Grève à la fonderie Brunswick de Glencore à Belledune, au Nouveau-Brunswick

Les travailleurs défendent leurs droits et leur dignité

En début de soirée le 24 avril, les 281 travailleurs de la production et de l'entretien de la fonderie Brunswick de Glencore, à Belledune, au Nouveau-Brunswick, se sont mis en grève. Les travailleurs ont déclenché leur grève pour se défendre contre les demandes de concessions du monopole minier et métallurgique Glencore. Les travailleurs de la fonderie sont membres de la section locale 7085 du Syndicat des Métallos.

Avec un taux de participation de près de 100 %, les travailleurs se sont réunis les 4 et 5 avril pour discuter de la situation et décider d'une ligne de conduite. Quatre-vingt-seize pour cent ont voté en faveur du retrait de leur capacité de travail à compter du 24 avril à 18 heures. Lorsque les travailleurs du quart de jour sont arrivés le matin avant la grève prévue le soir, les contremaîtres de l'entreprise les ont empêchés de force de pénétrer dans l'usine, sous prétexte que la sécurité des opérations était menacée.

Deux jours plus tard, la Cour du Banc de la Reine du Nouveau-Brunswick a rendu, au nom des oligarques de Glencore, une ordonnance limitant le nombre de piqueteurs à six à l'entrée ou à la sortie de la fonderie et dans tout autre lieu géographique au Nouveau-Brunswick où Glencore exerce ses activités. Le tribunal a également ordonné aux travailleurs de n'exercer aucune entrave aux mouvements des employés, des clients, des fournisseurs et d'autres personnes qui entrent à l'usine ou en sortent, et de ne pas les « harceler », interdisant même de les photographier. Le tribunal a également ordonné aux travailleurs de ne gêner d'aucune manière la circulation des wagons de trains à destination et en provenance de l'usine qui emploie au total 450 personnes.

Le président de la section locale 7085, Bart Dempsey, a dit que le principal différend avec l'entreprise concernait la santé et la sécurité. Glencore demande que le poste rémunéré à temps plein du représentant syndical qui copréside le comité conjoint sur la santé et la sécurité soit transformé en un poste à temps partiel. Le poste à temps plein a été créé après une grève en 1991, au cours de laquelle la santé et la sécurité étaient un enjeu.

Le président Dempsey a dit à Forum ouvrier : « Ils essaient de se débarrasser de notre représentant à la sécurité à plein temps. Ils veulent éliminer son bureau. C'est un problème majeur pour les travailleurs. Il y a beaucoup de problèmes liés à la santé et la sécurité dans une fonderie comme la nôtre. Nous travaillons avec du métal en fusion, des zones de circulation intense d'équipements, des ponts roulants, etc. Il y a également tous les produits chimiques avec lesquels vous travaillez. C'est un endroit de travail dangereux. »

Les travailleurs sur les lignes de piquetage ont déclaré aux médias que, sous la direction de Glencore, la fonderie était devenue un lieu de travail encore plus dangereux. Dans cette situation, les travailleurs disent qu'il est important d'avoir un représentant syndical à temps plein sur le site, qu'ils peuvent consulter pour déterminer s'il est dangereux ou non d'effectuer un travail.

Dans une autre attaque au droit des travailleurs d'avoir une présence syndicale importante sur le lieu de travail, Glencore veut cesser de payer à plein temps le président de la section locale. En diminuant la présence syndicale, l'entreprise ne veut payer qu'un certain nombre d'heures pour les activités syndicales du président, en dehors de ses heures normales de travail.

Selon le syndicat, Glencore demande aussi des concessions en ce qui a trait aux régimes de retraite et aux avantages sociaux. Le pire coup que devraient encaisser les travailleurs en ce qui concerne le retraite serait l'élimination de la préretraite volontaire, qui permet aux participants du régime de retraite à prestations déterminées (PD) de prendre leur retraite avant d'avoir 65 ans, après un certain nombre d'années de travail, et de recevoir leur pleine pension. Si le programme est éliminé, les participants au régime PD qui choisissent de prendre leur retraite anticipée seraient soumis à une réglementation provinciale réduisant leur montant de pension de 6 % par an avant la date prévue de leur départ à la retraite. Pour recevoir leur pension complète, ils devraient travailler jusqu'à l'âge de 65 ans, quel que soit le nombre d'années passées à la fonderie, lesquelles ont de lourdes conséquences sur la santé des travailleurs.

L'élimination du processus actuel de préretraite serait un autre coup dur pour les travailleurs après que l'entreprise eut imposé un changement majeur à leur régime de retraite au cours des négociations précédentes. Pour la durée de quatre ans de la convention actuelle qui est entrée en vigueur en 2015, l'entreprise a fermé la porte au régime à prestations déterminées aux employés ayant moins de 12 ans d'ancienneté à la fonderie et les a transférés vers un arrangement à cotisations déterminées de moindre qualité.

Glencore souhaite également réduire la couverture des employés en matière de santé, de soins dentaires et de médicaments.

Les travailleurs revendiquent fermement la dignité et le respect qu'ils méritent pour le dur travail qu'ils accomplissent dans cette fonderie de plomb, d'argent et de cuivre. Les concessions sur la santé et la sécurité et les retraites sont inacceptables. Les travailleurs portent des pancartes sur leurs lignes de piquetage qui disent : « Ne touchez pas à nos représentants syndicaux ! », « Ne touchez pas à nos pensions ! » et « L'intimidation doit cesser ! ».

Le président Dempsey a dit à Forum ouvrier que depuis la signature de la dernière convention collective en 2014, Glencore a licencié 32 travailleurs pour diverses raisons, la plupart d'entre eux en vertu de la doctrine juridique inhumaine de l' « impossibilité de l'exécution du contrat de travail », ce qui se traduit par une cessation d'emploi pour cause d'accident ou de maladie pour les travailleurs qui sont en congé d'invalidité prolongée. Ceci est une marque de commerce de Glencore en ce qui a trait aux relations de travail et c'est ce que les travailleurs cherchent à arrêter avec leur grève, a dit Dempsey.

(Photo: District 6 du Syndicat des Métallos)


Cet article est paru dans

Numéro 15 - 2 mai 2019

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Grève à la fonderie Brunswick de Glencore à Belledune, au Nouveau-Brunswick: Les travailleurs défendent leurs droits et leur dignité


    

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