Contestations judiciaires de la loi antiouvrière


Les syndicats d'enseignants lancent une contestation judiciaire de la Loi de 2019 visant à préserver la viabilité du secteur public pour les générations futures, le 12 décembre 2019.

Des syndicats ontariens ont lancé des contestations judiciaires de la Loi de 2019 visant à préserver la viabilité du secteur public pour les générations futures que le gouvernement de l'Ontario a adoptée le 7 novembre 2019. La loi viole le droit de presque tous les travailleurs du secteur public de négocier leurs salaires en imposant un plafond de 1 % à toute nouvelle augmentation de salaire et elle comprend de nouvelles clauses qui permettent au gouvernement de bafouer le droit à la vie privée et d'agir en toute impunité.[1] Les travailleurs touchés par cette loi, aussi appelée Loi 124, comprennent ceux qui sont à l'emploi du gouvernement provincial, des sociétés de la Couronne, des conseils scolaires, des universités et des collèges, des hôpitaux, des foyers de soins de longue durée à but non lucratif, des Sociétés d'aide à l'enfance, des agences de services sociaux et des secteurs de l'électricité et de l'énergie.

Le 12 décembre 2019, les quatre fédérations d'enseignants et de travailleurs de l'éducation ont été les premières à lancer ces contestations. Ce sont l'Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), la Fédération des enseignantes et des enseignants de l'élémentaire de l'Ontario (FEÉO), l'Association des enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens (OECTA) et la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l'Ontario (FEESO).

Compte tenu du contenu de la loi et du moment choisi pour son adoption, en pleine négociation pour le renouvellement des conventions collectives dans le secteur de l'éducation, les syndicats soutiennent que la Loi 124 est une attaque directe contre la libre négociation collective dans le secteur de l'éducation et une violation des sections 2(b) et 2(d) de la Charte canadienne des droits et libertés qui garantissent la liberté d'expression et la liberté d'association. De plus, la loi viole aussi le devoir de la Couronne de négocier de bonne foi.

Le 17 décembre 2019, l'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario (ONA) a annoncé qu'elle lançait sa propre contestation de la loi et, plus tard pendant la même journée, dix autres syndicats, qui représentent plus de 250 000 travailleurs de l'Ontario, se sont joints à la contestation. Les 10 syndicats sont : le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) ; l'Union internationale des employés et employées de service (UIES), Division soins de santé ; le Syndicat des Métallos (USW) ; l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) ; la Société des professionnels unis (IFPTE), section locale 160 ; le Syndicat canadien des employées et employés professionnels et de bureau (COPE-Ontario) ; l'Association des employées et employés gestionnaires, administratifs et professionnels de la couronne de l'Ontario (AEEGAPCO) ; la Fraternité internationale des ouvriers en électricité (FIOE) ; l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) et les Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC), section locale 175.

D'autres syndicats et organisations représentant les travailleurs du secteur public en Ontario devraient joindre cette contestation coordonnée ou mener leur propre contestation séparée de la Loi 124 dans les semaines qui viennent.

Qui a dit quoi ?

Fédération du travail de l'Ontario (FTO) : « Les travailleurs de la province, représentés par leurs syndicats, ne permettront pas que la Loi 124, qui sape les droits protégés par la Charte de tout travailleur de l'Ontario, échappe à la contestation, a dit la présidente de la FTO, Patty Coates. La FTO est solidaire des syndicats de l'éducation qui ont lancé récemment leurs contestations de l'application de la loi dans le secteur de l'éducation, alors que nous intensifions notre opposition aux attaques continues de ce gouvernement contre les droits des Ontariens protégés par la Charte. Ensemble, nous inaugurons une campagne agressive pour demander aux conservateurs de Doug Ford d'abroger cette loi inconstitutionnelle. »

L'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario (ONA) : « En tant que le syndicat qui représente les infirmières autorisées et les professionnels de la santé en Ontario, l'ONA croit que la Loi 124 est discriminatoire envers les infirmières et tous les Ontariens, a dit la présidente de l'ONA, Vicki McKenna, infirmière autorisée. Cette loi n'est rien d'autre qu'une attaque continue contre le droit de négociation collective sans ingérence qu'a reconnu la Cour suprême dans sa décision de 2015. Plus alarmant encore est le fait que cette loi pourrait bien aggraver le problème déjà sérieux de pénurie en Ontario et avoir un effet négatif sur les soins de santé et la santé publique. »

