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              du Marxiste-Léniniste

Numéro 3

7 février 2021

TABLE DES MATIÈRES

Des groupes sont désignés organisations terroristes

La gouvernance des pouvoirs de police ne protège ni les droits
ni les valeurs démocratiques

- Steve Rutchinski et Pauline Easton -


Le Canada et le groupe de Lima maintiennent leur position inacceptable sur le Venezuela

Condamnons la politique étrangère intéressée du Canada

- Margaret Villamizar -


La nécessité d'une nouvelle direction de l'économie

Un discours médiatique qui masque le besoin d'action politique
de politiciens ouvriers

- K. C. Adams -

Le manque réel d'emploi comparativement au chômage
reconnu officiellement

- Pierre Chénier -


Les dernières magouilles du Forum de Davos

Le Forum économique mondial appelle à
une «grande réinitialisation»

La « grande réinitialisation » de l'impérialisme


À quoi s'attendre de la présidence Biden

L'assermentation de Joe Biden, un poème de Sacha

Biden, la justice raciale et le rêve différé

Les premières mesures de Biden et la résistance populaire

- Kathleen Chandler -

L'appel à l'unité de Biden est contesté par des autorités rivales

L'insécurité alimentaire aux États-Unis et la nécessité
d'une nouvelle direction de l'économie


Les fermiers indiens

La Journée des fermières rend hommage à leur rôle aux premières lignes de la lutte des fermiers indiens pour leurs droits

- Janice Murray -

Par millions, les fermiers poursuivent vaillamment leur lutte pour l'abrogation des lois agraires néolibérales

- J. Singh et Meera Kaur -

L'Union nationale des fermiers du Canada est solidaire
des agriculteurs indiens

- Union nationale des fermiers -

Pourquoi les agriculteurs indiens protestent-ils?
- Document d'information de l'UNF




Des groupes sont désignés organisations terroristes

La gouvernance des pouvoirs de police ne protège ni les droits ni les valeurs démocratiques

Le ministre de la Sécurité publique du Canada, Bill Blair, a annoncé que l'organisation appelée Proud Boys et 12 autres groupes seront désignés comme « entités terroristes ». La décision est prise, nous dit-on, sur la recommandation des agences canadiennes de sécurité et de renseignement, après qu'une enquête « extrêmement rigoureuse » ait trouvé « des motifs raisonnables de croire qu'une entité a sciemment participé à une activité terroriste ou l'a facilitée[1]. »

L'activité criminelle ou terroriste à laquelle l'individu ou le groupe s'est livré n'est pas divulgué. En fait, depuis les attentats du 11 septembre 2001, même ce qui constitue un acte terroriste est resté indéfini. Dans le cadre du processus adopté par le gouvernement du Canada, toute personne désignée « entité terroriste » doit plaider sa cause devant une cour de type « chambre étoilée » qui se dispense de l'application régulière de la loi[2]. Le tribunal n'est pas tenu de révéler complètement les allégations faites et l'identité des auteurs « pour des raisons de sécurité ». C'est une parodie de justice et cela montre que l'exercice des pouvoirs de police ne protège ni les droits de personne, ni les valeurs démocratiques, ni la société elle-même contre le danger de violence terroriste extrémiste ou d'actes racistes, homophobes et misogynes.

Les auteurs d'actes extrémistes, racistes, homophobes et misogynes doivent-ils être poursuivis et punis ? Absolument ! Mais qui décide quelles organisations sont « terroristes » et par quel processus elles sont interdites ? Suivant quels critères ? Il est plus qu'absurde de prétendre que l'état de droit est renforcé par l'utilisation de pouvoirs de police sur lesquels le peuple n'exerce aucun contrôle. La prétention que les pouvoirs de police qui dominent le pouvoir civil ont le consentement des gouvernés est une aberration. Cela défie toute logique et est contraire au bon sens. Au Canada, le pouvoir civil est lui-même l'expression à différentes périodes et sous différentes formes de valeurs racistes, homophobes, misogynes, anticommunistes, antiouvrières et terroristes.

Aux États-Unis, le FBI a décidé que les organisations extrémistes sont les nouveaux terroristes qui représentent un danger sur le plan intérieur. Les agences de renseignement des pays qui forment les « Groupe des cinq », dont le Canada, semblent avoir adopté cette définition. Le rôle que jouent ces pouvoirs policiers dans la vie politique montre que ce qu'on appelle la société civile est en fait subordonnée aux pouvoirs de police. La primauté du droit est en fait la primauté de ces pouvoirs de police, tant les pouvoirs de prérogative entre les mains du chef de l'État et du cabinet que les agences de police et de renseignement en tant que telles, et cela comprend les « agences civiles de surveillance » et les médias dits démocratiques qui sont devenus des agents de désinformation.

Ce qu'on appelle état de droit est en fait subordonné aux pouvoirs de police qui agissent régulièrement à huis clos au nom de l'intérêt national et de la sécurité nationale. Ceux qui exercent les pouvoirs de police disent au corps législatif ce qu'il doit faire; le corps législatif et les membres du corps législatif, qui ont juré de protéger ces pouvoirs de police, apposent leur tampon. L'ironie est que, comme dans l'exemple de l'agent du FBI qui est chef des Proud Boys aux États-Unis, l'expérience canadienne confirme que lorsqu'un groupe aux opinions extrémistes s'engage dans des actes terroristes, il est incité à le faire par la police qui mène ces organisations ou les infiltre, quand elle ne les a pas créées de toutes pièces[3].

L'État canadien et ses « agences de sécurité et de renseignement » sont responsables de l'organisation et du financement de groupes racistes et suprémacistes blancs au Canada, notamment les croix enflammées du KKK devant la résidence de familles d'origine indienne en Colombie-Britannique dans les années 1970 et 1980, dans lesquelles le fils du chef de la police a été pris en flagrant délit, et les actions du Heritage Front et d'autres groupes de ce type. Les services de police soit ont directement participé à des actes individuels de violence terroriste, soit en ont été les instigateurs. La liste des actes de violence d'État, y compris la fomentation de la haine et les actes de violence contre les travailleurs migrants, les personnes de couleur et ceux qui défendent les droits ancestraux et issus de traités des peuples autochtones, n'a pas de fin.

C'est un fait depuis longtemps établi qui n'a plus à être démontré. Or, à voir les partis de cartel au Parlement rivaliser pour savoir qui dira le plus fort que le gouvernement libéral n'est pas allé assez loin, il devient nécessaire de le rappeler.

La décision de désigner groupes terroristes les Proud Boys, en particulier, et douze autres organisations fait suite au rapport des services de renseignement américains. Les événements du 6 janvier à Washington devaient le prouver hors de tout doute, mais nous apprenions ensuite que le leader et organisateur des Proud Boys aux États-Unis est un « indicateur de police prolifique » à l'emploi du FBI depuis des années. Faut-il croire que les services de police qui conseillent le gouvernement du Canada sont incapables de faire deux plus deux ? Bien sûr qu'ils le peuvent. Et c'est là justement que réside le problème auquel est confronté le corps politique.

Pour reprendre l'exemple des événements actuels aux États-Unis, la loi américaine prévoit des peines sévères pour toute personne reconnue coupable du type de violence qui s'est produite le 6 janvier à Washington, mais les personnes arrêtées ont été accusées d'infractions équivalant à une intrusion. Elles sont libérées sous caution et peuvent continuer de vaquer à leurs affaires en attendant leur procès. Une des accusés a même obtenu l'autorisation de passer des vacances au Mexique parce qu'il s'agissait d'un voyage qui avait été planifié ! Oh, si seulement les victimes de l'impunité policière aux États-Unis et au Canada étaient traitées avec autant de gentillesse !

Malgré les faits et l'expérience des Canadiens, les partis de cartel au Canada et aux États-Unis réclament davantage de pouvoirs de police pour éradiquer la culture et l'organisation de la violence extrémiste, dont ils sont eux-mêmes responsables, dans leur pays et à l'étranger. C'est une désinformation brutale qui permet d'étendre les pouvoirs de la police.

Tout cela est fait pour qu'il n'y ait pas de discussion au sein du corps politique sur ce que signifie défendre la liberté d'expression et de conscience tout en ne permettant pas les actes de violence contre le peuple. Les partis de cartel qui se vantent d'être les champions des droits doivent être interpellés. Quelle minorité nationale au Canada, quelle personne autochtone, quelle personne de confession différente peut dire qu'elle se sent plus en sécurité lorsqu'elle est sous « protection policière » ? Les victimes de haine et d'actes terroristes sont censées accepter un « compromis » entre sécurité et droits. C'est irrationnel.

Les pouvoirs de police au Canada, y compris l'incitation à des actes extrémistes, racistes, homophobes et misogynes, sont une préoccupation sérieuse pour le corps politique. Il n'est pas question de reléguer ce débat aux coulisses des processus menés au nom de la sécurité nationale, tout en laissant la masse de la population, le corps politique, dans l'ignorance quant aux critères utilisés et en la privant d'information. L'empressement honteux avec lequel le Canada veut surpasser les États-Unis en désignant les « Proud Boys » entité terroriste, alors qu'ils n'existeraient pas sans le soutien des forces policières américaines, voire des pouvoirs présidentiels, ne prouve pas que le Canada est un pays sûr et respectueux des lois. Cela montre plutôt que les institutions démocratiques libérales sont en grandes difficultés, et cela prépare le terrain à rendre l'opinion publique impuissante face aux actions que les pouvoirs policiers jugent bon de prendre au nom de l'intérêt national et de la sécurité nationale.

Le mode opératoire des institutions libérales a toujours été de d'abord légaliser un recours contre des nazis ou des extrémistes de droite, pour finalement les laisser s'en tirer à bon compte, tout en ciblant les combattants légitimes de la résistance du peuple. L'État et ses agences, y compris les partis de cartel, sont déterminés à garder le pouvoir de décision entre leurs mains au nom de grands idéaux, à maintenir le peuple sans voix ni moyen d'expression. Ce ne sont pas seulement les Proud Boys que la classe dirigeante rend illégaux. Outre les douze autres organisations qu'elle a désignées comme étant un danger, elle s'en prend régulièrement aux syndicats, aux collectifs de travailleurs et aux peuples autochtones. Les porte-parole des partis de cartel, comme Justin Trudeau et ses ministres, ne ratent pas une occasion d'étendre cette pratique aux petits partis politiques qui sont qualifiés de marginaux, extrémistes, etc.

Méfions-nous des mesures que le gouvernement et les partis de cartel prennent et défendent au nom de la sécurité nationale et de la défense des droits. À l'issue de la Deuxième Guerre mondiale, les peuples du monde ont en effet rendu le verdict que les racistes et les fascistes n'ont pas droit à la parole, mais ce verdict n'a jamais été respecté par les puissances anglo-américaines se disant démocratiques. Au contraire, elles ont lancé la guerre froide pour protéger « les peuples de langue anglaise », leurs valeurs et leur mode de vie, et aucun crime n'était trop grand quand elles prétendaient défendre les grands idéaux de démocratie, de liberté et de paix. Aujourd'hui, ce n'est qu'en affirmant le droit de conscience et d'expression du peuple et en veillant à ce qu'il puisse participer aux prises de décisions qui l'affectent qu'on peut permettre l'épanouissement du corps politique.

Nous sommes à la veille du 30e anniversaire de la demande de justice des familles de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées. Où en sont les poursuites contre ceux qui ont commis contre elles des crimes à caractère raciste, misogyne et terroriste, à commencer par ceux qui sont chargés de les défendre - des plus hauts échelons du pouvoir jusqu'au simple policier formé à représenter leur mentalité et leurs « valeurs » ?

Quand la police est-elle tenue de rendre des comptes pour avoir ciblé les personnes de couleur, les jeunes, les sans-abris, les autochtones, en particulier les femmes et les filles ?

Tant que des critères intéressés définiront ce qui est un crime, ce qui constitue du terrorisme et qui décide, il ne peut y avoir de responsabilité.

Honte aux partis de cartel qui prétendent défendre les droits des minorités !

Notes

1. Les 13 nouveaux groupes ajoutés à la liste des entités terroristes du Code criminel comprennent quatre groupes qui entrent dans la catégorie de ce que le gouvernement appelle les « groupes extrémistes violents motivés par des raisons idéologiques », soit : Division Atomwaffen, The Base, Proud Boys, Mouvement impérial russe. Le gouvernement décrit les autres organisations ajoutées comme des « affiliées d’Al-Qaïda », soit : Jamaat Nosrat Al-Islam Wal-Mouslimine, Front de libération du Macina et Ansar Dine, et des « affiliées de Daesh », soit État islamique en Asie de l’Est, État islamique-Bangladesh, État islamique en Libye, État islamique – Province d’Afrique occidentale et État islamique au Grand Sahara, ainsi que Hizbul Mujahideen.

Cette annonce a été faite juste après que la Chambre des Communes ait adopté à l'unanimité une motion présentée par le NPD le 25 janvier, qui se lit comme suit :

« Que la Chambre demande au gouvernement d'utiliser tous les outils disponibles pour remédier à la prolifération des groupes de haine et de suprématie blanche, en commençant par désigner immédiatement le groupe Proud Boys comme une entité terroriste. »

La déclaration publiée par Sécurité publique Canada annonçant l'ajout de ces groupes à la liste des entités terroristes se lit en partie :

« Les Canadiens s’attendent à ce que leur gouvernement prenne toutes les mesures nécessaires pour les protéger, tout en protégeant leurs valeurs, leurs droits et libertés et le caractère ouvert et inclusif de notre pays. Le régime d’inscription au Code criminel est un outil important pour lutter contre le terrorisme au Canada et dans le monde, et il fait partie de cet engagement. »

Bill Blair, ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, a déclaré : « Les actes de terrorisme violents n’ont pas leur place dans la société canadienne ni à l’étranger. Les ajouts apportés aujourd’hui à la liste des entités terroristes du Code criminel constituent une étape importante dans notre lutte contre l’extrémisme violent sous toutes ses formes. Les Canadiens s’attendent à ce que leur gouvernement les protège et qu’il se conforme aux menaces et aux tendances mondiales en évolution, comme la menace grandissante d’extrémisme violent à caractère idéologique. Le gouvernement du Canada continuera de prendre des mesures appropriées pour contrer les menaces terroristes qui pèsent sur le Canada, ses citoyens et ses intérêts dans le monde entier. »

Selon le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) :

« Les adeptes de l’EVCI sont souvent mus par une série de récriminations et d’idées qui couvrent tout le spectre idéologique traditionnel. Leur vision du monde s’articule autour d’un discours personnalisé, axé sur la volonté de mobiliser des personnes, de les inciter à perpétrer des actes de violence et de leur donner les moyens de passer à l’action. Elle s’abreuve à une multitude de sources : livres, images, exposés, pièces musicales, discussions en ligne, vidéos et conversations, entre autres.

