Numéro 60 - 10 septembre 2020
Réflexions sur le rapport de Statistique
Canada
La dynamique du marché du travail
depuis la récession de 2008-2009
- Centre ouvrier du PCC(M-L) -
Pourquoi le Canada doit-il avoir un marché du
travail organisé et sanctionné par l'État et des
tiers qui sont des trafiquants du travail qui, en
échange d'une somme d'argent, trouvent des
acheteurs de la capacité de travailler des
travailleurs ? Pourquoi, au XXIe siècle, les
travailleurs doivent-ils chercher quelqu'un qui
achète leur capacité de travailler et subir la
pression constante de perdre leur moyen de
subsistance lorsqu'une tragédie individuelle les
frappe ou qu'une crise économique générale génère
un chômage massif et du désespoir ? Dans les
conditions actuelles, les travailleurs servent
l'économie et ceux qui sont en contrôle ;
l'économie ne sert pas les travailleurs et n'est
pas sous leur contrôle.
Le rôle de
la classe ouvrière n'a pas changé pendant la
longue période de transition de l'économie depuis
la petite production principalement rurale du mode
de production précédent jusqu'à l'économie de la
grande production industrielle principalement
urbaine. Les travailleurs continuent d'être une
force de travail assujettie qui est redevable à
une petite minorité de riches oligarques qui
contrôlent les parties rivales de l'économie et
s'en servent pour satisfaire leurs intérêts
privés. Ce qui a changé, c'est la qualité de la
classe ouvrière. Elle est devenue une classe
sociale internationale mature qui comprend la
vaste majorité de la population. La classe
ouvrière est maintenant entièrement capable de
diriger et de veiller sur les affaires économiques
et politiques de la société moderne. Elle n'a plus
besoin d'une autre classe sociale qui supervise et
dirige ses actions et l'économie dans laquelle les
travailleurs produisent le produit social. Ce qui
manque, c'est la force organisationnelle
indépendante de la classe ouvrière et une
conscience répandue de la nécessité et de la
responsabilité sociale d'investir le pepule du
pouvoir et de bâtir le nouveau.
Le marché du travail a été créé il y a plus
de 250 ans pour servir la transition de la
petite production à la grande production
industrielle. Les travailleurs ont lutté pour les
droits civils, mais ces droits civils ne sont plus
suffisants. Les êtres humains ont besoin de droits
humains qui leur appartiennent du seul fait qu'il
sont des êtres humains. Les droits humains dans
les endroits de travail et dans les affaires
économiques et politiques du pays ont une
importance primordiale. Les droits humains ne sont
pas compatibles avec un marché du travail d'êtres
humains et de tiers qui font le trafic des êtres
humains. Ceux qui font le travail doivent être au
contrôle de l'économie moderne pleinement
développée. L'économie doit servir ceux qui font
le travail et leur société. Cela requiert
notamment une transformation de la relation
existante dépassée et unilatérale qui existe à
l'endroit de travail entre les travailleurs et le
patron. De nouvelles relations de production sont
requises dans toute l'économie, qui soutiennent
les droits humains et investissent du pouvoir ceux
qui font le travail et qui produisent le produit
social, tout en leur donnant le contrôle conscient
des affaires économiques, politiques et sociales
de la société.
L'esclavage aux États-Unis et ailleurs, jusqu'au
milieu du XIXe siècle, était doté de marchés
d'esclaves organisés et sanctionnés par l'État et
de trafiquants d'esclaves qui vendaient les
personnes maintenues en captivité aux acheteurs
qui voulaient qu'elles travaillent.
L'État, en abolissant l'esclavage, a
officiellement mis fin au marché des esclaves et
au trafic des esclaves et à la relation sociale
entre les esclaves et leurs propriétaires. La
vaste majorité des anciens esclaves se sont joints
à la classe ouvrière et, d'une situation de
prisonniers d'un marché d'esclaves, ils sont
devenus prisonniers d'un marché du travail. Cela a
donné naissance à des relations sociales entre les
esclaves libérés et ceux qui achètent leur
capacité de travailler, lesquelles doivent
maintenant être remplacées à leur tour.
