Forum ouvrier

22 janvier 2020

Défense vigoureuse de l'éducation en Ontario

Plus d'enseignants et de travailleurs de l'éducation tiennent des journées de grève

Les travailleurs et travailleuses du secteur public au Québec présentent leurs préoccupations et leurs demandes
Appuyons les infirmières qui prennent la parole contre la détérioration de leurs conditions - Pierre Chénier
Entrevue avec Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)

Les luttes des travailleurs à travers le pays
Lockout des travailleurs de la raffinerie Co-op à Régina
La grève se poursuit chez Services techniques Ledcor contre le travail précaire - Brian Sproule
Les ravitailleurs des aéroports de Montréal en grève contre des conditions déplorables


Défense vigoureuse de l'éducation en Ontario

Plus d'enseignants et de travailleurs de l'éducation tiennent des journées de grève


Les enseignants et les travailleurs de l'éducation manifestent lors de la visite du premier ministre Doug Ford à Windsor, le 21 janvier 2019.

Dans toute la province, le 21 janvier, les enseignants et les travailleurs de l'éducation employés dans le système scolaire public catholique anglophone ont fait connaître leur non ! au gouvernement Ford par une journée de grève. Pendant la même semaine, d'autres enseignants du secondaire et du primaire et des travailleurs de l'éducation ont également cessé d'offrir leurs services dans des districts scolaires à l'échelle de l'Ontario dans le cadre des grèves tournantes de leurs syndicats. Tout ceci fait partie de leur résistance militante continue au saccage néolibéral par le gouvernement ontarien du secteur de l'éducation, qui vise à sabrer dans les investissements dans l'éducation primaire et secondaire et à transformer la prestation du service de l'éducation publique en un stratagème pour enrichir les intérêts privés d'affaires.

Ces actions comprennent deux aspects importants :

1) L'esprit d'unité parmi les travailleurs était très fort. C'est important car le gouvernement mise sur les divisions entre les syndicats pour amener l'un d'entre eux à accepter ses mesures antisociales. Les actions unies, dans lesquelles les gens se joignent aux lignes de piquetage des autres, montrent clairement que les éducateurs à la base ne font qu'un et qu'ils se battent pour la même chose.

2) Les demandes visent directement le gouvernement Ford, ses députés et le premier ministre Ford lui-même. Les travailleurs demandent de façon militante et énergique que Ford mette fin à son ordre du jour antisocial. Même lorsqu'il a tenté le 21 janvier de se faufiler inaperçu dans des réunions avec des représentants des riches triés sur le volet à Windsor-Essex, il s'est retrouvé devant un mur uni et déterminé d'enseignants, de parents, d'étudiants, d'infirmières, de travailleurs de l'automobile, de postiers, de travailleurs municipaux et de nombreux autres travailleurs. Cette unité dans l'action est un facteur essentiel pour l'avancement du mouvement indépendant des travailleurs pour des investissements dans les services publics et les programmes sociaux, et pour le respect des droits des travailleurs.


Les enseignants catholiques en grève et leurs sympathisants font du piquetage devant l'usine de moteurs Ford à Windsor, un des premiers arrêts du premier ministre Doug Ford lors de sa visite furtive dans la région.
Des membres de tous les syndicats de l'éducation sont rejoints par des travailleurs d'autres secteurs lors d'un piquetage le 21 janvier 2020 devant le lieu où se tient un événement-bénéfice du Parti progressiste-conservateur à Amherstburg où Doug Ford est présent.

