Le gouvernement Legault veut la «flexibilité» pour poursuivre la privatisation et la destruction des services publics

– Georges Côté –


Montréal, 23 novembre 2023

Le matin du 23 novembre, jour de grève de 570 000 travailleuses et travailleurs des services publics du Québec, le premier ministre François Legault a dit en point de presse qu'il était prêt à bonifier l'offre salariale à la condition que les syndicats consentent à plus de « flexibilité » sur le plan des conditions de travail. Selon lui « c'est la seule façon qu'on va pouvoir améliorer les services à la population ».

Les travailleuses et travailleurs de la santé et de l'éducation ont déjà fait valoir que parler de « flexibilité » ou d'« organisation du travail » sans augmenter les ressources nécessaires pour répondre aux besoins, cela veut tout simplement dire continuer de presser le citron par différents moyens. Ils font remarquer qu'avec cette notion particulière de « flexibilité », qui n'est pas une nouvelle « demande » mais une pratique implantée depuis des années, les décisions sont prises d'en haut et l'expérience de ceux qui sont sur le terrain est écartée.

Ce que le gouvernement entend par « flexibilité » et « organisation de travail » « est plus néfaste qu'autre chose », a souligné la présidente de la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ) Julie Bouchard. Pour s'en convaincre, dit-elle, il suffit de constater les résultats que cela a créé dans un projet-pilote du gouvernement en Mauricie-Centre-du-Québec. « En Mauricie-Centre-du-Québec, le gouvernement a déjà mis en place un avant-goût de ce qu'il veut pour tout le Québec : déplacer des professionnelles en soins sans se soucier de leur expérience et leur expertise, dit la FIQ dans une réponse au gouvernement. « Résultats : des centaines de démissions. Ensuite, on vient dire que l'organisation du travail est la priorité du gouvernement pendant cette négociation. » « Ça ne fera qu'augmenter l'exode qu'on vit déjà dans le réseau et diminuer les soins sécuritaires aux patient-e-s, » affirme la présidente de la FIQ.

Le ministre de la Santé laisse le chat sortir du sac

Dans un point de presse le 23 novembre, le ministre de la Santé Christian Dubé a dit tout haut ce que son gouvernement pense tout bas avec sa demande de « flexibilité ». Il a dit qu'« il faut vraiment qu'il y ait un changement d'approche » sur la question de l'organisation du travail et qu'il faut « changer le droit syndical pour un droit personnel ». « Notre personnel doit avoir le choix de faire ce qu'ils veulent faire au moment où ils veulent le faire ». S'ils veulent faire des horaires de douze heures « ils doivent pouvoir le faire » et ne pas « être bloqué par le syndicat ».

Le premier ministre prétend qu'il est intéressé à « améliorer les services à la population », mais la vérité sort de la bouche de son ministre de la Santé qui dit : « Même si on donnait tout ce qu'ils veulent et qu'on a encore la même organisation du travail, moi je ne suis pas capable d'implanter mon plan de santé » (notre souligné). Il fait référence au projet de loi 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace, qui prévoit une réforme de la santé qui va faciliter la privatisation des prises de décisions en matière de système de santé au Québec. Avec cette réforme, le gouvernement établit une nouvelle chaîne de commande, une nouvelle centralisation des pouvoirs décisionnels et administratifs entre les mains du ministère et d'un conseil d'administration trié sur le volet, composé de PDG de l'industrie privée, à la tête d'une nouvelle agence appelée Santé Québec[1].

Si le gouvernement Legault était intéressé à améliorer les services à la population, il romprait avec l'offensive antisociale que poursuivent tous les gouvernements du Québec depuis cinquante ans et qui a mené à l'état déplorable que l'on connaît aujourd'hui dans les services publics. Au lieu de cela, il reconnaîtrait la nécessité d'augmenter les investissements dans les programmes sociaux qui sont essentiels au développement d'un Québec moderne. Et il cesserait les réformes continuelles qui ont comme but essentiel de concentrer le pouvoir de décision entre les mains des gouvernements des riches au détriment des droits des travailleurs et du peuple en général.

Note

1. « Concentration massive du pouvoir décisionnel et antisyndicalisme », Pierre Chénier, Forum ouvrier, 25 mai 2023


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Numéro 60 - 4 décembre 2023

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