« Compte tenu des diverses combinaisons de motivations et de visions du monde personnalisées des auteurs des récents attentats meurtriers, il serait mal avisé de parler d’extrémisme de droite ou de gauche. Outre qu’elles sont subjectives, ces désignations ne rendent pas compte avec justesse de la complexité des motivations des auteurs d’attentats extrémistes violents à caractère idéologique au Canada et à l’étranger. »

Lors de la conférence de presse où l'annonce a été faite, le ministre Blair a dit : «  Peu importe leurs motivations idéologiques, tous ces groupes sont nocifs, intolérants et hautement dangereux. » Il a dit espérer que l'extension de la liste des terroristes enverrait un message aux groupes qui ont l'intention de semer la division et la haine et de causer du tort, que leurs actions ne seront pas tolérées par les forces de l'ordre, rapporte Radio-Canada.

« Leurs actions et leur rhétorique violentes sont alimentées par la suprématie blanche, l’antisémitisme, le racisme, l’homophobie, l’islamophobie et la misogynie. Et, malheureusement, souvent en combinaison de tout ce qui précède. Nous avons vu à plusieurs reprises les résultats tragiques que ce type d’extrémisme peut apporter sur le sol canadien », a déclaré M. Blair en évoquant l’attentat à la mosquée de Québec en 2017 et celui avec une camionnette à Toronto en 2018.

Comme prévu, la liste des 13 groupes a été publiée dans la Gazette du Canada : «Attendu que l’administrateur en conseil est convaincu, sur recommandation du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, qu’il existe des motifs raisonnables de croire que chacune des entités visées dans le Règlement modifiant le Règlement établissant une liste d’entités, ci-après, est une entité qui, sciemment, s’est livrée ou a tenté de se livrer à une activité terroriste, y a participé ou l’a facilitée ou qui, sciemment, a agi au nom d’une telle entité, sous sa direction ou en collaboration avec elle.

« À ces causes, sur recommandation du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile et en vertu du paragraphe 83.05(1) du Code criminel, Son Excellence l’administrateur du gouvernement du Canada en conseil prend le Règlement modifiant le Règlement établissant une liste d’entités, ci-après. »

L'« administrateur en conseil » est Richard Wagner, juge en chef de la Cour suprême du Canada, qui est actuellement le remplaçant désigné par la loi de la gouverneure générale démissionnaire Julie Payette.

L'annonce dans la Gazette signifie que les biens des entités figurant sur la liste «peuvent faire l'objet d'une saisie/restriction et/ou d'une confiscation». En outre, « les établissements comme les banques et les services de courtage doivent faire rapport sur les biens de ces entités; ils ne peuvent pas les échanger, s’en départir autrement, ni permettre aux entités d’y toucher. » L'avis publié dans la Gazette rappelle que « la définition de 'groupe terroriste' dans le Code criminel comprend les entités inscrites sur la liste; par conséquent, les infractions attribuables aux groupes terroristes peuvent être constatées à l’endroit de ces entités. Cependant, contrairement à celles contre des groupes terroristes non-inscrits, les poursuites contre des entités inscrites ne nécessitent pas que la Couronne démontre que l’entité a comme objectif ou activité de mener ou de faciliter une activité terroriste. »

Il y a actuellement 73 groupes désignés comme des entités terroristes. Il est intéressant de noter que le KKK et les groupes extrémistes ukrainiens comme le bataillon Azov et d'autres ne sont pas sur la liste. Voir la liste complète des entités inscrites actuellement sur le site de Sécurité publique Canada.

2. La Chambre étoilée était une cour anglaise qui a siégé de la fin du XVe siècle au milieu du XVIIe siècle pour persécuter ceux qui étaient considérés comme les ennemis du roi. Créée par le roi Henri VII en 1487, elle doit son nom à une salle au plafond peint d'étoiles du palais royal de Westminster où siégeait la cour. La Chambre étoilée était un instrument du monarque et était constituée de conseillers du roi et de deux juges nommés par le roi. Elle se dispensait de la « procédure régulière » telle que comprise à l'époque.

3. L'une des premières activités publiques de Proud Boys au Canada a eu lieu en juillet 2017 lorsque des membres des Forces armées canadiennes s'identifiant comme Proud Boys ont perturbé une manifestation organisée par des militants des Premières Nations à Halifax. Les militants des Premières Nations et leurs partisans réclamaient le retrait de la statue du premier lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse en raison de ses actions violentes contre les Premières Nations.

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Le Canada et le groupe de Lima maintiennent leur position
inacceptable sur le Venezuela

Condamnons la politique étrangère
intéressée du Canada


Manifestation à Ottawa contre la visite de l'imposteur Juan Guaido. 27 janvier 2020

Alors que les députés de la nouvelle Assemblée nationale vénézuélienne prêtaient serment le 5 janvier 2021, l'imposteur « président par intérim » autoproclamé, Juan Guaido, a rassemblé une équipe hétéroclite composée de restes de l'ancienne Assemblée nationale, dont le mandat a pris fin ce jour-là, pour déclarer que son mandat ainsi que sa présidence fictive étaient prolongés d'un an.

Ce dernier coup médiatique a été dirigé par les États-Unis, appuyés par le Canada et quelques autres pays. Ceux-ci avaient déclaré longtemps à l'avance qu'ils ne reconnaîtraient pas la nouvelle Assemblée nationale et continueraient de reconnaître l'Assemblée nationale sortante comme la seule institution démocratique « légitime » du pays même après la fin de son mandat. De cette manière, ils espèrent prolonger la mascarade d'un gouvernement parallèle sans pouvoir, qui manque de soutien à l'intérieur du pays et qui existe principalement sur les réseaux sociaux. À maintes reprises ils ont organisé des mises en scène, convaincus que cela ferait tomber le gouvernement Maduro. À maintes reprises, cela ne s'est pas produit. Il semble que maintenant, ils pensent qu'une autre année fera l'affaire.

Toujours le 5 janvier, un groupe de Lima diminué a publié une déclaration exhortant tous ceux qui y prêtent encore attention à « se joindre au mépris et au rejet de cette assemblée nationale illégitime ». Il n'a pas adopté la position préconisée par les États-Unis et le Canada, qui consiste à soutenir l’Assemblée législative sortante à l'expiration de son mandat et à reconnaître la « présidence » de Juan Guaido, une position que le ministre des Affaires étrangères d’alors, François-Philippe Champagne, avait présentée dans un tweet la veille. Il a écrit : « Comme les élections du 6 décembre n'ont été ni libres ni équitables, le Canada continuera à reconnaître l'Assemblée nationale, démocratiquement élue en 2015, comme la législature légitime du Venezuela et son président comme le président intérimaire du Venezuela. »

Les États-Unis avaient essayé, en vain, de faire adopter cette position par l'Organisation des États américains (OÉA) lors d'une réunion spéciale de l'organisation en décembre, juste après l'élection de la nouvelle Assemblée nationale. Avec l'aide du Canada, les États-Unis ont réussi à rassembler suffisamment de pays pour faire adopter une résolution d'ingérence qui appelait la communauté internationale à « se joindre au rejet de ces élections frauduleuses » et exigeait la tenue de nouvelles élections législatives et présidentielles dans les plus brefs délais. Mais elle ne demandait pas de continuer de reconnaître l'Assemblée nationale sortante au lieu de l'Assemblée nouvellement élue, et ne mentionnait pas la reconnaissance de Guaido comme président intérimaire.

Les médias monopolisés n'ont pas tardé à être mobilisés à la rescousse des partisans du changement de régime. Twitter a suspendu le compte de la nouvelle Assemblée nationale. Désormais, un faux compte contrôlé par les forces putschistes de Guaido, qu'on prétend être un « compte officiel de l'Assemblée nationale du Venezuela », est tout ce qui apparaît dans une recherche en ligne. Ceux qui ont applaudi lorsque Twitter a censuré Trump en fermant son compte n'ont pas réalisé à quel point le pouvoir de cette entreprise privée serait et est utilisé pour censurer de nombreuses autres personnes ciblées par l'élite impérialiste au pouvoir.

Pendant ce temps, les sanctions contre le Venezuela tuent la population de ce pays, un aspect dont le Canada ne parle jamais. Les sanctions sont un acte de guerre dans lequel le Canada s'engage sans avoir à déclarer la guerre ou à sacrifier un seul soldat. Peu importe ce que l'on pense du gouvernement du Venezuela, c'est au peuple vénézuélien de régler ses comptes et le fait que les États-Unis et le Canada s'ingèrent dans ses affaires au nom de la liberté et de la démocratie est inacceptable.

Les actions du gouvernement Trudeau sont plus que honteuses. Qu'aucun parti d'opposition n'ait jugé bon de dénoncer ce que le gouvernement a fait – prendre part à une guerre économique brutale contre les Vénézuéliens et leur dire qui ils peuvent et ne peuvent pas élire pour les gouverner, empêcher les Vénézuéliens résidant au Canada de pouvoir voter à la dernière élection présidentielle (le seul pays à le faire), soutenir un gouvernement parallèle illégal et son soi-disant ambassadeur au Canada, rescapé des marais putrides de la mafia anticubaine de Miami, comme les représentants légitimes du peuple vénézuélien, est tout aussi honteux. De plus, le Canada refuse maintenant de renouveler les visas ou d'accepter tout personnel diplomatique nommé par le gouvernement bolivarien du Venezuela, privant ainsi plus de 20 000 Vénézuéliens et immigrants de ce pays de services consulaires. Si jamais le Canada permet l'occupation de l'ambassade du Venezuela par le prétendu gouvernement, ce sera une violation de la Convention de Vienne qui régit les affaires diplomatiques, sans mentionner qu'une telle ambassade ne pourrait pas fonctionner puisqu'elle ne contrôle aucun service gouvernemental.

Aucun des partis de cartel ne peut prétendre agir au nom des Canadiens qui n'ont jamais donné leur consentement à tout cela. La position du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) est bien connue. Il demande aux Canadiens d'insister pour que le gouvernement du Canada cesse de mener ces activités illégitimes et se dissocie complètement des tentatives de changement de régime des États-Unis. Selon le nouveau secrétaire d'État des États-Unis, Anthony Blinken, la présidence de Biden a clairement indiqué qu'elle continuerait de faire pression pour un changement de régime avec des sanctions ciblées plus efficaces.

C'est tout à l'honneur du peuple vénézuélien et de son gouvernement d'être demeurés fermes, d'avoir résisté avec détermination à tous les complots pour inciter à une guerre civile sanglante et briser leur union civilo-militaire afin que des intérêts étrangers et nationaux puissent prendre le contrôle de leur pays et mettre fin à leur projet d'édification nationale bolivarienne sous la fraude de « rétablir la démocratie ». Leur détermination et le fait que la justice soit de leur côté leur ont également valu le soutien des forces démocratiques et anti-impérialistes du monde entier, y compris au Canada et au Québec.

Alors que le gouvernement canadien se range dans le camp du complot impérialiste illégitime et criminel contre le peuple vénézuélien, les Canadiens qui défendent l'état de droit, les principes démocratiques et les droits humains en parlant en leur propre nom et en organisant des actions affirment : Ne touchez pas au Venezuela ! Respectez la souveraineté du Venezuela ! Laissez le peuple vénézuélien décider !

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La nécessité d'une nouvelle direction de l'économie

Un discours médiatique qui masque le besoin d'action politique de politiciens ouvriers

On entend beaucoup parler en ce moment d'une crise économique qui pointe à l'horizon à cause du régime de dépenses déficitaires, du chômage et du sous-emploi massifs et de la façon dont la pandémie est gérée. Ce discours est principalement descriptif ou se résume à une série d'opinions sur la question de comment on pourrait faire plus dans telle ou telle direction, mais en général les points de référence visent à amener les travailleurs à accepter la direction désastreuse actuelle de l'économie. Le discours est orienté de manière à priver les travailleurs d'une vision qui leur est propre et qui leur permet d'organiser une économie alternative qui subvient à leurs besoins et qui place le facteur humain/conscience sociale au centre de ses activités.

La démobilisation de la classe ouvrière et l'effort pour empêcher les travailleurs de mener des actions avec analyse dans leur propre intérêt sont une préoccupation de tous les instants des partis de cartel et des porte-parole des intérêts privés étroits qui dominent à la fois l'économie et le système politique. C'est la classe ouvrière, avec tous ceux qui sont concernés, qui a intérêt à résoudre les problèmes d'une manière qui engage l'économie et les affaires politiques dans une nouvelle direction qui sert le peuple et non les oligarques mondiaux et leur objectif obsolète du profit privé maximum. Les travailleurs ont besoin de mettre de l'avant des politiciens qui proviennent de leurs propres rangs et qui parlent en leur propre nom et non au nom d'un système de gouvernement de partis de cartel dont l'objectif principal est de maintenir le peuple à l'écart du pouvoir décisionnel.

Le rapport de Statistique Canada pour le mois de décembre sur le grand nombre de travailleurs sans emploi ou sous-employés et sur la baisse du taux d'activité de la main-d'oeuvre est un exemple de ce discours qu'on entend un peu partout.

L'économiste Armine Yalnizyan a dit au Hill Times qu'elle s'attend à ce que les données sur les emplois continuent de décliner et qu'il en sera de même pour le taux d'activité de la main-d'oeuvre. Elle a dit qu'elle a suivi de près les taux d'activité de la main-d'oeuvre et elle ajoute qu'« aux États-Unis, nous avons eu un avertissement dans le fait que quatre fois plus de femmes que d'hommes sont entièrement sorties du marché du travail. Il peut y avoir toutes sortes de raisons pour cela, mais la raison principale est la demande pour de travail non rémunéré, surtout la garde des enfants dans le cadre de l'école à la maison à cause de l'enseignement à distance dû aux conditions non sécuritaires ou au manque de services de garde. Nous sommes témoins de ce phénomène au Canada. »

Selon Armine Yalnizyan, la baisse du taux d'activité de la main-d'oeuvre a un impact sur l'économie. Elle dit : « Si un petit nombre de gens gagnent de l'argent, ils ont moins d'argent à dépenser, et s'ils ont moins d'argent à dépenser c'est la reprise qui est retardée. Peu importe à quel point vous ouvrez des secteurs pour les ramener à la normale, si les femmes n'y reprennent pas leur place et en sont exclues, vous vous retrouvez avec un plus grand problème sur les bras. »

Cependant, la question ne peut être réduite à une question d'« avoir moins d'argent à dépenser ». La baisse du taux d'activité de la main-d'oeuvre à laquelle s'ajoute une augmentation du nombre des chômeurs et des travailleurs sous-employés signifie une baisse de la valeur sociale potentielle pour le pays. Les travailleurs qui ne travaillent pas dans l'économie socialisée ne produisent pas de valeur sociale. Comme l'a fait remarquer Forum ouvrier dans son numéro du 2 février :

« Le refus de l'élite dirigeante d'organiser des services de garde d'enfants et d'apprentissage précoce pour tous les enfants est un obstacle à la réalisation du potentiel de l'économie.

