Jour commémoratif du 28 avril

Pleurer les morts, lutter pour les vivants

Comme à chaque année, le Jour commémoratif des personnes décédées ou blessées au travail a été marqué à l'échelle du pays. Comme à chaque occasion, on a commémoré les vies perdues par le passé et on leur a donné toute leur signification, et on a en particulier commémoré les vies perdues l'an dernier. Les données de 2018 ne sont pas encore disponibles mais l'Association des commissions des accidents du travail du Canada a signalé qu'il s'est produit 951 décès liés au travail en 2017, soit 46 de plus qu'en 2016. Ces décès n'incluent pas ceux des travailleurs qui ne sont pas couverts par les régimes provinciaux d'indemnisation des accidents du travail comme les travailleurs autonomes, les aides domestiques, les employés de banque et les agriculteurs.

Un grand nombre des blessures et des décès liés au travail ont été causés par les politiques négligentes des gouvernements fédéral et provinciaux visant à éliminer la réglementation et le signalement des blessures et décès en milieu de travail. C'est une pratique liée à l'offensive antisociale néolibérale. Au nom d'éliminer les formalités administratives, d'ouvrir le Canada aux affaires et de ne pas entraver la réalisation du profit privé, on s'attaque à la santé et à la sécurité des travailleurs. C'est le cas des trois travailleurs ferroviaires dans la force de l'âge qui sont décédés en février à cause de l'objectif des sociétés ferroviaires d'augmenter leurs marges de profits au détriment du facteur humain/conscience sociale.

Une autre préoccupation sérieuse est celle des camionneurs d'un bout à l'autre du pays qui font de longues heures de travail pour joindre les deux bouts et dont les conditions de travail se sont détériorées au point de devenir un problème qui doit être traité d'urgence. Les travailleurs de la santé, les enseignants et les travailleurs de l'éducation, qui souffrent de graves problèmes de santé liés au stress et au stress post-traumatique, tant les conditions de travail sont intenables, luttent pour changer la situation. Le traitement par les gouvernements des travailleurs blessés est aussi une source de traumatisme. La sous-traitance, la privatisation et la restructuration dans le secteur public et dans l'économie dans son ensemble causent aussi beaucoup de stress. Le travail irrégulier est devenu un phénomène grandissant et dangereux qui affecte maintenant 31 pour cent des travailleurs qui vont souvent d'un emploi à l'autre sans stabilité ou sécurité d'emploi et sans que leur droit à des conditions de travail saines et sécuritaires soit défendu par une lutte organisée. Le système de paie Phoenix, qui n'a jamais fonctionné correctement depuis sa création en 2016, cause un stress énorme aux travailleurs qui ne sont jamais certains de recevoir leur salaire à temps pour payer leurs factures.

La question de la santé et de la sécurité a dépassé de beaucoup les endroits de travail où elle pouvait auparavant être traitée par les syndicats et les lois du travail, du moins dans les endroits de travail syndiqués et couverts par ces lois. Cette question est devenue un problème politique qui requiert que le pouvoir décisionnel passe aux mains de ceux pour qui les décisions vont servir la vie elle-même et non la recherche du profit. Dans ce sens, le mouvement ouvrier s'attaque au problème de comment rendre les entreprises redevables lorsque la législation du travail ne soutient plus un régime reposant sur le concept d'équité entre parties aux intérêts opposés, le capital d'un coté et le travail de l'autre. Pendant ce temps, les gouvernements interviennent ouvertement dans l'économie pour criminaliser l'opposition à un diktat inacceptable en prétendant qu'elle endommage l'intérêt national.

La chose la plus importante est que la prise de décision sur la direction de l'économie et sur qui elle sert doit revenir aux travailleurs et non aux riches. Il est inadmissible que les travailleurs n'aient aucun moyen de décider des politiques en leur propre nom. À l'heure actuelle, un des traits principaux de la situation est que les travailleurs n'ont aucune raison de faire confiance aux partis politiques qui appartiennent à un cartel au sein duquel ils se font concurrence pour former des gouvernements de partis. Les travailleurs sont soumis à un système électoral où ils sont supposés choisir ceux à qui ils vont confier la tâche d'agir en leur nom. Cette prétendue liberté de choix est qualifiée de démocratie, dans laquelle on fait de personnes appelées des représentants des mandataires qui agissent en notre nom. C'est une fraude qui a des conséquences très sérieuses, y compris en ce qui concerne la santé et la sécurité des personnes aux endroits de travail.

Le mot d'ordre « Pleurer les morts, lutter pour les vivants » guide de manière appropriée les travailleurs à l'occasion du Jour commémoratif, pour qu'ils identifient et prennent en main les luttes qui leur permettront d'exercer un contrôle sur leur vie.


Cet article est paru dans

Numéro 15 - 2 mai 2019

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Jour commémoratif du 28 avril: Pleurer les morts, lutter pour les vivants


    

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