Numéro 66 - 6 août 2021
Défendons la dignité et les droits des
travailleurs
des abattoirs au Québec
Non aux provocations du gouvernement et de l'entreprise contre les travailleurs
d'Olymel de Vallée-Jonction au Québec!
• Les
travailleurs veulent être respectés par Olymel
et nous ne le sommes pas! - Entrevue
avec Martin Maurice
Les mineurs
de Sudbury l'emportent sur les demandes de
concessions de Vale
• La résistance est la
seule voie! - David Starbuck
Défendons la dignité et les droits
des travailleurs des abattoirs au Québec
Non aux provocations du gouvernement et
de l'entreprise contre les travailleurs
d'Olymel de Vallée-Jonction au Québec!
Alors que les quelque 1000 travailleurs de
l'usine d'abattage de porcs d'Olymel à
Vallée-Jonction sont en grève depuis le 28
avril pour des salaires et des conditions de
travail qu'ils jugent acceptables, le ministre du
Travail du Québec et les porte-paroles d'Olymel
ont inondé les ondes récemment pour essayer de
salir la réputation des travailleurs. Ils les ont
accusés de vouloir faire perdurer la grève, de
causer de sérieux dommages aux éleveurs de porcs
du Québec et d'être la cause de la possible
euthanasie de 130 000 porcs si la grève
ne se règle pas dans les plus brefs délais. « Il
faut que ça cesse. Un conflit de travail de cette
nature-là ne peut pas être toléré au Québec », a
déclaré le ministre du Travail Jean Boulet sur les
ondes de RDI. Il a masqué que ces travailleurs ont
dû faire les plus grandes concessions en salaires,
pensions et conditions de travail en 2007
sous la menace d'une fermeture imminente de
l'usine, et que la lutte aujourd'hui est pour
reprendre le terrain et gagner des conditions que
les travailleurs considèrent acceptables, y
compris du point de vue de leur santé et de leur
sécurité.
Les porte-paroles d'Olymel ont dit que les
travailleurs en demandent trop, les ont accusés de
mettre la pérennité de l'usine en péril et ont
menacé de transférer ailleurs les activités de
l'usine de Vallée-Jonction si la grève ne se
termine pas.
Les travailleurs n'acceptent pas que la lutte
pour la dignité du travail soit utilisée comme une
occasion de menacer leur moyen de subsistance ou
l'existence d'installations industrielles.
Pourquoi leur moyen de subsistance et le bien-être
de l'économie locale et régionale ne
mériteraient-ils pas d'être protégés et de faire
l'objet d'investissements parce que les êtres
humains en dépendent, contrairement aux intérêts
privés étroits dont le seul objectif est
d'accroître leur richesse personnelle. Chose
certaine, ces intérêts privés étroits ne se
soucient pas des travailleurs et ils ne se
soucient pas des porcs et des producteurs de porcs
non plus. Le fait que le gouvernement verse des
larmes de crocodile sur les porcs et les
producteurs de porcs est vraiment absurde. Les
travailleurs s’opposent aussi aux tentatives du
gouvernement et de la compagnie de mettre à terre
leur syndicat afin que chaque travailleur soit
abandonné à son sort.
Forum ouvrier appuie fermement la lutte
des travailleurs d'Olymel pour leurs droits.
Les travailleurs veulent être respectés par
Olymel
et nous ne le sommes pas!
- Entrevue avec Martin Maurice -
Les travailleurs d'Olymel manifestent devant les
bureaux du ministre du Travail, le 7 juillet 2021.
Martin Maurice est le président du Syndicat
des travailleurs d'Olymel Vallée-Jonction—CSN
Forum ouvrier : Comment
évalues-tu les plus récents développements en ce
qui concerne la grève des travailleurs de
Vallée-Jonction ?
Martin Maurice : On voit tout
d'abord qu'Olymel ne change pas d'attitude en
négociant, c'est clair. Depuis que l'usine existe,
depuis les derniers renouvellements de conventions
collectives, il y a toujours des menaces de
fermeture. Ils en sont encore à ce point-là. C'est
la méthode d'Olymel de tout le temps faire des
menaces pour essayer d'écraser son monde au lieu
de montrer du respect pour les travailleurs.
Les médias parlent d'une impasse dans la grève.
L'impasse c'est que l'employeur ne veut pas mettre
de l'argent sur la table. On se dispute
pour 35 cents sur une convention collective
de six ans présentement. Les parties sont séparées
par 35 cents en ce qui concerne
l'augmentation de salaire. L'employeur dit qu'on
en demande trop. Je ne vois pas l'impasse,
autrement.