« Le refus des élites dirigeantes de remettre en question le droit de monopole et son expropriation de la valeur ajoutée produite par les travailleurs ne fait que drainer de l'économie et du pays la valeur sociale nécessaire qui pourrait être utilisée pour accroître les investissements dans les programmes sociaux et les services publics.

« Le refus de remettre en question le droit de monopole afin de réaliser (payer pour) la valeur sociale qu'il consomme des travailleurs éduqués et en bonne santé en tant que valeur sociale reproduite, et la permission qui est donnée à l'oligarchie de l'exproprier en tant que profit privé, privent l'éducation publique, les soins de santé et d'autres programmes sociaux des fonds dont ils ont besoin pour satisfaire et garantir les besoins et les droits des Canadiens. »

Leah Nord, la directrice principale des stratégies de la main-d'ouvre de la Chambre de Commerce du Canada, a écrit communiqué de presse à propos du rapport de décembre : « La tempête n'est pas derrière nous. Nous ne serons pas capables d'affronter cette tempête ; ces deuxièmes vagues [de la COVID-19] vont notamment affecter les marchés du travail. Dans cette sombre perspective, il y a la préoccupation face à la baisse du taux d'activité de la population en décembre, surtout parmi les jeunes hommes et les femmes travailleuses, probablement frustrées par leur recherche de travail et restant à la maison pour s'occuper des enfants qui doivent soudainement demeurer à la maison, respectivement. L'impact durable du phénomène des sans-emploi sur une plus grande période et du décrochage de la main-d'oeuvre va rendre difficile la reprise à long terme alors qu’il y a a des obstacles importants à un retour à un marché du travail qui sera sans doute très différent. »

« Personne n'a de boule de cristal – nous avons beaucoup de données précieuses en ce moment – mais nous allons devoir trier ce marché du travail par secteur et par communauté », a dit Leah Nord, de façon inquiétante.

Plus tôt cette année, l'économiste en chef de la Banque de Montréal Doug Porter a dit au Hill Times que le déclin actuel du taux d'activité de la main-d'oeuvre et de l'emploi « n'est pas une surprise en ce qui nous concerne » et que ses préoccupations « datent d'avant le rapport de Statistique Canada pour décembre 2020 ». « Nous avons vu ici même à Toronto des détaillants qui ont dû fermer leurs portes, alors il est évident que nous allons connaître des pertes d'emplois. »

« Nous sommes inquiets parce qu'il y a eu de plus grandes fermetures en Ontario et de nouvelles fermetures dans d'autres provinces, et je pense que nous serons très chanceux si nous ne faisons pas face à un plus grand déclin le mois prochain », a dit Porter. « Je crois que nous devons tous réaliser qu'il y aura un fort prix à payer en ce qui concerne les moyens de subsistance des gens alors que nous entendons des appels à de nouvelles grandes restrictions sur les entreprises. Il y a un contrecoup : nous [les banques] sommes accusées de placer les profits avant les gens, et ce n'est pas ainsi que je vois les choses. Je pense qu'il s'agit de moyens de subsistance et non de profits, et pourtant, chaque jour, je suis témoin d'appels à de plus grandes restrictions, et je me demande si cela accomplit vraiment ce que les gens pensent que cela accomplit. Il est certain qu'il y a un coût économique à payer pour cela », a dit Porter.

Le Hill Times cite le député néodémocrate du Parlement et porte-parole en matière de finances Peter Julian, selon qui l'enquête sur la population active de Statistique Canada pour le mois de décembre révèle « des chiffres dévastateurs, mais je ne suis pas surpris ». Il a dit : « Au moment où la pandémie a frappé, les familles canadiennes connaissaient déjà le plus haut taux d'endettement du monde industrialisé, et nous avons donc connu une détérioration réelle de notre niveau de vie et les Canadiens ont eu de la misère à joindre les deux bouts. L'impact dévastateur de la pandémie a magnifié tout cela, il y a maintenant des gens qui sont incapables de mettre du pain sur la table, qui ne sont pas capables de garder leur logement. Alors, quand vous observez les données sur l'emploi et l'impact financier et économique dévastateur qui existait déjà avant la COVID-19, vous voyez bien qu'une crise économique est en train de couver et qu'elle est très profonde. Les milliardaires ont accru leur richesse de plus de 50 milliards de dollars [pendant les deux crises]. L'industrie bancaire connaît des profits records bien que le secteur reçoive des milliards en appui, et les banques ont fait très peu pour aborder les besoins des petites entreprises et des gens ordinaires, alors nous faisons face a une tempête parfaite où les familles ordinaires sont frappées de plein fouet financièrement tandis que les plus riches s'en tirent avec des profits massifs. »

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Le manque réel d'emploi comparativement au chômage reconnu officiellement

Statistique Canada décrit son enquête sur la population active comme « une enquête mensuelle qui permet d'évaluer l'état actuel du marché du travail canadien et sert, entre autres, à calculer les taux d'emploi et de chômage à l'échelle nationale, provinciale, territoriale et régionale. Les résultats de cette enquête permettent de prendre des décisions importantes relatives à la création d'emplois, à l'éducation et à la formation, aux pensions de retraite et au soutien du revenu. En ce moment, comme les Canadiens continuent de faire face à la pandémie de COVID-19, il est plus important que jamais d'avoir un portrait précis de ce qui se passe au chapitre de l'emploi, du coût de la vie et de l'économie. Les données serviront à orienter les décisions des gouvernements et à aider les Canadiens en cette période difficile. »

https://cpcml.ca/wp/wp-content/uploads/2019/10/180607-Quebec-02-carrieresylvie-crop.jpgStatistique Canada affirme : « Les concepts d''emploi' et de 'chômage' trouvent leur origine dans la théorie de l'offre de travail comme facteur de production, et la production est définie comme étant les biens et services figurant dans le Système de comptabilité nationale.

« Bien que l'unité de mesure logique et précise de l'offre globale de travail soit exprimée en heures-personnes, les concepts de l'enquête exigent que chaque membre de la population soit classé dans la catégorie des personnes occupées, des chômeurs ou des inactifs. Par conséquent, les personnes qui, au cours de la semaine de référence, ont fourni des services (peu importe la quantité) sont classées parmi les personnes occupées. Celles qui font la preuve qu'elles ont offert leurs services (peu importe la quantité) sont classées parmi les chômeurs. Le reste de la population, c'est-à-dire les personnes qui n'ont pas fourni ou offert leurs services, forme la catégorie des inactifs.

« La définition du chômage est donc la suivante.

« Les chômeurs sont les personnes qui, au cours de la semaine de référence :

avaient été mises à pied temporairement, mais s'attendaient à être rappelées au travail et étaient disponibles pour travailler, ou

étaient sans emploi, avaient activement cherché un emploi au cours des quatre dernières semaines et étaient disponibles pour travailler, ou

devaient commencer un nouvel emploi dans quatre semaines ou moins à compter de la semaine de référence et étaient disponibles pour travailler. »

Conséquemment, ceux qui sont sans emploi mais qui, selon les critères de l'enquête, n'offrent pas leurs services au marché du travail ne sont pas classés comme des chômeurs ni comme des membres de la population active.

Sur la base de ces définitions, Statistique Canada fournit ces données pour janvier 2021 (en milliers, sauf pour les pourcentages) :

Population du Canada : 31 191,2
Population active : 20 171,0
Emploi : 18 272,0
Emploi à temps plein : 15 132,3
Emploi à temps partiel : 3 139,7
Chômage : 1 899,0
Taux d'activité : 64,7 %
Taux de chômage : 9,4 %
Taux d'emploi : 58,6 %

À titre de référence, en avril 2020, lorsque le pays connaissait des confinements sévères à cause de la pandémie de COVID-19, les données étaient les suivantes :

Population : 31 094,7
Population active : 18 603,2
Emploi : 16 184,9
Emploi à temps plein : 13 662,8
Emploi à temps partiel : 2 522,0
Chômage : 2 418,3
Taux d'activité : 59,8 %
Taux de chômage : 13,0 %
Taux d'emploi : 52,1 %

Pour le mois de janvier 2021, Statistique Canada émet des observations à partir de données dont celles-ci :

L'emploi atteint son plus bas niveau depuis août.

L'emploi a reculé de 213 000 (-1,2 %) en janvier. La baisse a été entièrement enregistrée dans l'emploi à temps partiel et elle s'est concentrée dans les secteurs du commerce de détail du Québec et de l'Ontario.

La baisse de janvier a fait suite au recul de 53 000 (-0,3 %) enregistré en décembre et a ramené l'emploi à son plus bas niveau depuis août 2020.

Par rapport à février 2020, l'emploi a reculé de 858 000 en janvier et les absences liées à la COVID-19 ont augmenté de 529 000.

Le taux de chômage atteint son plus haut niveau depuis août 2020.

Le taux de chômage a progressé de 0,6 point de pourcentage pour atteindre 9,4 %; il s'agit du taux le plus élevé depuis août 2020.

Le nombre de chômeurs de longue durée (les personnes qui cherchent du travail ou qui ont été mises à pied temporairement depuis 27 semaines ou plus) s'est maintenu à un niveau record (512 000).

En janvier, l'emploi a reculé dans trois secteurs de services les plus touchés par les restrictions de santé publique nouvelles et existantes, à savoir les services d'hébergement et de restauration (-8,2 %), le commerce de détail (-7,4 %), et l'information, la culture et les loisirs (-2,4 %).

L'emploi dans la construction a progressé de 39 000 en janvier. Le secteur de la fabrication a perdu 12 000 emplois alors que, dans l'ensemble, le secteur de la production des biens a gagné 23 000 emplois.

Statistique Canada attribue la perte globale d'emploi aux mesures étendues de santé publique prises par un certain nombre de provinces en décembre, en réponse à l'augmentation des cas de COVID-19.

L'emploi chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans a diminué de 108 000 (-4,6 %) en janvier pour s'établir à son plus bas niveau depuis août 2020. L'emploi chez les jeunes femmes a reculé de 69 000 (-6,1 %) et était le plus éloigné (-17,4 %) des niveaux observés en février 2020 avant la COVID-19 par rapport à tous les autres principaux groupes démographiques. L'emploi chez les jeunes hommes a diminué de 39 000 (-3,3 %) et était 11,6 % inférieur à ce qu'il était en février 2020.

Bien que ces statistiques indiquent des tendances définies, elles n'expriment pas avec précision le nombre de personnes qui sont sans emploi, ou le taux de chômage, à cause des critères cités plus haut, selon lesquels c'est l'offre de ses services au marché du travail qui détermine si quelqu'un est considéré comme un chômeur.

On sait depuis longtemps que tous les travailleurs qui se trouvent sans emploi et qui ne cherchent pas activement un emploi (qui n'offrent pas leurs services à leur marché du travail) pendant la période où l'enquête est faite ne sont pas considérés comme des chômeurs ou des membres de la population active. Cela signifie qu'en tout temps, même dans les périodes les plus actives du marché du travail, le taux de chômage réel est très supérieur au taux officiel.

En plus, les données sur le chômage n'expriment absolument pas l'étendue réelle de la grande augmentation du chômage qui se produit à cause des mises à pied massives pendant la pandémie.

En avril 2020, lors de l'augmentation dramatique du chômage dans le contexte des mesures sévères de confinement adoptées à l'échelle du pays, Statistique Canada a écrit :

« Le taux de chômage a augmenté de 5,2 points de pourcentage en avril pour atteindre 13,0 %. Cela fait suite à la hausse de 2,2 points de pourcentage enregistrée en mars. Depuis que des données comparables sont devenues disponibles en 1976, seul le taux de chômage de 13,1 % observé en décembre 1982 a été plus élevé que le taux enregistré en avril.

« Le taux de chômage d'avril serait de 17,8 % une fois les données ajustées pour prendre en compte les personnes qui n'ont pas été considérées comme des chômeurs pour des raisons propres à la crise économique liée à la COVID-19. Au cours de la semaine du 12 avril, 1,1 million de personnes étaient inactives, mais elles avaient travaillé récemment (en mars ou en avril) et voulaient travailler. Elles n'ont pas été considérées comme étant au chômage, mais elles ont été considérées comme inactives parce qu'elles n'ont pas cherché d'emploi, vraisemblablement en raison des fermetures prolongées d'entreprises et des occasions très limitées de trouver du travail. » (Notre souligné)

Le taux de chômage de 9,4 % établi pour janvier 2021 est bien en dessous du taux réel. Si on utilise la même méthodologie que Statistique Canada pour reconnaître l'existence d'un taux de chômage réel différent pour avril 2020, on obtient un taux de chômage d'environ 12,8 % en janvier 2021. Cela ne tient pas compte de tous les travailleurs qui, pendant la période de l'enquête, n'ont pas cherché du travail pour des raisons autres que la COVID-19.

Historiquement, un des buts de l'établissement du taux de chômage sur la base de la participation au marché du travail a été de garantir que l'assurance-emploi (anciennement assurance-chômage) ne soit pas un programme social qui protège tous ceux qui se retrouvent sans emploi dans un système économique dans lequel tout est subordonné à des intérêts privés étroits. Un taux de chômage officiel inférieur au taux réel signifie que les travailleurs doivent avoir travaillé plus d'heures avant de devenir admissibles et que leur période de prestations est plus courte. Ceci s'ajoute à tous les autres critères qui ont été adoptés au fil des années qui ont créé une situation où on estime qu'environ seulement 40 % des chômeurs reçoivent des prestations de l'assurance emploi. Le gouvernement fédéral fait une exception depuis septembre 2020, qui va durer jusqu'au 11 septembre de cette année, en vertu de laquelle un taux de chômage minimum de 13,1 % est attribué à toutes les régions économiques de l'assurance-emploi au Canada. Il ne l'a pas fait par mesure de justice pour les travailleurs, mais pour maintenir une certaine quantité d'argent en circulation dans l'économie afin de prévenir un effondrement encore plus grand.