Photos des actions du 20 au 22 janvier

Conseil scolaire catholique d'Ottawa

Conseil scolaire du district d'Ottawa-Carleton


Conseil scolaire des districts de Trenton, Hastings et Prince Edward


Conseil scolaire du district de Trillium-Lakelands




Conseil scolaire du district de la région de York

Conseil scolaire catholique du district de Toronto

Conseil scolaire du district de Toronto





Conseil scolaire catholique de Dufferin-Peel

Conseil scolaire du district de Peel


Conseil scolaire catholique de Halton

Conseil scolaire du district de Grand Erie


Conseil scolaire du district de Thames Valley



Conseil scolaire catholique de Windsor-Essex

Conseil scolaire du district de Near North

Conseil scolaire catholique du district de Sudbury


Conseil scolaire du district de Superior-Greenstone

(Photos : LML, FEÉO, FEESO, Districts 3,4,12,15 de FEESO, OECTA Ottawa, SCFP 997, J. Titley, M. Fitzmaurice, K. MacMahon, M. Snobel, M. Park, I. MacPherson, @rolloflearning, C. Chandler, S. Gardner, S. Ramsay)

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Les travailleurs et travailleuses du secteur public au Québec présentent leurs préoccupations et leurs demandes

Appuyons les infirmières qui prennent la parole
contre la détérioration de leurs conditions

Les mesures disciplinaires, dont des suspensions, continent d'être prises par les administrations des Centres intégrés de santé et de services sociaux contre des infirmiers et infirmières qui prennent la parole publiquement contre la détérioration des conditions de travail et des soins aux patients dans leur secteur.

Quelques jours avant Noël, un infirmier psychiatrique du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l'Estrie - Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CIUSSS de l'Estrie-CHUS) a été suspendu sans solde pour une période de trois semaines pour s'être exprimé contre la détérioration des conditions dans son département sur un des médias sociaux. La suspension a été très médiatisée et les collègues et des patients de l'infirmier se sont cotisés pour lui verser un montant lui permettant de combler sa perte de revenus. Son syndicat, le Syndicat des professionnels en soins des Cantons-de-l'Est (FIQ-SPSCE), qui fait partie de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, a déposé un grief contre la suspension. La présidente de la FIQ a envoyé une lettre à la direction de l'institution et à la ministre de la Santé pour demander que de pareilles pratiques, que les infirmières qualifient d'« omerta dans le réseau de la santé », cessent immédiatement. Elle demande aussi que des solutions soient mises en oeuvre pour que les conditions dans le secteur de la santé soient améliorées de manière significative. La FIQ préconise notamment l'instauration de ratios sécuritaires professionnelles en soins/patients pour améliorer les conditions immédiatement.

Il a été révélé récemment que peu avant la suspension de cet infirmier, une infirmière du même établissement a aussi été suspendue sans solde, pendant quatre semaines, pour s'être exprimée sur les médias sociaux. Selon les médias, à la demande de l'infirmière, la suspension n'avait pas été ébruitée. Selon la FIQ, c'est la première fois qu'on assiste à des suspensions sans solde dans cet établissement régional. Les deux infirmiers n'ont pas d'abord reçu un avertissement verbal ou écrit ou une autre mesure de gradation avant d'être suspendus sans solde.

On a appris également que la direction de l'établissement exige que tout nouvel employé signe un document, comme condition d'embauche, intitulé « Engagement à la confidentialité, à la sécurité de l'information et au maintien d'un sain climat de travail ».

Selon les médias, plusieurs clauses de ce document portent sur la confidentialité des dossiers des patients, et ces clauses citent à ce sujet la Loi sur les services de santé et les services sociaux et la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels. Une clause demanderait également au nouvel employé de prendre l'engagement suivant : « Ne pas diffuser auprès de médias et dans les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.) tout renseignement qui va à l'encontre des intérêts de l'établissement, toutes informations confidentielles et sensibles sur le CIUSSS de l'Estrie-CHUS ».

La direction de l'établissement a émis un communiqué dans lequel elle affirme que ce document « est un outil de l'établissement pour s'assurer que les employés soient conscients des obligations provenant de toutes ces sources ». Elle affirme que « les employés sont tout à fait libres de s'exprimer publiquement dans la mesure où cette initiative se fait en tout respect des usagers, de leurs proches ou de leurs collègues ».

