22 janvier 2020
Défense vigoureuse de l'éducation
en Ontario
Plus d'enseignants et de
travailleurs de l'éducation tiennent des
journées de grève
- Laura Chesnik -
Les travailleurs et travailleuses du
secteur public au Québec présentent leurs
préoccupations et leurs demandes
• Appuyons les infirmières
qui prennent la parole contre la détérioration
de leurs conditions - Pierre Chénier
• Entrevue avec Jeff
Begley, président de la Fédération de la santé
et des services sociaux (FSSS-CSN)
Les luttes
des travailleurs à travers le pays
• Lockout des travailleurs
de la raffinerie Co-op à Régina
• La grève se poursuit
chez Services techniques Ledcor contre le
travail précaire - Brian Sproule
• Les ravitailleurs des
aéroports de Montréal en grève contre des
conditions déplorables
Défense vigoureuse de l'éducation
en Ontario
Plus d'enseignants et de travailleurs de
l'éducation tiennent des journées de grève
- Laura Chesnik -
Les enseignants et les travailleurs de l'éducation
manifestent lors de la visite du premier ministre
Doug Ford à Windsor, le 21 janvier 2019.
Dans toute la province, le 21 janvier, les
enseignants et les travailleurs de l'éducation
employés dans le système scolaire public
catholique anglophone ont fait connaître leur non !
au gouvernement Ford par une journée de grève.
Pendant la même semaine, d'autres enseignants du
secondaire et du primaire et des travailleurs de
l'éducation ont également cessé d'offrir leurs
services dans des districts scolaires à l'échelle
de l'Ontario dans le cadre des grèves tournantes
de leurs syndicats. Tout ceci fait partie de leur
résistance militante continue au saccage
néolibéral par le gouvernement ontarien du secteur
de l'éducation, qui vise à sabrer dans les
investissements dans l'éducation primaire et
secondaire et à transformer la prestation du
service de l'éducation publique en un stratagème
pour enrichir les intérêts privés d'affaires.
Ces actions comprennent deux aspects
importants :
1) L'esprit d'unité parmi les travailleurs était
très fort. C'est important car le gouvernement
mise sur les divisions entre les syndicats pour
amener l'un d'entre eux à accepter ses mesures
antisociales. Les actions unies, dans lesquelles
les gens se joignent aux lignes de piquetage des
autres, montrent clairement que les éducateurs à
la base ne font qu'un et qu'ils se battent pour la
même chose.
2) Les demandes visent directement le
gouvernement Ford, ses députés et le premier
ministre Ford lui-même. Les travailleurs demandent
de façon militante et énergique que Ford mette fin
à son ordre du jour antisocial. Même lorsqu'il a
tenté le 21 janvier de se faufiler inaperçu
dans des réunions avec des représentants des
riches triés sur le volet à Windsor-Essex, il
s'est retrouvé devant un mur uni et déterminé
d'enseignants, de parents, d'étudiants,
d'infirmières, de travailleurs de l'automobile, de
postiers, de travailleurs municipaux et de
nombreux autres travailleurs. Cette unité dans
l'action est un facteur essentiel pour
l'avancement du mouvement indépendant des
travailleurs pour des investissements dans les
services publics et les programmes sociaux, et
pour le respect des droits des travailleurs.
Les enseignants catholiques en grève et leurs
sympathisants font du piquetage devant l'usine
de moteurs Ford à Windsor, un des premiers
arrêts du premier ministre Doug Ford lors de sa
visite furtive dans la région.
Des membres de tous les syndicats de
l'éducation sont rejoints par des travailleurs
d'autres secteurs lors d'un piquetage le 21
janvier 2020 devant le lieu où se tient un
événement-bénéfice du Parti
progressiste-conservateur à Amherstburg où Doug
Ford est présent.