Le système
impérialiste d'aujourd'hui, le stade suprême et
final du capitalisme et de la période de
transition de la petite production à la grande
production industrielle, possède un marché du
travail organisé et sanctionné par l'État et des
trafiquants de travailleurs au pays et à
l'étranger. Que faut-il faire pour mettre fin au
marché du travail et au trafic de travailleurs
dans les conditions d'aujourd'hui ? Ne
doit-on pas remplacer la relation sociale
existante entre les travailleurs qui vendent leur
capacité de travailler et ceux qui
l'achètent ? Quelle nouvelle direction
doit-on donner à l'économie pour éliminer le
marché du travail et la plaie d'un chômage de
masse constant et de crises économiques
récurrentes qui génèrent tant d'insécurité et de
détresse pour la classe ouvrière et une telle
perte de productivité pour l'économie ?
La dynamique du marché du travail depuis la
récession de 2008-2009
Le rapport de Statistique Canada montre que les
travailleurs servent l'économie et sont à la merci
de celle-ci en tant que quelque chose qui leur est
supérieur et hors de leur contrôle.
Statistique Canada a mené une recherche
exhaustive sur le marché du travail et sur la
population active ou main-d'oeuvre. La recherche
identifie des catégories de population telles que
les suivantes. (Note : tous les chiffres
datent d'avant la crise actuelle et toutes les
citations sont tirées du rapport.)
Les personnes en âge de travailler entre 15
et 64 ans qui, sans distinction, peuvent
vendre leur capacité de travailler sur le marché
du travail sont au nombre de 24 500 000.
Statistique Canada ne distingue pas les
différences de classe sociale parmi ceux qui sont
en âge de travailler. Il inclut les oligarques
canadiens qui contrôlent l'économie et qui
apparaissent même dans les données de l'Agence du
revenu du Canada comme gagnant un revenu en tant
que directeurs et cadres supérieurs des
entreprises qu'ils contrôlent.
La population canadienne de 0 à 15 ans
est de 6 000 000.
La population canadienne de 65 ans et plus
est de 6 600 000.
« En 2015, un Canadien sur cinq âgé
de 65 ans et plus, soit près de 1,1
million de personnes âgées, a déclaré avoir
travaillé pendant l'année[1]. »
Parmi la population active, ceux qui ont trouvé
preneur à qui vendre leur capacité de travail
représentent 19 190 000
travailleurs. (Durant la crise actuelle, ce nombre
a chuté de façon significative
à 16 184 900).
Ceux qui voulaient trouver un acheteur mais sont
présentement en chômage représentent
1 134 000 (ce nombre a augmenté de façon
dramatique à 2 619 200 durant la
crise actuelle).
Ceux qui ont trouvé preneur pour leur capacité de
travailler et ceux qui voulaient trouver preneur,
mais n'ont pas réussi
représentent 20 324 000.
Ceux parmi la population en âge de travailler qui
ont quitté la population active et qui ne
cherchaient pas à ce moment-là un acheteur pour
leur force de travail, quelle que soit la raison,
représentent 4 176 000.
Le rapport étudie le nombre et le mouvement des
travailleurs qui entrent et qui quittent chacun
des statuts de la population active d'un mois à
l'autre d'octobre 2007, juste avant la crise
économique de 2008-2009, à
septembre 2018. L'étude examine les
mouvements et les fluctuations au sein des trois
principaux statuts de la main-d'oeuvre représentés
par le nombre de personnes occupées (O), de
chômeurs (C) ou d'inactifs (I).
« Le marché du travail au Canada est très
dynamique avec une proportion de 6,2 %
de la population en âge de travailler qui a changé
de statut sur le marché du travail en moyenne
chaque mois entre janvier 2007 et
septembre 2018. »
Dynamique en
effet ! On devrait plutôt dire qu'il est
dynamiquement destructeur pour l'économie et
angoissant et stressant pour la classe ouvrière.
C'est le moins qu'on puisse dire. Les mouvements
constants d'un statut de travail à un autre, le
niveau élevé et incessant de chômage permanent de
plus d'un million de travailleurs et les crises
récurrentes qui portent atteinte aux intérêts des
travailleurs de manière générale, ainsi qu'aux
petites et moyennes entreprises, révèlent une
situation extrêmement chaotique et anarchique
autant pour l'économie que pour la classe
ouvrière.
