Numéro 51 - 31 mai 2021
Une grève importante au complexe
minier d'ArcelorMittal
à Fermont
Un vaste appui pour les
travailleurs d'ArcelorMittal
• La
lutte pour les droits est une lutte pour la vie
- K.C. Adams
Une grève importante au complexe
minier d'ArcelorMittal à Fermont
Les travailleurs venus de plusieurs régions du
Québec manifestent devant
le siège social canadien d'ArcelorMittal à
Longueuil le 21 mai 2021.
Les travailleurs d'ArcelorMittal en grève sur la
Côte-Nord au Québec depuis le 10 mai reçoivent de
l'appui de partout au Québec et d'ailleurs.
Les travailleurs d'ArcelorMittal du «
sud » – des régions de Montréal et de
Montérégie – se sont engagés à donner un
appui récurrent aux travailleurs en grève.
Durant la première semaine de la grève, les
sections locales des Métallos de cinq entreprises
d'ArcelorMittal à Contrecoeur, Longueuil et
Montréal ont fait parvenir 14 000
dollars et annoncé que les membres de ces sections
locales continueront de faire des dons aux
grévistes pour la durée du conflit de travail. Ces
sections locales sont : les
sections 6586 et 8060 de l'usine d'acier
de Contrecoeur Est; la section 6586-2 à
l'usine de recyclage et de transformation de
Feruni à Contrecoeur; la section 6951 de
l'usine d'acier de Contrecoeur Ouest; la
section 8897 de l'usine d'acier de Longueuil
et la section locale 9399 de l'usine de
Saint-Patrick.
« Nos confrères et
consoeurs posent un geste courageux pour qu'une
part des profits astronomiques d'ArcelorMittal
retourne dans l'économie du Québec », a dit
Yves Rolland, président de la section
locale 6951 des Métallos et porte-parole du
Comité de solidarité de l'acier. « Nous sommes
solidaires des gens du Nord et les appuierons
financièrement tout au long du conflit. Nous
répondrons aussi présents pour les appuyer dans la
rue si des mobilisations s'organisent plus près de
nous », a-t-il dit.
« Nous avons le même employeur, nos confrères et
consoeurs extraient la richesse du Québec au nord
et nous la transformons dans les usines au sud.
Leur bataille pour l'économie d'ici et pour le
respect est aussi la nôtre », a-t-il ajouté.
Les travailleurs en grève d'ArcelorMittal ont
aussi reçu un engagement d'appui financier
récurrent de la section locale 5795 des
Métallos représentant les travailleurs des
opérations de Labrador Ouest de la compagnie Iron
Ore du Canada (IOC). Dans son message aux
grévistes, la section locale 5795
écrit : « C'est avec grande fierté que les
membres de la section locale 5795 ont voté ce
mercredi 12 mai 2021 au cours de notre
réunion régulière mensuelle pour donner aux
Métallos de la section locale 5778 un dollar
par membre par semaine pour la durée de la grève.
Ils apprécient grandement votre appui. » Il
s'agit ici de l'appui, dont l'appui financier, que
les travailleurs d'ArcelorMittal de la Côte-Nord
ont offert aux travailleurs du Labrador quand ils
ont été en grève pendant neuf semaines au
printemps 2018. Cette lutte était dirigée
contre des concessions qu'on tentait de leur
imposer, notamment la transformation d'une partie
des travailleurs en une main-d'oeuvre temporaire
ayant des conditions moindres, et visait des
améliorations des salaires, des avantages sociaux
touchant à l'assurance-santé et l'amélioration des
prestations de retraite.
Le 20 mai, des représentants de la section
locale 9344 du Syndicat des Métallos,
représentant les travailleurs de la Iron Ore à
Sept-Îles, sont allés sur la ligne de piquetage
des travailleurs d'ArcelorMittal à Port-Cartier en
appui aux grévistes, à qui ils ont remis un chèque
de 5 000 dollars et annoncé qu'ils vont
contribuer 10 dollars par membre par mois,
ou 3 400 dollars, pour la durée du conflit.
« On travaille peut-être pour des employeurs qui
sont en compétition les uns avec les autres, mais
nous les travailleurs des minières, nous sommes
tous des métallos, nous sommes des Nord-Côtiers,
nous avons tous à coeur l'économie et la vitalité
de notre région. Le slogan de la grève des
confrères et consoeurs d'ArcelorMittal, 'Les
richesses d'ici pour l'économie d'ici', illustre
aussi très bien notre réalité », a dit le
président de la section locale 9344, Eddy
Wright.