Photos des actions du 20 au 22
janvier
Conseil scolaire catholique d'Ottawa
Conseil scolaire du district d'Ottawa-Carleton
Conseil scolaire des districts de Trenton,
Hastings et Prince Edward
Conseil scolaire du district de Trillium-Lakelands
Conseil scolaire du district de la région de York
Conseil scolaire catholique du district de
Toronto
Conseil scolaire du district de Toronto
Conseil scolaire catholique de Dufferin-Peel
Conseil scolaire du district de Peel
Conseil scolaire catholique de Halton
Conseil scolaire du district de Grand Erie
Conseil scolaire du district de Thames Valley
Conseil scolaire catholique de Windsor-Essex
Conseil scolaire du district de Near North
Conseil scolaire catholique du district de Sudbury
Conseil scolaire du district de
Superior-Greenstone
Les travailleurs et travailleuses
du secteur public au Québec présentent leurs
préoccupations et leurs demandes
Appuyons les infirmières qui prennent la parole
contre la détérioration de leurs conditions
- Pierre Chénier -
Les mesures disciplinaires, dont des
suspensions, continent d'être prises par les
administrations des Centres intégrés de santé et
de services sociaux contre des infirmiers et
infirmières qui prennent la parole publiquement
contre la détérioration des conditions de travail
et des soins aux patients dans leur secteur.
Quelques jours avant Noël, un infirmier
psychiatrique du Centre intégré universitaire de
santé et de services sociaux de l'Estrie - Centre
hospitalier universitaire de Sherbrooke (CIUSSS de
l'Estrie-CHUS) a été suspendu sans solde pour une
période de trois semaines pour s'être exprimé
contre la détérioration des conditions dans son
département sur un des médias sociaux. La
suspension a été très médiatisée et les collègues
et des patients de l'infirmier se sont cotisés
pour lui verser un montant lui permettant de
combler sa perte de revenus. Son syndicat, le
Syndicat des professionnels en soins des
Cantons-de-l'Est (FIQ-SPSCE), qui fait partie de
la Fédération interprofessionnelle de la santé du
Québec, a déposé un grief contre la suspension. La
présidente de la FIQ a envoyé une lettre à la
direction de l'institution et à la ministre de la
Santé pour demander que de pareilles pratiques,
que les infirmières qualifient d'« omerta dans le
réseau de la santé », cessent immédiatement.
Elle demande aussi que des solutions soient mises
en oeuvre pour que les conditions dans le secteur
de la santé soient améliorées de manière
significative. La FIQ préconise notamment
l'instauration de ratios sécuritaires
professionnelles en soins/patients pour améliorer
les conditions immédiatement.
Il a été révélé
récemment que peu avant la suspension de cet
infirmier, une infirmière du même établissement a
aussi été suspendue sans solde, pendant quatre
semaines, pour s'être exprimée sur les médias
sociaux. Selon les médias, à la demande de
l'infirmière, la suspension n'avait pas été
ébruitée. Selon la FIQ, c'est la première fois
qu'on assiste à des suspensions sans solde dans
cet établissement régional. Les deux infirmiers
n'ont pas d'abord reçu un avertissement verbal ou
écrit ou une autre mesure de gradation avant
d'être suspendus sans solde.
On a appris également que la direction de
l'établissement exige que tout nouvel employé
signe un document, comme condition d'embauche,
intitulé « Engagement à la confidentialité, à la
sécurité de l'information et au maintien d'un sain
climat de travail ».
Selon les médias, plusieurs clauses de ce
document portent sur la confidentialité des
dossiers des patients, et ces clauses citent à ce
sujet la Loi sur les services de santé et les
services sociaux et la Loi sur l'accès
aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels.
Une clause demanderait également au nouvel employé
de prendre l'engagement suivant : « Ne pas
diffuser auprès de médias et dans les réseaux
sociaux (Facebook, Twitter, etc.) tout
renseignement qui va à l'encontre des intérêts de
l'établissement, toutes informations
confidentielles et sensibles sur le CIUSSS de
l'Estrie-CHUS ».
La direction de l'établissement a émis un
communiqué dans lequel elle affirme que ce
document « est un outil de l'établissement pour
s'assurer que les employés soient conscients des
obligations provenant de toutes ces
sources ». Elle affirme que « les employés
sont tout à fait libres de s'exprimer publiquement
dans la mesure où cette initiative se fait en tout
respect des usagers, de leurs proches ou de leurs
collègues ».