Le chômage demeure une plaie inhérente du système capitaliste mangeur d'êtres humains qui est aggravé par l'ordre du jour néolibéral de destruction nationale de l'élite dominante. Cela démontre la nécessité d'une nouvelle direction de l'économie, une direction prosociale qui vise à soutenir le bien-être et les droits de tous et que le peuple contrôle.

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Les dernières magouilles du Forum de Davos

Le Forum économique mondial appelle à
une «grande réinitialisation»

Le Forum économique mondial (FEM) est un partenariat public/privé de l'oligarchie mondiale dirigeante. Il s'agit d'un club anti-ouvrier constitué des nombreuses élites mondiales financées par la richesse sociale expropriée que les travailleurs produisent. Le FEM se réunit à Davos, en Suisse, sur une base annuelle, organise d'autres événements au cours de l'année et publie des livres et des communiqués. Klaus Schwab, chef du FEM, est un protégé de Henry Kissinger, qui a été secrétaire d'État dans le gouvernement de Richard Nixon. Les postes de direction du FEM sont détenus par un ensemble de représentants de l'oligarchie mondiale, y compris des milliardaires, des PDG et des directeurs des plus grandes sociétés mondiales et des dirigeants d'organisations impérialistes telles que le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne. Le conseil d'administration du FEM comprend deux membres éminents de l'élite dirigeante libérale canadienne, soit la ministre des Finances actuelle, Chrystia Freeland, et Mark Carney, l'ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d'Angleterre et actuellement un « vice-président de Brookfield Asset Management, gestionnaire de sa stratégie de placement axée sur les questions d'environnement, sociales et de gouvernance dans la lutte contre les émissions de carbone ». Carney est aussi l'envoyé spécial de l'ONU pour le financement de l'action climatique, en plus d'être membre du conseil d'administration du FEM, et est maintenant un des 26 « gardiens » du « Conseil pour le capitalisme inclusif avec le Vatican » fondé en décembre dernier[1].

Le coût pour devenir membre du FEM est de plusieurs dizaines de milliers de dollars, selon le « niveau » d'adhésion.

Le FEM tente de fixer l'ordre du jour et constituer un point de référence pour les dirigeants impérialistes et d'autres partout dans le monde. Il combat toute opinion publique favorable à ce que la classe ouvrière internationale fixe son propre ordre du jour pour une nouvelle direction de l'économie et pour s'attaquer aux problèmes auxquels le monde est confronté et tels qu'ils se posent objectivement sur la base de ses propres points de référence.

Cette année, le forum a eu lieu virtuellement à cause des restrictions de la pandémie. Ce qui a été au coeur de préoccupations du forum de janvier dernier est comment s'y prendre face aux conséquences désastreuses de trente années de néolibéralisme, que le FEM a grandement promu. Pour répondre à la pandémie mondiale et à une économie impérialiste en crise d'une manière favorable à l'oligarchie, le FEM lance l'appel à une « grande réinitialisation ». Pour l'élite dirigeante, il est question de « réinitialiser » son leadership et son contrôle des affaires économiques, politiques et sociales de l'humanité sans porter atteinte à son soi-disant ordre constitutionnel qui enchâsse les positions de privilège basées sur la classe sociale et la propriété privée d'une richesse privée gigantesque, y compris les moyens de production, sans pour autant ouvrir un espace pour la classe ouvrière et ses organisations indépendantes dans lequel celles-ci peuvent se consolider. Le plus grand souci de l'élite dirigeante est comment empêcher la classe ouvrière de s'organiser pour s'investir elle-même du pouvoir et acquérir le contrôle des affaires économiques, politiques et sociales, pour qu'elle puisse venir à bout des problèmes qui affectent la vie des travailleurs et aller de l'avant pour bâtir des sociétés qui la servent, elle, et non les riches.

L'existence et la notoriété du FEM, l'intérêt que lui prêtent les médias et tout le tralala des élites dirigeantes autour de cette organisation privée, ainsi que la participation d'un grand nombre de représentants officiels à ses activités, y compris des dirigeants gouvernementaux, font ressortir que, pour eux, les institutions civiles et politiques établies dans la période de l'après-guerre, comme les Nations unies, sont devenues superflues et ne leur sont d'aucune utilité dans l'atteinte de leurs objectifs.

Le contenu du FEM 2021, dans le contexte d'une pandémie mondiale, une crise économique et des guerres impérialistes continues, n'a d'intérêt pour les peuples du monde que dans la mesure où il est bon de savoir ce que les impérialistes et les gouvernements à leur service pensent et manigancent. C'est de la désinformation délibérée qui sert à détourner les peuples de la tâche de développer leur propre conception du monde et leur politique indépendante.La rencontre anneulle de 2021 confirme que l'élite dirigeante se soucie de sa propre richesse privée et de son privilège de classe et fera tout en son pouvoir pour empêcher que l'humanité ne s'organise pour s'investir du pouvoir et pour bâtir le Nouveau.

Note

1. Selon le site Web du conseil :

« Le Conseil pour un capitalisme inclusif avec le Vatican est une organisation mondiale à but non lucratif établie sous les auspices du Vatican sous la supervision morale du pape François. Notre mission est d'exploiter le potentiel du secteur privé pour créer une forme de capitalisme plus inclusive, plus durable et plus fiable. Le Conseil est dirigé par un groupe de PDG et de dirigeants publics mondiaux, connus sous le nom de « Gardiens du capitalisme inclusif », qui se réunissent chaque année avec le Vatican pour faire avancer la mission du Conseil. »

 Liste des gardiens du « Conseil pour un capitalisme inclusif avec le Vatican »
- Ajay Banga, président et directeur général, Mastercard
- Oliver Bäte, président du conseil d'administration, Allianz SE
- Marc Benioff, président, directeur général et fondateur de Salesforce
- Edward Breen, président exécutif, Dupont
- Sharan Burrow, secrétaire générale, Confédération syndicale internationale
- Mark Carney, conseiller financier du premier ministre pour la COP26 et envoyé spécial des Nations unies pour l'action et les finances en matière de climat
- Carmine Di Sibio, président et directeur général, EY
- Brunello Cucinelli, président exécutif et directeur de la création, Brunello Cucinelli S.p.A.
- Roger Ferguson, président et directeur général, TIAA
- Lady Lynn Forester de Rothschild, fondatrice et associée directrice, Inclusive Capital Partners
- Kenneth Frazier, président du conseil d'administration et directeur général, Merck & Co., Inc.
- Fabrizio Freda, président et directeur général, The Estée Lauder Companies
- Marcie Frost, directrice générale, CalPERS Alex Gorsky, président du conseil d'administration et directeur général de Johnson & Johnson
- Angel Gurria, secrétaire général, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)
- Alfred Kelly, président et directeur général, Visa Inc.
- William Lauder, président exécutif, The Estée Lauder Companies
- Bernard Looney, directeur général, BP
- Fiona Ma, trésorière, État de Californie
- Hiro Mizuno, membre du conseil d'administration, Principes pour l'investissement responsable
- Brian Moynihan, président du conseil d'administration et directeur général de la Bank of America
- Deanna Mulligan, présidente et directrice générale, Guardian Life Insurance Company of America
- Ronald P. O'Hanley, président et directeur général, State Street Corporation
- Rajiv Shah, président de la Fondation Rockefeller
- Tidjane Thiam, membre du conseil d'administration du groupe Kering
- Darren Walker, président de la Fondation Ford
- Mark Weinberger, ancien président directeur général de EY, et membre du conseil d'administration de J&J, MetLife et Saudi Aramco

(Sources : Forum économique Mondial)

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La « grande réinitialisation » de l'impérialisme

Les élites dirigeantes tentent de tirer de la farine blanche d'un sac de charbon – sans surprise, elles n'y parviendront pas ! Une nouvelle direction est nécessaire en opposition à l'impérialisme, et non une continuation de la même sous un nouvel accoutrement !

L'arrangement mondial actuel sous le contrôle de l'oligarchie a eu différentes appellations. Il a porté tour à tour le titre de « mondialisation », « gouvernement mondial unique » et « nouvel ordre mondial ». L'élite dirigeante, au moyen de forces militaires publiques/privées, y compris la force armée massive et la pression économique des sanctions et des blocus de l'impérialisme américain et de ses alliés, a tenté de prendre le contrôle de tous les États et des institutions internationales et de détruire ceux qu'elle ne peut contrôler, comme l'Irak, la Libye et la Syrie.

La destruction mondiale des sociétés civiles d'États souverains, internationales et locales et de la Terre-Mère elle-même a engendré une pandémie mondiale, une crise économique et des niveaux de destruction sociale et naturelle que plusieurs parmi les riches eux-mêmes trouvent alarmants et qui sont pour eux une source d'angoisse. Ils rebrassent frénétiquement leurs cartes, prétendant offrir une nouvelle direction pour l'économie et les pays.

Le dirigeant du Forum économique mondial Klaus Schwab, en présentant l'ordre du jour du forum 2021 sous le thème « capitalisme de partenariat », a tenté de détourner l'attention des travailleurs et des jeunes des véritables conditions de vie en les exhortant à s'unir autour de politiques identitaires et celles de ces oligarques qui tirent profit des tentatives de régler le problème de la destruction flagrante de la Terre-Mère.

Le « capitalisme de partenariat » a des adeptes parmi l'élite mondiale dirigeante, y compris la Fondation Rockefeller et une organisation de Lynn Forester de Rothschild et du pape François portant le nom de « Conseil pour un capitalisme inclusif avec le Vatican » fondé en décembre dernier. Sur son site Web, le conseil est décrit comme suit :

« Le Conseil pour un capitalisme inclusif avec le Vatican (le « Conseil »), un nouveau partenariat historique entre certains des plus grands leaders mondiaux de l'investissement et du commerce et le Vatican, a commencé aujourd'hui. Cela symbolise l'urgence de joindre les impératifs moraux et les impératifs du marché de réformer le capitalisme en une force puissante pour le bien de l'humanité. »

Selon un communiqué de presse du conseil : « Le Conseil relève le défi lancé par le pape François d'appliquer les principes de moralité aux pratiques commerciales et aux pratiques d'investissements. Les organisations (membres) s'engagent à prendre des mesures concrètes pour créer un système économique plus équitable, plus durable et plus fiable. »

Aussi, les membres du Conseil « représentent plus de 10,5 billions de dollars d'actifs sous gestion, des entreprises avec une capitalisation boursière de plus de 2,1 billions de dollars et 200 millions de travailleurs dans plus de 163 pays. L'organisation met au défi les entreprises leaders de l'investissement et du commerce de toutes tailles d'adopter les principes directeurs du Conseil et de s'engager publiquement à les mettre en oeuvre. Ces actions collectives sont destinées à conduire à un changement général en faisant du capitalisme une plus grande force pour l'inclusion et la durabilité. »

Pour ce qui est des « Gardiens » – un concept on ne peut plus médiéval servant à décrire les défenseurs de ce club privé et ses objectifs – le pape François a dit : « Il est urgent de mettre en place un système économique qui soit équitable, digne de confiance et capable de relever les défis les plus profonds auxquels l'humanité et notre planète sont confrontées. Vous avez entrepris de relever le défi en cherchant des moyens de faire du capitalisme un instrument plus inclusif pour le bien-être intégral de l'homme. »

« Le capitalisme a créé une richesse immense dans le monde, mais il a également laissé trop de gens derrière, conduit à la dégradation de notre planète et il ne bénéficie pas de la confiance de tous », a déclaré Lynn Forester de Rothschild, fondatrice du Conseil et associée directrice d'Inclusive Capital Partners. Ce Conseil suivra l'avertissement du pape François d'écouter « le cri de la terre et le cri des pauvres » et de répondre aux demandes de la société pour un modèle de croissance plus équitable et durable », de dire cette femme membre par alliance des profits mal acquis de la fortune bancaire des Rothschild.

Ce serait cela la « grande réinitialisation » du « capitalisme de partenariat » pour sauver l'impérialisme. Pour réaliser la grande réinitialisation pour secourir l'impérialisme non seulement de la révolution mais de certains oligarques délinquants et rivaux, la toute récente administration Biden aux États-Unis a mis de l'avant le slogan « Build Back Better » (reconstruire mieux) dans le cadre d'un « Green New Deal » (nouveau pacte vert), ce que leurs homologues de l'Union européenne appellent un « Pacte vert pour l'Europe ».

Il va sans dire que la grande réinitialisation pour corriger les lacunes et les dysfonctionnements du néolibéralisme est organisée par la même élite qui domine le monde impérialiste depuis des décennies et qui a grandement resserré son emprise sur le monde depuis l'effondrement de l'Union soviétique et le début de cette période de repli de la révolution où la classe ouvrière n'a pas l'initiative. Comment peut-on s'attendre à ce qu'elle résolve les problèmes créés par elle et son système ? Rien ne peut changer au fait que l'impérialisme est le stade suprême du système capitaliste et ne peut être réformé ni réinitialisé pour changer d'allure ou pour changer son mobile de profits maximums, ni devenir autre chose qu'une forme d'exploitation qui sert à amasser et concentrer la richesse privée, le pouvoir et le privilège de classe par le biais de tonte de coupons, de corruption et de vols ouverts. Il sert les oligarques au pouvoir et exploite la classe ouvrière et la nature, et mène à des crises économiques récurrentes, des conflits, la guerre et la destruction.

La contradiction de base sous l'impérialisme entre une économie socialisée de production de masse industrielle et sa division en éléments séparés de propriété privée contrôlés par des impérialistes en concurrence qui exproprient la nouvelle valeur que les travailleurs produisent doit être résolue. Une nouvelle direction et une nouvelle forme doivent naître, avec des rapports de production qui correspondent au caractère socialisé de l'économie et ses forces productives modernes qui changent, se développent et se meuvent constamment et doivent fonctionner ensemble, en coopération, pour l'avantage et le développement réciproques et le bien-être des peuples.