Lors d'une manifestation le 21 mai devant le
siège social canadien d'ArcelorMittal à Longueuil,
Jason Braconnier, un représentant de la section
locale 6586 de l'usine de Contrecoeur Est, a
annoncé que les travailleurs ont tenu une
assemblée spéciale où ils ont décidé de verser 10
dollars par travailleur par semaine aux
travailleurs en grève, depuis le premier jour de
la grève jusqu'à ce qu'elle se termine. Il a
rappelé aux participants que les sections locales
des travailleurs d'ArcelorMittal ont signé un
pacte de solidarité entre elles en 2015 et que cet
appui financier récurrent est une façon pour les
membres de l'honorer. Mario Brin, un représentant
de la section locale 9449 des Métallos, qui
représente les travailleurs de la mine Raglan au
Nunavik, propriété de Glencore, a aussi annoncé un
appui financier.
Devant le siège social canadien d'ArcelorMittal à
Longueuil le 21 mai 2021
- K.C. Adams -
Les ressources d'ici pour
l'économie d'ici!
Ta richesse, ma santé! Respect!
Les 2 500 travailleurs du complexe
minier de Fermont dans la région de la Côte-Nord
au Québec sont profondément préoccupés pour leur
avenir, celui de leurs familles et de leur
communauté. Le colosse mondial des mines et de la
sidérurgie ArcelorMittal achète la capacité de
travail de 168 000 travailleurs à
travers le monde. Ces travailleurs ont produit un
revenu brut réalisé de 53,27 milliards de
dollars en 2020 en travaillant sur des actifs
appartenant à l'entreprise évalués à 82,052
milliards de dollars. L'entité mondiale est cotée
sur les marchés boursiers impérialistes avec son
siège social au Luxembourg où 37,4 % de
la propriété est entre les mains d'un homme appelé
Lakshmi Mittal.
Le 10 mai, les travailleurs, qui sont membres de
cinq sections locales (SL) du Syndicat des
Métallos, ont déclenché une grève générale après
avoir rejeté l'offre dite « globale et finale » de
la compagnie par des votes allant de 97 à 99,6 %.
La grève mobilise les travailleurs de la mine de
Mont-Wright et de Fire Lake (SL5778), du port et
du chemin de fer (SL 6869), les employés de bureau
Port-Cartier et force protectrice (SL 7401 et
7401-FP sud), les employés de bureau Fermont et
force protectrice (SL 7401 et 7401-FP nord) et les
travailleurs de l'usine de bouletage à
Port-Cartier (SL 8664)
D'après
leur expérience directe, les travailleurs de
Fermont estiment que l'oligopole mondial
ArcelorMittal, qui possède et contrôle la mine où
ils travaillent, ne tient pas compte de leurs
conditions de travail et de vie. Dans le cadre des
rapports de production qui sont imposés, le
monopole mondial qui en contrôle la propriété est
obsédé par l'objectif d'exproprier le profit
maximum de la valeur que les travailleurs
produisent partout dans son empire. C'est le rôle
que les oligarques attribuent à chaque entreprise,
y compris la mine de Fermont. Toutes les autres
considérations sont secondaires et, si elles
existent, elles doivent de quelque manière servir
la motivation principale et le but du profit
maximum pour les propriétaires.
Les travailleurs de la Côte-Nord n'ont pas leur
mot à dire sur leur entreprise de Fermont et n'ont
aucun contrôle sur les aspects de la production et
de la distribution de la valeur sauf en ce qui
concerne les choses pour lesquelles ils peuvent se
battre et ce qu'ils peuvent gagner dans la
bataille avec les propriétaires mondiaux. Ils
n'ont aucun contrôle sur quelle portion de la
valeur qu'ils produisent devrait être investie
dans leur communauté pour développer les
conditions sociales et l'économie de la région.
Même si les travailleurs de l'entreprise
ArcelorMittal sont de loin les plus grands
producteurs de richesse de la ville de Fermont,
ils n'ont pas leur mot à dire ni aucun contrôle
sur la manière dont la valeur qu'ils produisent en
extrayant le minerai de fer de la Terre Mère est
investie ou distribuée. La seule part de la valeur
sur laquelle ils ont un certain contrôle est le
montant qu'ils parviennent à extraire de
l'entreprise dans le cadre d'une convention
collective pour la vente de leur capacité de
travail. Cette portion se compose principalement
de salaires, ce qu'on appelle la valeur reproduite
individuelle qu'ils produisent.