Les mesures prises pour criminaliser les infirmières et le personnel de la santé qui accomplissent leur devoir professionnel de défendre l'intégrité de leurs conditions de travail sont inacceptables. Il est également inacceptable de faire une condition d'embauche de la signature de formulaires qui compromettent la conscience de la personne. De plus en plus, les autorités des endroits de travail affirment défendre l'« image » et la « réputation » de leur institution et que cette réputation est ternie quand les travailleurs parlent de leurs conditions de travail. L'objectif visé par ces déclarations est insidieux parce que ce sont les employeurs qui sont responsables des conditions de travail au premier chef et non les travailleurs qui accomplissent leurs tâches avec ce qu'on leur donne.

En plus, les employeurs agissent d'une manière qui affaiblit les syndicats. Ils ont tendance à s'en prendre aux employés un par un et chaque employé est censé se débrouiller seul pour faire face à l'intimidation et se défendre.

La restructuration antisociale du système de santé détruit systématiquement les canaux qui permettaient aux travailleurs/euses de la santé d'être représentés par leurs syndicats. Les administrations d'établissements sont sous le contrôle direct du ministre de la Santé et soumises à des obligations légales d'équilibre budgétaire qui les forcent à faire des coupures sous peine de se voir licencier par le ministre. Avec la centralisation des pouvoirs dans les mains du ministre, au service des intérêts privés, les anciens canaux de communications et de règlement des conflits ont été détruits. L'anarchie et le chaos sous la forme d'attaques de toutes sortes sont imposés au système de santé. Cela ne laisse d'autre choix aux infirmières et au personnel de la santé que d'agir en dehors de ces canaux et les autorités répondent par la répression. Ce n'est pas par plaisir que les infirmières tiennent des sit-in dans les hôpitaux ou ont recours aux médias sociaux, par exaspération, pour prendre la parole et briser le silence sur leurs conditions.

Forum ouvrier condamne ces mesures répressives qui sont le produit du saccage néolibéral du système public de santé et appelle les Canadiens à s'unir aux travailleurs pour trouver des solutions qui permettent d'améliorer les conditions de travail et le service aux patients. Il faut pour cela appuyer avant tout leur droit de prendre la parole. Il est clair que les infirmières et leurs collègues défendent l'intérêt public en le faisant. Ils doivent savoir qu'ils ont notre appui lorsqu'ils rejettent la pratique inacceptable de les forcer à signer des engagements de loyauté.


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Entrevue avec Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)

Forum ouvrier : La FSSS-CSN a présenté récemment ses demandes sectorielles en vue du renouvellement des conventions collectives de ses membres. Dans quelle direction vont-elles ?

Jeff Begley : Nous avons des demandes au niveau de l'organisation du travail. Depuis la réforme du système de santé effectuée par le précédent gouvernement libéral, on assiste à une désorganisation assez importante. Au niveau de l'organisation du travail nous avons besoin d'un dialogue qui doit être beaucoup plus sérieux que par le passé

Un symptôme de la désorganisation c'est le temps supplémentaire obligatoire auquel nous voulons mettre fin.

Nous faisons face à une situation où les employeurs, même si cela décourage les travailleurs/euses, continent d'exiger que ceux-ci soient toujours plus disponibles. Il faut voir qu'avec la réforme qui a créé les méga-établissements, les syndicats maintenant sont énormes. Il y a des régions où l'établissement peut couvrir des centaines de kilomètres. Même à Montréal, tu peux avoir un établissement qui peut aller de Pointe-aux-Trembles jusqu'à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, c'est très gros cela aussi. Il y a des employeurs qui exigent que le monde soit disponible un peu partout, sur les différents quarts de travail. En 2020, c'est renversant que quelqu'un puisse travailler les trois quarts de travail en rotation, de jour, de soir et de nuit, dans une période de quelques semaines, parfois en différents endroits de l'établissement. Cela n' a pas de sens. Ce n'est pas le cas partout, mais il y a des places où les employeurs continuent d'exiger pleine disponibilité sur les trois quarts. C'est très mauvais pour la santé physique et mentale. Il faut se préoccuper de cela. Si on veut encourager les gens à travailler il faut leur donner la possibilité de travailler dans un endroit stable même s'ils sont sur la liste de rappel. Il y assez d'emplois pour cela. Il faut arrêter de voir les travailleurs/euses comme des pions qu'on déplace selon son bon vouloir. C'est nécessaire pour s'assurer qu'il y a assez de travailleurs et de travailleuses sur le plancher. C'est ainsi qu'on pourra faire en sorte d'éliminer le temps supplémentaire obligatoire, entre autres problèmes.