Le développement constant des forces productives que le monde vit présentement, avec les 5G, les téléphones intelligents, l'internet des objets, l'intelligence artificielle et la production robotisée, nécessite le développement et le changement constants des rapports de production. Telle est l'histoire spontanée des êtres humains et de leur marche en avant vers une vie pleinement vécue pour tous, et la nécessité aujourd'hui d'entrer dans l'histoire consciente créée par les peuples et leur facteur humain/conscience sociale.

(Sources : Forum économique mondial et Conseil pour un capitalisme inclusif)

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À quoi s'attendre de la présidence Biden

L'assermentation de Joe Biden
Un poème de Sacha

Je visionne
Et je réfléchis

L'assermentation du 46e président des États-Unis d'Amérique
Prenant place dans le palais démocratique
Avec comme seul public des soldats

Joe Biden s'exclame :
« America is back »
Promettant la lumière pour l'Amérique
Promettant unité et espoir
Incarnant la seule solution à l'horreur

Avec les mêmes politiques économiques
Avec les mêmes objectifs impérialistes
Je ne peux m'empêcher de penser
Que c'est l'Amérique d'avant
Qui a créé le pire et nourri l'horreur

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Biden, la justice raciale et le rêve différé


Manifestation Black Lives Matter à Washington après la mort aux mains de la police de George Floyd, 6 juin 2020.

« Un appel à la justice raciale en gestation depuis 400 ans nous émeut. Le rêve d'une justice pour tous ne sera plus différé. »
- Discours d'investiture du président Joseph R. Biden, 20 janvier 2021

En 1951, le poète afro-américain Langston Hughes a écrit un poème sur ce thème qui a été publié plus tard dans son livre « Harlem » :

Qu'arrive-t-il à un rêve différé ?

Sèche-t-il
comme un raisin au soleil ?
Ou suppure-t-il comme une plaie 

Avant de couler ?
Est-ce qu'il pue comme de la viande pourrie ?
Ou bien se transforme-t-il en une croûte qui se couvre de sucre 

comme un bonbon sirupeux ?

Peut-être s'affaisse-t-il
comme un poids lourd.

Ou bien explose-t-il ?

« Nous pouvons instaurer la justice raciale », a déclaré le président Joe Biden dans son discours d'investiture. Il faut certainement se demander comment un ordre constitutionnel qui a toujours refusé de garantir la justice et l'égalité raciales pour tous les membres de la société va maintenant « instaurer la justice raciale ».

Joe Biden fait également référence à Abraham Lincoln et à la guerre civile en déclarant : « En un autre mois de janvier, le Jour de l'An 1863, Abraham Lincoln a signé la Proclamation d'émancipation. Lorsqu'il a posé sa plume sur le papier, il a dit, et je cite : « Si mon nom entre un jour dans l'histoire, ce sera pour cet acte, auquel mon âme est pleinement attachée. »

« Mon âme est pleinement attachée. » Aujourd'hui, en ce jour de janvier, voici ce à quoi mon âme est pleinement attachée : rassembler l'Amérique, unir notre peuple, unir notre nation. »

Mais Abraham Lincoln n'a pas tenu parole, dans le sens où la Proclamation d'émancipation de 1863 n'a pas émancipé les Afro-Américains réduits en esclavage – ils l'ont fait eux-mêmes, avec les travailleurs qui luttaient contre l'esclavage. Comme l'a dit le collègue de Langston Hughes, W.E. B. Dubois, la Guerre civile et la Reconstruction ont été une grève générale et un effort des travailleurs, noirs et blancs, du sud et du nord, pour faire avancer l'abolition de toutes les formes d'esclavage.

Des drapeaux remplacent des personnes à la cérémonie d'assermentation
de Joe Biden le 19 janvier 2021.

Joe Biden omet de préciser que l'épanouissement de la démocratie qui a eu lieu pendant la Reconstruction (1865-1877) a été brutalement écrasé par l'ordre constitutionnel, comme cela s'est produit à plusieurs reprises depuis lors, notamment lors des efforts déployés l'été dernier. Ou que James Madison, un des « hommes blancs propriétaires » qui ont rédigé la Constitution, a spécifiquement dit qu'il était nécessaire de la concevoir de telle sorte que la majorité, également appelée « populace » ou la « majorité des sans propriété », ne puisse pas prendre le pouvoir. C'est peut-être à lui que Joe Biden faisait référence lorsqu'il disait qu'aucune « foule d'émeutiers » ne pourra jamais « nous chasser de ce lieu vénéré... Cela ne se produira jamais. Ni aujourd'hui. Ni demain. Ni jamais. Ni jamais. ». C'est une déclaration que lui et les intérêts privés étroits qu'il représente ne céderont pas le pouvoir au peuple alors que c'est ce que l'histoire exige.

Le poème de Langston Hughes dit qu'un rêve différé explose. C'est peut-être cette explosion qui inquiète le plus Joe Biden. Il semble penser que la grande majorité accepte la restriction des rêves et les promesses creuses alors qu'elle a montré dans l'action qu'elle intensifie sa lutte organisée pour l'égalité et la responsabilité, en tant qu'êtres humains dans l'ici et maintenant.

(Voice of Revolution. Photos : T. Eytan, ajplus)

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Les premières mesures de Biden et
la résistance populaire


Manifestation à Washington à l'occasion du 4ème anniversaire du décret du président
Trump interdisant l'entrée aux États-Unis aux ressortissants étrangers de sept pays à prédominance musulmane, 27 janvier 2021

Joe Biden est devenu le 46e président des États-Unis à un moment où le mécontentement envers le gouvernement est généralisé. La résistance et les revendications de justice, d'égalité et de responsabilité se poursuivent, notamment dans des villes comme Seattle, Portland, New York et Washington.

Comme président, Biden a la responsabilité de protéger l'Union, les États-Unis, comme un tout uni, tout en préservant un ordre constitutionnel qui exclut le peuple du pouvoir. Son discours d'investiture et les premières mesures qu'il a prises visent précisément cet objectif. Ils visent les factions rivales des cercles dirigeants dont les conflits n'ont pas été résolus par l'élection. La mise en accusation, l'impasse au Congrès et le discours sur la nécessité de « combattre l'ennemi intérieur » sont des signes de conflits aigus entre les factions au pouvoir. De leur côté, les travailleurs continuent de parler en leur propre nom avec des slogans comme « Le vote est terminé, le combat continue », le déploiement de bannières et des actions organisées pour défendre les droits dont celui d'avoir un pouvoir de décision sur la direction de l'économie et du pays.


Organiser contre les expulsions, Kansas City, janvier 2021

Dans son discours d'investiture, Joe Biden a fait référence à plusieurs reprises à la guerre civile. Des membres de la Chambre des représentants, le sénateur Ted Cruz et plusieurs autres ont fait également référence à la guerre civile, comme dans les documents de mise en accusation. Joe Biden a parlé de la « résilience de la Constitution » et de son « nous, le peuple, qui recherchons une union plus parfaite ». Il a appelé les factions rivales à s'unir : « Nous pouvons unir nos forces, cesser de crier et baisser le ton. Car sans unité, il n'y a pas de paix; il n'y a que de l'amertume et de la fureur... Pas de nation, mais rien d'autre que le chaos. » Il a exprimé à plusieurs cette idée d'unité entre les dirigeants, parfois sur un ton de menace : « Mais écoutez-moi attentivement, un désaccord ne doit pas mener à la désunion. »

Cette « désunion » ne se manifeste pas parmi le peuple qui, dans tout le pays, montre son unité par les actions qu'il mène dans les villes, du sud au nord, de l'est à l'ouest, comme les manifestations après la mort de George Floyd, de Breonna Taylor et d'autres personnes. La désunion est la peur des cercles dirigeants que leur « union plus parfaite » ne se termine à nouveau par une guerre civile violente. C'est l'obsession morbide de la défaite et de la mort – que la démocratie américaine « disparaisse sous nos yeux », comme l'a dit Joe Biden.

De plus, que sans cette unité entre les cercles dirigeants, le gouvernement actuel des pouvoirs de police, avec sa violence et son anarchie, sera incapable de réprimer la résistance résolue et déterminée du peuple face aux impacts de la pandémie de la COVID-19, contre les expulsions, le chômage, la faim, la destruction de l'éducation.

Quand Joe Biden parle « des choses que nous aimons en commun » qui « nous définissent en tant qu'Américains », il ne fait pas référence au fait que la majorité exige les droits humains, l'égalité et la paix, mais aux vieilles promesses « d'opportunités, de sécurité, de liberté... » qu'il accompagne d'une autre menace, cette fois-ci contre le peuple à qui l'on dit qu'il a « le devoir et la responsabilité, en tant que citoyens, en tant qu'Américains... d'honorer notre Constitution et de protéger notre nation. »

Que deviennent alors les luttes du peuple pour instaurer des mécanismes qui lui permettent d'exercer un contrôle sur la police et les budgets, qui lui donnent le pouvoir de parler en son nom propre et de prendre les décisions sur toutes les questions qui touchent à sa vie ? Ses revendications doivent-elles être considérées comme « extrémistes » et « anti-américaines » ?

Les premières mesures prises par Biden dans ses décrets présidentiels sur l'immigration, la COVID-19 et l'environnement visent clairement à faire « baisser le ton » de la résistance et de la colère qui existent dans tous les États-Unis. Ces décrets comprennent un projet de loi de 1,9 billion de dollars pour maîtriser la pandémie de COVID-19 et un autre sur l'immigration qui vise à rallier les forces militantes derrière lui, en particulier les infirmières, les enseignants et les défenseurs des droits des immigrants, ainsi que tous ceux qui se battent pour que la vie des Noirs compte. Toutes ces forces s'organisent de manière indépendante et dirigent leurs actions vers la défense des droits et la mobilisation du peuple. Joe Biden cherche plutôt à les détourner et à restreindre la résistance au soutien de ses mesures.


Manifestation des travailleurs essentiels à New York, 26 janvier 2021

Un mois après le début de sa présidence, Joe Biden ne semble pas réussir à y parvenir. Si plusieurs se félicitent des décrets et de son plan et les considèrent comme un « début acceptable », ils expriment également leur manque de confiance quant à la concrétisation des promesses faites. Les infirmières et les autres travailleurs de première ligne ont déclaré que Joe Biden pouvait faire beaucoup plus en invoquant la Loi sur la production de défense pour fournir rapidement tous les équipements de protection individuelle et le matériel de test nécessaires à la santé et à la sécurité de tous.

Les défenseurs des droits des immigrants continuent leur lutte pour leurs revendications pour l'égalité des droits et un statut pour toutes et tous; le projet de loi de Biden ne contient pas ces revendications. Toutefois, plusieurs syndicats, des organisations de défense des droits et les jeunes s'organisent pour renforcer ensemble la résistance aux niveaux local et des États. Le sentiment général est que l'on ne peut pas compter sur le gouvernement et que ce sont les forces du peuple qui sont décisives pour apporter le changement nécessaire. Le fait que Joe Biden répète les anciennes promesses d'« instaurer la justice raciale » et de mettre fin aux « inégalités croissantes » en prenant quelques mesures initiales ne permettra pas de surmonter le manque de confiance général du peuple envers le gouvernement.

« Le vote est terminé, le combat continue »


St. Paul's, Minnesota, 30 janvier 2021

(Voice of Revolution. Photos: N. Aristizabal, K.C. Tenants, A. Azikwe, K. Lopez, Davis S.)

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L'appel à l'unité de Biden est contesté par des autorités rivales


Manifestation à New York le jour de l'investiture pour exiger le définancement de la police,
un moratoire sur les loyers et la dissolution des Services de l'immigration et des douanes,
20 janvier 2021.

Il est clair que le président Joe Biden a du mal à établir son autorité, notamment sur le recours à la force, alors que les conflits entre et parmi l'Exécutif, les Forces armées et les États persistent. Par exemple, le Texas a intenté une action en justice contre le décret présidentiel de Joe Biden « mettant en pause » les expulsions pendant 100 jours. Le gouverneur et le procureur général du Texas sont les mêmes personnes qui avaient intenté des poursuites qui ont opposé les États les uns aux autres dans le conflit sur les résultats des élections. Un juge fédéral du Texas a statué en faveur des demandeurs et a émis un mandat national pour la poursuite des expulsions.

Un des objectifs du décret de Joe Biden, en plus d'essayer de gagner le soutien des militants, est d'exercer un contrôle sur les autorités de l'État, ainsi que sur la Police de l'immigration et de la douane (ICE) et la Patrouille frontalière, tous deux connues pour avoir soutenu Donald Trump et s'être livrées à de multiples actions illégales et inhumaines à la frontière.

Le Texas a également retiré sa Garde nationale de Washington, tout comme le New Hampshire, la Floride et le Montana. Pour ces États, c'est un moyen d'affirmer leur autorité sur ces troupes, qui sont une force armée importante qui est sous les ordres des gouverneurs des États et non la présidence.

La mobilisation de 20 000 soldats de la Garde nationale par le Pentagone qui a transformé le Capitole de Washington en un camp armé avant l'investiture était un message envoyé à Joe Biden pour lui dire de respecter l'armée. Les membres de la Garde nationale sont mobilisés par le président avec le consentement des gouverneurs d'État. Quand ils sont déployés dans le District de Washington ils sont sous le commandement du Pentagone. Environ 7 000 soldats de la Garde nationale sont restés déployés jusqu'au 6 février et 5 000 d'entre eux le resteront jusqu'à la mi-mars.

Comme un signal aux forces armées, Joe Biden a choisi un général de l'armée, Lloyd Austin, qui a commandé des troupes dans les guerres contre l'Irak et l'Afghanistan, comme son secrétaire de la Défense. Puisqu'il n'est à la retraite que depuis quatre ans, il a eu droit à une permission spéciale du Congrès pour servir dans un poste civil de haut niveau. Il est très peu probable que cela aide à unir les forces en présence dans les forces armées et la bureaucratie militaire, dont la rivalité sur les questions d'approvisionnement et de marchés et de déploiement est très féroce.

On sait également que le FBI a affirmé son autorité par rapport aux forces armées en faisant vérifier tous les soldats déployés à Washington et en a retiré 12 soupçonnés d'être des « extrémistes ». Le FBI mène également des « enquêtes » similaires sur des membres du Congrès qui auraient participé à l'« insurrection » de Trump. À son grand embarras, il a été révélé au cours de ce processus qu'un de ses propres agents est le chef des « Proud Boys » – le groupe raciste, hitlérien qui a joué un rôle prépondérant dans le saccage du Capitole à Washington le 6 décembre 2021.

