Des actions résolues pour
dénoncer les conditions intenables
dans le système de santé
Les infirmières du Québec tiennent une
journée d'action « sans temps supplémentaire
obligatoire » le 8 avril
Manifestation contre les mauvaises conditions de travail, dont le temps
supplémentaire obligatoire, le 28 mars 2019, devant
les bureaux des
ressources humaines
en santé dans les Laurentides
Le 8 avril, les infirmières membres de la
Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ)
organisent une journée sans temps supplémentaire
obligatoire (TSO). La journée se tient sous le thème
« Le temps supplémentaire obligatoire, ç'a assez
duré ». Lors d'une conférence de presse
à Montréal, le 2 avril, la présidente de
la FIQ, Nancy Bédard, a présenté l'objectif de la
journée d'action : « Le 8 avril prochain, les
professionnelles en soins veulent pouvoir choisir leur santé
physique et mentale, leur vie personnelle et familiale. Elles veulent,
comme la grande majorité de la population, vivre une
journée normale de travail. Une journée où elles
ne risquent
pas d'être prises en otage. Voilà l'objectif de cette
journée [d'action] sans précédent »,
a-t-elle dit.
La présidente de la
FIQ a qualifié le recours systématique au temps
supplémentaire obligatoire de violence organisationnelle contre
les infirmières.
« Cette pratique est devenue un réel mode
de gestion qui porte atteinte aux droits des professionnelles en soins
et a un impact direct sur la qualité et la
sécurité des soins. La journée du 8 avril
doit servir d'électrochoc pour tous les gestionnaires du
réseau. Quand le TSO est 'prévu' à l'avance, on
n'appelle plus cela une urgence. Le temps
supplémentaire obligatoire via le code de déontologie
doit être utilisé selon des mesures d'exception et
d'urgence, et ce n'est pas le cas actuellement. Ce qui devait
être une mesure d'exception a été
érigée, dans beaucoup d'établissements, en
véritable système de gestion. C'est inhumain et dangereux
tant pour les professionnelles en soins que pour
les patient-e-s », a-t-elle dit.
Selon la FIQ, la pratique du temps
supplémentaire obligatoire dépasse largement la question
des relations de travail. Elle porte atteinte à la
sécurité des soins et a un impact direct sur les
patients. Les femmes sont les premières victimes des heures
supplémentaires obligatoires puisqu'elles
représentent 90 % de la fédération. Des
milliers de mères, de conjointes, de proches aidantes se voient
forcées de cumuler les quarts de travail. À ce jour, leur
profession demeure l'une des seules où sévit cette
pratique inhumaine, et ce, de façon quotidienne.
Dans un mémoire présenté au
gouvernement du Québec en mai 2018, la FIQ mentionne qu'en
2014-2015, 4,5 millions d'heures supplémentaires ont
été réalisées uniquement par les
infirmières québécoises. L'épuisement
professionnel des travailleurs et travailleuses du réseau de la
santé a atteint un niveau inégalé ces
dernières années. On assiste actuellement à une
véritable explosion du nombre d'invalidités pour des
diagnostics d'ordre psychologique chez les travailleurs et
travailleuses du réseau de la santé, notamment une hausse
de 47 % au Centre intégré de santé et de services
sociaux de l'Estrie (CISSS) , de 35 % au Centre universitaire de
santé McGill (CUSM) et de 31 % au CISSS de
Montérégie-Est. Selon la FIQ, les heures
supplémentaires et le nombre d'heures travaillées par
semaine ont un impact significatif sur le nombre d'erreurs commises et
l'utilisation systématique des heures supplémentaires
augmente de manière significative le risque de mortalité
en milieu hospitalier. En 2016-2017, uniquement dans les
établissements québécois, une hausse de 4 %
d'incidents et d'accidents lors de prestations de soins a
été observée.
Un des objectifs de la journée est de lancer un
appel pressant à la ministre de la Santé et des Services
sociaux afin qu'elle aille au-delà des déclarations et
pose des gestes concrets pour mettre fin au temps supplémentaire
obligatoire
« Cependant, ce voeu demeurera pieux si elle
n'exige pas de ses gestionnaires des changements profonds »,
a dit Nancy Bédard. « Elle doit envoyer le message clair
que le temps où on faisait reposer tout le fonctionnement du
réseau de la santé sur les épaules des
professionnelles en soins est révolu. Il y a urgence
d'agir ! Nous lui
avons fait part d'une multitude de solutions dont celle du
déploiement des ratios professionnels en soins/patient-e-s par
l'entremise d'une loi. Nous souhaitons qu'il y ait un avant et un
après 'le 8 avril 2019'. Espérons que cette
journée en sera une de grand changement. Dans le cas contraire,
nous allons poursuivre notre lutte et les
prochains mois pourraient être chauds », de conclure
la présidente.
La FIQ compte près de 76 000 membres
infirmières, infirmières auxiliaires,
inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques oeuvrant dans les
établissements de santé aux quatre coins du Québec.
(Photos: FIQ)
Cet article est paru dans
Numéro 11
- 4 avril 2019
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Des
actions résolues pour
dénoncer les conditions intenables : Les infirmières du
Québec tiennent une journée d'action « sans temps
supplémentaire obligatoire » le 8 avril
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