Ce qui reste à régler ce
sont les augmentations de salaire. On a eu une
offre de la conciliation que le syndicat était
prêt à présenter aux membres en assemblée, mais
pas à la recommander. L'employeur voulait
absolument que le syndicat la recommande, mais il
n'en était pas question. L'employeur ne s'est pas
gêné d'aller dans les médias contre nous. Il fait
tout pour que les travailleurs soient en colère,
il négocie sur la place publique et il menace de
fermeture.
On ne voulait pas recommander l'offre. Mais nous
l'avons présentée à nos membres. Olymel s'est fait
un grand plaisir de sortir publiquement contre
nous quand nous avons dit que nous allons aller
voir nos membres pour savoir où on en est rendu
avec nos mandats et ce qui en est du point de vue
de la négociation. Lorsque nous avons réuni nos
membres mardi matin le 3 août pour leur présenter
la proposition de la conciliatrice, ils étaient
tout à fait d'accord avec nous de ne pas leur
avoir recommandé cette proposition. Ils sont
derrière nous, pour dire que nous sommes encore
prêts à négocier et que l'employeur doit s'asseoir
avec nous et négocier.
Forum ouvrier : Pourquoi la
question des salaires est-elle si importante pour
les travailleurs en ce moment dans ce
conflit ?
Martin Maurice : C'est relié à
toute l'histoire d'Olymel chez nous. En 2007,
nous avons perdu près de 40 % de notre
salaire. Nous n'avons plus de fonds de pension,
plus de régime de retraite. Nous devions tout
donner sinon c'était la fermeture selon Olymel.
Les travailleurs ont voulu garder l'usine ouverte,
ce n'est pas la compagnie qui l'a gardée ouverte,
ce sont les travailleurs, qui ont tout donné.
Beaucoup ont quitté, mais d'autres sont restés.
L'employeur voulait tout briser dans la convention
collective. On a réussi à régler cette situation,
mais on voit que l'employeur n'a pas de respect
envers les travailleurs. Ils essaient toujours de
venir en arracher encore plus. Entre le salaire
de 2007, et le salaire d'aujourd'hui, il y
a 1,13 $ de différence. Un travailleur
de classe 1 gagne
aujourd'hui 20,82 $ de l'heure et
en 2007 il gagnait 19,69 $. Notre
demande actuellement est de 5,80 $
d'augmentation sur la durée de la convention. Nous
en demandions plus, nous avons voulu avoir une
entente avec l'employeur. Nous avons travaillé sur
nos demandes, et on dit que c'est encore trop. Ils
disent n'importe quoi en réalité.
Nous avons aussi perdu notre régime de retraite
depuis 2007. Nous n'avons pas de régime de
retraite en ce moment. Avoir un régime de retraite
ne sera pas dans cette convention non plus à cause
des conditions inacceptables que l'employeur
exigeait des travailleurs pour rétablir un régime
de retraite. Alors nous avons dit que nous allons
mettre tous nos efforts sur le salaire à la place,
mais ils n'ont pas mis grand-chose sur le salaire
non plus.
Olymel ne peut pas dire qu'il ne fait pas
d'argent. Il a grossi son chiffre d'affaires
de 52 % dans les trois dernières années.
L'argent coule à flot, mais très peu retourne aux
travailleurs.
Nous demandions une convention collective
de 3 ans. On s'est accordé dans les dernières
séances de négociations pour 5 ans.
L'employeur a monté à 6 ans et maintenant il
demande une convention de 7 ans. On a été
clair et précis, il n'y aura pas de convention
collective de 7 ans.
Olymel étire le conflit et cherche à mettre la
faute sur le syndicat, pour que l'odieux va être
sur le syndicat si des porcs sont abattus. On
commence à être habitué avec la méthode d'Olymel.
C'est toujours d'essayer de faire peur, de dire
que le problème, ce sont les autres, mais ils
devraient regarder un peu de leur côté pour voir
où est le problème.
Forum ouvrier : Peux-tu nous
parler des conditions en ce qui concerne la santé
et la sécurité à l'endroit de travail ?
MM : En ce qui a trait à la
santé et la sécurité au travail, il y a énormément
de travail à faire et il va tout le temps y en
avoir. Nous avons 400 accidents de travail
par année. Il faut travailler en prévention et il
ne faut pas arrêter. Dans les dernières années,
l'employeur a arrêté le travail en santé et en
sécurité. Il y a beaucoup de travail à faire pour
rétablir la situation, améliorer les postes de
travail et s'assurer qu'il y ait moins d'accidents
de travail. C'est un travail qui comporte des
dangers, c'est du travail à la chaîne. Les
travailleurs ont 30-35 secondes pour désosser
un morceau et cela ne s'arrête jamais.