Mettre sous contrôle l'économie moderne afin
qu'elle serve le peuple et la société est la
responsabilité sociale de la classe ouvrière. Les
oligarques au pouvoir, dont l'ordre du jour est
destiné à servir leurs intérêts privés qui
rivalisent les uns avec les autres, sont
incapables de mettre l'économie sous contrôle.
Seule la classe ouvrière moderne, avec son vaste
ordre du jour de servir l'intérêt public, peut le
faire. La classe ouvrière peut servir ses intérêts
individuels si elle sert également les intérêts
collectifs et la société. Cela correspond à la
vérité que la classe ouvrière ne peut s'émanciper
que si elle émancipe toute l'humanité et élimine
l'exploitation de l'humain par l'humain.
Le total mensuel de 6,2 % qui changent
de statut au sein des trois statuts de la
main-d'oeuvre (ou de la population active)
équivaut à environ 1 520 000
travailleurs. Le rapport indique que ce phénomène
reste assez constant, sauf pendant les périodes de
crise telles que la crise économique
de 2008-2009, les conséquences de
l'effondrement des prix du pétrole de 2014 et
la crise actuelle associée à la pandémie lorsque
le nombre de travailleurs qui changent de statut
sur le marché du travail augmente
considérablement.
« Le taux de transition d'occupé à chômeur a
augmenté de manière marquée durant la récession
de 2008-2009 et est resté élevé pendant
plusieurs années après le choc économique.
L'augmentation notable du nombre de chômeurs
observée pendant cette récession a été causée par
l'augmentation des deux composantes des flux
entrants en chômage (c'est-à-dire, d'occupé à
chômeur et d'inactif à chômeur). La proportion de
chômeurs qui sont restés chômeurs a connu une
hausse marquée durant la récession et elle est
demeurée plus élevée que la proportion observée au
cours des 12 mois avant cette période. »
« Pendant la dernière récession
en 2008-2009, l'emploi a diminué
de 426 000 d'octobre 2008 à
juillet 2009, tandis que le nombre de
chômeurs a augmenté de 460 000. »
Statistique Canada fait remarquer qu'« une
variation du chômage qui serait causée par des
mises à pied importantes n'a pas les mêmes
implications qu'une variation du chômage causée
par la difficulté à se trouver un travail ».
Statistique Canada suggère que le niveau moyen de
difficulté à trouver un emploi est «
normal », tandis que les licenciements
majeurs pour une raison quelconque, y compris une
crise générale, chamboulent le marché du travail,
entraînant de graves souffrances pour les
travailleurs.
Le rapport
n'examine pas les différentes catégories de
travailleurs qui souhaitent vendre leur capacité
de travailler et les difficultés et humiliations
qu'ils endurent, notamment les nouveaux
immigrants, les travailleurs migrants, les
travailleurs étrangers temporaires, les
travailleurs contractuels à durée déterminée
embauchés directement par les entreprises, les
travailleurs contractuels embauchés par le biais
d'agences de placement et autres trafiquants de
travailleurs, ceux considérés comme autonomes, y
compris ceux désignés comme tels dans l'économie à
la demande, etc.
La nécessité de changement est internationale. Le
phénomène des travailleurs étrangers invités sans
aucun droit est un fléau répandu. Par exemple, les
travailleurs invités privés même de droits civils
dans les six pays du Conseil de coopération du
Golfe (persique) sont de loin plus nombreux que
les citoyens officiels. Au Japon, plus
de 40 % des travailleurs sont considérés
comme « irréguliers », employés dans le cadre
de contrats de travail temporaires organisés
principalement par des entreprises de trafic de
main-d'oeuvre. Placer les travailleurs dans cette
relation sociale « irrégulière » renforce
considérablement le pouvoir de ceux qui achètent
la capacité de travailler des travailleurs. En
outre, les tiers qui agissent en sous-traitants et
les trafiquants sont devenus une autre couche de
parasites qui vivent aux dépens de la valeur que
les travailleurs produisent.