Un autre point très important c'est la question de la santé/sécurité au travail. Nous avons des départements et des endroits où plus du quart du personnel est en congé, que ce soit en maladie ou sur la CNESST (Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail). Ce n'est pas l'exception. Il y a beaucoup d'endroits où c'est le cas. Si on réduisait le problème même de moitié, tout à coup le problème de pénurie de personnel serait grandement réduit.

À la table sectorielle, nous avons beaucoup de demandes en santé-sécurité. En parallèle, nous demandons au gouvernement et à la CNESST de faire en sorte que la santé et les services sociaux soient reconnus comme un groupe prioritaire par la CNESST, ce qui n'est pas le cas en ce moment bien que la santé et les services sociaux soient un des pires groupes du point de vue des accidents et des maladies professionnelles. Être reconnu comme un groupe prioritaire voudrait dire qu'il y aurait des comités obligatoires de prévention d'établis, avec des travailleurs dégagés à temps plein pour faire de la prévention. Il faut éliminer les problèmes à la source. Les comités qui existent actuellement dans notre secteur sont des coquilles vides. Il n'y pas de prévention qui se fait, pas de résultats. On est dans le curatif uniquement et en plus les employeurs contestent systématiquement les réclamations du personnel. C'est une grosse priorité pour nous. Si nous n'arrivons pas à obtenir un statut de groupe prioritaire auprès de la CNESST, nous allons insister pour incorporer dans la convention collective tous les éléments qui appartiennent à un groupe prioritaire.

FO : Plusieurs syndicats ont fait état de choses inquiétantes qui semblent percer de l'approche sectorielle du gouvernement et des comités patronaux de négociation. Quelle est ton impression à ce sujet ?

JB : Oui il y a des choses qui nous inquiètent.

Nous avions pensé lors de la dernière négociation locale que les employeurs commençaient à comprendre que leur demande de flexibilité à tout prix était mauvaise. Pourtant, dans leur vocabulaire, la demande de flexibilité demeure. Ils semblent revenir avec des choses comme cela.

Dans notre secteur par exemple, il y a moins de 40 % des préposés/es aux bénéficiaires qui sont à temps complet. Nous avions demandé de mettre en place des mesures pour convertir des postes à temps partiel en des postes à temps complet. Mais les travaux ne sont pas faits partout, ils ne sont pas faits de façon uniforme et à cause du temps supplémentaire obligatoire, beaucoup n'ont pas postulé pour les postes à temps complet. Les employeurs disent avoir fait le travail nécessaire mais que les gens ne se sont pas engagés dans le projet. En fait si les gens sont réticents à postuler pour les emplois à temps complet, c'est à cause du temps supplémentaire obligatoire. C'est particulièrement le cas pour les infirmières qui se disent que si elles demeurent sur un poste à temps partiel et qu'on leur impose du temps supplémentaire obligatoire, au moins elles ne seront pas obligées de faire toutes ces heures terribles que les infirmières à temps complet doivent faire.

Je dois dire que pour nous les choses ne sont pas tout à fait claires encore en ce qui concerne les intentions du gouvernement et des comités patronaux quand ils parlent de la nécessité de la flexibilité. C'est encore assez vague. Mais c'est notre inquiétude.

En conclusion, je veux dire que l'argent est important, mais que même si on obtient de meilleurs salaires, si on n'améliore pas les conditions, on n'attirera pas les gens à venir travailler dans notre secteur. Oui, il faut investir et améliorer les salaires de façon substantielle, mais en soi ce n'est pas suffisant.

