Nous ne pouvons accepter aucun relâchement dans les normes et les règlements sanitaires

Forum ouvrier : Quels sont les plus récents développements dans le travail du syndicat pour la défense de la santé et de la sécurité des travailleurs de la mine dans le contexte de la COVID-19[1] ?

André Racicot : Notre préoccupation constante, c'est l'application des normes sanitaires sur le terrain pour faire en sorte que les travailleurs ne contractent pas et ne propagent pas la COVID-19. À ce sujet, le syndicat a demandé à l'employeur de libérer un autre représentant en prévention, à plein temps, strictement pour s'assurer de l'application des normes sanitaires.

Pour te donner un exemple, il faut assurer la désinfection des équipements sous terre, je parle ici des équipements mobiles, les camions tombereaux, les chargeuses-navettes, etc. Les personnes qui entrent à chaque quart de travail doivent désinfecter les équipements pour éviter une possible contamination. Une recette maison avait été faite au début, une solution comprenant de l'eau de javel pour désinfecter ces équipements. Le Purell était difficile à trouver sur le marché parce que la demande était très forte. Mais une solution à l'eau de javel comme désinfectant, c'est efficace pour une journée seulement, cela s'évapore très rapidement. Pour l'employeur, c'était une solution commode, cela ne coûte pas cher, pas besoin d'un fournisseur pour obtenir le produit. Nous sommes allés sur le terrain pour voir comment cela se faisait, nous avons fait des recherches, nous avons fait notre travail de représentant à la prévention. Et nous avons demandé à l'employeur d'arrêter ce type de désinfection et de fournir un véritable désinfectant, et il a accepté. S'il avait refusé, nous aurions fait une plainte à la CNESST [Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail].

Nous devons nous prémunir contre le relâchement dans les normes sanitaires, surtout si on va vers une deuxième vague. Maintenir le deux mètres de distance, le lavage des mains, la désinfection des outils communs, la désinfection des séparateurs qui ont été mis dans les jeeps de transport du personnel, etc. L'employeur a fait son travail pour la réouverture de la mine, mais si on ne fait pas d'action syndicale, si on ne vérifie pas les normes, c'est le relâchement qui s'installe. On doit s'assurer que les normes sanitaires entrent dans les moeurs des travailleurs. Il faut faire beaucoup d'interventions sur le terrain auprès des travailleurs pour les sensibiliser, les rappeler à l'ordre au besoin. Nous devons prendre le pouls des travailleurs en tout temps. Personne ne connaît mieux le travail que ceux qui le font. Nous faisons notre propre travail de vérification. Nous avons un devoir comme société, et nous avons aussi un devoir comme syndicat de veiller au bien-être de nos membres et de nous assurer qu'ils ne tombent pas malades et ne propagent pas la maladie chez eux ou dans la communauté. L'employeur connaît notre efficacité et il sait que nous n'allons pas hésiter à intervenir pour corriger les choses qui ne vont pas bien du point de vue de la santé et de la sécurité.

Nous allons être aux prises avec la pandémie pour une bonne période de temps. Nous allons probablement connaître une deuxième vague, nous devons être préparés à faire face à la musique. Nous devons aller dans le même sens au point de vue sanitaire, les employeurs et les travailleurs, mettre de hauts standards en place, pas seulement par écrit, mais sur le terrain.

La priorité de l'employeur demeure de sortir le plus de minerai possible, c'est le côté productivité qui prime. Surtout au prix de l'or en ce moment, qui est très élevé, et avec un dollar canadien à environ 70 cents face au dollar américain alors que l'or se transige en dollars américains. Les employeurs réalisent un excédent de profit avec la dépréciation du dollar canadien.

En Abitibi, je suis convaincu qu'on va assister à la réouverture d'une série de mines, en particulier des mines de surface qui coûtent moins cher à exploiter qu'une mine souterraine et qui peuvent être rentables avec une teneur en or inférieure à ce qu'elle doit être dans une mine souterraine. Ici même, chez Westwood, en plus de la mine souterraine, la compagnie est en train d'exploiter une fosse non loin d'ici. C'est un nouveau développement. Le potentiel de faire plus d'argent avec l'or est très fort. Il y a de plus en plus de petites minières qui veulent partir des activités et les grosses minières examinent la situation et vont se les accaparer, c'est comme ça que ça marche.

La question de la santé et de la sécurité devient alors de plus en plus importante. La pression est que ça presse, il faut sortir le minerai rapidement, et le danger d'accidents de travail devient plus grand. Avec l'augmentation de l'extraction, ils vont faire appel à des entrepreneurs pour leur fournir de la main-d'oeuvre pour sauver sur les coûts, ne pas avoir à louer de la machinerie, etc. Nous voulons qu'ils donnent le travail à nos travailleurs, mais s'ils engagent des travailleurs à contrat, nous devons les défendre eux aussi, ce sont des travailleurs, ils sont partie prenante des conditions de travail dans les installations, on ne fait pas de différence, leur santé et leur sécurité doivent être protégées elles aussi.

Pour nous, ça veut dire plus de vigilance, surtout que cela se passe en pleine crise de la pandémie. On doit s'assurer que tous les travailleurs rentrent chez eux le soir avec tous leurs membres et pas infectés par la COVID-19. Pour cela, nous devons éduquer les travailleurs, les former, être sur le terrain, nous assurer que les travailleurs comprennent la raison pour laquelle nous mettons ces mesures sanitaires en place.

Note

1. Lire « Les travailleurs des mines demandent le respect des consignes de la Santé publique avec la reprise des activités minières - Entrevue avec André Racicot, président de la section locale 9291 du Syndicat des Métallos en Abitibi », Forum ouvrier, 23 avril 2020

(Photos: FTQ-Construction)


Cet article est paru dans

Numéro 43 - Numéro 43 - 23 juin 2020

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