« Lors de récessions marquées, le changement du
taux de séparation de l'emploi (taux de transition
d'occupé à chômeur) explique la majorité de la
variation du taux de chômage. »
Statistique Canada déclare que la taille du
marché des chômeurs peut doubler lorsqu'une
personne est licenciée durant une crise parce que
« lorsqu'un membre du ménage perd son emploi, un
autre membre du ménage entre dans la population
active pour compenser la perte, ce qui augmente
l'offre de travail. Par exemple, les femmes
mariées chargées de famille ou les
étudiants. »
Parce que les travailleurs changent en général
leur statut sur le marché du travail sur une base
presque constante en dehors des périodes de crise,
Statistique Canada a créé le taux de transition
qui représente la probabilité qu'une personne en
emploi à la période (t) ait perdu ou quitté son
emploi et soit à la recherche de travail à la
période (t+1).
« Le taux est calculé en divisant le nombre de
personnes qui sont passées du statut occupé à
celui de chômeur (Ot Ct+1) entre les deux mois par
le nombre total de personnes en emploi au temps
t. »
« Afin d'observer l'ampleur des transitions, le
tableau 1 présente les estimations moyennes
des neuf principaux flux bruts au cours de la
période à l'étude, soit la moyenne d'octobre 2007
à septembre 2018. »
« Par exemple, (sur une période de onze années de
l'enquête) près de 17 millions de
travailleurs étaient en emploi au cours du mois
suivant en moyenne, ce qui
représente 59,5 % de la population
de 15 ans et plus. »
« Au cours de la période à l'étude, en
moyenne, 289 000 chercheurs de travail
étaient en emploi au cours du mois suivant,
soit 1,0 % de la population en âge de
travailler. Parallèlement, en
moyenne, 233 000 travailleurs sont
devenus chômeurs (0,8 % de la population
de 15 ans et plus). » Il importe de
noter que le nombre total de chômeurs n'est jamais
descendu en dessous de 1,1 million pendant la
période de l'étude et a augmenté considérablement
pendant la crise de 2008-2009 et le choc des
prix du pétrole après 2014, et est maintenant
plus du double avec la crise économique liée à la
pandémie actuelle. »
« La période appelée 'récession' est celle qui
contient le sommet du niveau d'emploi (en
octobre 2008) avant la diminution abrupte
jusqu'au creux en juillet 2009 ».
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« Au cours de la récession, l'emploi a diminué
de 426 000. [...] Pendant cette période,
les flux sortants de l'emploi ont augmenté de
manière importante pour atteindre une moyenne de
691 000 par mois, alors que les flux entrants
sont demeurés assez stables (629 000 en
moyenne). »
« Lors de la reprise, l'emploi s'est accru et a
atteint le niveau observé avant la récession en
janvier 2011. Au cours de cette période, la
hausse de l'emploi s'est caractérisée par une
baisse notable des flux sortants (625 000 en
moyenne) conjuguée à une hausse modérée des flux
entrants (637 000 en moyenne). »
« De janvier 2015 à février 2016, les
flux entrants et sortants étaient moins élevés, en
moyenne, qu'au cours de la période précédente.
Bien que le taux de transition d'occupé à chômeur
fût plus bas en moyenne que lors des périodes
précédentes, il a suivi une tendance à la hausse.
Ainsi, une personne en emploi avait plus de
chances d'être en chômage le mois suivant. »
Des déclarations comme celle-ci dans le rapport
montrent que la classe ouvrière ne contrôle pas
son sort. Cette réalité doit changer avec une
nouvelle direction pour l'économie et une garantie
assurée par l'État des droits des travailleurs.
Ces droits incluent le droit à un moyen de
subsistance et à participer consciemment aux
affaires aux endroits de travail et à établir la
direction de l'économie et de la société.
« Le nombre de personnes quittant l'inactivité
vers l'emploi (IO) a diminué au cours de la
récession et est demeuré relativement stable
durant la période de reprise. La diminution du
flux IO peut être un indicateur que les gens
mettent plus de temps à trouver du travail. En
effet, habituellement, il y a une période de
recherche de travail avant de trouver un emploi et
si cette période est très courte, la transition
entre IC ne sera pas captée. Puisque l'EPA
recueille le statut sur le marché du travail
pendant la semaine de référence, c'est plutôt la
transition IO qui sera captée. »
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« Pendant la récession, le nombre de chômeurs
qui ont trouvé du travail (CO) a augmenté et cette
hausse était provoquée par un effet de composition
dû à l'augmentation importante du nombre de
chômeurs. Bien que ce flux ait augmenté, la
probabilité de passer de chômeur à travailleur a
quant à elle diminué (voir le graphique 7a).