À l'exception de la valeur reproduite
individuelle, la plus grande partie de la nouvelle
valeur produite par les travailleurs tombe sous le
contrôle des propriétaires qui peuvent en faire ce
qu'ils veulent et il en est de même de tous les
autres aspects du travail. Cela signifie que les
oligarques contrôlent la façon dont les
travailleurs sont organisés pour extraire le
minerai de fer et l'expédier vers les marchés; la
vitesse à laquelle le minerai de fer est extrait,
qui détermine la longévité de la mine particulière
et même la longévité des mineurs eux-mêmes; le
prix de production du minerai de fer et son prix
de marché; les conditions de l'environnement
social et naturel dans la région et partout au
Québec et au Canada et si elles sont humanisées ou
non; les relations avec les nations autochtones de
la région et l'état de la ville elle-même et son
économie, son niveau culturel et sa qualité de
vie. Tous les aspects cruciaux de la vie sont
considérés comme étant hors du contrôle des
travailleurs de la Côte-Nord et tombent sous la
dictature des propriétaires mondiaux dans le
lointain Luxembourg dont le seul intérêt au Québec
et en Ontario est de savoir combien de profits ils
peuvent exproprier.
Les
travailleurs, à la fois individuellement et
collectivement par le biais de leurs sections
locales des Métallos et par leur grève, ont
déclaré haut et fort que cette situation est
intenable. La vie ne peut pas continuer de cette
manière-là où les droits sont niés, car quand les
droits sont niés, c'est la vie qui est niée. Ceux
qui travaillent et produisent la richesse sociale
doivent avoir leur mot à dire et contrôler cette
richesse sociale, sa distribution et son
investissement. Les propriétaires ne peuvent pas
voir que les conditions de travail et de vie se
détériorent et que la ville même tombe en ruine
parce que les propriétaires refusent de
reconnaître tout ce qui interfère avec leur
contrôle et leur objectif d'exproprier le profit
maximum des travaux d'extraction du minerai de
fer. Quelle utilité possible ont les ouvriers,
leur vie et leurs villes sinon de produire du
profit pour les oligarques, déclarent-ils par
leurs actes.
Les conditions concrètes du travail et de la vie
dans la région et les processus de pensée des
travailleurs à partir de leur expérience
individuelle et collective ont fait naître une
conscience de la nécessité de résister ainsi que
le slogan et la revendication : Les
ressources d'ici pour l'économie d'ici !
La situation doit changer car les conditions de
travail, sociales et naturelles et la lutte du
facteur humain révèlent et exigent une nouvelle
direction.
La lutte pour la vie est une lutte pour les
droits
Il appartient aux travailleurs de déterminer
comme un droit moderne leurs conditions de vie
autant au travail que dans leurs communautés. La
résistance des mineurs de la Côte-Nord est une
lutte pour la vie, une lutte pour les droits.
Partout au Canada, la résistance se développe
contre le contrôle dictatorial des oligarques
mondiaux sur la vie et leur négation des droits.
L'oligarchie exploite les ressources que ce soit
le minerai, le pétrole, les forêts ou les stocks
de poisson comme son droit de monopole de dominer
la vie et la Terre Mère. Les oligarques déclarent
que les travailleurs reçoivent des « emplois bien
rémunérés » en échange de l'abandon de leurs
droits et du contrôle de leur vie et de
l'environnement social et naturel, et pour
produire un profit maximum pour ceux qui sont au
contrôle. Mais ceci n'est pas durable. C'est ce
qui conduit à des courses effrénées pour extraire
et expédier lorsque l'économie est en expansion et
pour licencier et détruire la production lorsque
la crise éclate, ce qu'ils appellent par
euphémisme « l'économie circulaire ». C'est
exactement ce qui n'est pas durable et en
contradiction avec les conditions socialisées
modernes. Cela nie à la fois la vie et les droits.
Ce sont les travailleurs qui doivent décider
comment les utiliser et les développer. À quoi bon
extraire et expédier si tout ce qui reste à la fin
est un immense terrain abandonné ou une ville en
ruine où CBC peut entrer et produire cyniquement
son émission « Still Standing ? »
(Encore en vie ?)
Les ressources ainsi que le travail du facteur
humain constituent l'économie du monde moderne. La
lutte pour les droits, y compris une existence
cultivée et le respect du facteur humain et de la
Terre Mère, est la lutte pour la vie. Dans les
conditions actuelles de la dictature de
l'oligarchie mondiale, les grèves et la résistance
à l'obsession des oligarques d'extraire et
d'expédier, à leurs guerres sans fin et aux autres
catastrophes, sont ce qui ouvre une voie à suivre.
Organiser une résistance déterminée est la
première étape nécessaire pour affirmer les droits
et la vie, la lutte nécessaire des travailleurs
pour prendre le contrôle de toutes les questions
qui touchent leur vie, dont la base existe dans la
générosité de la Terre Mère et le travail
conscient du facteur humain.
Tous en appui à la grève
des travailleurs de Fermont !
Les ressources d'ici pour l'économie
d'ici !
La lutte pour les droits est la lutte pour
la vie !
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