Les mesures prises pour criminaliser les
infirmières et le personnel de la santé qui
accomplissent leur devoir professionnel de
défendre l'intégrité de leurs conditions de
travail sont inacceptables. Il est également
inacceptable de faire une condition d'embauche de
la signature de formulaires qui compromettent la
conscience de la personne. De plus en plus, les
autorités des endroits de travail affirment
défendre l'« image » et la «
réputation » de leur institution et que cette
réputation est ternie quand les travailleurs
parlent de leurs conditions de travail. L'objectif
visé par ces déclarations est insidieux parce que
ce sont les employeurs qui sont responsables des
conditions de travail au premier chef et non les
travailleurs qui accomplissent leurs tâches avec
ce qu'on leur donne.
En plus, les employeurs agissent d'une manière
qui affaiblit les syndicats. Ils ont tendance à
s'en prendre aux employés un par un et chaque
employé est censé se débrouiller seul pour faire
face à l'intimidation et se défendre.
La
restructuration antisociale du système de santé
détruit systématiquement les canaux qui
permettaient aux travailleurs/euses de la santé
d'être représentés par leurs syndicats. Les
administrations d'établissements sont sous le
contrôle direct du ministre de la Santé et
soumises à des obligations légales d'équilibre
budgétaire qui les forcent à faire des coupures
sous peine de se voir licencier par le ministre.
Avec la centralisation des pouvoirs dans les mains
du ministre, au service des intérêts privés, les
anciens canaux de communications et de règlement
des conflits ont été détruits. L'anarchie et le
chaos sous la forme d'attaques de toutes sortes
sont imposés au système de santé. Cela ne laisse
d'autre choix aux infirmières et au personnel de
la santé que d'agir en dehors de ces canaux et les
autorités répondent par la répression. Ce n'est
pas par plaisir que les infirmières tiennent des
sit-in dans les hôpitaux ou ont recours aux médias
sociaux, par exaspération, pour prendre la parole
et briser le silence sur leurs conditions.
Forum ouvrier condamne ces mesures
répressives qui sont le produit du saccage
néolibéral du système public de santé et appelle
les Canadiens à s'unir aux travailleurs pour
trouver des solutions qui permettent d'améliorer
les conditions de travail et le service aux
patients. Il faut pour cela appuyer avant tout
leur droit de prendre la parole. Il est clair que
les infirmières et leurs collègues défendent
l'intérêt public en le faisant. Ils doivent savoir
qu'ils ont notre appui lorsqu'ils rejettent la
pratique inacceptable de les forcer à signer des
engagements de loyauté.
Entrevue avec Jeff Begley, président de la
Fédération de la santé et des services sociaux
(FSSS-CSN)
Forum ouvrier : La
FSSS-CSN a présenté récemment ses demandes
sectorielles en vue du renouvellement des
conventions collectives de ses membres. Dans
quelle direction vont-elles ?
Jeff Begley : Nous avons
des demandes au niveau de l'organisation du
travail. Depuis la réforme du système de santé
effectuée par le précédent gouvernement libéral,
on assiste à une désorganisation assez importante.
Au niveau de l'organisation du travail nous avons
besoin d'un dialogue qui doit être beaucoup plus
sérieux que par le passé
Un symptôme de la désorganisation c'est le temps
supplémentaire obligatoire auquel nous voulons
mettre fin.
Nous faisons face à une situation où les
employeurs, même si cela décourage les
travailleurs/euses, continent d'exiger que ceux-ci
soient toujours plus disponibles. Il faut voir
qu'avec la réforme qui a créé les
méga-établissements, les syndicats maintenant sont
énormes. Il y a des régions où l'établissement
peut couvrir des centaines de kilomètres. Même à
Montréal, tu peux avoir un établissement qui peut
aller de Pointe-aux-Trembles jusqu'à l'hôpital
Maisonneuve-Rosemont, c'est très gros cela aussi.
Il y a des employeurs qui exigent que le monde
soit disponible un peu partout, sur les différents
quarts de travail. En 2020, c'est renversant
que quelqu'un puisse travailler les trois quarts
de travail en rotation, de jour, de soir et de
nuit, dans une période de quelques semaines,
parfois en différents endroits de l'établissement.
Cela n' a pas de sens. Ce n'est pas le cas
partout, mais il y a des places où les employeurs
continuent d'exiger pleine disponibilité sur les
trois quarts. C'est très mauvais pour la santé
physique et mentale. Il faut se préoccuper de
cela. Si on veut encourager les gens à travailler
il faut leur donner la possibilité de travailler
dans un endroit stable même s'ils sont sur la
liste de rappel. Il y assez d'emplois pour cela.