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Les luttes des travailleurs à travers le pays

Lockout des travailleurs
de la raffinerie Co-op à Régina

Plusieurs centaines de travailleurs se sont joints aux travailleurs en lockout de la raffinerie Co-op de Regina sur leur ligne de piquetage, les 20 et 21 janvier. Ils sont venus d'aussi loin que Gander et Vancouver et parmi eux se trouvaient des membres de l'exécutif national d'Unifor.

Par leur actions de masse, les travailleurs contrôlaient tout ce qui entrait et sortait de la raffinerie. La police de Regina a réagi en arrêtant 14 personnes, dont le président national d'Unifor et le directeur de la région de l'Ouest du syndicat. Les policiers ont déclaré qu'une injonction levée nommément contre la section locale 594, qui ordonnait aux piqueteurs de ne pas stopper les camions pendant plus de 10 minutes, s'appliquait aussi aux dirigeants d'Unifor et aux membres des autres sections locales.

Les plus de 800 travailleurs du complexe de la raffinerie Co-op (CRC) des Coopératives fédérées (FCL) de Regina sont en lockout depuis le 5 décembre 2019. Le lockout a été imposé par la compagnie à la suite du préavis de grève de 48 heures émis le 3 décembre 2019. Les travailleurs, qui sont membres de la section locale 594 d'Unifor, ont été en négociation puis en médiation pendant plusieurs mois pendant lesquels la FCL, contrairement à ses engagements de négociations précédentes, a insisté pour remplacer le régime de retraite à prestations déterminées par un régime inférieur. Les travailleurs ont défendu avec raison leur régime de retraite, qui a fait l'objet d'un accord lors de négociations de convention collective précédentes.

Pendant tout le lockout, la compagnie a publié des avis aux médias, installé des panneaux d'affichage et tout fait pour présenter sa position comme étant « équitable » et celle des travailleurs déraisonnable. Selon la compagnie, sa position est « raisonnable » parce que les travailleurs doivent « contribuer » à leur régime de retraite. À l'heure actuelle, en vertu des négociations précédentes, c'est la compagnie qui finance le régime à prestations déterminées. Ce qui est oublié dans cette « équité » est que le montant que la compagnie verse dans le régime de retraite a été négocié par le passé et fait partie de la rémunération globale, qui comprend notamment les salaires, les paies de vacances et les congés de maladie payés, que les travailleurs ont acceptée en échange de leur travail qui produit la richesse de la compagnie. La FCL demande à l'« opinion publique » de reconnaître que les temps ont changé, que les énergies fossiles n'en ont plus pour longtemps, et que pour être « viable », la compagnie doit refuser aux travailleurs ce qui leur revient de droit en tant que producteurs de la richesse afin que ses profits continuent d'augmenter.


Rassemblement à Regina le 20 janvier 2020 en appui aux travailleurs de la raffinerie Co-op

Les travailleurs ont répondu par un Non ! retentissant. Depuis le début du lockout, ils ont organisé des actions dans plusieurs communautés de la Saskatchewan et aussi loin à l'ouest que l'île de Vancouver en appui aux travailleurs de la raffinerie, dont un boycottage des points de vente de l'entreprise.

La raffinerie continue de fonctionner avec des « travailleurs de remplacement », des cadres et des scabs. Elle a même construit un camp de travail pour les scabs plusieurs mois avant le préavis de grève et en préparation du lockout afin de continuer de produire. Dans une lettre du 20 janvier en réponse à une lettre du Syndicat national des cultivateurs (SNC) appelant à une reprise des négociations pour régler le conflit, la FCL se vante d'avoir mis ce plan en action dès octobre 2019. Dans sa lettre du 17 janvier, le Syndicat national des cultivateurs écrit : « C'est troublant qu'un aspect clé du conflit est si les travailleurs vont pouvoir utiliser les pensions qui ont fait l'objet d'ententes négociées et qu'ils ont gagnées pendant leurs années actives à la raffinerie ou s'ils vont être obligés d'accepter un régime de retraite moins avantageux. Un recul dans les pensions concerne toute la communauté : renier un engagement sur les pensions est une façon pour les compagnies de transférer dans leurs coffres une partie de l'argent gagné par les travailleurs. Si la Co-op réussit à le faire, d'autres compagnies vont se sentir encouragées à s'emparer des régimes de retraite des travailleurs. » La réponse de la compagnie, en plus de la déclaration que le régime de retraite doit changer et que les travailleurs sont déjà très bien payés, a été de dire qu'il est nécessaire d'avoir un « plan de continuité des activités ». La compagnie a écrit que «[...] nous comprenons le caractère vital de l'alimentation en essence par le CRC pour l'économie de l'ouest canadien et pour les producteurs agricoles en particulier. C'est la raison pour laquelle le Conseil d'administration a appuyé la détermination de la direction à mettre en place un plan de continuité des activités efficace permettant une production d'essence sécuritaire et fiable au cas où la production et l'approvisionnement seraient interrompus. »