Toutefois, le plus inquiétant maintenant que le FBI cherche à affirmer son autorité dans plusieurs sphères, est de savoir qui pousse le FBI et s'il sera maintenant utilisé pour cibler des élus, certains membres des forces armées et d'autres personnes qui revendiquent le pouvoir et l'autorité d'une manière jugée abusive par qui cherchent à exercer le monopole de l'usage de la force, tant au pays qu'à l'étranger.

Une des caractéristiques de la situation actuelle est la rivalité des différentes autorités policières, des États, fédérales et militaires pour obtenir plus de pouvoir. Loin de s'unir derrière Joe Biden et d'accepter son autorité sur le monopole de l'usage de la force, elles contribuent à la « désunion » dont Joe Biden parle avec inquiétude.

Tout cela vient confirmer que l'ordre constitutionnel existant et son ordre administratif ne peuvent pas résoudre les problèmes qui préoccupent le plus le peuple comme l'égalité, le bien-être de l'environnement, les droits humains, la guerre et la paix. Les anciens arrangements fondés sur la propriété ne peuvent pas répondre à l'exigence moderne d'égalité, qui comprend la revendication d'un statut politique et social égal pour tous les êtres humains et la reconnaissance des droits du fait de leur humanité. La résistance actuelle du peuple montre que c'est sa lutte pour les droits et une démocratie moderne qui lui donne le pouvoir, qui l'unit et lui ouvre la voie.

Ce n'est donc pas pour rien que le FBI soit également coauteur du récent Bulletin qui définit les « extrémistes » comme étant tous ceux qui mènent des actions « pour atteindre des ordres du jour politiques et/ou sociaux, qui semblent dérivés d'un sentiment antigouvernement ou anti-autorité, incluant l'opposition à ce qui est perçu comme des hiérarchies économiques, sociales ou raciales, ou une intervention excessive, de la négligence ou de l'illégitimité de la part du gouvernement. »

Les forces du peuple qui organisent la résistance à l'injustice et exigent l'égalité, la fin de l'impunité policière et la paix savent qu'elles seront certainement plus ciblées à cause de cette définition de l'extrémisme que les groupes d'extrême droite incités et organisés par l'État qui, comme l'expérience le montre, sont incapables de s'organiser sans le soutien et l'appui de l'État.

La vigilance est de mise.


Manifestation à San Francisco en Californie le jour de l'investiture, 20 janvier 2021

(Voice of Revolution. Photos : A.M Aune, Sunrise Bay Area Movement)

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L'insécurité alimentaire aux États-Unis et la nécessité d'une nouvelle direction de l'économie

L'insécurité alimentaire fait partie intégrante des conditions sociales aux États-Unis. Les niveaux élevés d'insécurité alimentaire parmi les ménages américains pendant la pandémie sont une indication de la gravité de la crise économique actuelle. L'insécurité alimentaire est une autre indication que la direction actuelle de l'économie américaine sous le contrôle d'une oligarchie extrêmement riche ne peut pas résoudre ses problèmes et subvenir aux besoins du peuple. L'objectif des oligarques mondiaux qui est de faire le profit privé maximum entre en contradiction avec l'objectif nécessaire d'une économie socialisée et d'un pays moderne d'investir le peuple du pouvoir de décision afin qu'il puisse lui-même résoudre les problèmes qui l'affecte et rediriger l'énorme force productive de l'économie vers la satisfaction de ses besoins et la garantie des ses droits humains.

Le Projet Hamilton a mené des études répétées auprès de familles en 2020 sur l'insécurité alimentaire pendant la pandémie et les a combinées à d'autres ressources du Bureau du recensement des États-Unis. Il établit un rapport entre l'insécurité alimentaire croissante et la perte de revenu due au chômage ou à la réduction des heures de travail, et l'absence de programmes d'assistance nutritionnelle. Le projet affirme que « l'insécurité alimentaire est à la rencontre de l'économie et de la santé ». Les enquêtes révèlent qu'un nombre alarmant de ménages américains « ne disposent pas de ressources suffisantes pour fournir une nutrition adéquate à ses membres ».

Les enquêtes et les chiffres rapportés révèlent qu'environ 50 % de toutes les familles américaines avec des enfants en âge scolaire et 44 % des familles avec des enfants en dessous de l'âge scolaire ont subi une perte de revenu pendant la pandémie. La perte de revenus et l'insécurité croissante quant à l'avenir ont exacerbé le problème persistant de l'insécurité alimentaire aux États-Unis. La NPR (la chaîne nationale de stations de radiodiffusion non commerciales des États-Unis) cite les conclusions de l'Université Northwestern pour 2020 selon lesquelles « l'insécurité alimentaire a plus que doublé en raison de la crise économique provoquée par l'épidémie ». Près d'un ménage sur quatre a connu l'insécurité alimentaire en 2020.

L'élite dirigeante actuelle aux États-Unis, quel que soit le parti politique de cartel qui détient le pouvoir politique au niveau local ou national, a montré dans la pratique qu'elle n'est pas disposée à résoudre les problèmes de pauvreté, de chômage, de crises économiques récurrentes et d'insécurité alimentaire. Du point de vue du peuple, ils ont démontré qu'ils sont « inaptes à gouverner » !

Les conditions sociales, économiques et politiques exigent une nouvelle direction où le peuple investi du pouvoir résout lui-même les problèmes qui le touchent. Il n'y a aucune raison ou excuse dans le monde pour qu'un grand pays doté de vastes possibilités agricoles et d'une économie développée de production industrielle de masse qui comprend des fermiers et des travailleurs modernes expérimentés ne puisse pas répondre aux besoins alimentaires de son peuple et garantir ses droits fondamentaux.

La discussion et l'organisation ont permis de commencer à mettre en place une direction prosociale pour l'économie et le pays avec un engagement envers le renouveau démocratique afin d'investir le peuple du pouvoir de décider pour qu'il puisse résoudre les problèmes qui affectent la vie de tous, d'arrêter de payer les riches, d'augmenter les investissements dans les programmes sociaux, de mettre en place un gouvernement et une économie antiguerre, de rapatrier maintenant les troupes américaines et tout l'équipement militaire, et d'affirmer et de garantir les droits humains du peuple.

Les enquêtes du Projet Hamilton

Les enquêtes ont révélé que 10 % des parents d'enfants de cinq ans et moins déclarent que leurs enfants n'ont pas suffisamment de nourriture et qu'ils n'ont pas les ressources pour en acheter plus. Pour de nombreuses familles avec des enfants d'âge scolaire, le problème de la sécurité alimentaire est aggravé par la cessation des cours à l'école, ce qui entraîne une perte supplémentaire des programmes de petit-déjeuner et de lunch à l'école.

Le Projet Hamilton écrit dans son rapport : « L'insécurité alimentaire est un indicateur avancé de la détresse économique; l'insécurité alimentaire a tendance à augmenter avant que les taux de pauvreté ne les rattrapent. Les familles à faible revenu avec enfants sont plus susceptibles d'avoir subi une perte de revenu (en 2020) et plus susceptibles d'avoir une perte de revenu qui coïncide avec une déclaration de très faible sécurité alimentaire parmi les enfants du ménage.

« Depuis le début de la pandémie de la COVID-19, l'insécurité alimentaire a augmenté aux États-Unis. La figure 1 montre qu'en 2020, l'insécurité alimentaire de tous les ménages et les ménages avec enfants est restée élevée par rapport aux niveaux de 2019 et aux niveaux d'insécurité alimentaire signalés pendant la grande récession (2008-09). »


Figure 1 (cliquer pour agrandir)

La figure 2 montre une hausse marquée depuis mars 2020 des parents qui déclarent que « leurs enfants ne mangent pas suffisamment en raison d'un manque de ressources » et des mères en particulier qui disent que « c'était parfois ou souvent le cas que ‘les enfants de mon ménage ne mangent pas assez parce que nous ne pouvions tout simplement pas nous permettre assez de nourriture' ».


Figure (cliquer pour agrandir)

Selon l'« Enquête auprès des mères avec de jeunes enfants » du Brookings Institution, 12 % des mères qui n'ont que des enfants de 5 ans et moins ont déclaré en avril 2020 que leurs enfants n'avaient pas assez à manger. Ce pourcentage est tombé à 10 % en octobre et novembre après un léger rebond de l'économie et la réouverture de certaines écoles.

Un sondage éclair mené par le Bureau du recensement des États-Unis, « qui a un échantillon plus large et qui interroge les mères et les pères », a trouvé des résultats similaires à ceux de l'enquête ci-haut pour les parents qui ont des enfants d'âge préscolaire (12 à 10 % d'insécurité alimentaire). Cependant, 17 % des parents ayant des enfants de tous âges ont déclaré en juin qu'eux-mêmes et leurs enfants n'avaient pas assez à manger. Ce chiffre est tombé à 12 % dans un sondage éclair d'octobre.

Le Projet Hamilton affirme que le nombre de parents qui rapportent que leurs enfants n'ont pas assez à manger en 2020 « est assez élevé par rapport aux normes historiques ». On y mentionne qu'« une caractéristique typique des récessions est que ceux qui avaient moins de moyens avant le ralentissement de l'activité économique souffrent davantage pendant les périodes de ralentissement et pendant plus longtemps. En effet, la perte d'un emploi ou d'un revenu, ainsi que l'instabilité des arrangements pour la garde des enfants sont associées à l'apparition de l'insécurité alimentaire. La récession provoquée par la pandémie de la COVID-19 est également susceptible d'augmenter encore plus l'insécurité alimentaire : la perte des services de garde d'enfants, ainsi que des repas fournis gratuitement ou à prix réduit à l'école en plus des mesures de distanciation sociale qui limitent les déplacements à l'extérieur du domicile.

« Au cours de la pandémie de la COVID-19, les familles à faible revenu avec enfants ont été les plus susceptibles d'avoir perdu des revenus en 2020. Environ 50 % des familles avec des enfants d'âge scolaire et 44 % des familles avec seulement des enfants qui ne sont pas en âge d'être scolarisés, ont déclaré en octobre 2020 qu'ils avaient subi une perte de revenu pendant la pandémie. Parmi les parents ayant déclaré que leurs enfants n'avaient pas suffisamment de nourriture, 73 % des parents d'enfants d'âge scolaire et 71 % des parents d'enfants plus jeunes ont également déclaré une perte de revenu. [...]

« Un tiers des ménages avec enfants dont le revenu en 2019 était supérieur à 150 000 $ ont déclaré une perte de revenus (en 2020), environ 60 % des familles gagnant moins de 50 000 $ en 2019 se sont retrouvés dans cette situation. Un tiers des ménages avec enfants qui gagnent moins de 25 000 dollars par an ont signalé un très faible niveau de sécurité alimentaire parmi leurs enfants. En plus de la relation directe entre la diminution du pouvoir d'achat et le manque de nourriture pour les enfants, la perte de repas préparés à l'école, les problèmes de la chaîne d'approvisionnement et la hausse des prix des denrées alimentaires rendent plus difficile de respecter un budget. »

L'organisme mentionne : « Une nutrition inadéquate et un accès limité à la nourriture ont des conséquences immédiates et à long terme sur la santé. Les enfants nés dans des ménages en situation d'insécurité alimentaire risquent des malformations congénitales, et les enfants vivant dans des ménages en situation d'insécurité alimentaire ont tendance à avoir une qualité sanitaire moindre, des taux d'asthme plus élevés, des régimes alimentaires moins nutritifs, de l'anémie et des problèmes cognitifs et comportementaux qui affectent le bien-être et le rendement scolaire.

« Au cours des cinq premières années de la vie – les années fondamentales du développement cérébral et physique – l'insécurité alimentaire entrave directement et indirectement un développement sain. Que les parents ayant des enfants de moins de cinq ans signalent des taux si élevés d'insécurité alimentaire parmi leurs enfants, soit près de 10 % dans deux enquêtes menées en octobre, est une préoccupation publique urgente.

« La détérioration des conditions économiques causée par la pandémie de la COVID-19 a rendu encore plus difficiles pour de nombreux ménages à faible revenu, y compris ceux avec des enfants, les achats d'épicerie. »

En mai 2020, le Projet Hamilton a mené une vaste étude auprès des familles avec enfants pour enquêter sur l'insécurité alimentaire depuis le début de la pandémie de la COVID-19. Il a « posé des questions validées tirées du questionnaire sur la sécurité alimentaire provenant du département américain de l'Agriculture (USDA). Les ménages et les enfants sont considérés être en situation d'insécurité alimentaire si le répondant indique que les affirmations suivantes étaient souvent ou parfois vraies : ‘La nourriture que nous avons achetée n'a tout simplement pas duré et nous n'avions pas assez d'argent pour en avoir plus. Les enfants de ma famille ne mangeaient pas assez parce que nous n'avions tout simplement pas les moyens de nous nourrir adéquatement.' »

Concernant cette enquête et d'autres faites durant cette même période, le projet rapporte que « la figure 1 illustre les niveaux élevés d'insécurité alimentaire observés dans l'enquête d'impact de la COVID et dans l'enquête sur les mères avec de jeunes enfants. À la fin du mois d'avril, plus d'une personne sur cinq aux États-Unis, et deux ménages sur cinq dont la mère avait des enfants de 12 ans et moins, étaient en situation d'insécurité alimentaire. Dans près d'un ménage sur cinq, composé de mères ayant des enfants de 12 ans et moins, les enfants étaient en situation d'insécurité alimentaire.

« Les taux d'insécurité alimentaire observés en avril 2020 sont également significativement plus élevés qu'à tout autre moment pour lequel il existe des données comparables (2001 à 2018; figure 2). En regardant au fil du temps, en particulier l'augmentation relativement faible de l'insécurité alimentaire chez les enfants pendant la grande récession (2008-09), il est clair que les jeunes enfants connaissent une insécurité alimentaire sans précédent dans les temps modernes.

« Dans l'enquête sur les mères avec de jeunes enfants, 17,4 % des mères d'enfants de 12 ans et moins ont déclaré que depuis le début de la pandémie, ‘les enfants de mon ménage ne mangeaient pas assez parce que nous n'avions tout simplement pas les moyens de se nourrir'. Parmi ces mères, 3,4 % ont déclaré que leurs enfants ne mangeaient pas suffisamment en raison d'un manque de ressources depuis le début de la pandémie du coronavirus. [...]