Ce phénomène a aussi été observé aux États-Unis.
Le nombre de personnes passant de chômeur à
travailleur a baissé en moyenne au cours de la
période de quatre ans qui a suivi la reprise,
alors que le nombre de personnes quittant l'emploi
vers l'inactivité (OI) était relativement
stable. »
« Le graphique 8 présente les flux entrants
et sortants du chômage. Les flux entrants (OC+IC)
sont la somme des personnes passant d'occupé à
chômeur (OC) et d'inactif à chômeur (IC). Les flux
sortants (CO+CI) représentent la somme des
personnes passant de chômeur à occupé (CO) et de
chômeur à inactif (CI). »
« Au cours de la période de 12 mois avant la
récession, le nombre de chômeurs a augmenté en
raison des flux entrants qui étaient plus élevés
que les flux sortants (493 000
et 489 000, en moyenne,
respectivement). »
« Entre janvier 2015 et février 2016,
coïncidant avec le choc des prix du pétrole, les
flux entrants vers le chômage ont connu une
tendance à la hausse. Les flux sortants ont aussi
augmenté, mais la hausse s'est produite un peu
plus tard au cours de la période. Ainsi, un écart
s'est creusé entre le nombre d'entrées et de
sorties du chômage. Le taux de chômage a augmenté
pour atteindre un sommet de 7,2 % en
janvier et février 2016. À la suite à ce
sommet, tant les flux entrants que sortants du
chômage ont diminué et les flux entrants sont
retournés en deçà des flux sortants. »
« Au cours de la période de reprise
(juillet 2009 à janvier 2011), tandis
que le nombre de personnes passant du travail au
chômage (OC) a diminué et est retourné à son
niveau d'avant la récession, le nombre de
personnes qui sont entrées dans la population
active pour chercher du travail (IC) est demeuré
plus élevé que le niveau moyen observé avant et
pendant la récession. Ce niveau moyen plus élevé
du flux IC a atténué la diminution des flux
entrants en chômage et du nombre de chômeurs. Le
flux IC qui a augmenté et qui est demeuré élevé
peut indiquer une croissance de l'emploi plus
faible. Le graphique 10 présente la
proportion d'inactifs qui entrent sur le marché du
travail et qui ne trouvent pas un emploi dans les
premières semaines de recherche. En
octobre 2008, cette proportion était
de 41,8 % alors qu'elle était
de 51,9 % en juillet 2009, soit une
hausse de 10,1 points de pourcentage. Cette
augmentation de la proportion d'inactifs qui
entrent sur le marché du travail et qui ne
trouvent pas un travail rapidement est également
observée pendant les périodes de récession aux
États-Unis. Au Canada, bien que cette proportion
ait diminué lors des périodes suivant la
récession, elle est demeurée plus élevée que ce
qu'elle était au cours de la période de 12
mois avant la récession. Le nombre de personnes
qui sont passées de travailleurs à chômeurs a
augmenté entre janvier 2015 et
février 2016. Le taux de transition entre
l'emploi et le chômage a aussi augmenté après
avoir suivi une tendance à la baisse pendant les
deux périodes précédentes. Le flux de personnes
passant de l'inactivité au chômage a aussi
augmenté en moyenne au cours de cette période,
mais la hausse s'est produite un peu plus tard.