Il faut arrêter de voir les travailleurs/euses
comme des pions qu'on déplace selon son bon
vouloir. C'est nécessaire pour s'assurer qu'il y a
assez de travailleurs et de travailleuses sur le
plancher. C'est ainsi qu'on pourra faire en sorte
d'éliminer le temps supplémentaire obligatoire,
entre autres problèmes.
Un autre point très important c'est
la question de la santé/sécurité au travail. Nous
avons des départements et des endroits où plus du
quart du personnel est en congé, que ce soit en
maladie ou sur la CNESST (Commission des normes,
de l'équité, de la santé et de la sécurité du
travail). Ce n'est pas l'exception. Il y a
beaucoup d'endroits où c'est le cas. Si on
réduisait le problème même de moitié, tout à coup
le problème de pénurie de personnel serait
grandement réduit.
À la table sectorielle, nous avons beaucoup de
demandes en santé-sécurité. En parallèle, nous
demandons au gouvernement et à la CNESST de faire
en sorte que la santé et les services sociaux
soient reconnus comme un groupe prioritaire par la
CNESST, ce qui n'est pas le cas en ce moment bien
que la santé et les services sociaux soient un des
pires groupes du point de vue des accidents et des
maladies professionnelles. Être reconnu comme un
groupe prioritaire voudrait dire qu'il y aurait
des comités obligatoires de prévention d'établis,
avec des travailleurs dégagés à temps plein pour
faire de la prévention. Il faut éliminer les
problèmes à la source. Les comités qui existent
actuellement dans notre secteur sont des coquilles
vides. Il n'y pas de prévention qui se fait, pas
de résultats. On est dans le curatif uniquement et
en plus les employeurs contestent systématiquement
les réclamations du personnel. C'est une grosse
priorité pour nous. Si nous n'arrivons pas à
obtenir un statut de groupe prioritaire auprès de
la CNESST, nous allons insister pour incorporer
dans la convention collective tous les éléments
qui appartiennent à un groupe prioritaire.
FO : Plusieurs syndicats ont
fait état de choses inquiétantes qui semblent
percer de l'approche sectorielle du gouvernement
et des comités patronaux de négociation. Quelle
est ton impression à ce sujet ?
JB : Oui il y a des choses qui
nous inquiètent.
Nous avions pensé lors de la dernière négociation
locale que les employeurs commençaient à
comprendre que leur demande de flexibilité à tout
prix était mauvaise. Pourtant, dans leur
vocabulaire, la demande de flexibilité demeure.
Ils semblent revenir avec des choses comme cela.
Dans notre secteur par exemple, il y a moins
de 40 % des préposés/es aux
bénéficiaires qui sont à temps complet. Nous
avions demandé de mettre en place des mesures pour
convertir des postes à temps partiel en des postes
à temps complet. Mais les travaux ne sont pas
faits partout, ils ne sont pas faits de façon
uniforme et à cause du temps supplémentaire
obligatoire, beaucoup n'ont pas postulé pour les
postes à temps complet. Les employeurs disent
avoir fait le travail nécessaire mais que les gens
ne se sont pas engagés dans le projet. En fait si
les gens sont réticents à postuler pour les
emplois à temps complet, c'est à cause du temps
supplémentaire obligatoire. C'est particulièrement
le cas pour les infirmières qui se disent que si
elles demeurent sur un poste à temps partiel et
qu'on leur impose du temps supplémentaire
obligatoire, au moins elles ne seront pas obligées
de faire toutes ces heures terribles que les
infirmières à temps complet doivent faire.
Je dois dire que pour nous les choses ne sont pas
tout à fait claires encore en ce qui concerne les
intentions du gouvernement et des comités
patronaux quand ils parlent de la nécessité de la
flexibilité. C'est encore assez vague. Mais c'est
notre inquiétude.
En conclusion, je veux dire que l'argent est
important, mais que même si on obtient de
meilleurs salaires, si on n'améliore pas les
conditions, on n'attirera pas les gens à venir
travailler dans notre secteur. Oui, il faut
investir et améliorer les salaires de façon
substantielle, mais en soi ce n'est pas suffisant.