« Cette loi est une attaque contre les infirmières et contre les femmes, a dit Vicki McKenna. En forçant les infirmières de première ligne et les professionnels de la santé à accepter des augmentations de salaire qui sont en dessous de l'inflation, cette loi va aggraver le problème déjà sérieux de pénurie d'infirmières en Ontario et aggraver le problème de la médecine de corridors. »

UIES-Division soins de santé : « Les conventions collectives sont essentielles pour les travailleurs des groupes en quête d'équité - travailleurs racialisés, handicapés, autochtones et femmes travailleuses - pour assurer l'équité aux endroits de travail », a dit Sharleen Stewart, présidente de UIES-Division soins de santé.
« En imposant des limites à la négociation, le gouvernement mine les droits des travailleurs qui subissent déjà une discrimination systémique globale. »

Syndicat des Métallos (USW) - District 6 : « Les familles ontariennes s'appuient sur les négociations depuis des décennies pour assurer leurs conditions de travail. C'est ce qui a mené à l'établissement de la classe moyenne. Les familles de la classe moyenne sont l'épine dorsale de notre province et de notre pays, et c'est fondamentalement inacceptable de leur enlever leurs droits de négociation collective, a dit Marty Warren, directeur du District 6 du Syndicat des Métallos. Le Syndicat des Métallos et son membership mobilisé luttent de façon agressive contre cette loi unilatérale. Il faut que justice soit rendue aux familles travailleuses de l'Ontario. »

AEFO : « La raison d'être de la Charte est de protéger les droits des Canadiens, même lorsque ces droits constituent un inconvénient pour les gouvernements, a dit le président de l'AEFO, Rémi Sabourin. C'est l'épine dorsale de notre démocratie. »

FEÉO : « La Loi 124 bafoue les droits démocratiques de tous les travailleurs du secteur public en Ontario, a dit le président de la FEÉO, Sam Hamond. Aucun employeur ne doit être autorisé à miner les droits fondamentaux des employés sans avoir à faire face à la contestation la plus vigoureuse possible. Le gouvernement Ford doit reconnaître ces droits et abroger immédiatement la Loi 124. »

OECTA : « Compte tenu du moment choisi pour adopter la Loi 124, et la hâte avec laquelle l'adoption a été faite, il est évident qu'elle vise les enseignants et les travailleurs de l'éducation, a dit la présidente de l'OECTA, Liz Stuart. Cette loi lie en pratique les mains des représentants des employeurs et des employés qui sont présentement en train de négocier des conventions collectives. C'est inacceptable et, selon nous, inconstitutionnel. »

FEESO : « Les gouvernements ne doivent pas s'engager à la légère dans une atteinte aux droits civils de leurs citoyens, a dit le président de la FEESO, Harvey Bischof. Ils devraient s'appuyer sur un processus de négociation qui a passé l'épreuve du temps et mené les deux parties à faire preuve de créativité dans le processus et a créé de la stabilité. Il n'existe pas présentement de crise économique ou fiscale qui puisse justifier une ingérence aussi extraordinaire dans ce processus. »

SCFP : « Cette contestation vise à défendre les droits des travailleurs protégés en vertu de la Charte des droits et libertés, a dit le président du SCFP-Ontario, Fred Hahn. Lorsque les conservateurs de Doug Ford demandent que nous fassions tous notre part, au lieu de viser les travailleurs, le gouvernement devrait taxer les compagnies rentables et les gens les plus riches de nos communautés. Les droits protégés par la Charte comptent, les droits humains comptent et les droits des travailleurs comptent. »

Note

1. Pour de plus amples informations sur cette loi, lire les numéros du 1er septembre 2019 et du 23 novembre 2019 du Marxiste-Léniniste.


Cet article est paru dans

Numéro 1 - 15 janvier 2020

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