Une hausse du taux de transition entre
l'inactivité et le chômage a été enregistrée. Ces
changements dans les flux bruts et les taux de
transition coïncident avec le choc des prix du
pétrole. »
« Lors de la période plus récente, les deux
composantes des flux entrants vers le chômage ont
diminué, mais la baisse était moins marquée que ce
qui a été observé pour les flux sortants. Du côté
des flux sortants du chômage (graphique 11),
le nombre de chômeurs qui ont quitté la population
active le mois suivant (CI) a commencé à augmenter
alors que la période de récession était déjà
commencée. Il est bien documenté que plusieurs
phénomènes peuvent contribuer à cette hausse du
flux CI. Par exemple, des gens à la recherche de
travail qui arrêtent de chercher devant de moins
bonnes perspectives d'embauche ou des personnes
qui retournent aux études. »
« Il est donc difficile de déterminer si une
partie de la hausse observée dans le flux CI a été
causée par un effet de composition occasionné par
l'augmentation du nombre de chômeurs ou par la
hausse du nombre de chercheurs découragés. Durant
la reprise et la période subséquente de quatre
ans, le nombre de chercheurs d'emploi qui ont
arrêté de chercher (CI) était plus haut que le
niveau moyen observé durant les 12 mois
précédents la récession. Toutefois, le flux CI a
suivi une tendance à la baisse au cours de la
période. Cette tendance s'est poursuivie jusqu'à
l'été de 2015. La hausse des flux sortants du
chômage observée entre janvier 2015 et
février 2016 provenait principalement de la
hausse du nombre de chômeurs quittant la
population active. »
« Lors de périodes de chocs économiques comme une
récession, le nombre de chômeurs de plus long
terme augmente. Les flux bruts permettent
d'observer le nombre de chômeurs qui demeurent
chômeurs lors du mois suivant. Le
graphique 13 présente les taux de transitions
pour ce flux. Il est observé que la proportion de
chômeurs qui sont restés chômeurs (taux de
transition CC) a connu une hausse notable au cours
de la récession et est demeurée assez élevée par
la suite. Au cours de cette période, la proportion
de chômeurs qui ont cherché du travail
pendant 27 semaines ou plus a également connu
une hausse notable. La probabilité de rester
chômeur entre deux mois consécutifs a diminué au
cours de la période de reprise et cette baisse
s'est poursuivie jusqu'à l'été de 2012. Cette
proportion est toutefois demeurée élevée
comparativement à ce qui était observé avant la
récession, ce qui était aussi le cas pour la
proportion de personnes ayant cherché du travail
pendant 27 semaines ou plus. La proportion de
chômeurs qui sont restés chômeurs a augmenté entre
janvier 2015 et janvier 2017. »
« Les mouvements dans les données sont nettement
perceptibles lors de chocs économiques. La forte
diminution de l'emploi observée pendant la
récession de 2008-2009 provenait
principalement de la hausse des flux sortants de
l'emploi, alors que les flux entrants sont
demeurés relativement stables. [...] La proportion
de chômeurs qui étaient dans ce même statut le
mois suivant a augmenté de manière prononcée au
cours de la récession de 2008-2009. »
Le rapport révèle l'insécurité de la classe
ouvrière et l'immense gaspillage de la force
productive des travailleurs. La classe ouvrière,
tantôt employée et partie de la force de travail
et tantôt exclue, est très influencée par les
conditions économiques. La chance individuelle
peut jouer un rôle, mais le facteur déterminant de
changements significatifs est engendré par les
conditions économiques, à la fois la condition
générale de l'économie, ses contradictions et ses
problèmes, et les conditions de secteurs et
d'endroits de travail spécifiques. Il faut noter
aussi le parasitisme qui a surgi avec
l'impérialisme, qui pèse lourdement sur la classe
ouvrière sous forme de marchés boursiers et
d'autres institutions financières et sous forme de
manipulation et de trafic des travailleurs par des
tiers et d'expropriation d'une portion de la
valeur qu'ils produisent.
Dans les
conditions actuelles, de nombreux travailleurs se
retrouvent privés même de droits civils sans
parler de droits humains modernes. Le marché du
travail fonctionne sur la base de la contrainte.
On peut parler ici d'une forme de servitude
volontaire, mais le mot volontaire est une
exagération. Récemment, certains membres de
l'oligarchie impérialiste l'ont démontré on ne
peut plus clairement lorsqu'ils se sont plaints
que la rémunération de 2 000 dollars par
mois du gouvernement pendant la pandémie pour les
travailleurs mis à pied aura un effet dissuasif
sur leur retour au travail. Les travailleurs sont
forcés de vendre leur capacité de travailler sans
quoi ils sont menacés de pauvreté et de privation.