Les luttes des travailleurs à
travers le pays
Lockout des travailleurs
de la raffinerie Co-op à Régina
Plusieurs centaines de travailleurs se sont
joints aux travailleurs en lockout de la
raffinerie Co-op de Regina sur leur ligne de
piquetage, les 20 et 21 janvier. Ils
sont venus d'aussi loin que Gander et Vancouver et
parmi eux se trouvaient des membres de l'exécutif
national d'Unifor.
Par leur actions de masse, les travailleurs
contrôlaient tout ce qui entrait et sortait de la
raffinerie. La police de Regina a réagi en
arrêtant 14 personnes, dont le président
national d'Unifor et le directeur de la région de
l'Ouest du syndicat. Les policiers ont déclaré
qu'une injonction levée nommément contre la
section locale 594, qui ordonnait aux
piqueteurs de ne pas stopper les camions pendant
plus de 10 minutes, s'appliquait aussi aux
dirigeants d'Unifor et aux membres des autres
sections locales.
Les plus de 800 travailleurs du complexe de
la raffinerie Co-op (CRC) des Coopératives
fédérées (FCL) de Regina sont en lockout depuis
le 5 décembre 2019. Le lockout a été imposé
par la compagnie à la suite du préavis de grève
de 48 heures émis le 3
décembre 2019. Les travailleurs, qui sont
membres de la section locale 594 d'Unifor,
ont été en négociation puis en médiation pendant
plusieurs mois pendant lesquels la FCL,
contrairement à ses engagements de négociations
précédentes, a insisté pour remplacer le régime de
retraite à prestations déterminées par un régime
inférieur. Les travailleurs ont défendu avec
raison leur régime de retraite, qui a fait l'objet
d'un accord lors de négociations de convention
collective précédentes.
Pendant tout le lockout, la compagnie a publié
des avis aux médias, installé des panneaux
d'affichage et tout fait pour présenter sa
position comme étant « équitable » et celle
des travailleurs déraisonnable. Selon la
compagnie, sa position est « raisonnable »
parce que les travailleurs doivent «
contribuer » à leur régime de retraite. À
l'heure actuelle, en vertu des négociations
précédentes, c'est la compagnie qui finance le
régime à prestations déterminées. Ce qui est
oublié dans cette « équité » est que le
montant que la compagnie verse dans le régime de
retraite a été négocié par le passé et fait partie
de la rémunération globale, qui comprend notamment
les salaires, les paies de vacances et les congés
de maladie payés, que les travailleurs ont
acceptée en échange de leur travail qui produit la
richesse de la compagnie. La FCL demande à l'«
opinion publique » de reconnaître que les
temps ont changé, que les énergies fossiles n'en
ont plus pour longtemps, et que pour être «
viable », la compagnie doit refuser aux
travailleurs ce qui leur revient de droit en tant
que producteurs de la richesse afin que ses
profits continuent d'augmenter.
Rassemblement à Regina le 20
janvier 2020 en appui aux travailleurs de la
raffinerie Co-op
Les travailleurs ont répondu par un Non !
retentissant. Depuis le début du lockout, ils
ont organisé des actions dans plusieurs
communautés de la Saskatchewan et aussi loin à
l'ouest que l'île de Vancouver en appui aux
travailleurs de la raffinerie, dont un boycottage
des points de vente de l'entreprise.