« Mais les réponses à cette seule question ne permettent pas à elles seules de saisir pleinement l'insécurité alimentaire des enfants. Pour estimer l'insécurité alimentaire, l'USDA regroupe une série de questions sur l'accès à la nourriture tirées de l'enquête actuelle sur la population. Au total pour 2018, 7,4 % des mères ayant des enfants de moins de 12 ans avaient des enfants en situation d'insécurité alimentaire dans leur ménage, soit plus du double de la proportion qui a déclaré que les enfants de leur ménage ne mangeaient pas assez parce qu'ils n'avaient pas les moyens de se nourrir suffisamment (3,1 %). Si le rapport entre cette seule question et la mesure globale de l'insécurité alimentaire des enfants devait se maintenir aujourd'hui, 17,4 % des enfants qui ne mangent pas suffisamment se traduirait par plus d'un tiers d'enfants en situation d'insécurité alimentaire.

« L'enquête auprès des mères de jeunes enfants a révélé que 40,9 % des mères d'enfants de 12 ans et moins ont signalé une insécurité alimentaire dans leur foyer depuis le début de la pandémie de la COVID-19. C'est plus élevé que le taux rapporté par tous les répondants ayant des enfants de moins de 12 ans dans l'enquête d'impact de la COVID (34,4 %) mais le même que celui des femmes de 18 à 59 ans qui vivent avec un enfant de 12 ans et moins (39,2 %).

« En 2018, 15,1 % des mères d'enfants de 12 ans et moins ont répondu par l'affirmative à cette question dans le Supplément de sécurité alimentaire (FSS), un peu plus que les 14,5 % qui étaient en situation d'insécurité alimentaire selon l'enquête complète. La proportion de mères ayant des enfants de 12 ans et moins qui ont déclaré que la nourriture qu'elles achetaient ne durait pas a augmenté de 170 %.

« De 2018 à aujourd'hui, l'insécurité alimentaire dans les ménages avec des enfants de moins de 18 ans a augmenté d'environ 130 %. En utilisant l'enquête d'impact de la COVID, je (Lauren Bauer, directrice générale du projet Hamilton) constate que 34,5 % des ménages avec un enfant de 18 ans et moins étaient en situation d'insécurité alimentaire à la fin d'avril 2020 ». [...]

« Les niveaux élevés d'insécurité alimentaire ne sont pas seulement un problème des ménages avec enfants. Avant la crise, en 2018, 11,1 % des ménages étaient en situation d'insécurité alimentaire et 12,2 % ont répondu par l'affirmative à une seule de la série de questions. L'enquête de suivi de la réforme de la santé de l'Urban Institute, menée sur le terrain du 25 mars au 10 avril, a utilisé le formulaire abrégé de six questions sur l'insécurité alimentaire et a révélé que 21,9 % des ménages avec des adultes qui ne sont pas des aînés étaient en situation d'insécurité alimentaire. À la fin du mois d'avril 2020, 22,7 % des ménages ont déclaré dans l'enquête d'impact de la COVID ne pas disposer de ressources suffisantes pour acheter plus de nourriture lorsque la nourriture qu'ils ont achetée ne durait pas. Les taux d'insécurité alimentaire des ménages dans leur ensemble ont effectivement doublé ». [...]

« De nouvelles enquêtes nationales représentatives menées depuis le début de la pandémie montrent que les taux d'insécurité alimentaire dans l'ensemble, parmi les ménages avec enfants et parmi les enfants mêmes sont plus élevés qu'ils ne l'ont jamais été. »

(Toutes les citations, tous les résultats, les chiffres, les figures et la méthodologie de l'enquête, se retrouvent dans « Hungry at Thanksgiving : A Fall 2020 Update on Food Insecurity in the U.S. », ainsi que le projet Hamilton et d'autres articles dans cette série et sont traduits de l'anglais par LML.)

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Les fermiers indiens

La Journée des fermières rend hommage à leur rôle aux premières lignes de la lutte des fermiers indiens pour leurs droits

Le 18 janvier, le 55e jour des manifestations des fermiers à la frontière de Delhi a été souligné par la tenue de la Mahila Kisan Diwas (Journée des fermières), pour rendre hommage à la contribution des femmes à la mobilisation pour exiger que soient abrogées les lois agraires. Au cours de la journée, il y a eu la participation massive de femmes dans plus de 300 districts de l'Inde, avec de grands rassemblements et des rassemblements de tracteurs, dont certains contre les membres du gouvernement central de leurs régions. Les femmes au campement principal à la frontière de Tikri ont organisé divers événements pour souligner la journée.

La journée pour rendre hommage au rôle des femmes aux premières lignes des manifestations a été organisée en partie pour défier la déclaration faite le 11 janvier par le juge en chef de l'Inde, S.A. Bobde, au procès sur les lois agraires. Il avait alors demandé pourquoi les femmes et les aînés étaient « retenus » dans les rassemblements, et conseillait qu'ils devraient être « persuadés » de retourner à la maison, brandissant aussi la menace d'un décret des tribunaux.

Depuis l'été, les femmes ont été très actives dans la mobilisation de leurs villages contre les lois agraires. Pendant que de plus en plus de femmes se joignent aux campements de manifestants aux frontières de Tikri et de Singhu, plusieurs autres continuent d'organiser dans les régions locales ainsi que de travailler sur leur ferme familiale tandis que d'autres membres de la famille participent aux activités aux frontières de Delhi.

De jeunes étudiantes, les filles de fermiers, font leur part pour sensibiliser le public par les réseaux sociaux et en organisant des discussions dans les villages, encourageant les femmes à participer aux manifestations. Aux frontières de Tikri et Singhu, elles sont souvent à l'avant-scène pour parler aux manifestants.

Des femmes plus âgées ont aussi participé aux manifestations. L'une d'elles, dans un campement sur la frontière de Delhi, a dit aux journalistes : « Je n'avais jamais participé à une manifestation avant aujourd'hui, mais je donnerais volontiers ma vie pour ma terre et pour ma génération future... Nous allons nous battre pour nos droits. »

Les femmes seront particulièrement touchées par les nouvelles lois agraires. Selon un rapport d'Oxfam de 2018, 80 % des toutes les femmes économiquement actives se retrouvent dans l'industrie agraire  – 33 % d'entre elles en tant que manoeuvres agricoles et 48 % en tant que fermières autonomes. « Elles sont essentielles à l'agriculture. Elles sont au coeur des semences, de la transplantation, des récoltes, de la transformation alimentaire et davantage. » Selon le rapport d'Oxfam, des 85 % de femmes des régions rurales travaillent en agriculture mais seulement 13 % d'entre elles possèdent une terre.


Camp à la traversée de Singhu, à Delhi


Katehda, Pendjab

Vishakapatnam

Uttarakhand

(Photos: jaitrejait, Bharti Kisan Union, Sukhvir, NBT Dilli, A. Kaur, M. Sanghamitra, MAKAAM)

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Par millions, les fermiers poursuivent
vaillamment leur lutte pour l'abrogation des lois agraires néolibérales


Des fermiers sont accueillis par la population de Delhi à leur arrivée lors de la caravane des tracteurs du Jour de la république, le 26 janvier 2021.

Le 26 janvier, le Jour de la République de l'Inde, les yeux du monde n'étaient pas tournés vers les cérémonies solennelles habituelles qui se déroulent à cette date au Fort Rouge, à Delhi, mais bien sur la procession des tracteurs des centaines de milliers de fermiers sur les routes de Delhi, déclarant qu'ils sont le public dans la « République » indienne. Ils ont aussi déclaré qu'ils sont les véritables patriotes parce que ce sont eux qui nourrissent le pays en entier. Malgré tout, les représentants de l'élite dirigeante et leurs médias continuent de les traiter d'« antinationaux », de « terroristes », de « maoïstes », de « Khalistanis » et d'autres épithètes qui servent à faire passer les fermiers pour des criminels. Dans la procession des tracteurs, il y avait des chars allégoriques qui montraient la vie des fermiers et des travailleurs de toute l'Inde. « C'est définitivement un moment mémorable. Les fermiers et les travailleurs écrivent l'histoire », a dit quelqu'un au sujet de l'événement. Des milliers de fermiers dans d'autres capitales et villes partout en Inde ont aussi organisé des processions de tracteurs et des manifestations pour exiger l'abrogation des lois agraires antisociales que le gouvernement central a adoptées.

À Uttar Pradesh, la police a lancé des avertissements en vertu de l'article 149, une disposition coloniale, aux fermiers propriétaires de tracteurs, les ordonnant de ne pas prendre la route avec leurs tracteurs du 23 au 26 janvier, afin de « protéger les enfants sur la route ». Mais les fermiers dans leurs milliers ont défié ces avertissements et se sont rendus à Delhi. Le gouvernement a aussi ordonné que les détaillants de diesel ne vendent pas de diesel aux fermiers. Ceux-ci ont riposté en mettant sur pied leurs propres approvisionnements de diesel. Des rassemblements et des manifestations ont eu lieu partout dans le monde devant les commissariats de l'Inde en appui aux fermiers et à leurs justes revendications.

Tout est mis en oeuvre pour discréditer les fermiers. Lors de la procession de tracteurs le Jour de la République, la police a organisé une provocation impliquant un petit groupe de fermiers qui se seraient détachés du défilé principal pour passer à travers les barricades et se rendre jusqu'au Fort rouge où ils ont hissé le drapeau des fermiers et des gurus sikhs. Sans surprise, le gouvernement a immédiatement profité de l'incident pour imposer d'autres mesures policières aux fermiers et à leurs sympathisants. Les dirigeants des fermiers ont condamné l'action, déclarant qu'elle était menée par des agents provocateurs liés de près au parti au pouvoir, le BJP. L'un d'eux avait déjà été vu dans une photo prise avec le premier ministre Modi. On rapporte aussi qu'un fermier a été abattu par la police et que certains policiers ont été blessés dans des confrontations au Fort rouge. Les médias monopolisés se sont époumonés à démoniser la marche des fermiers, se servant de quelques incidents isolés pour détourner l'attention de la justesse de la cause des fermiers et des nombreux millions qui la font leur.

Pour empêcher les fermiers de se rassembler à Delhi, les trains en route pour Delhi ont soit été arrêtés ou détournés de leur itinéraire, au nom de problèmes techniques. Des murs et des barricades de ciment ont été érigés suite à des ordonnances du gouvernement central. La plus récente mesure du gouvernement central est d'ordonner à la police et au gouvernement de Delhi de bloquer les provisions d'eau, d'aliments, de produits hygiéniques et de produits essentiels envoyés par des gens des États avoisinants pour empêcher les fermiers qui sont au coeur de cette manifestation héroïque sans précédent de les recevoir. Les fermiers ont répondu que ces mesures illégales ne les décourageraient pas d'obtenir l'abrogation des lois agraires antisociales et néolibérales.

Les fermiers ont marché jusqu'au Lok Sabha, le parlement, durant la session sur le budget qui a débuté le 29 janvier. Les syndicats des fermiers ont annoncé un chakka national le 6 février, lorsqu'ils comptent bloquer les autoroutes nationales et d'États pendant trois heures pour contester le refus d'accès à l'internet dans les régions avoisinantes de leurs sites d'activités, le harcèlement par les autorités, et d'autres préoccupations.

A la frontière de Ghazipur, le leader du BKU, Rakesh Tikait, a déclaré que les barricades de la police ne pouvaient pas arrêter les agriculteurs et qu'ils étaient prêts à poursuivre leurs protestations aussi longtemps que nécessaire. « Les pourparlers avec le gouvernement vont se poursuivre, ce taarbandi (barricade) va également se poursuivre. On nous a dit que personne ne pourra sauter par-dessus ces barricades. Ce mouvement est celui des pauvres. Le roi est en train de fortifier ce lieu, mais nous sommes prêts jusqu'en octobre-novembre. Cette manifestation ne s'arrêtera pas de sitôt, a déclaré M. Tikait. L'abrogation des lois est la seule issue. »

Dans une déclaration, le Samyukta Kisan Morcha (SKM) souligne : « L'augmentation des barricades, y compris le creusement de tranchées, la fixation de clous sur les routes, les clôtures en fil de fer barbelé, la fermeture des routes intérieures, l'arrêt des services Internet, l'orchestration des protestations et leur facilitation par les travailleurs de la BJP-RSS, le détournement des trains et leur arrêt avant les gares de destination font tous partie des multiples attaques organisées par le gouvernement, sa police et son administration contre les agriculteurs qui protestent. »

« D'un côté, le premier ministre dit que la solution ne tient qu’à un coup de téléphone, mais de l'autre, le gouvernement fait de son mieux pour bloquer les sites de protestation, couper les installations et gêner le public », poursuit la déclaration.

À la frontière de Singhu, les leaders paysans ont exigé la libération des 122 personnes arrêtées par la police de Delhi, les accusant de violences liées aux événements du Jour de la République. Darshan Pal, de SKM, a déclaré : « La police de Delhi a publié la liste des 122 agitateurs (militants) qui ont été mis en garde à vue. Nous demandons leur libération immédiate. Nous condamnons également les attaques et les arrestations de journalistes qui couvrent le mouvement. » Interrogé sur les tactiques de la police, Pal a dit : « S'assurer que davantage de personnes ne se joignent pas (aux protestations), couper le fonctionnement coordonné de la Morcha, projeter des images de violence pour que les gens ordinaires restent à l'écart, et sévir contre les manifestants par des accusations et des arrestations fabriquées de toutes pièces, alors que les vrais éléments criminels restent impunis sans aucune arrestation ni action concrète de la police jusqu'à présent, tout cela montre que le gouvernement a très peur du soutien grandissant que reçoit le mouvement. »  Il a ajouté qu'ils sont préoccupés par le fait que de nombreuses personnes sur les sites de protestation ont « disparu ».

Le Samkyukt Kisan Morcha (SKM), une organisation-cadre représentant tous les syndicats qui font partie de la manifestation, a informé que les comptes Twitter du Kisan Ekta Morcha et du nom d'utilisateur « Tractro2Twitter » avaient été coupés. Le dirigeant de Swaraj Abhiyan, Yogendra Yadav, a dit que les mesures contre les comptes Twitter avaient été prises « à la demande des autorités gouvernementales ». Il a aussi dénoncé le fait que le budget de l'Union de 2021 avait réduit les allocations au secteur agricole.

