Numéro 50 - 13 septembre 2023
L'industrie sidérurgique américaine dans la tourmente
Le besoin de stratégies
et de tactiques
modernes pour défendre
les intérêts du travail
Le contingent de la section locale 1005 du Syndicat des Métallos lors de la manifestation de la fête du Travail à Hamilton, le 1er septembre 2014
L'industrie sidérurgique américaine lutte pour se maintenir en tant que source de profit maximal pour les riches. L'économie impérialiste a atteint un niveau de productivité où l'investissement dans la valeur fixe et circulante des moyens de production éclipse le nombre de travailleurs produisant une nouvelle valeur. Cela signifie que le taux de profit des investisseurs est soumis à une pression constante à la baisse.
Les propriétaires de capitaux, d'actions et d'obligations du secteur sidérurgique obligent les dirigeants et les gouvernements à maintenir leurs profits à un certain taux par divers moyens. Il s'agit notamment de stratagèmes pour payer les riches organisés par l'État, tels que l'Inflation Reduction Act (loi sur la réduction de l'inflation) du président Biden, de fusions et d'acquisitions visant à concentrer la propriété et à permettre un contrôle monopoliste de la production et des prix de l'acier, et de l'expansion constante de l'économie de guerre avec des guerres de destruction sans fin et les énormes dépenses publiques actuelles pour la guerre par procuration États-Unis/OTAN en Ukraine. US Steel s'est également engagé à utiliser ses revenus pour racheter des actions dans le secteur de l'acier en épuisant les ressources. Dans ce contexte, les propriétaires s'en prennent aux métallos et à leurs salaires, avantages sociaux et pensions en les plongeant dans un état constant d'anxiété et d'insécurité et en exigeant des concessions.
Les métallos du Canada et des États-Unis subissent une pression énorme depuis deux décennies, avec des pertes d'emplois, de revenus et de sécurité des retraites. À cet égard, US Steel a agi de façon malfaisante, avec des incursions dans la protection face aux faillites organisée par l'État, l'achat, la vente et la fermeture d'usines et d'autres stratagèmes où la seule préoccupation est l'intérêt privé étroit des propriétaires, certainement pas l'économie, les métallos et leurs communautés.
Le Syndicat des Métallos (USW) a souvent dénoncé US Steel pour ses pratiques hostiles aux travailleurs et aux communautés de l'acier. Selon l'USW, US Steel a renoncé à un investissement visant à rénover l'usine sidérurgique de Mon Valley, située juste à côté de Pittsburgh, et abandonne son haut-fourneau de Granite City afin de sous-traiter la production de fonte brute au lieu de reconstruire le four pour ses propres activités. L'USW écrit : « Il a trahi les travailleurs de Mon Valley en annulant l'investissement de 1,2 milliard de dollars. Au lieu de cela, US Steel a acheté l'entreprise non syndiquée Big River Steel pour 1,5 milliard de dollars et, en 2022, a entamé la construction d'une mini-usine ultramoderne d'une valeur de 3 milliards de dollars sur le site de l'entreprise non syndiquée. Rien de tout cela ne préserve les emplois des métallos ni n'investit dans nos usines ou nos communautés. Nous savons que nous ne pouvons pas compter sur la direction pour faire passer les intérêts des travailleurs en premier. »
L'objectif des impérialistes de contrôler le profit privé aux dépens de la classe ouvrière, de ses communautés, de l'économie et de l'édification nationale est au coeur du problème. L'objectif n'est pas de construire une économie et une nation menant à la prospérité pour tous, mais de tout faire pour le profit privé de quelques-uns.
Actuellement, US Steel a concocté un nouveau stratagème pour enrichir ses propriétaires en mettant en vente l'ensemble de l'entreprise. Depuis plusieurs trimestres, US Steel enregistre une baisse de son revenu brut et de ses profits, car les prix de l'acier n'ont pas suivi l'inflation des prix des matières premières et de l'énergie. La baisse des profits et les perspectives peu encourageantes ont affecté le cours de l'action et mécontenté les propriétaires. Ils demandent aux dirigeants d'agir, par exemple en vendant les actifs de l'entreprise.
