieurs industries se sont rangées du
côté des démocrates au cours de la
présidence de Trump, y compris les diverses industries bien
financées de la finance, de l'investissement et de la
gestion de portefeuille. L'immobilier est l'une des rares grandes
industries à être restée du
côté des républicains durant
l'ère de Trump, et ses contributions aux comités
GOP ont été légèrement
supérieures à celles accordées aux
démocrates. « Compte tenu de
leur avantage global dans le domaine de la collecte de fonds, c'est
sans surprise que les démocrates ont reçu
davantage d'argent des puissantes industries. Alors que la campagne de
Biden est en partie financée par de petits donateurs, elle
est aussi soutenue par des donateurs de Wall Street. L'industrie de
l'investissement et de la gestion de portefeuille a donné 74
millions à la campagne de Biden et ses super PAC
alliés, comparativement à 18 millions pour les
efforts de réélection de Trump. «
Les intérêts d'affaires ont donné
près de 4,6 milliards, dépassant les 3,4
milliards couvrant tout le cycle électoral de 2016.
Cependant, le monde syndical a connu un déclin de sa
capacité de donateur. Au cours de la mi-octobre, les groupes
syndicaux ont donné 175 millions de dollars, ce qui ne
représente qu'une infime fraction de l'argent
voué aux campagnes. »
Les
élections de deuxième tour au Sénat en
Géorgie Dans la période
allant de l'élection de novembre et au second tour du 5
janvier pour les deux sièges du Sénat en
Géorgie, les dépenses en publicité,
seulement par les républicains actuellement en place et
leurs rivaux démocrates, représentent 486
millions, dont 458 millions consacrés à la
publicité à la télévision.
Les démocrates ont dépensé un peu plus
que les républicains, soit 249 millions contre 237 millions.
Selon Ad Impact, la plus grande partie du demi-million de
dollars a été dépensée par
les deux partis nationaux et les « groupes
extérieurs tels que les super PAC pour publier des annonces
». Note
1.
Sur le site du Center for Responsive Politics : « Les Super
PAC sont un type de comité relativement nouveau qui est
apparu à la suite de la décision de la Cour
fédérale de juillet 2010 dans une affaire connue
sous le nom de SpeechNow.org contre la Commission électorale
fédérale. « Techniquement connus sous le nom de
comités indépendants à vocation
exclusivement financière, les super PAC peuvent collecter
des sommes d'argent illimitées auprès de
sociétés, de syndicats, d'associations et de
particuliers, puis dépenser des sommes illimitées
pour défendre ouvertement des candidats politiques ou pour
s'opposer à eux. Contrairement aux PAC traditionnels, les
super PAC ne peuvent pas donner d'argent directement aux candidats, et
leurs dépenses ne doivent pas être
coordonnées avec celles des candidats dont ils
bénéficient. Les super PAC sont tenus de
déclarer leurs donateurs à la Commission
électorale fédérale sur une base
mensuelle ou semestrielle - au choix du super PAC - pendant les
années creuses, et mensuellement l'année d'une
élection. » (Sources : Center for Responsive Politics,
Commission des élections fédérales des
États-Unis, Ad Impact, Reuters)
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