Le SNC souligne que « c'est troublant aussi de constater que la direction de Co-op s'est préparée à un long lockout en construisant un camp de travail pour loger des scabs et a dépensé de l'argent en vols d'hélicoptère pour franchir la ligne de piquetage. Il semble que la direction de Co-op ait investi beaucoup d'argent dans des mesures destinées à prolonger le conflit ». Ce à quoi la FCL a répondu : « Nous tenons à préciser que le CRC n'a pas commencé la construction des installations de continuation des activités avant la rupture finale de la médiation causée par Unifor en octobre. » (Notre souligné)

Le fait que la compagnie avait un plan en place pour miner la lutte des travailleurs des mois avant le préavis de grève renforce la détermination des travailleurs de la raffinerie Co-op à défendre leurs conditions de travail, en particulier leurs pensions. Tous les travailleurs canadiens doivent appuyer la juste position qu'ils ont prise.

(Photos : Section locale 594 d'Unifor)

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La grève se poursuit chez Services techniques
Ledcor contre le travail précaire


Piquetage des retraités de la section locale 213 de la FIOE devant les bureaux de Ledcor à Vancouver le 17 janvier 2020

Les travailleurs des télécommunications, membres de la section locale 213 de la Fraternité internationale des ouvriers en électricité (FIOE), poursuivent leur grève contre Services techniques Ledcor (LTS) à Port Coquitlam, en Colombie-Britannique.

Le débrayage a commencé le 30 septembre 2019, après le licenciement massif de 31 travailleurs sans motif ni préavis. En 2017, les travailleurs se sont joints à la section locale 213 dans l'espoir d'améliorer leurs conditions de travail, notamment par la fin du travail à la pièce et de la sous-traitance de leurs emplois et par la reconnaissance de leurs droits d'ancienneté.

Depuis que la FIOE a été accréditée en tant qu'agent négociateur il y a deux ans, LTS refuse de signer une première convention collective et rejette toutes les justes revendications des travailleurs. La main-d'oeuvre régulière a continué de diminuer, baissant de près de 50 % depuis le nombre initial de 238 travailleurs lors de la certification

Le 14 janvier, une équipe du Centre ouvrier du PCC(M-L) s'est jointe aux grévistes et au comité des membres retraités de la section locale 213 sur la ligne de piquetage devant le siège social du groupe Ledcor au centre-ville de Vancouver. Un article du numéro du 19 décembre 2019 de Forum ouvrier sur la grève a été distribué aux piqueteurs.

Le Centre ouvrier a été informé que Telus, une des autres grandes sociétés de l'industrie des télécommunications, coopère avec Ledcor dans l'espoir de briser la grève, de démanteler les syndicats dans cette industrie et de faire en sorte que tous les travaux d'installation soient effectués par des entrepreneurs désignés comme travailleurs autonomes. Ceux-ci ne sont pas soumis à la législation sur les normes du travail en ce qui concerne les salaires, les heures supplémentaires, les pauses, la santé et la sécurité, les indemnités pour les blessures au travail, etc.

Outre le piquetage devant les bureaux de LTS et le siège social de Ledcor, les travailleurs envoient des escouades volantes de piqueteurs avec pancartes et mégaphones lorsqu'ils apprennent que des entrepreneurs de LTS installent de la fibre optique.