La raffinerie continue de fonctionner avec des «
travailleurs de remplacement », des cadres et
des scabs. Elle a même construit un camp de
travail pour les scabs plusieurs mois avant le
préavis de grève et en préparation du lockout afin
de continuer de produire. Dans une lettre
du 20 janvier en réponse à une lettre du
Syndicat national des cultivateurs (SNC) appelant
à une reprise des négociations pour régler le
conflit, la FCL se vante d'avoir mis ce plan en
action dès octobre 2019. Dans sa lettre
du 17 janvier, le Syndicat national des
cultivateurs écrit : « C'est troublant qu'un
aspect clé du conflit est si les travailleurs vont
pouvoir utiliser les pensions qui ont fait l'objet
d'ententes négociées et qu'ils ont gagnées pendant
leurs années actives à la raffinerie ou s'ils vont
être obligés d'accepter un régime de retraite
moins avantageux. Un recul dans les pensions
concerne toute la communauté : renier un
engagement sur les pensions est une façon pour les
compagnies de transférer dans leurs coffres une
partie de l'argent gagné par les travailleurs. Si
la Co-op réussit à le faire, d'autres compagnies
vont se sentir encouragées à s'emparer des régimes
de retraite des travailleurs. » La réponse de
la compagnie, en plus de la déclaration que le
régime de retraite doit changer et que les
travailleurs sont déjà très bien payés, a été de
dire qu'il est nécessaire d'avoir un « plan de
continuité des activités ». La compagnie a
écrit que «[...] nous comprenons le caractère
vital de l'alimentation en essence par le CRC pour
l'économie de l'ouest canadien et pour les
producteurs agricoles en particulier. C'est la
raison pour laquelle le Conseil d'administration a
appuyé la détermination de la direction à mettre
en place un plan de continuité des activités
efficace permettant une production d'essence
sécuritaire et fiable au cas où la production et
l'approvisionnement seraient interrompus. »
Le SNC souligne que « c'est troublant aussi de
constater que la direction de Co-op s'est préparée
à un long lockout en construisant un camp de
travail pour loger des scabs et a dépensé de
l'argent en vols d'hélicoptère pour franchir la
ligne de piquetage. Il semble que la direction de
Co-op ait investi beaucoup d'argent dans des
mesures destinées à prolonger le conflit ».
Ce à quoi la FCL a répondu : « Nous
tenons à préciser que le CRC n'a pas commencé la
construction des installations de continuation
des activités avant la rupture finale de la
médiation causée par Unifor en octobre. »
(Notre souligné)
Le fait que la compagnie avait un plan en place
pour miner la lutte des travailleurs des mois
avant le préavis de grève renforce la
détermination des travailleurs de la raffinerie
Co-op à défendre leurs conditions de travail, en
particulier leurs pensions. Tous les travailleurs
canadiens doivent appuyer la juste position qu'ils
ont prise.
(Photos : Section
locale 594 d'Unifor)
La grève se poursuit chez Services techniques
Ledcor contre le travail précaire
- Brian Sproule -
Piquetage des retraités de la section locale 213
de la FIOE devant les bureaux de Ledcor à
Vancouver le 17 janvier 2020
Les travailleurs des télécommunications, membres
de la section locale 213 de la Fraternité
internationale des ouvriers en électricité (FIOE),
poursuivent leur grève contre Services techniques
Ledcor (LTS) à Port Coquitlam, en
Colombie-Britannique.
Le débrayage a commencé le 30
septembre 2019, après le licenciement massif
de 31 travailleurs sans motif ni préavis.
En 2017, les travailleurs se sont joints à la
section locale 213 dans l'espoir d'améliorer leurs
conditions de travail, notamment par la fin du
travail à la pièce et de la sous-traitance de
leurs emplois et par la reconnaissance de leurs
droits d'ancienneté.
Depuis que la FIOE a été accréditée en tant
qu'agent négociateur il y a deux ans, LTS refuse
de signer une première convention collective et
rejette toutes les justes revendications des
travailleurs. La main-d'oeuvre régulière a
continué de diminuer, baissant de près
de 50 % depuis le nombre initial
de 238 travailleurs lors de la certification
Le 14 janvier, une équipe du Centre ouvrier
du PCC(M-L) s'est jointe aux grévistes et au
comité des membres retraités de la section
locale 213 sur la ligne de piquetage devant
le siège social du groupe Ledcor au centre-ville
de Vancouver. Un article du numéro du 19
décembre 2019 de Forum ouvrier sur la
grève a été distribué aux piqueteurs.
Le Centre ouvrier a été informé que Telus, une
des autres grandes sociétés de l'industrie des
télécommunications, coopère avec Ledcor dans
l'espoir de briser la grève, de démanteler les
syndicats dans cette industrie et de faire en
sorte que tous les travaux d'installation soient
effectués par des entrepreneurs désignés comme
travailleurs autonomes. Ceux-ci ne sont pas soumis
à la législation sur les normes du travail en ce
qui concerne les salaires, les heures
supplémentaires, les pauses, la santé et la
sécurité, les indemnités pour les blessures au
travail, etc.
Outre le piquetage devant les bureaux de LTS et
le siège social de Ledcor, les travailleurs
envoient des escouades volantes de piqueteurs avec
pancartes et mégaphones lorsqu'ils apprennent que
des entrepreneurs de LTS installent de la fibre
optique.