C'est un sérieux problème que d'avoir un
employeur qui n'a pas plus de respect pour ses
travailleurs à notre époque. Nous sommes là pour
être respectés, mais nous ne le sommes pas. Même
lorsque le conflit va être terminé, je ne suis pas
certain qu'ils vont avoir du respect pour nous.
Notre situation va être encore difficile.
(Photos: CSN)
Les mineurs de Sudbury l'emportent
sur les demandes de concessions de Vale
La résistance est la seule voie!
- David Starbuck -
Les 2 500 travailleurs des mines, du
concentrateur, de la fonderie et de l'affinerie de
nickel et de cuivre de Vale SA à Sudbury, en
Ontario, ont défait les tentatives de la compagnie
de leur imposer des concessions et ont ratifié une
convention collective de cinq ans après une grève
de 64 jours, par un vote de 85 % en
faveur de l'entente et un taux de participation
de 85 %. Vale a aussi augmenté son offre
monétaire de 4 à 6 % pour la durée
du contrat, plus les ajustements au coût de la vie
qui atteindront au moins 2,46 dollars. Les
travailleurs retourneront au travail le 9
août.
Les travailleurs de Sudbury avaient rejeté une
entente de principe entre Vale et le comité de
négociation du syndicat qui prévoyait la fin des
prestations de santé à la retraite pour les
nouveaux employés et qui éliminait la couverture
des médicaments en vente libre pour tous les
travailleurs. Les travailleurs de Sudbury, qui
avaient été forcés d'accepter un régime de
retraite à prestations déterminées pour les
nouveaux employés après une grève de 360
jours en 2009-2010, ont appris que les concessions
ne mènent qu'à de nouvelles concessions et étaient
déterminés à défendre les intérêts des futures
générations de travailleurs. Ils avaient aussi
rejeté une deuxième offre de Vale qui maintenait
les demandes de concessions.
Vale a ensuite lancé une
offensive idéologique contre les travailleurs en
grève et leur syndicat, s'adressant directement
aux travailleurs et à la communauté de Sudbury.
Selon les dires de Vale, les mines de Sudbury sont
les mines de métaux souterraines les plus
coûteuses au monde, les réserves de minerai à
Sudbury s'épuisent et les opérations de Sudbury ne
représentent plus que 2 % des opérations
de Vale dans le monde, comparé à 5 %
en 2016. Selon Vale, la solution était de
réduire la part de richesse sociale produite par
les travailleurs qui va aux retraités, en
avantages sociaux à la retraite, lesquels, selon
Vale, sont onéreux et imprévisibles. Si les
travailleurs de Sudbury acceptaient les
concessions, selon Vale, celui-ci aurait le
capital requis pour trouver de nouvelles réserves
de minerai et pour moderniser les installations de
Sudbury et garantir la viabilité des opérations de
la ville pour les années à venir. Ces
raisonnements ont été rejetés par les mineurs et
la communauté de Sudbury.
À mesure que la grève se déroulait, la pénurie de
nickel sur le marché international et une
augmentation de la demande pour le nickel pour les
batteries des véhicules électriques ont contribué
à une hausse du prix du nickel. On a dit que Vale
avait obtenu des contrats pour la vente de sa
production des cinq prochaines années. Plusieurs
des travailleurs de Sudbury, bien formés,
hautement spécialisés et ayant une grande
expérience ont trouvé des emplois dans d'autres
mines dans le nord de l'Ontario, et Vale risquait
de perdre plusieurs de ses meilleurs travailleurs
si la grève se poursuivait. Enfin, Vale a annoncé
un profit de 7,586 milliards de dollars US
pour le deuxième semestre de cette année, dont une
importante contribution provenant des opérations
de Sudbury, ce qui révélait le caractère mensonger
que Vale n'avait pas les moyens d'accéder aux
demandes des travailleurs.
Les mineurs de Sudbury sont demeurés déterminés à
résister aux demandes arbitraires et inacceptables
de Vale et à négocier une entente sans
concessions, qui prend position en faveur des
futures générations de travailleurs, qui comprend
des conditions de travail acceptables aux
travailleurs et défend la dignité du travail.
C'est ce qui a été réalisé par le règlement et la
ratification du 3 août. Félicitations aux
travailleurs des mines, du concentrateur, de la
fonderie et de l'affinerie !
(Pour voir les articles
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