Malgré les pressions financières et leur petit nombre, les travailleurs sont déterminés à se battre jusqu'à ce qu'ils remportent une première convention collective acceptable.

À propos de Ledcor

Le site Web de Ledcor indique que « Ledcor est une entreprise de construction diversifiée engagée dans la conception, la construction, le transport, l'exploitation et l'entretien de projets partout en Amérique du Nord ».

Leduc Construction a été fondée en 1947 par William (Bill) Lede. Il a commencé par construire des routes pour l'industrie pétrolière près de Leduc, en Alberta.

Bill Lede est décédé dans un accident de chantier en 1980. Ses fils Dave et Herb ont repris l'exploitation de l'entreprise. Dave Lede est président-directeur général.

En 1982, l'entreprise a été renommée Ledcor. Wikipédia dit que Ledcor « appartient aux employés ». Les sièges sociaux sont à Vancouver et à San Diego, en Californie, avec une trentaine de bureaux et environ 7 000 employés en Amérique du Nord. La valeur nette de l'entreprise est d'environ 1 milliard de dollars.

Il y a 10 divisions :

- bâtiment
- pétrole et gaz, y compris la construction de pipelines
- foresterie
- exploitation minière
- communications (Services techniques Ledcor)
- transport, y compris les filiales aéronautiques et maritimes
- énergie
- propriétés (immobilier et développement)
- infrastructure
- environnement

(Photos : FIOE, section locale 213)

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Les ravitailleurs des aéroports de Montréal en grève contre des conditions déplorables


Rassemblement des ravitailleurs de l'aéroport en grève à Montréal, le 16 janvier 2020 (AIMTA-Canada)

Les travailleurs qui ravitaillent tous les avions des aéroports Pierre-Elliott-Trudeau et Mirabel de Montréal sont en grève depuis le 31 décembre 2019. Ces quelque 100 membres de la section locale 2301 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA) ravitaillent en essence environ 500 avions par jour. Leur convention collective avec leur employeur Swissport Canada Inc s'est terminée en août 2019. Les négociations pour une nouvelle convention collective ont commencé le 23 mai 2019.

Le 28 décembre 2019, les travailleurs qui ont voté sur un accord de principe l'ont rejeté à 90 %. Cela faisait suite à un vote antérieur de 99 % en faveur d'un mandat de grève.

Swissport International AG est un des plus grands monopoles de services aéroportuaires au sol et de manutention de fret aérien au monde. Il a obtenu en sous-traitance les services de ravitaillement du Consortium canadien des transporteurs aériens (dont Air Canada est membre) en 2015. Le consortium a favorisé Swissport par rapport à CAFAS, basé aux États-Unis, qui était le ravitailleur sous-traitant depuis de nombreuses années.

La sous-traitance des services au sol et d'autres services est une pratique courante. Les fournisseurs de services sont en concurrence pour être le plus bas soumissionnaire et les transporteurs aériens voient cela comme un grand avantage pour eux, en fait de profits. De plus, la sous-traitance leur permet de refuser toute responsabilité sociale envers les travailleurs qui fournissent les services et le public.

La grève aux aéroports de Montréal soulève la question du « renversement de contrat » ( « contract flipping » en anglais) qui devient de plus en plus courant dans les aéroports canadiens. Il s'agit d'un outil majeur utilisé par les employeurs pour anéantir les droits des travailleurs syndiqués et imposer des salaires et des conditions de travail plus bas pour augmenter leurs profits privés. Lorsque les contrats sont « renversés » en faveur d'un nouveau fournisseur de services, les travailleurs doivent postuler de nouveau pour leur emploi. Le nouvel employeur n'est pas tenu de reconnaître l'ancienneté ou le syndicat des travailleurs, ni de maintenir le salaire ou les avantages précédemment acquis par les travailleurs qui sont obligés de repartir de zéro. C'est l'un des moyens par lesquels les travailleurs sont poussés vers la précarité avec un salaire proche du salaire minimum avec peu ou pas d'avantages sociaux.