Malgré les pressions financières et leur petit
nombre, les travailleurs sont déterminés à se
battre jusqu'à ce qu'ils remportent une première
convention collective acceptable.
À propos de Ledcor
Le site Web de Ledcor indique que « Ledcor est
une entreprise de construction diversifiée engagée
dans la conception, la construction, le transport,
l'exploitation et l'entretien de projets partout
en Amérique du Nord ».
Leduc Construction a été fondée en 1947 par
William (Bill) Lede. Il a commencé par construire
des routes pour l'industrie pétrolière près de
Leduc, en Alberta.
Bill Lede est décédé dans un accident de chantier
en 1980. Ses fils Dave et Herb ont repris
l'exploitation de l'entreprise. Dave Lede est
président-directeur général.
En 1982, l'entreprise a été renommée Ledcor.
Wikipédia dit que Ledcor « appartient aux
employés ». Les sièges sociaux sont à
Vancouver et à San Diego, en Californie, avec une
trentaine de bureaux et environ 7 000
employés en Amérique du Nord. La valeur nette de
l'entreprise est d'environ 1 milliard de
dollars.
Il y a 10 divisions :
- bâtiment
- pétrole et gaz, y compris la construction de
pipelines
- foresterie
- exploitation minière
- communications (Services techniques Ledcor)
- transport, y compris les filiales aéronautiques
et maritimes
- énergie
- propriétés (immobilier et développement)
- infrastructure
- environnement
Les ravitailleurs des aéroports de Montréal en
grève contre des conditions déplorables
Rassemblement des ravitailleurs de l'aéroport en
grève à Montréal, le 16 janvier 2020 (AIMTA-Canada)
Les travailleurs qui ravitaillent tous les avions
des aéroports Pierre-Elliott-Trudeau et Mirabel de
Montréal sont en grève depuis le 31
décembre 2019. Ces quelque 100 membres
de la section locale 2301 de l'Association
internationale des machinistes et des travailleurs
de l'aérospatiale (AIMTA) ravitaillent en essence
environ 500 avions par jour. Leur convention
collective avec leur employeur Swissport Canada
Inc s'est terminée en août 2019. Les
négociations pour une nouvelle convention
collective ont commencé le 23 mai 2019.
Le 28 décembre 2019, les travailleurs
qui ont voté sur un accord de principe l'ont
rejeté à 90 %. Cela faisait suite à un vote
antérieur de 99 % en faveur d'un mandat
de grève.
Swissport International AG est un des plus grands
monopoles de services aéroportuaires au sol et de
manutention de fret aérien au monde. Il a obtenu
en sous-traitance les services de ravitaillement
du Consortium canadien des transporteurs aériens
(dont Air Canada est membre) en 2015. Le
consortium a favorisé Swissport par rapport à
CAFAS, basé aux États-Unis, qui était le
ravitailleur sous-traitant depuis de nombreuses
années.
La sous-traitance des services au sol et d'autres
services est une pratique courante. Les
fournisseurs de services sont en concurrence pour
être le plus bas soumissionnaire et les
transporteurs aériens voient cela comme un grand
avantage pour eux, en fait de profits. De plus, la
sous-traitance leur permet de refuser toute
responsabilité sociale envers les travailleurs qui
fournissent les services et le public.
La grève aux aéroports de Montréal soulève la
question du « renversement de contrat » ( «
contract flipping » en anglais) qui devient
de plus en plus courant dans les aéroports
canadiens. Il s'agit d'un outil majeur utilisé par
les employeurs pour anéantir les droits des
travailleurs syndiqués et imposer des salaires et
des conditions de travail plus bas pour augmenter
leurs profits privés. Lorsque les contrats sont «
renversés » en faveur d'un nouveau
fournisseur de services, les travailleurs doivent
postuler de nouveau pour leur emploi. Le nouvel
employeur n'est pas tenu de reconnaître
l'ancienneté ou le syndicat des travailleurs, ni
de maintenir le salaire ou les avantages
précédemment acquis par les travailleurs qui sont
obligés de repartir de zéro. C'est l'un des moyens
par lesquels les travailleurs sont poussés vers la
précarité avec un salaire proche du salaire
minimum avec peu ou pas d'avantages sociaux.