Ceci n'est pas moderne. C'est une violation des
droits humains des travailleurs. La contrainte,
qu'elle résulte en une servitude involontaire ou
volontaire, est le fait de sociétés de classes
dominées par une élite dirigeante qui exploite le
travail et la production du peuple afin de servir
ses propres intérêts de classe étroits.
Une nouvelle direction de l'économie est requise
qui élimine les crises économiques récurrentes, le
marché du travail, le fléau du chômage et la
fluctuation constante de la classe ouvrière en
termes d'emploi et de main-d'oeuvre, lesquels
créent une grande insécurité et un désarroi pour
la classe ouvrière ainsi qu'une perte de
productivité pour l'économie. Une nouvelle
direction déploierait la force productive et le
caractère éclairé du facteur humain/conscience
sociale. Dans une telle situation, les
travailleurs s'acquitteraient de leur devoir de
travailler sans se sentir menacés de perdre un
emploi ou de se retrouver sur le chômage. La
motivation de travailler viendrait des conditions
sociales transformées par lesquelles les
travailleurs seraient au contrôle de leur travail
et du produit social qu'ils produisent et de la
direction de la société. Un changement aussi
profond vers l'habilitation du peuple et la
conscience sociale engendrerait un profond
changement dans les relations sociales à l'endroit
de travail, d'une domination unilatérale et
injuste d'une élite dominante, vers une relation
que les travailleurs eux-mêmes développeraient
conformément avec le nouvel objectif de l'économie
de servir le bien-être du peuple et d'humaniser
l'environnement social et naturel.
Notes
1. De Statistique Canada «
Recensement
en bref - Les personnes âgées au travail au
Canada »
- En 2015, un Canadien sur cinq âgé
de 65 ans et plus, soit près de 1,1
million de personnes âgées, a déclaré avoir
travaillé pendant l'année. Il s'agit de la plus
forte proportion enregistrée depuis le
Recensement de 1981.
- Parmi les personnes âgées qui ont travaillé
en 2015, environ 30,0 % l'ont
fait à temps plein pendant toute l'année, et la
majorité d'entre elles étaient des hommes.
- Le pourcentage de personnes âgées ayant
déclaré travailler a presque doublé
entre 1995 et 2015, la majeure partie de
l'augmentation étant le résultat du travail
pendant une partie de l'année ou du travail à
temps partiel. Des hausses de l'activité sur le
marché du travail ont été observées à tous les
âges, tant chez les hommes que chez les femmes.
- Les personnes âgées titulaires d'un
baccalauréat ou d'un diplôme de niveau supérieur
de même que celles n'ayant pas de revenu de
retraite privé étaient plus susceptibles que les
autres personnes âgées de travailler.
- Le revenu d'emploi était la principale source
de revenus pour 43,8 % des personnes
âgées qui ont travaillé en 2015, ce qui
représente une hausse par rapport aux
proportions de 40,4 % enregistrée
en 2005 et de 38,8 % enregistrée
en 1995.
- Les hommes âgés qui ont travaillé à temps
plein pendant toute l'année étaient le plus
souvent des gestionnaires en agriculture, des
directeurs du commerce de détail et de gros, des
conducteurs de camions de transport, des
vendeurs du commerce de détail, ainsi que des
concierges et surintendants d'immeubles.
- Les femmes âgées qui ont travaillé à temps
plein pendant toute l'année étaient le plus
souvent des adjointes administratives, des
gestionnaires en agriculture, des agentes
d'administration, des vendeuses du commerce de
détail, des commis de bureau et des directrices
du commerce de détail et de gros.
- Les personnes âgées des territoires, ainsi que
celles de la Saskatchewan, de l'Alberta et de
l'Île-du-Prince-Édouard, étaient les plus
susceptibles de travailler. Celles de
Terre-Neuve et Labrador, du Québec et du
Nouveau-Brunswick étaient les moins susceptibles
de le faire.
- À l'échelle du pays, les personnes âgées
vivant dans des régions rurales étaient plus
susceptibles de travailler que celles vivant
ailleurs.
2. « La
dynamique du marché du travail depuis la
récession 2008-2009 », Emmanuelle
Bourbeau
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