Balbir Singh Rajewal, un dirigeant agricole du Pendjab, et membre du SKM, a dit aux journalistes que les modalités du « Chakka Jam » du 6 février seront décidées après que les divers syndicats en auront discuté unanimement, y compris ceux qui manifestent à la frontière Ghazipur, le nouveau point de convergence du mouvement des fermiers contre les nouvelles lois agraires, selon The Wire. Rajewal a dit à la conférence de presse qu'un grand nombre de personnes avaient été « détenues par la police » et que des mesures juridiques initiales avaient été prises contre plusieurs personnes, y compris un journaliste. « Notre manifestation du 6 février sera aussi pour dénoncer le harcèlement que subissent les journalistes qui tentent de dire la vérité sur ce qui se passe sur le terrain ainsi que les restrictions sur Twitter », a-t-il dit.

Jusqu'ici, les fermiers ont développé plusieurs autres formes de contestation pour montrer qu'ils ne se laissent pas décourager. Ils sont unis dans leur revendication que les lois agraires soient abrogées : Loi sur l'échange de production et le commerce des fermiers (promotion et facilitation) 2020; Loi sur l'Entente des fermiers (responsabilisation et protection) sur l'assurance de prix et les services agricoles 2020; et Loi sur les produits essentiels (amendement) 2020.

Une explosion de chansons, poèmes, pièces de théâtre,
tableaux et autres formes d'art


Une autre caractéristique dominante de cette manifestation historique est l'explosion de chansons, poèmes, pièces de théâtre, tableaux et autres formes d'art inspirées par le mouvement des fermiers partout en Inde et dans le Pendjab de l'Est et de l'Ouest. Plusieurs d'entre eux parlent de Sidak – Fidélité à la cause; Sabar – Discipline, Patience – et Ekta –Unité. Une des chansons qui est maintenant très populaire est :

Asin Padhange Kisan Mazdoor Ekta
Tera Honna Chhutkara Zindabad Bolke

(Nous soutenons l'unité des fermiers et des travailleurs —
On ne peut se sauver soi-même qu'en criant Longue vie !)


Asin Izaatan De Rakhayan Di Qom Hakima
Tainun Sharam Na Ayee Atwadi Bolke

(Nous sommes les défenseurs de la dignité- Écoutez, vous qui gouvernez —
Vous devriez avoir honte de nous traiter de terroristes)


Zindabad, Zindabad,Zindabad
Tainun Dilliye Ekath Eh Preshan Karuga
Faslan De Faisle Kisan Karuga

(Écoute Delhi ! Notre unité est un problème pour vous –
C'est au fermier de décider de ses récoltes)

Un enfant de sept ans a chanté cette chanson avec beaucoup de voix et de ferveur sur une scène et des milliers d'hommes et de femmes se sont mis à chanter avec lui en levant les deux bras vers le ciel en criant Zindabad, Zindabad, Zindabad. (Longue vie, Longue vie, Longue vie).

Une autre chanson déclare :

Sade Layi Kile Ban gayian ,Sadkan Ne Patshah
Barse Koi Noor Ilahi Dilli De border Te
Ose Hi Rah Te Tur Paye Put Tegh Bahadur De
Barse Koi Noor Ilahi Dilli De Border Te

(Pour nous, les chemins et les routes sont devenus des forteresses
— Une lumière divine descend sur notre campement à la frontière de Delhi
— Les fils de Tegh Bahadur marchent à nos côtés, sur le même chemin)

Cette chanson évoque la mémoire de Guru Tegh Bahadur, Guru Gobind Singh, ses quatre fils et sa mère, qui sont tombés en martyrs dans la lutte contre la tyrannie. Des centaines de chansons, de poèmes et de pièces de théâtre évoquent les luttes des fermiers et de tous les travailleurs. Plusieurs d'entre d'elles invoquent la lutte contre les Britanniques. Les chansons et les poèmes pendjabis évoquent la mémoire de la lutte pluri-centenaire du Pendjab contre Delhi.








(Sources : correspondants de Delhi, The Wire et autres communiqués de presse importants des syndicats des fermiers. Photos: A. Kaur, U.A. Awan, Mansi Kaur, Robo Human, Sanchit, Badesha, S. Bhadoriya, Gulish News, P. Kumar)

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L'Union nationale des fermiers du Canada est solidaire des agriculteurs indiens

La déclaration de l'Union nationale des fermiers (NFU) et le document d'information ont été publiés au début de décembre 2020.

L'Union nationale des fermiers est solidaire des agriculteurs indiens, qui continuent de protester contre les nouvelles lois agricoles officiellement adoptées en septembre. Cette réforme de l'agriculture sapera effectivement les prix garantis que les agriculteurs reçoivent grâce à l'achat par le gouvernement de cultures de base et les ouvrira à l'exploitation par de grandes entreprises. Des dizaines de milliers d'agriculteurs indiens protestent, exigeant que ces réformes soient annulées ou qu'une nouvelle loi soit introduite pour leur garantir un prix minimum pour leurs récoltes. « Au Canada, nous reconnaissons que la lutte des agriculteurs indiens est similaire à notre propre lutte. Nous les soutenons dans leur droit de manifester et dans leur appel à une politique agricole qui soutient les millions de petits agriculteurs qui cultivent des aliments en Inde », a déclaré la présidente de la NFU, Katie Ward.

Alors que la diminution du revenu agricole net atteint un niveau de crise pour les agriculteurs du monde entier et aussi au Canada, les agriculteurs canadiens comprennent la nécessité d'une réglementation gouvernementale qui fonctionne pour les agriculteurs plutôt que pour ceux qui tirent des profits aux dépens des agriculteurs. « Nous avons connu le démantèlement des institutions qui étaient vitales pour le pouvoir de négociation et, par extension, les revenus des agriculteurs canadiens », a déclaré le vice-président de la NFU Stewart Wells. « Par exemple, la perte du système de commercialisation à guichet unique pour les porcs dans les années 1990, et plus récemment la destruction de la Commission canadienne du blé, entre autres. »

En raison de la perte du système de commercialisation à guichet unique pour les porcs, des milliers d'agriculteurs canadiens ne pouvaient plus élever de porcs parce qu'ils ne pouvaient pas accéder au marché sans contrat. Le passage intentionnel à la production industrielle de porcs a laissé ce secteur entièrement intégré verticalement et dominé par seulement trois entreprises de transformation de la viande. Les prix sont régulièrement inférieurs au coût de production. L'industrie est fortement dépendante des filets de sécurité du gouvernement pour surmonter le marché très volatil. C'est une industrie désormais largement dépourvue d'exploitations familiales. Le changement dans l'élevage porcin au Canada a été rapide et brutal pour les exploitations familiales d'élevage de porcs – un résultat direct de la politique agricole visant à aider les entreprises plutôt que les agriculteurs.

Bien que la situation des agriculteurs indiens soit très différente de celle des agriculteurs canadiens à bien des égards, il est clair que les politiques agricoles qui servent à saper les moyens de subsistance des agriculteurs pour faire de la place aux grandes entreprises pour en tirer profit auront des conséquences dévastatrices pour les millions de petits agriculteurs et leurs familles. 

La sécurité alimentaire de l'Inde est menacée, car les nouvelles lois feront passer son économie agricole de la « production alimentaire » pour les populations à la « production de produits de base » pour le commerce et l'exportation. Les agriculteurs s'endettent et prennent plus de risques dans un système d'agriculture contractuelle. Les nouvelles lois lèveront l'interdiction d'accaparer et d'entreposer les aliments par les entreprises, ce qui leur permettra de tirer parti des hauts et des bas de la production en faisant grimper les prix pour les consommateurs en période de pénurie et en baissant les prix pour les agriculteurs en période d'abondance.

« Les agriculteurs n'ont pas demandé cette réforme et ce n'est pas dans leur intérêt. Les impacts seront dévastateurs et de grande portée. La NFU du Canada soutient les agriculteurs indiens dans leur opposition à ces réformes », a déclaré Ward, « Nous nous opposons à la suppression des manifestations démocratiques qui ont lieu en Inde cette semaine. Nous soutenons les agriculteurs indiens et leur droit de protéger leurs moyens de subsistance en protestant contre l'imposition de ces lois injustes. »

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Pourquoi les agriculteurs indiens protestent-ils?

L'Inde compte 164 millions d'agriculteurs, et beaucoup ont de petites fermes où ils cultivent des aliments pour se nourrir et vendent localement pour nourrir leurs communautés. Plus de la moitié de la main-d'oeuvre indienne travaille dans le secteur agricole. Des centaines de milliers d'agriculteurs protestent contre les changements imminents qui résulteront de trois lois controversées. Les dirigeants agricoles ont eu des discussions avec le gouvernement, exigeant que ces lois soient abrogées. Des dizaines de milliers d'agriculteurs sont à New Delhi même, et d'autres campent dans la ville, bloquant les entrées. Des manifestations ont lieu partout en Inde, avec le soutien de non-agriculteurs dans d'autres secteurs tels que les transports. Le 8 décembre, les agriculteurs ont appelé à une grève générale nationale pacifique pour soutenir leurs revendications.

De nouvelles lois adoptées en septembre devraient
entrer en vigueur en décembre

En juin 2020, le cabinet indien a présenté trois projets de loi controversés sur la réforme de l'agriculture parallèlement à sa série de mesures COVID 19. En septembre, ces projets de loi – le Farmers (Empowerment & Protection) Agreement of Price Assurance and Farm Services Bill, The Essential Commodities Act (Amendment) Bill et Farmers 'Produce Trade and Commerce (Promotion and Facilitation) Bill – ont été adoptés par le Parlement indien dans un processus précipité, sans permettre un débat prolongé ou un examen attentif par un comité. Le vote final s'est déroulé à la voix plutôt qu'au scrutin, ce qui a rendu impossible un décompte clair des votes. Les projets de loi deviendront loi une fois approuvés par le président Ram Nath Kovind [...].

Les projets de loi

Le projet de loi sur l'accord sur l'assurance des prix et les services agricoles des agriculteurs (autonomisation et protection) – Ce projet de loi autorise la passation de marchés directs entre agriculteurs et acheteurs avant les semis, mais n'exige pas que ces contrats soient écrits, ne pénalise pas les entreprises qui ne parviennent pas à enregistrer leurs contrats et ne fixe pas de prix minimum. Les agriculteurs peuvent ainsi se retrouver sans recours si les termes des contrats ne sont pas respectés.

Le projet de loi (amendement) sur la Loi sur les produits essentiels – Ce projet de loi supprime toutes les limites qui, jusqu'à présent, ont empêché les entreprises de stocker des produits alimentaires de base, notamment les céréales, les légumineuses, les oléagineux, les huiles alimentaires, les oignons et les pommes de terre, même en cas de guerre, de famine ou de catastrophe naturelle. Ce changement a été effectué à la demande des sociétés de transformation et d'exportation de produits alimentaires.

Le projet de loi sur le commerce des produits agricoles et le commerce (promotion et facilitation) – Ce projet de loi déréglemente le commerce en permettant aux agriculteurs de vendre en dehors des marchés du Comité du marché des produits agricoles et du bétail (APMC) de leur propre État, et empêche les États de percevoir des redevances sur les marchés pour financer leur fonctionnement. Cela permettra aux entreprises de créer leurs propres marchés non réglementés.

Implications pour les agriculteurs

La sous-traitance directe augmente le pouvoir des acheteurs. Pour réduire les coûts d'approvisionnement, les entreprises achèteront auprès des plus grandes exploitations et/ou rechercheront les prix les plus bas. Cela conduira les petites exploitations agricoles à ne plus avoir accès à aucun marché. Au fur et à mesure que les petits agriculteurs seront forcés de partir, les propriétés foncières deviendront plus grandes et plus concentrées. L'intégration verticale des exploitations agricoles avec les entreprises de transformation accélérera ce processus, les risques et les dettes étant déchargés sur les moins puissants de la chaîne de valeur.

À mesure que les petits agriculteurs perdent leurs terres ou ne sont plus en mesure de survivre avec des prix plus bas et déréglementés, ils seront contraints de quitter les villages et de s'installer dans les villes, où l'emploi est incertain. Les petits agriculteurs produisent de la nourriture pour eux-mêmes et pour les communautés. En passant des marchés publics aux acheteurs d'entreprises qui opèrent à l'échelle nationale, la nourriture se déplacera vers des marchés plus vastes. Il y aura moins de nourriture disponible localement et ce sera plus cher.

Permettre aux entreprises de stocker de la nourriture leur permet d'acheter des fournitures à bas prix lorsqu'il y a une bonne récolte. Il déplace la « réserve stratégique » publique destinée à amortir la volatilité et à éviter les difficultés et crée à la place un contrôle privé de l'approvisionnement alimentaire. Les entreprises seront autorisées à exporter des aliments stockés, même en cas de catastrophe naturelle, de guerre ou de famine en Inde.

Les nouvelles lois créent un environnement favorable pour la consolidation des terres agricoles, la concentration de la propriété dans les entreprises agricoles, un meilleur contrôle des marchés et des prix par les grands transformateurs, détaillants et exportateurs, et l'augmentation des ventes de semences commerciales, d'intrants chimiques tels que les engrais, les herbicides et les pesticides, et la technologie numérique pour l'exploration, la surveillance et l'automatisation des données.

Quelles entreprises puissantes ont-elles à gagner ?

Certaines des mêmes entreprises multinationales de l'alimentation, de l'agroalimentaire et de la technologie actives au Canada sont également actives en Inde : notamment Bayer, BASF, Dow Dupont, Nestlé, Coca Cola, Pepsi, Amazon, IBM et Microsoft. Certaines des grandes entreprises agroalimentaires sont également indiennes, telles que Tata, Bharat Group, Atul et Nuziveedu Seeds.

Pourquoi est-ce important pour les Canadiens ?

Si elles sont autorisées à entrer en vigueur, ces lois augmenteront le pouvoir des plus grandes entreprises agroalimentaires du monde. Cela les encouragera à exiger des changements similaires dans d'autres pays. La capacité des grandes entreprises à faire baisser les prix aux agriculteurs indiens et à exiger le respect des priorités des entreprises comme condition pour gagner leur vie affectera les agriculteurs du monde entier.

En tant que Canadiens et collègues agriculteurs, nous reconnaissons le tort que les lois indiennes feront aux agriculteurs indiens et à leurs familles. Nous voulons vivre dans un monde où les vies humaines sont respectées, où les gens peuvent façonner démocratiquement leur avenir ensemble, faire progresser leur culture alimentaire intacte et espérer que nos enfants pourront vivre bien en tant qu'agriculteurs si et quand ils le souhaitent.

Nous sommes plus forts lorsque nous agissons ensemble, que ce soit en commercialisant nos produits ou en défendant nos droits.

(Source : Union nationale des fermiers, le 8 décembre 2020)

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