Les travailleurs d'aéroports affectés par ce
renversement de contrat fournissent un service
vital qui a un impact sur la sécurité des
passagers des compagnies aériennes, des autres
travailleurs et du grand public. Ils font le plein
d'essence d'avions, souvent dans des températures
extrêmement chaudes ou froides, sur les terrains
des aéroports de plus en plus obstrués par des
avions et des équipements lourds, tout en étant
exposés à un bruit intense et à d'autres
conditions dangereuses. Les employés de l'aéroport
de Montréal, ainsi que les employés de l'aéroport
Pearson de Toronto, mènent une lutte déterminée
contre cette pratique.
Le renversement du contrat entre CAFAS et
Swissport a entraîné une perte directe de salaire
d'environ 33 %, une réduction d'un
salaire de 24 $ à
environ 16 $. Leurs congés payés sont
passés de cinq à deux semaines. Ils ont perdu leur
régime de retraite de l'entreprise et la plupart
de leurs avantages sociaux. Plus important encore,
en raison des conditions de travail intenables, le
roulement de personnel est énorme. Cela affecte à
son tour la sécurité des travailleurs, des
passagers, de l'équipage et du grand public, car
les entreprises embauchent alors rapidement de
nouveaux travailleurs qui reçoivent une formation
minimale. Les accidents sur le tarmac sont de plus
en plus fréquents.
Par leur grève, les employés de l'aéroport disent
« Assez, c'est assez ! » Ils rendent
publiques leurs demandes et leur expérience vécue.
Le 15 janvier, ils ont organisé un
rassemblement devant le bureau principal de
Swissport à Montréal, auquel ont assisté les
grévistes, d'autres travailleurs et des
représentants syndicaux. Ils ont présenté leurs
revendications pour une amélioration significative
de leurs salaires et de leurs conditions de
travail afin de mettre fin au roulement du
personnel. Ils ont exigé une formation adéquate
pour tous les employés. Ils ont exigé que
Transports Canada et le gouvernement fédéral
interviennent pour mettre fin au renversement
irresponsable de contrat en modifiant le Code
canadien du travail afin que les droits
syndicaux soient maintenus lorsqu'un nouvel
employeur se voit attribuer un contrat et que les
salaires et les conditions de travail déjà
négociés soient maintenus avec le nouvel
employeur. Ils ont exigé que le Code du travail
interdise l'utilisation de briseurs de grève
durant les conflits du travail. Ils se sont
opposés à la tendance actuelle des monopoles, avec
l'aide du gouvernement, à faire des aéroports un
paradigme de précarité et de conditions
inférieures aux normes. Plusieurs des syndicats
qui ont participé à l'action ont offert un appui
financier et ont promis des fonds provenant de
leurs sections locales pour aider les travailleurs
à gagner ce combat.
Transports Canada ferme les yeux sur la
destruction des conditions de travail et des
normes de sécurité dans les aéroports canadiens et
l'« explication » donnée est l'argument
intéressé selon lequel la gouvernance des
aéroports a changé au Canada dans les
années 1990 et les aéroports ne sont plus
détenus ou exploités par le gouvernement fédéral.
En ce qui concerne les aéroports de Montréal,
Transports Canada en demeure propriétaire mais une
entité indépendante a été créée pour les
exploiter.
Transports Canada s'est réduit à un simple
observateur des autorités aéroportuaires et des
transporteurs déréglementés, comme c'est le cas
pour les chemins de fer, plutôt qu'une autorité
publique qui défend les normes et les règlements.
Selon Transports Canada, le renversement de
contrat par l'administration aéroportuaire et les
transporteurs pour imposer des conditions
inférieures aux normes et compromettre la sécurité
est une affaire purement privée. La seule
responsabilité que Transports Canada reconnaît est
d'apposer son sceau d'approbation sur les rapports
que l'autorité aéroportuaire et les compagnies
produisent. Cela met les employés des aéroports et
tous les Canadiens en danger et ne doit pas
passer.
La grève des travailleurs de l'aéroport de
Montréal est courageuse. C'est une lutte pour
leurs droits et pour les droits et la sécurité de
tous. Tous les travailleurs doivent l'appuyer
fermement.
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