Les travailleurs d'aéroports affectés par ce renversement de contrat fournissent un service vital qui a un impact sur la sécurité des passagers des compagnies aériennes, des autres travailleurs et du grand public. Ils font le plein d'essence d'avions, souvent dans des températures extrêmement chaudes ou froides, sur les terrains des aéroports de plus en plus obstrués par des avions et des équipements lourds, tout en étant exposés à un bruit intense et à d'autres conditions dangereuses. Les employés de l'aéroport de Montréal, ainsi que les employés de l'aéroport Pearson de Toronto, mènent une lutte déterminée contre cette pratique.

Le renversement du contrat entre CAFAS et Swissport a entraîné une perte directe de salaire d'environ 33 %, une réduction d'un salaire de 24 $ à environ 16 $. Leurs congés payés sont passés de cinq à deux semaines. Ils ont perdu leur régime de retraite de l'entreprise et la plupart de leurs avantages sociaux. Plus important encore, en raison des conditions de travail intenables, le roulement de personnel est énorme. Cela affecte à son tour la sécurité des travailleurs, des passagers, de l'équipage et du grand public, car les entreprises embauchent alors rapidement de nouveaux travailleurs qui reçoivent une formation minimale. Les accidents sur le tarmac sont de plus en plus fréquents.

Par leur grève, les employés de l'aéroport disent « Assez, c'est assez ! » Ils rendent publiques leurs demandes et leur expérience vécue. Le 15 janvier, ils ont organisé un rassemblement devant le bureau principal de Swissport à Montréal, auquel ont assisté les grévistes, d'autres travailleurs et des représentants syndicaux. Ils ont présenté leurs revendications pour une amélioration significative de leurs salaires et de leurs conditions de travail afin de mettre fin au roulement du personnel. Ils ont exigé une formation adéquate pour tous les employés. Ils ont exigé que Transports Canada et le gouvernement fédéral interviennent pour mettre fin au renversement irresponsable de contrat en modifiant le Code canadien du travail afin que les droits syndicaux soient maintenus lorsqu'un nouvel employeur se voit attribuer un contrat et que les salaires et les conditions de travail déjà négociés soient maintenus avec le nouvel employeur. Ils ont exigé que le Code du travail interdise l'utilisation de briseurs de grève durant les conflits du travail. Ils se sont opposés à la tendance actuelle des monopoles, avec l'aide du gouvernement, à faire des aéroports un paradigme de précarité et de conditions inférieures aux normes. Plusieurs des syndicats qui ont participé à l'action ont offert un appui financier et ont promis des fonds provenant de leurs sections locales pour aider les travailleurs à gagner ce combat.

Transports Canada ferme les yeux sur la destruction des conditions de travail et des normes de sécurité dans les aéroports canadiens et l'« explication  » donnée est l'argument intéressé selon lequel la gouvernance des aéroports a changé au Canada dans les années 1990 et les aéroports ne sont plus détenus ou exploités par le gouvernement fédéral. En ce qui concerne les aéroports de Montréal, Transports Canada en demeure propriétaire mais une entité indépendante a été créée pour les exploiter.

Transports Canada s'est réduit à un simple observateur des autorités aéroportuaires et des transporteurs déréglementés, comme c'est le cas pour les chemins de fer, plutôt qu'une autorité publique qui défend les normes et les règlements. Selon Transports Canada, le renversement de contrat par l'administration aéroportuaire et les transporteurs pour imposer des conditions inférieures aux normes et compromettre la sécurité est une affaire purement privée. La seule responsabilité que Transports Canada reconnaît est d'apposer son sceau d'approbation sur les rapports que l'autorité aéroportuaire et les compagnies produisent. Cela met les employés des aéroports et tous les Canadiens en danger et ne doit pas passer.

La grève des travailleurs de l'aéroport de Montréal est courageuse. C'est une lutte pour leurs droits et pour les droits et la sécurité de tous. Tous les travailleurs doivent l'appuyer fermement.

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