Plusieurs grands monopoles, dont Cleveland-Cliffs, Esmark et ArcelorMittal, ont manifesté leur intérêt pour le rachat de US Steel afin d'étendre leur contrôle sur le secteur sidérurgique américain. Un rachat par Cleveland-Cliffs lui donnerait environ 50 % du marché américain de l'acier plat, 100 % de la production de hauts fourneaux et près de 100 % de la production de minerai de fer américain. Par exemple, les deux usines de hauts fourneaux de US Steel dans l'Indiana restent essentielles pour les produits automobiles, qui représentent près d'un tiers de la demande nationale totale d'acier. Les consommateurs industriels d'acier tirent la sonnette d'alarme face à ce projet d'acquisition, estimant qu'un tel niveau de contrôle, associé aux droits de douane américains sur l'acier importé, donnerait à Cleveland-Cliffs carte blanche pour dicter les prix de l'acier sur le marché intérieur.
L'offre de Cleveland-Cliffs, qui s'élève à environ 7,3 milliards de dollars en argent comptant et en actions, soutenue par les grandes banques J.P. Morgan, Wells Fargo, Moelis & Company LLC et UBS, représente une prime de 43 % par rapport au cours actuel de l'action de US Steel sur le marché. Après une vague initiale de spéculations sur l'offre, tout s'est calmé, US Steel lançant « un processus visant à explorer l'intérêt d'acquéreurs potentiels dans le cadre d'un examen stratégique, en vue de signer des accords de confidentialité et échanger des informations selon un processus d'examen concerté avec les parties intéressées ». L'entreprise a mis un embargo sur toutes les informations, déclarant que le projet de vente était une affaire privée et ne concernait pas les autres.
Bien entendu, toute vente de moyens de production n'est pas une affaire privée, mais une préoccupation pour tous, et en particulier pour les salariés et leurs communautés. Les métallos cherchent à défendre leurs emplois, leurs syndicats, leurs communautés et l'intérêt public face au diktat des propriétaires qui considèrent que tout cela est sans valeur tant qu'ils peuvent s'enrichir.
Le défi pour les métallos et leurs organisations, ainsi que pour l'ensemble de la classe ouvrière et les autres acteurs des communautés de l'acier, est de discuter de ce qui se passe, de définir un point de vue qui leur permet d'établir leur propre objectif et d'élaborer une ligne de marche qui puisse être efficace pour se défendre dans la situation actuelle.
Les métallos doivent devenir habiles à mobiliser le grand public pour défendre les droits de tous contre les attaques des intérêts privés étroits appuyés par les gouvernements. Leur usine d'Hamilton a changé de main maintes et maintes fois. Des intérêts privés étroits font des profits, mais les travailleurs ont été en mesure d'identifier la manière de maintenir la dignité du travail dans cette situation. Ils sont maintenant soumis à une forte pression pour choisir un acheteur et croire que l'acheteur a leurs intérêts à coeur.
La section locale 1005 du Syndicat des Métallos a lancé le slogan « Notre sécurité est dans la lutte pour l'affirmation des droits de toutes et tous », qui est tout aussi vrai aujourd'hui, sinon plus, que lorsqu'il a été lancé pour la première fois et qu'il a été utilisé pour expliquer aux travailleurs et aux Canadiens la quantité d'acier dont le Canada a besoin pour ses propres projets et ce qu'il faut faire pour répondre à ce besoin avec la production réalisée au Canada. Ils peuvent expliquer à eux-mêmes et au peuple tout entier quels sont les projets utiles qui servent le peuple dans son ensemble et comment il faut mettre fin au gaspillage engendré par la production de guerre. Ils peuvent s'unir dans l'action avec les travailleurs des États-Unis pour s'assurer que les intérêts du travail sont défendus en ce moment. Les États-Unis sont mal intentionnés, que ce soit chez eux ou à l'étranger, et les travailleurs doivent être vigilants face à la complaisance du gouvernement canadien à l'égard d'objectifs qui ne feront qu'enrichir ceux qui sont déjà immensément riches.
Oui à l'industrie manufacturière ! Non à la destruction
nationale !
Arrêtez de payer les riches !
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